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Râfidhites

Les Râfidhites[1], Râfidites, Râfidhis ou Râfidhun (signifiant "ceux qui rejettent", ou "qui refusent", voire "résistent") est un terme utilisé au Moyen Âge par les auteurs sunnites pour désigner de façon péjorative les membres du courant majoritaire duodécimain chez les chiites[2]. Par extension le chiisme peut être appelé râfidha[3]. Le terme était à l'origine utilisé par certains chiites pour se désigner.

Pour les chiites ce titre est un éloge, c'est un titre supérieur à celui de "Chiite" et donc de partisans du prophète et de sa famille.

L'Imam Muhammad Al-Baqir, cinquième Imam chiite s'est lui-même désigné comme étant un Rafidhite :

"Je fais partie des Rafidhites"

Dans un autre récit après que l'Imam Muhammad Al-Baqir ait entendu un de ses partisans se plaindre du fait d'être taxé de Rafidhite lui dit:

"Vous êtes des Rafidhites car vous avez rejeté le faux alors que les autres l'ont accepté."

Usage ancien du terme

Ibn Battûta (1304-1368 ou 1377) est de ceux qui emploient ce terme pour désigner les chiites :

« Nous arrivâmes après l’asr à la ville d’Isfahân, ou Ispahân, dans l’Irâk’Adjem : c’est une ville des plus grandes et des plus belles ; mais sa partie la plus considérable est maintenant en ruine, à cause des discordes qui existent entre les sunnites et les râfidhites. Ces discordes ont continué jusqu’à présent ; les deux Courants ne cessent pas de se combattre. »[4]

L'emploi du terme pour englober tous les chiites est manifeste dans ce passage :

« Le roi de l’Irâk, le sultan Mohammed Khodhâbendeh, avait eu près de lui, pendant qu’il était encore adonné à l’idolâtrie, un jurisconsulte de la secte des râfidhites, partisans des douze imâms, que l’on appelait Dejmâl eddîn, fils de Mothahher[5]. Lorsque ce sultan eut embrassé l’Islam, et que les Tatars eurent fait de même, à son exemple, il témoigna une plus grande considération à ce fakîh. Celui-ci lui vanta la doctrine des râfidhites, et sa supériorité sur les autres croyances ; il lui exposa l’histoire des compagnons de Mahomet et du khalifat, et établit à ses yeux qu’Abou Bakr et Omar étaient deux vizirs du Prophète de Dieu ; qu’Alî était son cousin germain et son gendre, et qu’en conséquence il était légitime héritier du khalifat. »[6]

Ce nom aurait d'abord été donné à ceux qui ont quitté Zayd ben `Alî pour suivre son frère Abû Ja`far Muhammad ben `Alî al-Bâqir comme imâm successeur d'`Alî Zayn al-`Âbidîn petit-fils d'`Alî ibn Abî Tâlib. Zayd ben `Alî a refusé de déclarer illégitimes les deux premiers califes, Abû Bakr et `Umar ibn al-Khattâb. Les chiites rigoureux l'ont alors abandonné ce qui les a fait appeler rafiddis (sectaires ; ceux qui refusent). Les Zaydites ne sont pas, au moins au départ, qualifiés de râfidun[7] - [8].

Usage moderne du terme

En Égypte, ces dernières années, avec le déclin du panarabisme, l'identité égyptienne, en ce qui la distingue de l'identité arabe, fut l'objet d'un sensible regain d'attention. La seule résistance déclarée au panarabisme vint d'un groupe de poètes qui se nommèrent eux-mêmes, al-Râfidhun, les Résistants, et dont les vers révèlent leur désir de rechercher les racines de leur identité antérieure à la conquête arabe[9].

Le terme est aussi utilisé dans le discours des mouvements salafistes dans leur rhétorique contre le chiisme.

Voir aussi

Bibliographie

Notes et références

  1. Râfidhites en arabe : rāfiḍ, رافض, (pl.) rawāfiḍ روافض, hérétique ; déserteur, ou rāfiḍī, رافضي, sectaire ; rafiḍi, dont la communauté est appelée rāfiḍiya, رافضية, sectarisme.
  2. Vanessa Van Renterghem, Les élites bagdadiennes au temps des Seldjoukides : Étude d’histoire sociale, Presses de l’Ifpo, (ISBN 978-2-35159-541-1, lire en ligne)
  3. Râfidha en arabe : rāfiḍa, رافضة.
  4. Ibn Battûta, Op. cit., vol. I (lire en ligne), « Sur le roi d’Îdhedj et de Toster. . », p. 330 (.pdf)
  5. Jamâl ad-Dîn al-Hasan ben Yûsuf ben `Alî al-Hillî (-) (en arabe : jamāl al-dīn al-ḥasan ben yūsuf al-ḥillī, جمال الدين الحسن بن يوسف الحلي), est l'un des plus célèbres théologiens chiites sous l'influence duquel l'il-khan Oldjaïtou a fait du chiisme la religion officielle en Perse.
  6. Ibn Battûta, Op. cit., vol. I (lire en ligne), « Récit de l’événement qui fut le motif de la considération dont jouissait ce cheïkh, et qui est au nombre des miracles manifestes. », p. 337 (.pdf).
  7. Bernard Haykel, Revival and Reform in Islam : The Legacy of Muhammad Al-Shawkānī, Cambridge University Press, , 265 p. (ISBN 978-0-521-52890-0, présentation en ligne, lire en ligne), « Shawkānī's Condemnation of the Rāfiḍa », p. 148 (note 28).
  8. (en) Achmad Tohe, Muqātil ibn Sulaymān: a neglected figure in the early history of Qur'ānic Commentary, Boston University, (lire en ligne), p. 21, note 60
  9. Bernard Lewis, Islam, « Masada et Cyrus le Grand », p. 665-666
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