Mont du Temple
Le mont du Temple (en hébreu הר הבית, transc. har ha Bayit) est le lieu le plus sacré du judaïsme. C'est le site sur lequel se trouvait le temple de Jérusalem, détruit en 586 av. J.-C. par Nabuchodonosor II et en 70 par l'empereur Titus. La partie occidentale des murs monumentaux, bâtis par Hérode pour agrandir le site, serait le seul vestige du temple de Jérusalem et constitue le Mur occidental (Kotel) ou mur des Lamentations.
Mont du Temple | |
Vue du mont du Temple depuis le sud. | |
Géographie | |
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Altitude | 743 m |
Massif | Monts de Judée |
Coordonnées | 31° 46′ 41″ nord, 35° 14′ 07″ est |
Administration | |
Pays | Palestine Israël[1] |
Territoire | Cisjordanie |
Gouvernorat District |
Jérusalem Jérusalem |
Géologie | |
Roches | calcaire |
Aujourd'hui, l'esplanade des Mosquées occupe la majeure partie du mont du Temple avec deux monuments majeurs de l'islam : la mosquée al-Aqsa et le dôme du Rocher[2].
Le mont du Temple forme le premier lieu saint du judaïsme tandis que l'esplanade des Mosquées est le troisième lieu saint de l'islam sunnite, après La Mecque et Médine. L'appellation arabe en est le « Noble Sanctuaire » (en arabe : الحرم الشريف al-Ḥaram aš-Šarīf) et l'appellation hébraïque « mont du Temple » (הר הבית, har ha Bayit, précisément le mont des deux temples juifs appelés Beit HaMikdash (« le Sanctuaire ») (beit = bayit = « maison », Ha Mikdash = « sanctifiée »).
L'accès à l'esplanade des Mosquées est régi par un statu quo affirmé par le général Moshe Dayan en 1967 lors de la conquête de la vieille ville de Jérusalem par les Israéliens en 1967, confirmé dans le traité de paix israélo-jordanien de 1994 et interdisant aux Juifs de venir prier sur le mont du Temple. De plus, le grand-rabbinat d'Israël a interdit l'accès au mont du Temple à toute personne se réclamant du judaïsme de peur qu'il ne foule par ignorance le Saint des Saints[3].
Le mont du Temple se situe dans la vieille ville de Jérusalem à Jérusalem-Est, revendiquée par l'État de Palestine comme sa capitale, annexée et administrée par l'État d'Israël qui a proclamé Jérusalem capitale « réunifiée et indivisible » en 1980. Son administration religieuse a cependant été confiée au Waqf, une fondation religieuse sous juridiction jordanienne.
Description
La colline est bordée à l'est par la vallée du Cédron, aussi appelée vallée de Josaphat dans sa partie nord, qui la sépare du mont des Oliviers. Elle est prolongée au sud par la colline de l'Ophel. Dans l'Antiquité, le mont du Temple était bordé à l'ouest par la vallée du Tyropœôn qui a été progressivement comblée depuis.
Dans sa configuration actuelle, cette hauteur calcaire à forme trapézoïdale de 15 hectares de superficie, mesure de 470 (côté est) à 488 mètres (côté ouest), sur 280 (côté sud) à 315 (côté nord) mètres, pour une altitude de 740 mètres.
Sur l'esplanade, outre le dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa, on trouve une centaine d'édifices de différentes périodes dont certains sont des œuvres d'art remarquables[4] : des lieux de prière musulmans, des arches et des portiques, des écoles religieuses musulmanes (madrassas), des minarets, des fontaines pour boire et d'autres pour les ablutions rituelles. Sous la surface, dans les parties artificielles du Mont, il existe 37 cavités de différentes tailles. Plusieurs sont considérées comme des citernes, d'autres comme des escaliers souterrains ou des passages[5]. On trouve aussi des salles appelées écuries de Salomon, aujourd'hui transformées en mosquée.
Les principaux édifices religieux
Judaïsme
Selon la Bible, le roi Salomon fait construire sur ce site le Temple de Jérusalem, détruit vers 586 av. J.-C. par Nabuchodonosor II, roi de Babylone.
Les Juifs, de retour d'exil, construisent sous la direction de Zorobabel, petit-fils du roi de Juda Joachin, le Second Temple, inauguré en 516 av. J.-C. Celui-ci est considérablement agrandi sous Hérode Ier le Grand qui établit l'esplanade actuelle vers la fin du Ier siècle av. J.-C..
En 70 ap. J.-C, le Temple d'Hérode est détruit par l'armée romaine sous le commandement du futur empereur Titus lors de la Première Guerre judéo-romaine.
Paganisme
Après la conquête par Titus, aucun édifice ne remplace le temple de Jérusalem. Toutefois, en 130, l'empereur Hadrien rebaptise Jérusalem du nom d'Aelia Capitolina, ce qui suscite la révolte de Bar Kokhba vaincu à nouveau par les Romains en 135. L'empereur Hadrien fait alors élever sur le site un temple dédié au dieu païen Jupiter Capitolin.
Quand l'Empire romain devient chrétien, sous l'empereur Constantin Ier, il semble que le site soit laissé à l'abandon.
Islam
Après la conquête de Jérusalem par les Arabes en 637, de nouveaux bâtiments sont élevés : le dôme du Rocher (souvent appelé Mosquée d'Omar) est achevé vers 691, sous le règne d'Abd al-Malik. Ce monument, le plus visible de Jérusalem avec aujourd'hui sa coupole dorée, abrite le Rocher de la Fondation, site, selon la tradition juive, de la ligature d'Isaac et, selon la tradition musulmane, du départ de Mahomet lors de son voyage nocturne. Puis, vers le début du VIIIe siècle, la mosquée al-Aqsa est édifiée mais elle subit de nombreuses destructions et sa dernière grande reconstruction date du XIIIe siècle.
Christianisme
Le christianisme ne semble pas avoir élevé de monument sur le lieu même du Temple transformé en dépotoir[6]. Puis, pendant les Croisades, le dôme du Rocher est transformé en Templum Domini et la mosquée al-Aqsa est remise aux Templiers[7].
Lieu saint du judaïsme
Le mont du Temple est le lieu le plus sacré du judaïsme (certains disent même que c'est le seul lieu saint).
Selon le Talmud, c'est du sol de ce lieu que Dieu rassemble l'argile qui forme Adam. C'est là qu'Adam puis, selon son exemple, Caïn, Abel et Noé, font leur holocauste. La tradition juive place aussi à cet endroit le mont Moriah de la Bible où aurait dû s'accomplir le geste sacrificiel d'Abraham :
« Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t'en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste sur l'une des montagnes que je te dirai. »
— Ge 22
Selon la Bible, le roi David achète cette terre pour y construire un autel permanent (II Samuel 24:24). Le roi Salomon réalise ce vœu en construisant à cet endroit le Premier Temple en -950, détruit par Nabuchodonosor II en -586, date qui marque l'exil des Juifs à Babylone.
Le Second Temple y est établi à partir de -516, après le retour d’exil. Il est détruit par Titus Flavius Vespasianus en 70, à l'exception du mur ouest, aujourd'hui connu comme le mur des Lamentations, lieu de prière le plus important des juifs.
C’est aussi, selon des juifs religieux, le site du Troisième Temple de Jérusalem qui sera construit aux temps messianiques, lors de la venue du Messie.
Son ascension, de par la sainteté du lieu, est formellement interdite pour un juif et est punie de karet.
Lieu saint de l'islam
Pour les musulmans, cet endroit est surtout le point d'où Mahomet est monté au 7e ciel lors d'Isra et Miraj, le voyage nocturne que le prophète de l'islam a fait de La Mecque à Jérusalem, emporté par son cheval Bouraq. Le Coran ne cite pas le nom de Jérusalem explicitement, mais la désigne implicitement :
« Gloire à Celui qui a fait voyager de nuit son serviteur de la mosquée sacrée [(mosquée al-Haram)] à la mosquée lointaine (ou au « lieu de prosternation lointain » qui en arabe se dit mosquée al-Aqsa) dont Nous avons béni l’alentour, et ceci pour lui montrer certaines de Nos merveilles. »
— Le Coran, sourate XVII ; 1.
« ô mon peuple ! Entrez dans la terre sainte qu'Allah vous a prescrite. Et ne revenez point sur vos pas [en refusant de combattre] car vous retourneriez perdants. »
— Le Coran, sourate V ; 21.
Cette « mosquée lointaine » (en arabe, « lointain » se dit aqsa) est identifiée par les hadiths à Jérusalem. Le lien entre le point de départ du prophète et le « Noble Sanctuaire » de Jérusalem est postérieur à la construction du Al-Jamii Al-Qibali et du dôme du Rocher.
Selon le récit fait par Al-Bakri de l'arrivée d'Omar à Jérusalem en 638, les ruines du Temple auraient alors été utilisées comme dépotoir par les chrétiens. Michel Orcel estime que « ce dernier détail est sans doute une notation historique : en transformant en décharge l'emplacement de l'ancien sanctuaire juif, les chrétiens auraient manifesté de façon durable la réalisation de la prophétie que le Christ avait faite de la destruction du Temple, ainsi que le caractère caduc et désormais méprisable du judaïsme pour le christianisme ; mais il est possible que ce détail ait été destiné à accentuer le rôle sotériologique de l'islam, ressuscitant la foi d'Abraham sur la double ruine du Temple juif et de la religion chrétienne[8]. » Le calife, horrifié de voir ce lieu saint dans un tel état, ordonne son nettoyage et y prie.
Plus récemment, l’origine juive de la sacralité du mont du Temple a pu être niée par des musulmans palestiniens. En 2000, lors de négociations israélo-palestiniennes de Camp David, « Arafat va jusqu'à dire que le Temple ne se trouvait pas à Jérusalem mais à Naplouse[9] ! » [...] « Arafat semble méconnaître les traditions islamiques concernant l'histoire des Juifs (les Isra'iliyyat) et le fait même que la Mosquée al-Aqsa a été construite à l'extrémité sud de l'esplanade, en tournant le dos à l'emplacement supposé du temple[9]. » Selon le diplomate israélien Dore Gold, à la suite de la remarque d'Arafat à Camp David, la négation des Temples s'est rapidement répandue dans les milieux dirigeants palestiniens[10].
Lieu saint disputé
À de multiples reprises, la plupart des différents occupants de Jérusalem ont voulu affirmer leur culte sur ce lieu.
- Au IIe siècle av. J.-C., les Juifs se révoltent sous la conduite des Maccabées car les Grecs séleucides qui gouvernent la région, ont introduit leur culte dans le Temple.
- Au Ier siècle, la première guerre judéo-romaine débute par la décision d'Éléazar, fils du grand-prêtre Ananias et chef de la police du Temple, de ne plus accepter le sacrifice quotidien pour l'Empereur[11].
- Au IIe siècle, la décision de l'empereur Hadrien de construire un temple dédié à Jupiter Capitolin est une des causes probables de la Révolte de Bar Kochba[12].
- Au VIIe siècle, les Arabes, nouveaux occupants du site, font construire le dôme du Rocher puis au siècle suivant, la mosquée al-Aqsa.
- Au XIIe siècle, les Croisés transforment le dôme du Rocher en Templum Domini confié aux chanoines augustins et la mosquée al-Aqsa est remise aux Templiers[7].
- Au XXe siècle, en 1967, les Israéliens prennent le contrôle de Jérusalem. Le ministre de la Défense israélien Moshe Dayan laisse le contrôle de l'esplanade au Waqf de Jérusalem, fondation religieuse islamique contrôlée par la Jordanie, qui assure la gestion du site.
Mur Occidental
Après la victoire israélienne lors de la Guerre des Six Jours et la capture du Mur Occidental, le grand-rabbin de l'armée israélienne Shlomo Goren proclame que « jamais Israël ne renoncera au Mur[13] ». Peu après Yitzhak Rabin, alors chef d'état-major, déclare : « Un moment de la Guerre des Six Jours symbolise la grande victoire : l'instant où les premières troupes ont atteint le Mur Occidental[14] ».
Dès le lendemain, l'armée israélienne commence à démolir les maisons bâties à quatre mètres devant le mur, afin de faire de la place pour l'esplanade où, depuis, des foules de Juifs viennent se recueillir ou prier, ainsi que des leaders du monde entier[15] - [16].
Esplanade des Mosquées
Le statu quo en vigueur depuis 1967 prévoit que les visiteurs non musulmans ont le droit de se rendre sur l'esplanade mais pas d'y organiser des prières[17]. De plus, le Grand-Rabbinat d'Israël a interdit l'accès au mont du Temple à toute personne se réclamant du judaïsme de peur qu'il ne foule par ignorance le Saint des Saints[3].
Le 21 août 1969, un Australien met le feu à la mosquée Al-Aqsa « afin de hâter la seconde venue du Christ[18] ».
En avril 1982, un réserviste israélien, Alan Goodman, tire sur les fidèles dans la mosquée Al-Aqsa, faisant un mort et plusieurs blessés[19] - [20].
Le 18 octobre 1990, 21 Palestiniens sont tués par la police israélienne lors d'une émeute[21] suscitée par une cérémonie dans la cité de David de pose de la première pierre du Troisième Temple, qui doit venir « à la place » de la mosquée Al-Aqsa et du Dôme du Rocher. Durant ces émeutes, les émeutiers arabes jettent des pierres sur les fidèles juifs accourus au Mur des Lamentations, à l'occasion de la fête de Souccot. Puis ils assiègent les policiers sur l'esplanade qui tirent sur la foule pour se dégager[22].
Lors des accords de Wadi Araba de 1994, Israël a confirmé le Waqf dans ses fonctions et donne à la Jordanie le rôle privilégié de garante des lieux saints musulmans dans de futures négociations de paix israélo-palestiniennes.
Le 28 septembre 2000, Ariel Sharon, alors simple député, se rend sur le Mont du Temple. Cette visite se déroule sans incident mais est suivie d'une émeute au cœur de Jérusalem qui marque le départ de la seconde Intifada[23].
Dans les années 1990-2000, Israéliens et Palestiniens s'accusent réciproquement de pratiquer des excavations dans le but d'endommager les vestiges archéologiques[24]. Les Israéliens estiment que le déblaiement des anciennes salles sous la mosquée Al-Aqsa puis la construction de la nouvelle mosquée Al-Marwani ont donné l'occasion aux Palestiniens d'évacuer parmi les gravats des quantités de vestiges archéologiques. Quant aux Palestiniens, ils dénoncent l'ouverture du tunnel qui part du Mur, longe le mont du Temple et ressort dans le quartier arabe, Via Dolorosa, comme la volonté de saper la fondation de la Mosquée Al-Aqsa[25].
Tensions en octobre 2014
Le 29 octobre 2014 un membre du Jihad islamique palestinien tente d'assassiner et blesse grièvement un activiste politique et rabbin israélien d’extrême-droite, Yehuda Glick qui milite « depuis des années afin d’obtenir l’autorisation pour les Juifs de prier sur le Mont du Temple »[26]. Le 30 octobre, à la suite de cette attaque, les autorités israéliennes ordonnent la fermeture de cette esplanade aux juifs et musulmans pour des raisons de sécurité. Cette fermeture est la première depuis celle ordonnée par le Waqf palestinien en 2000 à titre de protestation contre la visite d'Ariel Sharon. Cependant, le site est rouvert le lendemain aux musulmans pour la prière du vendredi avec une limitation aux personnes âgées de plus de 50 ans, sans limitation d'âge pour les femmes, tandis que de nombreux incidents opposent des Palestiniens aux forces de l'ordre israéliennes[27] - [28]. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qualifie cette mesure et les « récentes actions israéliennes à Jérusalem-Est » de « déclaration de guerre[29] ». Le 1er novembre, en réaction à ces événements, le pape François, appelle à « la paix et la réconciliation » à Jérusalem[30]. Le 2 novembre Benjamin Netanyahou s'est engagé à préserver le statu quo qui permet aux non-musulmans de visiter le site mais autorise seulement les musulmans à y prier bien qu'il s'agisse « du site le plus saint pour les Juifs[31] ».
Tensions et violences depuis l'automne 2015
La visite de Juifs sur cette esplanade, la veille du nouvel an juif en septembre 2015, a été invoquée pour le déclenchement d’émeutes, sur l'esplanade, à Jérusalem-Est, en Cisjordanie et dans certaines localités arabes israéliennes. À partir du 1er octobre une vague quasi-quotidienne de terrorisme, principalement au moyen d'attaques de civils Juifs israéliens et de membres des forces de l'ordre israéliennes se propage, d'abord à Jérusalem, puis dans d'autres villes d’Israël et en Cisjordanie, en particulier à Hébron et dans le Goush Etzion.
Sous la pression américaine, un accord est conclu le 24 octobre 2015 entre Israël et la Jordanie quant à de nouvelles mesures régissant le mont du Temple pour tenter de mettre fin à la flambée de violences entre Israéliens et Palestiniens. Cet accord inclut une vidéosurveillance permanente de l'esplanade[32]. Durant le week-end du 5 mars 2016, l'accord israélo-jordanien sur l'installation des caméras est conclu et vise à leur mise en opération avant les fêtes de la Pâque juive, en avril 2016[33]. Le 20 mars 2016, la Jordanie annonce l'installation, dans les jours suivants, de 55 caméras de surveillance, d'un centre de contrôle pour les gérer et la diffusion en ligne des images pour « documenter toutes les violations et agressions israéliennes »[34]. Cette proposition ne sera jamais mise en application après que la Jordanie est revenue sur sa décision en avril 2016[35].
En avril 2016, l'Institut du Temple annonce qu'un couple juif s'est marié furtivement le 12 avril sur le mont du Temple, provoquant des réactions furieuses de la gauche israélienne, avant que des dirigeants palestiniens, qui ne semblaient pas informés de ce mariage, préviennent que la visite de juifs sur le complexe pendant Pessah enflammerait les tensions[36].
Le 14 juillet 2017, l'assassinat de deux policiers israéliens d'origine druze près de la porte des Lions suivi de l'installation de détecteurs de métaux à l'entrée de l'Esplanade des Mosquées (d'où étaient partis les assassins et où ils cherchaient à se réfugier avant d'être abattus) provoquent une crise grave marquée par des émeutes où cinq Palestiniens sont tués et par l'assassinat de trois Israéliens, avant que les détecteurs de métaux ne soient retirés[37] - [38] - [39].
Le 11 août 2019, la fête de l'Aïd el-Kebir (célébrant le sacrifice de son fils par Abraham) et le jour de deuil et de jeûne de Tisha Beav (commémorant les destructions du Temple de Jérusalem) tombant en même temps, la police israélienne interdit l'entrée au Mont du Temple à quiconque, hormis 50 000 musulmans, tandis que le Waqf, qui administre les biens musulmans de Jérusalem, a fait fermer les autres mosquées de façon que les fidèles se rendent en masse à la mosquée d'Al-Aqsa[40]. Mais, après la prière, des militants musulmans attaquent la police[41], ce dont plusieurs centaines de militants juifs profitent pour forcer le passage de l'esplanade[42] - [43] - [44] - [45].
Le 3 janvier 2023 au matin, Itamar Ben-Gvir, nouveau ministre israélien de la Sécurité nationale, se rend sur le mont du Temple, une visite très fortement critiquée par la Jordanie, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite, les États-Unis, la France et l'Union européenne. L'Autorité palestinienne qualifie cette visite de « provocation sans précédent »[46].
La question des Lieux saints juifs et musulmans de Jérusalem devant l'UNESCO et l'ONU
Le 15 avril 2016, l'UNESCO adopte une résolution très critique envers Israël : de nombreuses violations du « statu quo » en vigueur depuis 1967 sont déplorées dans une formulation jugée maladroite par le Premier ministre français Manuel Valls[47]. Ce dernier déclare regretter le vote par la France de la résolution, tout comme le Président français François Hollande[48] et le gouvernement brésilien[49]. Certains interprètent cette résolution comme une négation délibérée de l’histoire : elle « dénie le lien entre les Juifs et le mur des Lamentations et le mont du Temple à Jérusalem » selon le Conseil représentatif des institutions juives de France[50], et « affirme que le Mont du Temple est un site sacré uniquement pour les musulmans, [ce qui est] une décision politique prise par des États membres de l'UNESCO qui n'est pas acceptable » selon la Directrice générale de l'Unesco Irina Bokova[51]. La résolution a été approuvée par trente-trois pays, dont la France, la Russie, l'Espagne et la Suède. Dix sept pays se sont abstenus et six ont voté contre : les États-Unis, l'Estonie, l'Allemagne, la Lituanie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.
Le 13 octobre 2016, l'UNESCO adopte une nouvelle résolution[52] déniant tout lien entre les Juifs et le mont du Temple et liant le site sacré aux seuls musulmans. Le lendemain, Israël suspend sa coopération avec l'Unesco[53]. L'Estonie, l'Allemagne, la Lituanie, les Pays-Bas, les États-Unis et le Royaume-Uni ont voté contre cette résolution alors que, cette fois-ci, la France, l'Inde et la Suède sont parmi les pays qui s'abstiennent au lieu de voter pour la résolution comme en avril 2016[54]. La directrice de l'Unesco, Irina Bokova critique à nouveau cette résolution : « La mosquée Al Aqsa ou Haram al-Sharif, le sanctuaire sacré des musulmans est aussi le Har HaBayit – ou mont du Temple – dont le Mur occidental est le lieu le plus sacré du judaïsme »[55]. Toutefois, outre le fait que plus de pays se sont abstenus lors de ce vote que lors de celui d'avril 2016, la nouvelle résolution reconnaît désormais « l'importance de la vieille ville de Jérusalem et de ses Murs pour les trois religions monothéistes »[56].
En 2018 puis en 2021, deux résolutions similaires qui appellent « à maintenir sans changement le statu-quo historique » sur le lieu saint « Haram al-Sharif » sont adoptées par l'Assemblée générale des Nations unies sans que soit mentionnée l'appellation juive « Mont du Temple »[57].
Notes et références
- Voir le statut de Jérusalem-Est
- Martine de Sauto, « Des responsables religieux musulmans de Jérusalem mettent en garde Barack Obama », sur La Croix, .
- Pierre Jovanovic, « À Jérusalem, ils rêvent d'un troisième Temple », sur La Vie,
- (en) « The Temple Mount », sur Jewish Virtual Library.
- Ronny Reich, « Two Possible "Miqwā'ōt" on the Temple Mount », Israel Exploration Journal, Israel Exploration Society, vol. 39, nos 1/2, , p. 63-65 (JSTOR 27926138)
- Toutefois, selon Farouk Mardam-Bey et Elias Sanbar, les Byzantins auraient élevé une basilique à la Vierge au lieu actuel de la mosquée al Aqsa (voir Farouk Mardam-Bey et Elias Sanbar, Jérusalem : le sacré et le politique, Sindbad, (lire en ligne), page 60). Mais cette hypothèse a été réfutée dès 1912 par Leopold Dressaire (voir « La basilique Sainte-Marie la Neuve à Jérusalem », Échos d'Orient, tome 15, n°94, 1912. pp. 234-245, (lire en ligne) sur Persée) puis par Simon Claude Mimouni qui situe cette basilique au Jardin de Gethsémani (voir Simon Claude Mimouni, Dormition et assomption de Marie : histoire des traditions anciennes, Éditions Beauchesne, (lire en ligne), p. 514.
- Michel Balard, Croisades et Orient latin : XIe – XIVe siècle, Armand Colin, (lire en ligne).
- Michel Orcel, L'invention de l'islam : Enquête historique sur les origines, Plon, 2012, 175 p. (ISBN 978-2262040529) [EPUB] emplacement 1817 et suiv. sur 3651.
- Henry Laurens, La question de Palestine (tome cinquième), Fayard, , [http://books.google.com/books?id=f4lGCgAAQBAJ&q=Isra'iliyyat lire en ligne]
- (en) Dore Gold, The Fight for Jerusalem, Regnery Publishing, , [http://books.google.com/books?id=sLZDIk4GUDsC&q=educated lire en ligne]
- Vidal-Naquet 1976, p. 98.
- Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 510.
- (en) M. D. Japheth & P. K. Rajiv, The Arab Israel conflict : an Indian viewpoint, Pearl Publications, 1967 : « Le rabbin en chef des armées, le brigadier Goren, organisa quatre heures de prière devant le Mur. Il proclama que jamais Israël ne renoncera de nouveau au Mur. Peu après, le ministre de la Défense, Moshe Dayan, arriva, accompagné du chef d'état-major, le général Yitzhak Rabin. Ils répétèrent la proclamation du rabbin. Dayan : « Aujourd'hui nous avons réunifié Jérusalem. Nous l'avons rendu à tout ce qui est saint dans notre pays. Nous l'avons réunie, jamais Jérusalem ne sera à nouveau divisée ».
- (en) Address to the Knesset by Prime Minister Rabin on Jerusalem, 29 mai 1995.}
- Donald Trump au mur des Lamentations, Le Figaro, 22 mai 2017.
- Le pape François se recueille au mur des Lamentations, Le Point, 26 mai 2014.
- Marc Henry, L'Esplanade des mosquées, épicentre de toutes les tensions dans Le Figaro daté du 7 novembre 2014, page 8.
- Montefiore 2011, p. 598.
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- Alexandre Boza, « Les fouilles archéologiques controversées de Jérusalem », sur INA, (consulté le ).
- Montefiore 2011, p. 603-604.
- Jerusalem Post: Yehuda Glick's condition slightly improves following assassination attempt, 30 octobre 2014.
- (en)Jerusalem Post: Jerusalem's Temple Mount closes to all visitors after shooting of Yehuda Glick, 30 octobre 2014.
- (en)Jerusalem Post: Security official: Jerusalem rioting could persist for weeks, even months, 31 octobre 2014.
- Libération: Israël rouvre l'esplanade des Mosquées à Jérusalem,30 octobre 2014.
- Haaretz: Pope prays for peace and reconciliation in Jerusalem, 1er novembre 2014.
- The Times of Israel: Temple Mount is our holiest site, but we won't allow Jewish prayer there, 2 novembre 2014.
- « Esplanade des Mosquées : accord entre Israël et la Jordanie sur de nouvelles mesures », sur Le Parisien, .
- (en) « Surveillance cameras to be installed on Temple Mount », sur Israel Hayom, .
- « Mont du Temple : La Jordanie va installer 55 caméras de surveillance », sur The Times of Israel, .
- « Jordanie: pas de caméras de surveillance sur l'esplanade des Mosquées », La Presse, (lire en ligne).
- Stuart Winer et Judah Ari Gross, « Condamnations après la célébration d’un mariage juif au mont du Temple », sur The Times of Israel, .
- Piotr Smolar, « A Jérusalem, deux policiers israéliens tués et un blessé dans une attaque palestinienne », sur Le Monde,
- « Installation de détecteur de métaux : « Si les musulmans s'y opposent, tant pis pour eux » », sur La Dépêche,
- « L’Etat hébreu va remplacer le dispositif, qui a déclenché des émeutes côté palestinien, par des caméras. », sur Les Échos,
- Claire Bastier, « Des dizaines de blessés après des heurts sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem », sur Le Monde,
- (en) « Large numbers of Palestinians had gathered at the gates ... and threw stones at police » : Muslims clash with Israeli police at Jerusalem holy site, Associated Press, 11-08-2019.
- (en) « The Palestinians (and the Waqf) took comfort in the fact that the Jews entered by way of force » : Israeli and Palestinian Extremists Win Latest Round of Arm Twisting, Harretz, 12-08-2019.
- (en) « The disorder erupted shortly after police had denied hundreds of Jewish worshipers entry to the shrine while permitting 50,000 Muslims to enter ... The Muslim rioters hurled rocks and chairs at the police, injuring four. The order thereupon went out to bar Temple Mount to further Muslim entry and open the shrine belatedly to Jewish worship » : Temple Mount opened to Jews after Muslim worshipers attack police, Debka, 11-08-2019.
- (en) Ynetnews.com,11-08-2016 : « Israel ends ban on Jewish worshippers at Temple Mount for Tisha B'Av. Decision comes ... after Muslim riots erupt ».
- Guillaume Gendron, « Jérusalem : les calendriers religieux ravivent les tensions », sur Libération,
- « Washington, Abou Dhabi, Paris, Ryad dénoncent la visite de Ben Gvir au mont du Temple », sur The Times of Israel,
- « Comment la polémique sur la résolution de l’Unesco freine le processus de paix israélo-palestinien », sur lemonde.fr, (consulté le )
- Gaël Vaillant, AFP, « Résolution de l'Unesco sur Jérusalem : Hollande et Valls prennent leurs distances », Le Journal du dimanche, (lire en ligne).
- (pt) « Brasil critica resolução da Unesco sobre Jerusalém », sur Portugal Digital,
- « Communiqué de presse », sur crif.org, (consulté le )
- (en) Ariel David, « The Day the UN Downgraded Judaism’s Holiest Site to a Stable », Haaretz, (lire en ligne).
- Texte complet Times of Israel, 16 octobre 2016
- « Israël suspend sa coopération avec l’Unesco après un vote sur Jérusalem », sur Le Monde,
- (en) « Netanyahu leads angry denunciations of ‘absurd’ UNESCO decision », sur The Times of Israel,
- (en) « UNESCO Director Criticizes Resolution: Temple Mount Sacred to Both Jews, Muslims », sur Haaretz,
- (en) Raphael Ahren, « Outrageous as it may be, UNESCO’s Jerusalem vote has a silver lining », sur The Times of Israel
- Jacob Magid, « ONU : 129 pays nient le lien entre le mont du Temple et Israël dans une résolution », sur The Times of Israel,
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Thomas Snégaroff, « Juin 1967 : pour assurer la survie d'Israël, Moshe Dayan renonce au Mont du Temple », franceinfo.fr, 13 novembre 2014.
Bibliographie
- (en) Simon Sebag Montefiore, Jerusalem : The Biography, Knopf, , 650 p. (ISBN 978-0-307-26651-4)
- Pierre Vidal-Naquet, Du bon usage de la trahison, préface à la Guerre des Juifs, Éditions de Minuit, (ISBN 2-7073-0135-3).