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Rock argentin

Le rock argentin est un ensemble de musiques rock, et d'autres styles musicaux proches, crĂ©Ă©s, produits en Argentine. L'expression coĂŻncide en partie avec « rock national Â», un concept apparu durant la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1960 pour se rĂ©fĂ©rer Ă  un courant musical rock, au sens large, chantĂ© en espagnol et qui Ă  ses dĂ©buts faisait face aux productions « commerciales Â», dĂ©veloppĂ©es par les mĂ©dias de communication et les maisons de disque.

Rock argentin
DĂ©tails
Origines stylistiques
Origines culturelles
Seconde moitié des années 1950
Instruments typiques
Popularité
ÉlevĂ©e en Argentine et en Uruguay depuis ses dĂ©buts[1] - [2] et particuliĂšrement distinguĂ© dans le monde hispanophone[3] - [4] - [5]

L'Argentine est l'un des premiers pays d'AmĂ©rique latine dans lequel se dĂ©veloppe le rock 'n' roll. De mĂȘme, le pays est l'un des premiers Ă  utiliser l'espagnol pour communiquer et dĂ©crire des thĂ©matiques propres Ă  ses particularitĂ©s, ainsi que pour faire d'abondantes rĂ©fĂ©rences Ă  la gĂ©ographie locale[6] - [7] - [8].

Depuis le milieu des annĂ©es 1950, les groupes locaux chantaient dĂ©jĂ  en anglais (occasionnellement en espagnol) des succĂšs internationaux du rock 'n' roll, mais sans leur confĂ©rer une identitĂ© qui les diffĂ©rencie des originaux. C'est durant la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1960 que divers groupes underground, issus du milieu intellectuel et bohĂšme, commencent Ă  composer des chansons en espagnol. Elles abordent des sujets qui intĂ©ressent la jeunesse. C'est ainsi que le rock argentin commence Ă  forger son identitĂ©. Ceci donne naissance Ă  un genre musical qui est d'abord nommĂ© beat, puis musique progressive, pour finalement ĂȘtre dĂ©nommĂ© rock national. À partir de lĂ , le rock argentin commence un processus d'Ă©volution constant qui, durant les annĂ©es 1970 et 1980, et surtout aprĂšs la guerre des Malouines, se cristallise dans un mouvement aux caractĂ©ristiques esthĂ©tiques bien dĂ©finies. Ce mouvement connaĂźt en parallĂšle un fort succĂšs populaire.

Histoire

Précurseurs (1956-1967)

Les origines du rock argentin remontent à la seconde moitié des années 1950, quand arrivent dans le pays les groupes de rock 'n' roll nord-américains. C'était alors l'explosion internationale de ce mouvement. Ce rythme nouveau et dansant entraßne la création des premiers groupes de rock dans le pays. Cependant, bien que ces premiÚres formations soient trÚs importantes dans l'histoire de la musique argentine et de son évolution, le rock dit national est un courant artistique avec une identité propre. Ce courant naquit lorsque les groupes commencÚrent à chanter en espagnol et à faire des chansons traitant des caractéristiques du lieu et des idées philosophiques et intellectuelles de la contre-culture. Cela en opposition avec les groupes antérieurs qui se contentaient de se réunir pour reprendre les chansons des groupes nord-américains. Ils chantent alors en anglais car beaucoup pensent que le rock chanté en espagnol n'était pas viable. C'est pourquoi le « rock national » comme il est connu actuellement ne nait que durant la décennie suivante.

Cependant, avant cela, divers personnages tentent pour la premiĂšre fois le rock en Argentine. À cette pĂ©riode, le tango et le folklore prĂ©dominent dans le pays, et les rythmes nouveaux, ainsi que les jeunes groupes de musique sont publiĂ©s uniquement par les mĂ©dias mainstream argentins comme le label RCA-Victor et les programmes de tĂ©lĂ©vision pour la jeunesse. Les groupes et artistes solo prĂ©curseurs du rock argentin animent, eux, les bals et fĂȘtes, influencĂ©s par Bill Haley, Chuck Berry, Elvis Presley, Little Richard, Chubby Checker et Bo Diddley, entre autres. Naturellement, ces premiĂšres tentatives de rock argentin se caractĂ©risent par divers styles, consĂ©quence de l'imitation des divers styles nord-amĂ©ricains. Certains, comme Eddie Pequenino et son groupe Mr. Roll y sus Rockers, sont plus proches du swing de Bill Haley and His Comets. D'autres comme Los Cincos Latinos sont adeptes des groupes vocaux de doo-wop comme The Platters. D'autres enfin, comme Sandro, sont clairement inspirĂ©s par Elvis Presley. Dans les annĂ©es 1960, d'autres groupes et solistes apparaissent, influencĂ©s par de nouveaux groupes et d'autres genres, comme le twist, la nueva ola, la surf music et le garage rock. De plus, les influences musicales britanniques et uruguayennes ont un fort impact sur la musique argentine.

C'est Ă  partir de la fin de cette pĂ©riode que commencĂšrent Ă  apparaĂźtre les premiers groupes dit de contre-culture. Leurs idĂ©es nouvelles et leurs lieux de rĂ©union, comme La Perla de Once ou l'Instituto de Tella, sont les noyaux d'un nouveau courant artistique. AprĂšs quelques tentatives de rock possĂ©dant une identitĂ© propre, c'est finalement en 1967 avec la sortie de la chanson La Balsa du groupe Los Gatos, qui connait un grand succĂšs avec ses 250 000 exemplaires vendus, que d'autres groupes se lancent et commencent Ă  enregistrer des chansons en espagnol[9].

Origines avec réminiscence nord américaine

Eddie Pequenino, le premier rocker argentin. À 28 ans, il forme le premier groupe de rock argentin : Mr. Roll y sus Rockers.

Le rock 'n' roll fait surface aux États-Unis dans les annĂ©es 1950. Il est le produit de la fusion de divers courant musicaux comme la musique folk, le hillbilly, le bluegrass, la musique country et le rhythm and blues. Il connaĂźt rapidement une popularitĂ© nationale et internationale Ă  travers des artistes comme Elvis Presley ou Bill Haley. En Argentine, la diffusion de ce genre musical via les radios et les disques rĂ©veilla chez beaucoup de musiciens l'envie d'imiter ces nouvelles sonoritĂ©s et ces rythmes marquĂ©s qui le caractĂ©risait.

La scÚne musicale dans les années 1950 en Argentine se compose par le tango d'origine urbaine, le folklore qui vit un boom alimenté par l'immigration, la musique mielleuse influencée par la scÚne musicale des pays européens comme l'Italie et la France (le festival de Sanremo étant trÚs populaire dans la société argentine de l'époque) et les boléros et ballades romantiques comme celles de Frank Sinatra. ParallÚlement, les genres aux rythmes tropicaux et latino-américains comme la cumbia commencent à laisser leurs traces en Argentine[10] - [11].

C'est au milieu des annĂ©es 1950 qu'arrive le rock 'n' roll en Argentine, grĂące au succĂšs nord-amĂ©ricains de chanteurs comme Elvis Presley, Bill Haley and His Comets, Chuck Berry, Buddy Holly ou Gene Vincent. De mĂȘme, la sortie dans les cinĂ©mas argentins de la trilogie fondamentale des films de rock 'n' roll : Blackboard Jungle, Rock Around the Clock et Don't Know the Rock ont une rĂ©percussion majeure chez les jeunes et les adolescents. Ces derniers commencent Ă  danser sur ces rythmes nouveaux dans les couloirs des cinĂ©mas, dans les rues, sur les places ainsi qu'au pied de l'obĂ©lisque de Buenos Aires. En parallĂšle, les ventes de disques de rock 'n' roll commencent chez les disquaires, ainsi que la diffusion de ces nouveaux rythmes Ă  la radio Ă  travers des Ă©missions dĂ©diĂ©es. C'est le cas Ă  Radio Splendid, et Ă  Radio Mitre avec l'Ă©mission MelodĂ­as de rock 'n' roll animĂ©e par CĂ©sar Lazaga, et Ă  Radio Excelsior avec l'Ă©mission Rock and Belfast animĂ©e par Jorge Beillard, occasionnellement remplacĂ© par Miguel Ángel Merellano[10] - [11].

Le chanteur et tromboniste Eddie Pequenino, ancrĂ© dans le jazz (alors encore adolescent, il forme dans les annĂ©es 1940 un groupe de jazz dĂ©nommĂ© Jazz Los Colegiales avec Ricardo Romero) et du rhythm and blues (il forme au dĂ©but des annĂ©es 1950 un groupe du nom de Parker y su Rhythm Band), forme en 1956 le groupe Mr. Roll y sus Rockers, le premier groupe de rock en Argentine. Il engage comme pianiste Lalo Schifrin. Le groupe interprĂšte des reprises de groupes nord-amĂ©ricains. Bill Haley and His Comets sont pour eux une grosse influence, avec leur style orientĂ© swing. Leurs reprises sont enregistrĂ©es en un LP, produit et publiĂ© par le label CBS. L'album est un tel succĂšs qu'il se vend plus que la version originale de Bill Haley. C'est dans ce contexte qu'est tournĂ© le film Venga a bailar el rock, qui sort le . Mr. Rock y sus Rockers jouent dedans, en compagnie des acteurs Éber Lobato, NĂ©lida Lobato, Alfredo Barbieri, et Pedrito Rico. En , Bill Haley vient en Argentine avec son groupe pour des concerts au thĂ©Ăątre municipal. Il choisit comme premiĂšre partie Mr. Roll y sus Rockers.

ImmĂ©diatement, quelques polĂ©miques apparaissent Ă  propos du rock du fait de certains tabloĂŻds et mĂ©dias Ă  sensation. Ces derniers affirment que les jeunes devenaient fous dans les salles de cinĂ©ma Ă  cause des films de rock, causant parfois des destructions. Ils lĂšvent la voix avant l'arrivĂ©e de Bill Haley en affirmant que le rock 'n' roll Ă©tait une musique Ă©trange. De son cĂŽtĂ©, la revue Antena publie un numĂ©ro dans lequel apparait Bill Haley vĂȘtu d'un poncho et en train de boire du matĂ©, dans un geste de conciliation culturelle[10] - [11].

Au-delà du manque d'identité qu'avait encore le genre naissant, l'arrivée du nouveau phénomÚne musical et la formation de Mr. Roll y sus Rockers attire l'attention de l'industrie du disque en Argentine. Il existait en effet un nouveau segment social qui jusque-là n'avait pas été exploité par la musique : celui des jeunes et des adolescents. Il y avait ainsi un nouveau marché pour la commercialisation de groupes et de solistes. Ce nouveau marché eut un rÎle essentiel dans le développement postérieur de la musique argentine, et cela, sans distinction de genre et de contenu idéologique.

Premiers groupes

Sandro, qui à ses débuts jouait du rock 'n' roll eu une influence décisive sur la naissance du rock argentin.

En 1958, Ă  la suite du succĂšs qu'eut la visite de Bill Haley and His Comets en dĂ©but d'annĂ©e, de nombreux groupes de rock 'n' roll se forment. Ces nouvelles formations se contentaient alors de reprendre les chansons des groupes de rock nord-amĂ©ricains. De nombreux membres de ces formations allaient devenir au dĂ©but des annĂ©es 1960 les musiciens et chanteurs des groupes appartenant au mouvement appelĂ© en Argentine « nueva ola ». En parallĂšle, des programmes radio consacrĂ©s au rock commencent Ă  apparaĂźtre Ă  la radio. C'est le cas sur Radio Libertad (plus tard AM del Plata) et sur Radio El Mundo. La revue Jazzlandia avait aussi pris note de l'explosion du rock 'n' roll sur la scĂšne musicale argentine. C'est pourquoi elle commence Ă  publier des articles, des paroles et des partitions de rock. La revue Estrellas fait de mĂȘme. Le disc jockey du programme MĂșsica en el aire, RodrĂ­guez Luque, crĂ©e le label Disc-Jockey avec laquelle il produit les groupes de rock naissants. Enfin, en , le troisiĂšme film d'Elvis Presley : Amour frĂ©nĂ©tique sort en salle. Traduit sous le titre La mujer que yo adoro en Argentine, le film eut une couverture mĂ©diatique importante Ă  la diffĂ©rence de ses deux premiers films. Cela entraĂźne un boom de l'esthĂ©tique Elvis dans le pays[11].

Le groupe The Paters se forme, avec le chanteur Lalo Fransen (futur membre du El Club del Clan), qui se fait alors appeler Danny Santos. Le groupe est connu pour deux enregistrements : A White Sport Coat (and a Pink Carnation) de Marty Robbins et I Forgot to Remember to Forget d'Elvis Presley. De mĂȘme, le groupe Los Modern Rockers se forma, dont le membre Luis AguilĂ© (qui a jouĂ© des chansons de Pat Boone) se distingue des annĂ©es plus tard lorsqu'il est engagĂ© par le label OdeĂłn. Avec son guitariste et l'appui de l'orchestre d'Armando Patrono, ils enregistrent le bolĂ©ro MirĂĄ quĂ© luna, mais surtout la premiĂšre chanson rock originaire d'Argentine, c'est-Ă -dire crĂ©Ă©e par un artiste argentin et chantĂ©e en espagnol, La Balanza[11].

AccompagnĂ© par l'orchestre Delucio Milena, les chansons qu'enregistre Billy Cafaro, Pity Pity de Paul Anka et Personalidad eurent un succĂšs considĂ©rable. NĂ©anmoins, quand il interprĂšte le succĂšs allemand Kriminal Tango, il obtient beaucoup moins de succĂšs. En effet, cette chanson est trĂšs impopulaire chez les tangueros qui l’interprĂštent mal et la prennent comme une offense au tango. Il est mĂȘme agressĂ© Ă  plusieurs reprises par des tangueros, ce qui le pousse Ă  partir en Espagne. Originaire de ce pays, Andy MarciĂĄ enregistre des chansons comme Rock del vaquero, TĂș eres mi luna et La Motoneta (cette derniĂšre Ă©tait un jingle publicitaire pour les scooters Siam-Lambretta, et c'est peut-ĂȘtre le premier jingle publicitaire de l'histoire argentine). Il est aidĂ© par l'orchestre d'Horacio Malvicino, qui Ă  ce moment-lĂ  Ă©tait connu sous le nom de Don Nobody, et qui plus tard, se tournant vers le tango europĂ©en, adopta un autre nom, Alain Debray[11].

En 1960, le groupe Los Teen Tops atteint une grande notoriĂ©tĂ© chez les auditeurs argentins. Cet ensemble mexicain chante des succĂšs du rock 'n' roll nord-amĂ©ricain, mais avec des paroles traduites en espagnol. Le style Ă©nergique de ce groupe influence le frĂšre de Eber Lobato, Rocky Pontoni, qui surgit sur le marchĂ© du disque avec ses interprĂ©tations de Stupid Cupid de Neil Sedaka, Adam and Eve de Paul Anka et I'm On a Merry Go-Round de Teddy Randazzo. Il est suivi par Luis BastiĂĄn avec sa reprise de Itsi, Nitsi, Tiny Winy Yellow Polka dot Bikini de Brian Hyland. AppuyĂ© par le label Orfeo (filiale de CBS), l'artiste Johnny Carel (dont le vrai nom est JosĂ© Roberto Gentile) apparut. Sa reprise de Let's Think about Living de Bob Luman est un grand succĂšs. Il est tel que le disque fut sorti dans de nombreux pays comme le PĂ©rou, le VĂ©nĂ©zuĂ©la, l'Équateur, la Colombie, le Mexique et l'Espagne[11].

À ce moment, un futur membre de la nueva ola et d'El Club del Clan apparait au sein du groupe de rock 'n' roll Los Platos Voladores, qui prend par la suite le nom de The Rocklands. Ce membre, c'est Noberto Fago, qui utilise ensuite le pseudonyme de Nicky Jones. Il enregistre une reprise de Runaway de Del Shannon. De mĂȘme, le musicien Johnny Allon se fait connaĂźtre au sein du groupe Los Tammys. Ces derniers enregistrent de nombreuses reprises des groupes de beat et de surf music des annĂ©es 1960. Dans la Province de TucumĂĄn, le chanteur Nery Nelson, qui reprenait des chansons d'Elvis Presley, est mis en avant par le label Discofonia. Il sort avec elle un disque qui n'eu aucune rĂ©percussion. C'est pourquoi, il dĂ©cide de changer de surnom et commença Ă  se faire appeler Palito Ortega. Ce mĂȘme label lance un autre jeune, Martin Meyer. Ce dernier, aidĂ© par le compositeur Alddo Legui, sort un LP qui connut du succĂšs, El Millonario del disco[11].

Au dĂ©but des annĂ©es 1960, de nombreux musiciens nord-amĂ©ricains de l'Ă©poque comme The Platters, Paul Anka (qui Ă  son concert au Teatro Ópera chanta accompagnĂ© d'un orchestre local dirigĂ© par le batteur Enrique Corriale), Dion DiMucci, Brenda Lee, Neil Sedaka et Chubby Checker vinrent jouer en Argentine. Ce dernier, avec son style twist sert d'inspiration pour un groupe local : Los Jets, dont l'un des membres, Jorge « Jackie » Álvarez, forma plus tard le groupe Jackie y los Ciclones. En 1961, Tony Vilar sort un LP avec la maison de disques CBS. l'album comprend des chansons chantĂ©es en espagnol comme Quince años tiene mi amor, Diablito, Rock del Fuego et Rock del Abuelo[11] - [12] - [13].

En , le label RCA signe un jeune musicien qui utilisait le pseudonyme Balder. Ce dernier se prĂ©sente au programme de tĂ©lĂ©vision Justa del Saber diffusĂ© par Canal 7. Avec la maison de disque, il Ă©dite un disque sur lequel apparaissait la chanson El rock del tom tom. Un peu plus tard, il sort la chanson Zapatos de pom pom. Balder est en fait Alberto Felipe Soria, plus connu sous le nom de Johny Tedesco. Il est tellement influencĂ© par Elvis que le label lui propose un voyage aux États-Unis, afin qu'il puisse connaĂźtre son idole[14]. Son album est un gros succĂšs. PrĂšs de 500 000 exemplaires sont vendus en trĂšs peu de temps. En parallĂšle, la chanson est un gros succĂšs Ă  la radio. Tedesco dĂ©veloppe donc un style trĂšs influencĂ© par Elvis Presley, qui Ă©tait un mĂ©lange de rock, de rockabilly et de country. Il interprĂšte en castillan beaucoup de ses compositions et les succĂšs du rock international comme Presumida, Un montĂłn de amor, Preciso tu amor esta noche, Ocho dĂ­as a la semana, Coqueta et La Plaga. Ces quelques chansons aident Ă  consolider le genre rock en Argentine[11].

En aoĂ»t 1961, le label CBS lance un nouvel artiste, Tony Vilar. Ce dernier enregistre des chansons de rock plus douces et des reprises du groupe espagnol DĂșo DinĂĄmico, comme Quince años tiene mi amor. Il reprend aussi Diablito de Neil Sedaka. Tony Vilar est fils d'immigrant italien typique de la jeunesse d'alors. En 1962, il Ă©dite son deuxiĂšme album, qui rime aussi avec la fin de sa carriĂšre. Bien que son succĂšs soit Ă©phĂ©mĂšre, et rapidement Ă©clipsĂ© par l'ascension vertigineuse du Club del Clan, ses albums restent culte et sont des traces du dĂ©but du rock en Argentine[11].

À cette pĂ©riode, le groupe Los Picks Ups apparait. Comme la majoritĂ© des groupes de l'Ă©poque, il faisait des reprises, dans son cas surtout de Roly Poly. Cependant, il fait aussi ses propres compositions comme Mi Promesa. Toujours Ă  cette pĂ©riode, Radio AntĂĄrtida, connu sous le nom de Radio AmĂ©rica, possĂšde une programmation qui passe du rock toute la journĂ©e. Tout au long de la journĂ©e, diffĂ©rentes Ă©missions Ă©taient consacrĂ©es au genre. On peut citer : Una ventana al Ă©xito animĂ©e par Antonio Barrios, La discoteca de Juan JosĂ© avec Juan JosĂ© May, Whiskeria de Johnny Carel et CĂ­rculo musical avec HĂ©ctor Larrea[11].

En 1963, le groupe Los de Fuegos — ou Santo y Los de Fuegos — enregistra des reprises de chansons de rock classique et de beat, chantĂ©es en espagnoles. On peut citer : Te conseguirĂ©, Anochecer de un dĂ­a agitado, My bonnie et El Dinero no puede comprarme amor. Le groupe connaĂźt alors un grand succĂšs commercial. Plus tard, le groupe se sĂ©para. Sandra commença alors Ă  changer radicalement de style. Il abandonne le rock and roll chantĂ© en espagnol pour se tourner vers un rĂ©pertoire plus populaire. C'est ainsi qu'il devint l'un des pionniers de la balade romantique latino-amĂ©ricaine, un dĂ©rivĂ© du bolero. Ce type de musique devint par la suite le genre par excellence de la pop latine durant les dĂ©cennies suivantes[15]. Sandro apporte avec lui ses morceaux et ses rythmes issus du rock 'n' roll. Ce qui rend le genre provocant et par consĂ©quent attirant pour les jeunes, en particulier chez les femmes. Bien que rejetĂ© par le monde du rock durant des annĂ©es, le rock national revalorisa Sandro et d'autres groupes dans les annĂ©es 1980. Plusieurs groupes inclurent ses chansons dans leur rĂ©pertoire, comme Dame Fuego par exemple[16]. Sa cĂ©lĂšbre chanson Tengo est classĂ©e en 15e, parmi les 100 meilleures chansons de l'histoire du rock argentin par MTV, et le magazine Rolling Stone[17].

Influence du rock mexicain et chicano

Le groupe mexicain Los Teen Tops, en Argentine en 1962.

Les musiciens mexicains et chicanos de rock de la fin des annĂ©es 1950, et du dĂ©but des annĂ©es 1960 ont particuliĂšrement influencĂ©s la naissance du rock argentin. En 1957, Ritchie Valens obtient le premier grand succĂšs mondial d’une chanson en castillan grĂące Ă  La Bamba. En parallĂšle, ds groupes mexicains comme Los Teen Tops, Los Blue Caps et Los Locos del Ritmo rĂ©alisent des reprises en espagnoles de chansons d’Elvis Presley, Chuck Berry, Little Richard et Buddy Holly, qui certaines se convertissent en classiques latinos, comme La Plaza et Popotitos.

Pendant ce temps en Argentine, Billy Cafaro et Tony Vilar sortent leurs premiers succÚs locaux avec un style plus international. Leurs chansons adaptées à la langue locale commencent à se différencier des autres productions argentines. Tony devient le premier argentin à interpréter des rocks lents ou balades slow. Sa chanson la plus importante dans ce genre est le slow rock en castillan Y los cielos lloraron interprétée avec Frankie et son ensemble (pseudonyme de Waldo de Los Ríos). Beaucoup d'artistes de ce temps indiquent que les groupes mexicains ont fortement influencé les groupes de rock argentin, comme Los Gatos et les Ducs en autres. Ainsi que presque tous les groupes des autres pays hispanophone[18] - [19] - [20].

Litto Nebbia raconte dans son livre MĂșsica progresiva argentina, qu’il intĂ©gra un groupe en 1961 Ă  Rosario, et qu’à ce moment-lĂ , beaucoup de groupe Ă©taient influencĂ©s par le Rock mexicain. Les groupes nord-amĂ©ricains Ă©taient la source de la musique et les groupes mexicains ceux qui prenaient le son et l’exportaient vers d’autres pays du monde hispanophone.

Nueva ola et El Club del Clan

LS10 Radio Libertad, programme au dĂ©but des annĂ©es 1960 un programme de radio qui donnera lieu Ă  la nueva ola, un style de pop mĂ©langĂ© avec du twist, du beat et du rock. Ce genre se popularise avec succĂšs en AmĂ©rique latine et en Europe Ă  cette pĂ©riode. Le terme vient du nouveau cinĂ©ma français, la Nouvelle Vague. Beaucoup des artistes mentionnĂ©s auparavant se sont rendus dans cette station de radio. Bien qu’ils ne soient pas trĂšs bien payĂ©s, la radio leur permet de se faire connaĂźtre et ainsi de gagner en popularitĂ©, ce qui leur ouvrent les portes des clubs de quartier le week-end. Parmi les artistes qui participent au programme, on peut citer : Johny Tedesco, Lalo Fransen, los Pick Ups, Ricky Montana, Joe Twist, Gasparino - qui par la suite se fait appelĂ© Indio Gasparino, et plus tard Facundo Cabral -, Danny Palma (qui enregistre Ă  l’OdeĂłn Muñeca rota, un succĂšs de Johnny Hallyday en version castillane), RaĂșl LaviĂ© (qui chante en castillan les succĂšs de Paul Anka), Jolly Land, Los Jets et le duo Los Novarro (d’oĂč surgit quelques annĂ©es plus tard Chico Novarro)[21].

L’acteur et comique Dino Ramos compose avec RamĂłn Ortega un rock frĂ©nĂ©tique. Voyant le succĂšs et le potentiel auprĂšs du jeune public, il convainc les dirigeants de Canal 11 de faire un programme destinĂ© Ă  ce public. C’est ainsi qu'est crĂ©Ă© Ritmo y juventud, qui est connu pour tard sous le titre de La Cantina de la guardia nueva. L'Ă©mission Ă©tait diffusĂ©e le dimanche entre 19 h 30 et 20 h 30. Le label RCA-Victor finit par mettre la pression sur le programme pour retirer ses artistes. C’est alors que Dino Ramos les remplace par d’autres artistes de la nueva ola comme : Johnny Carel, Jerry y los HI-FI, Pablo Danielo, Ricardo Roda, Jim and Jerry (l’un d'eux Ă©tait Juan Marcelo), Danny Palma, Chicote LĂłpez, Los Tammys, Ricky Montana, Beto Espinosa, Roxana, Donald y Juan RamĂłn (qui chantait ls succĂšs rĂ©cents sortis en France, en Italie ou aux États-Unis). C'est aussi un acte de rĂ©sistance Ă  un label international comme RCA-Victor. Par exemple, le label CBS s’appuie sur Sandro et rĂ©ussit Ă  le promouvoir, en sortant notamment un film, ConvenciĂłn de vagabundos, avec Ubaldo MartĂ­nez, dans lequel il montre ses compĂ©tences musicales en interprĂ©tant en castillan la chanson Rit Up de Little Richard.

L’équatorien Ricardo MejĂ­a rĂ©volutionnera la scĂšne musicale des jeunes latino-amĂ©ricains avec une Ă©mission de tĂ©lĂ©vision : CommandĂ© par l’équatorien Ricardo MejĂ­a, El Club del Clan. DiffusĂ©e le samedi soir Ă  20 h 30, le programme est composĂ© d’artistes issus de groupes de rock. Chaque protagoniste possĂ©dait un pseudonyme et une personnalitĂ© marquante. Parmi les artistes qui apparurent dans le programme, on peut citer : Johny Tedesco, Nicky Jones, Lalo Fransen, RaĂșl LaviĂ©, Chico Novarro, Rocky Pontoni, Galo CĂĄrdenas, Perico GĂłmez, Horacio Molina, RaĂșl CobiĂĄn sous le pseudonyme de Tanguito (qui n’a rien avoir avec celui qui est aussi connu plus tard sous le pseudonyme de Tanguito, dont le vrai nom est JosĂ© Alberto Iglesias), Pino Valenti, Palito Ortega, Jolly Land, Violeta Rivas et Cachita GalĂĄn. Enfin, le groupe The Reds Caps est soutenu par l’émission. Il s’agit sans doute du premier super groupe qui apparut dans la musique argentine moderne. Il Ă©tait composĂ© de Johny Tedesco, Lalo Fransen, Nicky Jones et Palito Ortega. L’une des clĂ©s du succĂšs de l’émission est aussi sa stratĂ©gie de vente. Ses compilations qui sortaient sous forme de LP Ă©taient vendues 160 pesos alors qu’en vĂ©ritĂ©, leur coĂ»t Ă©tait de 626 pesos. Ainsi, tous les foyers pouvaient se les procurer et ainsi connaĂźtre tous les artistes de l’émission[21].

Du fait du dĂ©part de nombreux artistes dans le programme concurrent SĂĄbados continuados diffusĂ© par Canal 9, le programme prend fin. D’autres programmes du mĂȘme type apparurent mais ils n’atteignirent pas le mĂȘme niveau de popularitĂ© que El Club del Clan. On peut citer l’émission Ritmo y Juventud qui Ă©tait aidĂ© par la maison de disques Dis-Jockey et oĂč participaient : Chicote LĂłpez, Chiquita Saldi, HaydĂ©e Warren, Eduardo, Ricardo Roda, Chico Miranda, Tony Vilar, Ricky y los Solitarios, Los Wonderfulls, Los Five Rockers, Los Flamantes, The Lonely Boys, Los Jaque Mate, SĂłsimo y los Demonios, Tony Maara, Juan RamĂłn (un de ceux qui a excellĂ©, et qui joua dans des films comme El galleguito de la cara sucia). De son cĂŽtĂ©, CBS promotion une nouvelle Ă©toile pour concurrencer Palito Ortega dans le rĂŽle du garçon normal. Il s’agissait de Leopoldo Dante TĂ©vez, originaire d’Atamisqui, un village de Santiago del Estero. Il Ă©tait connu sous le pseudonyme de Leo Dan. CBS lançaa aussi d’autres artistes au profil plus humble comme Larry Moreno y Yaco Monti[21].

Avec le temps, il y a rĂ©pudiation gĂ©nĂ©ralisĂ©e du Club del Clan et de tout ce qu’il reprĂ©sentait. Le terme « mĂșsica complaciente » (musique complaisante) apparait pour dĂ©finir toute musique popera dĂ©pourvue de tout engagement idĂ©ologique. Daniel Colao et Rafael Abud analysĂšrent le phĂ©nomĂšne dans la revue Rock Superstar en 1978. Ils attribuent l’humeur insouciante de la nueva ola et du Club del Clan Ă  la bonne situation Ă©conomique de l’Argentine Ă  l’époque. Certaines personnes malveillantes ont utilisĂ© l’article pour prouver une prĂ©tendue complicitĂ© entre le systĂšme et l’émission de tĂ©lĂ©vision. Pour cela, ils utilisaient certaines citations de l’article mais ils les sortaient complĂštement de leur contexte. Alors que les auteurs essayaient juste de prouver que les paroles du Club del Clan parlaient seulement de problĂšmes quotidiens comme le service militaire ou le foyer.

El Club del Clan est aussi critiquĂ© de complaisance envers la dictature du GĂ©nĂ©ral Juan Carlos OnganĂ­a. L’émission fut accusĂ© de vouloir imposer un mode de vie « soumis » Ă  la jeunesse. Mais cette critique n’est pas fondĂ©e car OnganĂ­a commença Ă  gouverner en , date Ă  laquelle le Club del Clan Ă©tait dĂ©jĂ  dissout. Qui plus est, il est absurde de penser que des chansons comme De quĂ© Me Sirve el LatĂ­n de Violeta Rivas Ă©taient des thĂšmes qui voulaient hĂ©bĂ©ter la jeunesse, alors qu’il s’agissait d’une reprise de la chanson Che Me Ne Faccio Il Latino ?, un classique italien tirĂ© du rĂ©pertoire de Gianni Morandi. La musique destinĂ©e aux jeunes de l’époque avait l’habitude de critiquer l’école ou du moins de s’y rĂ©fĂ©rer de maniĂšre humoristique, sans que cela ait suscitĂ© des accusations qui y voient des intentions cachĂ©es. C’est le cas de School Days de Chuck Berry, SacrĂ© Charlemagne ou Laisse tomber les filles de France Gall[22], MatemĂĄticas de Los Teen Agers et Banco de Colegio de Los Tammys[23]. Les deux derniers titres sont des chansons de rock en castillan composĂ©es par groupes argentins avant 1967.

Influence des groupes anglais et uruguayens

Le groupe uruguayen Los Mockers en 1965. L'un de ceux qui formeront le mouvement Uruguay invasion.

À la fin des annĂ©es 1950 et au dĂ©but des annĂ©es 1960, le groupe uruguayen Los TNT avaient rĂ©coltĂ©s un grand succĂšs en Argentine. Avec leur style trĂšs Ă©nergique ils avaient mĂȘme tentĂ© leur chance en Europe. Ils quittent la scĂšne locale et poursuivent un temps leur carriĂšre en Espagne[11].

En 1964, comme partout dans le monde, le phĂ©nomĂšne The Beatles a une grande rĂ©percussion en Argentine. Le rock international rĂ©unit une gĂ©nĂ©ration (nĂ© entre 1945 et 1960) trĂšs politisĂ©e et trĂšs active dans les organisations Ă©tudiantes et syndicales, qui commencent Ă  faire face aux dictatures militaires. Les jeunes, et les hommes et femmes de la classe moyenne du pays participent ensemble Ă  des marches pour dĂ©noncer cette situation[24]. Cette gĂ©nĂ©ration se retrouve autour de l’identitĂ© rock et la rĂ©volution sexuelle, qu’ils opposent comme une rupture radicale au tango et aux standards machistes de leurs parents[25] - [26].

The Beatles commencent Ă  se populariser significativement dans le pays. En plus de leur musique, leur esthĂ©tique et leur coiffure provocatrice plaisent Ă©normĂ©ment aux jeunes. Le label EMI-OdeĂłn dans sa compilation El Monstruo despierta les appellent Los Grillos. Quand, en 1964, Canal 9 annonce leur venue en Argentine, de nombreux jeunes viennent les accueillir Ă  l’aĂ©roport d’Ezeiza, et la retransmission tĂ©lĂ©visĂ©e atteint 63 points de part d’audience. Mais, ce n’est pas The Beatles. Il s’agit en fait de The Beetles, un groupe amĂ©ricain. MalgrĂ© cela, le groupe nord-amĂ©ricain dĂ©clenche une euphorie majeure, Ă©quivalente Ă  celle qu’auraient pu crĂ©er John, Paul, George et Ringo[27]. Ils jouent dans diffĂ©rents thĂ©Ăątres ainsi que dans le stade d’HuracĂĄn. Comme dans la plupart du monde, The Beatles sont un grand phĂ©nomĂšne populaire en Argentine qui finit par s’imposer, et mis de cĂŽtĂ© des chanteurs tels Paul Anka, Neil Sedaka, Rita Pavone, Edoardo Vianello, Richard Anthony et Trini LĂłpez[21].

En 1966, Sam (Santiago Malnati) frĂ©quente La Cueva de Pueyrredon, oĂč il chante toutes les nuits avec Tony Osanah, Billy Bond, Javier MartĂ­nez et beaucoup d’autres musiciens de l’époque. Il grave pour le label RCA-Victor un LP avec les chansons Paint in Black et Wild Thing avec son duo Sam and Dan. L'album sort en . En juin, il enregistre un second single en castillan avec les chansons Que culpa tenemos nosotros et Es la lluvia que cae. En dĂ©cembre, il sortirent leur troisiĂšme et dernier disque avec les chansons La Nueva GeneraciĂłn et Te quise, te quiero y te querrĂ©, toutes deux Ă©crites par Sam. Durant les carnavals de 1967, ils rĂ©alisent une quarantaine de concerts avec le groupe Los Gatos. Sam continue ensuite comme soliste et chante avec Pappo la chanson FiguraciĂłn. Il participa aussi au premier festival BA ROCK au VĂ©lodrome de Palermo. En 1970, Sam part travailler comme producteur Ă  l’OdĂ©on Pops d’Argentine. Il produit Trio Galleta, Sociedad AnĂłnima, Sucesso -avec la musique de Sam Se mete Se mete-, Los BĂĄrbaros, Los Blue Caps, Los No, Madera Tallada, The Gipsys, Gamba Trio, Freedom, The Tasaday, et Las Mini Shorts. En 1973, il part s’installer au BrĂ©sil oĂč il produit Gretchen, Domino, Nahim, Lady Lu, Black Juniors, et d’autres artistes.

En Argentine, la British Invasion (avec des groupes comme The Beatles et The Rolling Stones, qui influencent toujours les groupes argentins) est aussi influente que la vague du rock classique nord-amĂ©ricain, tant pour le goĂ»t des jeunes pour le rock international que pour l’émergence du merseybeat argentin en castillan[28] - [29] - [30] - [31] - [32].

Mais c'est surtout la Uruguay invasion entre 1964 et 1965 qui contribue de maniÚre décisive au développement de la musique beat en Argentine. Inspiré du nouveau rock britannique, de nombreux jeunes musiciens uruguayens commencent à imiter ces sons. Trois groupes : Los Shakers, Los Mockers et Kano y Los Buldogs[33] commencent à imiter le style des Beatles et des Rolling Stones. Ils chanent en anglais et viennent jouer à Buenos Aires.

Au milieu des annĂ©es 1960 et au plus fort de la British Invasion les groupes de beat uruguayens atteignirent une certaine popularitĂ© en AmĂ©rique du Sud[34]. parmi tous ces groupes, Los Shakers se distinguent. Il s’agit d’un groupe de beat qui s’inspirait ouvertement des Beatles. Mais, ils avaient tout de mĂȘme leur propre style, une qualitĂ© musicale remarquable dans leur performances et une certaine originalitĂ© dans de nombreuses compositions[35]. Le groupe commence Ă  apparaĂźtre en direct dans de nombreuses Ă©missions de tĂ©lĂ©vision en Uruguay, en Argentine et dans d’autres pays d’AmĂ©rique du Sud. Mais, du fait qu’ils ne voulaient pas chanter plus en espagnol, leur popularitĂ© diminua.

Musique beat en anglais et en espagnol

À la fin des annĂ©es 1960, la musique beat apparait en Argentine. Elle fut jouĂ© par de nombreux groupes qui certains interprĂ©taient les chansons en anglais et les autres en castillan. Los Gatos et Almendra sont quelques-uns des groupes les plus populaires de ce mouvement. Le genre trouvait ses racines en partie dans le vieux rock 'n' roll. Luis Alberto Spinetta fait ses premiers pas avec son groupe The Hammers, un ensemble similaire Ă  Los Teen Tops, qui s’habillaient comme les protagonistes de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Mike Hammer. De la mĂȘme maniĂšre, le groupe Los Wild Cats se forment en 1963 Ă  Rosario. Largement influencĂ© par Elvis Presley, leur chanteur dut abandonner le groupe en 1964 pour aller effectuer son service militaire. Il fut remplacer par Litto Nebbia qui avait alors Ă  peine 15 ans. MalgrĂ© son jeune Ăąge, Litto Nebbia Ă©tait un compositeur et avec son incorporation, le groupe changea de nom pour se faire appeler Los Gatos Salvajes.

Vers 1965, le rock connait un dĂ©veloppement rapide en Argentine avec l’apparition de nombreux groupes tels que The Seasons avec Carlos Mellino et Alejandro Medina, Los Vip’s de Charly Leroy, Los In de Francis Smith et Amadeo Álvarez, Sam and Dan, Los Bestias (antĂ©cĂ©dent de Los Blue Men), Los Bishops, Los Jerks, Los Knacks, Los Interrogantes, Telmo y Los Stones, Los Comanches, le Cuarteto Sir John, Billy Bond y el Lew Cuarteto, Los Larkins et beaucoup d’autres qui se produisaient dans le programme de tĂ©lĂ©vision La Escala Musical, Ă©mission concurrente du Club del Clan. Sam and Dan et Billy Bond chantaient en castillan, et parfois en anglais. Les autres groupes chantaient leurs propres compositions, mais le plus souvent en anglais. La Beatlemania a entrainĂ© une augmentation du nombre de groupes chantant leur propre composition en anglais. Ceux-ci Ă©taient pratiquement inexistants jusqu’à 1964.

Los Gatos Salvajes font aussi partie de cette gĂ©nĂ©ration. Ils atteignent une certaine notoriĂ©tĂ© grĂące Ă  la promotion de leur label Music Hall, qui leur fournissait une aide Ă©conomique et logistique qui leur permettra d’ĂȘtre programmĂ© dans de nombreuses Ă©missions et Ă  divers concerts. En 1965, ils gravent leur premier album. Les chansons sont fortement influencĂ©es par les groupes de rock des annĂ©es 1960 comme The Rolling Stones et The Kinks. L’album comprend la chanson Bajo la rambla, une version de Under the Boardwalk du groupe The Drifters, qui est un succĂšs de la musique mainstream argentine de l’époque. L’album Ă©tait composĂ© de neuf chansons originales chantĂ©es en castillan et de une en anglais. Mais, c'est surtout de la scĂšne underground de Buenos Aires d’oĂč surgissent les piĂšces fondamentales du rock argentin des fins des annĂ©es 1960. Un petit groupe de rockeurs commencent Ă  se rĂ©unir. Ces groupes avaient leur Ă©picentre dans un triangle formĂ© par un petit local appelĂ© La Cueva, l'Instituto Di Tella (au 900 de la calle Florida) et la Plaza Francia. C’est dans ce petit noyau que se rencontrĂšrent les jeunes musiciens qui allaient devenir cĂ©lĂšbre par la suite. Partis eux, on peut citer les rosarionos Litto Nebbia et Ciro Fogliatta, les uruguayens Hugo Fattoruso et son frĂšre Osvaldo, les porteños Mauricio Birabent (connu plus tard sous le pseudonyme de Moris), Pajarito Zaguri, Javier MartĂ­nez, Francis Smith, Claudio Gabis, Pappo Napolitano, Carlos Mellino, Alejandro Medina et les Buenos-airiens Miguel Abuelo et Tanguito entre autres.

Ces musiciens sont fortement influencés par les musiques modernes internationales, comme le merseybeat britannique. Ils étaient des adeptes de groupes comme The Beatles, The Rolling Stones, Bob Dylan, Joan Båez, Jimi Hendrix, Crosby, Stills, Nash and Young et Frank Zappa[36].

Los Beatniks, groupe formĂ© par Moris, Pajarito Zaguri et Javier Martinez (des noms importants pour le rock argentin), enregistrent quelques-unes des premiĂšres chansons de beat en espagnol, avec une thĂ©matique de protestation. Ils se forment Ă  Villa Gesell, une plage de la cĂŽte atlantique. En 1966, il enregistrent le single Rebelde. Chanson considĂ©rĂ©e Ă  tort comme la premiĂšre chanson de rock argentin[37]. Car, comme vu prĂ©cĂ©demment, le rock en castillan existait depuis 1956. Ce single n’a pas une grande rĂ©percussion. À peine 200 exemplaires sont vendus.

Seconde Ă©tape (1967-1976)

À la suite du succĂšs de la chanson La Balsa du groupe Los Gatos, le rock attire plus d’adeptes ce qui prouve que le merseybeat chantĂ© en castillan pouvait ĂȘtre un Ă©norme succĂšs. Il est cependant bon de rappeler que le rock argentin chantĂ© en espagnol existait depuis la fin des annĂ©es 1950.

Il se forme alors la trilogie fondamentale du rock argentin de la fin des annĂ©es 1960 : Los Gatos, Almendra et Manal. Chacun possĂ©dait son propre style, mais ce qu’ils faisaient Ă©tait clairement diffĂ©rent de ce qui avait Ă©tĂ© entendu jusqu’alors dans le genre. En parallĂšle de ces groupes influencĂ©s par la musique psychĂ©dĂ©lique et la contreculture des annĂ©es 1960, les premiers mĂ©dias dĂ©diĂ©s au Rock national apparurent : des magazines, des Ă©missions de radio, des festivals et des films centrĂ©s sur ce phĂ©nomĂšne.

Mais rapidement, les groupes de la trilogie se sĂ©parĂšrent et les membres formĂšrent de nouveaux groupes. Cela amena une Ă©volution artistique et la naissance de groupe comme : Pescado Rabioso, Vox Dei et Aquelarre. De mĂȘme, des styles qui allaient marquĂ©s l’époque apparurent : le rock ‘’lourd’’ et l’acoustique. Et durant les annĂ©es 1970, les artistes commencĂšrent Ă  expĂ©rimenter des fusions avec le folklore, le blues, le tango et la chanson de protestation entre autres.

Single La Balsa

Los Gatos en 1967 (de gauche Ă  droite) : Ciro Fogliatta (claviers), Kay Galiffi (guitare), Oscar Moro (batterie), Litto Nebbia (chant, harmonica et tambourin) y Alfredo Toth (basse).

Une ambiance bohĂšme et intellectuelle commence Ă  se crĂ©er au sein du triangle formĂ© par La Cueva, La Perla et l’Instituto Di Tella. En parallĂšle, les idĂ©es de la contreculture apparaissaient. Les artistes en dĂ©battaient et l’exprimaient Ă  travers la musique, le thĂ©Ăątre, le journalisme, la littĂ©rature ou la peinture. L’importance qu’eu ce noyau dans la pensĂ©e et l’art dans l’histoire de la musique argentine est incommensurable.

Los Gatos vivaient dans un hĂŽtel situĂ© Ă  50 mĂštres de la Perla del Once. Ils avaient alors beaucoup de dettes envers l’hĂŽtel. C’est pourquoi en 1967, durant les carnavals, Sam et Los Gatos arrivĂšrent Ă  un accord. Ciro Fogliatta rejoint Sam and Dan pour jouer avec eux. Ils allaient diviser tout ce que Sam and Dan allaient gagner durant les festivitĂ©s. Ils firent alors 40 concerts Ă  Buenos Aires, et servent jusqu’à la sortie de La Balsa. AprĂšs ces concerts, Sam and Dan se sĂ©parent Dan partit travailler avec Ricardo Kleinman, alors que Sam resta chez RCA. Le groupe Los Gatos jouait alors ses propres compositions, qui n’était en rien basĂ©s sur des modĂšles Ă©trangers. AprĂšs avoir jouĂ© Ă  La Cueva pendant de nombreux mois, le label RCA lance le , un single du groupe sur lequel apparaissait la chanson La Balsa. Cette chanson, qui avait Ă©tĂ© composĂ© par Litto Nebbia et Tanguito, apparaissait sur la face A. Sur la face B est gravĂ© la chanson Ayer nomĂĄs, composĂ©e par Pipo Lernoud et Moris. Le single eu un succĂšs retentissant. PrĂšs de 250 000 exemplaires sont vendus[38].

Premiers festivals de rock

Jorge Álvarez fut le producteur argentin le plus important de la fin des années 1960. Avec Pedro Pujó, Rafael López Sånchez et Javier Arroyuelo, ils fondent le label indépendant Mandioca. Plus tard, il dirige Talent, un label étiqueté rock qui appartenait au label national Microfón[39] - [40] - [41].

Le succĂšs de la musique beat chez la jeunesse est fondamental. Cela permet au label CBS, le principal promoteur de ce genre, de s’imposer face Ă  sa rivale RCA, qui dominait jusqu’alors l’industrie de la musique en Argentine. De lĂ  nait une contre-culture dont la rĂ©volution Ă©tait le mot d’ordre, ce qui Ă©tait en opposition avec la sociĂ©tĂ© de l’époque. La Joven Guardia promeut ce genre musical avec le film El Extraño de pelo largo, dans lequel joue Litto Nebbia. De la mĂȘme maniĂšre, La Extraña de las botas rosas eu une grande rĂ©percussion. La chanson est utilisĂ©e par l’entreprise Coca-cola dans le cadre d’une pub qui est tournĂ©e Ă  la RĂ©publique des Enfants. De par leur originalitĂ©, le nom des groupes attiraient aussi l’attention : Los In, Carlos Bisso, ConexiĂłn no 5 (qui chantaient en anglais), Pintura Fresca, Los Walkers, Trocha Angosta, Los TĂ­os Queridos, Los Banana, Piel Tierna, Kano et Los Bull Dogs. Le groupe uruguayen Los Iracundos faisait aussi partit du genre, ainsi que Los Pick Ups qui s’étaient formĂ©s au dĂ©but des annĂ©es 1960 et qui s’étaient adaptĂ©s au nouveau style[21].

À partir de lĂ , les principaux mĂ©dias commencent Ă  diffuser cette nouvelle musique beat. L’émission radio Modart en la noche animĂ©e par Pedro AnĂ­bal Mansilla, ainsi que l’émission MĂșsica con Thompson y Williams les diffusent. La tĂ©lĂ©vision diffuse aussi le genre avec les Ă©missions SĂłtano Beat, Alta TensiĂłn et MĂșsica en Libertad. La musique beat Ă©tait aussi utilisĂ©e dans les publicitĂ©s. La chanson Verano naranja de Donald est utilisĂ©e pour la marque d’eau gazeuse Crush. Une autre de ses chansons, Tiritando, est utilisĂ©e par une marque de cigarette. À ce moment-lĂ , il n’y avait pas de distinctions entre les groupes qui avaient une thĂ©matique idĂ©ologique et ceux qui n’en avaient pas. Alors que Donald, Tormenta, Juan y Juan, SabĂș, Heleno, RaĂșl Padovani, Silvestre, Quique Villanueva et Cacho Castaña appartenaient Ă  une vague plus commerciale, Arco Iris, Piero, Pedro et Pablo faisaient une musique plus engagĂ©e sur le plan idĂ©ologique. Ils s’ajoutent Ă  un nouveau courant qui possĂ©daient ses propres revues : JV, Baño, Pinap, Cronopios, La bella gente et Pelo[21].

C’est en 1968 que se forme la premiĂšre maison de disques indĂ©pendante du pays : Mandioca. Leur slogan est le suivant : la mĂšre de tous les enfants. Parmi ses crĂ©ateurs, on retrouve : Jorge Álvarez, Pedro PujĂł, Javier Arroyuelo et Rafael LĂłpez SĂĄnchez. L’entreprise est crĂ©Ă©e afin de tenter de mettre fin Ă  la domination du marchĂ© musical par les grands labels. Jorge Álvarez Ă©tait le dĂ©nicheur de talents principal. Il dĂ©couvre des musiciens et des groupes tels : Manal, Vox Dei, Almendra, Tanguito, Sui Generis (sous les conseils de Claudio Gabis), Pappo's Blues, Miguel Abuelo et Moris[41] - [42].

Peu aprÚs la fermeture de la maison de disques Mandioca, Jorge Álvarez fonda une filiale de Microfón, appelé Talent (ou parfois Talent Microfón). Cette société sortit le double album de compilation du groupe Manal, le premier album de David Lebón, Pequeñas anécdotas sobre las instituciones de Sui Generis ou encore les quatre premiers albums de Invisible[43].

Moris en 1970, interprétant la chanson El Oso en live.

L’annĂ©e suivante est publiĂ© le premier numĂ©ro de la revue de rock Pinap. En 1969, quatre grands festivals de musique beat ont lieu : June Sunday, Festival Nacional de MĂșsica Beat, Festival Pin Up et Festival de MĂșsica Joven. Durant cette pĂ©riode se forme le groupe Almendra. Il compte dans ses rangs Luis Alberto Spinetta (chant, guitare), Edelmiro Molinari (chant, guitare), Emilio del Guercio (chant, basse) y Rodolfo GarcĂ­a (chant, batterie). C’est aussi l’époque oĂč se forme le groupe Manal. Ce groupe, largement influencĂ© par la musique afro-amĂ©ricaine, est considĂ©rĂ© come le premier groupe de blues chantant en castillan. Il Ă©tait composĂ© de Javier MartĂ­nez (batterie et chant), Claudio Gabis (guitare, piano, harmonica) et Alejandro Medina (basse et chant). Avec Los Gatos, ces trois groupes sont considĂ©rĂ©s comme la trilogie fondamentale du rock argentin de la fin des annĂ©es 1960[44]. Cependant, aucun des trois n’eut une histoire trĂšs longue. Les trois groupes se sĂ©parĂšrent au dĂ©but des annĂ©es 1970.

En 1969, le groupe Manal compose la bande originale pour le film Tiro de gracia. Ce film, outre le fait d’ĂȘtre un documentaire trĂšs prĂ©coce sur le mouvement rock en argentine, est aussi le premier oĂč la bande son est composĂ©e par un groupe de rock argentin[45]. La vague de musique beat dite commerciale continua jusqu’à l’annĂ©e 1973, car le directeur de la maison de disques CBS, Francis Smith voulait en finir avec la musique commerciale. Son label reprĂ©sentait des groupes et des artistes comme : Los NĂĄufragos, Safari, Industria Nacional, et une sĂ©rie plus mĂ©lodique avec Leonardo Favio, Sergio Denis, Salako, et Sandro[21].

À la suite de la controverse de la loi des 75 %, qui devait ĂȘtre promulguĂ© en Argentine et qui nuirait au rock national, Palito Ortega dĂ©clare que : son grand mĂ©contentement actuel Ă©tait dĂ» Ă  la fameuse loi « des 75 % Â», dans la mesure oĂč elle dĂ©clarait rock la musique Ă©trangĂšre. « Avant de marginaliser de cette façon Â» dĂ©clara Palito, « nous devrions suivre l’exemple beaucoup plus cohĂ©rent du BrĂ©sil : tous les investissements rĂ©alisĂ©s pour enregistrer de la musique nationale sont dĂ©ductibles des revenus Â». Sur les 700 millions de pesos que SADAIC a facturĂ© en 1972 pour Ă©diter des chansons nationales, le pourcentage le plus Ă©levĂ©e n’était pas destinĂ©e au tango ou au folklore, mais, du fait de la nouvelle loi Ă  de la musique Ă©trangĂšre[36].

Manal et blues en espagnol

Le trio Manal, précurseur du blues en castillan et du Hard rock : Claudio Gabis (en haut) avec Javier Martínez et Alejandro Medina (en bas), photo datant vers 1970.

Manal entre en contact avec Jorge Álvarez (un entrepreneur qui avait eu un grand succĂšs dans le secteur de l’édition[46]), lors d’une fĂȘte organisĂ©e dans la maison de Pire Lugones (dont les enfants Ă©taient amis amis aves les musiciens). C'est durant cette fĂȘte que Claudio Gabis montra Ă  Javier MartĂ­nez un brouillons avec quelques idĂ©es pour composer les paroles d’une future chanson, et une base musicale qu’il avait prĂ©parĂ©. MartĂ­nez finit de composer la chanson en moins d’une heure. Il s’agit de la chanson Avellaneda Blues. Le groupe la chanta Ă  Álvarez. Il est impressionnĂ© et convaincu qu’il fallait produire ce groupe[47].

Álvarez se souvient de ce moment : « Je les connus lors d’une fĂȘte d’anniversaire, comme des gars, pas comme des musiciens. Un mois plus tard, Pedro (PujĂł) m’emmena Ă  la maison d’Alejandro Medina, oĂč le trio rĂ©pĂ©tait. En les entendant, je tomba raide mort, la maniĂšre dont ils jouaient Ă©tait vraiment spectaculaire. Je leur demanda ce qu’ils pensaient faire, et ils me rĂ©pondirent qu’ils ne voulaient pas entrer dans l’engrenage commercial, que c’était de la merde, qu’ils voulaient faire les choses avec libertĂ© et tous ça [...] Nous enregistrĂąmes le premier single dans le studio TNT et je parti avec les bandes Ă  CBS. Je les fit Ă©couter Ă  John Lear, le prĂ©sident, et il me dit que cela ne servait Ă  rien, que c’était une grossiĂšre imitation de ce qui se faisait aux États-Unis et que cela ne se vendrait jamais en Argentine, que ça ne l’intĂ©ressait pas[47]. »

À la suite de l’échec de CBS, Álvarez en compagnie de Pedro PujĂł, Rafael LĂłpez SĂĄnchez et Javier Arroyuelo fondĂšale label Mandioca en 1968, avec le slogan la madre de los chicos (la mĂšre des enfants), le premier label de rock argentin. C’était une alternative pour les groupes de rock naissant qui Ă©taient marginalisĂ©s par les grandes maisons de disque. L’idĂ©e d’Álvarez Ă©tait qu’en plus de pouvoir enregistrer leur travail en toute libertĂ©, les groupes pouvaient jouer dans des thĂ©Ăątres, car Ă  cette Ă©poque, les concerts de rock argentin n’existaient pas, les groupes jouaient uniquement dans des clubs pour que le public puisse danser[48].

Le 12 novembre 1968, jour du lancement du label Mandioca et dĂ©but de Manal dans le ThĂ©Ăątre Apolo de l’Avenue Corrientes.

À la fin de l’annĂ©e 1968, Mandioca sort son premier travail sur le marchĂ©. Il s’agissait du premier album de Manal : QuĂ© pena me das avec la chanson Para ser un hombre mĂĄs sur la face B, qui avait Ă©tĂ© enregistrĂ© en octobre de cette mĂȘme annĂ©e[49]. Il s’agissait d’un son Ă©trange pour l’époque, car les chansons dĂ©passaient largement la limite de trois minutes imposĂ©es par les radios, et la pochette qui contenait le disque Ă©tait l’oeuvre du dessinateur Daniel Malgarejo[50]. Mais, ce premier disque reçoit un accueil sceptique de la part des mĂ©dias. Il se diffuse peu et la presse critiqua surtout l’utilisation du castillan dans les paroles. Dans son second single publiĂ©e au milieu de l’annĂ©e 1969, No Pibe avec Necesito un amor, le groupe interprĂšte des chansons avec un son plus raffinĂ© et blues. Ce qui tĂ©moigne d’une Ă©vidente Ă©volution technique et de style dans son interprĂ©tation.

Les sessions d’enregistrement pour Manal, le premier album studio du groupe, commencent au milieu de l’annĂ©e 1969. Ces sessions se prolongĂšrent jusqu’aux premiers mois de 1970. Neuf chansons furent enregistrĂ©es. Deux furent cependant Ă©cartĂ©es avant d’ĂȘtre inclus dans le double album, lui aussi dĂ©nommĂ© Manal, sortit en 1973 par le label Talent. L’album reçut des critiques Ă©logieuses, et il devient l’un des albums fondateurs du rock argentin de la fin des annĂ©es 1960[51]. Qui plus est, il s’agissait du premier album blues chantĂ© en castillan au monde. MalgrĂ© les premiĂšres critiques, le groupe rompt avec l’idĂ©e selon laquelle il n’était pas possible de composer du blues en castillan[52] - [53]. Une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e par la revue Rolling Stone place l’album Manal troisiĂšme dans sa liste des « 100 meilleurs disques du rock argentin »[48] - [54].

Voici comment la revue naissante Pelo dans son premier numĂ©ro synthĂ©tisa ce moment de la musique argentine : « Cette annĂ©e, aprĂšs tant d’annĂ©es de confusions et de musique complaisante, semble ĂȘtre l’annĂ©e dĂ©finitive pour que se produise la dĂ©cantation nĂ©cessaire de la musique populaire argentine. L’étape parait s’initier avec l’apparition de trois LP : celui de Los Gatos, celui d’Almandra et celui de Manal, trois Ă©lĂ©ments clefs pour prĂ©voir la future musique nationale. À cela s’ajoute la renaissance du groupe Piel TIerna, avec un son simple mais bon, Arco Iris, durant le festival qui a eu lieu Ă  Mar del Plata. Peut ĂȘtre que toutes ces lignes sont prĂ©monitoires d’une musique populaire plus honnĂȘte, malgrĂ© la commercialisation inĂ©vitable ; mais rĂ©alisĂ© avec plus de sĂ©rieux et d’étude, et intĂ©grĂ© Ă  la vraie Argentine[55]. »

SĂ©paration de Los Gatos, Almendra et Manal

Almendra et Manal sur une affiche du magazine Pelo, 1970. Le succĂšs de Los Gatos en 1967 donne lieu Ă  l’apparition de ces deux groupes qui commencent Ă  jouer en 1970. D’essence, portĂšgne, ces groupes synthĂ©tisaient deux aspects de Buenos Aires : la sophistication et le tango. Les fans crĂ©ent une rĂ©alitĂ© entre les deux groupes comme celle qui pouvait existĂ© entre The Beatles et The Rolling Stones.

AprĂšs la sĂ©paration d’Almendra en 1970, Spinetta forme le quatuor Pescado Rabioso, et Edelmiro Molinari le trio Color Humano (les deux groupes interprĂ©taient un hard rock d’inspiration hippie), et Rodolfo GarcĂ­a et Emilio del Guercio le groupe Aquelarre, dont l’esthĂ©tique musicale tendait dĂ©jĂ  Ă  la fusion progressive.

Au dĂ©but des annĂ©es 1970, le groupe Vox Dei, de Quilmes, se met en Ă©vidence. Il est formĂ© de Ricardo SoulĂ© (chant, guitare y violon), Willy Quiroga (basse et chant), RubĂ©n Basoalto (batterie) y Carlos Godoy (guitare et chant). Avec un mĂ©lange de hard rock et de mĂ©lodies subtiles, ce groupe Ă©largit le spectre musical du mouvement rock et amĂšne un nouveau public issu de la banlieue entourant la capitale argentine. Leur album La Biblia est l'un des travaux discographiques les plus ambitieux de l’époque et un des succĂšs les plus reconnus de la dĂ©cennie[56]. Pour sa part, le trio La CofradĂ­a de la Flor Solar surgit de la communautĂ© homonyme, situĂ© dans la ville de La Plata depuis 1967. Le groupe Ă©tait composĂ© Ă  la base de Kubero DĂ­az (guitare et chant), Morci Requena (basse et chƓur) et «Manija» Paz (batterie). Ils sortent l’oeuvre la plus remarquable de l’esthĂ©tique psychĂ©dĂ©lique argentine, en enregistrant un seul album - aussi produit par le label Mandioca - dans laquelle collaborait entre autres, le guitariste Skay Beilinson, futur membre de Patricio Rey y sus Redonditos de Ricotaen.

Cette premiÚre scÚne du rock argentin se caractérisait par une grande quantité de changements au sein des formations des groupes. Les groupes échangeaient des membres entre eux, ou des membres de différents groupes formaient de nouvelles bandes. Durant les années 1970 se produit un changement de génération[57]. Les nouvelles formations de rock diversifient encore plus le genre, en prenant une indépendance de plus en plus créative vis-à-vis du rock nord-américain et britannique.

Hard rock et rock acoustique

Vivencia en 1975, duo de folk des années 1970.

Au dĂ©but des annĂ©es 1970, quelques groupes commencent Ă  jouer du rock plus lourd, alors que dans le monde apparaissait le heavy metal. Parmi ces groupes, il y a Pescado Rabioso, Vox Dei, Pappo's Blues et Billy Bond y la Pesada del rock and Roll. De tous, Pappo's Blues est l’un des plus transcendants. Le groupe obtint une vraie reconnaissance Ă  l’étranger quand Pappo joue au Madison Square Garden avec B.B. King dans la ville de New York.

Avec l’apparition du hard rock apparut une des premiĂšres sous-cultures urbaines d’Argentine, Los firestones. Ils doivent leur nom Ă  une affiche publicitaire de la compagnie Firestone qui Ă©tait situĂ©e dans la ville de Llvallol. Elle Ă©tait formĂ©e par les fans de groupe comme : Pappo's Blues, La Pesada del Rock and Roll, Vox Dei et Orions. Ils aiment avoir une attitude rebelle, anti-hippies, faire de la moto, des courses de voiture
 Cette sous-culture urbaine est un antĂ©cĂ©dent de ce qui est connu quelques dĂ©cennies plus tard sous le nom de rolingas, une autre sous-culture[58] - [59] - [60] - [61] - [62] - [63] - [64] - [65] - [66] - [67] - [68] - [69] - [70] - [71].

En parallĂšle, le premier festival B.A. Rock compte de nombreux artistes et groupes qui commencĂšrent le mouvement de rock acoustique : Gustavo Santaolalla forma Arco Iris ; LeĂłn Gieco combinait le rock et le folk ; Sui Generis et le commencement de la carriĂšre musicale de Charly GarcĂ­a ; RaĂșl Porchetto et Pedro y Pablo, entre autres. Ces groupes ne se sont pas seulement tournĂ©s vers le folklore argentin pour trouver de l’inspiration, ils regardĂšrent aussi vers d’autres sons latino-amĂ©ricains. Au B.A. Rock, San et son groupe Ă©taient composĂ© de Hector Starc, Nacho Smilari, Geraldo Bass, Black Amaya et de Sam au chant. La prolifĂ©ration de ces groupes et l’accroissement de leur popularitĂ©, auxquels s’ajoutait l’apparition du mouvement hippie au dĂ©but des annĂ©es 1970 an Argentine, amĂšnent Ă  l'acusticazo de 1972. Cette mĂȘme annĂ©e meurt Tanguito, Ă©crasĂ© par un train. Le film Tango feroz: la leyenda de Tanguito s’inspire de sa vie. Mais, il est critiquĂ© par de nombreux tĂ©moins et spĂ©cialistes, qui affirmaient que la personnalitĂ© du personnage principal n’avait pas beaucoup Ă  voir avec celle du personnage original[72]. Toujours en 1972, une cage de violence se produit dans quelques concerts. Ce fut le cas au Luna Park en octobre, quand la police fait une irruption Ă  un concert. Billy Bond commenta ces faits : « C’était des moments de rĂ©pressions, c’était des moments oĂč le systĂšme mettait beaucoup de pression, c’était une chose trĂšs lourde, le rock and roll, Ă©tait une chose absolument marginal, c’était une chose d’un autre monde et ils nous traitaient comme des guerrilleros », explique Billy Bond[72].

Le , La Pesada participe Ă  un festival complĂštement ratĂ© autour duquel les installations du stade Luna Park furent endommagĂ©es, du fait des affrontements entre la police et le public. Les incidents commencĂšrent avant le concert et se dĂ©chaĂźnĂšrent quand La Pesada, ubique groupe qui accepta de jouer dans ces conditions, commence son concert. Par la suite, certains mĂ©dias attribuĂšrent ce dĂ©sordre Ă  la conduite de Billy Bond dans le stade. Dans un article sortit le dans ClarĂ­n, le guitariste du groupe, Claudio Gabis, qui Ă©tait lĂ  au moment des faits dĂ©crit ainsi les faits : « Notre agonie, celle de la Pesada, a commencĂ© cette soi-disant nuit au Luna Park, quand les mecs, provoquĂ©s par les forces de l’ordre et les voyous de Lectoure, ont dĂ©vastĂ© les installations du stade. Hors contexte, la fameuse phrase de Billy ‘’cassez tout’’ peut sembler ĂȘtre une malheureuse provocation, mais dans son contexte, Billy - et nous - pouvions voir comment toute la foule qui Ă©tait lĂ  s’affrontait irrationnellement et qu’il n’y avait rien Ă  faire avec elle. Ils Ă©taient complĂštement fous, ils Ă©taient trĂšs mauvais ! Ce qui Billy cria dĂ©sespĂ©rĂ©ment quand il vit que la violence et la stupiditĂ© Ă©taient irrĂ©pressibles, fut quelque chose comme cela : D’accord, idtios ! Si vous ĂȘtes tous si fous et stupides, alors cassez tout ! Inutile de dire
 Comme cela a malheureusement Ă©tĂ© prouvĂ© peu aprĂšs, il y avait beaucoup de fous, trop d’imbĂ©ciles, et tout a Ă©tĂ© cassĂ©[73]... »

De nombreux groupes de rock acoustique gagnĂšrent en popularitĂ©, comme Vivencia, Pastoral et Alma y Vida. Au cours des annĂ©es 1970, le rock acoustique continua Ă  ĂȘtre l’un des styles musicaux les plus populaires du pays. Pour la premiĂšre fois dans son histoire, le rock argentin commençait Ă  apparaitre Ă  l’extĂ©rieur, quand Sui Generis et Pastoral gagnĂšrent une certaine popularitĂ© dans d’autres pays d’AmĂ©rique latine. Le second groupe Ă©dita un EP au Japon[74]. En 1972 apparait Orion's Beethoven avec son premier groupe SuperĂĄngel, un groupe de rock et de blues progressif avec Ă  sa tĂȘte les frĂšres RonĂĄn et AdriĂĄn Bar qui eurent leur moment de gloire huit ans plus tard avec leur unique succĂšs Toda la noche hasta que salga el sol. En 1973 sort le premier documentaire dĂ©diĂ© au genre musical : Rock hasta que se ponga el sol.

Sui Generis (formĂ© par Charly GarcĂ­a et Nito Mestre) fait une transition musicale d’un rock classique et acoustique Ă  un son plus Ă©lectrique et viscĂ©ral. ParallĂšlement, la scĂšne underground argentine avait de nouveaux groupes avec un son diffĂ©rent du rock acoustique et du hard rock. Ils Ă©taient influencĂ©s par un son acoustique plus expĂ©rimental, le tango et le rock progressif anglais. Le rock progressif argentin atteint son apogĂ©e de popularitĂ© en 1975. Cette mĂȘme annĂ©e, Charly GarcĂ­a et Nito Mestre dĂ©cident de mettre fin Ă  Sin Generis. Ils donnent deux concerts connus comme AdiĂłs sui generis au Luna Park le . Dans un premier temps, les 11 000 places disponibles pour le concert s’étaient Ă©coulĂ©es en deux semaines[75] - [76]. C’est pourquoi le groupe dĂ©cide de faire un second concert. Un film en couleur portant le mĂȘme nom que leur concert d’adieu est tournĂ©. Sur le film apparaissent quelques chansons inĂ©dites comme Bubulina, Nena et El blues del levante. Le film est interdit aux mineurs, paradoxalement, les membres du groupe ne pouvaient pas le voir[77].

Les concerts de Sui Generis sont le point final de la tendance au format acoustique qui prĂ©dominait sur la scĂšne rock. Le rock acoustique dĂ©cline, et les groupes disparurent ou changĂšrent de son, ceux qui conservent leur style en popularitĂ©. À partir de 1976, le rock argentin passa Ă  une Ă©tape de majeure sophistication, avec plus d’expĂ©rimentation et une musique plus conceptuelle. Cependant, quelques groupes acoustiques comme Pastoral, Nito Mestre et Los Desconocidos de Siempre continuaient Ă  avoir un certain succĂšs. Peu aprĂšs la sĂ©paration de Sui Generis eut lieu le coup d’État du . Cet Ă©vĂšnement initia une dictature militaire qui allait complĂštement changer la vie des argentins, et par consĂ©quent, le rock national.

Politique

Dictature militaire et censure (1976-1982)

Fito PĂĄez.

Le , le gouvernement dĂ©mocratique d’Isabel MartĂ­nez de PerĂłn est renversĂ© par un coup d’État miliaire, ouvrant ainsi une des pĂ©riodes les plus obscures de l’histoire argentine. Cette pĂ©riode est marquĂ©e par la censure, la rĂ©pression et les disparitions forcĂ©es d’individus. Tout comme l’ensemble de la sociĂ©tĂ©, le rock argentin va souffrir durant cette pĂ©riode de forte censure. Le rock Ă©tait vu comme quelque chose de subversif par les militaires. Dans un discours de 1976, l’amiral Emilio Eduardo Massera dĂ©nonce les musiciens de rock et leurs fanatiques comme des personnes potentiellement subversives. Avant la fin de la dĂ©cennie, l’underground se popularise sur la scĂšne rock[78]. De nombreux musiciens et groupes argentins quittent le pays pour aller s’installer aux États-Unis, et surtout, en Europe - spĂ©cialement en Espagne - oĂč leurs hĂ©ritages influe sur le devenir de la scĂšne rock espagnole[79] - [80] - [81] - [82].

Parmi les musiciens qui s’exilĂšrent, on retrouve : Moris, Aquelarre, Crucis, Edelmiro Molinari, Gabriela, Gustavo Santaolalla, Arco Iris, TomĂĄs Gubitsch, Miguel Cantilo et Roque Narvaja, ainsi que le producteur Jorge Álvarez. Avant la fin des annĂ©es 1970, le rock devient underground. Pipo Lernoud lance avec des amis une revue, El Expreso Imaginario, qui passe Ă  travers le crible de la censure et est publiĂ©e jusqu'en 1982. Cependant, il rĂ©apparaĂźt assez rapidement. Ainsi en 1980 un concert de SerĂș GirĂĄn attire plus de 60 000 personnes, chantant le slogan provocateur no se banca mĂĄs (« on ne le supporte plus Â»).

En rĂ©ponse, les autoritĂ©s dĂ©cident de lancer leur propres concerts et mĂ©dias de musique dans l’espoir de neutraliser la menace. NĂ©anmoins dĂšs 1982, il semble clair que leurs efforts vont Ă©chouer. Ainsi cette mĂȘme annĂ©e, sortent des chansons trĂšs critiques comme Tiempos Dificiles de Fito PĂĄez, Maribel se durmiĂł de Luis Alberto Spinetta, SĂłlo le pido a Dios de LeĂłn Gieco et le classique Los dinosaurios de Charly GarcĂ­a.

Transition démocratique

Avec la transition démocratique, le rock devient plus léger, avec une approche plus pop, avec des groupes comme Los Abuelos de la Nada, Los Twist, Soda Stereo et Virus.

Groupes et artistes

Notes et références

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Liens externes

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