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Réorganisation des corps d'infanterie français (1815)

Sous la Restauration, une deuxième réorganisation de l'armée a lieu en 1815 (la première a eu lieu en 1814), par la création des légions départementales.

Ordonnance du 11 août 1815
Réorganisation des corps d'infanterie français en 1815
Création des légions départementales
Image illustrative de l’article Réorganisation des corps d'infanterie français (1815)
Drapeau de la légion de l'Aisne de 1816 à 1830

Création 1815
Dissolution 1820
Pays Royaume de France Royaume de France
Branche Infanterie
Batailles Aucune

Les légions départementales étaient des unités d'infanterie de l'armée française aux effectifs équivalents à ceux d'un régiment.

Établies par une ordonnance du Roi datée du , leur mise sur pied s'inscrit dans le cadre d'une réorganisation de l'armée visant à rompre avec l'héritage politico-militaire du Premier Empire.

Historique

L'armée s'étant ralliée à Napoléon, Louis XVIII, qui est obligé de se réfugier à l'étranger, publie, le , à Lille, une ordonnance licenciant l'armée.

La création des régiments en légions

Le , la défaite de Waterloo met fin à la dernière aventure napoléonienne et le , l'Empereur abdique une seconde fois.

Le 8 juillet Louis XVIII est de retour à Paris. Le roi ne pardonnait pas à l'armée l'entrain avec lequel les régiments avaient abandonné la cocarde blanche pour reprendre la cocarde tricolore et obéir à l'Empereur. Il maintint son ordonnance du qui licenciait toutes les troupes et voulut réorganiser l'armée sur de nouvelles bases qui briseraient tous les souvenirs de l'Empire.
Ainsi, le 14 juillet, après la soumission au gouvernement royal du maréchal Davout, commandant des forces armées repliée derrière la Loire, le roi dissous et licencie l'armée Impériale par une nouvelle ordonnance royale en date du : « Considérons qu'il est urgent d'organiser une nouvelle armée attendu que d'après notre ordonnance du 23 mars celle qui existait se trouve licenciée.... ».
Le , tous les bataillons de garde nationale furent renvoyés dans leurs foyers, les régiments de tirailleurs fédérés furent supprimés ; les bataillons de militaires retraités furent licenciés et la levée de la conscription de 1815 fut suspendue et les conscrits déjà incorporés renvoyés dans leurs foyers.
Une ordonnance du maintint le licenciement de tous les régiments de la garde, de la ligne et légers, des bataillons des colonies, des bataillons coloniaux, du bataillon de l'île d'Elbe, des bataillons de chasseurs des Alpes et des Pyrénées et des régiments de la marine.
Il restait encore sur pied les compagnies de vétérans, les bataillons de chasseurs corses et les régiments étrangers, à l'exception du régiment polonais qui était passé au service de la Russie. Tous les régiments à licencier qui se trouvaient dans les villes du Nord et de l'Est furent dirigés sur la rive gauche de la Loire[1].

Par ordonnance du , Louis XVIII crée les légions départementales.
L'ordonnance du forma l'infanterie en 87 légions[2], ayant chacune 2 bataillons d'infanterie de ligne, 1 bataillon de chasseurs à pied, de trois cadres de compagnies formant le dépôt, une compagnie d'éclaireurs à cheval et une compagnie d'artillerie.

Chaque légion prit le nom du département, dans laquelle elle avait été organisée, et un numéro. Chacune d'elles se composait d'hommes nés dans ce même département, à l'exception des officiers. Les légions prirent entre elle le rang des départements où elles avaient été formées. Le numéro d'ordre du département était aussi celui des légions[3].

Cette institution qui n'eut qu'une très courte durée, ne fut pas entièrement complétée. Toutefois, elle reçut une dernière modification, conformément à l'ordonnance du , par l'adjonction de huit nouvelles légions, créées le de cette même année. C'est ainsi que[4] :

  • 8 départements eurent 2 légions à 3 bataillons
  • 3 départements eurent 1 légion à 4 bataillons
  • 48 départements eurent 1 légion à 3 bataillons
  • 27 départements eurent 1 légion à 2 bataillons
Corps de troupes royaux et princiers

Pendant les Cent-Jours, le roi et les princes avaient fait former un certain nombre de corps de troupes, dont quelques-uns eurent une assez longue durée et entrèrent dans la nouvelle armée :

  • Le régiment d'infanterie légère, dit régiment de la Couronne, est créé le et composé d'un état-major, d'une compagnie de dépôt et de 2 bataillons à 5 compagnies. 1er bataillon fut versé dans le 2e régiment de la garde royale et le 2e bataillon dans le 6e régiment de la garde royale .
  • Un second régiment d'infanterie légère, dit régiment du Nord, est créé le à Cambrai et composé d'un état-major, d'une compagnie de dépôt et de 2 bataillons à 5 compagnies. Il forma ensuite la légion du Nord (58e).
  • Le régiment de chasseurs à pied d'Angoulême, formé à Bordeaux entre les mois d'avril et et composé de 2 bataillons. Réduit le 1er novembre à 7 compagnies, celles-ci furent versées dans la légion de la Gironde (31e).
  • 2 bataillons de chasseurs des Pyrénées-Orientales, furent formés, le , en Catalogne par le duc d'Angoulême. Ces bataillons entrèrent le dans la composition de la légion royale des Pyrénées qui forma ensuite la légion des Pyrénées-Orientales (65e).
  • Un corps royal de volontaires de Bretagne, composé de 2 bataillons, fut formé Au mois de mai, lorsque la guerre civile recommença en Vendée. Le 1er bataillon entra dans la légion du Morbihan (55e) et le 2e bataillon entra dans la légion de la Sarthe (71e).
  • La légion de Lamballe et le corps de volontaires royaux de Plancoet, dont les éléments entrèrent dans le 5e régiment de la garde royale puis qui furent versées dans les légions de Bretagne.
  • La légion royale de Normandie à 2 bataillons fut commencée en . Comme elle se formait avec difficulté, elle fut licenciée le suivant.
  • Le bataillon étranger de Valespir, levé en Catalogne par le duc d'Angoulême et qui fut licencié le .
  • Le régiment royal de chasseurs à pied de Marie-Thérèse, organisé à 2 bataillons, fin à Montpellier. Le 1er bataillon entra dans le 4e régiment de la garde royale et le 2e bataillon entra dans la légion de la Haute-Garonne (29e).
  • Au mois d'avril, 15 compagnies de volontaires royaux avaient été formées à Marseille et d'autres compagnies furent formées dans les villes voisines. Tous ces corps se dispersèrent lorsque le duc d'Angoulême dut partir pour l'Espagne. Ces éléments se rassemblèrent après Waterloo et entrèrent dans les formations suivantes, faites au mois de juillet :
    • Le régiment Royal-Louis à 3 bataillons qui était alors à Aix-en-Provence fut scindé. Le 1er bataillon entra dans la légion des Bouches-du-Rhône (12e), le 2e bataillon entra dans la légion du Var (80e) et le 3e bataillon entra dans la légion de Vaucluse (81e).
    • Le régiment royal du Gard à 2 bataillons qui était alors à Nîmes, entra dans la légion du Gard (28e).
    • Le régiment royal des chasseurs à pied de l'Hérault à 7 compagnies, qui était à Montpellier, entra dans la légion de l'Hérault (32e).
    • Le corps royal des miquelets de la Lozère, à 8 compagnies, en garnison à Mende, entra dans la légion de la Lozère (46e).
    • Le corps des volontaires royaux des Côtes-du-Nord, à 7 compagnies, entra dans la légion des Côtes-du-Nord (20e).

Liste des légions et numéro d'ordre en 1815

Liste des légions départementales avec leur numéro d'ordre, à l'origine, en 1815[5] - [6] puis leur transformation en régiments d'infanterie.

Ordonnance du 16 juillet 1815 sur la création d'une nouvelle force militaire active

Louis par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre,

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Article Ier

La force militaire active de la France consistera, savoir :

  • En quatre-vingt-six légions d'infanterie, de trois bataillons chacune
  • Huit régiments d'artillerie à pied,
  • Quatre régiments d'artillerie à cheval
  • Un régiment de carabiniers royaux,
  • Six régiments de cuirassiers,
  • Dix régiments de dragons,
  • Vingt-quatre régiments de chasseurs,
  • Et six régiments de hussards.
Article II

Il sera formé, un corps royal du génie, pour être en proportion avec l'organisation générale des autres armes.

Article III

Notre ministre secrétaire-d'état au département de la guerre nous présentera, dans le plus bref délai, l'organisation détaillée de ces différents corps. Donné à Paris, le seizième jour du mois de juillet mil huit cent quinze, de notre régne le vingt-unième.
Signé LOUIS,

Par le Roi : Le ministre secrétaire-d'état au département de la guerre. Signé, maréchal Gouvion-Saint-Cyr.

Ordonnance du 11 août 1815 [10]

Ordonnance du Roi sur l'organisation des légions départementales Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, Vu l'article 3 de notre ordonnance du , Nous avons ordonné, et ordonnons ce qui suit :

Composition

Nombre de bataillons par département

Nombre de bataillons d'infanterie de ligne par département avec + 2 le nombre de bataillons d'infanterie légère (10 légions à 2 bataillons) conformément à l'ordonnance du .

DépartementNb de bataillons DépartementNb de bataillons DépartementNb de bataillons
Ain3 Haute-Garonne3 Oise3
Aisne3 Gers3 Orne3
Allier3 Gironde6 Pas-de-Calais6
Basses-Alpes2 + 2 Hérault3 Puy-de-Dôme3
Hautes-Alpes2 + 2 Ille-et-Vilaine6 Basses-Pyrénées3 + 2
Ardèche2 Indre2 Hautes-Pyrénées2 + 2
Ardennes3 Indre-et-Loire3 Pyrénées-Orientales2
Ariège2 + 2 Isère3 Bas-Rhin4
Aube3 Jura2 + 2 Haut-Rhin3
Aude2 Landes2 Rhône3
Aveyron2 Loir-et-Cher2 Haute-Saône3
Bouches-du-Rhöne3 Loire3 Saône-et-Loire3
Calvados3 Haute-Loire3 Sarthe3
Cantal2 Loire-Inférieure3 Seine6
Charente3 Loiret3 Seine-Inférieure6
Charente-Inférieure3 Lot3 Seine-et-Marne3
Cher2 Lot-et-Garonne3 Seine-et-Oise3
Corrèze2 Lozère2 Deux-Sèvres3
Corse2 + 2 Maine-et-Loire3 Somme4
Côte-d'Or3 Manche6 Tarn3
Côtes-du-Nord6 Marne3 Tarn-et-Garonne2
Creuse2 + 2 Haute-Marne2 Var2
Dordogne3 Mayenne2 Vaucluse2
Doubs2 Meurthe3 Vendée3
Drôme3 Meuse3 Vienne3
Eure3 Morbihan4 Haute-Vienne2 + 2
Eure-et-Loir3 Moselle3 Vosges2 + 2
Finistère3 Nièvre2 Yonne3
Gard3 Nord6

Équipement

Habillement

Après la chute de Napoléon en 1815, l'infanterie de ligne comme légions départementales était en retour en habit blanc, comme dans l'ancienne armée Royale. Mais depuis l'ordonnance du roi de : Habit, collet, paremements et doublure, en drap bleu de roi.
Veste bleu de roi.
Pantalon ou culotte bleu de roi.
L'habit sera sans galons ni broderies; il boutonnera droit par-devant au moyen de neuf gros boutons; il sera à collet montant et à parements dits en bottes; les poches seront en travers et à trois pointes; les basques seront tombantes, en arriére du genou. Il y aura deux gros boutons au bas de la taille, deux à l'extrémité des basques et trois sur chaque pale de poches.
La veste sera sans galons ni broderies, elle sera fermée au moyen de neuf petits boutons d'uniforme.
Le pantalon sera demi-collant, sans broderies ni galons[11].

Boutons

Les boutons, uniformes, de cuivre jaune.

Coiffure

Shako avec plaque de cuivre orné de fleur-de-lis

  • Uniformes des légions départementales
  • Carabinier de la légion des Basses-Alpes (4e)
    Carabinier de la légion des Basses-Alpes (4e)
  • Légion de l'Aube (9e)
    Légion de l'Aube (9e)
  • Légion du Calvados (13e)
    Légion du Calvados (13e)
  • Officiers de la légion de l'Eure-et-Loir (26e)
    Officiers de la légion de l'Eure-et-Loir (26e)
  • Musicien et cornet de voltigeur de la légion d'Ille-et-Vilaine (33e)
    Musicien et cornet de voltigeur de la légion d'Ille-et-Vilaine (33e)
  • Légion de l'Indre (34e)
    Légion de l'Indre (34e)
  • Canonnier de la légion de la Moselle (56e)
    Canonnier de la légion de la Moselle (56e)
  • Légion du Nord (58e)
    Légion du Nord (58e)
  • Grenadier de la légion de Saône-et-Loire (70e)
    Grenadier de la légion de Saône-et-Loire (70e)
  • Voltigeur de la légion de Seine-Inférieure (75e)
    Voltigeur de la légion de Seine-Inférieure (75e)
  • Légion des Deux-Sèvres (76e)
    Légion des Deux-Sèvres (76e)
  • Cavalier et trompette des éclaireurs à cheval de la légion du Morbihan (55e)
    Cavalier et trompette des éclaireurs à cheval de la légion du Morbihan (55e)

Articles connexes

Bibliographie

Lien externe

Notes, sources et références

  • Les ouvrages cités en bibliographie
  1. Victor Louis Jean François Belhomme, Histoire de l'infanterie en France, vol. 5.
  2. 86 légions avec en plus une légion royale étrangère, qui prit la dénomination de Légion Hohenlohe en 1818, qui fut supprimée le 5 janvier 1831 et qui forma à la même date le 21e régiment d'infanterie légère.
  3. « Rang et nom des légions départementales »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)
  4. Histoire de l'armée et de tous les régiments par Adrien Pascal et Jules du Camp T4 page LV du chapitre tableaux
  5. Les Légions portent le nom et le numéro d'ordre alphabétique de leurs départements
  6. Histoire de l'infanterie en France par Victor Louis Jean François Belhomme T5 page 10
  7. Un régiment à travers l'histoire, le 76e, ex-1er léger Par Henri Victor Dollin du Fresnel à lire en ligne
  8. la légion des Bouches-du-Rhône fut formée, en partie, par le 1er bataillon de Royal-Louis qui était connu pour son excellent esprit et sa bonne discipline
  9. L'Ami de la religion et du roi, Volume 13
  10. Ordonnance du Roi sur l'organisation de l'armée (Légions départementales - 1815)
  11. Ordonnances du roi relative à la recomposition des légions départementales, et à l'uniforme de MM. les officiers retraités
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