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Internationalisme médical cubain

L'internationalisme mĂ©dical cubain ou coopĂ©ration mĂ©dicale internationale de Cuba est la politique cubaine initiĂ©e aprĂšs la rĂ©volution cubaine de 1959 consistant d'une part Ă  envoyer du personnel mĂ©dical Ă  l'Ă©tranger et d'autre part Ă  accueillir des Ă©tudiants en mĂ©decine et des patients Ă  Cuba. En 2016, 50 000 mĂ©decins cubains sont prĂ©sents dans 62 pays, couplant ces services Ă  des campagnes d'alphabĂ©tisation. Ces services payants rapportent Ă  Cuba 11 milliards de dollars, par an en moyenne entre 2011 et 2015, troisiĂšme poste de revenus de l’üle avec les envois d’argent par la diaspora et les revenus du tourisme. Les salaires du personnel mĂ©dical sont perçus par l’État cubain qui n’en reverse qu’une faible partie Ă  celui-ci, mais utilise cette manne pour financer l'Ă©ducation et un systĂšme de santĂ©, gratuits pour la population.

Intervention chirurgicale par un médecin cubain dans un campement du PAIGC. Sara, Guinée-Bissau, 1974.

Cette caractĂ©ristique des conditions de travail du personnel mĂ©dical Ă  l'Ă©tranger a incitĂ© certaines organisations non gouvernementales Ă  parler d’« esclavage moderne ».

Situation antérieure à 1959

Carlos Finlay (1833-1915).

Selon l’historien AdriĂĄn LĂłpez Denis, en 1827, Cuba compte 715 mĂ©decins par million d’habitants, un nombre supĂ©rieur Ă  celui de la majoritĂ© des pays europĂ©ens en 1890. Le mĂ©decin cubain Carlos Finlay, formĂ© en France et aux États-Unis, est le premier scientifique qui dĂ©termine que le vecteur de la fiĂšvre jaune est un moustique. En 1909, Cuba est le premier pays Ă  instituer un secrĂ©tariat d’État Ă  la SantĂ© et Ă  l’Assistance dirigĂ© alors par Matias Duque. La constitution dĂ©mocratique cubaine de 1940 dĂ©crĂšte que l’accĂšs aux soins mĂ©dicaux est un droit fondamental pour les Cubains[1].

AprĂšs la prise de pouvoir de Fidel Castro

L'origine du dĂ©veloppement de ce systĂšme mĂ©dical est dĂ» Ă  la carence de mĂ©decins et de spĂ©cialistes qui prĂ©fĂ©rĂšrent Ă©migrer aprĂšs la prise de pouvoir du rĂ©gime castriste en 1959, qui instaure progressivement un rĂ©gime communiste, plutĂŽt que de voir leur niveau de vie baisser. La moitiĂ© des 6 912 mĂ©decins quittent ainsi l'Ăźle. Les deux tiers des hĂŽpitaux se concentraient alors dans la capitale tandis que la moitiĂ© de la population vivait Ă  la campagne. Le gouvernement de Fidel Castro recrute des jeunes campagnards connaissant bien la vie tropicale et met en place un systĂšme de formation rapide[2].

La neurochirurgienne cubaine Hilda Molina est prĂ©sente en AlgĂ©rie au dĂ©but des annĂ©es 1980. Elle indique avoir Ă©tĂ© trompĂ©e, elle ne savait pas que son « gouvernement recevait des devises Ă©trangĂšres en Ă©change du travail des mĂ©decins dans des conditions prĂ©caires ». Elle estime par ailleurs que le personnel mĂ©dical devrait ĂȘtre volontaire et regrette son utilisation Ă  des fins de propagande[3].

La mĂ©decine cubaine est reconnue par l'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) pour l'accomplissement historique de la prise en charge du VIH (Sida) et de la syphilis qui inclut la dĂ©livrance gratuite des mĂ©dicaments dans les pharmacies. L'OMS a notamment fĂ©licitĂ© Cuba en 2015, pour avoir Ă©tĂ© le premier pays, et avec le plus faible taux (2 %), Ă  Ă©liminer la transmission du VIH et de la syphilis congĂ©nitale, de la mĂšre Ă  l'enfant. L'enquĂȘte a Ă©tĂ© menĂ©e par le comitĂ© rĂ©gional d’experts indĂ©pendants rĂ©unis par l’organisation panamĂ©ricaine de la santĂ© (OPS) et validĂ© par un examen par un comitĂ© mondial de validation[4].

Cependant, la journaliste et opposante Yoani SĂĄnchez indique que le systĂšme de santĂ© cubain est un ballon de baudruche prĂȘt Ă  Ă©clater Ă  la lumiĂšre de la rĂ©alitĂ©. Ce dispositif de santĂ© date des annĂ©es 1970-1980, quand l'Union soviĂ©tique utilisait Cuba comme vitrine de la rĂ©ussite communiste. AprĂšs la disparition du grand frĂšre communiste le systĂšme s'est Ă©croulĂ©. Il reste des grandes infrastructures mais elles sont dĂ©pourvues de moyens financiers suffisant pour fonctionner correctement. Par exemple si un hĂŽpital peut offrir Ă  ses patients un appareil de tomodensitomĂ©trie, ces derniers doivent apporter les mĂ©dicaments, les produits pour nettoyer les toilettes et leur nourriture [5].

Missions Ă  l'Ă©tranger

Soutiens militaire et médical

Consultation par un médecin cubain. Sara, Guinée-Bissau, 1974.

Ce programme dĂ©bute en 1963, il s'agit alors de l'un des axes de la politique Ă©trangĂšre de Cuba en faveur des luttes anticolonialistes. En 1963, Cuba envoie un contingent de militaire pour soutenir l’AlgĂ©rie face au Maroc pendant la guerre des Sables, une brigade mĂ©dicale fait partie de l'expĂ©dition[1] - [6].

Entre 1966 et 1974, les docteurs cubains travaillent cĂŽte Ă  cĂŽte avec le contingent de soldats envoyĂ© appuyer les forces indĂ©pendantistes de GuinĂ©e-Bissau dans leur combat contre la puissance coloniale portugaise[7]. L'opĂ©ration de plus grande envergure initiĂ©e Ă  cette Ă©poque par Cuba s'effectue en Angola, aprĂšs deux ans de prĂ©sence en 1977, les seize provinces du pays Ă  l'exception d'une seule comptent du personnel cubain[8]. À partir de 1979, date Ă  laquelle les sandinistes prennent le pouvoir, les efforts de Cuba se tournent vers ce pays avec lequel ils dĂ©veloppent une relation solide[9].

Catastrophe de Tchernobyl

Plus de 19 000 Ukrainiens ont été transportés à Cuba pour y recevoir des soins à la suite de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986[10].

SĂ©isme de 2005 au Cachemire

Le Pakistan subit en octobre 2005, dans la rĂ©gion du Cachemire, un sĂ©isme dĂ©vastateur, provoquant plusieurs dizaines de milliers de morts. Le 15 octobre, un premier contingent de 200 mĂ©decins cubains arrive avec plusieurs tonnes d’équipement. Quelques jours plus tard, La Havane envoie le matĂ©riel nĂ©cessaire pour monter et Ă©quiper 30 hĂŽpitaux de campagne, dans des zones de montagne qui, bien souvent, n’ont jamais reçu la visite d’un mĂ©decin. Pour ne pas heurter la tradition dans ce pays musulman, les Cubaines – 44 % des presque 3 000 mĂ©decins intervenus au Pakistan jusqu’en mai 2006 – dissimulent leurs cheveux sous un foulard. Fin avril 2006, lors de son dĂ©part, l’équipe mĂ©dicale cubaine a soignĂ© un million et demi de personnes et a effectuĂ© 13 000 interventions chirurgicales. Seuls quelques patients atteints de traumatismes trĂšs complexes ont dĂ» ĂȘtre transportĂ©s Ă  La Havane. Le prĂ©sident pakistanais, pourtant proche alliĂ© des États-Unis, reconnait que l'aide cubaine a Ă©tĂ© la plus importante de toutes celles reçues[10].

Éradication de l'Ébola en Afrique de l'Ouest

RestĂ© sous silence mĂ©diatique, la qualitĂ© de son systĂšme d’intervention mĂ©dical est reconnue, notamment depuis la lutte contre le virus Ebola, Ă  l’appel de l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS). Cuba a en effet Ă©tĂ© le plus grand bailleur de fonds et le plus grand fournisseur de personnel mĂ©dical qualifiĂ© lors de cette crise avec l'envoi de 165 mĂ©decins et infirmiers en Afrique de l’Ouest. Cela fut reconnu en par le secrĂ©taire d’État amĂ©ricain John Kerry qui cĂ©lĂšbre dans un communiquĂ© officiel ce personnel de santĂ©. Cela fĂ»t Ă©galement saluĂ© par le journal The New York Times, gĂ©nĂ©ralement acerbe envers la Havane, dans son article intitulĂ© « Cuba’s Impressive Role on Ebola » (Le rĂŽle impressionnant de Cuba sur l'Ébola)[2] - [11].

Ses médecins ont aussi combattu le choléra à Haïti, aprÚs le tremblement de terre[12].

Interventions contre la Pandémie de maladie à coronavirus

De nombreux pays, en difficultĂ© lors de la pandĂ©mie de Covid-19, font appel Ă  l’aide de Cuba[12]. Au total, 1870 mĂ©decins cubains ont Ă©tĂ© envoyĂ©s dans 26 pays du monde pour lutter contre la pandĂ©mie[13].

Des mĂ©decins cubains sont intervenus en Chine, Ă©picentre de l’épidĂ©mie et au Venezuela. Miguel DĂ­az-Canel a aussi acceptĂ© une demande de Rosario Murillo pour venir en aide au Nicaragua. Dans ce contexte de lutte contre la covid-19, Cuba met en avant la brigade mĂ©dicale Henry Reeve[14] en la proposant pour le prix Nobel de la paix 2021[15].

Le , les autoritĂ©s cubaines acceptent d’accueillir dans un port les passagers du navire de croisiĂšre MS Braemar, de la compagnie britannique Fred Olsen Cruise Lines. Plusieurs pays ayant refusĂ© de recevoir le bateau qui a cinq cas de contamination au virus Ă  son bord. Une Ă©vacuation vers le Royaume-Uni par quatre avions charters est immĂ©diatement organisĂ©e[16].

Fin mars 2020, l’accostage Ă  Cuba du bateau de croisiĂšre Costa Magica qui a Ă  son bord plusieurs dizaines de malades du coronavirus, est refusĂ©; celui-ci doit alors faire route vers les États-Unis[17] - [18].

Italie

En mars 2020, l'Italie, dont le systÚme de santé est saturé, demande de l'aide à Cuba. Le ministÚre cubain des Affaires étrangÚres a répondu positivement et annoncé qu'il enverra « du personnel spécialisé dans le traitement des maladies contagieuses ». Le 21 mars, un premier groupe de 65 médecins et infirmiers cubains arrive à Milan[19].

Andorre

Andorre demande également l'aide des médecins cubains. 39 médecins et infirmiers cubains y sont envoyés[20].

France

Une vingtaine de dĂ©putĂ©s français de tous bords s'adressent au premier ministre Édouard Philippe dans une lettre commune. Les signataires rĂ©clament « l'aide mĂ©dicale » cubaine pour faire face Ă  la crise du coronavirus en France[21], des mĂ©decins cubains ont d’ailleurs Ă©tĂ© envoyĂ©s dans 38 pays, dont l'Italie et Andorre en Europe[22] - [23].

À la suite de l’adoption par dĂ©cret, d’un amendement dĂ©posĂ© par les sĂ©nateurs Dominique ThĂ©ophile et Catherine Conconne[24], le dĂ©ploiement de missions mĂ©dicales cubaines dans l’outremer français est autorisĂ©. En Martinique 15 mĂ©decins cubains, spĂ©cialistes de pneumologie, d'infectiologie, de radiologie ou encore de mĂ©decine d’urgence sont envoyĂ©s pour une mission de trois mois (y compris une semaine de confinement Ă  leur arrivĂ©e)[25]. Les autoritĂ©s cubaines ont reçu officiellement 300 000 euros pour les 3 mois de prĂ©sence sur l’üle de 15 mĂ©decins cubains. La sĂ©natrice martiniquaise Catherine Conconne dĂ©plore que cette intervention :« Ă©tait du tourisme mĂ©dical qui a coĂ»tĂ© trĂšs cher pour une opĂ©ration qui n’a pas servi Ă  grand-chose »; en effet, ignorants de la langue française, de la pharmacopĂ©e française et n'ayant pas le droit de plein exercice, ils sont restĂ©s des stagiaires toujours supervisĂ©s par des mĂ©decins français[26] - [27] - [28].

Étendue de la reprĂ©sentation internationale

En 2013, le ministre de la santé brésilien Alexandre Padilha, inaugure des cours de portugais, permettant aux médecins cubains de venir en aide aux populations brésiliennes

En 2007, il a Ă©tĂ© calculĂ© dans le cadre d'une Ă©tude sur l'internationalisme cubain que « Depuis le dĂ©but des annĂ©es 1960, 28 422 personnes travaillant dans le secteur de la mĂ©decine ont travaillĂ© dans 37 pays d'AmĂ©rique latine, 31 181 dans 33 pays africains et 7 986 dans 24 pays asiatiques. Pendant quatre dĂ©cennies, Cuba a envoyĂ© 67 000 professionnels de la mĂ©decine dans le cadre de programmes de coopĂ©ration, gĂ©nĂ©ralement pour une pĂ©riode d'au moins deux ans dans 94 pays
 une moyenne de 3 350 professionnels travaillant Ă  l'Ă©tranger chaque annĂ©e entre 1960 et 2000[29]. »

En 2016, les mĂ©decins cubains sont prĂ©sents dans 62 pays : 24 pays d’AmĂ©rique latine et des CaraĂŻbes, 27 d’Afrique subsaharienne, 7 d’Asie orientale et du Pacifique, deux du Moyen Orient et d’Afrique de l’Est, ainsi qu’en Russie et au Portugal[30]. La prĂ©sence de mĂ©decins cubains Ă  l'Ă©tranger est aujourd'hui supĂ©rieure Ă  toutes celles des pays du G-8[2].

En 2016 toujours, 80 % des mĂ©decins sont envoyĂ©s dans des pays d'AmĂ©rique latine et non plus en Afrique, principalement les plus dĂ©munis, oĂč l'aide mĂ©dicale s’accompagne de campagnes d’alphabĂ©tisation[2].

La chercheuse américaine Julie Feinsilver relÚve qu'en 2010, les médecins cubains ont prescrit un traitement à plus de 85 millions de patients, réalisé plus de 2,2 millions opérations, et multivacciné plus de 9,2 millions de personnes[31].

Tourisme médical à Cuba

En 1987, Hilda Molina fonde le centre de neurochirurgie Ă  La Havane. En 1991, son centre devient le plus important de Cuba. La mĂȘme annĂ©e, Hilda Molina indique recevoir les directives du ministre de la SantĂ© de l'Ă©poque, Julio Teja Perez , pour accueillir et soigner les Ă©trangers payant en dollars amĂ©ricains. Pour Hilda Molina :« L'une des plus grandes trahisons du peuple est la discrimination alors naissante des patients cubains par rapport aux Ă©trangers, puisque les meilleurs centres de santĂ© Ă©taient destinĂ©s aux patients d'autres nationalitĂ©s ». Auparavant, le centre ne traitait que des patients cubains[32] - [33].

Aspects financiers

Selon JosĂ© Luis Rodriguez Garcia, ancien ministre de l’économie, ce service permet Ă  Cuba de percevoir plus de 11 milliards de dollars en moyenne par an entre 2011 et 2015. Le rĂ©gime cubain facture cette activitĂ© dans 35 des 62 pays bĂ©nĂ©ficiaires. Il s’agit de la premiĂšre source de ressources de l’üle loin devant le revenu du tourisme qui a rapportĂ© 2,8 milliards de dollars en 2016[30].

Les autoritĂ©s cubaines reçoivent directement les salaires des personnels envoyĂ©s Ă  l’étranger. Elles prĂ©lĂšvent alors entre 75 et 89 % du montant de ce salaire, afin de financer l’éducation et la santĂ©, gratuits sur l’üle[34]. Selon Yoani SĂĄnchez, une opposante cubaine, le personnel mĂ©dical ne reçoit pas directement l’intĂ©gralitĂ© du montant qui leur est attribuĂ©. L’essentiel de celui-ci est versĂ© sur un compte Ă  Cuba. Ainsi en cas de dĂ©sertion, ils perdent cet argent. Par ailleurs un mĂ©decin Ă  Cuba gagne environ 50 dollars par mois et vit dans la prĂ©caritĂ©, cette situation incite nombre d’entre eux Ă  partir en mission [22].

Accusations d’esclavagisme

En 2019, alors que prĂšs de 50 000 mĂ©decins cubains travaillent Ă  l’étranger[35], les ONG les DĂ©fenseurs des prisonniers cubains (Cuban Prisoners Defenders, CPD), basĂ© Ă  Madrid et l’Union patriotique de Cuba (UNPACU, groupe majeur d'opposition cubain pour le dĂ©partement d'État des États-Unis), dĂ©posent plainte contre l’état cubain pour esclavagisme Ă  leur Ă©gard[34].

Les États-Unis, sous le gouvernement de Donald Trump, classent Cuba sur leur liste de pays qui ne s’opposent pas aux trafics d'ĂȘtres humains[36].

Selon l’uruguayen Luis Almagro, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Organisation des États amĂ©ricains, situĂ© Ă  Washington : « Des dizaines de milliers de personnes sont ainsi obligĂ©es de vivre dans un autre pays sans avoir accĂšs Ă  leurs passeports, et alors que des agents du renseignement les contrĂŽlent et que la majoritĂ© de leurs revenus est confisquĂ©e par le gouvernement cubain »[34].

Le président brésilien Jair Bolsonaro dénonce également les conditions de travail des médecins cubains, les considérant comme proches de l'esclavage[35].

En cas de non-respect des rÚgles imposées, un médecin cubain risque trois ans de prison[37].

En janvier 2020, un rapport de l'ONU, concernant l'esclavage moderne, indique : « Les conditions de travail dĂ©crites pourraient ĂȘtre vues comme du travail forcĂ©, selon les indicateurs Ă©tablis par l'Organisation internationale du travail »[22].

Le docteur Michael Cabrera, sous-directeur de l’UnitĂ© centrale de coopĂ©ration mĂ©dicale, rejette cette accusation. D'aprĂšs lui, un mĂ©decin travaillant Ă  l’étranger obtient « des revenus supĂ©rieurs Ă  ceux qu’il peut obtenir Ă  Cuba », notant que les soignants signent un contrat et perçoivent 300 Ă  900 dollars par mois pour les besoins de base en plus de leur salaire[31]. Pour Yoani Sanchez, opposante cubaine au rĂ©gime, la qualitĂ© du systĂšme de soin mĂ©dical est un « mythe international  Â». Elle qualifie de « semi-esclavage Â» ces missions mĂ©dicales et Ă©voque le « caractĂšre Ă©minemment idĂ©ologique Â» de celles-ci [22].

Accusations de coercition politique

Seize mĂ©decins cubains au Venezuela, dans un entretien pour The New York Times, dĂ©clarent comment le gouvernement vĂ©nĂ©zuĂ©lien et cubain auraient mis en place un systĂšme de coercition: l'offre de services mĂ©dicaux en Ă©change de votes pendant les Ă©lections vĂ©nĂ©zuĂ©liennes, en faveur du Parti socialiste unifiĂ© du Venezuela (PSUV). Avant les Ă©lections, les mĂ©decins font de porte-Ă -porte pour annoncer l'arrĂȘt de soins Ă  ceux qui ne voteraient pas. Ceux qui seraient alliĂ©s Ă  l'opposition vĂ©nĂ©zuĂ©lienne n'auraient pas de services non plus.[38] - [39]

Remise en cause des accords de coopération en matiÚre médicale

Cette coopĂ©ration mĂ©dicale s'est rĂ©duite Ă  partir du moment oĂč les gouvernements proches du rĂ©gime castriste disparaissaient [22].

Brésil

Centre de consultation médicale à Vargem Grande dans l'état du Maranhão, au Brésil en 2013.

En 2013, est signĂ© le programme Mais MĂ©dicos (Plus de mĂ©decins) entre les autoritĂ©s cubaines et brĂ©siliennes. AprĂšs son Ă©lection en 2018, le nouveau prĂ©sident brĂ©silien Jair Bolsonaro, demande notamment le passage de tests de compĂ©tences et le versement intĂ©gral du salaire directement aux mĂ©decins. Les autoritĂ©s cubaines dĂ©cident alors de retirer ses intervenants du BrĂ©sil [40] - [41]. Parmi les 8 300 mĂ©decins cubains, 1 800 dĂ©cident de ne pas rejoindre Cuba et de rester au BrĂ©sil [22].

Selon l'AFP, Le départ des médecins cubains est un coup dur pour de nombreuses régions rurales isolées, qui se retrouvent privées de médecins[42].

Depuis 2014, il y a des defections de médecins cubains au Brésil, jusqu'à 2018 au moins 150 cubains font les démarches légales pour exercer sa carriÚre hors le programme cubain[42].

Bolivie

AprĂšs le changement de gouvernance en Bolivie en , les mĂ©decins cubains sont accusĂ©s d'organiser des « manifestations violentes en faveur du retour d'Evo Morales » [22]. La nouvelle PrĂ©sidente Jeanine Áñez, invite alors plus de 700 membres de la mission de coopĂ©ration mĂ©dicale cubaine Ă  quitter le pays dans les plus brefs dĂ©lais[43].

Équateur

Lenin Moreno dĂ©cide en de mettre fin aux accords de coopĂ©ration mĂ©dicale mis en place par l’ex-prĂ©sident Rafael Correa. Cela concerne 382 intervenants cubains[44].

Notes et références

  1. Romy SĂĄnchez Cuba : une histoire longue de la « nation soignante » La Revue du praticien, dĂ©cembre 2020
  2. De la Llosa 2016.
  3. Valeria Perasso A Fidel Castro le fascinaban mis manos. BBC News, 23 avril 2010.
  4. « NaĂźtre sans ĂȘtre infectĂ© par le VIH et la syphilis », juillet 2015[ site=organisation mondiale de la santĂ©
  5. Claire Meynial Yoani Sanchez : « Les médecins cubains transmettent tout au Parti communiste » Le Point, 30 septembre 2020
  6. (en) Steve Brouwer, « The Cuban Revolutionary Doctor: The Ultimate Weapon of Solidarity », Monthly Review,‎ (lire en ligne)
  7. (Huish et kirk 2007)
  8. (en) Sylvester Cohen, « Cuba and the liberation of Southern Africa. », Monthly Review, no 46,‎ , p. 17–25 (prĂ©sentation en ligne)
  9. (en) T. Schwab et H.D. Sims, « Cuba and Nicaragua: a key regional relationship, 1979-1984 », Cuban Studies, vol. 15, no 2,‎ , p. 73-81
  10. Hernando Calvo Ospina, « Une Internationale
 de la santĂ© », sur Le Monde diplomatique,
  11. (en) The Editorial Board, « Cuba’s Impressive Role on Ebola », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  12. « Coronavirus: d'oĂč vient la renommĂ©e des si demandĂ©s mĂ©decins cubains », sur cnews.fr, .
  13. Marie-AimĂ©e Copleutre, « Les mĂ©decins cubains, hĂ©ros controversĂ©s de la diplomatie cubaine », La Croix,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  14. Les brigades médicales « Henry Reeve » : Prix Nobel ou abus de diplomatie ?, cubanismo, 8 octobre 2020
  15. Le Nobel de la paix 2021 à la Brigade médicale cubaine Henry Reeve, lautjournal, 3 décembre 2020
  16. « A Cuba, l'escale d'une croisiÚre avec à son bord... le coronavirus », sur L'Obs, (consulté le )
  17. Cuba refuse finalement l’accostage du Costa-Magica qui file vers Miami
  18. Coronavirus : le Costa Magica symbole des "pestiférés" de la Caraïbe ?, francetelevision martinique la1Úre, 25 mars 2020
  19. « Coronavirus : la Lombardie demande l'aide de la Chine, de Cuba et du Vénézuela », sur Les Echos,
  20. Le Figaro avec AFP, « Coronavirus: les soignants cubains en Andorre sont tous nĂ©gatifs », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  21. Pierre Lepelletier, « Coronavirus : une vingtaine de députés demandent à Philippe de solliciter «l'aide médicale» de Cuba », sur Le Figaro.fr,
  22. Claire Meynial Coronavirus : Cuba, la victoire en soignant Le Point, 2 avril 2020
  23. Domitille Piron, « Coronavirus: la France accepte des mĂ©decins cubains dans ses dĂ©partements d’outre-mer », sur RFI,
  24. Le décret autorisant le recrutement de médecins cubains en Outre-mer officiellement publié, outremers360, 1er avril 2020
  25. AFP, « Des médecins cubains arrivent en renfort en Martinique, une premiÚre en France », sur Le Monde,
  26. En Martinique, les mĂ©decins cubains n’ont pas totalement convaincu
  27. Cuba: départ des médecins cubains de Martinique sur fond de questions et polémiques RFI, 12 octobre 2020
  28. Una revista francesa investiga "el misterio de los médicos cubanos" en Martinica 14ymedio
  29. De Vos et al 2007.
  30. Edouard Pflimlin, « Les médecins, premiÚre source de devises de Cuba », Le Monde,
  31. Lina Sankari, « Pourquoi 37 pays font appel aux médecins cubains », sur L'Humanité,
  32. Hilda Molina, la doctora a quien Fidel Castro reveló su plan para conquistar el mundo. El Independiente, 22 août 2020.
  33. La dissidente Hilda Molina autorisée à quitter Cuba. Le Monde, 12 juin 2009.
  34. Malo Tresca, « Cuba accusĂ©e « d’esclavagisme » sur ses mĂ©decins en mission internationale », La Croix,
  35. AFP Ă  Washington, « Les "esclaves" Ă  vie de l'internationalisme mĂ©dical cubain », L’Obs,
  36. Miguel DĂ­az-Canel, « Liste noire sur le trafic d'ĂȘtres humains : Cuba dĂ©nonce la dĂ©cision des É.-U. de l'inclure », La Presse,
  37. Nadine Epstain et Franck Ballanger Avec la crise sanitaire, Cuba exporte plus que jamais ses médecins France Culture, 26 mars 2020
  38. Claire Levenson, « Au Venezuela, des soins médicaux en échange de votes pour Maduro », sur Slate, (consulté le )
  39. (en) Nicholas Casey, « ‘It Is Unspeakable’: How Maduro Used Cuban Doctors to Coerce Venezuela Voters », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consultĂ© le )
  40. CiblĂ©s par Bolsonaro, les mĂ©decins cubains quittent le BrĂ©sil : "Je ne pense pas ĂȘtre remplacĂ©" 26 novembre 2019
  41. Cuba rapatrie plusieurs milliers de médecins du Brésil 15 novembre 2018
  42. AFP, « DĂ©part des mĂ©decins cubains: «un dĂ©sastre» », 24 heures,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  43. « Bolivie: rapatriement de 226 coopérants cubains aprÚs le changement de pouvoir », sur Le Figaro.fr,
  44. Le ministĂšre cubain de la SantĂ© publique annonce le retour de ses coopĂ©rants en Équateur et rĂ©itĂšre sa volontĂ© de continuer Ă  aider ce pays Gramna, 15 novembre 2019

Bibliographie

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  • Nils Graber, « Les activitĂ©s d'un rĂ©seau d'ONG Ă  Cuba : internationalisme mĂ©dical et santĂ© globale », Revue Tiers Monde, no 215,‎ , p. 149-164 (DOI 10.3917/rtm.215.0149, lire en ligne)

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