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Hillbilly

Hillbilly est un stéréotype américain appliqué originellement à certains habitants des Appalaches et des monts Ozarks[1]. En anglais, ce terme a toutefois été élargi pour désigner toute population ou tout citoyen fortement inculte et grossièrement attaché à ses pénates, vivant le plus souvent dans des contrées rurales. C'est à peu près l'équivalent des termes français « péquenaud » ou « plouc ».

Caricature du Hillbilly.

Dans le folklore américain, on peut citer comme exemples The Beverly Hillbillies, Li'l Abner et Cletus Spuckler.

Origines

Les origines du terme sont obscures. Selon Anthony Harkins dans Hillbilly: A Cultural History of an American Icon, le terme est apparu pour la première fois sous forme écrite dans un article du New York Journal en 1900, avec la définition suivante :

« le Hill-Billie est un citoyen blanc habitant l'Alabama, vivant dans les collines, sans entraves et sans ressources, s'habillant comme il peut, parlant comme il lui plaît, buvant du whiskey quand il en a et dégainant son revolver quand l'envie lui en prend. »

Dans les années 1700, la région des Appalaches fut fortement colonisée par des immigrants écossais et irlandais, une grande partie d'entre eux provenant des basses terres d'Écosse. Selon Harkins, la théorie la plus probable quant à l'origine du terme est qu'il dérive de deux expressions écossaises, « hill-folk » (« gars de la colline ») et « billie » (synonyme de « type » ou d'« individu »)[2].

Harkins suppose que l'emploi du terme en dehors des Appalaches a commencé après la guerre de Sécession, quand la région des Appalaches a été de plus en plus délaissée par les changements technologiques et sociaux affectant le reste du pays. Avant la guerre, les Appalaches n'étaient pas très différentes des autres régions rurales du pays, mais après, la frontière se déplaçant vers l'ouest, la région a gardé ses caractéristiques de zone frontière, et sa population en vint à être considérée comme arriérée, encline à la violence et dont l'isolement favorise la consanguinité. Alimenté par de récentes histoires de querelles de montagnards, comme celle des Hatfield-McCoy (en) dans les années 1880, le stéréotype du hillbilly s'est développé au tournant du siècle.

Le stéréotype classique du hillbilly — famille nombreuse, pauvre, ignorante et querelleuse groupée autour de son alambic clandestin — a trouvé sa forme actuelle durant la Grande Dépression, quand beaucoup de montagnards ont laissé leur maison pour trouver de l'emploi dans d'autres régions du pays. C'est au cours de cette période que des bandes dessinées comme Li'l Abner et des films comme Les Raisins de la colère ont fait du hillbilly un stéréotype américain usuel. Le roman Fantasia chez les ploucs de Charles Williams raconte de façon comique l'histoire d'un gamin, de son oncle fabricant de gnôle de contrebande frelatée et d'une starlette vêtue d'un bikini serti de diamants perdue et recherchée par la pègre, le shérif et tous les rednecks et hillbillies du comté.

Le développement du réseau autoroutier et de la télévision ont rapproché beaucoup de communautés isolées de la culture centrale américaine durant les années 1950 et 1960. Internet continue aujourd'hui cette intégration, mais il reste beaucoup de communautés aux modes de vie traditionnels dans la région des Appalaches.

Musique

« Hillbilly », ou « hillbilly boogie », est également le terme par lequel on désignait aux États-Unis la musique traditionnelle des Blancs, notamment dans le magazine Billboard, par opposition au rhythm and blues, la musique des Noirs, avant d'être remplacé par l'expression « country and western » ou musique country à partir de 1949.

Après la Première Guerre mondiale alors que des millions de gens migraient des zones rurales vers les centres urbains tels que New York, Chicago, Détroit et Atlanta, ils ont amené avec eux un son musical qui semblait étranger pour les habitants des grands centres.

Le terme désigne non seulement les gens du Sud profond vus comme un peu « arriérés » (anciens immigrants des îles Britanniques), mais aussi ceux qui jouaient et écoutaient cette musique (dite en soi hillbilly ou aussi « old-time music » ).

Les race records et les hillbilly records servaient de classification et de publicité pour de la musique du Sud. Tout simplement, race records était une musique par les Afro-Américains pour les Afro-Américains et le hillbilly était une musique par les Blancs du Sud pour les Blancs du Sud.

La musique provient des traditions folks (chansons, ballades, musique de danses) de ces anciens immigrants. Ces gens n’étaient guère à l’écart des influences du minstrel show, du vaudeville, du Tin Pan Alley, des cirques et du medicine show. Les influences liées aux musiques traditionnelles, provenaient de toutes parts

Le premier artiste à être qualifié de style hillbilly fut Fiddlin' John Carson (du nord de la Géorgie), enregistré par Okeh Records en 1923, mais le terme hillbilly fut utilisé pour la première fois en 1925 lorsque Ralph Peer (en), producteur de disques pour cette même compagnie, aurait nommé le groupe de Al Hopkins (en) les Hillbillies.

Certains des musiciens qui obtenaient des contrats music-hall pour ce style de musique ont fait leurs débuts à des tournois de violons tels les tournois annuels de l’Atlanta ou bien encore les bals rétro de Henry Ford (qui cherchait à réintroduire des anciennes danses dites rétro).

Souvent, on diffusait à la radio des programmes de violons rétro, y participaient aussi des joueurs non rétro (tels de banjo, des chanteurs et des violonistes dans des orchestres à cordes). Mais en 1928, par exemple à WSM au Tennessee, on ne jouait plus de style rétro.

Par ailleurs, la radio eut une part essentielle pour l’accroissement de la popularitĂ© de ce style de musique. En 1922, il y avait 89 stations dans le Sud, dont le WSB Ă  Atlanta qui Ă©tait la première Ă  diffuser rĂ©gulièrement des programmes d’artistes dits country.

Avec la médiatisation du cow-boy chantant, il est possible d’observer l’éloignement des anciennes racines du country et le développement de la country moderne, connu comme la musique country et western, devenue très populaire après la Seconde Guerre mondiale.

Depuis 1960, l’utilisation du terme pour qualifier la musique désigne plutôt un style qui précède la Seconde Guerre mondiale au son très rural ou folk.

Construction médiatique du hillbilly

Le personnage du hillbilly était à l’origine une construction médiatique (provenant aussi loin que Hollywood). Ce personnage était une caricature des gens habitant le Sud et les Montagnes.

Par exemple, une émission populaire à Atlanta, Grand Ole Opry, présentée par un dénommé George D. Hay, visait selon lui une certaine simplicité (thématique et musicale). Il cherchait à promouvoir des amateurs, surtout d’une même famille, qui étaient libres de jouer ce qu’ils voulaient de leur répertoire hillbilly.

Par contre, selon Richard A. Peterson, Hay aurait promu certaines impostures, car la majorité des gens participant à l’émission ne venaient pas véritablement de la campagne mais plutôt de la ville et ne donnaient donc pas l’image du pauvre de la campagne. En effet, certains « amateurs » étaient des professionnels en tournées avec le music-hall passant par Nashville et parfois Hay changeait le nom de certains groupes afin d’obtenir cette image du campagnard ou bien péquenaud.

Le même genre d’histoire s’est produit à Los Angeles avec Glen Rice qui avait convaincu ses auditeurs que ses Beverly Hill Billies étaient des gens qui vivaient dans les montagnes, n’ayant eu aucun contact avec la civilisation depuis une centaine d’années mais qui étaient aussi d'excellents musiciens ; ils provenaient en fait de la ville et savaient jouer toutes sortes de musiques (du jazz par exemple).

Styles (variations) et portée

Ce style s’est développé durant les années 1920 au Texas. Il provient des groupes de violons et de guitares qui jouaient aux bals de campagne. Ils ont adopté certaines caractéristiques de la musique afro-américaine, dont le blues (blues à douze mesures et des notes blues) et le jazz (rythme syncopé, des instruments tels le saxophone ainsi que des pratiques d’improvisation). Ils se servaient de la batterie (une pratique inhabituelle dans la musique country de l’époque car les gens y associaient la culture noire.)

Bob Wills, qui jouait avec les Texas Playboys, Ă©tait connu comme le roi du western swing.

Ce style est apparu durant les années 1940 et est le plus orienté vers le rock. Il provient d’une combinaison de la musique country et du boogie-woogie des Afro-Américains.

Le hillbilly boogie ainsi que le western swing ont eu de grandes influences sur le développement du rock and roll, surtout à travers la musique de Bill Haley qui a beaucoup imité le hillbilly boogie. Ce genre a aussi influencé le rockabilly, surtout le style de piano de Jerry Lee Lewis.

Le bluegrass était influencé par les groupes à cordes (soit : guitare ou banjo, et violon) qui jouaient dans les bals de campagne des années 1920.

Un groupe de bluegrass est typiquement composé de quatre à sept musiciens. Le rythme est donné par la guitare et la basse à cordes. Les instruments de mélodie sont le banjo à cinq cordes et le violon, la mandoline ou le dobro, ou bien une autre guitare. Encore une fois, la présence de la batterie est très rare. Le tempo est habituellement rapide.

Une voix principale chante la mélodie, et l'harmonie est chantée par une voix plus aiguë et une voix plus grave.

Ce style fut important dans le développement des groupes de rock folk, de rock country, de rock du sud.

Un « honky-tonk » était une taverne ou un bar situé en périphérie des zones dites « sèches » (sans accès à l’alcool). C’était donc un lieu plus bruyant, en raison de la consommation d'alcool, on y amplifiait les instruments. L’amplification des instruments tels que la guitare, la basse et la batterie a influencé le rockabilly des années mi-1950.

La musique honky-tonk a un rythme très stable sur lequel on peut danser. Les pianistes jouent avec un style boogie-woogie, surtout dans la basse. Les thèmes incluent la dépression, la perte d’emploi ou l’abandon d’un amant infidèle.

Hank Williams Ă©tait un compositeur populaire du honky-tonk.

Notes et références

  1. Sylvie,. Laurent, "Poor white trash" la pauvreté odieuse du blanc américain, Presses de l'Université Paris-Sorbonne, impr. 2011 (ISBN 978-2-84050-769-7 et 2-84050-769-2, OCLC 800926733, lire en ligne)
  2. Une autre hypothèse veut que le terme vienne des immigrés germaniques qui se sont installés dans les montagnes des Appalaches et ont été appelés Wilhelm (forme germanique de William), un nom commun pendant cette période chez ces immigrants. Le terme se simplifiant en Willy, puis en Bill ou Billy, autre abréviation de William, « hillbillies » signifierait donc les « Bill qui vivent dans les collines ».

Voir aussi

Bibliographie

  • Katherine Charlton, Rock Music Styles : a history Dubuque, Iowa, Wm. C. Brown Publishers, 1990, 288 p.
  • Bill C. Malone et Ronnie Pugh, Hillbilly music, Grove Music Online, ed. L. Macy
  • Richard A Peterson, « La fabrication de l’authenticitĂ© Â», Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 93, , pp. 3–20 persee.fr
  • Larry Starr et Christopher Waterman, American Popular Music. From Minstrelsy to MP3, New York et Oxford, Oxford University Press, 2e Ă©d., 2007, 515 p.

Filmographie

  • 2020 : The Last Hillbilly, documentaire de Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe

Articles connexes

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