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Cosmogonie nordique

La cosmogonie nordique est le systÚme de la création du Monde, selon la mythologie nordique.

Du néant originel aux premiers géants et aux premiers dieux

Audhumla dégageant Buri de la glace (manuscrit islandais du XVIIIe siÚcle)
C’était au premier Ăąge
OĂč il n’y avait rien
Ni sable ni mer
Ni froides vagues;
De terre point n’y avait
Ni de ciel élevé
BĂ©ant Ă©tait le vide
Et d’herbe nulle part.[1]
Ár var alda
ĂŸaĂ° er ekki var,
vara sandur né sÊr
né svalar unnir;
jörð fannst Êva
né upphiminn,
gap var ginnunga
en gras hvergi.

Tel est le commencement des temps qui nous est prĂ©sentĂ© dans la VöluspĂĄ. Le nĂ©ant originel, Ginnungagap (vide bĂ©ant en vieux norrois) est bordĂ© au nord par Niflheim, monde du froid et de la glace, du brouillard et de l’obscuritĂ©, au sud par Muspellheim, domaine du feu et des flammes, de la chaleur et de la lumiĂšre.

Au centre de Niflheim se trouve une source, Hvergelmir, d’oĂč jaillissent onze riviĂšres empoisonnĂ©es, les ÉlivĂĄgar. Loin de leur source, ces riviĂšres gelĂšrent, et du givre apparut. Petit Ă  petit, il gagna Ginnungagap. En mĂȘme temps, un souffle d’air chaud venait de Muspellheim. Cette chaleur fit fondre le givre, et des gouttes se formĂšrent, donnant naissance au premier ĂȘtre, un gĂ©ant du nom d'Ymir.

De la rencontre de la chaleur et du froid naquit Ă©galement la vache Audhumla. De ses pis jaillissaient quatre riviĂšres de lait, qui nourrirent Ymir.

Mais Audhumla ne joue pas seulement le rĂŽle de « nourrice » d’Ymir. En effet, pour se nourrir, elle se mit Ă  lĂ©cher les blocs de givre. Ce faisant, elle fit apparaĂźtre une chevelure le premier jour, une tĂȘte le deuxiĂšme jour, et, au troisiĂšme jour, ce fut un ĂȘtre tout entier, Buri qui se libĂ©ra des glaces.

Quant Ă  Ymir, il engendre durant son sommeil deux « enfants ». Dans le mĂȘme temps, l’un de ses pieds engendra avec l’autre pied un fils, Thrudgelmir, un gĂ©ant Ă  six tĂȘtes.

Buri eut, dans des conditions que l’on ignore, un fils nommĂ© Burr ou Borr (ce qui signifie tout simplement « fils »). Les gĂ©ants aussi se reproduisirent. En particulier, l’un d’eux, Bolthorn, eut une fille portant le nom de Bestla.

Burr et Bestla engendrĂšrent les premiers dieux : Odin, Vili et VĂ©[2].

Le meurtre d'Ymir et la création du Monde

Arriva ensuite le jour oĂč Odin, VĂ© et Vili tuĂšrent Ymir. Tous les gĂ©ants se noyĂšrent dans son sang, sauf Bergelmir, fils de Thrudgelmir. Il parvint en effet Ă  s’enfuir avec sa femme dans un tronc d'arbre Ă©vidĂ©. C’est grĂące Ă  lui que se perpĂ©tua la race des gĂ©ants du givre. Ce thĂšme du meurtre des ancĂȘtres se retrouve dans de nombreuses mythologies, notamment la mythologie grecque (titanomachie).

Une fois qu’ils eurent tuĂ© Ymir, les dieux transportĂšrent son corps au centre de Ginnungagap. Ils crĂ©Ăšrent la terre avec sa chair, les mers et les lacs avec son sang, les montagnes avec ses os. De son crĂąne ils firent la voĂ»te cĂ©leste, et de sa cervelle les nuages. Ses dents et les Ă©clats de ses os devinrent les pierres et les rochers. Avec les sourcils d'Ymir fut construite une muraille destinĂ©e Ă  se protĂ©ger des gĂ©ants. Quant aux Ă©toiles, les dieux les crĂ©Ăšrent Ă  partir des flammĂšches et des Ă©tincelles venues de Muspellheim. Les astres furent placĂ©s sur leur orbite, et c'est Ă  partir de cette Ă©poque que l’on distingua le jour de la nuit.

Au cours du dĂ©membrement d'Ymir, les dieux dĂ©couvrirent dans sa chair des ĂȘtres semblables Ă  des vers. Ils dĂ©cidĂšrent de les doter d’intelligence et de leur donner forme humaine, donnant ainsi naissance aux nains. Quatre d'entre eux, placĂ©s aux quatre coins de la voĂ»te cĂ©leste, furent utilisĂ©s pour soutenir le ciel : Nordri, Sudri, Austri et Westri, qui donnĂšrent leurs noms aux points cardinaux.

Organisation de l'Univers

Représentation d'Yggdrasil, peinture attribuée à Oluf Bagge.

La structure de l'Univers n'est pas prĂ©cisĂ©ment dĂ©crite une fois pour toutes et varie parfois d'un ouvrage Ă  l'autre. De plus certains manuscrits trĂšs anciens ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© de traductions diffĂ©rentes, contenant parfois des erreurs de copie ou mĂȘme difficiles Ă  lire rendent la tĂąche encore plus ardue. La confusion concerne uniquement le monde de Niflheim, qui a parfois Ă©tĂ© associĂ© au monde « Niflheimr Â», celui-ci Ă©tant le monde originel du froid et de la brume duquel est nĂ© l'Univers (par association avec Muspellheim, monde du feu et de la chaleur). L'interprĂ©tation choisie ici est que Niflheim (Ă©galement appelĂ© Niflhel, « la Hel sombre Â») est le niveau le plus profond de l'Univers. Il s'agit de la version la plus communĂ©ment acceptĂ©e.

Une fois cette clarification effectuĂ©e, les neuf Mondes peuvent ĂȘtre organisĂ©s diffĂ©remment de maniĂšre « spatiale Â» dans l'Univers.

SystÚme linéaire

Cette organisation décrit les mondes comme un continuum avec à l'extrémité Nord, Niflheim, monde du froid, du vent et de la brume, et à l'extrémité Sud, Muspellheim, monde de la chaleur et du feu. Ils s'organisent alors ainsi :

Sud

1. Muspellheim, le monde du feu et de la chaleur
2. Álfheim, le monde des Alfes lumineux
3. Vanaheim, le monde des Vanes
4. Ásgard, le monde des Ases
5. Midgard, le monde du milieu ou monde des hommes
6. Jötunheim, le monde des géants du givre
7. Svartalfheim, le monde des Alfes sombres ou des nains
8. Helheim, le monde des morts
9. Niflheim, le monde du froid, de la brume et des ténÚbres

Nord

Cette organisation conforte l'idĂ©e que Hel (ou Helheim) ne serait que « l'anti-chambre Â» de Niflheim, lui-mĂȘme Ă©tant le monde situĂ© au plus profond de l'Univers, comme dĂ©crit dans l'Edda de Snorri et dĂ©signĂ© comme le neuviĂšme monde[3].

Trois niveaux de trois mondes

Dans cette organisation, l'Univers serait structuré sur trois niveaux de l'Arbre du Monde Yggdrasil, chacun comportant trois mondes différents. La configuration en serait la suivante :

Niveau le plus haut, dans le ciel :

Vanaheim, Álfheim et Ásgard

Niveau du milieu, sur la terre :

Svartalfheim, Midgard et Jötunheim

Niveau inférieur, sous la terre :

Muspellheim, Helheim et Niflheim.

C'est en particulier l'organisation donnĂ©e par la religion du nĂ©o-paganisme ÁsatrĂș, qui voue un culte aux Ases basĂ© sur la mythologie nordique.

Autres lieux

Notes et références

  1. Extrait de la traduction de l'Edda poétique par Régis Boyer, Fayard, 1992
  2. Mythes sur l'origine de l'homme par Xavier Yvanoff aux Ă©ditions Errance, p. 189-190
  3. Gylfaginning, chapitre 3

Sources

Annexes

Bibliographie

  • RĂ©gis Boyer, HĂ©ros et Dieux du Nord : Guide iconographique, Flammarion, coll. « Tout l’Art », , 192 p. (ISBN 2-08-012274-6), « Cosmogonie nordique », p. 35 ; « Cosmologie nordique », p. 35-36.
  • Rudolf Simek, Dictionnaire de la mythologie germano-scandinave, [dĂ©tail des Ă©ditions].

Articles connexes

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