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Nombre d'oxydation

Le nombre d'oxydation (n.o.), ou degré d'oxydation (d.o.), est le nombre de charges électriques élémentaires réelles ou fictives que porte un atome au sein d'une espÚce chimique (molécule, radical ou ion). Ce nombre, qui décrit l'état d'oxydation de l'atome, caractérise l'état électronique de l'élément chimique correspondant en considérant la charge réelle (dans le cas d'un ion monoatomique) ou fictive (si cet élément est combiné)[1]. La charge fictive se calcule, dans le cas des molécules, en considérant que l'élément :

  • possĂšde tous les Ă©lectrons des liaisons chimiques Ă©tablies avec les atomes moins Ă©lectronĂ©gatifs que lui, ce qui se traduit donc pour lui par un gain d'Ă©lectron(s) ;
  • ne possĂšde aucun des Ă©lectrons des liaisons chimiques Ă©tablies avec les atomes plus Ă©lectronĂ©gatifs que lui, ce qui se traduit par une perte d'Ă©lectron(s).

Dans un corps simple, un élément est caractérisé par un nombre d'oxydation nul.

Dans le cas d'ions monoatomiques, le nombre d'oxydation de l'ion est la valeur de la charge électrique portée par celui-ci (exemple : n.o.(Na+) = +I).

Au sein d'une molécule, la rÚgle de l'électronégativité explicitée précédemment, s'applique. Par exemple, dans le dioxyde de soufre SO2, l'oxygÚne O est plus électronégatif que le soufre S. Comme ils sont doublement liés, l'atome de soufre S a fictivement perdu deux électrons pour chaque double liaison S=O. Il porte donc au total une charge fictive de +4 et a un nombre d'oxydation de +IV, en revanche chaque oxygÚne a gagné 2 électrons et a donc un nombre d'oxydation de -II (les nombres d'oxydation se notent conventionnellement en chiffres romains) ; la molécule de SO2 étant neutre.

En rĂ©alitĂ©, sauf dans le cas oĂč la diffĂ©rence d'Ă©lectronĂ©gativitĂ© entre deux Ă©lĂ©ments est trĂšs importante, les liaisons sont covalentes et prĂ©sentent un caractĂšre ionique partiel, ce qui signifie qu'il y a un transfert de charge partiel entre les atomes liĂ©s. Si l'Ă©lectronĂ©gativitĂ© des deux atomes liĂ©s est la mĂȘme (par exemple, si les atomes liĂ©s sont un mĂȘme Ă©lĂ©ment), alors la liaison ne contribue pas au calcul du n.o.

Le nombre d'oxydation est un concept commode et utile pour l'étude des réactions d'oxydoréduction. Il facilite le décompte des électrons et aide à vérifier leur conservation.

DĂ©finition

Les atomes neutres isolĂ©s ont par dĂ©finition un nombre d’oxydation (n.o.) nul. Si un atome donne (perd) un Ă©lectron, on dit qu'il a un nombre d'oxydation Ă©gal Ă  un (n.o. = +I) ; s'il en donne deux, n.o. = +II, etc. RĂ©ciproquement, si un atome accepte (reçoit) un Ă©lectron, son nombre d'oxydation devient moins un (n.o. = –I) ; s'il en accepte deux, n.o. = −II, etc.

Si l'atome ayant donné ou accepté un ou plusieurs électrons reste isolé, il devient un ion dont la charge est égale à son nombre d'oxydation. Mais bien souvent les donneurs et accepteurs d'électrons sont liés par cet échange et constituent une molécule neutre ou un ion polyatomique, comme H2O ou NH+
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; alors les atomes ne sont pas considérés comme chargés individuellement. Dans la molécule d'eau par exemple, les atomes d'hydrogÚne ont donné un électron chacun à l'atome d'oxygÚne (ce qui complÚte sa couche de valence), mais ils restent liés à l'oxygÚne, chacun par l'un des deux doublets ainsi constitués. En quelque sorte, chacun de ces doublets « profite » à l'atome d'oxygÚne comme à l'atome d'hydrogÚne[alpha 1].

Égal au nombre d'Ă©lectrons perdus ou gagnĂ©s, le nombre d'oxydation est nĂ©cessairement un nombre entier. Certains dĂ©comptes peuvent cependant conduire Ă  des nombres d'oxydation fractionnaires. Il s'agit alors d'un nombre d'oxydation moyen et il convient de dĂ©tailler le dĂ©compte atome par atome (ou ion par ion). Par exemple, le fer de l'oxyde de fer Fe3O4 peut ĂȘtre considĂ©rĂ© en comptant que les trois fers possĂšdent ensemble huit charges positives, car chaque oxygĂšne est un ion O2−. En moyenne le fer possĂšde donc un nombre d'oxydation de 8/3. En fait, deux des trois fers possĂšdent un nombre d'oxydation (+III) et le 3e un nombre d'oxydation (+II). Au total : 2 × (+III) + 1 × (+II) = 8.

Notation

Dans les espÚces chimiques neutres ou ioniques, les nombres d'oxydation sont notés par des chiffres romains entre parenthÚses, placés juste aprÚs l'élément concerné afin de tenir compte du transfert partiel d'électrons.

Par exemple, l'oxyde de fer(III) correspond à la formule Fe2O3, différent de l'oxyde de fer(II) de formule FeO.

De mĂȘme, l'ion tĂ©traoxomanganate(VII) correspond Ă  du manganĂšse Mn(VII) et Ă  la formule MnO4−, appelĂ© encore permanganate.

RÚgles définissant le nombre d'oxydation

RÚgles générales

  • Dans une espĂšce chimique hĂ©tĂ©ropolyatomique (composĂ©e d’atomes de nature diffĂ©rente), l’atome ayant le plus d’affinitĂ© pour les Ă©lectrons, c’est-Ă -dire le plus Ă©lectronĂ©gatif, est considĂ©rĂ© comme recevant les Ă©lectrons.
    Exemple : H2O correspond Ă  2 H(+I) et 1 O(-II).
  • Dans une espĂšce chimique neutre (molĂ©cule ou radical), la somme des n.o. des atomes constitutifs est nulle. En revanche si le composĂ© est ionique, cette somme est Ă©gale Ă  la charge de l’ion.
    Exemple : SO42− (ion sulfate) correspond à 1 S(VI) et 4 O(-II).
  • Dans une espĂšce chimique homopolyatomique (composĂ©e d’atomes de mĂȘme nature), les atomes ont gĂ©nĂ©ralement tous le mĂȘme n.o.
    Exemples de molécule homonucléaires : O2 (dioxygÚne) ; N2 (diazote) ; n.o. (O ou N) = 0.
    Exemple d'ion homopolyatomique : Hg22+ (ion dimercure(+I), constituant du chlorure de mercure(I)) ; n.o.(Hg) = +I.
    Exception : dans l'ozone O3 l'atome d'oxygÚne médian possÚde une charge positive et les deux autres une charge négative, sans pour autant qu'on puisse leur attribuer des n.o. entiers.
  • Dans une espĂšce chimique hĂ©tĂ©ropolyatomique, s'il y a des liaisons covalentes entre atomes de mĂȘme nature, elles ne contribuent pas au calcul du n.o.
    Exemple : dans C2H6 c'est-Ă -dire H3C-CH3 (Ă©thane), les Ă©tats d'oxydation sont H(I) et C(-III).

RĂšgles usuelles

  • Un corps simple Ă©lĂ©mentaire ou molĂ©culaire a un n.o. Ă©gal Ă  zĂ©ro (ex., n.o.(Ne) = 0 et n.o.(H2) = 0).
  • Dans un composĂ©, le fluor a toujours un n.o. Ă©gal Ă  –I.
  • Dans un composĂ©, un alcalin (Li, Na, etc.) a toujours un n.o. Ă©gal Ă  +I.
  • Dans un composĂ©, un alcalino-terreux (Be, Mg, etc.) a toujours un n.o. Ă©gal Ă  +II.
  • Dans un composĂ©, l'hydrogĂšne possĂšde dans la quasi-gĂ©nĂ©ralitĂ© des cas un n.o. Ă©gal Ă  +I, Ă  l’exception des hydrures de mĂ©taux, tels que NaH ou LiH (hydrure de sodium ou de lithium), pour lesquels n.o.(H) = –I.
  • Dans un composĂ©, l'oxygĂšne a le plus souvent un n.o. Ă©gal Ă  –II. Il existe nĂ©anmoins plusieurs exceptions :
    • dans les peroxydes, la prĂ©sence d’un pont oxygĂšne O-O induit un n.o. = –I pour chaque oxygĂšne.
      Exemple : H2O2 (eau oxygénée), qui correspond à H-O-O-H ;
    • dans les superoxydes, (l'ion superoxyde a la formule O2−), c'est -1/2 en moyenne. En fait un des atomes O est chargĂ© –1 et a un nombre d'oxydation –I, l'autre n'est pas chargĂ© et a un nombre d'oxydation nul ;
    • dans les ozonures (l'ion ozonure a la formule O3−), c'est -1/3 en moyenne. En fait un des atomes O est chargĂ© –1 et a un nombre d'oxydation –I, les deux autres ne sont pas chargĂ©s et ont un nombre d'oxydation nul ;
    • comme le fluor est le plus Ă©lectronĂ©gatif des Ă©lĂ©ments, il a un nombre d'oxydation -I dans tous ses composĂ©s. Ainsi, dans la molĂ©cule OF2 (difluorure d'oxygĂšne), le n.o. de l'oxygĂšne est +II.

Application Ă  une structure de Lewis

Quand la structure de Lewis d'une molĂ©cule est disponible, les nombres d'oxydation peuvent ĂȘtre calculĂ©s Ă  partir des Ă©lectrons de valence :

  • les Ă©lectrons dans une liaison chimique entre deux atomes diffĂ©rents « appartiennent » Ă  l'atome ayant l'Ă©lectronĂ©gativitĂ© la plus Ă©levĂ©e ;
  • les Ă©lectrons appartenant Ă  une liaison partagĂ©e par deux mĂȘmes atomes sont Ă©galement partagĂ©s ;
  • les Ă©lectrons dans une paire d'Ă©lectrons (paire seule) appartiennent exclusivement Ă  l'atome ayant une telle paire.
Schémas montrant la molécule d'acide acétique.
1. Le premier à gauche est une représentation de l'acide carboxylique qui montre seulement les liaisons chimiques.
2. Le deuxiÚme est une représentation en 3D de la molécule.
3. Le troisiÚme et dernier est la formule de Lewis de l'acide acétique.

Par exemple, considérons la molécule d'acide acétique :

  • tous les atomes d'hydrogĂšne ont un nombre d'oxydation de +1, car ils « donnent » leur Ă©lectron aux autres atomes liĂ©s qui ont une Ă©lectronĂ©gativitĂ© plus Ă©levĂ©e ;
  • l'atome de carbone dans le groupe mĂ©thyle (CH3) a 3 × 2 = 6 Ă©lectrons de valence de ses liaisons avec les trois atomes hydrogĂšne. De plus, l'atome de carbone obtient un Ă©lectron de sa liaison avec l'autre atome de carbone, car la paire d'Ă©lectrons est partagĂ©e Ă©galement dans la liaison C-C. Le dĂ©compte est donc de 7 Ă©lectrons. Un atome de carbone seul possĂšde 4 Ă©lectrons de valence (famille IV-A du tableau pĂ©riodique). La diffĂ©rence, 4 – 7 = –3, est son nombre d'oxydation. En faisant l'hypothĂšse que toutes les liaisons sont ioniques (ce qui n'est pas le cas ici), l'atome de carbone peut ĂȘtre reprĂ©sentĂ© par C3− ;
  • en appliquant les mĂȘmes rĂšgles pour le groupe carboxyle (-COOH), l'atome de carbone a un nombre d'oxydation de +III. Il obtient un seul Ă©lectron de sa liaison avec l'autre atome de carbone. Les deux atomes d'oxygĂšne « empruntent » tous les autres Ă©lectrons car ils sont plus Ă©lectronĂ©gatifs que le carbone. Un atome d'oxygĂšne seul comporte 6 Ă©lectrons de valence. Chaque atome d'oxygĂšne est entourĂ© de 8 Ă©lectrons : 4 des paires seules et 4 des liaisons. En consĂ©quence, leur nombre d'oxydation est 6 – 8 = –2.

Exemples d’élĂ©ments Ă  nombres d'oxydation multiples

  • Le chlore peut avoir plusieurs nombres d'oxydation :
Nombre
d'oxydation
Formule
chimique
Nom Commentaire
–1Cl−chlorure
0Cl2dichlore
+1ClO−hypochlorite ou oxochlorate(I)Constituant de l’eau de Javel.
+3ClO2−chlorite ou dioxochlorate(III)
+5ClO3−chlorate ou trioxochlorate(V)Connu pour ses propriĂ©tĂ©s explosives aux chocs (KClO3 : chlorate de potassium)
+7ClO4−perchlorate ou tĂ©traoxochlorate(VII)Connu sous la forme de l’acide perchlorique HClO4 (acide le plus fort, dans l’eau).
Il en est de mĂȘme pour les autres halogĂšnes, iode et brome Ă  l’exception du fluor qui est plus Ă©lectronĂ©gatif que l’oxygĂšne.
  • Dans le cas des oxydes de fer :
    dans la wustite FeO, il s'agit de fer (+II) ;
    dans l'hématite Fe2O3, il s'agit de fer (+III) ;
    dans la magnétite Fe3O4, il s'agit de fer (+II) et de fer (+III) : Fe(II)Fe(III)2O4.
  • Le manganĂšse peut exister sous plusieurs Ă©tats d'oxydation :
    il se trouve dans l'Ă©tat (+II) dans l'oxyde MnO ;
    Ă  l'Ă©tat d'oxydation (+III) dans Mn2O3 ;
    Ă  l'Ă©tat (+IV) dans MnO2 ;
    Ă  l'Ă©tat (+V) dans Na3MnO4 ;
    Ă  l'Ă©tat (+VI) dans K2MnO4 ;
    il atteint le nombre d'oxydation maximum possible, (+VII), dans le permanganate de potassium (KMnO4) ou dans l'heptoxyde de dimanganĂšse (Mn2O7).

Articles connexes

Références

Notes

  1. Nombre d'oxydation versus charge électrique : le n.o. concerne les atomes qu'ils soient isolés ou au sein d'un ensemble lié (molécule ou ion polyatomique), la charge concerne les ions, qu'ils soient mono- ou polyatomiques. Les deux ne se confondent que pour les ions monoatomiques.

Références

  1. (en) « oxidation state », IUPAC, Compendium of Chemical Terminology [« Gold Book »], Oxford, Blackwell Scientific Publications, 1997, version corrigée en ligne : (2019-), 2e éd. (ISBN 0-9678550-9-8)
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