Jean de Vienne
Jean de Vienne naît à Dole vers 1325[1] et meurt sur le champ de bataille de Nicopolis le . Issu de la lignée franc-comtoise des comtes de Vienne, il fut, entre autres, seigneur de Roulans[2], de Chevigny (fief paternel[3] - [4]), de Chevigny-Saint-Sauveur (un fief de sa famille maternelle) et de Meursault en partie (fief maternel). Marié en 1356 à Jeanne d'Oiselay, dame de Bonnencontre, il eut vraisemblablement trois enfants : Philippe, Pierre et Jeanne. On l'a souvent confondu avec son oncle et homonyme, Jean de Vienne (mort le à Paris ; gouverneur et défenseur de Calais lors du siège de la place entrepris par Édouard III en 1346-1347 : cf. Les Rois maudits). Son frère Guillaume (†1407) fut archevêque de Rouen et sa sœur Jeanne (†1360) eut comme époux Jean III de Nans (†1381). Tous ces personnages appartiennent à l'illustre Maison de Vienne (voir aussi l'article Ste-Croix pour un aperçu généalogique de cette prestigieuse famille)
Jean de Vienne | ||
Buste de Jean de Vienne, galerie des Batailles, château de Versailles. | ||
Surnom | Le « Du Guesclin » de la Mer | |
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Naissance | vers 1325 Dole |
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Décès | (à 55 ans) Bataille de Nicopolis (Bulgarie) Mort au combat |
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Origine | Comté de Bourgogne | |
Allégeance | Royaume de France | |
Dignité d'État | Amiral de France | |
Années de service | 1358 – 1396 | |
Conflits | Guerre de Cent Ans | |
Faits d'armes | •1362 : Bataille de Brignais •1364 : Bataille de Cocherel •1365-1367 : Croisade d'Amédée VI de Savoie •1374-1375 : Siège de Saint-Sauveur-le-Vicomte •1377-1380 : Pillage des côtes anglaises •1382 : Bataille de Roosebeke •1385 : Bataille de L'Écluse •1385 : Siège de Wark •1388 : Expédition de Gueldre •1390 : Expédition de Barbarie •1396 : Voyage de Hongrie |
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Distinctions | Chevalier (1362) Chevalier de l'ordre du Collier (1365) Amiral de France (1373) |
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Autres fonctions | Gouverneur de Honfleur (1370) Capitaine général du roi en Basse-Normandie (1374) |
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Famille | Fils de Guillaume II de Vienne, Gendre de Jean d'Oiselay, Mari de Jeanne d'Oiselay, Neveu de Jean de Vienne, gouverneur de Calais | |
Biographie
Fils de Guillaume Ier ou II de Vienne (de Mirebel) sire de Roulans (vers 1305-1360 ; fils cadet de Jean Ier de Vienne sire de Mirebel) et de Claudine (ou Marguerite) de Chaudenay (vers 1315-1349), ses jeunes années demeurent obscures. Le testament de son père révèle qu'il fut l'aîné d'une fratrie de huit enfants. Il eut trois frères (Guillaume, Simon et Odet) et quatre sœurs (Jeanne, Jaquette, Marguerite et Catherine). Orphelin de mère à huit ans[1], il perd son oncle à l'âge de dix ans[1] et son père à dix-neuf ans[1]. Tout ceci devait contribuer à forger chez notre homme un caractère bien trempé, que l'on devine aisément au travers des actes et des expéditions militaires dont il fut à l'origine.
Guillaume (†1407), son frère, était archevêque de Rouen, évêque d'Autun et de Beauvais, abbé de Saint-Martin d'Autun et de Saint-Seine. Leur neveu Jean de Nant, archevêque de Vienne puis évêque de Paris.
Sa carrière militaire débute alors qu'il n'a que dix-sept ans[1]. Il est signalé aux alentours d'Avallon en 1358 sous le commandement de son parent Jacques de Vienne, seigneur de Longwy, capitaine général des Guerres de Bourgogne, oncle paternel de Guillaume de St-Georges et Ste-Croix. De 1358 à 1364, Jean participe à la lutte contre les grandes compagnies, bandes de combattants et de mercenaires jetées sur les routes du royaume à la suite du traité de Brétigny (1360). Il est signalé à la bataille de Brignais (1362) à la suite de laquelle il est fait chevalier. Il participe également à la bataille de Cocherel, aux côtés de Bertrand du Guesclin, et qui devait déboucher sur le sacre de Charles V.
De 1365 à 1367, il participe à la croisade du Comte Vert Amédée VI de Savoie. Il devient par la même occasion chevalier de l'ordre de l'Annonciade.
. De retour en France, il prend part une nouvelle fois à la lutte contre les Compagnies avant de se lancer, aux côtés du duc d'Anjou, frère de Charles V, dans la reconquête du royaume. Ainsi, entre 1369 et 1373, il est signalé, entre autres, à Montpon-Ménestérol et Sainte-Sévère. Il prend une part active dans la libération de l'Aquitaine et de l'Anjou.
On le retrouve sur mer, en 1372, aux côtés du capitaine de galères Reynier Grimaldi.
En 1373, lors de la désastreuse chevauchée du duc de Lancastre, il réussit à surprendre un détachement anglais à proximité d'Oulchy-le-Château et parvint à capturer plusieurs chevaliers. Ce fait d'armes a certainement dû finir par convaincre le roi de sa haute valeur militaire.
En 1373, Charles V le nomme amiral de France. Il réorganise la marine, met en place un important programme de construction, créé les garde-côtes, organise des surveillances sur les côtes et délivre des licences pour la construction et vente des bateaux. L'amiral De Vienne, pousse le roi à développer à nouveau l'outil naval français, abandonné après la désastreuse Bataille de L'Écluse qui a vu la flotte française quasiment disparaître[5].
Jean de Vienne a été un des premiers stratèges français à comprendre que les opérations navales, notamment amphibies, pouvaient faire fléchir l'Angleterre, de sorte qu'il conduisit plusieurs expéditions contre les côtes sud anglaises, de 1377 à 1380, de Plymouth en passant par l'île de Wight jusqu'à Rye.
Entre 1381 et 1385, il se bat, toujours pour le roi de France, Charles V, contre les Flamands, notamment lors de la bataille de Roosebeke.
En 1385, après avoir conseillé l'opération au roi de France, le roi missionne Jean De Vienne pour mener un débarquement en Écosse avec une armée française transportée par 180 navires, dans le but de prendre à revers les Anglais et d'envahir l'Angleterre par le nord. Malgré la victoire de Wark[6], après la défection des Écossais, il est contraint de faire retraite et à ré-embarquer.
Après que Charles VI succéda à son père Charles V sur le trône de France, la Marine déclina car Charles VI ne partageait pas l'intérêt de son père.
Jean de Vienne rejoint alors la Croisade[6] du roi Sigismond de Hongrie contre l'Empire ottoman. Il est tué lors de la bataille de Nicopolis en Bulgarie. Son corps est rapatrié et inhumé dans la chapelle familiale dans l’abbatiale de l’abbaye cistercienne de Bellevaux[7] en Franche-Comté.
Jean de Vienne est le premier marin français à avoir conçu et mis en œuvre une véritable stratégie navale[8].
Trois bâtiments de la Marine nationale ont porté son nom[9].
Postérité
L'amiral Jean de Vienne[10] - [11] épousa, en , Jeanne d'Oiselay (branche bâtarde des comtes de Bourgogne, issue d'Etienne, fils naturel d'Étienne II d'Auxonne), dame de Bonnencontre et probablement de Clervans/Clairvans, d'où :
- Philippe de Vienne (1360-1413), sire de Roulans, Montby/Montbis, Clervans/Clairvans, Bonnencontre, qui épouse en 1395 Philiberte de Maubec dame de Chastenay, †1421, fille de François de Maubec et d'Alix de Grolée, d'où :
- Jean de Vienne (?-1440) sire de Roulans : avec sa femme Béatrice de Saint-Chéron, il a une fille, Jeanne de Vienne, qui épouse Antoine Ier de Ray (?-V.1490), membre d'une branche de la famille de La Roche, descendant donc des anciens seigneurs de Roulans[2]. Ainsi Roulans entrera complètement dans la maison des seigneurs de Ray, notamment avec leur fils Marc de Ray (†1510)
- autre Jean de Vienne (†vers 1425/1430), seigneur de Bonnencontre, sire de Listenois, Montgilbert, Chouvigny, Veauce, Châteldon, Le Mayet, La Ferté-Chaud(e)ron, La Roche-Milay et du Breuil, sénéchal et maréchal de Bourbonnais, par son mariage en 1415 avec Isabeau/Jeanne Aycelin de Montaigut, dame de Montgilbert, fille de Louis Aycelin dit Listenois, et de Marguerite de Beaujeu-Joux petite-fille de Guichard VI de Beaujeu ; d'où :
- Philippe de Vienne de Listenois, x PĂ©ronnelle, fille de Jean de Chazeron, d'oĂą :
- Anne de Vienne, dame de Listenois, mariée le à son grand-cousin Jean de Vienne, seigneur de Montby (ci-dessous).
- Philippe de Vienne de Listenois, x PĂ©ronnelle, fille de Jean de Chazeron, d'oĂą :
- Marguerite, x Jean de Crux, d'où postérité
- Guillemette, femme 1° (sans postérité) d'Antoine de Vergy (†1439), maréchal de France, comte de Dammartin et sire de Champlitte ; puis 2° (avec postérité) de Thibault VIII de Neufchâtel
- Guillaume II ou III de Vienne, seigneur d'Arc-en-Barrois, Clervans, Montby — et aussi de Montbis (avec des biens à Vougeot, Vosne, Flagey, Chambolle : le tout vendu aux cisterciens du prieuré de Gilly le ) — †1471, x 1° 1455 Béatrice de Cusance, dame de Flagey (certainement Flagy), Scey-en-Varais et Port-sur-Saône, et x 2° Claude/Claudine de Villersexel (-Faucogney), veuve d'Olivier de Neublans-Longwy de Rahon
- Jean de Vienne (†1499 ou 1504), seigneur d'Arc-en-Barrois (après des accords de famille avec Rodolphe de Hochberg en 1468 et 1486, et un arrêt du Parlement de Paris en 1507 ; Rodolphe était l'héritier, par sa femme Marguerite de Vienne, de Guillaume de Vienne sire de Ste-Croix et d'Arc-en-Barrois[12]) et de Montby ; mari de sa petite-cousine Anne de Vienne-Listenois ci-dessus
- François Ier de Vienne-Listenois, †vers 1527, marié à Bénigne de Grandson, fille d'Hélyon II sire de Puits et d'Avoye de Neufchâtel-Montaigu
- Anne/Jeanne de Vienne-Listenois (1500-1541), qui Ă©pouse en 1527 de Claude de Bauffremont-Scey (1506-1536) : d'oĂą la suite des seigneurs d'Arc-en-Barrois et Listenois, fondus dans les Bauffremont-Scey
- deux sœurs, autres Anne et Jeanne de Vienne-Listenois, épousent successivement Louis Motier de La Fayette, arrière-petit-fils du maréchal Gilbert (Anne : avec postérité)
- Françoise de Vienne-Listenois, dame de La Ferté-Chaud(e)ron (à Chantenay-Saint-Imbert) et de Montgilbert, femme de 1° Jacques de Chaumont d'Amboise de Bussy (1475-†1515 à Marignan), fils de Jean (IV) d'Amboise, et 2° 1527 Jean IV de La Baume-Montrevel (postérité des deux mariages)
- François II de Vienne-Listenois, seigneur d'Arc-en-Barrois (†sans postérité en 1537)
- Marguerite de Vienne-Listenois, sœur de François Ier, épouse en 1493 Jean IV de Montboissier-Beaufort-Canillac
- François Ier de Vienne-Listenois, †vers 1527, marié à Bénigne de Grandson, fille d'Hélyon II sire de Puits et d'Avoye de Neufchâtel-Montaigu
- Philippe de Vienne (†1519), seigneur de Clervans/Clairvans, Bonnencontre et Scey-en-Varais, x 1482 Catherine de La Guiche, d'où :
- Claude de Vienne sire de Clervans (1485-1540), x 1532 Claude du Châtelet (1518-1562) :
- parents de Claude-Antoine (†1588 ; baron de Coppet en 1572), et de Nicolas de Vienne de Clervans (1535-1569/1579 ; x Perrette de Geresme) ; Nicolas de Vienne et Perrette sont parents de :
- Marc de Vienne de Clervans (1568-1598/1599), seigneur de Vauvillers, x Marie de Châteauvieux, héritière du comté de Confolens, d'où :
- René de Vienne de Clervans, †1637, x 1628 Marie de La Guesle, †1674, nièce de François (†1614), archevêque de Tours
- La fille de René de Vienne et Marie de La Guesle, Françoise-Marie de Vienne, †1669, épouse en 1649 Charles II duc de La Vieuville, fils de Charles Ier de La Vieuville : d'où le duc René-François, †1719, et son frère cadet Charles-Emmanuel de La Vieuville, †1720 (avec postérité des deux frères)
- René de Vienne de Clervans, †1637, x 1628 Marie de La Guesle, †1674, nièce de François (†1614), archevêque de Tours
- Marc de Vienne de Clervans (1568-1598/1599), seigneur de Vauvillers, x Marie de Châteauvieux, héritière du comté de Confolens, d'où :
- parents de Claude-Antoine (†1588 ; baron de Coppet en 1572), et de Nicolas de Vienne de Clervans (1535-1569/1579 ; x Perrette de Geresme) ; Nicolas de Vienne et Perrette sont parents de :
- Claude de Vienne sire de Clervans (1485-1540), x 1532 Claude du Châtelet (1518-1562) :
- Olivier de Vienne, frère de Jean et Philippe, protonotaire apostolique.
- Jean de Vienne (†1499 ou 1504), seigneur d'Arc-en-Barrois (après des accords de famille avec Rodolphe de Hochberg en 1468 et 1486, et un arrêt du Parlement de Paris en 1507 ; Rodolphe était l'héritier, par sa femme Marguerite de Vienne, de Guillaume de Vienne sire de Ste-Croix et d'Arc-en-Barrois[12]) et de Montby ; mari de sa petite-cousine Anne de Vienne-Listenois ci-dessus
Hommage
Un commissariat des Chantiers de la jeunesse française portait le nom de Jean de Vienne.
La promotion 1997 du Groupe-école du commissariat de la marine (commissaires de la marine et officiers du corps technique et administratif de la marine, d'active et de réserve) porte le nom de Jean de Vienne.
Bernard de Pirey Saint-Alby a publié, en 1934, un livre consacré à Jean de Vienne qu'il qualifie de du Guesclin de la mer.
Notes et références
- Aîné d'une fratrie d'une dizaine d'enfants (2 ou 3 morts en bas âge) et sa mère étant décédée en 1350 (1349 pour certains généalogistes), il ne peut pas être né en 1341, mais plutôt vers 1335. Au décès de sa mère, il aurait alors eu 15 ans environ.
-
.[réf. nécessaire]
- « L'amiral Jean de Vienne, p. 19-25, p. 24 notamment », sur Deux chefs de guerre au Moyen Age, l'amiral Jean de Vienne et le connétable Bertrand du Guesclin, par Jacques de Certaines, aux Editions Apogée, 2013
- « Jean de Vienne, p. 167 et 174 », sur Les derniers grands feux (?) d’une maison comtoise et bourguignonne : Guillaume de Vienne, seigneur de Saint-Georges et de Sainte-Croix, 1362-1437, volume I : thèse soutenue par Gérard Pelot en décembre 2012, Université de Franche-Comté ; en ligne sur HAL-Archives ouvertes
- Guerre d'horizon sans rivage, , Cercle Du Guesclin, (consulté le ), sur cercleduguesclin.fr.(nISSM)
- Mary Cousin, Manus DeĂŻ (ISBN 9782952970501).
- L'église fut rasée après la Révolution française et les tombes dispersées
- Étienne Taillemite, dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1475.
- Une frégate anti sous-marine de la Marine nationale sera restée en service jusqu'en 2018.
- « Maison de Vienne, p. 794-813, surtout p. 808-812 », sur Histoire généalogique et chronologique de la Maison de France, t. VIII, 1733, par le Père Anselme de Ste-Marie et Honoré Caille du Fourny, chez les Libraires associés à Paris
- « Maison de Vienne, p. 104-109, surtout p. 106-107 », sur Grand Dictionnaire historique, t. VIII, 1740, par Louis Moréri
- Thèse de l'historien Gérard Pelot, Les derniers grands feux (?) d'une maison comtoise et bourguignonne : Guillaume de Vienne, seigneur de Saint-Georges et de Sainte-Croix, 1362-1437 (2012), référencée dans l'article Ste-Croix-Guillaume en notes 8 à 13.
Bibliographie
- Léon Guérin, Histoire Maritime de France, Paris, 1851, p. 468 [lire en ligne].
- Terrier de Loray, Jean de Vienne, amiral de France, Paris, 1878.
- Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8).
- Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, éditions Tallandier, , 573 p. (ISBN 2-84734-008-4).
- Bernard de Pirey Saint-Alby, Le Du Guesclin de la mer, l'amiral Jean de Vienne (1341-1396), Le Masque, Paris, 1934.
Voir aussi
Articles connexes
Plusieurs bateaux de la marine française furent nommés en son honneur. Parmi d'autres, on trouve :