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Nauruans

Les Nauruans sont un groupe ethnique originaire de Nauru, une île formant une république indépendante située dans l'océan Pacifique, au nord-est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. De nos jours, les Nauruans ne vivent que sur cette île à l'exception d'une petite diaspora présente en majorité en Australie.

Nauruans
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de Marcus Stephen, président de Nauru du 19 décembre 2007 au 10 novembre 2011.
Populations importantes par région
Drapeau de Nauru Nauru 8 694 (2000)[1]
Population totale 8 694 (2000)[1]
Autres
Langues Nauruan, anglais
Religions Protestantisme et catholicisme
Ethnies liées Austronésiens

Le terme « nauruans » constitue aussi bien l'ethnonyme que le gentilé de la population de Nauru. Les personnes ayant la nationalité de Nauru sont donc appelées à ce titre « nauruans » mais toutes ne font pas nécessairement partie du groupe ethnique des Nauruans.

Histoire

Nauruans en 1896.
Maison traditionnelle et pirogue en 1896.

Époque pré-coloniale

Bien qu'il n'existe aucune preuve archĂ©ologique, on estime que les premiers peuplements de Nauru survenus dans l'AntiquitĂ© ont vraisemblablement Ă©tĂ© le fait de navigateurs micronĂ©siens et mĂ©lanĂ©siens[2]. Vers 1 200 av. J.-C., une nouvelle vague d'immigration arrive sur l'Ă®le en provenance des littoraux chinois via les Philippines. Des brassages homogĂ©nĂ©isant la population s'effectuent entre ces diffĂ©rents groupes ethniques et probablement avec les populations polynĂ©siennes alentour[2]. Les Nauruans, organisĂ©s en douze tribus partageant une religion commune, vivent de l'agriculture vivrière avec la culture du cocotier, du bananier, du pandanus et du takamaka, ainsi que la pĂŞche et la pisciculture[3] - [4].

Ă€ partir de 1830, des populations allochtones arrivent sur l'Ă®le dĂ©couverte en 1798 par les britanniques[5]. Quelques EuropĂ©ens y dĂ©barquent et introduisent des concepts inconnus des Nauruans tels les transactions Ă  l'aide d'argent et le règlement des conflits par la violence[5]. Ces contacts avec le monde occidental ont des influences nĂ©fastes sur la sociĂ©tĂ© nauruane, dĂ©bouchant sur une guerre civile qui fait des centaines de victimes entre 1878 et 1888[6]. Dans le mĂŞme temps, des maladies comme la grippe, la dysenterie et la tuberculose contre lesquelles les dĂ©fenses immunitaires des Nauruans sont dĂ©ficientes dĂ©ciment la population[5]. Le nombre de Nauruans passe alors de 1 400 habitants en 1843 Ă  900 habitants en 1888[6].

Colonisation

À partir de 1888, l'Allemagne colonise l'île et amène d'autres populations comme main-d'œuvre : Chinois, Gilbertins et Caroliniens. Dans le même temps, ils évangélisent, éduquent et occidentalisent les Nauruans qui perdent ainsi progressivement toute référence à leur propre culture, abandonnant leur religion, leurs coutumes, leur structure sociale et de manière incomplète leur langue[5]. En 1906, avec les débuts de l'extraction du minerai de phosphate sur le plateau central de l'île, le nombre de villages se réduit, passant de 169 en 1900 à 110 en 1920.

Au terme de la Première Guerre mondiale, Nauru passe aux mains du Royaume-Uni via sa colonie de l'Australie. C'est Ă  partir de cette pĂ©riode que naĂ®t l'idĂ©e que les Nauruans peuvent disparaĂ®tre en tant que groupe ethnique[7]. En effet, les autoritĂ©s de l'Ă©poque constatent que le nombre de Nauruans a diminuĂ© jusqu'Ă  atteindre 1 068 personnes Ă  la suite d'une Ă©pidĂ©mie de grippe. Elles crĂ©ent alors le concept d'Angam Day pour relancer la natalitĂ© : le 1 500e Nauruan recevra des prĂ©sents et tous les honneurs de l'Ă®le lors de sa naissance et le jour sera fĂ©riĂ© chaque annĂ©e[7]. Le , l'Angam Day est fĂŞtĂ© pour la première fois avec l'arrivĂ©e d'Eidegenegen Eidagaruwo, le premier Angam Baby[7].

Durant la Seconde Guerre mondiale, Nauru est relativement Ă©pargnĂ©e par les combats mais est occupĂ©e de 1942 Ă  1945 par le Japon[8]. Les 1 850 Nauruans sont laissĂ©s libres de leurs mouvements mais soumis au rationnement[8]. En , les Japonais dĂ©portent 1 200 Nauruans dans les Ă®les Truk, ceci pour les utiliser comme main-d'Ĺ“uvre mais aussi pour limiter l'Ă©tat de disette qui sĂ©vit sur Nauru Ă  la suite des bombardements amĂ©ricains[5] - [9]. Seuls 737 d'entre eux survivront et seront rapatriĂ©s Ă  Nauru le , les autres n'ayant pas survĂ©cu aux conditions de vie y compris l'Angam Baby Eidegenegen Eidagaruwo[7] - [10]. Le nombre de Nauruans retombe alors Ă  1 369 individus mais le , l'Angam Day est atteint pour la seconde fois de l'histoire de Nauru avec la naissance de Bethel Enproe Adam[7]. Le nombre de Nauruans ne cessera alors d'augmenter Ă  partir de cette pĂ©riode.

Le , l'ONU confie le mandat de Nauru à l'Australie et l'extraction du minerai de phosphate reprend[11]. Les Nauruans n'en tirant que peu de bénéfices, ils revendiquent l'établissement d'un « Conseil de gouvernement local » qui est créé le [8]. Ce conseil ne possède cependant aucun pouvoir concret et les Nauruans prennent conscience que les réserves de phosphate diminuent et sont littéralement pillées[8]. L'Australie conçoit alors un projet de déplacement de la totalité des Nauruans sur l'île Fraser puis sur l'île Curtis mais ces derniers le refusent car l'Australie ne veut pas leur accorder l'indépendance sur une île australienne[8] - [10]. Renforcés par cet échec, les Nauruans réclament alors l'indépendance sur Nauru qui leur est accordée le au terme d'une période de transition politique et économique[8].

Indépendance

MaĂ®trisant l'intĂ©gralitĂ© de l'Ă©conomie de l'Ă®le et continuant d'employer des travailleurs immigrĂ©s, principalement Chinois, les Nauruans se hissent alors Ă  un niveau de vie Ă©levĂ© et adoptent la sociĂ©tĂ© de consommation[10] - [6]. L'inactivitĂ© et la mauvaise hygiène de vie caractĂ©risĂ©e par une alimentation plus riche, le tabac et l'alcool qui s'ensuivent se rĂ©vèleront nĂ©fastes sur la santĂ© de la grande majoritĂ© des habitants avec une augmentation de l'incidence de certaines maladies liĂ©es au surpoids ce qui rĂ©duit leur espĂ©rance de vie[12] - [13]. Les Nauruans prĂ©sentent en effet un des taux les plus Ă©levĂ©s au monde de diabète, presque 66 % des individus qui ont atteint l'âge de 55 ans en sont atteints, ainsi qu'une très grande incidence de l'obĂ©sitĂ© et de l'hypertension artĂ©rielle[13].

Répartition géographique

La majorité des Nauruans vivent sur l'île de Nauru, principalement groupés en une agglomération située au sud-ouest de l'île, le long du littoral, les autres habitants formant une petite communauté autour de la lagune Buada, le seul endroit habité du plateau central. Toutefois, une petite diaspora vit majoritairement en Australie. Cette petite part est constituée de Nauruans financièrement aisés et d'étudiants scolarisés dans des universités australiennes[10].

Structure de la société et mode de vie

Mission catholique en 1914.
Scène de pêche dans la lagune Buada en 1938.

Usages traditionnels

Avant la colonisation de Nauru à la fin du XIXe siècle, les Nauruans sont organisés en douze tribus, symbolisées aujourd'hui par l'étoile blanche à douze branches du drapeau de Nauru, réparties en 169 villages : Deiboe, Eamwidamit, Eamwidara, Eamwit, Eamgum, Eano, Emeo, Eoraru, Irutsi, Iruwa, Iwi et Ranibok[14] - [6]. Chaque tribu possède un chef représentant l'ensemble des membres de son clan. Ces chefs se réunissent en de grandes réunions pour prendre les décisions importantes pour la société entière. La société matriarcale[6] permet aux femmes d'occuper le poste de chef de tribu bien que ce soit le plus souvent le fait des hommes[15]. Ces derniers sont chargés de fournir une maison à leur famille tandis que les femmes s'occupent des enfants et des décisions familiales[15].

Comme chaque tribu possède sa propre histoire et son propre dialecte du nauruan[1], chaque Nauruan se réclame d'une tribu. La tribu Iruwa était composée de Gilbertins ayant immigré relativement récemment à Nauru. Les tribus Irutsi et Iwi n'ont quant à elles plus de descendants, leurs derniers représentants ayant apparemment disparu, pour des raisons inconnues, lors de l'occupation japonaise durant la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, ces tribus n'existent plus de nos jours, les habitants de Nauru s'identifiant désormais au district où ils vivent.

La société, totémique et pacifique comme en témoigne le premier nom de Nauru : Pleasant Island, en français « Île Agréable », vit alors de la culture des cocotiers, bananiers, pandanus et takamakas via la méthode du brûlis et élèvent des porcs[3] - [5]. Afin de faire face aux sécheresses provoquées par La Niña, ils font des réserves de noix de coco sous forme de coprah[5]. Le lait de coco est fermenté pour produire une boisson alcoolisée amère[5]. Les Nauruans pratiquent aussi la pisciculture pendant des centaines d'années, capturant des poissons-lait dans le lagon autour de l'île et les relâchant dans la lagune Buada, un lac du centre de l'île, et dans une lagune d'Anabar[4]. La pisciculture sert alors d'organisation sociale entre les différentes tribus : les exploitations sont partagées entre les tribus avec des murets, l'entretien des poissons est confié aux hommes qui pataugent régulièrement dans les bassins pour oxygéner l'eau et la charger en nutriments, les enfants ont interdiction de déranger les poissons lorsqu'ils se baignent dans les bassins[4].

Occidentalisation

Les premiers contacts avec le monde occidental au travers des navires marchands et de rares Européens vivant sur l'île débouchent sur une guerre civile tribale qui fait des centaines de victimes. Afin de ramener la paix et l'unité chez les Nauruans, l'Allemagne prend possession de l'île et proclame le chef Auweyida et sa femme Eigamoiya roi et reine de Nauru, titres honorifiques qu'ils garderont jusqu'en 1920[14]. Avec la colonisation, la société nauruane perd alors sa structure originelle et ses mœurs et usages : le catholicisme remplace le totémisme, le nauruan qui perd ses dialectes au profit d'une langue unique se dénature avec des emprunts de l'allemand, le mariage chrétien supplante la polygamie, les danses traditionnelles jugées trop sexuelles sont interdites, les pagnes sont remplacés par les vêtements et les frictions corporelles à l'huile de noix de coco sont abandonnées[5]. Les colonisateurs allemands puis britanniques se soucient peu des Nauruans en ne leur reversant qu'une faible part de l'argent généré par l'extraction du minerai de phosphate[5].

Cette situation perdurera jusqu'aux annĂ©es 1960 lorsque le processus d'indĂ©pendance permet aux Nauruans d'accroĂ®tre leur niveau de vie[5]. Ă€ partir de l'indĂ©pendance en 1968, tirant l'intĂ©gralitĂ© des bĂ©nĂ©fices de l'exportation du phosphate, ils se convertissent alors Ă  la sociĂ©tĂ© de consommation avec aliments industriels, tabac, alcool, automobiles, tĂ©lĂ©viseurs, Ă©lectromĂ©nager, etc. et s'Ă©quipent de toutes les infrastructures nĂ©cessaires Ă  la vie d'un État et d'une population sur une Ă®le isolĂ©e tel un centre de congrès, une compagnie aĂ©rienne, des structures de communication, etc[13]. Cette pĂ©riode d'opulence prend fin dans les annĂ©es 1990 lorsque les rĂ©serves de minerai de phosphate commencent Ă  s'Ă©puiser et que les investissements fonciers et immobiliers rĂ©alisĂ©s hors du pays se rĂ©vèlent infructueux[10] - [16]. Appauvris, les Nauruans subissent le contre-coup de leur mode de vie occidentalisĂ© avec une augmentation de l'incidence de certaines maladies liĂ©es Ă  une mauvaise hygiène de vie[12] - [13]. Les Nauruans prĂ©sentent en effet un des taux les plus Ă©levĂ©s au monde de diabète, presque 66 % des individus qui ont atteint l'âge de 55 ans en sont atteints, ainsi qu'une très grande incidence de l'obĂ©sitĂ© et de l'hypertension artĂ©rielle[13].

Culture

Équipe nauruane de football australien des Panzer Saints en 2003.

Mythologie et religion

Les Nauruans, avant leur évangélisation, pratiquaient une religion totémique basée sur une mythologie centrée autour d'une cosmogonie et de deux divinités principales : Eijebong, la déesse de la féminité, et Buitani, l'île des esprits. Selon la cosmogonie nauruane, une araignée nommée Areop-Enap a créé le monde à partir d'une moule, de deux escargots et d'un ver et les hommes à partir de pierres. Plusieurs rituels étaient associés à cette religion comme celui où les hommes devaient boire une boisson amère à base de kava chaque nuit[17] ou encore l'offrande quotidienne sous forme de farine faite pour l'esprit du foyer.

Depuis l'évangélisation des Nauruans à partir de la fin du XIXe siècle, très peu d'entre eux souscrivent encore à cette mythologie qui appartient désormais au folklore. Désormais, environ les deux tiers des Nauruans se déclarent protestants, les autres catholiques[8].

Langue

La langue des Nauruans appartient au groupe groupe malayo-polynésien oriental de la famille des langues austronésiennes. Au début de la colonisation de l'île par les Allemands, le nauruan fait l'objet d'études linguistiques[18]. Comprenant à l'origine plusieurs dialectes rendant l'inter-compréhension difficile entre les locuteurs de zones linguistiques différentes, ceux-ci se fondent peu à peu en une langue commune faisant des emprunts à l'allemand[5].

En 1938, une réforme de la langue visant à la simplifier pour faciliter les communications avec les Européens et les Nord-Américains est mise en œuvre. Cette réforme ne sera que partiellement appliquée dans les faits, certains anciens usages étant encore en vigueur de nos jours.

Avec la colonisation britannique puis australienne, les Nauruans apprennent puis utilisent majoritairement l'anglais[1]. Cette langue constitue encore un témoignage de la colonisation de l'île car beaucoup de Nauruans sont bilingues[1]. L'anglais est ainsi utilisé préférentiellement dans les domaines de l'administration, de la justice, de l'enseignement supérieur et du commerce tandis que le nauruan n'est utilisé qu'entre la population, dans les premières années de l'enseignement et à la télévision et la radio[1].

Références

Annexes

Bibliographie

  • Bellwood, Peter, The Austronesians, Research School of Pacific and Asian Studies, Australian National University, 1995

Articles connexes

Lien externe

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