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Jean-François-Aimé Dejean

Jean François Aimé, comte Dejean (, Castelnaudary - , Paris), est un militaire français, général de la Révolution française, puis ministre de Napoléon Ier et sénateur du Premier Empire, qui finit sa carrière militaire et parlementaire (membre de la Chambre des pairs) sous la Restauration française.

Jean François Aimé Dejean
Jean-François-Aimé Dejean

Naissance
Castelnaudary
Drapeau du Languedoc Languedoc
Décès (à 74 ans)
Paris
Origine Drapeau du royaume de France Royaume de France
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau de la France République française
Drapeau de l'Empire français Empire français
Arme Génie
Grade Général de division
Années de service 17701821
Commandement Commandant du génie (1795)
Armée du Nord (1796-97)
Distinctions Légion d'honneur
(Grand aigle)
Comte de l'Empire
Hommages Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile
(5e colonne)
Autres fonctions Conseiller d'État (1799)
Famille Dejean

Biographie

Ingénieur militaire

Jean-François-Aimé Dejean naquit à Castelnaudary, le . Fils d'un subdélégué de l'intendance de Languedoc, il fut destiné par son père à l'état militaire. Ses premières études faites à l'École de Sorèze, il en sortit en 1766, pour entrer à l'École royale du génie de Mézières (promotion 1769), d'où il sortit avec le grade de lieutenant en second.

Employé dans plusieurs places fortes, le zèle et les connaissances étendues du jeune Dejean le firent bientôt employer comme ingénieur ordinaire, et ensuite comme ingénieur en chef, depuis 1781 jusqu'en 1791. Il était en Picardie au moment de la Révolution. Les guerres de la Révolution française allaient ouvrir à ses talents une carrière qu'il devait parcourir avec distinction. Chevalier de Saint-Louis[1], il fut nommé en 1791 commandant en second des gardes nationales de la Somme, puis membre de l'administration de ce département.

Général de la Révolution française

Il servit sous Dumouriez (1792-1793), et donna sa démission de capitaine du génie à la nouvelle de la mort de Louis XVI ; mais la lettre de démission fut retirée par lui, en raison des revers éprouvés par l'armée au même moment. Il servait déjà en qualité de chef de bataillon à l'armée du Nord, lorsque sa brillante conduite, à la prise de la citadelle d'Anvers, le fit nommer en 1793 commandant du génie sous Pichegru et directeur des fortifications. En [1], il obtint le grade de général de brigade pour récompense des services qu'il avait rendus aux attaques de Courtrai et de Ménin, ainsi qu'aux sièges de Nimègue (en) (18 brumaire an III) et d'Ypres (1794). Ce fut Dejean qui réunit secrètement en Hollande les bateaux et les agrès nécessaires pour tenter le passage du Rhin que Kléber effectua avec un succès complet dans la nuit du 5 au , au-dessus de Düsseldorf. L'habileté et les talents qu'il déploya dans cette circonstance lui valurent le grade de général de division ([1]).

De retour quelque temps après au quartier-général de l'armée du Nord, il en obtint (lorsque le général Beurnonville fut appelé à l'armée de Sambre-et-Meuse) le commandement en chef par intérim (avec celui des troupes franco-bataves), de à . Il fut destitué, le , pour avoir refusé d'associer son armée aux plaintes de l'armée d'Italie contre les Conseils. Le général Dejean fut mis immédiatement à la réforme. Il fut réintégré l'année suivante, sur la demande du comité des fortifications, dans ses fonctions d'inspecteur-général des fortifications.

Ministre de Napoléon Ier

Nommé conseiller d'État après la journée du 18 brumaire, le premier Consul lui confia plusieurs missions importantes qui le firent remarquer et comme administrateur et comme homme d'État. C'est ainsi qu'il fut successivement chargé de l'exécution de convention d'Alexandrie et de l'organisation du gouvernement de la République ligurienne. On lui confia, le 21 ventôse an X (), la direction (ministère) de l'administration de la guerre, et le 21 août de l'année suivante, il fut élevé à la dignité de grand-trésorier de la Légion d'honneur. Choisi par Napoléon Ier en pour présider le collège électoral de la Somme, le même collège le porta comme candidat au Sénat conservateur.

Dejean fut créé comte de l'Empire le . En 1809, lors du débarquement des Anglais dans l'île de Walcheren, il se rendit à Anvers pour y organiser des moyens de résistance. Peu de temps après, Napoléon retira au comte Dejean le portefeuille de l'administration de la guerre, pour avoir demandé un budget plus élevé que celui qui lui était alloué. Cette disgrâce ne fut pourtant que momentanée, et Napoléon le nomma bientôt premier inspecteur du génie (, chargé de l'inspection générale en Hollande le ) et membre du Sénat conservateur (). En 1812, il fut élu président à vie du collège électoral d'Indre-et-Loire. La même année le vit présider la commission militaire qui condamna à mort les généraux Malet, Lahorie et Guidal.

En , il ne vota pas la déchéance de l'Empereur.

Membre de la Chambre des pairs

L'Empereur ayant abdiqué, le comte Dejean adhéra au gouvernement provisoire de 1814. Louis XVIII le nomma son commissaire extraordinaire dans la 11e division militaire (Bordeaux : il n'y fit qu'un court séjour), chevalier de Saint-Louis[2], « pair de France » (membre de la Chambre des pairs), gouverneur de l'École Polytechnique et président du comité de liquidation de l'arriéré. Au retour de Napoléon en 1815, le comte Dejean devint membre de la nouvelle Chambre des pairs ; il fut réintégré dans ses fonctions de premier inspecteur du génie, et remplit, en l'absence du comte Lacépède, celles de grand chancelier de la Légion d'honneur. Après la bataille de Waterloo, il se prononça énergiquement contre l'opinion de la plupart des généraux qui s'opposèrent à la défense de Paris. « Il est bien étonnant ! s'écria-t-il, que des hommes qui ont été si braves toute leur vie montrent autant de faiblesse. »

À la seconde Restauration, l'ordonnance royale du 24 juillet 1815 le dépouilla de toutes ses fonctions, « mais il trouva dans l'estime et la reconnaissance de ses concitoyens la récompense des services qu'il avait rendus a l'État, et comme guerrier et comme administrateur » (Fastes de la Légion d'honneur). Cependant, il fut mis à la tête d'une subdivision militaire (), et rétabli, sous le ministère de Gouvion-Saint-Cyr (gouvernement Dessolles), dans l'emploi de directeur-général des subsistances, qu'il conserva jusqu'à la fin de 1820, époque où l'affaiblissement de sa santé le força de donner sa démission (il fut alors remplacé par le comte Andréossy). Le , il fut compris dans la fournée de pairs créée par le ministère Decazes. Il siégea la Chambre haute, « où il ne cessa de donner de nouvelles preuves de ses talents, de son austère probité, et de l'activité de son zèle pour les intérêts de la France » (Fastes de la Légion d'honneur), parmi les défenseurs des libertés octroyées par la Charte de 1814.

Le comte Dejean fut admis à la retraite comme inspecteur général du génie, le . Victime, en 1823, d'une attaque d'apoplexie (congestion cérébrale), il fut frappé d'hémiplégie (il eut le côté droit de son corps paralysé). Le comte Dejean mourut dans sa soixante-quinzième année, le , à Paris, en l'Hôtel Bochart de Saron[3] (17, de la rue de l'Université). Il fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise (40e division), Paris XXe.

On a de lui : Description d'un nouveau moyen pour la conservation illimitée des grains et farines. (Paris, s.d.)

État de service

Vie familiale

Jean François Aimé était le fils cadet de Jean-Pierre « de Déjean » (1699-1754), maire perpétuel de Castelnaudary, premier président au siège royal de Lauragais, subdélégué de l'intendance de Languedoc et de Marie de Fabry. Sa sœur aînée, Antoinette (1746-1776), avait épousé Louis de Cazals (1731-1782), directeur du « Canal de communications des mers », dont elle eut le général-baron Louis-Joseph Elisabeth Cazals (1774-1813) ; tandis que son frère François-André Dejean (it) (né en 1748), fut évêque d'Asti (1809-1814).

Dejean épousa, en 1779, Alexandrine Marie Élisabeth Le Boucher d'Ailly ( ✝ 1782), fille de Jacques Nicolas Le Boucher d'Ailly (1698-1776), seigneur de Richemont, conseiller du Roi, maire et commandant d'Abbeville.

Veuf il convola en secondes noces, le (il a 52 ans), avec Aurore Barthélémy (1777-1858), de 28 ans sa cadette. Le 17 juillet suivant, Auguste unique fils du premier mariage de Jean François Aimé, épouse Adèle Barthélémy (1786-1872), sœur de sa belle-mère ! Un jour[4] Napoléon interpella son ministre de l'Administration de la guerre et, lui parlant de son second mariage et de celui de son fils lui dit :

« Est-ce bien catholique ce que vous avez fait là ? »

Et Dejean de lui rétorquer :

« Oui, sire ! Car nous n'avons fait que suivre l'exemple de Votre Majesté. L'impératrice Joséphine et sa fille Hortense n'ont-elles pas épousé deux frères Bonaparte : Napoléon et Louis ? »

Titres

Noms gravés sous l'arc de triomphe de l'Étoile : pilier Nord, 5e et 6e colonnes.

Distinctions

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes du comte Dejean et de l'Empire ()

D'argent au griffon essorant de sable, au comble d'azur, chargé à senestre de deux étoiles et d'un croissant d'or, et à dextre du quartier des comtes ministres.[5] - [6] - [8]

Icône pour souligner l'importance du texte
On trouve sur sa sépulture[9] (plaque apposée par le Souvenir français en 2003) un quartier des comtes sénateurs[10], ce qui semble être une erreur : Dejean est fait comte de l'Empire le [4] (il est alors ministre de l'administration de la Guerre : 1802-1810), mais n'est reçu au Sénat conservateur que le , soit deux ans plus tard.
Armes des comtes Dejean, « pairs de France » (membres de la Chambre des pairs : barons-pairs héréditaires)

D'argent, au griffon de sable; au chef d'azur, chargé d'un croissant d'or, accosté de 2 étoiles du même.[11] - [12]

Annexes

Bibliographie

  • A. Amic., « Dejean (Jean-François-Aimé, comte) », dans A. Lievyns, Jean Maurice Verdot, Pierre Bégat, Fastes de la Légion d'honneur, biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de l'ordre, vol. I, [détail de l’édition] (BNF 37273876, lire en ligne), p. 303 lire en ligne ;
  • « Dejean (Jean-François-Aimé, comte) », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • Thierry Lentz, Les ministres de Napoléon : Refonder l'État, servir l'empereur, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 659), , 303 p. (ISBN 978-2-262-04375-9).

Notes et références

  1. « Dejean (Jean-François-Aimé, comte) », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  2. A. Amic., « Dejean (Jean-François-Aimé, comte) », dans A. Lievyns, Jean Maurice Verdot, Pierre Bégat, Fastes de la Légion d'honneur, biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de l'ordre, vol. I, [détail de l’édition] (BNF 37273876, lire en ligne), p. 303 lire en ligne
  3. L'Hôtel Bochart de Saron avait appartenu avant la Révolution par Jean Baptiste Gaspard Bochart de Saron (1730-1794), premier président du parlement de Paris, avait été habité par Talleyrand, au temps de la Constituante et appartient, au XIXe siècle, à Marguerite Wilson. Les Éditions Gallimard occupent désormais l'hôtel.
  4. « Jean-François Aimé Dejean », sur roglo.eu (consulté le )
  5. PLEADE (C.H.A.N. : Centre historique des Archives nationales (France)).
  6. (en) « Armory of the French Hereditary Peerage (1814-30) », sur www.heraldica.org (consulté le )
  7. Almanach impérial, 1810.
  8. « Jean-François-Aimé Dejean (1749-1824) Comte de l'Empire », sur www.napoleon-empire.net (consulté le )
  9. « jean françois aimé DEJEAN castelnaudary 1749 - paris 1824 comte de l'Empire - général de division du génie - pair de France », sur napoleon-monuments.eu (consulté le )
  10. Nicolas Roret, Nouveau manuel complet du blason ou code héraldique, archéologique et historique : avec un armorial de l'Empire, une généalogie de la dynastie impériale des Bonaparte jusqu'à nos jours, etc..., Encyclopédie Roret, , 340 p. (lire en ligne)
  11. Jean-Baptiste Rietstap, Armorial général, t. 1 et 2, Gouda, G.B. van Goor zonen, 1884-1887
  12. Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France : des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, précédée de la généalogie de la maison de France, vol. 6, L'auteur, (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

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