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Luis BolĂ­n

Luis Antonio BolĂ­n Bidwell (Malaga, 1894 - Madrid, 1969), Ă©tait un avocat, journaliste, haut fonctionnaire, homme politique et auteur espagnol.

Luis BolĂ­n
Image illustrative de l’article Luis Bolín
Plaque en hommage à Luis Antonio Bolín apposée sur le laboratoire portant son nom
dans la réserve naturelle de Doñana,
en Andalousie occidentale.

Nom de naissance Luis Antonio BolĂ­n Bidwell
Naissance
Malaga
DĂ©cĂšs
Madrid
Nationalité Drapeau de l'Espagne Espagne
Profession Journaliste
Spécialité Journalisme politique
Autres activités Auteur ; homme politique ; haut fonctionnaire ; membre des Cortes franquistes.
MĂ©dias actuels
Pays Espagne, Royaume-Uni
MĂ©dia Presse Ă©crite
Historique
Presse Ă©crite ABC

Originaire de la haute bourgeoisie de Malaga, il se lança, Ă  l’issue de ses Ă©tudes de droit, dans le journalisme politique, notamment comme correspondant du journal de droite ABC. En , il joua un rĂŽle de premier plan dans le coup d’État militaire en rĂ©ussissant Ă  affrĂ©ter Ă  Londres un hydravion Ă  bord duquel Franco put, sans Ă©veiller de soupçons, se transporter des Canaries Ă  TĂ©touan, pour de lĂ  organiser la conquĂȘte nationaliste de l’Espagne mĂ©tropolitaine.

Peu aprĂšs, il fut dĂ©pĂȘchĂ© par Franco en Italie pour y nĂ©gocier — avec succĂšs — l’acquisition d’une douzaine d’avions de combat. Pendant la Guerre civile, il fut nommĂ© chef du service de presse et de propagande auprĂšs de la Junte technique, Ă©bauche de gouvernement, que Franco avait constituĂ©e en janvier 1938. MalgrĂ© une certaine habiletĂ© comme porte-parole du gouvernement franquiste, il manifesta bientĂŽt des maniĂšres peu dĂ©licates Ă  l’encontre de journalistes critiques envers le camp nationaliste, faisant notamment Ă©crouer Arthur Koestler et menaçant de faire de mĂȘme avec Chalmers Mitchell, ce qui lui valut finalement sa mise Ă  pied. Il occupa ensuite pendant quinze ans le poste de Directeur gĂ©nĂ©ral du tourisme et siĂ©gea de 1943 Ă  1946 dans les Cortes franquistes.

Biographie

Origines familiales et débuts dans le journalisme

Luis BolĂ­n Ă©tait issu d’une famille d’origine Ă©trangĂšre appartenant Ă  la haute bourgeoisie de Malaga, qui s'Ă©tait Ă©tablie dans cette ville pour les besoins de ses activitĂ©s commerciales maritimes, dont notamment la culture de la canne Ă  sucre et l’exportation de vins doux[1]. Il entreprit des Ă©tudes de droit dans les universitĂ©s de Grenade et de Madrid, qu’il complĂ©ta ensuite par un sĂ©jour d’études Ă  Londres, oĂč son oncle Manuel Bidwell y Hurtado, frĂšre de sa mĂšre, exerçait alors comme Ă©vĂȘque auxiliaire de Westminster. Journaliste en France durant la PremiĂšre Guerre mondiale, il travailla en 1921 pour le Service d’information de la SociĂ©tĂ© des Nations et fut de 1932 Ă  1936 attachĂ© de presse de l’ambassade d’Espagne Ă  Londres. Son frĂšre Manuel BolĂ­n Ă©pousa Constancia de la Mora, qui allait lutter pendant la Guerre civile aux cĂŽtĂ©s de la RĂ©publique.

Coup d’État de juillet 1936

Le , l’éditeur du journal ABC, Juan Ignacio Luca de Tena, passa de Biarritz un coup de tĂ©lĂ©phone Ă  BolĂ­n Ă  Londres pour lui confier la mission suivante : « Il y a lieu que tu ailles en Angleterre et que tu y prennes en location un hydravion capable de voler directement des Ăźles Canaries au Maroc, si possible Ă  Ceuta. Un Espagnol du nom de Mayorga te donnera l’argent nĂ©cessaire ; il travaille dans la City de Londres pour la banque Kleinwort. L’avion doit ĂȘtre samedi prochain Ă  Casablanca ».

Dans le cadre de cette mission, BolĂ­n eut un entretien avec Juan de la Cierva et Douglas Francis Jerrold au restaurant londonien Simpson's-in-the-Strand. BolĂ­n et De la Cierva, qui n’avaient pas trouvĂ© d’hydravion satisfaisant aux critĂšres, se virent recommander par Jerrold l'appareil De Havilland DH.89 Dragon Rapide, proposĂ© en location par la compagnie d'affrĂštement aĂ©rien Olley Air Services, Ă©tablie dans le borough londonien de Croydon.

Cependant, Ceuta ne disposant pas d’aĂ©rodrome, il fallut modifier le plan originel et indiquer un autre lieu d’atterrissage, en plus d’imaginer un itinĂ©raire de vol sans escale au-dessus de la pĂ©ninsule IbĂ©rique. Afin de dissimuler le but rĂ©el du vol, De la Cierva proposa de l’enregistrer sous l’intitulĂ© de « vol d’agrĂ©ment ». Il Ă©tait escomptĂ© qu’un appareil britannique mettant le cap sur les Canaries n’attirerait pas ou peu l’attention, au contraire d’un avion espagnol, qui mettrait trĂšs probablement les autoritĂ©s espagnoles en alerte[2] - [3]. En outre, deux jeunes femmes blondes emmenĂ©es comme copassagĂšres devaient permettre de se faire passer pour des touristes et d’achever de dĂ©tourner l’attention des autoritĂ©s. Jerold s’adressa Ă  l’agent secret Hugh Bertie Campbell Pollard, qui mit Ă  contribution pour ce rĂŽle sa propre fille Diana ainsi que l’amie de celle-ci, Dorothy Watson[4] - [5] et qui effectua la location de l’appareil officiellement Ă  son nom. De l’équipage faisaient partie Ă©galement : le capitaine Cecil William Henry Bebb, pilote de rĂ©serve Ă  la Royal Air Force ; George Bryers, Ă  titre de mĂ©canicien ; et un opĂ©rateur radio-navigant.

L’avion, portant l’insigne G-ACYR , dĂ©colla le Ă  7 h 15 Ă  Croydon et atterrit sur un aĂ©rodrome, alors inondĂ©, Ă  proximitĂ© de Bordeaux, oĂč Luca de Tena monta Ă  son tour dans l’avion et accompagna BolĂ­n jusqu’à Casablanca, dans le Maroc français[6]. De lĂ , Luca de Tena se proposait de se rendre Ă  Tanger, d’y louer une avionnette pour pouvoir, la veille du coup d’État, transporter Franco Ă  Llano Amarillo, prĂšs de Ceuta, qui Ă©tait en mesure d’accueillir un avion de petite taille. Pour que Luca de Tena puisse prendre place dans le Dragon Rapide, le mĂ©canicien dut en descendre et prendre Ă  Toulouse un avion de ligne d’Air France Ă  destination de Casablanca. DĂšs le mĂȘme jour, ce , BolĂ­n et Luca de Tena s’envolĂšrent en direction du Portugal, mais furent contraints Ă  cause du mauvais temps de faire demi-tour au-dessus de l’Espagne et d’atterrir Ă  Biarritz. Le lendemain , l’appareil atterrit entre Porto et Lisbonne, oĂč les deux hommes eurent un entretien avec JosĂ© Sanjurjo, qui avait Ă©tĂ© choisi pour diriger le coup d’État. Cependant, n’ayant alors rien encore organisĂ© de son lieu d’exil au Portugal, Sanjurjo n’eut autre chose Ă  leur offrir que son assentiment. Le soir du , le groupe poursuivit son vol vers Casablanca, oĂč il toucha terre le et alla loger Ă  l’Hotel Carlton. Le mĂ©canicien, que le groupe retrouva Ă  l’hĂŽtel, et Bebb, furent chargĂ©s de prĂ©parer l’avion pour un vol Ă  destination des Ăźles Canaries, mais annoncĂšrent bientĂŽt que le moteur nĂ©cessitait une rĂ©vision et qu’il ne pourraient pas dĂ©coller avant le .

Ayant Ă©tĂ© en contact avec des aĂ©roports comme l’avion survolait l’Espagne, l’opĂ©rateur radio vint Ă  ĂȘtre soupçonnĂ© de travailler pour le gouvernement espagnol et, accusĂ© d’incompĂ©tence et d’ivrognerie, fut laissĂ© en arriĂšre auprĂšs de la lĂ©gation britannique Ă  Casablanca. BolĂ­n lui-mĂȘme resta Ă©galement Ă  Casablanca. Afin de dissiper les soupçons des autoritĂ©s espagnoles, l’avion fit encore une escale au cap Juby et Ă  Ifni, avant d’atterrir finalement sur la Grande Canarie. Ce nonobstant, la nouvelle de ce vol Ă©tait dĂ©jĂ  arrivĂ©e Ă  la connaissance du ministĂšre de l’IntĂ©rieur, lequel ordonna d’immobiliser l’appareil.

ArrivĂ© Ă  Las Palmas de Gran Canaria, Pollard se rendit de lĂ  en compagnie de sa fille et de Dorothy Watson Ă  Santa Cruz de Tenerife, pour transmettre Ă  Franco (qui venait de se rallier Ă  la rĂ©bellion militaire) le mot d’ordre du coup d'État et de son subsĂ©quent transfert vers le Maroc : « Galicia saluda a Francia » (littĂ©r. La Galice salue la France), que BolĂ­n leur avait notĂ© sur un papier Ă  Casablanca. Le , Bebb et Bryers, qui pendant ce temps Ă©taient restĂ©s Ă  Gando, furent interpellĂ©s dans leur hĂŽtel et interrogĂ©s sur le but de leur voyage par des hommes de Luis Orgaz Yoldi. Ils dĂ©clarĂšrent attendre un groupe de touristes anglais en vue de les reconduire en Angleterre.

Le , le gĂ©nĂ©ral Amado Balmes, le gouverneur militaire de Las Palmas, se tua accidentellement (ou fut tuĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment, selon une autre version) avec son arme de service[7] - [8]. Le , Franco s’embarqua sur le vapeur Viera y Clavijo en partance pour Las Palmas, afin — comme le lui avait recommandĂ© le gouvernement — d’examiner l’incident et de prendre part aux funĂ©railles. ArrivĂ© sur place vers huit heures, il assista Ă  l’autopsie et Ă  la veillĂ©e funĂšbre, puis, Ă  midi, assista Ă  l’enterrement aux cĂŽtĂ©s du gouverneur civil Antonio Boix Roig. Dans l’aprĂšs-midi, il visita plusieurs quartiers de la ville, puis retourna Ă  19 heures Ă  l’Hotel Madrid, oĂč il avait pris une chambre. Le coup d’État ayant Ă  ce moment dĂ©jĂ  dĂ©passĂ© le stade de la simple rumeur, Antonio Boix Roig[9] dĂ©cida de concentrer les forces de la Garde civile et de la Garde d'assaut dans le palais de gouvernement. Ce mĂȘme , le capitaine Bebb reçut une nouvelle fois la visite du gĂ©nĂ©ral Orgaz en prĂ©sence de Pollard, visite lors de laquelle il leur fut notifiĂ© que leur identitĂ© avait Ă©tĂ© Ă©lucidĂ©e le jour prĂ©cĂ©dent et que leur passager se trouvait dĂ©jĂ  Ă  Las Palmas.

Le Ă  14 h 33, veille du coup d’État, Franco gagna l’aĂ©rodrome de Gando par mer, sur un remorqueur[10], puis s’envola Ă  bord du Dragon Rapide en direction de Casablanca. Franco, vĂȘtu en civil, porteur d’un passeport diplomatique Ă©tabli au nom de JosĂ© Antonio de SangrĂłniz, Ă©tait accompagnĂ© de son cousin Francisco Franco Salgado-AraĂșjo, dit PacĂłn, et d’un fonctionnaire aĂ©rien. Lors de leur premiĂšre escale Ă  Agadir, ils vinrent Ă  se trouver face Ă  d’une escadrille d’avions militaires, sous l’autoritĂ© du gouvernement lĂ©gal, qui se rendait du cap Juby vers l’Espagne. Afin d’éviter d’ĂȘtre reconnu, Franco donna ordre Ă  Bebb de se garer Ă  l’autre bout de la piste, d’oĂč Bebb envoya un message chiffrĂ© informant qu’il avait Franco Ă  bord et que celui-ci ne quittait pas l’avion.

À 21 h 15, le Dragon Rapide atterrit Ă  Casablanca, oĂč les hommes retrouvĂšrent BolĂ­n. Franco voulait poursuivre immĂ©diatement le voyage, mais les autres surent l’en dissuader. Contraint donc de passer la nuit Ă  Casablanca, Franco partagea la mĂȘme chambre d’hĂŽtel avec BolĂ­n. Ce dernier rapporte que dans leur chambre commune Franco se rĂ©pandit en paroles, Ă©voquant tour Ă  tour la liquidation de l’Empire, les erreurs de la RĂ©publique, l’ambition d’une Espagne plus grande et plus juste ; manifestement, Franco Ă©tait animĂ© par le besoin de sauver la patrie[11]. Franco alternait des Ă©tats d’enthousiasme inhabituel[12] avec des moments oĂč il faisait un tableau si sombre de la situation que BolĂ­n en vint Ă  lui demander s’il y avait seulement quelque espoir[13].

Le lendemain, BolĂ­n reçut un coup de tĂ©lĂ©phone de la part de Luca de Tena lui enjoignant de ne pas atterrir dans la ville internationale de Tanger, comme il Ă©tait prĂ©vu, Ă©tant donnĂ© qu’un groupe d’hommes armĂ©s y attendait la venue de Franco. La destination fut donc changĂ©e en l’aĂ©roport Sania Ramel, prĂšs de TĂ©touan, qui se trouvait ĂȘtre sous le contrĂŽle du colonel putschiste Eduardo SĂĄenz de Buruaga ; peu auparavant, l’aĂ©roport Ă©tait encore sous le commandement de Ricardo de la Puente Bahamonde, cousin au premier degrĂ© de Franco, restĂ© fidĂšle Ă  la rĂ©publique. Ainsi, le , Franco et ses compagnons atterrissaient-ils Ă  Sania Ramel.

Pendant la Guerre civile

Le , c’est-Ă -dire peu de jours aprĂšs le coup d’État du 18 juillet, Franco dĂ©pĂȘcha Luis BolĂ­n comme son Ă©missaire personnel Ă  Rome[14] afin de solliciter l’appui de l'Italie fasciste[15]. BolĂ­n, accompagnĂ© par le marquis Luca de Tena, son chef au journal ABC, se rendit Ă  Rome via Biarritz en utilisant le mĂȘme avion de location qui celui qui avait transportĂ© Franco des Canaries Ă  TĂ©touan[16] ; il Ă©tait porteur d’un feuillet provenant du mess des officiers de l’aĂ©roport de TĂ©touan, sur laquelle Franco avait hĂątivement notĂ© : « Par la prĂ©sente, je charge don Luis Antonio BolĂ­n de nĂ©gocier en Angleterre, en Allemagne ou en Italie, l’acquisition en urgence d’avions et d’approvisionnements pour l’armĂ©e espagnole non-marxiste »[17]. ArrivĂ© Ă  Rome le [18], BolĂ­n fut reçu par le comte Ciano, gendre de Mussolini[19], Ă  qui il prĂ©senta, moyennant gages de financement du banquier majorquin Juan March, une requĂȘte d’achat de plusieurs avions du modĂšle Savoia-Marchetti SM.81. Ainsi Franco rĂ©ussit-il Ă  acheter Ă  l’Italie, grĂące aux dĂ©marches de BolĂ­n et Ă  l’intervention de Luca de Tena et d’Alphonse XIII, douze avions payĂ©s par Juan March[20].

À CĂĄceres, Franco avait constituĂ© autour de lui un embryon de gouvernement dĂ©nommĂ© Junta TĂ©cnica (littĂ©r. ComitĂ© technique), oĂč BolĂ­n Ă©tait responsable de la propagande[21] et faisait fonction de porte-parole du camp nationaliste, se chargeant en particulier assez habilement des relations avec les correspondants Ă©trangers[22], tout en rĂ©parant les erreurs de son prĂ©dĂ©cesseur MillĂĄn-Astray, et ce jusqu’à sa dĂ©mission en [23]. À ce titre, il arrangea la tenue — en sa prĂ©sence dans la cour du palais des Golfines de Arriba Ă  CĂĄceres — d’une interview de Franco par un journaliste français accompagnĂ© de l’opĂ©rateur RenĂ© Brut[24]. De mĂȘme, il obtint que le journaliste-espion Arthur Koestler, attachĂ© au News Chronicle, puisse interroger Queipo de Llano dans les locaux de Radio Sevilla[25].

La famille de BolĂ­n, persĂ©cutĂ©e Ă  Malaga, trouva refuge au logis de sir Peter Chalmers Mitchell, consul britannique en exercice — c’est-Ă -dire dans la mĂȘme maison oĂč plus tard BolĂ­n fit mettre Koestler en dĂ©tention, menaçant de « [l’]abattre comme un chien enragĂ© »[26] —, ainsi que dans la demeure du consul du Mexique, Porfirio Smerdou, Ă©poux de Concha Altolaguirre BolĂ­n[27], sƓur du poĂšte de la GeneraciĂłn del 27, Manuel Altolaguirre BolĂ­n[28].

Cependant, oublieux de ce que Chalmers Mitchell avait accueilli Ă  son domicile plusieurs membres de sa famille, BolĂ­n s'apprĂȘtait Ă  le faire arrĂȘter au motif de la publication d’une lettre Ă©crite de sa main et publiĂ©e dans The Times, oĂč il dĂ©nonçait les atrocitĂ©s commises par les insurgĂ©s[26] ; Chalmers Mitchell, sitĂŽt qu’il eut quittĂ© l’Espagne[29], dĂ©nonça l’arrestation de Koestler[26], laquelle provoqua une commotion internationale, oĂč notamment William Randolph Hearst dĂ©nonça cette dĂ©tention comme une « violation inacceptable des droits des journalistes d’exercer leur profession ». Par suite de l’intervention de nombreux parlementaires britanniques, de l'Ă©crivain H. G. Wells[26], de Winston Churchill auprĂšs du Foreign Office[26], du gouvernement français, de la SociĂ©tĂ© des Nations, de la Croix rouge et mĂȘme du Vatican, Koestler fut finalement remis aux autoritĂ©s britanniques, Ă  l’occasion d’un Ă©change de prisonniers avec l’épouse de l’aviateur franquiste Carlos Haya[26], le [29]. Le mĂȘme jour, BolĂ­n fut remplacĂ© par Pablo Merry de Val et nommĂ© en lieu et place « envoyĂ© spĂ©cial de la LĂ©gation en Angleterre, dans les Pays scandinaves et aux États-Unis », puis chef du Service national de tourisme (en espagnol Patronato Nacional del Turismo)[30]. Cependant, la personnalitĂ© despotique de BolĂ­n, qui allait jusqu’à menacer de mort plusieurs correspondants Ă©trangers[note 1], y compris mĂȘme quelques-uns travaillant pour des publications favorables Ă  Franco, et son parti de nier le bombardement de Guernica, en rĂ©pandant la thĂšse que ce furent les « rouges » eux-mĂȘmes qui avaient mis le feu Ă  la ville de Guernica[31] - [32], portĂšrent le marquis del Moral, le coordinateur de la propagande franquiste Ă  Londres, Ă  faire personnellement le voyage de Salamanque pour conseiller Ă  Franco sa mise Ă  pied[30].

Sous le franquisme

Avec la mise en place du premier gouvernement franquiste, le , BolĂ­n fut nommĂ© Directeur gĂ©nĂ©ral du tourisme, poste qu’il occupera pendant quinze ans[33]. De 1943 Ă  1946, sous la premiĂšre lĂ©gislature des Cortes franquistes, il fut dĂ©signĂ© pour siĂ©ger comme procureur aux Cortes en reprĂ©sentation du « Syndicat national de l’hĂŽtellerie et apparentĂ©s »[34] ; il dĂ©missionna comme prĂ©sident dudit syndicat le , oĂč il sera remplacĂ© par Emilio JimĂ©nez Millas.

Son neveu, Enrique Bolín Pérez-Argemí, a été maire de Benalmådena.

Notes et références

Notes

  1. En déjà, au début de la Guerre civile, Bolín avait menacé René Brut de le faire exécuter pour avoir filmé les victimes des massacres de Badajoz. Cf. P. Preston (2006), p. 270.

Références

  1. (es) Fernando Orgambides, « Cruce de caminos », (consulté le )
  2. (es) Curt Riess, They Were There : The Story of World War II and How It Came About, Books for Libraries Press, , 670 p. (ISBN 978-0836920291, lire en ligne), p. 82.
  3. (en) Graham D. Macklin, « Major Hugh Pollard, MI6, and the Spanish Civil War », The Historical Journal, Cambridge, Cambridge University Press, vol. 49, no 1,‎ , p. 277-280 (DOI https://doi.org/10.1017/S0018246X05005121, lire en ligne).
  4. (en) Michael Alpert, A New International History of the Spanish Civil War, Londres, Palgrave Macmillan, , 304 p. (ISBN 978-0312210434, lire en ligne), p. 18.
  5. (en) Dante Anthony Puzzo, Spain and the great powers, 1936-1941, New York, Columbia University Press, , 296 p., p. 51.
  6. (en) Paul Preston, The Spanish Civil War. Reaction, Revolution and Revenge, Londres/Dublin, Harper Collins/William Collins, coll. « Harper Perennial (Ă©d. originale) », 2016 (rĂ©Ă©d. mise Ă  jour de l’édition de 2006, mĂȘme Ă©diteur, elle-mĂȘme rĂ©Ă©d. de l’édition originale de 1986, paru chez weidenfeld & nicholson sous le titre « the spanish civil war 1936-1939) », 392 p. (ISBN 978-0-00-723207-9), p. 98.
  7. (es) Ignacio Hidalgo de Cisneros, Cambio de Rumbo, Barcelone, Laia, , p. 112.
  8. (en) Constancia de la Mora, In place of Splendor : the autobiography of a Spanish woman, New York, Harcourt, Brace and Co, , p. 267.
  9. (es) JosĂ© Vicente GonzĂĄlez Bethencourt, « Las RaĂ­ces en la Memoria de 1936 », El DĂ­a, Tenerife,‎ (lire en ligne).
  10. BartolomĂ© Bennassar, la Guerre d’Espagne et ses lendemains, Paris, Perrin, , 548 p. (ISBN 2-262-02001-9), p. 80
  11. Andrée Bachoud, Franco, ou la réussite d'un homme ordinaire, Paris, Fayard, , 530 p. (ISBN 978-2213027838), p. 125.
  12. (es) Stanley G. Payne et JesĂșs Palacios, Franco. Una biografĂ­a personal y polĂ­tica, Barcelone, Espasa, , 813 p. (ISBN 978-84-670-0992-7), p. 157.
  13. Bartolomé Bennassar, Franco, Paris, Perrin, coll. « Tempus », (1re éd. 1995) (ISBN 978-2-262-01895-5), p. 100.
  14. A. Bachoud (1997), p. 130.
  15. (en) Robert H. Whealey, Hitler and Spain : The Nazi Role in the Spanish Civil War, 1936-1939, Lexington, University Press of Kentucky, , 270 p. (ISBN 0-8131-9139-4, lire en ligne), p. 12
  16. Guy Hermet, la Guerre d’Espagne, Paris, Éditions du Seuil, , p. 107.
  17. (de) Manfred Funke, Hitler, Deutschland und die MĂ€chte: Materialien zur Außenpolitik des dritten Reiches, DĂŒsseldorf, Droste, coll. « Bonner Schriften zur Politik und Zeitgeschichte », , 848 p. (ISBN 978-3770004249, lire en ligne), p. 472
  18. G. Hermet (1989), p. 210.
  19. B. Bennassar (2004), p. 138.
  20. B. Bennassar (2002), p. 103.
  21. A. Bachoud (1997), p. 134.
  22. B. Bennassar (2002), p. 106.
  23. B. Bennassar (2004), p. 167.
  24. Las imågenes de Franco en Cåceres: un importante descubrimiento, sur le site Religión en Libertad « Las imågenes de Franco en Cåceres: un importante descubrimiento » (sur Internet Archive) Consulté le 19 janvier 2012.
  25. (es) Antonio Ramos Espejo, Crónica de un sueño, 1973-83: Memoria de la transición démocratique en Målaga (collectif, dirigé par Juan de Dios Mellado, Antonio Ramos Espejo, Pablo Juliå), Séville, Centro de Estudios Andaluces, , 183 p. (ISBN 978-8496337329), « Paloma de luz para un tiempo de tinieblas »
  26. (es) Paul Preston, Idealistas bajo las balas, Debolsillo, , 544 p. (ISBN 978-8499891484, lire en ligne)
  27. (es) « Cuenta Gerald Brenan en Memoria personal » [archive du ] (consulté le )
  28. (es) Antonio Nadal, Andalucía y la Guerra Civil : Estudios y Perspectivas (collectif sous la dir. de Leandro Álvarez Rey), Séville, Université de Séville, (lire en ligne), « « Mi diario en Villa Maya ». Los refugiados nacionalistas en el consulado mexicano de Målaga (julio 1936-febrero 1937) », p. 35
  29. (en) Louis Menand, « Road Warrior : Arthur Koestler and his century », The New Yorker, New York,‎ (lire en ligne)
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  32. P. Preston (2006), p. 218.
  33. (es) « Principales protagonistas de la Guerra Civil Española, 1936-39 », Generalisimofranco.com (consulté le )
  34. Apartado d), artĂ­culo 2Âș de la Ley de CreaciĂłn de las Cortes Españolas de 17 de julio de 1942 (BOE n.Âș 200, de 19 de julio de 1942) ArtĂ­culo 1Âș del Decreto de 14 de octubre de 1942, sobre representaciĂłn sindical en Cortes (BOE n.Âș 288, de 15 de octubre de 1942)

Bibliographie

Ouvrages de Luis BolĂ­n
  • España, los años vitales, Madrid, Espasa Calpe, , 447 p.
  • La RepĂșblica Española, Madrid, LibrerĂ­a San MartĂ­n,

Liens externes

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