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Jorge Rafael Videla

Jorge Rafael Videla Redondo[2], nĂ© Ă  Mercedes dans la province de Buenos Aires le et mort en prison le [3] - [4], est un gĂ©nĂ©ral et homme d'État argentin.

Jorge Rafael Videla
Illustration.
Jorge Rafael Videla en 1976.
Fonctions
Président de la Nation argentine
(de facto)
–
(5 ans)
Prédécesseur Isabel Martínez de Perón
Successeur Roberto Eduardo Viola (de facto)
Biographie
Nom de naissance Jorge Rafael Videla Redondo
Surnom « Le Hitler de la Pampa »[1]
Date de naissance
Lieu de naissance Mercedes (Argentine)
Date de décÚs
Lieu de décÚs Buenos Aires (Argentine)
Nationalité argentine
Conjoint Alicia Raquel Hartridge
Profession Militaire
Religion Catholique

Jorge Rafael Videla
Présidents de la Nation argentine

Il dirigea l'Argentine et la guerre sale, aprĂšs le coup d'État militaire du 24 mars 1976 qui destitua Isabel PerĂłn et instaura une dictature. En 1981, il cĂ©da la prĂ©sidence de la junte au gĂ©nĂ©ral Roberto Eduardo Viola. Il fut placĂ© en rĂ©sidence surveillĂ©e au retour de la dĂ©mocratie en 1983, puis condamnĂ© Ă  la prison Ă  perpĂ©tuitĂ© lors du procĂšs de la junte de 1985. AmnistiĂ© en 1989 par le prĂ©sident Carlos Menem, son dossier fut rouvert en 2007[5] et se conclut le par une condamnation Ă  la prison Ă  vie, suivie de plusieurs autres.

Biographie

Jeunesse et famille

Jorge Rafael Videla est né en 1925, dans la ville de Mercedes, il est le troisiÚme des cinq fils du colonel Rafael Videla Eugenio Bengolea (1888-1952) et Maria Olga Redondo Ojea (1897-1987).

En , Jorge Videla épousa Alicia Raquel Hartridge, fille de Samuel Alejandro Hartridge Parkes (1890-1967), professeur de physique et ambassadeur d'Argentine en Turquie, et de María Isabel Lacoste Álvarez (1894-1939).

Ils eurent sept enfants : MarĂ­a Cristina (1949), Jorge Horacio (1950), Alejandro Eugenio (1951-1971), MarĂ­a Isabel (1958), Pedro Ignacio (1966), Fernando Gabriel (1961) et Rafael Patricio (1953).

Éducation et carriùre militaire

NĂ© d'un pĂšre colonel, il obtient un diplĂŽme du CollĂšge militaire de la nation en 1944, puis entama sa carriĂšre militaire. AprĂšs avoir travaillĂ© au ministĂšre de la DĂ©fense de 1950 Ă  1962, il prit la direction de l’acadĂ©mie militaire en 1962. En 1971, Videla devint gĂ©nĂ©ral, et deux annĂ©es plus tard, il devint chef d’état-major avant d’ĂȘtre nommĂ©, en 1975, commandant en chef de l’armĂ©e argentine, sous la prĂ©sidence d’Isabel PerĂłn, qui avait succĂ©dĂ© Ă  son Ă©poux.

La dictature

Le , Videla, Ă  la tĂȘte d'une junte militaire, s’empara du pouvoir. La junte resta en place jusqu'au . Elle se composait dans un premier temps de Videla, du commandant de la marine, l’amiral Emilio Massera et du commandant des forces aĂ©riennes, le brigadier-gĂ©nĂ©ral RamĂłn Agosti. Videla cĂ©da la prĂ©sidence de la junte au gĂ©nĂ©ral Roberto Viola en 1981. La Junte reçut immĂ©diatement le soutien des États-Unis, qui avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© avertis du coup d’État en prĂ©paration. L’ambassadeur Robert Hill expliqua dans un cĂąble diplomatique : « Nous devons clairement Ă©viter d’ĂȘtre assimilĂ©s Ă  la junte. Ce ne serait bon ni pour elle ni pour nous. NĂ©anmoins, dans la mesure oĂč le nouveau gouvernement conservera cette position modĂ©rĂ©e, nous devons prĂȘter attention Ă  toute sollicitation d'aide qu'il nous adressera. » En avril, les États-Unis fournirent 5 millions de dollars en aide militaire au rĂ©gime de Videla. Le FMI accorda de son cĂŽtĂ© un crĂ©dit de 17 millions de dollars[6]. Sous la conduite du ministre de l’Économie JosĂ© Alfredo Martinez de Hoz, la Junte favorisa des rĂ©formes d'inspirations nĂ©olibĂ©rales[6].

Les militaires argentins rĂ©primĂšrent brutalement l'opposition de gauche, lors de la « guerre sale », qui n'eut de guerre que le nom : les guĂ©rillas (l'ERP et les Montoneros) Ă©taient dĂ©jĂ  dĂ©mantelĂ©es en , et les militaires s'attaquĂšrent aux opposants civils : politiques, syndicalistes, prĂȘtres et nonnes — Alice Domon et LĂ©onie Duquet, Gabriel Longueville, etc. — MĂšres de la place de mai) ainsi qu'Ă  leurs familles, leurs enfants, leurs amis, leurs voisins, etc. Cette entreprise aujourd'hui qualifiĂ©e par la justice argentine de « gĂ©nocide » (voir par exemple la condamnation, en 2008, du gĂ©nĂ©ral Antonio Domingo Bussi), fut justifiĂ©e par la junte au nom d'un anti-communisme virulent, liĂ© Ă  un national-catholicisme prĂ©tendant dĂ©fendre la grandeur de la « civilisation catholique occidentale » contre les « rouges » et les « juifs »[7] - [8] - [9]. Au moins 9 000 personnes furent victimes de disparitions forcĂ©es sous la dictature, 5 centres clandestins de dĂ©tention et de torture crĂ©Ă©s, tandis qu'au moins 500 000 personnes furent contraintes Ă  l'exil, qui plus est clandestinement dans les premiĂšres annĂ©es de la junte, qui refusait alors de dĂ©livrer des visas de sortie.

La junte militaire se dĂ©barrassait des « subversifs » au cours de vols de la mort : « On leur donnait plusieurs doses de sĂ©datif qui les endormaient complĂštement. On les dĂ©shabillait une fois Ă©vanouis. Et quand le chef de bord donnait l'ordre, en fonction de la position de l'avion, au large de Punto Indio, on ouvrait la porte de la carlingue et on jetait les corps nus un par un. »[6]. Au cƓur de la dictature, c'est Jorge Videla qui remit la Coupe du monde de football 1978 au capitaine de l'Ă©quipe argentine, Daniel Passarella, « El Pistolero ». Cette coupe du monde se dĂ©roula au moment mĂȘme oĂč les tortures et assassinats s'exĂ©cutaient dans les sous-sols de l'ESMA (École supĂ©rieure de mĂ©canique de la Marine), Ă  proximitĂ© des stades de Buenos Aires, oĂč se dĂ©roulaient les matches dans la liesse populaire.

La fin du régime

Affaiblie par sa dĂ©faite face au Royaume-Uni lors de la guerre des Malouines, la dictature militaire cĂ©da la place en 1983 Ă  un gouvernement civil Ă©lu dĂ©mocratiquement avec pour prĂ©sident le radical RaĂșl AlfonsĂ­n.

ProcĂšs

Videla fut jugĂ© avec d'autres membres de la junte, ainsi que d'ex-guĂ©rilleros, lors du ProcĂšs de la junte de 1985, et condamnĂ© Ă  la perpĂ©tuitĂ©. Entre autres affaires, on le jugea coupable d'homicides dans le massacre de Margarita BelĂ©n. Il fut amnistiĂ© en 1989 par le prĂ©sident Carlos Menem, mais cette amnistie fut annulĂ©e en 2007 par un tribunal, sentence confirmĂ©e en appel en [5] (la Cour suprĂȘme a requis une peine de prison Ă  perpĂ©tuitĂ©).

Videla fut jugé dans quatre procÚs différents :

Il bĂ©nĂ©ficia d'une assignation Ă  rĂ©sidence de 1998 Ă  2008, mais celle-ci fut annulĂ©e par le juge fĂ©dĂ©ral Norberto Oyarbide, chargĂ© de l'enquĂȘte sur l'OpĂ©ration Condor, qui le fit transfĂ©rer Ă  la prison de Campo de Mayo en [5] - [10]. Par ailleurs, Ă  la suite de l'identification, par l'Équipe argentine d'anthropologie judiciaire (EAAF), de la dĂ©pouille de l'argentin-allemand Rolf Nasim Stawowiok, un jeune militant de 20 ans de la Jeunesse pĂ©roniste qui avait Ă©tĂ© enlevĂ© le , puis enterrĂ© anonymement, un magistrat allemand de Nuremberg ouvrit une enquĂȘte contre l'ex-dictateur[10].

Le , il fut condamné dans l'affaire du vol de bébés d'opposantes détenues à 50 ans de prison pour avoir mis en place un plan systématique[11].

Il décéda en prison le à l'ùge de 87 ans[12].

Notes et références

  1. https://www.elmundo.es/elmundo/2007/04/25/internacional/1177527468.html
  2. « Tte. General Jorge Rafael Videla Redondo, Presidente de Argentina », sur geni_family_tree (consulté le ).
  3. Paulo A. Paranagua (Blog America Latina, « Le dictateur argentin Jorge Rafael Videla était un illuminé et un pervers », sur Lemonde.fr, (consulté le ).
  4. Chronique de Jean Ortiz, « Videla : Un dictateur meurt sur son bidet », article édité sur humanité.fr, le 19 mai 2013
  5. Argentine : Videla de nouveau jugé, Le Figaro, 20 août 2009.
  6. Maurice Lemoine, Les enfants cachĂ©s du gĂ©nĂ©ral Pinochet. PrĂ©cis de coups d’Etat modernes et autres tentatives de dĂ©stabilisation, Don Quichotte, , p. 108
  7. Laura Graciela Rodríguez et Germån Soprano (2009), « La política universitaria de la dictadura militar en la Argentina: proyectos de reestructuración del sistema de educación superior (1976-1983) », Nuevo Mundo Mundos Nuevos, Cuestiones del tiempo presente, 2009
  8. Mario Ranalletti (2010), « Aux origines du terrorisme d'État en Argentine », VingtiĂšme SiĂšcle. Revue d'histoire, no 105, janvier-mars 2010, p. 45-57
  9. - Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008
  10. También lo quieren juzgar en Nuremberg, Pågina/12, 23 janvier 2010
  11. Juan Mabromata, « Vols de bébés en Argentine : lourdes peines de prison pour deux anciens dictateurs », Yahoo! Actualités, publié le 6 juillet 2012.
  12. L'ex-dictateur argentin Videla est mort en prison, Le Figaro, 17 mai 2013.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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