Accueil🇫🇷Chercher

Itamar Ben-Gvir

Itamar Ben-Gvir (hébreu : אִיתָמָר בֶּן גְּבִיר), né le , est un avocat et homme politique israélien dirigeant le parti Force juive (en hébreu Otzma Yehudit)[1]. Considéré comme un symbole de l'extrême droite radicale, il a été poursuivi à de multiples reprises par la justice israélienne pour émeute, discours incendiaires, et obstruction au travail de la police. Il a également été condamné pour racisme et possession de propagande pour une organisation terroriste[2].

Itamar Ben-Gvir
אִיתָמָר בֶּן גְּבִיר
Illustration.
Fonctions
Ministre israélien de la Sécurité nationale
En fonction depuis le
(6 mois et 7 jours)
Premier ministre Benyamin Netanyahou
Gouvernement Netanyahou VI
Prédécesseur Omer Bar-Lev (Sécurité intérieure)
Député à la Knesset
En fonction depuis le
(2 ans et 3 mois)
Élection 23 mars 2021
Réélection 1er novembre 2022
Législature 24e et 25e
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Jérusalem
Nationalité Israélienne
Parti politique Otzma Yehudit
Profession Avocat
Religion Judaïsme orthodoxe

Dans les années 1990, il est membre du parti Kach et Kahane Chai, interdit de se présenter aux élections puis classé terroriste par les autorités israéliennes et américaines. La sociologue franco-israélienne Eva Illouz estime qu'il incarne le fascisme juif[3].

Profitant de la division de la gauche et des partis arabes ainsi que d'un contexte de montée de la criminalité, son parti Force juive réalise un score surprise aux élections législatives de 2021 et puis à celles du 1er novembre 2022.

Le président d'Israël, Isaac Herzog, estime le 9 novembre 2022 que « cet individu inquiète le monde entier »[4].

Benyamin Netanyahou, pour obtenir une majorité à la Knesset et former son gouvernement, s'allie avec des formations d'extrême-droite, dont Force juive, dirigé par Itamar Ben-Gvir. La coalition ayant remporté les élections, Ben-Gvir intègre le gouvernement en décembre 2022 comme Ministre de la Sécurité nationale.

Biographie

Premiers engagements et carrière d'avocat

Il est né dans une famille de la petite bourgeoisie à Mevasseret Tsion, un faubourg de Jérusalem, d’un couple juif irako-kurde[5], qui n'est pas religieux ; il se distingue des pratiques familiales en portant la kippa dès l'adolescence[6].

Il milite au sein de l'extrême droite israélienne à partir des années 1990, rejoignant d'abord le mouvement Moledet, favorable à la déportation des Palestiniens de citoyenneté israélienne hors du territoire, avant de rallier la mouvance kahaniste[7] - les partis Kach et Kahane Chai, qui seront interdits en 1994[8] comme organisations terroristes.

L'armée israélienne refuse qu'il fasse son service militaire parce qu'il est considéré comme trop radical[9].

Profondément hostile au processus de paix engagée par la gauche israélienne, il fait parler de lui en 1995 lorsqu'il vole puis brandit à la télévision israélienne l’emblème d’une Cadillac, le véhicule du Premier ministre Yitzhak Rabin : « Nous avons eu sa voiture, et nous l’aurons lui aussi »[10], lance-t-il ; Yitzhak Rabin sera assassiné quelques semaines plus tard par un militant d'extrême droite[11]. Il déclare admirer de Ygal Amir, l'assassin du Premier ministre Yitzhak Rabin, arrêté et condamné par la justice[6].

Il poursuit des études de droit à l'Ono Academic College qu'il termine avec uniquement un diplôme de premier cycle, avant de servir dans l'armée.

Il devient avocat tardivement, en 2011[8]. En tant qu'avocat, Itamar Ben-Gvir se spécialise dans la défense d'extrémistes accusés de violence contre des Palestiniens[12], tels que Ben-Zion Gopstein, ainsi que deux adolescents accusés d’avoir brûlé vifs un couple palestinien et leur bébé dans le village de Douma, en 2015[10].

Carrière politique

Il a été l’assistant parlementaire du député Michael Ben-Ari[11], fondateur de Force juive. Il est actuellement député à la Knesset.

Son parti, Force juive (pouvant se traduire par Pouvoir juif), créé en 2012, est le successeur idéologique du parti Kach, une formation suprémaciste juive et raciste réclamant l’expulsion des citoyens arabes du pays et l’instauration d’une théocratie[13] - [14]. Force juive revendique l’annexion de toute la Cisjordanie mais sans accorder aux Palestiniens la citoyenneté israélienne, souhaite expulser d’Israël les citoyens arabes « déloyaux » et encourage les citoyens arabes en général à émigrer afin de renforcer le caractère juif d’Israël. Le parti insiste également sur la refonte du système judiciaire israélien afin de mettre l’accent sur les valeurs juives plutôt que sur les valeurs démocratiques, en particulier en ce qui concerne les droits des minorités[11].

À la tête de son parti, il organise des manifestations provocatrices dans des quartiers à forte proportion arabe, scandant avec ses partisans « mort aux terroristes »[11]. Il lui arrive de brandir une arme lors de ce type d'action[15] et appelle la police à ouvrir le feu à balles réelles en cas de heurts avec des manifestants arabes[15]. Ses actions provocatrices lui assurent une forte médiatisation[16].

Il exposait jusqu'en 2020 dans son salon une photo de Baruch Goldstein, l'auteur du massacre d'Hébron. Il a déclaré l’avoir retirée en janvier 2020 après s’être aperçu que cela pouvait lui nuire politiquement. Il continue toutefois de revendiquer son admiration pour le terroriste[11].

En mai 2021, alors que des violences dans le quartier de Cheikh Jarrah, où des familles palestiniennes sont menacées d'expulsion, sont le prélude à un embrasement, Ben Gvir y établit son bureau parlementaire en soutien aux colons[17]. En octobre 2021, alors que des heurts y opposent à nouveau colons, forces israéliennes et Palestiniens, Ben Gvir y brandit une arme à feu, et demande à la police de tirer à balles réelles sur les Arabes qui jettent des pierres[15].

Il tente depuis de présenter une image un peu plus modérée et un discours plus lisse, plus apaisé[18]. Le général Dan Haloutz, ancien chef d'État-Major de Tsahal, estime qu'« il n'a pas changé et ne changera pas » et avertit que ses idées pourrait bien entrainer une guerre civile[19].

L'ancien Premier ministre Benyamin Netanyahou fait de lui son principal allié pour les élections législatives de 2022 et lui promet une place au gouvernement en cas de victoire[16].

Ministre de la Sécurité nationale

Il est nommé ministre de la Sécurité nationale dans le gouvernement de Benyamin Netanyahou investi le 29 décembre 2022. Le 3 janvier 2023 au matin, il se rend sur le mont du Temple. Il déclare à propos de cette visite : « Le mont du Temple est l’endroit le plus important pour le peuple d’Israël. Nous maintenons la liberté de mouvement pour les musulmans et les chrétiens, mais les juifs aussi montent sur le site »[20].

Cette visite est très fortement critiquée par la Jordanie, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite, les États-Unis, la France et l'Union européenne. L'Autorité palestinienne qualifie cette visite de « provocation sans précédent ». Quant à Yair Lapid, chef de l'opposition et précédent Premier ministre, il déclare « Voilà ce qui arrive lorsqu’un Premier ministre faible est forcé de donner des responsabilités à la personne la plus irresponsable du Moyen-Orient dans l’endroit le plus explosif du Moyen-Orient »[21]. Le grand-rabbin séfarade d'Israël, Yitzhak Yosef, critique également cette visite sur le Mont du Temple, rappelant que le grand-rabbinat interdit depuis longtemps la visite du mont du Temple car celui-ci est trop saint pour que les Juifs y mettent les pieds[22].

Le 8 janvier 2023, il prononce l'interdiction du drapeau palestinien dans l'espace public israélien[23].

Le 4 février 2023, Itamar Ben Gvir annonce qu'il quittera le gouvernement s’il échoue à faire entendre ses demandes notamment l’établissement « d’une Garde nationale » et la peine de mort pour les terroristes palestiniens[24].

Il est critiqué en mars 2023 pour la violente répression des manifestations contre la réforme du système judiciaire, au cours desquelles la foule a été visée par des jets indiscriminés de grenades assourdissantes[25].

Il annonce le 27 mars 2023 soutenir l’appel à une pause dans le projet de réforme judiciaire gouvernemental en échange de la promesse qu’il pourrait mettre sur pied sa « garde nationale », qu’il réclame depuis longtemps[26].

Son directeur de cabinet, Chanamel Dorfman, fait scandale en juin 2023 en urinant sur les lieux du meurtre de cinq Palestiniens, près de Nazareth[27].

Condamnations par la justice

Il a été «inculpé plus de 50 fois» pour incitation à la violence ou pour des discours de haine[28]. Il est condamné en 2007 pour «soutien à un groupe terroriste»[10].

Ben-Gvir affirme avoir passé tellement de temps dans les tribunaux que c'est ainsi qu'il a décidé de devenir avocat. Le barreau israélien tentera de l'empêcher d'exercer.

Idéologie d'extrême-droite

Itamar Ben-Gvir est présenté comme suprémaciste par le journal Le Monde : il est « homophobe, antilibéral et antidémocrate, il croit en la suprématie de la loi divine et en celle du peuple juif. »[29].

La sociologue Eva Illouz dans son livre Les émotions contre la démocratie souligne le « mépris ouvert pour les normes et les institutions démocratiques » affiché par Itamar Ben-Gvir[30]. Il souhaite limiter la possibilité pour la Cour suprême d'invalider les lois votées par la Knesset[31]. Il milite pour intégrer davantage d'éléments de loi juive halakhique dans le système judiciaire[31].

Il vit dans une colonie juive, Kyriat Arba, et oeuvre en faveur de la « judaïsation » de Jérusalem[6]. Il affirme que les Israéliens juifs sont victimes de la part des Palestiniens de violences équivalentes à celles qui ont affecté les Juifs d’Europe orientale et centrale aux XIX et XXe siècles[6].

Itamar Ben Gvir est un disciple de Meir Kahane ; de ce fait, il favorable au « transfert », c'est-à-dire à l'expulsion des Palestiniens qui ont la nationalité israélienne[31]. D'après Sylvain Cypel, «la particularité de Itamar Ben Gvir, au-delà de son activisme colonial, réside dans l’offensive qu’il mène contre les Palestiniens citoyens d’Israël », qu'il présente comme une cinquième colonne[6].

Dans sa jeunesse il a été partisan du terrorisme juif[31].

Notes et références

  1. « Otzma Yehudit leaders attack Jewish Home over Amona », Israel National News, (consulté le ).
  2. https://www.ynet.co.il/articles/0,7340,L-3417174,00.html
  3. Eva Illouz, « Eva Illouz, sociologue : « La troisième force politique en Israël représente ce que l’on est bien obligé d’appeler, à contrecœur, un “fascisme juif” » », sur Le Monde, .
  4. « Herzog heard on hot mic saying ‘entire world’ anxious about Ben Gvir », sur The Times of Israel, .
  5. « Israël : la percée d'Itamar Ben-Gvir, visage terrifiant de l'extrême droite », sur L'Express, (consulté le )
  6. « Itamar Ben Gvir, l'ascension d’un fasciste israélien vers le pouvoir », sur Orient XXI, (consulté le )
  7. « Israël : Itamar Ben Gvir, un extrémiste des prétoires à la Knesset », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) « Itamar Ben-Gvir & The Start-up Nation », sur Tablet Magazine, (consulté le )
  9. Samuel Forey, « Législatives israéliennes : Nétanyahou, le salut par les extrêmes » Accès payant, sur Libération, (consulté le ).
  10. « Ben Gvir, le mauvais génie de la droite israélienne », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  11. Jeremy Sharon, « Clés pour comprendre la montée inquiétante de Ben Gvir, l’ultra-nationaliste d’Israël », sur fr.timesofisrael.com, .
  12. (en-US) Magid, « Otzma Yehudit candidate: Critics have to go back 30 years in order to attack us », The Times of Israel, (consulté le ).
  13. Clothilde Mraffko, « En Israël, le camp suprémaciste juif de retour à la Knesset » [html], sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
  14. « Une mouvance raciste anti-arabe », sur lalibre.be, La Libre Belgique, (consulté le ).
  15. « Le député extrémiste Ben Gvir sort son arme lors d’un affrontement à Sheikh Jarrah », sur fr.timesofisrael.com, .
  16. « Israël : la percée d'Itamar Ben-Gvir, visage terrifiant de l'extrême droite », sur LExpress.fr, .
  17. « Itamar Ben Gvir : qui est le ministre israélien d'extrême droite à nouveau en visite sur l'esplanade des Mosquées ? », sur TV5MONDE, (consulté le ).
  18. Calev Ben-Dor, « The Rise of Itamar Ben Gvir », sur Fathom Journal, .
  19. « Un ancien chef d'état-major prévient qu'Itamar Ben Gvir pourrait causer une guerre civile », sur I24, .
  20. « Ben Gvir s’est bien rendu au mont du Temple ce mardi », sur The Times of Israel, .
  21. « Washington, Abou Dhabi, Paris, Ryad dénoncent la visite de Ben Gvir au mont du Temple », sur The Times of Israel, .
  22. « La visite de Ben Gvir au mont du Temple : entre soutiens et condamnations », sur The Times of Israel, .
  23. i24NEWS, « Israël : Itamar Ben-Gvir interdit les drapeaux palestiniens dans l'espace public », sur I24news (consulté le ).
  24. « Ben Gvir quittera le gouvernement s’il échoue à faire entendre ses demandes », sur The Times of Israel, .
  25. « En Israël, la contestation de la réforme de la justice rejoint la critique des violences commises par des colons à Huwara », Le Monde.fr, (lire en ligne).
  26. « Réforme: Ben Gvir obtient sa « garde nationale » en échange de son soutien à la pause », sur The Times of Israel, .
  27. « Un officiel israélien urine sur le lieu de la mort de cinq Palestiniens », sur www.20minutes.fr,
  28. « Un ministre israélien d'extrême droite s'est rendu sur l'esplanade des Mosquées », sur LEFIGARO, (consulté le )
  29. « Ben Gvir, le mauvais génie de la droite israélienne », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  30. Sonia Dayan-Herzbrun, « Les émotions contre la démocratie, d'Eva Illouz », sur En attendant Nadeau, (consulté le )
  31. https://legrandcontinent.eu/fr/2022/11/02/le-nationalisme-et-le-patriotisme-sont-restes-des-elements-essentiels-de-la-vie-nationale-israelienne-une-conversation-avec-eva-illouz/

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.