Ja'far al-SĂądiq
AbĂ» `AbdillĂąh Ja`far bin Muhammad al SĂądiq[1] (arabe : ŰŁŰšÙ Űčۚۯ ۧÙÙÙ ŰŹŰčÙ۱ ŰšÙ Ù ŰÙ ŰŻ ۧÙ۔ۧۯÙ), nĂ© le 17 Rabiâ al-Awwal 83 AH / Ă MĂ©dine, et mort le 25 Chawal 148 AH / dans la mĂȘme ville, aussi connu sous le nom de Jafar al-Sadiq ou simplement as-Sadiq (le vĂ©ridique), est le sixiĂšme imam pour les chiites duodĂ©cimains et le cinquiĂšme pour les ismaĂ©liens, ainsi qu'une figure majeure dans les madahib hanafites et malikites de jurisprudence sunnite[2]. Il Ă©tait un descendant du premier imam et quatriĂšme calife bien guidĂ© Ali du cĂŽtĂ© de son pĂšre, Muhammad al-BĂąqir, et du fils du premier calife bien guidĂ© Muhammad ibn Abou Bakr (en) du cĂŽtĂ© maternel de sa famille, Umm Farwah bint al-Qasim. Muhammad ibn Abou Bakr a Ă©tĂ© Ă©levĂ© par Ali, mais nâĂ©tait pas son fils[3]. Ali avait l'habitude de dire : « Muhammad Ibn Abou Bakr est mon fils mais de la lignĂ©e dâAbou Bakr »[4]. Al-Sadiq est le sixiĂšme imam et reconnu par tous les chiites comme une rĂ©fĂ©rence religieuse, et est considĂ©rĂ© dans lâislam sunnite traditionnel comme un transmetteur de ahadith, un faqih Ă©minent[5] et un mystique parmi les soufis. En dĂ©pit de tout ce qui lui a Ă©tĂ© attribuĂ© dans un certain nombre de disciplines religieuses, aucune Ćuvre Ă©crite par Jaâfar lui-mĂȘme ne subsiste Ă ce jour[6].
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Abdullah al-Aftah (en) IsmaĂŻl ben Jafar Moussa al-Kazim Fatima Bint Jafar (d) Ali Abbas Ibn Jafar (d) Isáž„Ăąq ibn Ja'far al-Sadiq (d) Muhammad ibn Ja'far al-Sadiq (en) Ali al-Uraidhi ibn Ja'far al-Sadiq (en) Umm Farwah Bint Jafar (d) Asmaa Bint Jafar (d) |
MaĂźtre |
AlqĂąsim ibn Muhammad ibn AbĂ» Bakr (en) |
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Al-Sadiq est nĂ© en 699, en 700 ou en 702 du calendrier julien. Il a hĂ©ritĂ© de son pĂšre la position dâimam dans la mi-trentaine. En tant quâimam, al-Sadiq sâest tenu Ă lâĂ©cart des conflits politiques qui ont secouĂ© la rĂ©gion, Ă©ludant les nombreuses demandes de soutien quâil a reçues de la part des insurgĂ©s (et ce contrairement Ă Zayd ibn Ali, l'imam des zaydites). Victime dâun certain harcĂšlement de la part des califes abbassides, il fut finalement, selon la plupart des musulmans chiites, empoisonnĂ© sur ordre du deuxiĂšme d'entre eux : al-Mansour.
En plus de ses liens avec les Ă©coles sunnites de jurisprudence[7], il aurait jouĂ© un rĂŽle important dans l'Ă©laboration de la doctrine chiite. Les traditions rapportĂ©es dâal-Sadiq seraient plus nombreuses que tous les autres hadiths des imams chiites rĂ©unis (y compris Ali)[8]. En tant que fondateur de la jurisprudence Jafarite, al-Sadiq aurait Ă©galement Ă©laborĂ© les doctrines du Nass (dĂ©signation divinement inspirĂ©e de chaque imam par lâimam prĂ©cĂ©dent), et de l'Ismah (lâinfaillibilitĂ© des imams d'ahl al-bayt), ainsi que celle de la Taqiyyah[9] - [10], qui ont toutes contribuĂ© Ă sceller dĂ©finitivement la diffĂ©rence entre sunnisme et le chiisme sur le plan thĂ©ologique.
La question de la succession aprĂšs la mort dâal-Sadiq fut la cause de la division entre les chiites qui considĂ©raient son fils aĂźnĂ©, IsmaĂŻl (mort avant son pĂšre), comme le prochain imam, et ceux plus importants qui croyaient que son troisiĂšme fils, Moussa al-Kazim, Ă©tait lâimam. Le premier groupe est devenu connu sous le nom d'IsmaĂ©liens (ou septimains) et le deuxiĂšme a Ă©tĂ© nommĂ© jafarites ou duodĂ©cimains[11] - [12].
Naissance et premiÚres années
Ja`far al SĂądiq est nĂ© Ă MĂ©dine en 80 AH / 699 - 700 ou en 83 AH / 703 - 704. Du cĂŽtĂ© de son pĂšre, il Ă©tait l'arriĂšre-arriĂšre-petit-fils dâAli, le quatriĂšme calife bien guidĂ© et premier imam des chiites. Sa mĂšre, Umm Farwah bint al-Qasim Ă©tait l'arriĂšre-petite-fille dâAbou Bakr; le premier calife bien guidĂ©. Al-Sadiq fut le premier des imams chiites d'un aussi haut lignage car descendait Ă la fois dâAbou Bakr, le premier souverain du califat des Rachidoune, et dâAli, le premier imam (par ailleurs le sang des empereurs romains Maurice et TibĂšre II coule dans ses veines, ainsi que celui du prophĂšte musulman David et des empereurs sassanides Vahram V et Yazdgard III). Cependant, les chiites dĂ©considĂšrent une telle ascendance car ils croient que les califes prĂ©cĂ©dents (comme Abou Bakr), en prenant le contrĂŽle de lâEmpire islamique, avaient illĂ©galement spoliĂ© Ali, qui Ă©tait lâhĂ©ritier lĂ©gitime du califat[13]. Au cours des quatorze premiĂšres annĂ©es de sa vie, il vĂ©cut aux cĂŽtĂ©s de son grand-pĂšre Ali Zayn al-Abidin et vit ce dernier se retirer de la politique. Il a Ă©galement notĂ© le respect que les cĂ©lĂšbres juristes de MĂ©dine portaient Ă Zayn al-Abidin bien que ce dernier avait peu de partisans[14] - [15].
Dans la maison de sa mĂšre, al-Sadiq interagit Ă©galement avec son grand-pĂšre Qasim ibn Muhammad ibn Abou Bakr (en) qui Ă©tait respectĂ© par le peuple de MĂ©dine comme un cĂ©lĂšbre traditionaliste. Pendant cette pĂ©riode, le pouvoir omeyyade Ă©tait Ă son apogĂ©e, et lâenfance dâal-Sadiq coĂŻncidait avec lâintĂ©rĂȘt croissant du peuple de MĂ©dine pour la science prophĂ©tique et les interprĂ©tations du QorÊŸÄn[15].
Imamat
Al-Sadiq avait 34 ou 37 ans lorsquâil hĂ©rita de l'imamat Ă la mort de son pĂšre Muhammad al-BĂąqir. Il dĂ©tint l'imamat pendant 28 ans, plus longtemps que n'importe quel autre imam chiite[15]. Son imamat a Ă©tĂ© une pĂ©riode cruciale dans lâhistoire islamique en ce qui concerne les domaines politiques et doctrinaux. Avant al-Sadiq, la majoritĂ© des chiites prĂ©fĂ©rait la politique rĂ©volutionnaire de Zayd (lâoncle dâal-Sadiq) au calme mystique du pĂšre et du grand-pĂšre dâal-Sadiq[5] - [15]. Zayd affirma que la position dâun imam Ă©tait conditionnelle Ă sa comparution publique pour faire valoir ses droits[16] - [17]. Al-Sadiq, dâautre part, aurait Ă©laborĂ© une nouvelle doctrine de l'Imamat, qui dit "Imamat nâest pas une question de choix humain ou dâaffirmation de soi" mais que chaque imam possĂšde un 3ilm (?) unique (connaissance) qui le qualifie d'office pour ce poste. Cette connaissance aurait Ă©tĂ© transmise par le prophĂšte Mahomet Ă travers la lignĂ©e des descendants immĂ©diats dâAli. La doctrine du Nass, ou "dĂ©signation divinement inspirĂ©e de chaque imam par lâimam prĂ©cĂ©dent", aurait donc Ă©tĂ© parachevĂ©e par al-Sadiq[note 1]. Bien quâil ait Ă©tĂ© dĂ©signĂ© comme lâImam, al-Sadiq ne revendiqua jamais le califat de son vivant[12] - [17].
Sous les souverains omeyyades
Lâimamat dâAl-Sadiq sâĂ©tendait sur la seconde moitiĂ© du califat omeyyade, marquĂ©e par de nombreuses rĂ©voltes (Ă©manant principalement des mouvements chiites alides), et finalement le renversement violent du califat omeyyade par les Abbassides. Descendant de l'oncle dĂ©funt du prophĂšte musulman Muhammad, Al-Abbas, Al-Sadiq a maintenu la politique d'apaisement de son pĂšre et nâa jouĂ© aucun rĂŽle dans les nombreuses rĂ©bellions. Il se tint Ă lâĂ©cart du soulĂšvement de zaĂŻdites qui se rĂ©unirent autour de lâoncle dâal-Sadiq, Zayd, qui avait le soutien des mutazilites (dont il avait embrassĂ© la thĂ©ologie) et des traditionnistes de MĂ©dine et de Koufa[15]. Al-Sadiq nâa pas non plus soutenu la rĂ©bellion menĂ©e par son cousin, Muhammad al-Nafs al-Zakiya, inspirĂ© par les Kaysanites[15] (qui furent par la suite dĂ©criĂ©s comme des ghulÄt et des mushrikin par la littĂ©rature jafarite). Al-Sadiq nâa jouĂ© strictement aucun rĂŽle dans la rĂ©bellion abbasside contre les Omeyyades[5]. Sa rĂ©ponse Ă une demande dâaide dâAbu Muslim, le chef khorassanais dâun soulĂšvement contre les Omeyyades, est devenue cĂ©lĂšbre. Al-Sadiq a demandĂ© une lampe et a brĂ»lĂ© la lettre dâAbu Muslim, disant Ă lâenvoyĂ© qui lâa apportĂ©e : "Dites Ă votre maĂźtre ce que vous avez vu"[16]. En brĂ»lant la lettre dâAbĂ» Muslim, il aurait Ă©galement dit : "Cet homme nâest pas un de mes hommes, ce temps lĂ nâest pas le mien"[18]. Al-Sadiq ignora Ă©galement les demandes dâaide Ă dâautres revendications du califat, sans faire avancer ses propres prĂ©tentions. Il aurait dit que mĂȘme sâil Ă©tait, en tant quâimam dĂ©signĂ©, le vrai leader de la Oumma, il ne rĂ©clamait pas sa part du califat[12]. Cette position consciente de neutralitĂ© est probablement la raison pour laquelle Jaâfar a Ă©tĂ© tolĂ©rĂ© par la cour omeyyade pendant si longtemps, au contraire des zaĂŻdites[19]. Cette position a Ă©galement donnĂ© lieu Ă un prĂ©cĂ©dent juridique fort pour la Taqiyyah[19].
Sous les souverains abbassides
La fin de la dynastie omeyyade et le dĂ©but des Abbassides fut une pĂ©riode au cours de laquelle lâautoritĂ© centrale Ă©tait faible, permettant Ă al-Sadiq dâenseigner librement dans une madrassa qui a formĂ© environ quatre milliers dâĂ©lĂšves. Une Ă©cole d'une telle taille Ă©tait inhabituelle pour les enseignants religieux de l'Ă©poque[20]. Parmi ses Ă©lĂšves se trouvaient Abou Hanifa et MĂąlik ibn Anas, fondateurs de deux grandes Ă©coles de droit sunnites : le Hanafisme et le Malikisme[21] - [22] - [23]. Wassil ibn Ata, fondateur de lâĂ©cole de thĂ©ologie mutazilite, comptait Ă©galement parmi ses Ă©lĂšves. AprĂšs que la rĂ©volution abbasside eut renversĂ© le califat omeyyade, elle se retourna, aprĂšs la mort d'As-Saffah, contre les groupes chiites qui avaient Ă©tĂ© ses alliĂ©s contre les Omeyyades. Les nouveaux dirigeants abbassides, qui Ă©taient montĂ©s au pouvoir sur la base de leur descendance d'al-Abbas, lâoncle de Muhammad, se mĂ©fiaient dâal-Sadiq. En effet, les chiites ont toujours cru que le commandement de la Oumma Ă©tait une nomination Ă©mise par ordre divin, rĂ©servĂ©e aux HachĂ©mites, et qui a Ă©tĂ© donnĂ©e Ă chaque imam par lâimam prĂ©cĂ©dent. En outre, al-Sadiq avait un large public, tant parmi les Ă©rudits que parmi ceux qui pensaient qu'il Ă©tait l'imam de son temps[11]. Pendant le rĂšgne (136 AH - 158 AH / 754 - 775) dâAl-Mansour, al-Sadiq a Ă©tĂ© convoquĂ© Ă Bagdad avec dâautres hommes Ă©minents de MĂ©dine afin que le calife les surveille de prĂšs. Al-Sadiq, cependant, a demandĂ© au calife de lâexcuser en rĂ©citant un hadith qui disait que "lâhomme qui sâen va pour gagner sa vie atteindra son but, mais celui qui reste dans sa famille prolongera sa vie"[16]. Al-Mansour aurait acceptĂ© sa demande. AprĂšs la dĂ©faite et la mort de son cousin Muhammad al-Nafs al-Zakiya en 145 AH / 762, cependant, al-Sadiq a pensĂ© quâil Ă©tait plus sage dâobĂ©ir Ă la convocation dâal-Mansour. AprĂšs un court sĂ©jour Ă Bagdad, cependant, il a convaincu le calife quâil nâĂ©tait pas une menace, et a Ă©tĂ© autorisĂ© Ă retourner Ă MĂ©dine[5] - [9].
Vers la fin de sa vie, les califes abbassides le harcelÚrent. Le gouverneur de Médine a été chargé par le calife de brûler sa maison, un événement qui aurait n'aurait pas blessé al-Sadiq[note 2] - [16]. Pour couper ses liens avec ses disciples, al-Sadiq a également été surveillé de prÚs et occasionnellement emprisonné[11]. De par ces essais, Al-Sadiq semble avoir poursuivi ses études et est resté un enseignant influent dans sa ville natale et au-delà [19].
Vie de famille
Al-Sadiq a Ă©pousĂ© Fatimah Al-Hasan, une descendante dâAl-Hassan ibn Ali, avec qui il avait deux fils, IsmaĂŻl ben Jafar (le sixiĂšme ImĂąm ismaĂ©lien) et Abdullah al-Aftah (en). AprĂšs la mort de son Ă©pouse, al-Sadiq a achetĂ© une esclave berbĂšre ou andalouse du nom de Hamidah KhÄtĆ«n (arabe : ŰÙ ÙŰŻŰ© ۟ۧŰȘÙÙ), qu'il a affranchie, formĂ©e comme Ă©rudite islamique et Ă©pousĂ©e. Elle lui donna deux fils supplĂ©mentaires : Moussa al-Kazim (le septiĂšme imam des Douze), et Muhammad al-Dibaj (en). Elle Ă©tait vĂ©nĂ©rĂ©e par les chiites, surtout par les femmes, pour sa sagesse. Elle Ă©tait connue sous le nom de Hamidah la Pure. Jaâfar al-Sadiq avait lâhabitude dâenvoyer des femmes pour apprendre les principes de lâislam auprĂšs dâelle et aurait dit que "Hamidah est pur de toute impuretĂ© comme le lingot dâor pur"[24].
Lâimam Ja`far avait aussi un fils appelĂ© 'Is-haq', qui aurait Ă©pousĂ© Nafisa al-Sayyida bint Al-Hasan. Nafisa est une descendante dâAl-Hasan ibn Ali, et l'enseignante de lâimam sunnite Ash-ShĂąfi'Ăź[25] - [26] - [27]. Elle est enterrĂ©e au Caire.
Fait assez paradoxal, lorsqu'on connaßt le point de vue chiite sur les compagnons, Ja'far Al-Sadiq avait une fille prénommée Aïcha[28].
Mort
Al-Sadiq a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă plusieurs reprises par les califes omeyyades et abbassides Hicham, Saffah et Mansour. Il Ă©tait particuliĂšrement perçu comme une menace par les Abbassides nouvellement au pouvoir qui ont senti le dĂ©fi que constituait sa revendication du titre califale, formulĂ©e par ses partisans qui les avaient soutenus. Lorsquâil mourut en 148 AH /765 Ă lâĂąge de 64 ou 65 annĂ©es hĂ©giriennes, de nombreuses sources chiites soupçonnaient quâil avait Ă©tĂ© empoisonnĂ© Ă l'instigation de Mansour. Cette tradition est jugĂ©e peu vraisemblable par certains islamologues[29]. La mort dâAl-Sadiq a conduit Ă lâincertitude sur la succession de lâImamat et Ă un nouveau schisme. Il fut inhumĂ© Ă MĂ©dine, dans le cĂ©lĂšbre cimetiĂšre de Jannatul Baqi, et son tombeau fut un lieu de pĂšlerinage jusquâen 1344 AH / 1926, date Ă laquelle les Wahhabites conquirent MĂ©dine pour la deuxiĂšme fois et le dĂ©truisirent, ainsi que tous les autres sanctuaires islamiques importants, Ă lâexception de celui du Muhammad[30].
Selon Tabataba'i, aprĂšs avoir appris la nouvelle de mort dâal-Sadiq, Mansour aurait voulu mettre fin au dogme d'Imamat. Il aurait alors Ă©crit au gouverneur de MĂ©dine, lui ordonnant de lire le testament de lâimam, et de dĂ©capiter la personne nommĂ©e dans celui-ci comme le futur imam. Cependant, le gouverneur a constatĂ© quâal-Sadiq avait choisi quatre personnes plutĂŽt quâune : Mansour lui-mĂȘme (qui Ă©tait un HachĂ©mite et Ă©ligible Ă une telle fonction), le gouverneur lui-mĂȘme, le fils aĂźnĂ© de lâimam Abdullah al-Aftah (en), et Moussa al-Kazim, son fils cadet[8].
Succession
Le groupe chiite commença Ă se diviser durant la vie dâal-Sadiq, lorsque son fils aĂźnĂ© IsmaĂŻl ben Jafar dĂ©cĂ©da avant lui. Sa mort sâest produite en prĂ©sence de nombreux tĂ©moins[8]. AprĂšs la mort de Jaâfar al-Sadiq, ses partisans se divisĂšrent davantage, avec le plus grand groupe, qui est devenu connu sous le nom des duodĂ©cimains, Ă la suite de son fils cadet Moussa al-Kazim. Un autre groupe croyait plutĂŽt quâIsmaĂŻl avait Ă©tĂ© dĂ©signĂ© comme le prochain imam et que, puisquâil avait prĂ©cĂ©dĂ© son pĂšre dans la mort, lâimamat Ă©tait passĂ© au fils dâIsmaĂŻl, Muhammad ibn IsmĂą`Ăźl, et Ă ses descendants. Ce dernier groupe est devenu connu sous le nom dâIsmaĂ©liens. Certains IsmaĂ©liens croyaient quâIsmaâil nâĂ©tait pas mort, mais quâil rĂ©apparaĂźtrait comme le Mahdi, le rĂ©vivificateur de la foi musulmane dans la doctrine chiite.
Encore dâautres groupes ont acceptĂ© soit Abdullah al-Aftah (en) soit Muhammad al-Dibaj (en), tous deux fils de Jaâfar, comme imam. Un dernier groupe croyait quâal-Sadiq Ă©tait le dernier imam et que la lignĂ©e s'arrĂȘterait lĂ .
AprĂšs la mort de Moussa al-Kazim, la majoritĂ© de ses disciples reconnurent son fils Ali ar-Rida comme le huitiĂšme imam, tandis que dâautres croyaient quâal-Kazim avait Ă©tĂ© le dernier imam. Ce dernier groupe est devenu connu sous le nom de Waqifites (en).
Aucune division majeure ne sâest produite dans le chiisme du huitiĂšme au douziĂšme imam, que la majoritĂ© des chiites considĂšrent comme Muhammad al-Mahdi, censĂ© rĂ©apparaĂźtre Ă la fin des temps. Parmi toutes les sectes de lâIslam, seuls les zaĂŻdites et les ismaĂ©liens ont une chaĂźne continue dâImams vivants et visibles[5] - [8] - [9] - [11] - [12] - [17] - [31].
Points de vue religieux
Les opinions religieuses dâAl-Sadiq sont consignĂ©es comme une autoritĂ© dans la rĂ©daction dâun certain nombre de positions contradictoires. Lâutilisation de son nom comme autoritĂ© au sein des Ă©crits soufis, scientifiques, sunnites, ismaĂ©liens et extrĂ©mistes montre son importance en tant que figure dans le dĂ©veloppement de la pensĂ©e musulmane prĂ©coce[6]. Selon Al-Yaqubi, il Ă©tait de coutume pour quiconque voulait rapporter de lui une tradition de dire "le Savant/l'Instruit nous a informĂ©s". Malik ibn Anas, lorsqu'il citait quoi que ce soit dâal-Sadiq, disait « Le Thiqa (vĂ©ridique) Jaâfar ibn Muhammad lui-mĂȘme mâa dit queâŠ", la mĂȘme chose est rapportĂ©e dâAbou Hanifa[11] - [15]. Les Ćuvres qui lui sont attribuĂ©es peuvent ĂȘtre dâune authenticitĂ© douteuse, mais elles Ă©tablissent son nom au moins comme indiquant une maĂźtrise de lâapprentissage en gĂ©nĂ©ral, et des sciences islamiques en particulier[6]. Bien que la plupart des groupes susmentionnĂ©s souhaitaient s'approprier lâhĂ©ritage dâal-Sadiq pour sa propre cause, la source la plus Ă©tendue de ses enseignements se trouve dans la tradition chiite imamite (al-Imamiyya al-Ithna 'Ashariyya). Pour les chiites duodĂ©cimains, Jaâfar al-Sadiq est le sixiĂšme imam qui a Ă©tabli le chiisme comme une force intellectuelle sĂ©rieuse durant les pĂ©riodes omeyyades tardives et abbassides prĂ©coces[6]. Selon Tabatabai, le nombre de traditions laissĂ©es par al-Sadiq et son pĂšre Ă©tait plus Ă©levĂ© que tous les ahadith enregistrĂ©s de Muhammad et de tous les autres imams chiites rĂ©unis[8]. La pensĂ©e chiite qui commence avec Haydar Amoli, qui conduit Ă des philosophes sĂ©fĂ©vides comme Mir Damad, Molla Sadra et Qazi SaĂŻd Qommi et qui se poursuit jusqu'Ă nos jours est basĂ©e sur la tradition imamite et spĂ©cialement sur ce qui est prĂȘtĂ© Ă Jafar al-Sadiq[10].
Le madhhab jafarite
La jurisprudence islamique (fiqh) chiite est devenue connue sous le nom de jurisprudence jafarite Ă la suite de Ja'far al-SĂądiq, dont la doctrine juridique Ă©tait la source la plus importante du droit chiite. Comme le droit sunnite, la jurisprudence jafarite est fondĂ©e en premier lieu sur le QorÊŸÄn et le Hadith, ainsi que sur le consensus (IjmĂą'). Contrairement aux sunnites, les chiites accordent plus de poids au raisonnement ('Aql), tandis que les sunnites ne permettent quâune sorte de raisonnement par analogie (qiyĂąs)[17] - [6] - [32]. Al-Sadiq est dĂ©crit comme celui qui a dĂ©noncĂ© lâopinion personnelle ou usage de la raison (Ra'y) et le raisonnement analogique (qiyĂąs) de ses contemporains (surtout les hanafites) en faisant valoir que la loi d'Allah est occasionnelle et imprĂ©visible (BadĂą'), et que le devoir des serviteurs nâest pas de sâengager dans la raison pour dĂ©couvrir la loi, mais de se soumettre Ă lâinsondable volontĂ© de Dieu qui serait rĂ©vĂ©lĂ©e par lâimam[6]. Dans son livre Maqboula, Omar ibn កanáșala (qui Ă©tait un des nombreux disciples dâal-Sadiq) demande Ă lâimam comment les diffĂ©rends juridiques au sein de la communautĂ© doivent ĂȘtre rĂ©solus, et si lâon doit porter de tels cas au souverain (Sultan) et Ă ses juges (Qadis). Jaâfar al-Sadiq rĂ©pond nĂ©gativement en disant que ceux qui portent leurs diffĂ©rends aux gouvernants et Ă leurs juges nâobtiennent que soáž„t (dĂ©cision illĂ©gale). En lieu et place de cela, al-Sadiq recommande un systĂšme de justice non officiel pour la communautĂ© dans lequel les diffĂ©rentes parties impliquĂ©es dans le diffĂ©rend se tourneraient vers « ceux qui rapportent nos Hadiths [câest-Ă -dire les imams]. » La raison Ă©tant que les imams ont « fait un tel un juge (hÄkem) sur vous[6]. »
Importance dans le soufisme
Jaâfar Al-Sadiq occupe une place particuliĂšre parmi les confrĂ©ries soufies (Tariqas) en raison de ses prĂ©tendus liens avec certains des premiers thĂ©ologiens soufistes. Il est traitĂ© comme un individu de grande connaissance spirituelle (3ilm) dans de nombreux ouvrages prĂ©coces de la littĂ©rature soufie, comme ceux dâAbou Bakr KalÄbÄĆi (mort en 380 AH / 990) ou plus tard dans les Ă©crits du poĂšte soufi Farid al-Din Attar (mort en 618 AH / 1221)[20]. Attar prĂ©tend que Jaâfar, plus que tous les autres imams, Ă©tait un prĂ©curseur spirituel pour le soufisme quand il dit : "il parlait plus que les autres imams au sujet de la Voie (ariqat).".â[33]. Les paroles attribuĂ©es par Attar Ă Al-Sadiq sont pleines de terminologie soufie spĂ©cifique telle que "Il est dĂ©cĂ©dĂ© (faâna : fait figurativement rĂ©fĂ©rence Ă la mort de lâego/nafs)"[33] - [31] et "fenĂȘtre sur le cĆur."[33]. Il est suspect que ces termes soient absents des anciennes collections de dictons attribuĂ©s Ă Jaâfar[20]. Il convient Ă©galement de noter que certains fuqaha et auteurs historiques, tels que Moqaddas Ardabili (mort en 993 AH / 1585), considĂ©raient les prĂ©tentions soufistes relatives Ă al-Sadiq comme un lien artificiel crĂ©Ă© pour donner une justification historique aux soufistes[34].
Bien quâil soit Ă©vident dans ces Ă©crits que Jaâfar Al-Sadiq Ă©tait considĂ©rĂ© comme une figure fondatrice dans le soufisme, la vĂ©racitĂ© historique de ces faits est bien plus difficile Ă dĂ©terminer. ConsidĂ©rant sa grande Ă©cole suivie et Ă©tablie (madrassa), il a presque certainement Ă©tĂ© un professeur de « proto-soufistes[20]. » Peut-ĂȘtre que, comme le prĂ©tend Attar, cela incluait Abu NoÊżaym, SufyÄn al-ThawrÄ« (mort en 161 AH / 776), juriste et ascĂšte bien connu Ă son Ă©poque[33]. Câest par lâintermĂ©diaire de SufyÄn que nous ait parvenu une des caractĂ©ristiques principales attribuĂ©s au caractĂšre de Ja'far Al-Sadiq. Attar rapporte:
« Sadiq a Ă©tĂ© vu portant une robe prĂ©cieuse en soie. Ils lui ont dit : "Fils du prophĂšte de Dieu, ce nâest pas en accord avec la vie de votre sainte famille". Il prit alors cet homme par la main et lâentraĂźna dans sa manche, qui Ă©tait revĂȘtue dâune charpie grossiĂšre, de sorte que sa main fut piquĂ©e. Sadiq lui dit : "Câest pour Dieu et câest pour les hommes" »[33]
Ce passage nous montre que Jaâfar Ă©tait considĂ©rĂ© par les sources soufies comme Ă©tant d'une humilitĂ© et d'une piĂ©tĂ© intĂ©rieure qui Ă©taient la pierre angulaire de la pensĂ©e malamatiyyah. Les malamatiyyahs Ă©taient Ă©troitement associĂ©s aux soufis, et ces deux traditions mystiques avaient, Ă bien des Ă©gards, Ă©tĂ© mĂ©langĂ©es Ă lâĂ©poque dâAttar[20]. Il nâest pas possible de dĂ©terminer avec certitude si ces histoires sont autre chose que des mythes crĂ©Ă©s par des gĂ©nĂ©rations postĂ©rieures. On peut dire que les enseignants soufis ont souvent retracĂ© la source de leurs connaissances Ă lâenseignement dâAl-Sadiq et que le contenu perçu de ces enseignements reste pertinent pour analyser la pratique soufie aujourd'hui[31].
Chez les sunnites
Les sunnites le considĂšrent comme un des pieux prĂ©dĂ©cesseurs, un grand savant et un modĂšle de spiritualitĂ©. De nombreuses paroles de l'imam Ja'far sont ainsi rapportĂ©es par les sunnites, notamment dans le domaine de l'exĂ©gĂšse coranique[35] et la spiritualitĂ©[36]. Lâimam FarĂźd Ud DĂźn Al 'AttĂąr dĂ©buta mĂȘme un de ses livres contenant des notices biographiques sur les saints de l'islam sunnite en ces termes : « Afin d'attirer les faveurs cĂ©lestes, nous allons tout d'abord parler de Ja'far As SĂądiq, car il fait partie des gens de l'intimitĂ© [avec AllĂąh], il est le modĂšle de tous les savants et il a mieux parlĂ© qu'eux tous rĂ©unis de la voie spirituelle menant Ă AllĂąh. »[37]
Les célÚbres imams Abû Hanßfa et Mùlik ibn Anas apprirent de lui.
Abu Naâim Isfahani dans son al-Hulya dit : « Jaâfar al-Sadiq fut citĂ© par un grand nombre de savants et dâimams renommĂ©s, comme Malik ibn Anas, Shuâba ibn Hajjaj, Sufyan Thawri, Ibn Juraih, Abdullah ibn Amr, Ruh ibn Qasim, Sufyan ibn Uyeyna, Sulaiman ibn Bilal, Ismael ibn Jaâfar, Hatem ibn Ismael, Abdul Aziz ibn Bilal, Abdul Aziz ibn Mukhtar, Wahab ibn Khalid, Ibrahim ibn Tahham et plusieurs autres. Dâautres disent quâil fut la source originelle de narrateurs tels que Malik, Imam Shafiâi, Hassan ibn Salih, Abu Ayub Sakhtiyani, Umar ibn Dinar, Ahmad ibn Hanbal et dâautres. Anas ibn Malik dit : aucun Ćil nâa jamais vu, aucune oreille nâa jamais entendu, aucun cĆur nâa jamais connu un homme meilleur que Jaâfar al-Sadiq en ce qui concerne son savoir, son adoration et sa piĂ©tĂ©. »[38]
Mahmud Abu Zuhra, le doyen de lâuniversitĂ© dâAl Azhar, prĂ©façant son livre al-Imam al-Sadiq, dit : { Nous, quâAllah nous accorde le secours et le succĂšs, avons dĂ©jĂ Ă©crit Ă propos de 7 imams. Nous nâavons diffĂ©rĂ© notre livre Ă son propos que parce quâen fait, il en est le supĂ©rieur, il a un mĂ©rite particulier parmi les plus grands dâentre les savants, tel Abou Hanifa qui le cite souvent et le considĂšre comme le plus instruit au sujet des diffĂ©rences dâopinions et le plus compĂ©tent en jurisprudence. Lâimam hanifa frĂ©quentait sa classe en tant quâĂ©tudiant et le citait en tant que narrateur. Il Ă©tudia avec Abu Hanifa qui Ă©tait son mentor et de Malik, ce qui est suffisant pour prouver son grand mĂ©rite. Il ne peut ĂȘtre Ă©cartĂ© pour cause de dĂ©ficience quelconque, et personne ne peut le dĂ©passer dans ses mĂ©rites. En outre, il est le petit-fils de Ali Zain al-Abidin, qui fut le plus honorĂ© de la population de MĂ©dine en son temps, aussi loin que son mĂ©rite, son honneur, sa piĂ©tĂ© et son savoir furent concernĂ©s. Ibn Shihab Zahri et plusieurs autres ont Ă©galement assistĂ© Ă ses cours. Il est le fils de Muhammad al-Baqir, qui pourfendit le savoir pour en extraire son pur noyau. Il est donc celui Ă qui Allah accorda un honneur personnel outre lâhonneur de sa noble lignĂ©e, la parentĂ© des Hashimites et la progĂ©niture de Mahomet[39].
Yaâqubi dit : « Il fut le meilleur et le plus instruit dans la religion dâAllah. Les hommes de science, en le citant, disaient: lâinstruit nous a dit. »[40]
Théologie
Le point de vue de Jaâfar al-Sadiq sur la thĂ©ologie aurait Ă©tĂ© transmis par Moufazzel qui aurait enregistrĂ© ses propres questions et les rĂ©ponses dâal-Sadiq dans un livre connu sous le nom de Ketab al-Tawhid dans lequel al-Sadiq aurait donnĂ© des preuves de l'unicitĂ© (Tawhid) d'Allah. Ce livre est considĂ©rĂ© comme identique au KetĂąb al-ehlilaja qui est une rĂ©ponse Ă la demande de Mofazzel Ă al-Sadiq pour une rĂ©futation des athĂ©es. Hesham ibn Ć akam (mort en 179 AH / 796) est un autre Ă©tudiant cĂ©lĂšbre de lâimam qui a proposĂ© un certain nombre de doctrines qui ont plus tard Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es au corpus orthodoxe chiite, parmi lesquelles la nĂ©cessitĂ© rationnelle de lâimam d'enseigner et de diriger la communautĂ© d'Allah Ă tout Ăąge[8]. La dĂ©claration suivante est attribuĂ©e Ă Al-Sadiq : "Celui qui prĂ©tend qu'Allah a ordonnĂ© le mal, a menti sur Allah. Celui qui prĂ©tend que le bien et le mal lui sont attribuĂ©s, a menti sur Allah". Cette vision, qui est conforme Ă celle de la doctrine mutazilite, semble absoudre Allah de la responsabilitĂ© du mal dans le monde. Al-Sadiq dit qu'Allah "n'ordonne pas aux ĂȘtres crĂ©Ă©s de faire quelque chose sans leur fournir un moyen de ne pas le faire, mĂȘme sâils ne le font pas, ou ne le font pas sans la permission d'Allah". Al-Sadiq a exprimĂ© un point de vue modĂ©rĂ© entre la contrainte (Jabr) et le libre-arbitre (Tafviz), affirmant qu'Allah a dĂ©crĂ©tĂ© certaines choses absolument, mais en a laissĂ© dâautres Ă lâagencement humain. Cette affirmation a Ă©tĂ© largement adoptĂ©e par la suite et a Ă©tĂ© appelĂ©e "al-amr bayn al-amrayn" ce qui signifiait ni prĂ©destination ni dĂ©lĂ©gation mais une position entre les deux"[9] - [16]. Le point de vue dâAl-Sadiq est donc enregistrĂ© comme prenant parti pour l'une ou l'autre position selon les circonstances, car il est rapportĂ© dans un Ă©change entre lui et un interlocuteur inconnu, l'interlocuteur lui aurait demandĂ© si Allah force ses serviteurs Ă faire le mal ou sâil leur a dĂ©lĂ©guĂ© ce pouvoir. Al-Sadiq rĂ©pond nĂ©gativement aux deux questions. Quand on lui aurait demandĂ© "Quâest-ce que câest alors ?" il aurait rĂ©pondu : "Les bĂ©nĂ©dictions de votre Seigneur sont entre ces deux"[6].
Il est racontĂ© dans un "hadith" que Jaâfar al-Sadiq aurait dit "Nous sommes les gens bien enracinĂ©s dans la connaissance et nous sommes ceux qui savent comment lâinterprĂ©ter."[41].
Tafsir
Les Ćuvres attribuĂ©es Ă Jafar al-Sadiq dans le domaine du Tafsir (exĂ©gĂšse coranique) sont pour la plupart dĂ©crites comme des Ćuvres mystiques soufistes telles que "Tafsir al-QorÊŸÄn", "ManÄfeÊż áčŁowar al-QorÊŸÄn" and "ណawÄsĂsĂ al-QorÊŸÄn al-aÊżáșam". Lâattribution de ces Ćuvres Ă al-Sadiq, cependant, est trĂšs suspecte. Dans ses livres Ć aqÄĆeq al-tafsir et ZiÄdÄt Ć aqÄĆeq al-tafsir, 'Abd ar-RahmĂąn as-SulamĂź cite al-Sadiq comme lâune de ses principales sources de connaissances (sinon la principale) concernant la signification des versets coraniques[6].
KetĂąb al-jafr, un des premiers commentaires mystiques sur le QorÊŸÄn (Tafsir), est Ă©galement attribuĂ© Ă al-Sadiq[11] - [6]. Selon Ibn Khaldoun, il a Ă©tĂ© Ă©crit Ă lâorigine sur la peau dâun jeune taureau, permettant Ă lâimam de rĂ©vĂ©ler le sens cachĂ© (baáčin) du QorÊŸÄn[42]. Al-Sadiq aurait proposĂ© un quadruple modĂšle dâinterprĂ©tation du QorÊŸÄn. Il a dit que "Le Livre d'Allah comprend quatre choses : la dĂ©claration Ă©tablie, le but implicite, les significations cachĂ©es, se rapportant au monde supra-sensible et les doctrines spirituelles Ă©levĂ©es." Il a dit que les significations claires Ă©taient pour la plĂšbe et les significations cachĂ©es pour lâĂ©lite; les significations implicites pour les "amis d'Allah" et les "doctrines spirituelles Ă©levĂ©es" Ă©taient la "province des prophĂštes"[31]. Il a dĂ©clarĂ© que les ahadith, ou traditions prophĂ©tiques, devraient ĂȘtre rejetĂ©s sâils contredisaient le QorÊŸÄn[9].
Taqiyyah
Al-Sadiq a utilisĂ© la Taqiyyah comme outil de dĂ©fense contre la violence et les menaces que lui et les chiites (considĂ©rĂ©s comme des apostats pour leur rejet des califats d'Abou Bakr et de Omar) subissaient Ă son Ă©poque[5] - [17]. La taqiyyah Ă©tait une forme de dissimulation religieuse[43] ou une dispense lĂ©gale par laquelle une personne croyante pouvait nier sa foi si elle craignait ou risquait d'ĂȘtre gravement persĂ©cutĂ©e[44]. En dâautres termes, la Taqiyyah dit quâil est acceptable de cacher ses vĂ©ritables opinions si, en les rĂ©vĂ©lant, on se met soi-mĂȘme ou dâautres musulmans en danger (la vie du musulman ne devant pas ĂȘtre exposĂ©, sauf pour le djihad qui fait partie des dix auxiliaires de la foi ou FurĂ»' ad-DĂźn dans l'islam chiite et qui est une obligation dans l'ismaĂ©lisme)[11]. La doctrine a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par al-Sadiq, et a servi Ă protĂ©ger les chiites quand Al-Mansour, le calife abbasside, a rompu avec la politique d'indiffĂ©rence de son prĂ©dĂ©cesseur et a menĂ© une campagne brutale et oppressive contre les Alides et leurs partisans[43]. Selon Moezzi, dans les sources primaires, Taqiyyah signifierait "la conservation ou la sauvegarde des secrets de lâenseignement des imams". "La divergence des traditions" est donc parfois justifiĂ©e par les imams chiites en raison de la nĂ©cessitĂ© dâutiliser le Taqiyyah. "Celui qui est certain que nous [les imams] proclamons seulement la vĂ©ritĂ© (Al-Haqq), puisse-t-il ĂȘtre satisfait de notre enseignement", aurait affirmĂ© al-Sadiq ; "et sâil nous entend dire quelque chose de contradictoire relativement Ă ce quâil a entendu plus tĂŽt, il devrait savoir que nous agissons seulement dans son propre intĂ©rĂȘt"[18]. La pratique de la Taqiyyah avait Ă©galement une signification Ă©sotĂ©rique pour ceux qui croyaient que leurs enseignements ne devaient pas ĂȘtre comprĂ©hensibles pour les OulĂ©ma ordinaires, et donc occultaient leurs enseignements plus profonds[12].
La Taqiyyah a depuis pris une dimension plus large dans le chiisme duodĂ©cimain (et peut ainsi ĂȘtre utilisĂ© mĂȘme quand les chiites ne craignent pas la persĂ©cution), alors que dans le sunnisme elle est limitĂ©e Ă des cas prĂ©cis tels que la crainte pour sa vie (hanbalisme) ou Ă la crainte d'une peine lĂ©gale (hanafisme) et dans les deux cas il reste prĂ©fĂ©rable d'ĂȘtre martyrisĂ© plutĂŽt que de mentir.
La Taqiyyah pourrait Ă©galement expliquer pourquoi Abou Hanifa, Malik Ibn Anas et plusieurs autres grands savants sunnites considĂ©raient Ja'far comme une rĂ©fĂ©rence, alors que dans le mĂȘme temps, ils avaient excommuniĂ© les rafidhites : Ja'far aurait simplement dissimulĂ© son chiisme auprĂšs d'eux.
Travaux
Selon Haywood, une demi-douzaine dâĆuvres religieuses portent le nom dâAl-Sadiq comme Ă©tant leur auteur, bien quâaucune dâentre elles ne puisse ĂȘtre clairement dĂ©crite comme Ă©tant Ă©crite par al-Sadiq lui-mĂȘme. Il est probable quâal-Sadiq Ă©tait un auteur qui a dĂ©lĂ©guĂ© lâĂ©criture Ă ses nombreux Ă©tudiants. Lâalchimiste, Geber, par exemple, a suggĂ©rĂ© que certaines de ses Ćuvres sont "un peu plus que des enregistrements de lâenseignement de JaÊżfar ou des rĂ©sumĂ©s de centaines de monographies Ă©crites par lui"[9] - [16] - [17] - [42]. Jaâfar Al-Sadiq est Ă©galement citĂ© dans un large Ă©ventail de sources historiques, notamment par Tabari, Al-Yaqubi et Al-Mas'Ă»dĂź. Al-Dhahabi reconnaĂźt sa contribution Ă la tradition sunnite et des Ă©rudits ismaĂ©liens comme Qadi al-Nu'man[45] ont enregistrĂ© ses traditions dans leur travail[46].
KetĂąb al-jafr est un commentaire du QorÊŸÄn qui, selon Ibn Khaldoun, a dâabord Ă©tĂ© Ă©crit sur la peau dâun jeune taureau, ce qui a permis Ă al-Sadiq de rĂ©vĂ©ler le sens cachĂ© du QorÊŸÄn[42]. Diverses versions de son testament, ainsi quâun certain nombre de recueils de dicton juridique, lui sont Ă©galement attribuĂ©s. De nombreux rapports lui sont attribuĂ©s dans les premiĂšres collections de ahadith chiites, comme le Kitab al-Kafi du Kolayni, oĂč ils sont prĂ©sentĂ©s comme des sources centrales de la doctrine imamite[5]. Al-haft waâl-aĆella et KetĂąb al-ĆerÄ qui contiennent des « rĂ©vĂ©lations secrĂštes » Ă Mofazzel sont Ă©galement attribuĂ©s Ă al-Sadiq, et ont jouĂ© un rĂŽle important dans lâĂ©laboration de la doctrine Ă©sotĂ©rique des Nusayris, pour qui al-Sadiq est une figure influente[5].
Citations attribuées à Ja'far al-Sùdiq
- « Le plus parfait des hommes en intelligence est le meilleur dâentre eux en Ă©thique. »[47]
- « La charitĂ© est la zakĂąt (aumĂŽne) des bĂ©nĂ©dictions, lâintercession est la zakĂąt de la dignitĂ©, les maladies sont la zakĂąt des corps, le pardon est la zakĂąt de la victoire, et la chose dont la zakat est acquittĂ©e est Ă lâabri d'ĂȘtre (par Allah).. »[47]
- « Celui qui rĂ©pond Ă tout ce quâon lui demande, est sĂ»rement fou. »[47]
- « Quiconque craint Allah, Allah fait que toutes choses le craignent ; et quiconque ne craint pas Allah, Allah lui fait craindre toutes choses. »[16]
- « Allah Azawajel a dit : les gens me sont chers comme la famille. Par consĂ©quent, le meilleur dâentre eux est celui qui est plus gentil avec les autres et fait de son mieux pour rĂ©soudre leurs besoins. »[48]
- « Une des actions quâAllah Azawajel apprĂ©cie le plus est de rendre ses serviteurs pieux heureux. Cela peut se faire en comblant leur faim, en balayant leurs chagrins ou en remboursant leurs dettes. »[49]
- « On ne doit pas jurer par autre quâAllah, et on doit faire en sorte que les Juifs, ChrĂ©tiens, et les Mages ne prennent de serment que par Allah. »[50]
- « Deux femmes ont Ă©tĂ© amenĂ©es au commandeur des croyants (Ali), que la paix soit avec lui, elles ont Ă©tĂ© prises dans le lit et accusĂ©es avec preuves. Elles se livraient Ă des actes homosexuels (lesbiens), alors Ali a demandĂ© un tapis dâexĂ©cution, les a placĂ©s dessus et les a brĂ»lĂ©s vives. »[51]
- « O Amr, le plus grand des plus grands pĂ©chĂ©s est dâattribuer des partenaires Ă Allah »[52]
- « Celui qui prĂ©tend qu'Allah est dans quelque chose, ou issu de quelque chose, ou sur quelque chose a commis du shirk, car sâIl Ă©tait sur quelque chose, Il serait portĂ©, sâIl Ă©tait dans quelque chose, Il serait limitĂ©, sâIl Ă©tait issu de quelque chose, Il serait crĂ©e »[53] - [54]
Notes et références
Notes
- Des sources sunnites, cependant, affirment que des doctrines telles que lâimamat ont Ă©tĂ© formulĂ©es de nombreuses annĂ©es aprĂšs al-Sadiq et lui ont Ă©tĂ© attribuĂ©es Ă tort.
- Les chiites considĂšrent cet Ă©vĂ©nement comme une Ă©vasion miraculeuse du feu par leur imam. Dont ils disent de lui que "hardiment estampillĂ© par les flammes", il sâexclama : "Je suis des fils dâIsmaĂ«l. Je suis un fils dâAbraham, lâAmi de Dieu", que le verset 69 de la sourate 21 (Al-Anbiya) du QorÊŸÄn prĂ©sente comme ayant Ă©chappĂ© au feu en toute sĂ©curitĂ©
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Voir aussi
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- Biographie sunnite de Ja'far As SĂądiq