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ƒuf cosmique

L’Ɠuf cosmique ou Ɠuf du monde est un concept symbolique utilisĂ© pour expliquer, selon de nombreuses cultures et civilisations, l'apparition du monde.

Premier chapitre du Livre de la GenĂšse, Ă©crit sur un Ɠuf, musĂ©e d'IsraĂ«l Ă  JĂ©rusalem.
L'ƒuf orphique de Jacob Bryant, 1774.

Dans les textes sanskrits

Des textes anciens en sanskrit Ă©voquent un « cosmos en forme d'Ɠuf ». Le mot sanskrit est Brahmanda (oĂč Brahman signifie « cosmos » et anda signifie « Ɠuf »). Certains Purana comme le Brahmanda Purana en parlent en dĂ©tail.

Le Rig Veda (RV 10.121) utilise un nom similaire pour la source de l'univers : Hiranyagarbha, qui signifie littĂ©ralement le « fƓtus dorĂ© » ou l'« utĂ©rus d'or » (ou « Ɠuf » ou « matrice » d'or). Les Upanishads indiquent que le Hiranyagarbha flotta dans le vide pendant un certain temps puis se brisa en deux moitiĂ©s qui formĂšrent Dyaus Pitar (le Ciel) et Prithvi (la Terre). Ce rĂ©cit existe dans presque toutes les cultures antiques.

Dans la mythologie chinoise

Dans le mythe de Pangu, crĂ©Ă© par les moines taoĂŻstes des centaines d'annĂ©es aprĂšs Lao Tseu, au dĂ©but l'univers est un Ɠuf. Un dieu nommĂ© Pangu, nĂ© dans cet Ɠuf le brise en deux moitiĂ©s : la partie supĂ©rieure devient le Ciel et la moitiĂ© infĂ©rieure devient la Terre. Quand le dieu grandit alors le Ciel et la Terre s'Ă©largissent et se sĂ©parent encore plus. Finalement, Pangu meurt et son corps devient les diffĂ©rentes parties de la terre[1] - [2] - [3].

Dans la mythologie japonaise

Texte du Nihongi : « À l’origine lorsque le Ciel et la Terre n’étaient pas encore sĂ©parĂ©s, que le principe femelle et le principe mĂąle n’étaient pas divisĂ©s, le Chaos, semblable Ă  un Ɠuf, se forma en nuage, renfermant un germe. La partie pure et lumineuse s’évapora et forma le Ciel ; la partie lourde et trouble se coagula et forma la Terre. La combinaison des Ă©lĂ©ments purs et parfaits fut facile ; la coagulation des Ă©lĂ©ments lourds et troubles fut difficile. Aussi le Ciel fut-il accompli tout d’abord, et la Terre constituĂ©e plus tard. »

Dans la mythologie Ă©gyptienne

Selon le mythe de Ogdoade d'Hermopolis, la voie lactĂ©e a Ă©mergĂ© des eaux sous la forme d'une colline. Ra Ă©tait dans un Ɠuf dĂ©posĂ© sur ce monticule par un oiseau cĂ©leste. Dans une version antĂ©rieure de ce mythe, l'oiseau est une oie. Plus tard aprĂšs l'apparition du culte de Thoth, l'Ɠuf est prĂ©sentĂ© comme Ă©tant un cadeau donnĂ© par Thoth et dĂ©posĂ© par un ibis, l'oiseau auquel Thot Ă©tait associĂ©.

Dans la mythologie finnoise

Dans la mythologie finnoise et dans le Kalevala[4] - [5], le monde est crĂ©Ă© Ă  partir des fragments d'un Ɠuf dĂ©posĂ©, par un canard plongeur, sur les genoux de la dĂ©esse de l'air Ilmatar.

Dans la mythologie pélasge (GrÚce)

« Dans le mythe pĂ©lasge de la CrĂ©ation, la Grande DĂ©esse primordiale, EurynomĂ©, commença par crĂ©er l’OcĂ©an sur lequel elle se mit Ă  danser. Puis, avec le “Vent du Nord”, elle façonna le serpent Ophion, auquel elle s’unit. Ayant pris la forme d’une colombe (pĂ©lĂ©ia), elle couva ensuite, sur les vagues de la mer, l’Ɠuf qu’elle avait pondu. Ophion s’enroula sept fois autour de cet Ɠuf qui, en se brisant, donna naissance Ă  tout ce qui existe ; ce mythe Ă©voque l’ƒuf de Serpent, cher aux druides, et il renvoie aux reprĂ©sentations d’omphalos entourĂ© par un reptile. »

Source: Raimonde Reznikov, Les Celtes et le Druidisme[6]

« On raconte qu’au commencement, tout Ă©tait chaos, d’interminables volutes et spirales tournoyant sans cesse. De lĂ  surgit la divine EurynomĂ©, splendide dans sa nuditĂ©. Ne trouvant oĂč poser ses pieds ni comment s’appuyer pour danser, elle crĂ©a le ciel et la mer. Ses mouvements formĂšrent le grand vent du nord, qu’elle pris contre elle et modela, donnant vie Ă  un majestueux serpent nommĂ© Ophion. A mesure qu’elle dansait, EurynomĂ© se faisait vive et sauvage, et plus elle dansait, plus Ophion la dĂ©sirait. Il s’enroula autour d’elle et ils s’unirent. EurynomĂ© se transforma alors en colombe, afin de pondre l’ƒuf Universel. »[7]

Le mythe rapporté ici est issu d'une version librement développée par Robert Graves (Les mythes grecs, I, 1a-b, Fayard 1967) à partir d'Apollonios de Rhodes (Argonautiques, I, 496-505) et de des commentaires de Jean TzétzÚs à l'Alexandra de Lycophron (v.1191). Selon Apollonios de Rhodes:

[Orphée] chantait comment la terre, le ciel et la mer, autrefois confondus entre eux dans un ensemble unique, à la suite d'une funeste discorde, furent séparés et mis chacun en son lieu ; comment dans l'éther un emplacement fixé à jamais fut assigné aux astres et aux routes de la lune et du soleil ; comment les montagnes s'élevÚrent et comment naquirent les fleuves sonores avec leurs Nymphes, ainsi que tous les animaux. Il chantait aussi comment à l'origine Ophion et l'Océanide Eurynomé étaient les maßtres de l'Olympe neigeux ; comment, vaincus par la force de leurs bras, ils cédÚrent leur apanage, l'un à Cronos, l'autre à Rhéa, et tombÚrent dans les flots de l'Océan. (traduction E. Delage, Belles Lettres, 1974)

Dans la thĂ©ologie Orphique Éros est Ă  l'origine de la crĂ©ation. Il nait de l'Ɠuf cosmique issu de l'union de l'Éther et du Chaos. PrĂŽtogonos/ PhanĂšs est souvent assimilĂ© Ă  Eros

Hymne Orphique - parfum de prĂŽtogonos [8]

J’invoque PrĂŽtogonos aux deux sexes, grand, qui vagabonde dans l’AithĂšr, sorti de l’ƒuf, aux ailes d’or, ayant le mugissement du taureau, source des Bienheureux et des hommes mortels, mĂ©morable, aux nombreuses orgies, inĂ©narrable, cachĂ©, sonore, qui chassa de tous les yeux la noire nuĂ©e primitive, qui vole par le Kosmos sur des ailes propices, qui amĂšne la brillante lumiĂšre, et que, pour cela, je nomme PhanĂšs. Bienheureux, trĂšs-sage, aux diverses semences, descends, joyeux, vers les sacrifices des Orgiophantes!

Dans la mythologie kazhake

Dans la mythologie Kazakh un oiseau pond un Ɠuf au sommet de l'arbre Bayterek (peuplier).

Dans la mythologie nauruane

Le mythe de la création sur l'ßle Nauru est le suivant : le ver Rigi parvient à séparer les deux valves d'un coquillage (bénitier) qui est équivalent à un oeuf. La valve supérieure devient le ciel et l'inférieure, la Terre.

Dans la mythologie maori

A l'origine Papatuanuku (la MÚre Terre) et Rangi (le PÚre ciel) s'aiment tellement qu'ils ne forment qu'un. Il rÚgne alors l'obscurité. Mais Tane Mahute parvient à la séparer, ce qui laissa entrer la lumiÚre.

Dans la mythologie Kotoko (Tchad, Cameroun et Nigeria)

Pour les Kotokos « quatorze mondes tiennent sur la tĂȘte d’une gazelle posĂ©e sur une terre en Ă©quilibre sur un taureau dont les pattes baignent dans un lac. Le tout est contenu dans un Ɠuf ».

Dans la cosmologie moderne

Durant les annĂ©es 1930 Ă  1950, des scientifiques modernes rĂ©-exploreront le concept dans une tentative de rĂ©concilier l'Expansion de l'Univers observĂ©e par Edwin Hubble et prĂ©dite par Alexander Friedmann Ă  partir des Ă©quations de la relativitĂ© gĂ©nĂ©rale d'Einstein et partant de la notion d'un univers Ă©ternellement vieux. Certains modĂšles cosmologiques actuels prennent pour hypothĂšse qu'il y a 13,7 milliards d'annĂ©es la masse entiĂšre de l'univers Ă©tait compressĂ©e en une singularitĂ© gravitationnelle, dite Ɠuf cosmique[9], qui s'est Ă©tendue vers son Ă©tat actuel par le Big Bang.

En 1927, Georges Lemaitre propose l'idĂ©e selon laquelle le cosmos a pour origine l’atome primitif.

À la fin des annĂ©es 1940, Ralph Alpher, chercheur en cosmologie, propose le mot « ylem Â» pour nommer la substance primitive ayant existĂ© entre le Big crunch de l'univers prĂ©cĂ©dent et le Big bang de notre propre univers[10].

Notes et références

  1. Vincent Mespoulet, « Pangu ç›˜ć€ dans la cosmologie chinoise »,‎ (consultĂ© le )
  2. « Pan Gu », Mythologica.fr (consulté le )
  3. Marc Kalinowski, Mythe, cosmogénÚse et théogonie dans la Chine ancienne, vol. 36, Persée, année 1996 (lire en ligne), chap. 137, p. 41-60
  4. (fi) Elias Lönnrot, « La structure du Kalevala », (consulté le )
  5. (fi) Le Kalevala en version complĂšte, Projet Runeberg, (lire en ligne)
  6. « Racines et Traditions en Pays d'Europe », sur racines.traditions.free.fr (consulté le )
  7. Dame-Fée, « Eurynomé et Ophion », sur Ecole des mystÚres de la Déesse, (consulté le )
  8. Hymne Orphique - parfum de prĂŽtogonos Wikisource
  9. Jean Audouze, « Big bang et nuclĂ©osynthĂšse », Revue GĂ©nĂ©rale NuclĂ©aire, no 4,‎ , p. 14–17 (ISSN 0335-5004, DOI 10.1051/rgn/20014014, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. The Cosmos -- Voyage Through the Universe, New York, Time-Life Books, , p. 75

Voir aussi

Bibliographie

  • Anna‐Britta Hellborn, "The creation egg", Ethnos: Journal of Anthropology, 1, 1963, pp. 63-105.

Articles connexes

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