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RĂ©gime politique de la Turquie

Le régime politique de la Turquie se présente comme étant un régime démocratique.

Pour l'ONU, « la majorité des États du monde aujourd’hui se disent démocratiques. Toutefois, la démocratie est un système social et politique dynamique dont l’idéal de fonctionnement n’est jamais pleinement « atteint ». Par ailleurs, la démocratisation n’est ni linéaire ni irréversible et, de ce fait, les institutions de l’État comme les citoyens se doivent de le surveiller et de le contrôler. Tous les pays, ainsi que la communauté internationale elle-même, pourraient gagner à ce que le processus démocratique soit constamment renforcé et appuyé.»[1] - [2]

Évaluer le régime politique d'un pays n'est pas chose évidente dans la mesure où, à ce jour, aucun organisme international dont le jugement ne serait pas remis en cause ne se prête au jeu. Toutefois, nous disposons de quelques indicateurs émanent du secteur public, privé et associatif. Si ces indicateurs donnent lieu à de nombreux débats, il faut leur allouer le mérite d'exister.

L'objet de cette section n'est pas d'imposer un point de vue en déclarant « le régime politique de la Turquie est ... ». Le but est de présenter objectivement au lecteur l'ensemble des évaluations connues, lui laissant :

  • le choix de vĂ©rifier le sĂ©rieux de l'analyse ;
  • la libertĂ© de se forger sa propre idĂ©e ;
  • la libertĂ© d'ajouter d'autres indicateurs, surtout s'ils sont contradictoires.

Une Constitution originellement rédigée par la junte militaire de 1980

La Constitution en vigueur en Turquie a été rédigée par la junte militaire de 1980 à 1983. Elle a été amendée à de nombreuses reprises, et notamment en 2007 où des dispositions ont fait glisser la Turquie d'un régime parlementaire à un régime plus proche d'un régime présidentiel[3]. D'importantes modifications améliorant le respect des droits de l'homme ont été apportées lors de la révision de 2010[3]. Toutefois, après plus d'une décennie au pouvoir, l'AKP, qui dispose d'une majorité confortable au Parlement, n'a pas apporté les modifications nécessaires au code pénal turc afin de garantir à ses citoyens une réelle liberté de penser et de manifester, malgré quelques réformes à la marge[4]. Ainsi, en 2012, la Turquie représente :

  • 24 % des condamnations prononcĂ©es par la Cour europĂ©enne des droits de l'homme pour atteinte Ă  la « LibertĂ© d'expression »[5]
  • 50 % des condamnations prononcĂ©es par la Cour europĂ©enne des droits de l'homme pour atteinte Ă  la « LibertĂ© de pensĂ©e, de conscience et de religion »[5]
  • 46 % des condamnations prononcĂ©es par la Cour europĂ©enne des droits de l'homme pour atteinte Ă  la « LibertĂ© de rĂ©union et d'association »[5]
  • 31 % des condamnations prononcĂ©es par la Cour europĂ©enne des droits de l'homme pour atteinte au « Droit Ă  la vie ou atteinte Ă  la vie »[5]

Selon Amnesty International, « la répression du mouvement de protestation du parc Gezi a donné lieu à des violations des droits humains à très grande échelle. Le droit de se réunir pacifiquement a été systématiquement bafoué et les violations du droit à la vie, à la liberté et à ne pas être torturé et maltraité ont été nombreuses»[6].

Synthèse des évaluations du régime politique de la Turquie

Les rapports des organismes dont la Turquie est membre ou non relèvent une détérioration des libertés des médias et de la liberté d'expression, s'inquiètent de la tendance autoritaire du pouvoir politique à travers la mise en examen de politiciens et de journalistes et craignent que les arrestations et longues détentions provisoires soient utilisées comme une forme d'intimidation de l'opposition.
Parmi les articles du Code PĂ©nal Turc mis en cause, on retrouve:

  • la loi anti-terreur de la Turquie (Ă©galement connu sous le nom Terörle MĂĽcadele Yasası, TMY), articles 5 et 7 relatifs aux articles du Code pĂ©nal,
  • article 314 du Code pĂ©nal de la Turquie (aussi connu comme TĂĽrk Ceza Kanunu, TCK), portant sur l'organisation, le commandement ou la participation Ă  une organisation armĂ©e,
  • article 301 du Code pĂ©nal turc dĂ©finissant « l'insulte » Ă  la « nation turque »,
  • article 216 du Code pĂ©nal turc dĂ©finissant « l'incitation Ă  la haine religieuse »[7],
  • article 305 du Code pĂ©nal turc qui condamne les personnes ayant une pensĂ©e diffĂ©rente par rapport Ă  aux versions officielles, notamment sur le gĂ©nocide armĂ©nien.

Le même type de reproche est formulé lors de la révision constitutionnelle de mai 2016 supprimant l'immunité parlementaire[8].

Le gouvernement turc utilise cette batterie de loi pour étouffer toute forme de manifestation ou d'opposition à sa politique et la grande majorité des rassemblements ou manifestations pacifiques dégénèrent à la suite de l'intervention brutale des forces de l'ordre.

À titre de comparaison, en 2011, selon The Economist Group, l'Indice de démocratie de la Turquie est de 5,73[9]: au niveau mondial, la Turquie est classée 88e[9] et appartient au groupe de pays dotés d'un régime politique dit « hybride ». La performance démocratique de la Turquie est inférieure à celle de la Norvège (9,8 points), de la France (7,7 points), de la Pologne (7,12 points), de l'Indonésie (6,53 points), du Mali (6,36 points), de la Namibie (6,24 points), de la Zambie (6,19 points), du Ghana (6,02 points), du Bangladesh (5,86 points) et du Malawi (5,84 points).

L'AKP et l'Union européenne : nouveaux freins à la démocratisation du pays

La Turquie a officiellement entamé ses négociations d’adhésion à l’Union européenne en . Le Conseil européen de Copenhague précise que l'adhésion d'un nouveau pays est soumise à des conditions préalables dont la mise en place d'« institutions stables garantissant l'État de droit, la démocratie, les droits de l'homme, le respect des minorités et leur protection ». De nombreux chapitres sont ouverts mais ceux concernant les libertés fondamentales et la justice ne sont pas à l'ordre du jour[10]:

  • Le chapitre 23 « Pouvoir judiciaire et droits fondamentaux » est bloquĂ© par Chypre[10]
  • Le chapitre 24 « Justice, libertĂ© et sĂ©curitĂ© » est bloquĂ© par Chypre, l'Allemagne et la Grèce[10]

Selon Stefan Füle, «compte tenu de sa situation stratégique et de son grand potentiel dans les domaines de l'économie et de la diplomatie, l'Europe a besoin d'une Turquie stable, prospère et démocratique»[11].

Par ailleurs, après plus de 10 ans de pouvoir, l'AKP n'a pas tenu sa promesse de 2002, Ă  savoir de renommer les « Critères de Copenhague » (« Critères d'Ankara ») pour poursuivre la dĂ©mocratisation du pays en cas de blocage europĂ©en[12]. Des rĂ©formes judiciaires appelĂ©s « paquets dĂ©mocratiques ou ouvertures dĂ©mocratiques » pour l'ensemble des citoyens turcs, les Kurdes, les alevi, les caferi, les Roms, les Grecs orthodoxes, les ArmĂ©niens... ont certes Ă©tĂ© entamĂ©es mais elles ne rĂ©pondent pas aux standards europĂ©ens ou n'ont tout simplement pas abouti[13] remettant en cause la sincĂ©ritĂ© des intentions du gouvernement. Au terme de sa lutte justifiĂ©e contre l'omniprĂ©sence de l'armĂ©e dans la sphère politique, l'AKP s'est dĂ©barrassĂ© de tout contre-pouvoir et a mis en place un système clanique s'octroyant les marchĂ©s juteux et Ă©touffant les affaires compromettantes (comme l'affaire Deniz Feneri ou le dĂ©tournement de fonds caritatifs religieux au profit d’un mouvement politique[14] et l'affaire Uludere ou la bavure de l'armĂ©e ayant coutĂ© la vie Ă  35 citoyens turcs[15]). Ă€ l'Ă©tĂ© 2013, l'armĂ©e, l'appareil bureaucratique, l'appareil judiciaire et la presse Ă©taient devenus des instruments au service de l'AKP[16].

De plus, le jeu électoral est biaisé dans la mesure où l'AKP utilise l'ensemble des services publics pour développer sa propagande. Ainsi, lors des élections locales de :

  • sous ordre des prĂ©fets de la rĂ©publique, les vĂ©hicules des services de l’État sont rĂ©quisitionnĂ©s pour assurer des navettes alimentant les meetings de l'AKP[17],
  • sur les chaines publiques TRT, l'AKP comptabilise neuf fois plus de temps de parole que l'ensemble de l'opposition (CHP, MHP et BDP)[18].

Les médias proches du pouvoir alimentent une atmosphère de haine et de lynchage envers la presse indépendante. Ainsi le , Ahmet Hakan journaliste formé dans un lycée İmam hatip est tabassé par des militants de l'AKP[19].

En , le corps sans vie d’un militant kurde est traîné par un véhicule de police dans la ville de Sirnak alors que des policiers continuent de l’insulter[20].

En , Can Dündar éditorialiste du quotidien Cumhuriyet et lauréat du Prix Reporters sans frontières[21] est emprisonné pour des révélations sur des livraisons d’armes aux rebelles syriens[22]. Fin Can Dündar rédige le texte intitulé À l’Humanité[23] dans lequel il expose les raisons de son emprisonnement.

Évaluations étrangères

The Economist Group

The Economist Group mène des travaux pour classer les pays en fonction de leur régime politique. Quatre types de régimes sont définis :

  • les dĂ©mocraties
  • les dĂ©mocraties imparfaites
  • les rĂ©gimes hybrides
  • les rĂ©gimes autoritaires

Selon The Economist Group, en 2011, l'Indice de démocratie de la Turquie est de 5,73[9]. Au niveau mondial, la Turquie est classée 88e[9] et appartient au groupe de pays dotés d'un régime politique dit « hybride ». La performance démocratique de la Turquie est inférieure à celles de la Norvège (9,8 points), la France (7,7 points), la Pologne (7,12 points), l'Indonésie (6,53 points), le Mali (6,36 points), la Namibie (6,24 points), la Zambie (6,19 points), le Ghana (6,02 points), le Bangladesh (5,86 points) et le Malawi (5,84 points). Cette note globale est la moyenne de 5 évaluations :

Évolution de l'Indice de démocratie de la Turquie entre 2008 et 2011
  1. le « processus électoral et le pluralisme». Les critères pris en compte dans ce volet sont la tenue d'élections libres et la formation libre de partis politiques. La Turquie obtient une note relativement bonne (7,92 points[9]) et est classée 70e au niveau mondial derrière le Danemark (10 points), le Portugal (9,58 points), la France et la Roumanie (9,58 points), la Bulgarie (9,17 points), l'Afrique du Sud (8,75 points), le Ghana (8,33 points) et le Mali (8,25 points).
  2. le « fonctionnement du gouvernement ». Les critères pris en compte dans cette partie sont le degré de transparence du gouvernement, le degré de souveraineté du gouvernement (existence ou non de pression militaire ou religieuse) et le degré de corruption. La Turquie obtient une note relativement bonne (7,14 points[9]) et est classée 36e au niveau mondial derrière la Norvège (9,64 points), l'Afrique du Sud (8,21 points), à égalité avec la France (7,14 points) et devant l'Italie (6,43 points), la Roumanie (6,07 points) et la Grèce (5,71 points).
  3. la « culture politique ». Les critères pris en compte dans cette section sont le degré de culture politique démocratique, la perception du leadership (autoritaire ou démocratique), la perception du rôle de l'armée, la perception du rôle des technocrates, la perception de la démocratie et de l'ordre public, la perception de la relation démocratie et performances économiques, le degré de séparation du pouvoir temporel (politique) et intemporel (religieux). La Turquie obtient une note moyenne (5 points[9]) et est classée 84e au niveau mondial derrière la Suède (9,38 points), l'Irlande (8,13 points), le Botswana (6,88 points), la Tunisie (6,25 points), la Syrie, l'Algérie et le Sénégal (5,63 points).
  4. les « libertés civiles ». Les critères pris en compte dans ce volet sont le degré de liberté des médias, le degré de liberté d'expression et de manifestation, le degré de censure, la liberté ou non de création de syndicats professionnels et salariés, la possibilité de saisie du gouvernement par pétition, l'existence ou non de la torture, le degré d'indépendance de la justice, le degré de tolérance religieuse, l'équité ou non des citoyens devant la loi, la perception des mesures de sécurité, la perception des libertés individuelles, la perception des droits de l'homme, l'existence ou non de discriminations raciales ou religieuses, l'utilisation ou non du thème de l'insécurité pour réduire les libertés individuelles. La Turquie obtient une mauvaise note (4,71 points[9]) et est classée 110e au niveau mondial derrière l'Irlande (10 points), le Chili (9,41 points), le Brésil (9,12 points), la Zambie (7,35 points), le Mali et le Bangladesh (7,06 points), le Liberia (6,18 points), le Pakistan (5,29 points) et la Mauritanie (5 points).
  5. la « participation politique ». Les critères pris en compte dans cette partie sont le taux d'abstention, le degré d'autonomie des minorités religieuses et ethniques, la part des femmes au parlement et le degré de participation des citoyens à la vie politique. La Turquie obtient une mauvaise note (3,89 points[9]) et est classée 102e au niveau mondial derrière les Pays-Bas (8,89 points), la Palestine (7,78 points), l’Irak et le Liban (7,22 points), la Tunisie (6,67 points), le Mozambique (5,56 points), l'Égypte (5 points), le Sénégal et le Yémen (4,44 points).

Entre 2008 et 2011, la note globale de la Turquie augmente légèrement (+0,04 points[9] - [24]) passant de 5,69 à 5,73 points. En termes de « fonctionnement du gouvernement » les progrès sont nets (+1,07 points[9] - [24]). En termes de « processus électoral & pluralisme » et de « culture politique » aucun progrès notable n'est constaté (stabilisation). En revanche, la Turquie régresse en termes de « participation politique » (-0,55 points[9] - [24]) et de « libertés civiles » (-0,29 points[9] - [24]). Sur cette période, The Economist Group relève une détérioration des libertés des médias et de la liberté d'expression et encourage les politiciens turcs dans leur projet de rédaction d'une nouvelle constitution civile et démocratique.

Relation entre régime politique et développement économique

Entrepreneuriat et régime politique
Entrepreneuriat et Indice de démocratie

Le sens de causalité entre démocratie et richesse économique est discutable. Mais au vu des faibles réserves en hydrocarbures de la Turquie et des objectifs qu'elle s'est fixés pour 2023 (industrie de haute technologie et intégration à l'Union Européenne) le développement de la démocratie turque est une nécessité pour :

  • stabiliser politiquement et socialement le pays
  • libĂ©rer les idĂ©es et donc dĂ©velopper la crĂ©ativitĂ© intellectuelle et donc technologique dont la Turquie a besoin pour produire et exporter des produits Ă  forte valeur ajoutĂ©e
  • dĂ©velopper l'entrepreneuriat pour augmenter le nombre d'entreprises et pourvoir des emplois Ă  sa population croissante. En 2008, le rĂ©gime politique le plus favorable Ă  la crĂ©ation d'entreprise est la dĂ©mocratie avancĂ©e. En moyenne une dĂ©mocratie avancĂ©e crĂ©e 26,6 entreprises nouvelle pour 10 000 habitants [24] - [25], soit 5 fois plus que les dĂ©mocraties imparfaites, 5,6 fois plus que les rĂ©gimes hybrides et 2,3 fois plus que les rĂ©gimes autoritaires.

Freedom House

État des libertés rapport de Freedom House, 2010
  • Fonctionnement dĂ©mocratique (89)
  • Partiellement dĂ©mocratique (62)
  • Non dĂ©mocratique (42)

Freedom House produit une enquête mondiale annuelle qui évalue l'état de la liberté mondiale telle qu'elle est vécue par les individus. L'enquête mesure la liberté (c'est-à-dire la possibilité d'agir spontanément dans une variété de domaines qui échappent au contrôle du gouvernement et d'autres centres de domination potentielle) selon deux grandes catégories:

  • les droits politiques : ils permettent aux citoyens de participer librement au processus politique, y compris le droit de voter librement pour des alternatives distinctes aux Ă©lections, de briguer des fonctions officielles, dans des partis politiques et des organisations, et d'Ă©lire des reprĂ©sentants qui ont un impact dĂ©cisif sur les politiques publiques et sont responsables devant leur Ă©lectorat
  • les libertĂ©s civiles : elles regroupent les libertĂ©s d'expression et de croyance, la libertĂ© d'association et d'organisation, la primautĂ© du droit, et de l'autonomie personnelle sans ingĂ©rence de l'État.

L'enquête ne note pas les gouvernements ou leurs performances, mais plutôt les droits de l'homme dans le monde réel et les libertés dont jouissent les individus.

En 2012, Freedom House qualifie la Turquie de pays « partiellement démocratique »[26], au même titre que la Maroc, le Pakistan, la Colombie, le Venezuela, le Nigeria, le Mozambique, Madagascar, la Tanzanie, le Bangladesh, le Sénégal et l'Ouganda. Le rapport s'inquiète de la tendance autoritaire du pouvoir politique à travers la mise en examen de politiciens et de journalistes[27].

Évaluations par des acteurs locaux ou des organismes dont la Turquie est membre ou associée

Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE)

La Turquie est un pays membre fondateur de l'OSCE (1973). Selon l'OSCE, au cours de l'année 2012, le nombre de journalistes emprisonnés a presque doublé en Turquie passant de 57 à 95[28] (record mondial). Les principaux points soulignés par l'OSCE dans cette note sont :

  • La plupart des journalistes sont en prison sur la base des lois suivantes :
    • la loi anti-terreur de la Turquie (Ă©galement connu sous le nom Terörle MĂĽcadele Yasası, TMY), Articles 5 et 7 relatifs aux articles du Code pĂ©nal,
    • le Code pĂ©nal de la Turquie (aussi connu comme TĂĽrk Ceza Kanunu, TCK), l'article 314 portant sur l'organisation, le commandement ou la participation Ă  une organisation armĂ©e.
  • Les tribunaux imposent souvent des peines de prison extrĂŞmement longues. La plus longue condamnation est de 166 annĂ©es[28] d'emprisonnement et la peine de prison la plus longue demandĂ©e Ă  l'encontre d'un journaliste est de 3 000 ans[28].
  • Les tribunaux n'ont pas tendance Ă  accorder la libĂ©ration avant le procès des accusĂ©s. Il est Ă  craindre que les arrestations et longues dĂ©tentions provisoires sont utilisĂ©es comme une forme d'intimidation. Sur la base des informations publiques disponibles, seulement sept journalistes Ă©taient accusĂ©s en libertĂ© provisoire: en fĂ©vrier et , sept journalistes ont Ă©tĂ© mis en libertĂ© provisoire, l'un d'eux pour raison de santĂ©.
  • La dĂ©tention provisoire reste très longue. Dans certains cas, les journalistes sont dĂ©tenus en prison pendant trois ans et sont toujours en attente de procès. Certains journalistes ont Ă©tĂ© emprisonnĂ©s pendant plus de cinq ans alors que leur procès est en cours.
  • Les journalistes font souvent face Ă  plusieurs procès et sont souvent condamnĂ©s pour diverses infractions. Un journaliste fait face Ă  150 cas de procĂ©dures judiciaires.
  • Les mĂ©dias qui rendent compte des questions sensibles (y compris le terrorisme ou activitĂ©s anti-gouvernementales) sont souvent considĂ©rĂ©s par les autoritĂ©s comme les organes de publication des organisations illĂ©gales. Les tribunaux considèrent souvent qu'Ă©voquer ces sujets revient Ă  les soutenir.
  • La rĂ©forme des lois citĂ©es n'a pas eu lieu, malgrĂ© les dĂ©clarations faites par les autoritĂ©s sur la nĂ©cessitĂ© de telles rĂ©formes. Non seulement les lois doivent ĂŞtre rĂ©formĂ©es, mais leur mise en Ĺ“uvre aussi. Dans la pratique, l'interprĂ©tation des lois par les tribunaux est variĂ©e et des tribunaux se prononcent diffĂ©remment pour le mĂŞme type de mise en examen.

Union Européenne: rapport de la Commission Européenne sur la Turquie en 2012

La Turquie est un pays candidat et associé de l'Union européenne.
Chaque année, la Commission européenne rédige un rapport sur les progrès réalisés par la Turquie en matière de réformes politiques.

En 2012, ce rapport note que « les travaux visant à rédiger une nouvelle Constitution ont débuté dans le cadre d'un processus relativement démocratique et participatif. Le fait que la Turquie n'ait réalisé aucun progrès sensible dans la mise en œuvre intégrale des critères politiques suscite toutefois des inquiétudes croissantes. La situation au regard du respect des droits fondamentaux continue d'être la cause de vives préoccupations. Cela tient, notamment, à l'application large qui est faite du cadre juridique propre au terrorisme et à la criminalité organisée, à l'origine de violations récurrentes du droit à la liberté et à la sûreté, du droit à un procès équitable et de la liberté d'expression, de réunion et d'association. Alors que les débats se poursuivent sur les sujets considérés comme sensibles, comme la question arménienne ou le rôle de l'armée, les restrictions imposées dans la pratique à la liberté des médias et le grand nombre de procédures judiciaires dont font l'objet des écrivains et des journalistes demeurent des problèmes graves. La résultante en est une autocensure généralisée »[29].

  1. démocratie et l'État de droit: « des mesures positives ont été prises sous forme d'une participation aux travaux sur une nouvelle Constitution, mais le processus législatif a globalement souffert d'un manque récurrent de consultation. Les enquêtes sur les projets présumés de coups d'État, qui représentaient pour le pays l'occasion de renforcer la confiance dans le bon fonctionnement de ses institutions démocratiques et dans l'État de droit, ont pâti de doutes sérieux quant à leur portée et aux lacunes des procédures judiciaires. La question kurde demeure un défi de taille pour la démocratie turque; l'ouverture démocratique de 2009, qui visait notamment à trouver une solution à la question kurde, n'a pas été suivie d'effets. Les autorités locales du sud-est du pays ont souffert de la détention d'un grand nombre de responsables politiques locaux. On a assisté à une recrudescence des attaques terroristes du PKK"[29].
    • contrĂ´le civil des forces de sĂ©curitĂ© : « Le contrĂ´le civil des forces de sĂ©curitĂ© a encore Ă©tĂ© consolidĂ©. L'introduction d'un contrĂ´le parlementaire du budget de la dĂ©fense a constituĂ© une Ă©volution positive, mĂŞme s'il demeure d'une portĂ©e restreinte. L’état-major a gĂ©nĂ©ralement Ă©vitĂ© d'exercer une pression directe ou indirecte sur les questions Ă  caractère politique. Plusieurs mesures symboliques ont Ă©tĂ© prises pour dĂ©mocratiser davantage les relations entre civils et militaires. Des rĂ©formes supplĂ©mentaires doivent ĂŞtre engagĂ©es, notamment celle du système judiciaire militaire et du contrĂ´le civil de la gendarmerie ».
    • domaine judiciaire : « Des progrès ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s dans le domaine judiciaire Ă  la suite de l'adoption du troisième train de rĂ©formes judiciaires, qui introduit un certain nombre d'amĂ©liorations dans le système de la justice pĂ©nale turque, dont l'assouplissement des restrictions imposĂ©es aux mĂ©dias quant Ă  la possibilitĂ© de rendre compte des enquĂŞtes pĂ©nales et la suppression de la disposition permettant au procureur d'interdire certaines publications. Un certain nombre de personnes en dĂ©tention prĂ©ventive ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©es Ă  la suite de l'entrĂ©e en vigueur des changements d'ordre juridique. Toutefois, les rĂ©formes juridiques n'ont pu remĂ©dier aux principales dĂ©faillances Ă  l'origine des condamnations, sans cesse renouvelĂ©es, de la Turquie par la Cour europĂ©enne des droits de l'homme. Les rĂ©percussions et la durĂ©e anormalement longue de la dĂ©tention prĂ©ventive demeurent un problème grave. Des mesures supplĂ©mentaires doivent ĂŞtre prises en ce qui concerne l'indĂ©pendance, l'impartialitĂ© et l'efficacitĂ© du système judiciaire, notamment au regard du système de la justice pĂ©nale et du nombre considĂ©rable d'affaires criminelles graves en suspens. D'autres mesures sont Ă©galement nĂ©cessaires pour accroĂ®tre le taux de participation des femmes au système judiciaire. La stratĂ©gie de rĂ©forme judiciaire doit ĂŞtre revue en y associant l'ensemble des parties intĂ©ressĂ©es, dont la communautĂ© judiciaire et la sociĂ©tĂ© civile turques »[29].
  2. droits de l'homme et la protection des minorités: « des efforts importants doivent être consentis dans la plupart des domaines, en particulier en ce qui concerne la liberté d'expression, la liberté de réunion et d'association et la liberté de culte »[29].
    • respect du droit international en matière de droits de l’homme : « Bien que des progrès aient Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s au regard du respect du droit international en matière de droits de l’homme, les rĂ©formes de fond visant Ă  renforcer les structures dans ce domaine demeurent exceptionnelles et le nombre Ă©levĂ© de procĂ©dures pĂ©nales lancĂ©es Ă  l’encontre de dĂ©fenseurs des droits de l’homme est prĂ©occupant »[29].
    • torture et mauvais traitements : « la tendance Ă  la baisse des cas de torture et de mauvais traitements observĂ©s dans les lieux de dĂ©tention s'est confirmĂ©e. Toutefois, le recours excessif Ă  la force reste prĂ©occupant et seuls de timides progrès ont Ă©tĂ© constatĂ©s dans la lutte contre l'impunitĂ©. Nombre de procĂ©dures judiciaires sont en attente de traitement, la prioritĂ© Ă©tant donnĂ©e aux demandes reconventionnelles dĂ©posĂ©es par les forces de sĂ©curitĂ© »[29].
    • libertĂ© d'expression : « Ă  la suite de l'adoption du troisième train de rĂ©formes judiciaires, un grand nombre de journalistes ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s dans l'attente de leur procès, les restrictions imposĂ©es aux mĂ©dias concernant la publication d'informations sur les enquĂŞtes pĂ©nales ont Ă©tĂ© assouplies et la saisie de documents Ă©crits avant publication a Ă©tĂ© interdite. Toutefois, l'accroissement des violations de la libertĂ© d'expression suscite de graves inquiĂ©tudes et la libertĂ© des mĂ©dias demeure limitĂ©e dans la pratique. Le cadre juridique, notamment en ce qui concerne la criminalitĂ© organisĂ©e et le terrorisme, et l'interprĂ©tation qu'en font les juridictions sont sources d'abus. De ce fait, mais en raison Ă©galement de la forte concentration de mĂ©dias appartenant Ă  des conglomĂ©rats industriels dont les intĂ©rĂŞts dĂ©passent largement la libre circulation des informations et des idĂ©es, l'autocensure est monnaie courante. La fermeture frĂ©quente de sites web est très prĂ©occupante et il y a lieu de revoir la loi sur l’internet »[29].
    • libertĂ© de rĂ©union et d’association : « alors que les manifestations et actions du 1er mai, telles que la «journĂ©e de commĂ©moration du gĂ©nocide armĂ©nien», se sont dĂ©roulĂ©es dans une atmosphère pacifique, des cas de violence et de recours disproportionnĂ© Ă  la force par les forces de sĂ©curitĂ© ont Ă©tĂ© observĂ©s lors des manifestations n'ayant pas reçu d'autorisation prĂ©alable. Cela a notamment concernĂ©, mais pas uniquement, les manifestations ayant trait Ă  la question kurde. Le droit constitutionnel que constitue la libertĂ© de rĂ©union et d’association est parfois interprĂ©tĂ© d'une manière par trop restrictive. La loi sur les rassemblements et les manifestations demande Ă  ĂŞtre rĂ©visĂ©e et les allĂ©gations relatives Ă  l'usage excessif de la force par les forces de sĂ©curitĂ© doivent faire l'objet d'enquĂŞtes et de poursuites, le cas Ă©chĂ©ant. Les règles relatives aux appels de fonds demeurent restrictives et facultatives. Aucune avancĂ©e n’est Ă  signaler en ce qui concerne la lĂ©gislation sur les partis politiques »[29].
    • libertĂ© de pensĂ©e, de conscience et de religion : « Des progrès concernant l'application de la jurisprudence de la Cour europĂ©enne des droits de l'homme (CEDH) en matière d'objection de conscience ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s. Le dialogue avec les communautĂ©s religieuses non musulmanes s'est poursuivi. Toutefois, les personnes appartenant Ă  une religion minoritaire et affichant ou non leur foi ont reçu des menaces de la part d'extrĂ©mistes. Il reste encore Ă  Ă©tablir un cadre juridique conforme Ă  la Convention europĂ©enne des droits de l'homme, afin que toutes les communautĂ©s religieuses non musulmanes, de mĂŞme que celle des AlĂ©vis, puissent fonctionner sans entraves abusives »[29].
    • respect des droits des femmes et de l'Ă©galitĂ© hommes-femmes : « Sur le plan juridique, des progrès ont Ă©tĂ© notĂ©s en ce qui concerne le respect des droits des femmes et de l'Ă©galitĂ© hommes-femmes. Le gouvernement a mis au point un plan d'action pour tenter de rĂ©gler les problèmes mis en exergue dans le rapport du Parlement europĂ©en intitulĂ© «Les femmes en Turquie Ă  l'horizon 2020». La loi sur la protection de la famille et la prĂ©vention de la violence faite aux femmes vise Ă  protĂ©ger de la violence les membres de la famille et les personnes ayant des relations hors mariage. Les procĂ©dures prĂ©vues en cas d'urgence sont gĂ©nĂ©ralement positives, de mĂŞme que l'exercice de consultation inclusif entrepris par les autoritĂ©s auprès de la sociĂ©tĂ© civile. D'importants efforts sont Ă©galement nĂ©cessaires pour faire de cette nouvelle loi, ainsi que de la lĂ©gislation dĂ©jĂ  existante, une rĂ©alitĂ© politique, sociale et Ă©conomique. Il convient d'appliquer de façon homogène la lĂ©gislation dans l'ensemble du pays. Les femmes doivent davantage s'impliquer et participer Ă  l'emploi, Ă  l'Ă©laboration des politiques et Ă  la politique elle-mĂŞme. Une loi sur les cĂ©sariennes a Ă©tĂ© adoptĂ©e sans prĂ©paration ni consultation suffisante de la sociĂ©tĂ© civile. Le dĂ©bat ayant prĂ©cĂ©dĂ© cette loi et un dĂ©bat similaire sur l'avortement ont Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©s par des prises de position engendrant des clivages. La question des mariages prĂ©coces et forcĂ©s demeure un sujet de grave prĂ©occupation »[29].
    • droit du travail et de droit syndical : « peu de progrès ont Ă©tĂ© observĂ©s ... La lĂ©gislation sur les droits syndicaux des fonctionnaires a Ă©tĂ© modifiĂ©e, sans ĂŞtre pour autant conforme aux normes de l'UE et de l'OIT. Les actions collectives menĂ©es par les syndicats font l'objet de nombreuses restrictions »[29].
    • minoritĂ©s : « L'approche de la Turquie Ă  l'Ă©gard des minoritĂ©s demeure restrictive, mĂŞme si des reprĂ©sentants des groupes minoritaires, et pas uniquement des minoritĂ©s officiellement reconnues par la Turquie, ont Ă©tĂ© invitĂ©s pour la première fois au Parlement pour y exposer leur avis sur une nouvelle Constitution. Des progrès doivent encore ĂŞtre accomplis afin de parvenir au plein respect et Ă  la protection des langues, de la culture et des droits fondamentaux, conformĂ©ment aux normes europĂ©ennes. La Turquie doit adopter une approche globale et consentir de nouveaux efforts pour amĂ©liorer la tolĂ©rance Ă  l'Ă©gard des minoritĂ©s, garantir leur sĂ©curitĂ© et promouvoir leur intĂ©gration. Il convient de rĂ©viser la lĂ©gislation en vigueur, d'introduire une lĂ©gislation globale de lutte contre la discrimination et de mettre en place des mĂ©canismes de protection ou des instances spĂ©cifiques pour lutter contre le racisme, la xĂ©nophobie, l'antisĂ©mitisme et l'intolĂ©rance. Il y a lieu d'appliquer les conventions et pactes en vigueur »[29].
    • Est et Sud-Est : « En ce qui concerne les rĂ©gions Est et Sud-Est, des dĂ©bats considĂ©rables ont eu lieu sur la question kurde, mais les parties n'ont pas progressĂ© sur la voie d'une solution. Les attaques terroristes se sont intensifiĂ©es, de mĂŞme que les opĂ©rations militaires. Toutes les attaques terroristes ont Ă©tĂ© condamnĂ©es par l'UE. La dĂ©tention de responsables politiques Ă©lus et de dĂ©fenseurs des droits de l’homme suscite des inquiĂ©tudes. Lors d'incidents, tels que les massacres de civils Ă  Uludere, il n'a pas Ă©tĂ© donnĂ© suite aux appels lancĂ©s aux autoritĂ©s en vue de la rĂ©alisation rapide d'une enquĂŞte en bonne et due forme ainsi que de l'ouverture d'une enquĂŞte publique transparente. La lumière sur les exĂ©cutions extrajudiciaires et les tortures perpĂ©trĂ©es dans le sud-est du pays dans les annĂ©es 1980 et 1990 doit encore ĂŞtre faite dans le cadre strict du droit. Le dĂ©lai de prescription mettra bientĂ´t un terme aux enquĂŞtes judiciaires non abouties sur les dĂ©lits passĂ©s. Les mines terrestres et le système des surveillants de village demeurent des sujets de prĂ©occupation »[29].

PEN club international

Le PEN club international[30] est une association d'Ă©crivains internationale, apolitique et non gouvernementale, fondĂ©e en 1921 par Catherine Amy Dawson Scott avec l’appui de John Galsworthy. Elle a pour but de « rassembler des Ă©crivains de tous pays attachĂ©s aux valeurs de paix, de tolĂ©rance et de libertĂ© sans lesquelles la crĂ©ation devient impossible ». PEN International cĂ©lèbre la littĂ©rature et favorise la libertĂ© d’expression. Sa communautĂ© internationale d’écrivains totalise en 2013 plus de 20 000 personnes et se rĂ©partit dans plus de 100 pays. PEN International regroupe des personnes qui travaillent avec le monde de l’écrit et de l’oral, et qui pensent que le droit de lire et d’écrire est vital au bien-ĂŞtre d’une communautĂ©.

Ci joint la lettre mensuelle de John Ralston Saul Président international, aux membres du PEN[30]:

« tout le conseil de direction du PEN Turquie est prĂ©sentement sous enquĂŞte pour insulte Ă  la RĂ©publique turque, au titre de l’article 301. Il y a, nous le savons bien, dĂ©jĂ  70 Ă©crivains en prison en Turquie et un grand nombre d’autres pris dans les tentacules d’une justice trop souvent injuste Â»...

« Mais il y a quelque chose de particulièrement dĂ©rangeant dans l’incident turc, dans un pays qui insiste pour se dĂ©finir comme une dĂ©mocratie. Cela se manifeste dans le ton tout Ă  fait neutre et procĂ©durier de l’ouverture de l’enquĂŞte contre tout le Conseil de direction, contre huit Ă©crivains bien connus qui ont Ă©tĂ© Ă©lus par d’autre Ă©crivains Â»...

« Il semble que l’enquĂŞte ait Ă©tĂ© lancĂ©e dĂ©jĂ  en juin, quand le Conseil s’est prononcĂ© publiquement en faveur du compositeur Fazil Say (coupable d'avoir «publiquement dĂ©nigrĂ© les valeurs religieuses d'une partie de la population», un dĂ©lit passible de 18 mois de prison ferme en vertu de l'article 216 du Code pĂ©nal turc[31] La civilisation turque est bien sĂ»r riche et complexe. Il y a bien sĂ»r de nombreuses grandes choses qu’on peut en dire. Mais une telle richesse culturelle et historique ne fait que rendre pire cet affront Ă  la libertĂ© d’expression. Le pays souffre d’un système juridique profondĂ©ment viciĂ© et d’une application souvent injuste du droit.

Il est avant tout évident qu’aucune loi ne devrait limiter la critique que fait un citoyen de son propre pays. Cela est particulièrement vrai pour les démocraties. Les citoyens – pas les gouvernements – sont les garants de la légitimité de l’État. La santé des États tient à la liberté dont disposent leurs citoyens de prendre la parole et de critiquer même les acquis naturels les plus fondamentaux. Les autorités n’ont aucun droit inné de définir la loyauté ou le patriotisme des citoyens. En démocratie, les autorités sont au service des citoyens et non leur maître.

Voyez à quel point l’État sape sa propre légitimité par de telles lois. Voici les 47 mots de la déclaration du Conseil du PEN turc en défense d’un compagnon artiste:

“En tant que Centre PEN Turquie de l’association internationale du PEN, nous condamnons avec vigueur et constatons avec consternation l’annonce que notre estimé compositeur et pianiste Fazil Say a été convoqué par le tribunal. La communauté internationale a été alertée au sujet de développements fascistes en Turquie”.

Imaginons que nous acceptions l’existence d’une telle loi. Est-ce que ces mots reprĂ©sentent un outrage? Ne s’agit-il pas d’une phrase plutĂ´t normale dans le contexte d’une protestation? Il n’y a pas de norme dĂ©mocratique internationale selon laquelle de tels mots pourraient ĂŞtre utilisĂ©s pour justifier la vindicte d’un système juridique contre un individu ou un groupe. Dans ce cas particulier, on parle de huit Ă©crivains bien connus, qui ont mĂŞme Ă©tĂ© rĂ©compensĂ©s en Turquie et dans d’autres pays pour leur contribution et leur talent. Â»

Notes et références

  1. Note d’orientation du Secrétaire général sur la démocratie
  2. http://www.un.org/fr/globalissues/democracy/infonote.shtml
  3. Jean Marcou, « L’imbroglio constitutionnel en Turquie (2007-2010) - Actes du colloque Nantes-Galatasaray », sur www.revue-signes.info, .
  4. Commission européenne, « Conclusions concernant la Turquie », sur ec.europa.eu, .
  5. http://www.echr.coe.int/documents/Stats_violation_2012_FRA.pdf
  6. « Page non trouvée », sur Amnesty France (consulté le ).
  7. « Le pianiste Fazil Say dans le collimateur de la justice », (consulté le )
  8. « Les députés turcs approuvent la levée de l'immunité parlementaire », sur Le Figaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  9. « http://www.sida.se/Global/About%20Sida/S%C3%A5%20arbetar%20vi/EIU_Democracy_Index_Dec2011.pdf »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le )
  10. « La Turquie veut-elle toujours adhérer à l'Union européenne ? », sur www.senat.fr (consulté le )
  11. Jean-Pierre Stroobants, « La Turquie doit encourager », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  12. http://www.turkishjournal.com/i.php?newsid=240
  13. « Turquie : les réformes juridiques ne répondent pas aux attentes en ce qui concerne la liberté d'expression », sur www.amnesty.org (consulté le )
  14. « La querelle Erdoğan-Doğan s’intensifie alors que la justice allemande rend son verdict dans l’affaire «Deniz Feneri» » (consulté le )
  15. « Turquie: 35 Kurdes tués par l'armée, le parti au pouvoir admet une possible erreur » (consulté le )
  16. Editorial du "Monde", « Turquie : Erdogan ou l'ivresse du pouvoir », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  17. « 'Vali emir verdi, kamu araçları AKP mitingine insan taşıdı' iddiası » (consulté le )
  18. « TRT'den AK Parti'ye 13 saat muhalefete 48 dakika » (consulté le )
  19. « Turquie: le journaliste Ahmet Hakan agressé par des inconnus - Europe - RFI », (consulté le )
  20. « Une voiture de policiers turcs traine le cadavre d’un militant kurde en pleine rue » (consulté le )
  21. « Can Dündar, lauréat du prix RSF pour la liberté de presse, a été écroué », (consulté le )
  22. Marie Jégo (Istanbul correspondante), « En Turquie, 2 journalistes poursuivis pour des révélations sur des livraisons d’armes aux rebelles syriens », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  23. « Depuis sa prison, le message de Can Dündar à l’Humanité », (consulté le )
  24. http://graphics.eiu.com/PDF/Democracy%20Index%202008.pdf
  25. http://donnees.banquemondiale.org
  26. (en) « Turkey », sur Freedom House (consulté le ).
  27. http://www.freedomhouse.org/article/freedom-world-2012-arab-uprisings-and-their-global-repercussions
  28. (en) « Main findings and table on imprisoned journalists in Turkey », sur osce.org (consulté le ).
  29. http://ec.europa.eu/enlargement/pdf/key_documents/2012/package/tr_conclusions_2012_fr.pdf
  30. http://www.pen-international.org/qui-nous-sommes/?lang=fr
  31. Laure Marchand, « Fazil Say condamné pour blasphème », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).

Articles connexes

Bibliographie

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