Pedro Sainz RodrĂguez
Pedro Sainz RodrĂguez[note 1] (Madrid, 1897 â ibidem, 1986) Ă©tait un critique littĂ©raire, historien de la littĂ©rature, bibliographe, Ă©diteur, haut fonctionnaire, homme politique, acadĂ©micien et professeur dâuniversitĂ© espagnol.
Pedro Sainz RodrĂguez | |
Fonctions | |
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Député aux Cortes | |
â | |
Ălection | Ălection de juin 1931 |
RĂ©Ă©lection | Ălection de fĂ©vrier 1936 |
Circonscription | Santander |
Premier ministre | Niceto Alcalå Zamora ; Manuel Azaña ; Alejandro Lerroux ; Ricardo Samper ; Santiago Casares Quiroga |
Groupe politique | AcciĂłn Española ; Bloque Nacional (jusquâen 1936) ; Falange Española Tradicionalista y de las JONS |
Membre de lâAssemblĂ©e nationale consultative | |
â | |
Premier ministre | Miguel Primo de Rivera |
Ministre de lâĂducation nationale | |
â | |
Premier ministre | Francisco Franco |
LĂ©gislature | Premier gouvernement de Franco |
PrĂ©dĂ©cesseur | JosĂ© MarĂa PemĂĄn |
Successeur | JosĂ© Ibåñez MartĂn |
Biographie | |
Nom de naissance | Pedro Enrique Sainz RodrĂguez |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Madrid (Espagne) |
Date de décÚs | |
Lieu de décÚs | Madrid |
Nature du dĂ©cĂšs | Naturelle (arrĂȘt cardiaque) |
Nationalité | Espagnole |
Parti politique | AcciĂłn Espagnole ; Bloque Nacional (jusquâen juillet 1936) ; FET y de las JONS |
PĂšre | AgustĂn Sainz Espinosa |
MĂšre | PresentaciĂłn RodrĂguez Castillo |
Fratrie | AgustĂn (juriste) ; Enrique Norberto (mort accidentellement) ; Antonio (mĂ©decin) |
DiplÎmé de | Université centrale de Madrid |
Profession | Professeur dâuniversitĂ© (universitĂ© d'Oviedo, universitĂ© centrale de Madrid, universitĂ© de Comillas) ; Ăditeur AcadĂ©micien (AcadĂ©mie royale espagnole, AcadĂ©mie royale d'histoire) |
Religion | Catholique |
Résidence | Madrid (avenida de América) |
Issu dâune famille de mĂ©decins, mais attirĂ© par les Ă©tudes littĂ©raires, il sâinscrivit Ă la facultĂ© de philosophie et lettres de lâuniversitĂ© centrale de Madrid, oĂč il fonda une revue littĂ©raire et subit lâinfluence des idĂ©es de MenĂ©ndez Pelayo et de Valera, davantage que de la GĂ©nĂ©ration de 98. NommĂ© Ă lâĂąge de 23 ans professeur Ă lâuniversitĂ© d'Oviedo, il noua amitiĂ© avec Francisco Franco, alors en poste dans les Asturies. Son idĂ©ologie, dĂ©rivĂ©e directement de Costa et de Giner de los RĂos, cultivait le concept dâhispanitĂ© et mettait en avant une vision de lâhistoire de l'Espagne Ă©purĂ©e de toute influence Ă©trangĂšre. Se dĂ©solant de ce que lâancienne unitĂ© et unanimitĂ© du peuple espagnol, telles quâelles prĂ©valaient au bas Moyen Ăge et Ă lâĂ©poque de la Contre-RĂ©forme, aient Ă©tĂ© saccagĂ©es pendant le siĂšcle des LumiĂšres, son objectif consistait dĂšs lors Ă reconstruire une unanimitĂ© de sentiment, une unitĂ© religieuse et une adhĂ©sion patriotique aveugle, au moyen d'une uniformisation sociale et idĂ©ologique des Espagnols obtenue par la propagande et la revalorisation des auteurs classiques. Ă lâinstar de MenĂ©ndez Pelayo, Sainz RodrĂguez considĂ©rait que le catholicisme Ă©tait la principale garantie de cohĂ©sion des diverses populations et rĂ©gions dâEspagne.
Sous la dictature de Primo de Rivera, il fit figure dâopposant modĂ©rĂ©, critiquant notamment la politique trop centralisatrice du pouvoir militaire et sâinsurgeant en 1924 contre la destitution et lâexil dâUnamuno et dâautres intellectuels. NĂ©anmoins, il intĂ©gra en 1927 lâAssemblĂ©e nationale consultative, oĂč il rĂ©prouva les plans du gouvernement pour lâenseignement moyen (), car contraires Ă ses principes humanistes et civilisationnels et faisant la part trop belle aux savoirs techniques spĂ©cialisĂ©s au dĂ©triment de la culture humaniste. Monarchiste consĂ©quent, estimant que le comportement du dictateur sapait le prestige de la royautĂ©, et constatant le peu de cas qui Ă©tait fait de ses interpellations, il finit par dĂ©missionner en .
AprĂšs la proclamation de la RĂ©publique en 1931, Sainz RodrĂguez fut membre et cofondateur de diffĂ©rents partis et groupements de droite traditionaliste, en particulier du Bloque nacional, favorable Ă la monarchie traditionnelle et dirigĂ©e par Calvo Sotelo, et sut se faire Ă©lire plusieurs fois dĂ©putĂ© monarchiste pour Santander. Il participa au complot en vue du coup dâĂtat de juillet 1936 et, en accord avec lâexigence de lâĂglise de garder la haute main sur lâĂ©ducation et lâenseignement, fut dĂ©signĂ© par Franco en , en pleine Guerre civile, ministre de lâĂducation nationale dans son premier gouvernement. En qualitĂ© de ministre, il Ă©dicta en la Loi rĂ©gulant les Ă©tudes du baccalaurĂ©at, qui visait Ă rĂ©former les habitudes de vie des classes dirigeantes espagnoles dans un sens catholique et traditionaliste, dans lâobjectif gĂ©nĂ©ral de faire advenir lâĂtat traditionnel ancien en restaurant la cohĂ©sion nationale Ă travers une religion commune et un ensemble partagĂ© de rĂ©fĂ©rences Ă une certaine tradition littĂ©raire. Dans le mĂȘme esprit, il fit Ă©diter sous son Ă©gide les Ćuvres complĂštes de MenĂ©ndez Pelayo et pilota aussi lâopĂ©ration de purge du personnel enseignant rĂ©publicain antĂ©rieur.
Peu aprĂšs la fin de la Guerre civile, ses dĂ©saccords croissants avec la politique de Franco dĂ©bouchĂšrent sur sa destitution comme ministre. ImpliquĂ© dans les intrigues monarchistes, et risquant une mesure dâassignation Ă rĂ©sidence, il sâexila en Ă Lisbonne, oĂč il devint lâun de ses conseillers les plus proches du prĂ©tendant au trĂŽne Juan de Bourbon et membre du Conseil privĂ© de celui-ci. Il ne revint en Espagne quâen 1969, pour prendre possession de sa chaire Ă lâuniversitĂ© de Comillas de Madrid.
Jeunes années et formation
Fils et petit-fils de mĂ©decins, Pedro Sainz RodrĂguez vint au monde en 1897 Ă Madrid, rue Barrionuevo (actuelle rue Conde de Romanones, non loin de la Plaza Mayor), au sein dâune famille aisĂ©e. Son grand-pĂšre, originaire dâun village de La Rioja, sâĂ©tait Ă©tabli dans la capitale espagnole pour y exercer la mĂ©decine. Son fils AgustĂn Sainz Espinosa, qui emboĂźta le pas de son pĂšre dans la carriĂšre mĂ©dicale, Ă©pousa PresentaciĂłn RodrĂguez Castillo, native de Santander. Pedro Sainz RodrĂguez Ă©tait le troisiĂšme dâune fratrie comprenant quatre garçons et une fillette mort-nĂ©e[1] - [2] - [note 2].
Son pĂšre nâayant pas confiance dans lâĂ©cole publique de lâĂ©poque, qui changeait sans cesse au grĂ© des politiciens au pouvoir, choisit une Ă©quipe de professeurs, quâil chargea de donner Ă ses fils des cours de littĂ©rature, de sciences, de langues Ă©trangĂšres, de piano etc. Ă son domicile. Câest donc en tant quâĂ©lĂšves libres et Ă la maison quâAntonio, Pedro et Enrique allaient prĂ©parer leur baccalaurĂ©at, sous la direction du bibliophile Justo GarcĂa Soriano, qui Ă lâĂąge de seulement 22 ans sâĂ©tait vu dĂ©cerner des mains du roi Alphonse XIII les Prix Extraordinaires Manuel Rivadeneyra de lâAcadĂ©mie royale espagnole. La frĂ©quentation du jeune professeur Ă©veilla chez Sainz RodrĂguez une telle dilection pour les livres quâil employa toutes ses Ă©conomies Ă se constituer une bibliothĂšque personnelle, laquelle allait sâenrichir au fil du temps jusquâĂ comprendre, au moment oĂč il en fit don Ă la FundaciĂłn Universitaria Española, plus de cinquante mille titres[2]. Sainz RodrĂguez passa ses examens dans les collĂšges San Isidro et Cardenal Cisneros Ă Madrid, oĂč il brilla particuliĂšrement dans les matiĂšres littĂ©raires et impressionna les examinateurs par sa prĂ©cocitĂ© et par son Ă©rudition[2]. Il entreprit ensuite, dĂšs lâĂąge de 16 ans, des Ă©tudes supĂ©rieures littĂ©raires par vocation, et de droit par obligation (suivant les souhaits de son pĂšre), Ă lâuniversitĂ© centrale de Madrid. En 1915, il fonda, et dirigea de fait, la revue universitaire FilosofĂa y Letras[3], publication mensuelle qui eut pour effet de resserrer les liens entre professeurs et Ă©tudiants[2] - [note 3]. La revue Ă©tait fort influencĂ©e par les idĂ©es de MenĂ©ndez Pelayo, par suite de la lecture quâavait faite de son Ćuvre Sainz RodrĂguez et par le magistĂšre du polygraphe de Santander Adolfo Bonilla y San MartĂn, qui avait Ă©tĂ© le disciple le plus notable de MenĂ©ndez Pelayo. Dans les annĂ©es de la Grande Guerre, Sainz RodrĂguez se montra « plus proche, par son Ă©ducation, ses amitiĂ©s et ses idĂ©es » de la tendance « germanophile »[4]. Il Ă©tait prĂ©sident de lâAssociation des Ă©tudiants en philosophie et lettres et de la FĂ©dĂ©ration nationale des Ă©tudiants, auquel titre il assista en reprĂ©sentation de lâEspagne au CongrĂšs des associations dâĂ©tudiants rĂ©uni Ă Strasbourg. Il obtint son doctorat en philosophie et lettres Ă lâuniversitĂ© Centrale, avec mention trĂšs bien (premio extraordinario), avec une thĂšse sur BartolomĂ© JosĂ© Gallardo, bibliophile et Ă©rudit estrĂ©mĂšgne du XIXe siĂšcle[2]. En compagnie de son professeur Adolfo Bonilla, il visita la bibliothĂšque de MenĂ©ndez Pelayo, quand celle-ci nâavait pas encore Ă©tĂ© ouverte au public, se promena en landau par la rue Ancha de San Bernardo, et dialogua avec lui sur des sujets littĂ©raires dans le CafĂ© Suizo ou au Lion dâOr, montrant une Ă©rudition telle quâAdolfo Bonilla lâappelait le « successeur de MenĂ©ndez Pelayo »[2]. Cependant, quand on se penche sur sa premiĂšre formation intellectuelle, il apparaĂźt que les auteurs de la GĂ©nĂ©ration de 98 nây eurent aucun rĂŽle, sinon un rĂŽle tout Ă fait mineur ; bien plutĂŽt, Sainz RodrĂguez lui-mĂȘme se considĂ©rait comme lâhĂ©ritier des critiques dix-neuviĂ©mistes immĂ©diatement antĂ©rieurs, en particulier de MenĂ©ndez Pelayo et, accessoirement, de Juan Valera, et du reste ne commença Ă frayer avec Unamuno, Maeztu, AzorĂn et MenĂ©ndez Pidal quâĂ partir des annĂ©es 1920, et il ne fait pas de doute que pour Sainz RodrĂguez la relation entre lui et eux en Ă©tait une dâĂ©gal Ă Ă©gal, sans quâil leur ait reconnu aucune autoritĂ© de maĂźtre Ă disciple[5].
Ă Madrid, il sâengagea assidĂ»ment dans les missions de lâinstitution culturelle madrilĂšne privĂ©e Ateneo, oĂč il remplit la charge de bibliothĂ©caire et de secrĂ©taire de la section des sciences historiques, et ou il lui fut donnĂ© de frĂ©quenter le Comte de Romanones lorsque celui-ci en Ă©tait prĂ©sident.
CarriĂšre universitaire et influences intellectuelles
En 1920, Ă lâĂąge dâĂ peine 23 ans, il devint, sur concours, titulaire de la chaire de Langue et LittĂ©rature espagnoles Ă lâuniversitĂ© d'Oviedo, aprĂšs avoir Ă©tonnĂ© son auditoire par son Ă©rudition. (Selon ce quâil raconte lui-mĂȘme dans son autobiographie, il avait depuis ses quatorze ans la curieuse distraction dâassister Ă Madrid aux concours de titularisation de chaires de lâuniversitĂ© et de lâInstitut, ce qui lui avait permis dâacquĂ©rir les habilitĂ©s nĂ©cessaires, dont il usa en temps opportun.)[6] Ă Oviedo, son cours inaugural de lâannĂ©e universitaire 1921-1922 avait pour titre « La obra de ClarĂn » (littĂ©r. « lâĆuvre de ClarĂn »). Il fut plus tard dĂ©signĂ© doyen de la facultĂ© de philosophie et lettres et connut alors le futur gĂ©nĂ©ral Franco, avec qui il se lia dâamitiĂ©[7] - [8].
En , il fut nommĂ© aprĂšs concours professeur titulaire de la chaire de bibliologie de lâuniversitĂ© Centrale de Madrid[9], Ă la suite de quoi, pour fĂȘter sa nomination et lui rendre hommage, prĂšs dâune centaine de professeurs dâuniversitĂ© et dâamis se rĂ©unirent le au restaurant Molinero[2]. Dans son fameux discours, prononcĂ© Ă lâoccasion de lâouverture du cursus universitaire 1924-1925 et intitulĂ© « EvoluciĂłn de las ideas sobre la decadencia española » (littĂ©r. Ăvolution des idĂ©es sur la dĂ©cadence espagnole), il exposa ses vues sur lâapport des Ă©crivains fin de siĂšcle Ă la culture espagnole, oĂč lâon relĂšve que SĂĄinz RodrĂguez nâĂ©tait intĂ©ressĂ© ni par les commentaires dâAzorĂn sur Montaigne, ni par les invectives de Baroja contre la « mesquinerie » (roña) des peuples dâEspagne, ni par la spiritualitĂ© singuliĂšre de ValleâInclĂĄn ; la partie de la GĂ©nĂ©ration de 98 qui, au contraire, lâinterpellait Ă©tait celle qui sâalimentait directement de Costa et de Giner de los RĂos, câest-Ă -dire dâun discours tendant Ă privilĂ©gier et Ă sâimmerger dans ce qui est essentiellement hispanique et mettant en avant une vision de lâhistoire de lâEspagne Ă©purĂ©e de toute distorsion Ă©trangĂšre. Sainz RodrĂguez sâĂ©tait bien avisĂ© que les textes les plus dĂ©terminants dâUnamuno, de Maeztu ou dâAzorĂn sont ceux qui, concomitamment Ă la demande dâeuropĂ©anisation, sâappliquent Ă revaloriser les classiques espagnols, en leur confĂ©rant un sens historique bien dĂ©fini[10].
Ce que Sainz RodrĂguez se dĂ©solait de ne plus voir en Espagne et qui aurait existĂ© au bas Moyen Ăge et dans les temps de la Contre-RĂ©forme, câĂ©tait lâunitĂ© du peuple espagnol et lâunanimitĂ© de ses aspirations sociales et religieuses. Son objectif dĂšs lors Ă©tait de parvenir Ă reconstruire une unanimitĂ© de sentiment, brisĂ©e pendant le siĂšcle des LumiĂšres, et une adhĂ©sion patriotique acritique, en sâappuyant sur une uniformisation sociale et idĂ©ologique des Espagnols au moyen de la propagande et de lâĂ©tude consciencieuse des auteurs classiques. LâEspagne, selon Sainz RodrĂguez, nâĂ©tait rĂ©ellement entrĂ©e dans une phase de dĂ©cadence et de prostration morale quâĂ partir du moment oĂč fut dĂ©finitivement rompue lâunitĂ© religieuse des Espagnols, laquelle unitĂ© faisait du roi aussi bien que du dernier des mendiants espagnols les piĂšces irremplaçables du tissu qui constitue la personnalitĂ© historique dâune nation. Ainsi Sainz RodrĂguez emboĂźtait-il le pas Ă MenĂ©ndez Pelayo, qui considĂ©rait que, face Ă la prĂ©sence en Espagne dâun incontestable pluralisme culturel remontant au Moyen Ăge, le catholicisme Ă©tait la principale garantie de cohĂ©sion des populations et des rĂ©gions dâEspagne. Câest pourquoi Ă©galement Sainz RodrĂguez sâĂ©vertua, dans son discours de 1924, de dĂ©peindre les Ă©pisodes de lâhistoire espagnole, y compris les plus discutables (tels que la conquĂȘte de lâAmĂ©rique et lâInquisition), comme des opĂ©rations institutionnelles des plus populaires (« popularĂsimas »), trouvant leur origine directe dans les ordres et les classes infĂ©rieurs de la population et bĂ©nĂ©ficiant de leur adhĂ©sion aveugle et « inĂ©branlable », alors quâĂ lâinverse, et surtout Ă partir de lâencyclopĂ©disme, toute rĂ©vision critique de la religiositĂ© officielle en Espagne fut lâĆuvre dâune camarilla de rancuneux (« resentidos »), dâune « minoritĂ© intellectuelle » sans assise rĂ©elle ni dans le peuple, ni dans le pays[11].
Activité politique et intellectuelle
Sous la dictature de Primo de Rivera
Sainz RodrĂguez Ă©tait lâauteur et le premier signataire du manifeste des Ă©crivains castillans pour la dĂ©fense de la langue catalane, qui fut contresignĂ© par 120 intellectuels connus opposĂ©s Ă la politique trop centralisatrice du Directoire militaire, puis remis Ă Primo de Rivera le [2] - [note 4]. Cette action, et surtout son discours dâouverture (Ă©voquĂ© ci-haut) de lâannĂ©e universitaire 1924-1925 traitant des diffĂ©rentes conceptions de la dĂ©cadence espagnole, lui valurent une soudaine notoriĂ©tĂ© et une aurĂ©ole dâopposant modĂ©rĂ© Ă la dictature de Primo de Rivera. Sainz RodrĂguez en effet se montrait critique vis-Ă -vis de la politique menĂ©e par le pouvoir militaire, qui se proposait gaillardement de rĂ©soudre les problĂšmes de lâEspagne en 90 jours ; en particulier, il sâĂ©leva contre le gouvernement militaire lorsque celui-ci eut publiĂ© lâOrdre royal du destituant de leurs fonction Unamuno et dâautres intellectuels, et les condamnant Ă lâexil. Ayant exposĂ© ses idĂ©es sur la dĂ©cadence espagnole en plein Directoire militaire, il passait aux yeux de la majoritĂ© pour le porte-parole de la conscience collective des intellectuels[2]. NĂ©anmoins, dans la premiĂšre phase du Directoire civil, ses dons dâĂ©crivain et de chercheur reçurent la reconnaissance officielle sous la forme de lâoctroi, en 1926, du Prix national de littĂ©rature (Premio Nacional de Literatura) pour son ouvrage IntroducciĂłn a la Historia de la Literatura MĂstica en España, Ă©ditĂ© lâannĂ©e suivante, prix quâil dut partager avec Manuel Azaña, couronnĂ© lui aussi, pour ses travaux sur Juan Valera[12]. En outre, lorsque le dictateur convoqua en 1927 lâAssemblĂ©e nationale consultative, dans le but de donner une continuitĂ© institutionnelle Ă son rĂ©gime, il dĂ©signa Sainz RodrĂguez comme lâun des membres de ladite assemblĂ©e. Au sein de cet organisme, il sâemploya, de concert avec une vingtaine dâautres enseignants dâuniversitĂ©, Ă dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts culturels du pays[2], critiquant notamment le Ă lâassemblĂ©e le projet de dĂ©cret sur le Nouveau Plan pour lâenseignement moyen, promulguĂ© le et rĂ©prouvĂ© par lui au regard de ses principes humanistes et culturels. Dans le discours quâil prononça Ă cette occasion, il souligna que les mesures seraient trĂšs impopulaires et quâil Ă©tait insensĂ© dâobliger un enfant de douze ans Ă dĂ©cider sâil allait suivre un baccalaurĂ©at scientifique ou de sciences humaines. Cette critique de lâaction du ministre Callejo fait figure de prĂ©ambule Ă sa propre loi de 1938, que sous-tendait lâidĂ©e fondamentale de lâinanitĂ© des connaissances techniques spĂ©cialisĂ©es avant que lâĂ©lĂšve nâait rĂ©ussi Ă acquĂ©rir une culture humaniste satisfaisante[13]. Dâautre part et de façon gĂ©nĂ©rale, Sainz RodrĂguez sâopposait au dictateur Primo de Rivera en raison dâun positionnement monarchiste cohĂ©rent, Sainz RodrĂguez estimant que le comportement du dictateur minait le prestige de la Couronne et de la royautĂ© incarnĂ©e par Alphonse XIII, institutions quâil considĂ©rait comme les vĂ©ritables points dâarticulation de la communion entre tous les Espagnols. Aussi fut-il lâun des instigateurs de la Liga DemocrĂĄtica, fondĂ©e en opposition au parti officiel UniĂłn PatriĂłtica[14]. AffectĂ© par les sanctions prises Ă lâencontre de lâuniversitĂ© et par le peu de cas qui Ă©tait fait de ses interpellations Ă lâassemblĂ©e, il finit en par prĂ©senter sa dĂ©mission ; Ă ses dĂ©saccords avec la politique Ă©ducative de la dictature sâĂ©tait ajoutĂ©e, comme Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur, la fermeture de lâuniversitĂ© centrale de Madrid[15], dĂ©cidĂ©e par le pouvoir afin de prĂ©venir toute manifestation de lâopposition Ă©tudiante[13].
Entre-temps, il avait fondĂ© en 1927, avec Ignacio Bauer et Manuel Luis Ortega, la maison d'Ă©dition CompañĂa Ibero-Americana de Publicaciones (sigle CIAP), dont il assuma la direction littĂ©raire, rĂ©alisant Ă ce titre un notable travail dâĂ©diteur, jusquâĂ la faillite de lâentreprise. Entre autres initiatives, il crĂ©a la Biblioteca de ClĂĄsicos Olvidados (littĂ©r. BibliothĂšque des classiques oubliĂ©s). Lorsque la CIAP fit acquisition en 1929 de la revue La Gaceta Literaria, ce fut lui qui en devint le conseiller et le directeur, aux cĂŽtĂ©s dâErnesto GimĂ©nez Caballero[16] - [2]. Vers la fin , su nom apparaissait dans la presse comme possible ministre de lâInstruction publique dans le cabinet ministĂ©riel quâĂ©tait en train de former le gĂ©nĂ©ral Berenguer aprĂšs la dĂ©mission de Primo de Rivera, information qui resta toutefois Ă l'Ă©tat de rumeur[17].
Sous la DeuxiĂšme RĂ©publique
Aux Ă©lections de juin 1931, convoquĂ©es aprĂšs la proclamation de la Seconde RĂ©publique, Sainz RodrĂguez rĂ©ussit Ă se faire Ă©lire dĂ©putĂ© pour la circonscription de Santander[18], sous lâĂ©tiquette de lâAgrupaciĂłn Regional Independiente, politiquement situĂ©e Ă droite, recueillant 22 490 suffrages (sur un effectif de 84 082 Ă©lecteurs, desquels 64 755 avaient exprimĂ© leur vote)[19]. Il se rangea dans la minoritĂ© agraire et sâopposa au projet de constitution rĂ©publicaine, par un discours de critique dâensemble quâil prononça le [note 5].
Sainz RodrĂguez Ă©tait un membre Ă©minent du groupe dâintellectuels contre-rĂ©volutionnaires AcciĂłn Española, et ce dĂšs sa fondation par Ramiro de Maeztu et Eugenio Vegas LatapiĂ© fin 1931 ; sâil nâa guĂšre collaborĂ© Ă la revue homonyme, il dĂ©ploya en revanche une activitĂ© trĂšs notable comme orateur et confĂ©rencier[20]. Il milita ensuite dans le parti RĂ©novation espagnole, sitĂŽt que le parti eut Ă©tĂ© fondĂ© en fĂ©vrier 1933, lorsquâun groupe dâillustres monarchistes alfonsins, emmenĂ©s par Antonio Goicoechea, eut fait sĂ©cession dâAcciĂłn Popular. Ce parti, peu tolĂ©rant, Ă lâinstar dâAcciĂłn Española, prĂŽnait la monarchie traditionnelle et la conscience catholique telles que thĂ©orisĂ©es dans les Ă©crits de MenĂ©ndez Pelayo et de VĂĄzquez de Mella[2]. Sainz RodrĂguez fut Ă nouveau Ă©lu dĂ©putĂ©, Ă©galement pour Santander, Ă lâĂ©lection de novembre 1933[21], et aprĂšs lâĂ©lection de fĂ©vrier 1936 siĂ©gea de nouveau comme dĂ©putĂ© monarchiste, une fois encore pour la circonscription de Santander.
Il fut aussi le cofondateur vers la mĂȘme Ă©poque de la Sociedad AnĂłnima de Enseñanza Libre (littĂ©r. SociĂ©tĂ© anonyme de lâenseignement libre, sigle SADEL), qui sâĂ©tait assignĂ© pour objectif dâobtenir que lâenseignement par les ordres religieux soit protĂ©gĂ© lĂ©galement, et, en tant que dĂ©putĂ©, dĂ©fendit lâenseignement confessionnel. Il favorisa lâunion des partis de droite et crĂ©a en 1934, lorsque JosĂ© Calvo Sotelo revint dâexil, le Bloque Nacional[22] - [2].
Guerre civile
SoulĂšvement de juillet 1936
Conspirateur de longue date, il aida Ă tramer le complot Ă lâorigine du soulĂšvement militaire de juillet 1936, travaillant en particulier comme agent de liaison avec le gĂ©nĂ©ral JosĂ© Sanjurjo. Par les recherches de lâhistorien Ăngel Viñas, qui dĂ©couvrit en 2013 quatre contrats dans les archives de la FundaciĂłn Universitaria Española, oĂč sont conservĂ©s les documents personnels de Sainz RodrĂguez, il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que le , celui-ci signa plusieurs contrats avec la sociĂ©tĂ© italienne de construction aĂ©ronautique SIAI-Marchetti pour lâacquisition de 40 appareils italiens modernes â bombardiers, avions de chasse et hydravions â, en plus de milliers de bombes, dâessence Ă©thylĂ©e, de mitrailleuses et de projectiles, qui allaient ĂȘtre utilisĂ©s lors du soulĂšvement[23].
Dans ses mĂ©moires, Sainz RodrĂguez â avec un cynisme politique et moral dĂ©concertant, estime l'historien Julio ArĂłstegui â impute Ă la RĂ©publique la responsabilitĂ© de la Guerre civile, pour sâĂȘtre Ă©vertuĂ© Ă rĂ©sister au coup dâĂtat de juillet et de ne pas sâĂȘtre dâemblĂ©e donnĂ©e pour vaincue[24]. Selon Sainz RodrĂguez, le putsch aurait pu rester « limitĂ© Ă ce rien-de-plus, sans nĂ©cessitĂ© dâune guerre de trois ans pour liquider le problĂšme », nâeĂ»t Ă©tĂ© « lâintransigeance des rĂ©publicains, qui prĂ©fĂ©rĂšrent jeter lâEspagne dans un conflit sanglant, quitte Ă sacrifier le rĂ©gime [...]. La RĂ©publique prĂ©fĂ©ra lancer la nation dans une guerre plutĂŽt que de se donner pour vaincue »[25].
Ministre de lâĂducation nationale (janvier 1938-avril 1939)
Sainz RodrĂguez, qui avait dĂ©ployĂ© des activitĂ©s conspiratrices fĂ©briles depuis 1932, apporta son appui au soulĂšvement de juillet 1936, escomptant que serait instaurĂ© en Espagne un Ătat modĂ©rĂ© qui se mettrait en demeure de redresser la politique anti-traditionnaliste de la RĂ©publique, et nâenvisageant aucunement lâavĂšnement dâune dictature de quarante ans oĂč un gĂ©nĂ©ral sâautoriserait à « instituer », au lieu de « restaurer », la monarchie en Espagne[26].
En , Sainz RodrĂguez fut nommĂ© DĂ©lĂ©guĂ© national Ă lâĂducation et Ă la Culture, puis, en octobre de la mĂȘme annĂ©e, membre du premier Conseil national du nouveau parti unique FET y de las JONS[27]. Ces nominations prĂ©ludaient Ă sa participation en au premier gouvernement de Franco, oĂč il se vit confier le portefeuille de lâInstruction publique, lequel passa par la suite, Ă son instigation, Ă sâappeler ministĂšre de lâĂducation nationale[28] - [29]. La composition de ce premier gouvernement franquiste devait incarner lâĂ©quilibre entre les factions du camp nationaliste, lâĂglise ayant exigĂ© en lâoccurrence, pour salaire de son appui Ă Franco lors du soulĂšvement, la mainmise sur le domaine quâelle considĂ©rait comme Ă©tant traditionnellement le sien, Ă savoir lâĂ©ducation et lâenseignement. La Phalange pour sa part, en tant que parti unique, allait sâefforcer de sâimposer par le biais de la presse et des autres mĂ©dias de masse. De lĂ vient la rĂ©partition des compĂ©tences dans cette premiĂšre Ă©quipe gouvernementale : au ministĂšre de lâIntĂ©rieur (Services nationaux de Presse et de Propagande), les phalangistes ; dans celui de lâĂducation, les monarchistes dâAcciĂłn Española, avec SĂĄinz RodrĂguez Ă sa tĂȘte, sous la surveillance sourcilleuse du cardinal GomĂĄ, primat dâEspagne. PrĂ©alablement, dans le dĂ©sir (non exaucĂ©) de sâassurer de la non-ingĂ©rence phalangiste dans la sphĂšre Ă©ducative, SĂĄinz RodrĂguez avait Ă©tĂ© nommĂ© dĂ©lĂ©guĂ© national Ă la Culture et Ă lâEnseignement de la FET y de las JONS, fonction Ă partir de laquelle, comme lui-mĂȘme devait lâaffirmer, « rien ne se faisait »[30]. AprĂšs la conclusion de lâaccord culturel hispano-allemand en , lequel « affligea profondĂ©ment » le pape Pie XI, car cela Ă©quivalait selon lui à « une humiliation de la conscience catholique espagnole », le cardinal GomĂĄ, se faisant le relais du souverain pontife, protesta auprĂšs de Sainz RodrĂguez, qui en retour lui donna toutes les garanties attendues en lui assurant que lâidĂ©ologie nazie Ă©tait incompatible avec la doctrine officielle de lâEspagne[31].
Son mandat ministĂ©riel dura quatorze mois Ă peine, jusquâĂ son limogeage dĂ©cidĂ© en et avalisĂ© par le remaniement gouvernemental de dĂ©but . Il Ă©tablit le siĂšge de son ministĂšre Ă Vitoria et le rĂ©organisa autour des services suivants : Enseignement supĂ©rieur et moyen, Enseignement primaire, Enseignement professionnel et technique, et Beaux-arts. Il choisit pour sous-secrĂ©taire Alfonso GarcĂa Valdecasas[32].
Dans le but de promouvoir les Ă©tudes classiques en Espagne, il fit promulguer le la Loi rĂ©gulant les Ă©tudes du baccalaurĂ©at dâorientation classique et humaniste (en espagnol Ley reguladora de los estudios de bachillerato de orientaciĂłn clĂĄsica y humanĂstica)[2], qui visait Ă rĂ©former les habitudes de vie des classes dirigeantes espagnoles dans un sens catholique et traditionaliste. Par cette loi, la mystique devait trouver sa traduction sur le plan juridique et façonner Ă nouveau les mĆurs de la jeunesse, afin de faire advenir lâĂtat ancien, celui traditionnel, le seul que Sainz RodrĂguez considĂ©rait vĂ©ritablement espagnol et le seul qui mĂ©rite le qualificatif de « national »[26]. Pour y parvenir, il fallait Ă©viter quâau moment oĂč lâĂ©lĂšvĂ© entame son baccalaurĂ©at la formation technique ne vienne accaparer les programmes scolaires centralisĂ©s, ce pourquoi Sainz RodrĂguez, ainsi quâil lâexplique dans ses mĂ©moires, se mit en devoir de dĂ©centraliser les options Ă©ducatives en faveur de la libertĂ© pour les familles de modeler Ă leur grĂ© lâinstruction de leurs enfants, câest-Ă -dire dâempĂȘcher lâĂtat de sâimmiscer dans lâĂ©ducation religieuse des classes reprĂ©sentĂ©es par la droite politique. Ă cette volontĂ© de sauvegarde de la catholicitĂ©, le ministre Sainz RodrĂguez donna corps en renforçant les humanitĂ©s dans un baccalaurĂ©at quâil voulait « formatif, classique, cyclique, et prĂ©alable obligĂ© Ă lâenseignement supĂ©rieur universitaire » â formatif, car dispensant les matiĂšres fondamentales que devait maĂźtriser le citoyen cultivĂ© ; classique, car rĂ©pondant Ă la nĂ©cessitĂ© de connaĂźtre le grec ancien, le latin et lâhistoire dâEspagne ; cyclique, car conçu comme une expansion annĂ©e aprĂšs annĂ©e des thĂšmes de lâannĂ©e antĂ©rieure ; et obligatoire, car il dĂ©finissait les caractĂ©ristiques que devait possĂ©der tout candidat aspirant Ă poursuivre des Ă©tudes supĂ©rieures[26]. Lâobjectif gĂ©nĂ©ral de Sainz RodrĂguez Ă©tait de rĂ©aliser lâunion de tous les Espagnols Ă travers une religion commune, complĂ©tĂ©e par un ensemble de rĂ©fĂ©rences partagĂ©es propres Ă consolider la cohĂ©sion nationale par lâidentification Ă une tradition littĂ©raire dĂ©terminĂ©e[33]. Ă cette mĂȘme fin, il recommandait par dĂ©cret certaines Ćuvres littĂ©raires Ă lâintention de toutes les bibliothĂšques et Ă©coles dâEspagne, dont symptomatiquement El muchacho español de JosĂ© MarĂa SalaverrĂa[34]. Son plan pour le baccalaurĂ©at allait rester en vigueur pendant de longues annĂ©es[2] - [note 6].
Toujours dans le cadre de ses fonctions de ministre, il crĂ©a la Direction des archives, des bibliothĂšques et du registre de la propriĂ©tĂ© intellectuelle au sein du ministĂšre de lâĂducation nationale ; fonda et organisa, en sa qualitĂ© de vice-prĂ©sident, lâInstituto de España, dont Ă©taient membres les acadĂ©miciens des diffĂ©rentes AcadĂ©mies royales, « rĂ©unis en Corporation nationale au titre de SĂ©nat de la culture espagnole » ; donna le jour en 1939 Ă lâordre d'Alphonse X le Sage, destinĂ© Ă rĂ©compenser ceux qui se seront distinguĂ©s dans les sciences, les arts, lâenseignement ou se seront particuliĂšrement dĂ©vouĂ©s aux intĂ©rĂȘts culturels espagnols[2]. Depuis son ministĂšre de lâĂducation nationale, il pilota tout le processus de purge et dâĂ©puration du systĂšme Ă©ducatif rĂ©publicain, lequel processus englobait toutes les sphĂšres de lâenseignement et du professorat (universitaire, secondaire et primaire) et fut une opĂ©ration de longue haleine â lâensemble du processus ne sera en effet dĂ©clarĂ© clĂŽturĂ© qu'en 1944 â, mais que Sainz RodrĂguez pourtant omet de mentionner dans ses mĂ©moires. Il publia Ă cette fin un Ordre du ministĂšre de lâĂducation nationale en date du dĂ©finissant le cadre des activitĂ©s des commissions dâĂ©puration et fixant le fonctionnement de lâappareil administratif appelĂ© Ă contrĂŽler et Ă centraliser lâensemble du processus afin de lui donner un caractĂšre plus homogĂšne ; il mit en place une Officine technico-administrative avec rang de Section spĂ©ciale chargĂ©e de la mise en Ćuvre procĂ©durale des ressources et de la constitution des dossiers dans le cadre de lâĂ©puration du personnel enseignant ; et ultĂ©rieurement, par Ordre ministĂ©riel du , il mit sur pied la Commission spĂ©ciale de sentence (ComisiĂłn Especial Dictaminadora). . Cependant, dans ses mĂ©moires, il Ă©crit, comparant sa propre attitude avec celle de Franco signant des peines de mort dâune façon quâil nomme « professionnelle » (c'est-Ă -dire en accord avec sa mentalitĂ© militaire) : « Quant Ă moi, quand il me fallait sanctionner un fonctionnaire pour tel ou tel motif, je passais la nuit prĂ©occupĂ©, songeant au prĂ©judice que cela pourrait lui causer »[35] - [note 7].
Sous son Ă©gide furent Ă©ditĂ©es les Ćuvres complĂštes de MenĂ©ndez Pelayo (1938, Ă©dition connue sous le nom dâ« Ădition nationale »), auteur de qui Sainz RodrĂguez Ă©tait un grand spĂ©cialiste. En 1939, il prĂ©senta son Projet de loi portant rĂ©forme de lâuniversitĂ©[36], loi dont nombre des principes qui la sous-tendaient sâinspiraient des idĂ©es de MenĂ©ndez Pelayo[37]. Comme directeur littĂ©raire de la maison dâĂ©dition CIAP, il avait dirigĂ© la collection populaire La Novela de Hoy (littĂ©r. le Roman dâaujourdâhui), oĂč virent le jour dans ces annĂ©es-lĂ quelques-uns des romans de SalaverrĂa : El planeta prodigioso (1929), La hija del saltimbanqui (1929), El Desdeñoso (1930), El revĂłlver cargado (1931) et Una aventura en el tren (1931). Sainz RodrĂguez et lâĂ©crivain Ă©taient liĂ©s par une commune aspiration Ă extirper la pornographie (ainsi que tout type de frasque sensuelle) hors des collections populaires de prose narrative vendues alors dans les kiosques Ă tous les coins de rue en Espagne[38].
Conspirateur monarchiste
En dĂ©pit de lâamitiĂ© qui dĂšs sa jeunesse lâavait liĂ© au Caudillo, Sainz RodrĂguez tomba bientĂŽt en dĂ©saccord avec sa politique, refusant en particulier de souscrire Ă la Loi sur la franc-maçonnerie et le communisme, en consĂ©quence de quoi il fut Ă©cartĂ© de son poste de ministre peu aprĂšs la fin de la Guerre civile[39] - [40] - [note 8]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans un Ătat espagnol alors favorable Ă lâAllemagne (« germanophile »), Sainz RodrĂguez adopta au contraire un positionnement favorable aux AlliĂ©s (« aliadophile »), qu'il prĂ©sumait plus propice Ă la restauration de la monarchie en Espagne[2]. De fait, le prĂ©tendant Ă la couronne dâEspagne Juan de Bourbon, pĂšre du prince Juan Carlos, se rapprocha de la Grande-Bretagne et conçut avec les Britanniques un plan oĂč les AlliĂ©s, avec lâaide des monarchistes espagnols, envahiraient les Canaries et proclameraient sous la direction de don Juan un gouvernement provisoire de rĂ©conciliation nationale, plan qui aurait bĂ©nĂ©ficiĂ© de lâaccord de Sainz RodrĂguez, de KindelĂĄn, dâAranda, et du capitaine gĂ©nĂ©ral des Canaries GarcĂa EscĂĄmez. Franco cependant en eut vent[41], et Sainz RodrĂguez, redoutant de tomber sous le coup dâune mesure de confinement dans les Canaries[2], sâĂ©chappa et Ă©lut domicile en Ă Lisbonne. Quand Juan de Bourbon se fixa Ă son tour Ă Estoril, non loin de la capitale portugaise, Sainz RodrĂguez devint lâun de ses conseillers les plus proches. Membre du Conseil privĂ© du comte de Barcelone[42] - [note 9], il fut chargĂ© de prĂ©parer plusieurs des entrevues entre celui-ci et Franco[37] - [43], et don Juan avait coutume de soumettre Ă son approbation ses dĂ©cisions majeures, notamment son Manifeste de Lausanne de [39]. Sainz RodrĂguez traita avec des personnalitĂ©s politiques du gouvernement de Salazar, entretenait des liens dâamitiĂ© avec Manuel Gonçalves Cerejeira, sans cesser pour autant de sâadonner Ă ses incessantes recherches dans le domaine de la critique littĂ©raire, de lâexpĂ©rience mystique et de la spiritualitĂ©[2].
Au dĂ©but de la guerre, Sainz RodrĂguez reçut la visite dâun groupe dâofficiels allemands dĂ©sireux de parlementer avec lui et sachant quâil Ă©tait un personnage clef pour amorcer une relation de quelque nature que ce soit avec le prĂ©tendant au trĂŽne dâEspagne Juan de Bourbon. Sainz RodrĂguez a commentĂ© comme suit cette visite :
« Dans un chalet situĂ© derriĂšre le bĂątiment du golf dâEstoril â qui plus tard allait ĂȘtre pris en location par le comte de Barcelone [= Juan de Bourbon] et qui aujourdâhui sâappelle âVilla Giraldaâ â, je dĂ©jeunai avec un groupe dâAllemands, dont un parmi eux mâĂ©tait connu comme attachĂ© de lâambassade de Madrid, sâappelait Gardeman et Ă©tait, dâaprĂšs ce qui se disait, lâun des chefs du parti nazi en Espagne. Il vint accompagnĂ© de deux fonctionnaires de lâambassade ou de la lĂ©gation allemande Ă Lisbonne et de deux autres personnages qui se prĂ©sentĂšrent comme reprĂ©sentants de Goering et du ministre des Affaires Ă©trangĂšres dâAllemagne, Ribbentrop.
Nous parlons de la marche de la guerre, de lâavenir politique de la PĂ©ninsule [IbĂ©rique], de la situation en Espagne Ă ce moment-là ⊠Je crois que câĂ©tait Ă lâĂ©poque oĂč Serrano Suñer avait Ă©tĂ© limogĂ© comme collaborateur politique de Franco, cependant nous ne parlons nullement de Serrano. LĂ oĂč ils voulaient uniquement en venir Ă©tait de me suggĂ©rer lâopportunitĂ© de ce que la future monarchie espagnole soit en bonne entente avec lâAllemagne et, Ă la fin, en vinrent Ă me proposer clairement et catĂ©goriquement que si don Juan de Bourbon parvenait Ă un accord avec eux, lâAllemagne serait disposĂ©e Ă accĂ©lĂ©rer les choses en imposant la restauration immĂ©diate de don Juan de Bourbon comme roi dâEspagne.
Je communiquai tout cela Ă don Juan et, bien sĂ»r, je ne mâĂ©tais pas trompĂ©. Il avait vu dâemblĂ©e avec une Ă©norme rĂ©pugnance lâhypothĂšse quâune puissance Ă©trangĂšre intervienne dans sa restauration[39]. »
Ce ne fut quâen 1969, en vue de prendre possession de sa chaire Ă lâuniversitĂ© de Comillas Ă Madrid, quâil retourna enfin en Espagne. Dans ses mĂ©moires, il donna pour motif ou comme prĂ©texte de ce retard la pĂ©nible perspective dâun dĂ©mĂ©nagement de sa copieuse bibliothĂšque personnelle, dont le poids, si lâon en croit ces mĂ©moires, sâĂ©levait Ă douze tonnes et comprenait plus de vingt mille volumes. Comme on avait omis jusque-lĂ de publier la correspondance dans lâ« Ădition nationale » des Ćuvres de MenĂ©ndez Pelayo, Sainz RodrĂguez entreprit, plus de quarante ans plus tard, alors que la monarchie bourbonienne avait Ă©tĂ© enfin restaurĂ©e, et en sa qualitĂ© de Patron-Directeur de la FundaciĂłn Universitaria Española, lâĂ©dition intĂ©grale et dĂ©finitive de ladite correspondance, dont fut chargĂ© Manuel Revuelta Sañudo, directeur de la BibliothĂšque de MenĂ©ndez Pelayo. Entre 1982 et 1990 parurent 22 volumes de correspondance (tous sous les auspices de la FundaciĂłn Universitaria Española, de Madrid), que vint complĂ©ter en 1991 un volume 23 contenant les index, dont un des destinataires et un thĂ©matique, pour un total de 15 299 lettres Ă et de MenĂ©ndez Pelayo[39].
Académicien
Sainz RodrĂguez Ă©tait membre de lâAcadĂ©mie royale espagnole et de lâAcadĂ©mie royale d'histoire. Titulaire d'un fauteuil dans cette derniĂšre depuis 1940, il ne fut cependant pas en mesure, en raison de son exil au Portugal, de prononcer son discours dâentrĂ©e avant [37]. Un ensemble de circonstances a fait que quelques-uns de ses travaux sur AndrĂ©s Burriel, Ă©rudit des LumiĂšres espagnoles, se sont perdus.
Il sâĂ©teignit en Ă son domicile du numĂ©ro 58 de lâavenida de AmĂ©rica Ă Madrid, des suites dâun arrĂȘt cardiaque[37].
Notes et références
Notes
- Si, en accord avec la norme orthographique moderne, le patronyme Sainz sâĂ©crit dâordinaire sans accent aujourdâhui en Espagne, Sainz RodrĂguez lui-mĂȘme cependant signait ses ouvrages avec un accent sur le a : SĂĄinz, et certains auteurs retiennent encore cette graphie. Cf. A. Navarra Ordoño (2013), p. 377.
- Ses frĂšres Ă©taient : AgustĂn, qui allait faire des Ă©tudes de droit ; Enrique Norberto, mort dans un accident de chasse ; et Antonio, licenciĂ© en mĂ©decine et chirurgie. Cf. J. Escribano HernĂĄndez (2018).
- Ă cette revue collaboraient de jeunes Ă©tudiants qui allaient par la suite connaĂźtre la notoriĂ©tĂ© dans diffĂ©rentes sphĂšres du monde de la culture, tels que Juan de Contreras (futur marquis de Lozoya), Luis Morales Oliver, JosĂ© AntĂłn Oneca, Cayetano AlcĂĄzar et Ernesto GimĂ©nez Caballero. Le poĂšte Vicente Aleixandre, sâil ne vint jamais Ă contribuer Ă la revue, Ă©tait liĂ© au groupe Ă©ditorial qui la publiait.
- Le manifeste se trouve reproduit in extenso, avec mention de tous ses signataires, dans (es) Joaquim Ventalló i Vergés, Los intelectuales castellanos y Cataluña, Barcelone, Gualba Edicions, , 140 p. (ISBN 978-8471361554), p. 21-25.
- Discours quâil reproduit intĂ©gralement dans son autobiographie, cf. P. Sainz RodrĂguez (1978), p. 363-369.
- Ă titre dâexemple, voici le dĂ©cret Ă©dictĂ© par SĂĄinz RodrĂguez en , en pleine Guerre civile.
JOSĂ MARĂA SALAVERRĂA « El muchacho español » DĂCRET DU MINISTĂRE DE LâĂDUCATION Eu Ă©gard aux Ă©minentes qualitĂ©s rĂ©unies dans lâĆuvre de lâillustre Ă©crivain don JosĂ© MarĂa SalaverrĂa intitulĂ©e « El muchacho español », par sa puretĂ© de langue, par la beautĂ© de son style et par son propos rĂ©ussi dâexalter les valeurs religieuses, morales et patriotiques les plus marquantes de notre peuple, Ćuvre appelĂ©e Ă semer de fĂ©condes semences dans nos jeunesses et Ă contribuer par son amĂšne lecture Ă la formation de lâEspagne que nous avons la ferme intention de crĂ©er, le prĂ©sent MinistĂšre a rĂ©solu ce qui suit :ARTICLE PREMIER. Est dĂ©clarĂ©e Ćuvre de mĂ©rite national celle intitulĂ©e « El muchacho español », de don JosĂ© MarĂa SalaverrĂa. ARTICLE SECOND. Il est dâintĂ©rĂȘt que les maĂźtres, professeurs et bibliothĂ©caires en conseillent la lecture comme Ă©tant appropriĂ©e et profitable pour nos jeunesses.
Que Dieu vous prĂȘte de nombreuses annĂ©es. Vitoria, le . IIe annĂ©e de la Victoire. SignĂ© : PEDRO SAINZ RODRĂGUEZ Illustrissime sous-secrĂ©taire du ministĂšre de lâĂducation nationale Cf. A. Navarra Ordoño (2013), p. 377. - Il nâest pas sans intĂ©rĂȘt de citer plus largement le mĂȘme passage :
« La psychologie de Franco : sa froideur ; son Ă©motion. Jâai vu Franco avoir les larmes aux yeux Ă la suite de certains rapports qui nous Ă©taient envoyĂ©s sur ce qui se passait Ă Madrid, dans les checas. Il sâĂ©mouvait des horreurs et des martyres commis dans tel ou tel lieu. Et cependant, ce mĂȘme FrancoâŠ
CitĂ© par (es) CĂ©sar AlcalĂĄ, « Pedro Sainz RodrĂguez », El Correo de España, Madrid, Sierra Norte Digital, S.L.,â (lire en ligne).
Un jour, jâarrivai Ă lâĂ©tat-major de Salamanque. Le Caudillo Ă©tait en train de prendre son petit dĂ©jeuner, composĂ© de pain grillĂ© et de chocolat. Il avait une pile de dossiers sur la table et Ă cĂŽtĂ© de lui deux chaises : une Ă droite et lâautre Ă gauche. Quand il avait examinĂ© un de ces dossiers, il le plaçait soit sur lâune, soit lâautre des chaises, tout en continuant Ă tremper le pain dans son chocolat. Il me fit attendre un bon bout de temps, car il voulait avoir expĂ©diĂ© tout cela. Lorsque jâeus terminĂ© ma visite, Ă la sortie, je mâapprochai dâun des secrĂ©taires :
- Permettez, lui dis-je, que diable étaient ces dossiers que le général expédiait ?
- Comme vous le verrez : ce sont des peines de mort.
Câest-Ă -dire : ceux quâil mettait sur la chaise de droite Ă©taient pour le oui, que la peine de mort soit exĂ©cutĂ©e, ceux de gauche, Ă©taient pour quâil les Ă©tudie plus avant. Lâhomme qui sâapitoyait du rĂ©cit de choses survenues en dehors de lui, faisait preuve de froideur devant la responsabilitĂ© de mettre fin Ă la vie humaine ; cela dĂ©passe mon entendement. Quant Ă moi, quand il me fallait sanctionner un fonctionnaire pour tel ou tel motif, je passais la nuit prĂ©occupĂ©, songeant au prĂ©judice que cela pourrait lui causer. » - AprĂšs que Franco eut expliquĂ© combien il Ă©tait facile de rĂ©soudre le problĂšme de la dette extĂ©rieure, Sainz RodrĂguez dĂ©clarait en privĂ© que « cet homme [=Franco] possĂšde une culture Ă©norme de connaissances inutiles », cf. S. G. Payne & J. Palacios (2014), p. 212.
- Au sujet de son exil portugais, Sainz RodrĂguez fera le commentaire suivant :
« Mon sĂ©jour Ă Lisbonne ne fut certes pas un dĂ©paysement pareil Ă ceux qui provoquent chez moi une peine Ă©norme car je mây sens hors de la Patrie ; sur ce point, j'ai toujours Ă©tĂ© un peu sceptique. Bien plutĂŽt, jâĂ©prouvais ce dicton des classiques : Ubi bene ibi patriam, oĂč je me trouve bien, lĂ est ma Patrie. Et effectivement, tout au long de mon Ă©migration au Portugal, je ne me suis pas senti expatriĂ©, en premier lieu parce que la sociĂ©tĂ© portugaise est si semblable Ă lâespagnole, de sorte quâil mâa semblĂ© vivre dans une zone dâEspagne oĂč se parlait une autre langue locale, comme p. ex. en Catalogne. Au Portugal, je dĂ©ployai une grande activitĂ© scientifique. »
Cf. (es) CĂ©sar AlcalĂĄ, « Pedro Sainz RodrĂguez », El Correo de España, Madrid, Sierra Norte Digital, S.L.,â (lire en ligne).
Références
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- PubliĂ© dans le BoletĂn Oficial del Estado du 27 avril 1939.
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- (es) AntologĂa de la literatura espiritual española (sĂ©lection de Pedro Sainz RodrĂguez), Madrid, FundaciĂłn Universitaria Española, 1980-1985 (quatre volumes).
- (es) Un reinado en la sombra, Barcelone, Planeta, coll. « Espejo de España », , 431 p..
- (es) Estudios sobre Menéndez Pelayo (avec une introduction de José Luis Varela), Madrid, Espasa-Calpe, coll. « Austral, n°1647 », , 182 p..
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Ouvrages et articles sur Sainz RodrĂguez
- (es) Alicia Alted Vigil, La revista «FilosofĂa y Letras». PrĂłlogo de Pedro Sainz RodrĂguez, Madrid, FundaciĂłn Universitaria Española, .
- (es) Alicia Alted Vigil, PolĂtica del Nuevo Estado sobre patrimonio cultural y educaciĂłn durante la guerra civil española, Madrid, Ministerio de Cultura / DirecciĂłn General de Bellas Artes, , 279 p..
- (es) Alicia Alted Vigil, España bajo el franquismo (ouvrage collectif, sous la direction de Josep Fontana), Barcelone, CrĂtica, 1986 (rĂ©Ă©d. 2000), 272 p. (ISBN 978-8484320579), « Notas para la configuraciĂłn y el anĂĄlisis de la polĂtica cultural del franquismo en sus comienzos: la labor del ministerio de educaciĂłn nacional durante la guerra », p. 215â229.
- (es) Luis MarĂa Anson, Don Juan, Barcelone, Plaza & JanĂ©s, 1994 (rĂ©Ă©d. 2003), 488 p. (ISBN 978-8401378348).
- (es) Julio Escribano HernĂĄndez, Pedro Sainz RodrĂguez, de la monarquĂa a la RepĂșblica, Madrid, FundaciĂłn Universitaria Española, (ISBN 84-7392-418-5).
- (es) Amancio Labandeira, « Pedro Sainz RodrĂguez, de la monarquĂa a la RepĂșblica (1897-1938) », Cuadernos para InvestigaciĂłn de la Literatura HispĂĄnica, Madrid, FundaciĂłn Universitaria Española, no 24,â , p. 15-26 (ISSN 0210-0061).
- (es) JosĂ© RamĂłn LĂłpez Bausela, La contrarrevoluciĂłn pedagĂłgica en el franquismo de guerra : El proyecto polĂtico de Pedro Sainz RodrĂguez, Madrid, Biblioteca Nueva-Ediciones de la Universidad de Cantabria, , 328 p. (ISBN 978-8499401829).
- (es) Ăngel Viñas, Los mitos del 18 de julio (ouvrage collectif, sous la direction de Francisco SĂĄnchez PĂ©rez), Barcelone, CrĂtica, , 448 p. (ISBN 978-8498924756), « La connivencia fascista con la sublevaciĂłn y otros Ă©xitos de la trama civil ».
- (es) Andreu Navarra Ordoño, Falange, las culturas polĂticas del fascismo en la España de Franco (1936-1975) (ouvrage collectif, sous la direction de Miguel Ăngel Ruiz Carnicer), vol. 2, Saragosse, Instituto « Fernando El CatĂłlico », , 627 p. (ISBN 978-84-9911-216-9, lire en ligne), « SĂĄinz Rodriguez: Origenes literarios de una ideologia », p. 377-393.
Liens externes
- (es) « Pedro SĂĄinz RodrĂguez », sur Biblioteca Virtual de PolĂgrafos, Madrid, FundaciĂłn Ignacio Larramendi.
- (es) Julio Escribano HernĂĄndez, « Pedro Enrique Sainz RodrĂguez », sur Diccionario biogrĂĄfico español, Madrid, Real Academia de la Historia, (consultĂ© le )
- (es) FundaciĂłn Universitaria Española, « Ciclo: "Don Pedro SaĂnz RodrĂguez" », YouTube, , cycle de confĂ©rences sur Pedro Sainz RodrĂguez, avec Alicia Alted Vigil (partie 1), Julio Escribano HernĂĄndez (partie 2), Ursicino Dominguez del Val (partie 3) et Miguel Ăngel Garrido Gallardo (partie 4). Mise en ligne 2014.