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Cosmogonie

systĂšme de la formation de l'Univers

Pour les articles homonymes, voir Création du monde.

Ne doit pas ĂȘtre confondu avec Cosmologie.

Une cosmogonie (du grec cosmo- « monde » et gon- « engendrer ») est un récit mythologique qui décrit ou explique la formation du Monde[1]. Elle se distingue de la cosmologie, qui est la « science des lois générales par lesquelles le monde physique (l'Univers) est gouverné »[1].

Des récits oraux de cosmogonie fondent presque toutes les religions et sociétés traditionnelles, mais de nombreux traités sur les origines possibles de l'univers ont aussi été écrits par des philosophes ou des penseurs scientifiques, comme la cosmogonie d'Hésiode, et celle de Buffon.

Des milliers de légendes de création du monde et de récits cosmogoniques traditionnels relatifs aux origines du monde, des dieux ou des institutions, appartiennent à la catégorie des mythes fondateurs. Les figures idéales et les modÚles intemporels y ont donc une place importante.

La variĂ©tĂ© des rĂ©cits de crĂ©ation du monde, Ă  travers leurs thĂ©ories des origines, semble aussi exprimer le besoin immuable de dĂ©crire et peut-ĂȘtre justifier les transformations radicales du monde observable, de la Terre et de la sociĂ©tĂ© humaine. Mircea Eliade voit dans la cosmogonie « le modĂšle exemplaire de toute maniĂšre de faire » ; une sorte de modĂšle archĂ©typal de la crĂ©ation, l'univers Ă©tant le « chef-d'Ɠuvre » d'un ou plusieurs crĂ©ateurs offert comme modĂšle aux hommes.

Constances dans les schémas de l'imaginaire chez les Occidentaux

La plupart de ces mythes recĂšlent des concepts, symboles et paradoxes communs.

Être ou nĂ©ant

Les mythes offrent diverses versions de la crĂ©ation de l'univers actuel ; certains le dĂ©crivent comme nĂ© du nĂ©ant, d'autres pensent qu'il a toujours existĂ© et d'autres encore disent que ce serait un ĂȘtre intemporel qui aurait rĂȘvĂ© ou crĂ©Ă© notre monde - sans tĂ©moins humains - en un instant, en six Ă©poques appelĂ©es « jours » selon la Bible, ou en une longue suite d'Ă©vĂ©nements.

Chaos primordial

La naissance d'un monde (parfois harmonieux voire paradisiaque) est souvent la résultante de conflits entre forces antagonistes, l'ordre et le désordre, la lumiÚre et les ténÚbres, etc. Cependant, comme dans la Théogonie d'Hésiode, le chaos originel préexistant à l'Univers est parfois présenté non comme un néant ou un ensemble en conflit avec l'ordre, mais plutÎt comme entité renfermant l'ensemble des éléments à venir, mais mélangés.

Luttes et sacrifice

Carl Gustav Jung note que les notions de sacrifice et de combat sont souvent associĂ©es Ă  la crĂ©ation mythique des mondes et de l'univers. L'Ă©nergie primordiale se sacrifie pour former l'univers. De nombreuses cosmogonies dĂ©crivent des luttes (combats de dieux, d'ancĂȘtres primordiaux, de hĂ©ros, gigantomachies et autres combats extraordinaires). L'opposition de contraires dans les jumeaux, ĂȘtre Ă  deux faces ou couples primordiaux sexuĂ©s pourrait donc aussi reprĂ©senter les contraires qui s'affrontent en l'homme. Ces modĂšles peuvent se retrouver dĂ©calĂ©s dans le temps, par exemple avec le Dieu des ChrĂ©tiens prĂ©sentĂ© comme fait homme, se sacrifiant lui-mĂȘme, dans le cadre d'un nouveau testament.

ƒuf cosmique

L'Ɠuf cosmique est souvent reprĂ©sentĂ© comme le germe contenant l'univers en puissance, par exemple pour l'orphisme. Il symbolise la rĂ©novation pĂ©riodique de la nature, la possibilitĂ© de renaissance du monde. L'Ă©closion de l'Ɠuf donne naissance Ă  l'Univers (Pan Gu en Chine, Partholon chez les Celtes, Puruska en Inde, Nommo au Mali).

Eau

Symbole de vie et de pureté, l'eau intervient comme élément primordial chez le présocratique ThalÚs et aussi comme élément rénovateur, par le biais du Déluge évoqué par plusieurs mythes fondateurs et cosmogonies. Il rappelle à l'homme sa faiblesse face aux puissances célestes et permet le renouvellement du monde grùce aux meilleurs des humains (le roi Manu, sauvé par Vishnou et transformé en poisson, Noé et son arche, Deucalion et Pyrrha sauvés par Prométhée).

Arbre

Dans de nombreux mythes, un arbre (arbre de vie) ou une plante divine, magique ou sacrĂ©e joue un rĂŽle (qu'on retrouve peut-ĂȘtre avec l'arbre au fruit dĂ©fendu, du jardin d'Éden dans la Bible). L'arc-en-ciel (passage ou pont entre ciel et terre, ou entre deux points de la grande forĂȘt en Amazonie) leur est parfois associĂ©.

Par exemple, un bambou gĂ©ant primordial, ouvert par le bec de l'oiseau lĂ©gendaire Sarimanok dans la cosmogonie du folklore philippin d'oĂč descendent Malakas et Maganda, le premier homme et la premiĂšre femme.

Dans la mythologie nordique, Yggdrasil est l'Arbre-Monde sur lequel reposent les neuf mondes.

La mythologie grecque décrit l'olivier comme un cadeau de la déesse Athéna, il était considéré comme l'arbre de vie.

Autres

Dans la majorité des cosmogonies traditionnelles, les créateurs sont un ou des dieux anthropomorphes qui engendrent l'Univers et l'Homme par la volonté d'un esprit, par la parole, le geste, le souffle, un membre, des sécrétions...

De nombreux animaux (poisson, serpent, oiseaux, lion..) jouent un rĂŽle majeur dans les mythes des continents oĂč ils sont prĂ©sents.

Étapes classiques de crĂ©ation du monde

La majorité des mythes ont en commun de ne pas présupposer l'existence d'un Univers incréé, immuable et éternel ; ils suggÚrent des étapes et des devenirs possibles du monde :

  • apparition de l'Univers Ă  partir du nĂ©ant (ex nihilo), du chaos, de l'inconnu ou d'une entitĂ© hors de portĂ©e de notre comprĂ©hension ;
  • naissance du temps, de l'espace, de la lumiĂšre et de la matiĂšre. À partir du chaos primordial inerte, les Ă©lĂ©ments, eau, terre, feu et air (en Occident ; dans d'autres cultures, les Ă©lĂ©ments fondamentaux sont organisĂ©s diffĂ©remment) s'animent ;
  • apparition de la vie Ă  partir de la rencontre et du mĂ©lange de ces Ă©lĂ©ments ;
  • apparition de l'homme ;
  • possibilitĂ© de crĂ©ation d'un nouvel univers aprĂšs un cataclysme mondial.

Certains mythes partent du principe que la naissance et la mort de l'Univers sont une crĂ©ation continue. L'univers apparaĂźt, vit, disparaĂźt puis laisse place Ă  un nouvel univers et ceci Ă  l'infini. Les mythes nordiques ont d'ailleurs une fin unique avec le Ragnarok. Chaque crĂ©ation d'univers correspondrait Ă  une sorte de rĂ©incarnation de Dieu. Le corps physique de Dieu serait l'univers tout entier. À chacune de ses rĂ©incarnations, il s'amĂ©liorerait et pourrait donc crĂ©er Ă  chaque fois un univers meilleur que le prĂ©cĂ©dent.

Aux mythes cosmogoniques répondent les mythes eschatologiques, qui décrivent la fin du monde, pouvant précéder un autre monde.

L'univers apparaĂźt, vit, disparaĂźt mais laisse place au mĂȘme univers avec les mĂȘmes entitĂ©s et ceci Ă  l'infini. Ceci est logique si on accepte la crĂ©ation Ă  partir des virtualitĂ©s du vide (chaos) s'ordonnant entre elles (ordre).

Quelques mythes cosmogoniques

Cosmogonie de l'Égypte antique

RĂȘ Ă  bord de sa barque

La cosmogonie varie en fonction de la région, et les dieux tutélaires ont souvent les rÎles les plus importants.

À HĂ©liopolis ; Issu du Noun, l'ocĂ©an primordial, Ă©merge RĂȘ qui est Ă  la fois le soleil, Atoum l'ĂȘtre achevĂ© ou encore khepri la renaissance. En se masturbant, il met au monde Shou le sec. De son crachat naĂźt Tefnout, l'humide. De ce couple en naĂźt un autre, Nout, le ciel et Geb, la terre que leur pĂšre sĂ©pare en levant les bras. Viennent ensuite Osiris et Isis, Seth et Nephtys. Le premier couple symbolise le renouveau vĂ©gĂ©tal et avec eux vient la lĂ©gende d'Osiris, alors que le second est stĂ©rile. Voir le mythe de la crĂ©ation hĂ©liopolitaine.

À Memphis. Au dĂ©but des temps, Ptah le dĂ©miurge, issu du Noun, l'ocĂ©an primordial, prit conscience de son existence. Puis il prit le limon de la terre, crĂ©ant et modelant l'Homme. AussitĂŽt son Ɠuvre crĂ©atrice terminĂ©e, il cĂ©da la place Ă  son successeur RĂȘ, le soleil. RĂȘ, seigneur d'HĂ©liopolis, parcourt chaque jour son domaine dispensant Ă  l'humanitĂ© dons et bienfaits. Voir le Mythe de la crĂ©ation memphite.

En Haute-Égypte, Amon (pĂšre des dieux fondateurs du monde) fĂ©conda l'Ɠuf cosmique d'oĂč naquit toute vie.

Cosmogonie mésopotamienne

Sceau sumérien représentant les Anunnaki

Xe au XIe siÚcle av. J.-C.

Les mythes de la crĂ©ation, d'origine mĂ©sopotamienne, mettent en scĂšne deux ĂȘtres primordiaux : l'un fĂ©minin, Tiamat, l'eau salĂ©e et l'autre masculin, ApsĆ«, l'eau douce. De leur union naissent tous les dieux, dont les principaux sont Enlil, Adad, Enki (Ea), Ishtar, Mardouk, mais aussi des dieux dominants Annunaki qui exploitent les dieux Igigi en les faisant travailler durement afin de nourrir tous les dieux.

La voûte céleste, les étoiles, la terre, les enfers... furent formés du cadavre de Tiamat, au terme d'une guerre gagnée par Mardouk. Puis l'homme fut créé à son tour pour servir les dieux lorsque les Igigi se révoltÚrent contre les Annunaki. L'homme fut façonné à partir d'argile trempée dans la chair et dans le sang d'un dieu sacrifié, donnant ainsi à la créature un peu de l'intelligence divine.

Article dĂ©taillé : ÉpopĂ©e de Gilgamesh.

Cosmogonie gréco-romaine antique

GaĂŻa, Chronos et Ouranos

Selon la ThĂ©ogonie d'HĂ©siode, au dĂ©but Ă©tait le Chaos, un tout incommensurable au sein duquel les Ă©lĂ©ments constituant le monde actuel Ă©taient mĂ©langĂ©s. Quatre entitĂ©s s'en sĂ©parĂšrent : GaĂŻa (la Terre), Éros (le DĂ©sir amoureux vu comme force crĂ©atrice primordiale), ÉrĂšbe (les TĂ©nĂšbres des Enfers) et Nyx (la Nuit). GaĂŻa engendra Ouranos (le Ciel), le premier principe fĂ©condateur mĂąle (pour les Anciens, le Ciel fĂ©condait la Terre par ses pluies, comparables Ă  une semence), et de leurs Ă©treintes naquirent les Titans, dont Cronos, les trois Cyclopes et les HĂ©catonchires (gĂ©ants Ă  cent bras et cinquante tĂȘtes).

Selon la tradition orphique, l'eau et des Ă©lĂ©ments formĂšrent spontanĂ©ment la terre, d'oĂč un Chronos monstrueux surgit, lequel crĂ©a l'Éther, l'ÉrĂšbe et le Chaos, puis engendra un Ɠuf d'oĂč naquit Éros, qui donna Ă  son tour naissance Ă  la Lune et au Soleil puis Ă  la Nuit, avec qui il conçut Ouranos et GaĂŻa.

Articles détaillés : mythologie grecque et Religion grecque antique.

Cosmogonie hindou

Le temps est vu de maniÚre cyclique ; il existe donc un cycle de créations et destructions. Lorsque Brahma se réveille et qu'il ouvre les yeux, l'univers et tout ce qu'il contient se crée, lorsqu'il s'endort, tout se détruit. Vishnou protÚge l'univers. Shiva le détruit et donc mÚne à sa renaissance. L'univers connaßt donc une suite de naissances et de destructions.

On reprĂ©sente traditionnellement le cycle crĂ©ateur impliquant les trois dieux de la Trimurti comme suit : tandis que Vishnou dort, allongĂ© sur le serpent Ananta (infini), lui-mĂȘme flottant sur l'ocĂ©an d'inconscience, de son nombril sort un lotus dans lequel se tient Brahma. Tout en dormant, Vishnou rĂȘve le monde tel qu'il l'a connu, et de ses souvenirs oniriques, Brahma donne naissance Ă  un nouveau monde, nĂ©cessairement moins pur que le prĂ©cĂ©dent (d'oĂč la thĂ©orie des Ăąges). C'est Shiva qui, par sa danse cosmique, anime l'Univers conçu par la pensĂ©e et, Ă  la fin du cycle, le dĂ©truit.

Pour certaines sectes hindouistes, notre univers n'est que le rĂȘve de Dieu, une illusion, la MĂąyĂą.

Article détaillé : mesure védique du temps.

Cosmogonie abrahamique

Article détaillé : GenÚse.
Bereshit pereq aleph, premier chapitre du Livre de la GenĂšse, Ă©crit sur un Ɠuf, musĂ©e IsraĂ«l Ă  JĂ©rusalem.

CrĂ©ation de l’univers

Dans cette cosmogonie, la crĂ©ation de l'univers est dĂ©crite dans le livre de la GenĂšse et reprise par le Coran. On considĂšre, en gĂ©nĂ©ral, que ce rĂ©cit est Ă  la fois descriptif et symbolique. Le CrĂ©ateur est intemporel, n’ayant ni dĂ©but ni fin. D'aprĂšs la vision biblique, lorsqu’Il crĂ©a le monde, l’univers Ă©tait « vide et vague, les tĂ©nĂšbres couvraient l'abĂźme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux ».

Le premier jour, Dieu créa la lumiÚre par la parole (« Que la lumiÚre soit et la lumiÚre fut »).

Le deuxiÚme « jour », la premiÚre époque, Il sépara ciel et mer, formant ainsi le firmament (raqui'a en hébreu) et les planÚtes à partir de la lumiÚre originelle.

Le 3e jour fertilisa la Terre créée le deuxiÚme jour en formant les végétaux.

Le 4e jour, Il fit apparaßtre dans le ciel de la Terre le Soleil et la Lune, jusqu'alors voilés, déjà formés au deuxiÚme jour.

Le 5e jour, Il peupla les mers d'une multitude grouillante, de reptiles géants (témimim gdolim en hébreu), de poissons, et le ciel par les oiseaux, créant le principe animal.

Le 6e jour, Il forma les animaux terrestres, animĂ©s du mĂȘme principe que celui des animaux aquatiques, ainsi que l’homme, ĂȘtre Ă  son image dotĂ© d'une Ăąme.

Enfin, le 7e jour, Il décréta le principe du repos hebdomadaire de toute activité créatrice matérielle, bénissant et sanctifiant ce jour consacré au spirituel.

Dans la cosmogonie islamique, au commencement et avant la genĂšse, il n'existait rien en dehors d'Allah, c'est-Ă -dire le nĂ©ant, mĂȘme pas le vide, Ă  l'instar de la Bible. Sa premiĂšre crĂ©ation fut son TrĂŽne qui flotta ensuite sur l'eau primordiale. Le Coran affirme aussi qu'Ă  leur crĂ©ation, les cieux et la terre formaient une masse compacte .

Le récit coranique indique aussi une création en six jours : « Votre Seigneur est Allùh Qui a créé les cieux et la Terre en six jours »[2], comme dans la Bible. La notion de jour est à nuancer. En effet, les théologiens musulmans interprÚtent la durée de la création de maniÚre métaphorique renvoyant aux versets suivants : « Cependant, un jour auprÚs de ton Seigneur, équivaut à mille ans de ce que vous comptez. »[3], en référence à un psaume du Roi David (n° 90,4) et « Les Anges ainsi que l'Esprit montent vers Lui en un jour dont la durée est de cinquante mille ans »[4].

Les six jours en question sont rĂ©partis en trois phases de deux jours : « Dis : "Renieriez-vous (l’existence) de Celui Qui a crĂ©Ă© la Terre en deux jours et Lui donneriez-vous des Ă©gaux ? Tel est le Seigneur de l’univers, § c’est Lui Qui a fermement fixĂ© des montagnes au-dessus d’elle, l’a bĂ©nie et lui a assignĂ© ses ressources alimentaires en quatre jours d’égale durĂ©e. (Telle est la rĂ©ponse) Ă  ceux qui t’interrogent. § Il S’est ensuite tournĂ© vers le ciel qui Ă©tait alors fumĂ©e et lui dit, ainsi qu’à la Terre : "Venez tous deux, bon grĂ©, mal grĂ©". Tous deux dirent : "Nous venons de bon grĂ©". § Il dĂ©crĂ©ta d’en faire sept cieux en deux jours et rĂ©vĂ©la Ă  chaque ciel sa fonction. »[5]

Par ailleurs, le Coran affirme : « En effet Nous avons créé les cieux et la terre et ce qui existe entre eux en six jours, sans éprouver la moindre lassitude. »[6]

et

« Ne voient-ils pas qu'Allah qui a créé les cieux et la Terre, et qui n'a pas été fatigué par leur création, est capable en vérité de redonner la vie aux morts? Mais si. Il est certes Omnipotent. »[7].

« Ceux qui ont mécru, n'ont-ils pas vu que les cieux et la Terre formaient une masse compacte ? Ensuite Nous les avons séparés et fait de l'eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas ? »[8].

CrĂ©ation de l’homme selon la Bible

Comme nous l’avons vu, le sixiĂšme jour, Dieu crĂ©a l’humain. Cet ĂȘtre est conçu Ă  l’image de son crĂ©ateur (« Faisons l'homme Ă  notre image, comme notre ressemblance ») et prend vie lorsque Dieu lui insuffle une Ăąme de vie. Le premier humain Ă©tait formĂ© d'un homme et d'une femme se faisant dos, puis qu'ils ont Ă©tĂ© sĂ©parĂ©s, symboliquement : « Dieu crĂ©a l'homme Ă  son image, Ă  son image il le crĂ©a ; mĂąle et femelle il les crĂ©a » (TOB,GN I, 27) Il fut placĂ© dans le Paradis, aussi appelĂ© « Jardin d’Éden », lieu verdoyant oĂč abondent faune et flore, pouvant ainsi vivre sans se soucier de ses besoins vitaux (« Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur toute la surface de la terre, et tous les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera votre nourriture »). Cependant, Dieu donna l’ordre de ne jamais goĂ»ter aux fruits de « l’arbre de la connaissance du bien et du mal ». Dieu laissa Ă  Adam le soin de nommer les Ă©lĂ©ments qui l’entouraient, c’est-Ă -dire la faune. Adam, l'humain, se sentit seul et Dieu sĂ©para l'homme et la femme (Ève), crĂ©ant le premier couple. Ève, ainsi nommĂ©e, fut malheureusement convaincue par un serpent (mĂ©taphore du mal) de goĂ»ter aux fruits interdits. Elle convainquit l’homme de goĂ»ter Ă  ce fruit, ils y goĂ»tĂšrent et commirent ainsi le pĂ©chĂ© originel (la premiĂšre faute de l’humanitĂ©). Dieu, pour les Ă©duquer, les enjoignat d'aller rĂ©parer leur erreur en les chassant du paradis, et pour cela, ils devront transiter et ĂȘtre Ă©prouvĂ©s dans le monde ici-bas oĂč ils devront faire des efforts salutaires pour survivre, avec la perspective d'une durĂ©e de vie limitĂ©e.

CrĂ©ation de l’homme selon le Coran

Dans le Coran la Sourate II, verset 164 affirme

« Certes dans la crĂ©ation des cieux et de la terre, dans l'alternance de la nuit et du jour, dans le navire qui vogue en mer chargĂ© de choses profitables aux gens, dans l'eau qu'Allah fait descendre du ciel, par laquelle Il rend la vie Ă  la terre une fois morte et y rĂ©pand des bĂȘtes de toute espĂšce, dans la variation des vents, et dans les nuages soumis entre le ciel et la terre, en tout cela il y a des signes, pour un peuple qui raisonne. »

La Sourate 23, versets 12-13 évoque la création d'Adam en ces termes :

« Nous avons certes crĂ©Ă© l'homme d'un extrait d'argile, puis Nous en fĂźmes une goutte de sperme dans un reposoir solide. Ensuite, Nous avons fait du sperme une adhĂ©rence ; et de l'adhĂ©rence Nous avons crĂ©Ă© un embryon; puis, de cet embryon Nous avons crĂ©Ă© des os et Nous avons revĂȘtu les os de chair. Ensuite, Nous l'avons transformĂ© en une tout autre crĂ©ation. Gloire Ă  Dieu le Meilleur des crĂ©ateurs ! »

Cosmogonie des AborigĂšnes d'Australie

La cosmogonie des AborigĂšnes d'Australie repose sur la notion de « Temps du rĂȘve », en anglais « Dreamtime » ou « Dreaming », « Tjukurpa » dans les langues anangu, « Wapar » en yankunytjatjara. À cette Ă©poque mythique, les ancĂȘtres surnaturels, comme le Serpent Arc-en-ciel ou les Hommes Éclairs, crĂ©Ăšrent le monde par leurs dĂ©placements et leurs actions. Tjukurpa fournit une explication du monde, dĂ©finit le sens de la vie, ce qui est bien ou mal, ce qui est naturel ou ce qui est vrai. Ces dĂ©finitions rĂšglent tous les aspects de la vie des Anangu, peuples de l'Australie Centrale.

Tjukurpa interprĂšte chaque site et chaque Ă©lĂ©ment du paysage en termes symboliques, il mĂȘle le passĂ© (c'est-Ă -dire l'histoire de sa crĂ©ation) avec le prĂ©sent et sa signification. Beaucoup de ces informations sont secrĂštes et ne doivent pas ĂȘtre rĂ©vĂ©lĂ©es aux non-AborigĂšnes, les « Pyranipa ».

Uluru a été créé pendant la Tjukurpa. Ce monolithe de 3 600 m de long et de 348 m de haut proviendrait du jeu de deux enfants mythiques dans la boue un jour de pluie. Tout autour de ce rocher, de nombreux sites sont sacrés et porteurs de mémoire et de légendes.

Dans cette cosmogonie, la pensĂ©e a crĂ©Ă© toute matiĂšre. La terre, les hommes, les animaux et les plantes ne sont que des parties d'un mĂȘme tout. Donc les hommes ne peuvent pas possĂ©der de terres ni d'animaux. Cette cosmogonie a provoquĂ© de graves conflits entre les colonisateurs et les aborigĂšnes qui ne comprenaient pas les notions de propriĂ©tĂ©s privĂ©es dĂ©limitĂ©es ou d'Ă©levage.

Cosmogonie nordique

Article détaillé : Cosmogonie nordique.
Yggdrasil, l'arbre cosmique, assure la cohérence verticale des mondes de la mythologie nordique, tandis que le serpent de Midgard assure sa cohérence horizontale. Peinture attribuée à Oluf Bagge.

La cosmogonie de la mythologie nordique nous est racontĂ©e en dĂ©tail dans la VöluspĂĄ, ou Chant de la voyante, poĂšme de l'Edda en vers. Il existe cependant de nombreuses variantes. Le Chant de la voyante en raconte une, que voici : au commencement n'existait qu'un abĂźme bĂ©ant, le ginnunga gap ─ qui rappelle le Chaos primordial grec ou la terre dĂ©serte et vide biblique. Les Ă©lĂ©ments y erraient, libres, et une rencontre fortuite entre du feu et de la glace donna naissance au premier gĂ©ant, Ymir, lequel gĂ©ant engendra les autres gĂ©ants. Une vache, AuĂ°umla, l'avait dĂ©livrĂ© de sa gangue de glace en la lĂ©chant, et le nourrissait de ses flots de lait. Les fils de Bur ─ Óðinn et ses deux frĂšres HƓnir et Lóðurr ─, gĂ©ants qu'AuĂ°umla avait aussi libĂ©rĂ©s de la glace, tuĂšrent Ymir et bĂątirent l'Univers de sa dĂ©pouille : son corps devint un cercle de terre, MiĂ°garĂ° (terre du milieu), qu'entourait son sang, devenu la mer, tandis que son crĂąne servit de voĂ»te cĂ©leste. Ils Ă©tablirent ensuite un ordre, fixant une place au Soleil et Ă  la Lune, Ă©levĂšrent des palais et s'Ă©tablirent en ÁsgarĂ° (terre des dieux Ases ; il existe une autre race de dieux, les Vanes, souvent en guerre contre les Ases). Les neuf mondes avaient pris place autour de l'arbre Yggdrasil. Trois dieux, Óðinn, HƓnir et Lóðurr, trouvĂšrent sur le rivage un FrĂȘne et un Orme « sans force ni destinĂ©e ». Óðinn leur donna le souffle vital, HƓnir les sens, Lóðurr leur donna le sang et les couleurs de la vie. Enfin vinrent UrĂ°r, VerĂ°andi et Skuld, les trois Nornes, Ă©quivalent des Parques latines et des Moires grecques, qui fixĂšrent le destin de chacun.

Le mĂȘme texte rapporte aussi comment le monde sera dĂ©truit au cours du ragnarÇ«k.

Voir aussi Mythologie finlandaise

Cosmogonie dogon

Article détaillé : Cosmogonie dogon.

BĂątie sur une longue tradition, la cosmogonie dogon correspond Ă  l'explication de la crĂ©ation du monde selon les Dogons. Elle rĂ©vĂšle des mondes stratifiĂ©s, « une pluralitĂ© des mondes, des univers stellaires Ă  l'infini  » avec Ă  chaque stade (terre) une catĂ©gorie d'hommes simples comme aux cĂŽtĂ©s d'autres imaginĂ©s (« hommes Ă  cornes », « hommes Ă  queue », « hommes ailĂ©s », « hommes rampants »). Une cosmogonie empreinte de connaissances des corps cĂ©lestes dans un univers d'une immensitĂ© infinie, connaissances pour certaines confirmĂ©es par l'astronomie moderne.

Cosmogonie bambara

Article détaillé : Cosmogonie bambara.

BĂątie sur la tradition du Komo, la cosmogonie bambara attribue le pouvoir de la crĂ©ation Ă  un ĂȘtre suprĂȘme, Maa Ngala qui a crĂ©Ă© toutes choses au moyen de la parole (kuma), force fondamentale Ă©manant de lui-mĂȘme.

Cosmogonie peule

Article détaillé : Cosmogonie peule.

Cosmogonie ésotérique

Exemples de cosmogonies ésotériques : Gnosticisme, Kabbale, Soufisme, Théosophie, Anthroposophie, La cosmogonie des Rose-Croix de Max Heindel, Le Livre d'Urantia.

Cosmogonie scientifique

Article détaillé : Cosmologie.

Les théories scientifiques fournissent à l'imaginaire populaire les éléments d'une cosmogonie moderne. Cependant, la cosmogonie scientifique en tant que telle s'occupe de la formation des objets célestes (planÚte, étoile, galaxie, etc.)[9], alors que la cosmologie est la branche de l'astrophysique qui étudie la structure et l'évolution de l'univers[9]. En cela, elle fournit les théories décrivant l'évolution de l'univers, notamment le modÚle du Big Bang. La biologie fournit les théories décrivant l'origine et l'évolution de la vie, notamment la théorie de l'évolution.

Les thĂ©ories scientifiques fournissent les explications les plus vraisemblables et vĂ©rifiables aux phĂ©nomĂšnes observĂ©s, mais ne fournissent pas toutes les rĂ©ponses : ce n'est pas leur objectif. Par exemple l'analyse des traces du Big Bang permet de remonter vers une Ă©poque trĂšs reculĂ©e de l'histoire de l'univers, sans ĂȘtre en mesure aujourd'hui de connaĂźtre les tout premiers instants de cette Ă©poque. La plupart des physiciens pensent que ce problĂšme rĂ©sulte de notre comprĂ©hension limitĂ©e des lois de la physique dans une telle situation, ainsi que de l'absence d'Ă©lĂ©ments observationnels ou expĂ©rimentaux relatifs Ă  ces Ă©poques.

Les théories scientifiques sont par essence sujettes à de profonds remaniements. Par exemple, le modÚle du Big Bang a été proposé en 1922 par Alexandre Friedmann, puis en 1927 par l'abbé Lemaßtre à partir d'une théorie de l'« atome primitif ». Celui-ci fut un pionnier dans l'utilisation de la relativité générale formulée par Einstein douze ans plus tÎt. Einstein eut des scrupules lorsque sa brillante théorie le mena à un univers en expansion. Cette idée le dérangea beaucoup, au point de la réfuter vigoureusement dans un premier temps, avant d'admettre son erreur.

Le Big Bang n'est considĂ©rĂ© comme Ă©tant le modĂšle le plus satisfaisant que depuis 1962. Auparavant, c'est la thĂ©orie de l'univers statique et Ă©ternel qui avait la faveur des astrophysiciens. La cosmologie moderne a donc elle aussi Ă©tĂ© sujette Ă  d'importants remaniements, qui l'ont approchĂ© soudainement du rĂ©cit biblique d'un univers non-statique mais sortant du nĂ©ant sous forme d'Ă©nergie (« que la lumiĂšre soit »), se transformant partiellement en matiĂšre (formation du firmament au « deuxiĂšme jour ») ; nĂ©anmoins, certains modĂšles scientifiques conçoivent dĂ©jĂ  l'existence d'un "univers" antĂ©rieur au Big Bang (cf. Gabriele Veneziano et la thĂ©orie des cordes)


Notes et références

  1. Dictionnaire de l'Académie française (1762)
  2. Livre de Jonas, verset 3.
  3. Le pĂšlerinage(22), verset 47.
  4. Les voies ascendantes(70), verset 4.
  5. Les versets détaillés, versets 9 à 12.
  6. QĂąf, verset 38.
  7. Al-AhqĂąf, verset 33.
  8. Al-Anbyae, verset 31.
  9. Petit Larousse Illustré, 2006

Bibliographie

  • LeĂŻla Haddad et Guillaume Duprat, Mondes : mythes et images de l'univers, Seuil, Paris 2006
  • Jean-Marc RouviĂšre, BrĂšves mĂ©ditations sur la crĂ©ation du monde, L'Harmattan, Paris 2006
  • Alexandre Hislop, Les deux Babylones, 1916

Voir aussi

Articles connexes