Juan Carlos OnganĂa
Juan Carlos OnganĂa (nĂ© Ă Marcos Paz, Argentine, le - mort Ă Buenos Aires, le ), est un gĂ©nĂ©ral putschiste argentin qui devint de facto « prĂ©sident de la Nation », dirigeant la junte militaire du au , lors de la dictature dite de la « RĂ©volution argentine » (1966-1973), qui prĂ´nait une idĂ©ologie national-catholique.
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(Ă 81 ans) Buenos Aires |
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Biographie
OnganĂa entra Ă l'armĂ©e en 1931, Ă la cavalerie. Il acquit le grade de gĂ©nĂ©ral en 1959. Pendant le mandat de JosĂ© MarĂa Guido, OnganĂa se rĂ©vĂ©la comme un des leaders de la faction azul ou bleue au sein de l'armĂ©e argentine. Ă€ la diffĂ©rence des colorados ou rouges, qui considĂ©raient le pĂ©ronisme comme un mouvement de classe proche du communisme et qui devait ĂŞtre Ă©radiquĂ©, les bleus apprĂ©ciaient son caractère nationaliste et chrĂ©tien, et le considĂ©raient comme une force modĂ©rĂ©e, utile pour contenir l'avance des idĂ©es d'extrĂŞme gauche.
Le triomphe des bleus amena la nomination d'OnganĂa comme Commandant en Chef de l'ArmĂ©e en 1963. En soutenant Arturo Umberto Illia, OnganĂa dĂ©cida de passer au second plan. Cependant, Ă©tant donnĂ© son insatisfaction face Ă la politique nationaliste et modĂ©rĂ©e de ce dernier, et peut-ĂŞtre vu la dĂ©cision d'Illia de rĂ©voquer la proscription du pĂ©ronisme, OnganĂa conduisit le coup d'État — appelĂ© aussi RevoluciĂłn Argentina — qui le renversa.
Gouvernement d'OnganĂa
OnganĂa nomma ministre de l'Économie Krieger Vasena, qui rĂ©voqua les mesures de nationalisation et de contrĂ´le des capitaux du gouvernement Illia, et contint l'inflation par le gel des salaires et dĂ©valua de plus de 40 % le peso. Il s'Ă©loigna cependant de l'orthodoxie libĂ©rale pure en maintenant l'activitĂ© industrielle par des travaux publics (dont la construction de la centrale nuclĂ©aire d'Atucha par la firme allemande Kraftwerk Union), ainsi qu'en Ă©tablissant un programme corporatiste, expĂ©rimentĂ© en particulier par le gouverneur de CĂłrdoba Carlos Caballero, l'un des admirateurs du Père Georges Grasset fondateur (de la CitĂ© catholique) en Argentine[1]. Les exportations se maintinrent Ă©levĂ©es mais le secteur agricole fut touchĂ© par la suppression des mesures de protection. Il fit voter une loi d'arbitrage obligatoire des conflits du travail qui suspendit le droit de grève. L'âge de la retraite fut retardĂ©, et d'autres mesures rĂ©actionnaires prises concernant le droit du travail.
OnganĂa tenta de maintenir la participation des diffĂ©rents secteurs du pays dans son gouvernement grâce Ă des comitĂ©s consultatifs dans certains domaines de la politique industrielle et Ă©conomique ; la CGT d'Augusto Vandor ainsi que les syndicalistes « participationnistes » de JosĂ© Alonso acceptèrent de collaborer avec lui, suscitant en 1968 la scission de la CGTA. Les secteurs les plus conservateurs de l'armĂ©e le critiquèrent pour cela, ce qui provoqua finalement sa rĂ©vocation et sa mise Ă la retraite.
Dès son arrivĂ©e au pouvoir, il mit au pas l'UniversitĂ©, revenant sur tous les acquis de la RĂ©forme universitaire de 1918[2]. Ceci fut effectuĂ© avec une extrĂŞme violence, concrĂ©tisĂ©e en particulier lors de la Nuit des Longs Bâtons de . La rĂ©pression provoqua l'exil de 301 professeurs universitaires, dont Manuel Sadosky, Tulio HalperĂn Donghi, Sergio BagĂş et Risieri Frondizi[3].
Par ailleurs, alors que le rock argentin Ă©mergeait timidement, OnganĂa mis en place un ordre moral catholique extrĂŞmement rigoureux, interdisant les mini-jupes, les cheveux longs et tout mouvement d'avant-garde culturelle, ce qui provoqua en retour la radicalisation des classes moyennes, qui gonflaient massivement les rangs de l'UniversitĂ©[2].
En , il destitua la direction de l'armĂ©e, pressentant un air putschiste, et remplaça ainsi Julio Algosaray par Alejandro Lanusse, Benigno Varela par Pedro Gnavi et Adolfo Alvarez par Jorge MartĂnez ZuvirĂa. Un an plus tard, son règne fut sĂ©vèrement Ă©branlĂ© par le Cordobazo, soulèvement spontanĂ© bientĂ´t imitĂ© Ă travers le pays (Rosariazo, etc.). En , le Mouvement des prĂŞtres pour le Tiers-monde lui implora, sans succès, de mettre fin Ă son plan d'Ă©radication urbanistique des villas miserias (bidonvilles). C'est dans ce climat de crise que des organisations armĂ©es firent leur apparition, luttant contre la dictature (foco Ă©phĂ©mère des Forces armĂ©es pĂ©ronistes Ă Taco Ralo en , suivie de l'attaque du commissariat de Villa PiolĂn du au cours de laquelle les FAP diffusent la Marche pĂ©roniste et distribuent aux enfants du bidonville des jouets « expropriĂ©s » ; première action publique des FAL en , qui enlèvent le consul du Paraguay accusĂ© d'ĂŞtre un agent de la CIA). Les divers mouvements de la Jeunesse pĂ©roniste commencent alors Ă se structurer.
L'échec patent du régime provoqua son renversement par la junte, qui mit à sa tête le général Roberto Levingston, qui décida, plutôt que d'initier une ouverture politique, d'approfondir la prétendue « Révolution argentine », aggravant encore la situation du pays.
OnganĂa après le pouvoir
Il fut quelque peu critique face aux violations des droits de l'homme pendant la Réorganisation nationale, nom donné à la dictature de Videla et consorts. Il se maintint éloigné de la politique jusqu'en 1995 où il tenta de se présenter aux élections présidentielles pour combattre la détérioration morale du menemisme. Le manque d'appui lui fit retirer sa candidature. Veuf depuis 1990, Il mourut peu après à 81 ans.
Notes et références
- Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, p. 231
- Carmen Bernand, « D’une rive à l’autre », Nuevo Mundo, Mundos Nuevos, Materiales de seminarios, 2008 (revue de l'EHESS), mis en ligne le 15 juin 2008.
- Marta Slemenson et al., EmigraciĂłn de cientĂficos argentinos. OrganizaciĂłn de un Ă©xodo a AmĂ©rica Latina (?, Buenos Aires, 1970:118)