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Histoire de SĂ©ville

La ville espagnole de Séville occupe depuis l'époque romaine une place privilégiée dans l'histoire de la péninsule Ibérique. Elle ne cessa en effet jamais de jouer un rÎle de premier ordre sur la scÚne politique, militaire, commerciale et culturelle : point stratégique sur le Guadalquivir, ville de saint Isidore, centre culturel brillant d'al-Andalus, point d'orgue de la Reconquista, siÚge régulier de la cour sous Alphonse X de Castille et ses successeurs, plaque tournante du commerce avec les Amériques
 Le riche patrimoine que la ville conserve est le témoignage tangible d'un passé prestigieux.

Antiquité

Avant la conquĂȘte romaine

La ville de SĂ©ville est, Ă  l’instar de nombreuses citĂ©s d’importance, nĂ©e au bord d’un grand fleuve, le Guadalquivir, dont le cours a Ă©voluĂ© au cours des siĂšcles. Les fondateurs de la citĂ© primitive se sont Ă©tablis au fond de l’estuaire du fleuve, qui est demeurĂ© durant des centaines d’annĂ©es accessible aux navires de la mer.

Selon la lĂ©gende, la citĂ© fut fondĂ©e par les Tartessiens autour du VIIIe siĂšcle av. J.-C., sous le nom de Ispal ou Spal (selon les sources latines), mais ses origines restent trĂšs mal connues. Les recherches archĂ©ologiques menĂ©es durant les derniĂšres dĂ©cennies, notamment par Juan de Mata Carriazo y Arroquia et Juan Manuel Campos Carrasco, ont permis d’établir une chronologie des installations humaines et d’envisager leur morphologie. Des sondages ont rĂ©vĂ©lĂ© la prĂ©sence de plusieurs niveaux de peuplement au centre de la vieille ville, dans la zone de la Cuesta del Rosario, situĂ©e sur un petit monticule de 14 Ă  17 mĂštres d’altitude. Le site, d’une dizaine d’hectares, a rĂ©vĂ©lĂ© des vestiges de constructions, dont les plus profonds semblent remonter Ă  l’époque tartessienne, Ă  la charniĂšre entre l’ñge du bronze et l’ñge du fer, laissant supposer que la citĂ© constituait une importante agglomĂ©ration au milieu du Ier millĂ©naire av. J.-C. Les niveaux supĂ©rieurs du gisement archĂ©ologique montrent des traces d’occupation humaine Ă  l’époque ibĂ©rique, entre les VIe et IVe siĂšcles av. J.-C. Y ont Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es des traces d’incendie, tĂ©moignages probables d’une destruction au moins partielle de la ville vers la fin du IIIe siĂšcle (sans doute au moment de la DeuxiĂšme Guerre punique).

Reproduction d'une des piÚces du trésor du Carambolo.

D’autres fouilles ont Ă©tĂ© organisĂ©es aux alentours immĂ©diats de SĂ©ville. Les archĂ©ologues ont pu mettre au jour des Ă©tablissements d'origine tartessienne et confirmer la prĂ©sence des PhĂ©niciens et des Grecs dans la rĂ©gion au cours de la deuxiĂšme moitiĂ© du Ier millĂ©naire av. J.-C. À km Ă  l’ouest, sur la rive gauche du Guadalquivir, Ă  Camas, le site du Carambolo a Ă©tĂ© le thĂ©Ăątre d’importantes dĂ©couvertes. En plus d’un riche trĂ©sor, des vases phĂ©niciens ainsi que des amphores ont Ă©tĂ© exhumĂ©es, dĂ©montrant ainsi l’existence de relations commerciales entre la rĂ©gion et le Proche-Orient. Le site du Cerro Macareno, Ă  km au nord de SĂ©ville, a rĂ©vĂ©lĂ© la prĂ©sence d’objets locaux, mais Ă©galement d’amphores et de cĂ©ramiques grecques. Ces trouvailles ont confirmĂ© la rĂ©alitĂ© des Ă©changes avec le monde mĂ©diterranĂ©en. SĂ©ville et sa rĂ©gion constituaient dĂ©jĂ , avant l'arrivĂ©e des Romains, une zone Ă  l'activitĂ© commerciale active avec les peuples mĂ©diterranĂ©ens :

« Elle leur fournissait sans doute des produits agricoles et, probablement aussi, miniers, du cuivre et de l'argent de la Sierra Morena, comme on le sait pour Huelva, et elle recevait en échange des objets manufacturés[1]. »

. En dĂ©pit de ces travaux archĂ©ologiques, l’histoire de la ville, autre que chronologique, reste mĂ©connue[2].

Sources

L'histoire de la ville à l'époque romaine est mieux documentée que celle des périodes antérieures. Les sources littéraires sont nombreuses et de qualité : Strabon, Tite-Live et Jules César, entre autres, évoquent Séville à plusieurs reprises. L'archéologie n'offre en revanche que peu de secours dans une agglomération qui recouvre désormais l'ancienne cité romaine, enfouie à deux ou trois mÚtres sous le sol. Néanmoins, des découvertes importantes ont été réalisées ces derniÚres années, lors de fouilles organisées à l'occasion de travaux d'urbanisme ou de restauration de monuments historiques (zone de la Plaza de la Encarnación notamment[3]). Elles ont permis de réels progrÚs dans la connaissance de la ville romaine et de sa morphologie[4].

Les diffĂ©rentes phases de la conquĂȘte romaine de l’Hispanie.

Hispalis sujette de Rome (206-45)

En 219 av. J.-C., la prise et la destruction de Sagonte, alliée récente de Rome, par Hannibal Barca déclenchent la deuxiÚme guerre punique. C'est dans ce contexte que Séville est prise par les Carthaginois en -216.

Dix ans plus tard, la victoire Ă  la bataille d'Ilipa permet aux troupes romaines de Scipion l'Africain de s’emparer de la ville en -206. Cette victoire ouvre la voie Ă  la conquĂȘte de l'Hispanie tout entiĂšre, convoitĂ©e pour ses mĂ©taux et ses sols fertiles. La premiĂšre Ă©tape de la conquĂȘte est marquĂ©e par la soumission de l’Hispanie ultĂ©rieure, qui deviendra une des rĂ©gions les mieux intĂ©grĂ©es Ă  l'Empire. Les Romains donnent Ă  Ispal le nom d’Hispalis. La reconstruction de la ville commence, tandis que Scipion fonde le premier Ă©tablissement romain du Sud de la pĂ©ninsule IbĂ©rique, la colonie d'Italica, aujourd'hui en ruines (commune de Santiponce). La fondation de cette colonie rĂ©pond Ă  des exigences pratiques, accueillir les vĂ©tĂ©rans des lĂ©gions romaines, mais aussi stratĂ©giques : l'installation d'une ville romaine en face d'Hispalis permet de surveiller cette derniĂšre, tout en contrĂŽlant le fleuve BĂŠtis (nom romain du Guadalquivir). Les deux villes acquiĂšrent des caractĂ©ristiques propres : Ă  Italica le rĂŽle de lieu de rĂ©sidence, Ă  Hispalis les fonctions commerciales, artisanales et industrielles.

Vue partielle du site d’Itálica.

Selon CĂ©sar (De Bello Civili), dĂšs le Ier siĂšcle av. J.-C., Hispalis est dotĂ© d’un forum, d’un port frĂ©quentĂ© par les escadres romaines, ainsi que de chantiers navals. En -49, CĂ©sar devenu maĂźtre de Rome aprĂšs la conquĂȘte de la Gaule, dote Hispalis d’une nouvelle enceinte. C’est le dĂ©but de la renaissance de la ville.

La colonie romaine : Julia Romula Hispalis

AprĂšs sa victoire dĂ©finitive contre PompĂ©e (-48), CĂ©sar confĂšre Ă  Hispalis, en -45 le statut de colonie romaine, nommĂ©e Julia Romula Hispalis. Ses habitants libres deviennent des citoyens romains de plein droit. L’octroi de ce privilĂšge est une rĂ©compense pour le soutien que la ville a apportĂ© Ă  CĂ©sar contre les pompĂ©iens, mais il tĂ©moigne Ă©galement de la volontĂ© de renforcement de l’élĂ©ment romain dans une citĂ© Ă  la population encore trĂšs autochtone.

Hispalis devient alors une des villes les plus importantes de l’Hispanie ultĂ©rieure. Son rĂŽle s’accroĂźt davantage encore avec la crĂ©ation par Auguste de la province sĂ©natoriale de BĂ©tique, dont {{|une des juridictions}} lui revient (le chef-lieu Ă©tant Cordoue).

Un centre Ă©conomique important

DĂšs la conquĂȘte de l’Hispanie ultĂ©rieure par Scipion, Rome exploite les richesses et le potentiel commercial d’une rĂ©gion de plus en plus opulente et romanisĂ©e, et dont les citĂ©s recevront, Ă  l’instar des autres rĂ©gions de la pĂ©ninsule, le Jus Latii (la citoyennetĂ© latine) par Vespasien, puis le Jus Romanorum (la citoyennetĂ© romaine) sous Caracalla. La rĂ©gion est structurĂ©e par son fleuve, le BĂŠtis. La Sierra Morena fournit les mĂ©taux trĂšs recherchĂ©s (or, argent, cuivre, fer), les plaines fertiles permettent la culture de la vigne, de l'olivier et des cĂ©rĂ©ales, tandis que les marĂ©cages sont orientĂ©s vers l'Ă©levage extensif. La mer ouvre, elle, le Sud de la pĂ©ninsule vers le large, et forme une vĂ©ritable porte vers le monde mĂ©diterranĂ©en. Ces conditions favorisent l’arrivĂ©e de colons romains toujours plus nombreux, parmi lesquels de hauts fonctionnaires qui acquiĂšrent de grands domaines agricoles et s’établissent dans des villĂŠ, donnant naissance au systĂšme du latifundium, destinĂ© Ă  perdurer dans la rĂ©gion.

Séville bénéficie de cette intense activité commerciale, dont elle devient le centre[5]. Grùce à son port sur le Guadalquivir[6], elle est ouverte sur le monde et concentre une grande part de la masse des échanges commerciaux de la région, faculté facilitée par le réseau routier qui la relie aux autres grandes villes de la péninsule et surtout à la Sierra Morena. De ses quais sont exportées des matiÚres premiÚres fort convoitées telles que l'huile d'olive, le blé, le vin, mais également les métaux. Forte de sa position géographique incomparable, sur un grand fleuve navigable et entourée d'un arriÚre-pays aux ressources agricoles et miniÚres considérables, Hispalis se forge une place incontournable dans le systÚme économique de l'Hispanie romaine :

« Une position gĂ©ographique si Ă©minemment favorable fit la fortune de SĂ©ville dĂšs l'AntiquitĂ©. Elle explique l'essor Ă©conomique de cette citĂ© qui fut vraisemblablement la plus riche de la BĂ©tique et peut-ĂȘtre de toute l'Hispanie[7]. »

La grandes invasions et les destructions de la ville

Les grandes invasions dans la péninsule Ibérique.

La crise de l’Empire romain des IVe et Ve siĂšcles ouvre la voie aux grandes invasions des peuples germaniques. Entre 409 et 412, les SuĂšves envahissent le nord-ouest de la pĂ©ninsule IbĂ©rique (Galice), tandis que les Alains attaquent Ă  l'est.

Les Vandales pĂ©nĂštrent aussi dans la pĂ©ninsule IbĂ©rique Ă  cette Ă©poque. La branche des Hasdings se rend maĂźtre de la BĂ©tique en 411. L’avancĂ©e des Wisigoths, alors fĂ©dĂ©rĂ©s envoyĂ©s par Rome pour chasser les envahisseurs, contraint l’autre branche des Vandales, les Sillings, Ă  se replier vers le sud en 416 et Ă  se joindre aux Hasdings sous la banniĂšre de GondĂ©ric, qui prend Hispalis en 426. La ville est dĂ©truite, les symboles de la prĂ©sence romaine constituant une cible privilĂ©giĂ©e.

AttirĂ©s par les richesses de l’Afrique du Nord, et attaquĂ©s par les Wisigoths qui progressent dans la pĂ©ninsule IbĂ©rique, les Vandales se retirent de la BĂ©tique en 429, fondant un royaume en Afrique du Nord.

Avec le reflux des Vandales, les SuĂšves entreprennent la conquĂȘte de la Lusitanie, puis progressent vers le sud et l'est. En 441, emmenĂ©s par leur second roi, Rechila, ils prennent Hispalis et la mettent Ă  sac. Ils expulsent l’évĂȘque de la ville, Sabino II, qu’ils remplacent par un des leurs. Ils demeurent dans la rĂ©gion jusqu'Ă  leur dĂ©faite face aux Wisigoths en 456, prĂšs d'Astorga.

Haut Moyen Âge

La conquĂȘte de la pĂ©ninsule par les Wisigoths

La bataille de la riviĂšre Órbigo marque la fin des SuĂšves en Hispanie et le dĂ©but de l'emprise des Wisigoths sur la pĂ©ninsule IbĂ©rique. Peu Ă  peu, ils conquiĂšrent les diffĂ©rentes provinces hispaniques, mais le centre politique de leur royaume reste Toulouse.

Le royaume des Wisigoths avant la bataille de Vouillé.

Mais aprĂšs la chute de l'Empire romain d'Occident (476), la Gaule passe peu Ă  peu sous la coupe des Francs, vainqueurs Ă  la bataille de VouillĂ© (507), marquĂ©e par la mort du roi Alaric II. Vaincus, les Wisigoths se replient vers le sud. Geisalic entreprend dĂšs 507 la conquĂȘte de l’Hispanie. La cour s'installe Ă  TolĂšde. La domination wisigothique ne commence toutefois Ă  rĂ©ellement se faire sentir qu’à partir du rĂšgne de Theudis, en 531, le premier roi Ă  rĂ©sider de maniĂšre permanente en Hispanie.

Hispalis entre Wisigoths et Byzantins

Hispalis, rebaptisĂ©e « Spali » par les nouveaux occupants, est alors au centre des conflits internes de la royautĂ© wisigothique. En 549, Agila n’est pourtant soutenu que par une portion de la noblesse. Certaines villes lui rĂ©sistent alors, telles Cordoue, qui ne cĂšde pas au siĂšge qui lui est imposĂ© en 551. Un concurrent au trĂŽne, Athanagild, encouragĂ© par une autre faction nobiliaire, reçoit l’appui de Spali en 552. Il fait appel Ă  l’empereur d’Orient, Justinien, pour lui venir en aide. AllĂ©chĂ© par la richesse de la BĂ©tique, le Byzantin rĂ©pond favorablement et envoie ses troupes en renfort d’Athanagild. La coalition met Agila en dĂ©route en 554, ce dernier se rĂ©fugie Ă  MĂ©rida, oĂč il est assassinĂ©.

L’Hispanie byzantine.

Les Byzantins saisissent l’occasion pour revenir en BĂ©tique, sur laquelle ils font reconnaĂźtre leur suzerainetĂ©, avec l’agrĂ©ment d’une population qui se sent encore largement romaine.

Hispalis refuse le retour des Wisigoths, qui, rassemblĂ©s autour d’Athanagild, n’ont d’autre moyen que de laisser la voie libre Ă  leurs alliĂ©s, et refluent plus au nord, faisant de TolĂšde leur capitale. Hispalis se retrouve alors Ă  la frontiĂšre entre le royaume wisigothique et les zones d’occupation byzantines, qui s’étendent de Carmona jusqu’à l’actuelle province de Murcie. Les Hispano-Romains se dĂ©fendent face aux Wisigoths et organisent durant prĂšs de dix ans l’indĂ©pendance, en luttant contre Atanagilde jusqu’à sa mort en 567.

Les tentatives des Wisigoths pour remettre la main sur la BĂ©tique restent vaines, jusqu’à ce que LĂ©ovigild parvienne Ă  s'emparer de l’actuelle Andalousie en 572. DĂ©cidĂ© Ă  installer sa lignĂ©e, le roi associe Ă  son rĂšgne ses fils RĂ©carĂšde Ier et HermĂ©nĂ©gild, ce dernier Ă©tant nommĂ© en 579 duc de la BĂ©tique, dont Spali est le siĂšge.

Hispalis (Spali) dans le royaume wisigoth

Le rĂšgne de LĂ©ovigild est marquĂ© par les dissensions religieuses, qui empĂȘchent la fusion entre les populations autochtones, catholiques, et les envahisseurs goths, de confession arienne. Le monarque tente de convertir la population hispanique, mais n’y parvient pas, malgrĂ© la tenue du Concile arien de TolĂšde en 580.

Ces tensions religieuses sont aiguisĂ©es par la conversion d’HermĂ©nĂ©gild au catholicisme. DĂšs l’annĂ©e de cĂ©lĂ©bration du concile, c’est Ă  Spali, ville profondĂ©ment romaine et catholique, que ce dernier provoque une rĂ©bellion. Il se proclame roi, en frappant sa propre monnaie dans la citĂ©. S’appuyant sur le catholicisme pour affirmer son indĂ©pendance vis-Ă -vis de TolĂšde, il joint Ă  sa cause des villes majeures : Cordoue, MĂ©rida ou encore Évora. Il contrĂŽle de ce fait la quasi-totalitĂ© de la BĂ©tique, et la vallĂ©e du Guadiana. Il refuse de rĂ©pondre aux appels de son pĂšre, qui le fait mander Ă  TolĂšde.

La rĂ©action paternelle ne se fait pas attendre. En 582, LĂ©ovigild reprend MĂ©rida. En 583, le fief d’HermĂ©nĂ©gild, Spali, est assiĂ©gĂ© durant plus d’un an, et le cours du Guadalquivir est dĂ©tournĂ©. Il parvient Ă  reprendre la ville, ce qui provoque la fuite d’HermĂ©nĂ©gild Ă  Cordoue, oĂč il est capturĂ© aprĂšs un siĂšge. LĂ©ovigild triomphe totalement de cette rĂ©volte en 584. HermĂ©nĂ©gild est emprisonnĂ© durant plusieurs mois, refusant constamment d’abjurer le catholicisme ; son pĂšre finit par le faire dĂ©capiter en 585 Ă  Tarragone. Ces luttes religieuses finiront par s’apaiser sous le rĂšgne de RĂ©carĂšde Ier, qui, lors du IIIe concile de TolĂšde en 589 annonce officiellement la conversion de toute sa famille au catholicisme.

La chute brutale d’HermĂ©nĂ©gild entraĂźne la mise Ă  l’écart de Spali, son principal soutien, et base de sa rĂ©volte. La ville cesse de jouer un rĂŽle essentiel dans le panorama politique et militaire du royaume wisigothique. Elle devient alors un centre culturel et religieux de premier ordre, autour de la figure de ses deux plus illustres archevĂȘques saint LĂ©andre et saint Isidore, son frĂšre. C’est LĂ©andre qui assiste RĂ©carĂšde pour la conversion des Wisigoths au catholicisme, en 589, au concile qu’il prĂ©sida avec le roi. Il fait de Spali / SĂ©ville un des lieux de culture les plus brillants d’Occident, en rassemblant dans sa bibliothĂšque des manuscrits sacrĂ©s et profanes, en provenance de tout le monde mĂ©diterranĂ©en. Son frĂšre Isidore, qui lui succĂšde en 601, poursuivit l’Ɠuvre de son aĂźnĂ©, en renforçant le rĂŽle primordial de la ville en matiĂšre culturelle. Des Ă©coles Ă©piscopales sont fondĂ©es, et d’immenses compilations de connaissances sont entreprises sous son Ă©gide par des Ă©quipes de copistes. L’ecclĂ©siastique appuie par ailleurs depuis SĂ©ville le roi Swinthila qui parvient Ă  chasser dĂ©finitivement les Byzantins de la pĂ©ninsule, et Ă  unifier celle-ci sous son Ă©gide.

La conquĂȘte musulmane (712-756)

Les troupes musulmanes de Tariq ibn Ziyad, au service de Musa ibn Nusair, débarquent à Gibraltar en avril ou mai 711. AprÚs sa victoire contre les Wisigoths sur les bords du Guadalete, le 19 juillet, Tarik ignore Séville pour se diriger vers Cordoue, puis TolÚde.

Musa ibn Nusair, restĂ© jusqu’alors en Afrique, intervient en juin 712, et, plutĂŽt que de rejoindre Tarik Ă  TolĂšde, se lance Ă  la conquĂȘte de cette BĂ©tique oubliĂ©e des premiers arrivants. En enlevant les places fortes de Carmona et d’AlcalĂĄ de GuadaĂ­ra, il encercle SĂ©ville, qu’il finit par assiĂ©ger et Ă  prendre sans grandes difficultĂ©s.

Avant de gagner TolĂšde, il s’empare de MĂ©rida depuis SĂ©ville, oĂč une rĂ©volte Ă©clate en son absence. Son fils Abd-al-Aziz est envoyĂ© pour Ă©touffer la rĂ©bellion. Alors que Musa progresse vers le nord avant de repartir Ă  Damas (d’oĂč il ne reviendra jamais), son fils installe en 713 sa cour Ă  SĂ©ville, renommĂ©e Ichbiliya (Ű„ŰŽŰšÙŠÙ„ÙŠŰ©), qui redevient pour quelques annĂ©es le cƓur de l’activitĂ© politique du royaume dĂ©chu. Depuis Ichbiliya, Abd-al-Aziz mĂšne de brillantes campagnes, qui lui permettent de conquĂ©rir Malaga ou encore Elvira (Grenade).

AccusĂ© d’abus de pouvoir, il est assassinĂ© en 716 sur ordre de Damas. Il est relevĂ© par son cousin durant six mois, avant qu’al-Hurr ibn ‘Abd al-Rahman al-Thakafi ne succĂšde Ă  celui-ci et ne dĂ©cide de transfĂ©rer le siĂšge du pouvoir Ă  Cordoue, moins excentrĂ©e. Jusqu’à la chute brutale des Omeyyades de Damas en 750, divers gouverneurs nommĂ©s par les califes se succĂšderont Ă  la tĂȘte de la nouvelle province musulmane.

En dĂ©pit de cette rapide succession Ă  la tĂȘte du pouvoir local, ces premiĂšres annĂ©es de prĂ©sence islamique furent bĂ©nĂ©fiques pour SĂ©ville. Son organisation municipale fut revue, le port du BĂŠtis (rebaptisĂ© Wad-el-Kevir, le grand fleuve) fut rapprochĂ© du centre urbain et rĂ©amĂ©nagĂ©. Les Ă©glises sont souvent converties en mosquĂ©es, la muraille dĂ©gradĂ©e par tant de siĂšges est consolidĂ©e, le palais du gouverneur wisigoth devient rĂ©sidence Ă©mirale
 Ce faisant, l’irrigation permet d’initier de grandes plantations autour de la ville, qui favorisent l’installation d’une population locale et Ă©trangĂšre dans les environs immĂ©diats d’Ichbiliya.

Les Juifs, ignorĂ©s des Wisigoths ariens, puis persĂ©cutĂ©s par les catholiques, retrouvent droit de citĂ© et sont associĂ©s au pouvoir, tandis que les familles nobles autochtones (restĂ©es en nombre dans la ville), tout comme les notables musulmans, se regroupent autour de l’émir Abd-al-Aziz. Les muladis deviennent progressivement majoritaires ; les chrĂ©tiens mozarabes s’établissent dans les faubourgs, notamment dans celui de Saint-Vincent. C’est une population trĂšs mĂ©tissĂ©e qui peuple l’Ichbiliya d’alors : diffĂ©rentes ethnies et religions se mĂ©langent[8].

Le temps de l’émirat de Cordoue

En 750, la famille des Omeyyades, rĂ©gnant sur tout le dar al-islam depuis Damas, est renversĂ©e et massacrĂ©e par une nouvelle dynastie, les Abbassides. Un des rares survivants de la tuerie parvient Ă  fuir vers la Mauritanie. De lĂ , il dĂ©cide d’embarquer pour al-Andalus, alors livrĂ© aux luttes entre factions berbĂšres et arabes, et mal tenu par l’émir Yusuf al Fihri. EntourĂ© de ses partisans, il dĂ©barque en 755 Ă  Almuñécar. RĂ©ussissant Ă  rallier des troupes, il entreprend une vaste campagne dans la vallĂ©e du Guadalquivir, qui s’achĂšve par la prise de Cordoue en 756. Le jeune Omeyyade est sacrĂ© Ă©mir, sous le nom d’Abd al-Rahman Ier. Il fonde un Ă©mirat qui perdurera jusqu’au Xe siĂšcle.

La fondation de cette nouvelle structure politique unitaire, dont les bases seront solidement assises par l’émir et ses descendants, n’est pas trĂšs bien perçue Ă  Ichbiliya. La ville, connue pour ses tendances rebelles, tarde Ă  se soumettre au pouvoir de Cordoue. L’émir doit se prĂ©senter en personne pour se faire reconnaĂźtre. Les rĂ©bellions continueront pourtant par la suite. Ainsi, en 766, une sĂ©dition du clan des YĂ©mĂ©nites Ă©clate dans la rĂ©gion de Niebla, sous la conduite de SaĂ­d al Matari. Celui-ci se rend maĂźtre de la citĂ© du Guadalquivir, avant de se retrancher dans la place forte d’AlcalĂĄ de GuadaĂ­ra, dont il fut dĂ©logĂ© par l’émir, qui le fit abattre.

En dĂ©pit de ces luttes Ă  l’encontre du pouvoir de Cordoue, la ville poursuit son dĂ©veloppement, marquĂ© par le mĂ©lange des populations d’origine diverses, qui exploitent les terres environnantes. Cette croissance perdure sous les rĂšgnes suivants, parallĂšlement Ă  l’affermissement du pouvoir Ă©miral dans la rĂ©gion. À l’époque d’Abd al-Rahman II (822-852), pour rĂ©pondre Ă  l’accroissement dĂ©mographique, l’émir fait bĂątir par le cadi de la ville, Umar ibn Adabbas, la premiĂšre grande mosquĂ©e sĂ©villane. Sa construction est menĂ©e Ă  partir de 829-830, Ă  l’emplacement actuel de l’église du Divin Sauveur, au cƓur du centre commerçant de la citĂ©[9] - [10].

L'histoire du IXe siĂšcle sĂ©villan est toutefois marquĂ©e par les raids normands, qui dĂ©vastent l’Europe de l'Ă©poque. Ces incursions ont laissĂ© un vif souvenir dans les mĂ©moires locales, comme peuvent en tĂ©moigner les chroniques d’alors. En 844, les Vikings parviennent Ă  remonter le cours du Guadalquivir jusqu’à SĂ©ville. Devant la menace, le gouverneur fuit vers Carmona, et abandonne la population, qui ne tarde pas Ă  dĂ©serter les lieux dans son immense majoritĂ©. Les Normands atteignent la citĂ©, rĂ©duisent Ă  nĂ©ant sa modeste flotte, et mettent la ville Ă  sac durant sept jours. AprĂšs ĂȘtre allĂ©s dĂ©poser leur prĂ©cieux butin en aval, sur l’üle de Capdel, Ă  l’embouchure du fleuve, ils regagnent une SĂ©ville complĂštement dĂ©sertĂ©e. La rĂ©action de Cordoue ne se fait pas attendre. Quelques semaines aprĂšs l’invasion, l’émir fait mander des troupes de tout al-Andalus. Celles-ci font cap vers le sud-ouest. La rencontre principale avec les hordes nordiques a lieu sur le champ de Tablada. La victoire est totale, les envahisseurs sont refoulĂ©s en dehors d’al-Andalus, et les quelques groupes de survivants sont maĂźtrisĂ©s, la vie sauve. Ils s’intĂšgreront dans la population locale. SĂ©ville est rĂ©occupĂ©e par les musulmans, qui exposent fiĂšrement les trophĂ©es de leur triomphe[11].

Afin de se prĂ©munir face Ă  de futurs Ă©vĂšnements de ce type, la ville est ceinte d’une nouvelle muraille de pierre, y compris en bordure du fleuve, et l’on y installe des chantiers navals. Ces mesures prĂ©ventives permirent de faire Ă©chouer de nouvelles tentatives d’intrusion en 859, 966 et 971. Les chantiers navals seront d’ailleurs amenĂ©s Ă  jouer un rĂŽle de premier ordre dans le systĂšme dĂ©fensif de l’émirat, qui fait appel Ă  leurs services Ă  plusieurs reprises, afin de renforcer la flotte d’al-Andalus Ă  l’occasion d’opĂ©rations militaires. C’est notamment le cas en 879, lors d’une offensive contre les royaumes chrĂ©tiens du nord, qui se solde d’ailleurs par un Ă©chec, aprĂšs l’anĂ©antissement de la flotte Ă  l’issue d’une tempĂȘte maritime[12].

Au IXe siĂšcle, Ichbiliya est, aprĂšs Cordoue, la ville la plus prospĂšre d’al-Andalus, grĂące Ă  ses terres agricoles et son port au rayonnement considĂ©rable, le deuxiĂšme du pays aprĂšs celui de Pechina. Elle traverse les rĂšgnes successifs en toute quiĂ©tude. Avec sa communautĂ© chrĂ©tienne populeuse, elle conserve le siĂšge mĂ©tropolitain de la BĂ©tique. L’aristocratie arabe domine la citĂ©, ainsi que les terres environnantes, en compagnie des plus riches familles de muladis, auxquelles elle est souvent mĂȘlĂ©e par le jeu des mariages. Elle entretient mĂȘme de bons rapports avec le pouvoir cordouan, qui envoie dans la ville des gouverneurs chargĂ©s entre autres de maintenir ces relations cordiales[13].

Parmi ces puissantes lignĂ©es arabes figurent les Banu Khaldun et les Banu Hadjdjadj ; les muladis sont, eux, dominĂ©s par les familles Banu Angelino et Banu Savarico. En 889, un conflit entre ces deux camps se fait jour, pour le contrĂŽle de la ville. Ces hostilitĂ©s sanglantes vont croissant, et les interventions de l’émir sont souvent vaines. Le clan des Arabes finit par l’emporter. AprĂšs l’élimination des Banu Khaldun, devenus encombrants, leur ancien alliĂ© Ibrahim ibn Hadjdjadj se fait proclamer roi en 899, sur un territoire couvrant toute la rĂ©gion d’Ichbiliya, jusqu’à Carmona. Le roi fraĂźchement promu, qui peine Ă  reconnaĂźtre l’autoritĂ© de l’émir, administre brillamment sa ville et s’entoure d’une cour raffinĂ©e, qui assure le prestige de SĂ©ville. Il finit par reconnaĂźtre totalement la suzerainetĂ© d'Abd-Allah en 902.

Moyen Âge

Le temps du califat de Cordoue

À l’arrivĂ©e au pouvoir d’Abd al-Rahman III (912-961), l’Émirat omeyyade se trouve morcelĂ© en une multitude de bastions autonomes. Le nouvel Ă©mir dĂ©finit aussitĂŽt ses objectifs : restaurer l’autoritĂ© mise Ă  mal du gouvernement central[16].

Ichbiliya est gouvernĂ©e depuis 911 par un des fils d’Ibrahim, Abd al-RahmĂąn. En 913, son frĂšre, Muhammad, qui a lui hĂ©ritĂ© de Carmona, assassine son aĂźnĂ© afin de rĂ©gner sur SĂ©ville. Son crime ne lui est cependant d’aucune utilitĂ©, puisqu’un de ses cousins, Ahmad, prend le pouvoir. Muhammad fait appel Ă  l’émir pour lui venir en aide. Celui-ci refuse : SĂ©ville tient Ă  cƓur Ă  Abd al-Rahman III, elle est l’une des perles de son royaume, et son retour dans le giron de Cordoue est une de ses prioritĂ©s.

DĂšs 913, l’émir envoie son armĂ©e Ă  Ichbiliya. InformĂ© de la manƓuvre, Ahmad fait appel Ă  un rebelle de l’est, Ibn Hafsun, qui tient tĂȘte Ă  Cordoue depuis plusieurs annĂ©es. Celui-ci est repoussĂ© avant mĂȘme d’avoir gagnĂ© SĂ©ville. La ville, dont la population se soulĂšve en soutien de son roi, est assiĂ©gĂ©e. Les troupes locales affrontent la puissante armĂ©e envoyĂ©e par Abd al-RahmĂąn III sur le champ de Triana. La victoire est Ă©crasante. Le 21 dĂ©cembre, les Omeyyades reprennent solennellement la ville. Muhammad demande Ă  ĂȘtre reconnu roi, ce que se refuse Ă  accorder l’émir : SĂ©ville a repris sa pleine place dans l’ensemble Ă©miral, et l’ùre des petits États autonomes est terminĂ©e. Le prĂ©tendant frustrĂ© tentera une nouvelle offensive en 914, sans succĂšs. La ville est Ă  prĂ©sent sous le contrĂŽle de Cordoue. L’émir, proclamĂ© calife en 929, a atteint son objectif, en restaurant son autoritĂ© sur al-Andalus, Ă  nouveau unifiĂ© sous la banniĂšre omeyyade[17].

L’émir chĂątie nĂ©anmoins la ville pour son effronterie : ses murailles sont abattues. Ichbiliya est dĂ©sormais une ville ouverte, privĂ©e de dĂ©fenses. Les armĂ©es califales se tiennent toutefois prĂȘtes Ă  intervenir en cas de danger. La citĂ© du Guadalquivir continue d'assumer un important rĂŽle dans le dispositif militaire du pays, et ses chantiers navals fournissent les navires Ă  la flotte d'Abd al-RahmĂąn III. Ses escadres sont notamment sollicitĂ©es pour le contrĂŽle du dĂ©troit, et repousser d'Ă©ventuelles intrusions normandes ou fatimides[18]. Par ailleurs, le pouvoir central conforte sa prĂ©sence locale, en faisant bĂątir un nouveau palais fortifiĂ©, le Dar al-Imara, le palais du gouverneur, sur lequel s’élĂšvent aujourd’hui les Reales AlcĂĄzares. À l'exception d'une modeste rĂ©bellion, vite rĂ©primĂ©e par Al-Hakam II en 974, la citĂ© ne manifeste aucune vellĂ©itĂ© sĂ©ditieuse. Durant toute la pĂ©riode califale, elle reste dans l’ombre de la capitale, Cordoue, qui atteint Ă  cette Ă©poque son apogĂ©e ; elle tire nĂ©anmoins profit de l’activitĂ© culturelle de sa voisine.

La taĂŻfa de SĂ©ville

La mort d’Almanzor en 1002 signe le dĂ©but de la dĂ©sintĂ©gration du Califat omeyyade de Cordoue. Durant une vingtaine d’annĂ©es, le pays est en proie aux luttes intestines pour le pouvoir. Cette Ă©poque de rĂ©volution, appelĂ©e la fitna, va permettre Ă  SĂ©ville de prendre sa revanche sur Cordoue, et de s’arroger le pouvoir sur une bonne partie de l’Andalousie[19].

Alors que Cordoue est livrĂ©e Ă  la guerre civile, et qu’al-Andalus se dĂ©sintĂ©resse Ă  prĂ©sent de son ancienne capitale, SĂ©ville fait le choix de s’en remettre Ă  un nouveau prince, qui lui offre l’indĂ©pendance : AbĂș al-Qasim Muhammad ibn Abbad, de la famille des Banu Abbad, Ă©tablie cĂ©ans depuis la conquĂȘte du VIIIe siĂšcle. Cadi de la ville, il gagne sa popularitĂ© en repoussant les attaques des BerbĂšres. S’appuyant sur l’aristocratie locale, avec laquelle il projetait de gouverner, il se proclame roi de SĂ©ville et de sa taĂŻfa en 1023.

Sous le nom d’Abbad Ier (1023-1042), il fonde la dynastie des Abbadides. Cette lignĂ©e va prĂ©sider aux destinĂ©es du royaume jusqu’en 1091, avec Ă  sa tĂȘte le fils et le petit-fils du fondateur, Abbad II al-Mutadid (1042-1068) et Abbad III al-Mutamid (1068-1091). Cette Ă©poque est l’une des plus florissantes de l’histoire de la ville, capitale d’une des nombreuses taĂŻfas qui composent dĂ©sormais al-Andalus.

Al-Mutalid, Ă  la tĂȘte d’une solide armĂ©e, incorpore les taĂŻfas voisines : Ronda, MorĂłn de la Frontera, Carmona, Arcos. Al-Mutamid poursuit sur la voie tracĂ©e par son gĂ©niteur, en rattachant les taĂŻfas de Huelva, Saltes, Niebla
 En 1070, il annexe la taĂŻfa de Cordoue, parvenant ainsi Ă  Ă©tendre sa domination du Guadalquivir jusqu’au Guadiana. Murcie passe sous leur commandement en 1071. Le territoire que domine SĂ©ville constitue dĂ©sormais le plus puissant royaume musulman de la pĂ©ninsule[20].

Ichbiliya devient un centre culturel Ă©minent, qui tente de rivaliser avec le prestige de la Cordoue omeyyade. Al-Mutalid et surtout al-Mutamid sont deux rois poĂštes, qui rassemblent autour d’eux une cour cultivĂ©e, oĂč les arts et les lettres sont pratiquĂ©s Ă  l’envi. Ils embellissent leur capitale, rebĂątissent les remparts, font construire bains et mosquĂ©es, et rĂ©amĂ©nagent totalement le Dar al-Imara du Xe siĂšcle, qui est agrandi, et flanquĂ© d’une puissante alcazaba. La famille princiĂšre et les notables suivent cette tendance au raffinement.

Le Cid Ă  SĂ©ville

Un des épisodes les plus célÚbres
du siùcle est à mettre à l’actif
de Rodrigo DĂ­az de Vivar, le Cid.
En 1079, le chevalier se présente
Ă  SĂ©ville, au nom d’Alphonse VI
(mariĂ© Ă  Zaida, fille d’Al-Mutamid)
afin de recueillir le tribut annuel dĂ»
par la taifa. Une attaque de Chrétiens
venus du royaume de Grenade amĂšne
Rodrigo Díaz à défendre Ichbiliya,
vassale de la Castille. Les nobles
impliquĂ©s dans l’offensive mettront
en cause l’actuation du Cid, ce qui
contribuera Ă  compliquer la position
du chevalier auprĂšs de son souverain[21].

Le morcellement politique d’al-Andalus favorise toutefois les royaumes chrĂ©tiens du Nord, qui parviennent Ă  soumettre les taĂŻfas au paiement de tributs, les parias, en Ă©change de leur neutralitĂ©. Al-Mutalid, malgrĂ© sa puissance, ne peut empĂȘcher Ferdinand Ier de Castille de descendre le long du Guadalquivir et de parvenir aux portes de SĂ©ville, en 1063. AprĂšs tant de campagnes, le royaume est Ă©puisĂ©, et le roi musulman doit se soumettre au Castillan. Il versera dĂ©sormais un tribut Ă  la puissance Ă©mergente du Nord de la pĂ©ninsule, ce qui n’amĂ©liore pas sa situation Ă©conomique, et favorise l'Ă©mergence d'un mĂ©contentement au sein de la population soumise Ă  une pression fiscale croissante.

La conquĂȘte de TolĂšde en 1085 rĂ©vĂšle des intentions bien plus belliqueuses de la part des Castillans. La nouvelle de la chute de la ville du Tage produit un immense espoir en Occident, tout autant qu’elle alerte le monde musulman. EffrayĂ©s par cette avancĂ©e, Al-Mutamid, Abd-Allah de Grenade et Al-Mutawakilt de Badajoz font appel aux Almoravides[22] basĂ©s au Maghreb, pour s’assurer de disposer de renforts suffisants face Ă  la menace du Nord. Les BerbĂšres accĂšdent Ă  la pĂ©tition andalouse, en promettant de respecter l’indĂ©pendance des taĂŻfas. AprĂšs deux campagnes victorieuses en 1086 et 1088, les troupes de Yusuf dĂ©cident d’envahir al-Andalus en 1090 : les principales taĂŻfas tombent dans l’escarcelle almoravide les unes aprĂšs les autres. SĂ©ville est conquise en 1091, pillĂ©e et incorporĂ©e Ă  l’empire maghrĂ©bin, dont la capitale est basĂ©e Ă  Marrakech, bien loin du Guadalquivir. Al-Mutamid, Ă  l’origine de l’intervention des Africains, est dĂ©portĂ© Ă  Tanger, oĂč il dĂ©cĂšde en 1095. La grande Ă©poque du royaume de SĂ©ville est terminĂ©e[23].

Le temps des Almoravides

L’Empire almoravide.

Le mouvement almoravide naßt dans les années 1030 au Maghreb. AprÚs la prise en main du Maroc actuel, le calife Youssef Ibn Tachfin intervient en al-Andalus, à l'appel de plusieurs rois de taïfas, dont Al-Mutamid de Séville, alertés par l'avancée des royaumes chrétiens du Nord. AprÚs deux campagnes menées en 1086 et 1088, les Almoravides décident de soumettre, à partir de 1090, la totalité des taïfas, qui tombent peu à peu dans leur escarcelle[24].

SĂ©ville est conquise dĂšs 1091, et intĂšgre l'empire maghrĂ©bin, dans lequel elle perd tout rĂŽle politique central. Sa population ne connaĂźt pas de bouleversement particulier : les 100 000 immigrĂ©s estimĂ©s en provenance du Maghreb, volontairement coupĂ©s de la population autochtone, s'installent prioritairement dans les zones pĂ©riurbaines et rurales[25]. Les Almoravides rĂ©organisent l'administration, mais SĂ©ville conserve son cadi, qui dirige la citĂ© avec le gouverneur.

Les Almoravides connaissent vingt ans de succĂšs. Toutefois, le cours des Ă©vĂšnements s’inflĂ©chit dĂšs 1118 et la prise de Saragosse[26]. DĂšs lors, les incursions chrĂ©tiennes se font plus frĂ©quentes et plus audacieuses : ainsi, en 1132 et 1133, Alphonse VII de Castille pĂ©nĂštre en territoire musulman et approche de SĂ©ville, dont les terres environnantes sont saccagĂ©es. Nombreux sont Ă  cet instant les mozarabes qui quittent la ville pour suivre le Castillan. Peu Ă  peu, les dissensions internes Ă  al-Andalus et les troubles au Maghreb fragilisent l'Ă©difice almoravide, qui finira par s'effondrer avec l'arrivĂ©e des Almohades en 1147[27].

La vie Ă  SĂ©ville Ă  cette Ă©poque est plutĂŽt mal renseignĂ©e. La source essentielle est le traitĂ© de Hisba de Muhammad ibn Ahmad ibn AbdĂ»n, rĂ©digĂ© au dĂ©but de la prĂ©sence almoravide[28]. Il s'agit d'une sorte de rĂšglement de police du marchĂ©, qui dĂ©taille, entre autres, les diffĂ©rentes fonctions du pouvoir local, et la vie sĂ©villane de l'Ă©poque. On y signale une vie commerciale trĂšs active, animĂ©e par de nombreux artisans et commerçants. Les Almoravides dĂ©veloppent notamment les Ă©changes avec le Maghreb, Marrakech constituant le cƓur commercial de l’empire, et l'Égypte. Le port dynamique de SĂ©ville traite ainsi avec celui d'Alexandrie. La rĂ©gion demeure Ă©galement l'une des principales zones de production cĂ©rĂ©aliĂšre de l'Ă©poque. Les Almoravides ne sont pas connus comme ayant bouleversĂ© la physionomie de la citĂ©. Certains historiens estiment que SĂ©ville leur doit la construction d'une nouvelle enceinte[29] ; il semble nĂ©anmoins plus probable que ces travaux aient Ă©tĂ© menĂ©s sous les Almohades[30].

Le temps des Almohades

Les Almohades dans la péninsule Ibérique.

DĂšs 1121, Ibn Toumert fonde le mouvement almohade qui s'oppose au pouvoir almoravide, lequel finit par se dĂ©sintĂ©grer. La situation favorise la crĂ©ation de nouvelles taĂŻfas en al-Andalus Ă  partir de 1142. Rendus maĂźtres du Maghreb, les Almohades dĂ©barquent dans la pĂ©ninsule IbĂ©rique, en 1147 et entament la conquĂȘte d’al-Andalus : SĂ©ville tombe cette mĂȘme annĂ©e. La ville est attaquĂ©e Ă  plusieurs reprises : en 1173, en 1177, en 1178 et en 1181[31]. Les Almohades dominent le panorama militaire durant plusieurs dĂ©cennies ; nĂ©anmoins, leur lourde dĂ©faite Ă  Las Navas de Tolosa en 1212 signe la chute de leur empire Ă  moyens termes, et le dĂ©but de la conquĂȘte de l'Andalousie par la Castille[32].

En dehors des Ă©vĂšnements militaires, la raretĂ© des sources rend difficile une connaissance prĂ©cise de l'histoire de la pĂ©riode almohade. Le rĂšgne d'Abu Yusuf (1184-1199) constitue l'apogĂ©e de la dynastie en al-Andalus[33]. SĂ©ville est toutefois marquĂ©e par le rĂšgne d’Abu Yaqub Yusuf. D'abord gouverneur de SĂ©ville, il est proclamĂ© calife en 1163 et sĂ©journe dans la citĂ© andalouse de 1171 Ă  1176. Il fait considĂ©rablement embellir la ville, afin de lui donner l'allure que rĂ©clame son statut de capitale de la partie europĂ©enne de l’empire. En 1172, il ordonne la construction d'une nouvelle grande mosquĂ©e face Ă  l'alcĂĄzar, mosquĂ©e dont le minaret, la Giralda, bĂątie entre 1184 et 1198, constitue aujourd'hui le plus Ă©clatant hĂ©ritage. Il fait Ă©galement agrandir ses palais, en doublant la surface de l'alcĂĄzar et en modifiant le palais et les jardins de la Buhaira, Ă  l'extĂ©rieur de la muraille (aujourd’hui dĂ©truits). Outre ces embellissements, le calife ordonne la rĂ©alisation de travaux publics d'utilitĂ© collective. En 1171 est construit un pont flottant, en 1172 sont restaurĂ©s les Caños de Carmona, ancien aqueduc romain, destinĂ©s Ă  alimenter la Buhaira et SĂ©ville. Enfin, il semble que la citĂ© lui doive l'Ă©dification d'une nouvelle enceinte en pisĂ©, dotĂ©e de quinze portes, complĂ©tĂ©e plus tard par une barbacane, un fossĂ© et la tour de l’Or dans les annĂ©es 1220.

La Giralda, symbole de la présence almohade à Séville.

SĂ©ville constitue avec Marrakech une des deux capitales de l'Empire almohade, dont elles sont, avec Rabat, les fleurons. Les contacts entre les deux villes sont constants et tendent Ă  se renforcer avec le temps, dans les domaines politique, militaire et culturel. Le personnel de l'administration passe d'une ville Ă  l'autre, Ă  l'image d'Abu Yaqub Yusuf lui-mĂȘme. GrĂące Ă  son port et Ă  sa situation gĂ©ographique, la ville est Ă©galement un des principaux points de concentration des troupes. Les Andalous rechignant Ă  se joindre aux armĂ©es, les Almohades sont en effet contraints de faire venir leurs hommes depuis le Maghreb[34]. SĂ©ville est alors une ville immense, peuplĂ©e vraisemblablement par 83 000 habitants, rĂ©partis en quartiers plus au moins autonomes organisĂ©s autour d'une mosquĂ©e[35]. La ville est par ailleurs un pĂŽle Ă©conomique de tout premier ordre, dont le principal atout n'est autre que son port. DotĂ©e d'une qaysĂąriyya, Ă©difice destinĂ© Ă  hĂ©berger les commerçants et Ă  abriter leurs marchandises, elle s'Ă©quipe en 1184 d'arsenaux, et signe des accords avec GĂȘnes et Pise. SĂ©ville reprĂ©sente par ailleurs un des hauts foyers culturels d'al-Andalus aux cĂŽtĂ©s de Cordoue[36].

SĂ©ville Ă  partir de la reconquĂȘte chrĂ©tienne (1248-1492)

En 1236, l'armée castillane s'empare de Cordoue et en 1248, de Séville.

L'Andalousie n'est cependant pas entiÚrement reconquise par les chrétiens. Il reste une zone musulmane, le royaume de Grenade, qui est reconquis en 1492, aprÚs dix ans de guerre (prise de Grenade le 3 janvier 1492).

Temps modernes

AussitÎt aprÚs la fin de la Reconquista, les Rois catholiques lancent la Castille et l'Aragon vers l'outre-mer, en missionnant le 17 avril 1492, par les capitulations de Santa Fe, Christophe Colomb pour atteindre les Indes (l'Asie) en traversant la mer Océane, alors que les Portugais ont déjà atteint le cap de Bonne-Espérance et l'océan Indien.

Colomb n'atteint pas les Indes, mais découvre en octobre 1492 quelques ßles des Caraïbes, notamment Hispaniola, qui devient la premiÚre base de la colonisation espagnole du nouveau monde (Cuba est conquise en 1511, le Mexique en 1521, le Pérou en 1532).

En 1503, Séville devient le centre administratif des possessions espagnoles dans le nouveau monde avec l'établissement de la Casa de Contratación, qui s'occupe notamment des arrivées d'argent issu des mines du Mexique et du Pérou.

Époque contemporaine

En 1936, Séville est une des premiÚres grandes villes à tomber aux mains des rebelles nationalistes du général Franco, menés sur place par le général Queipo de Llano, qui réussit un coup de main inattendu dans une région largement républicaine.

Notes et références

  1. Françoise Mayet et Pierre SilliĂšres, SĂ©ville antique
, p. 12.
  2. Pour davantage de prĂ©cisions, voir la source consultĂ©e pour ce chapitre : Françoise Mayet et Pierre SilliĂšres, « SĂ©ville antique, porte de la MĂ©diterranĂ©e », dans SĂ©ville, vingt siĂšcles d’histoire, Bordeaux, Maison des Pays ibĂ©riques, Collections de la Maison des Pays ibĂ©riques, 54, 1992, p. 9-36.
  3. Voir le site Commentariola HispaniĂŠ, consacrĂ© Ă  l’archĂ©ologie romaine en Espagne.
  4. Les donnĂ©es contenues dans ce paragraphe sont tirĂ©es de deux ouvrages : Françoise Mayet et Pierre SilliĂšres, SĂ©ville antique... et Joseph PĂ©rez, Histoire de l’Espagne, Paris, Fayard, 1996.
  5. « Ce sont les besoins de l’économie plus que la gĂ©ographie qui ont imposĂ© la crĂ©ation d’Hispalis (SĂ©ville), le port indispensable pour Ă©couler les produits de l’arriĂšre-pays et communiquer avec l’extĂ©rieur grĂące Ă  la marĂ©e montante qui permettait aux navires de haute mer d’arriver jusque-lĂ . C’est autour du fleuve et du port que s’est organisĂ©e la rĂ©gion Ă  l’époque romaine. », dans Joseph PĂ©rez, Histoire de l’Espagne, p. 19.
  6. Le port est accessible depuis la mer Ă  marĂ©e haute plus de six mois de l'annĂ©e : « Jusqu’à Hispalis, Ă  500 stades de la mer, ou peu s’en faut, la navigation est possible sur des navires Ă  fort tirant d’eau. », dans Strabon, GĂ©ographie, III, 2, 3, traduit par F. Lasserre, et citĂ© dans Françoise Mayet et Pierre SilliĂšres, SĂ©ville antique
, p. 18.
  7. Françoise Mayet et Pierre SilliĂšres, SĂ©ville antique
, p. 30.
  8. Pour l'ensemble de ce paragraphe, consulter * Évariste LĂ©vi-Provençal, Histoire de l'Espagne musulmane, I, notamment pp. 16-53. * JosĂ© MarĂ­a Mena, Historia de Sevilla.
  9. (es) Rafael CĂłmez Ramos, « Fragmentos de una mezquita sevillana : la aljama de Ibn Adabbas », Laboratorio de Arte, vol. 7,‎ , p. 11-23 (ISSN 1130-5762, lire en ligne).
  10. (es) Magdalena Valor Piechotta, « La mezquita de Ibn Adabbas de Sevilla: Estado de la cuestiĂłn », Estudios de hisoria y de arqueologĂ­a medievales, vol. IX,‎ , p. 299-314 (lire en ligne).
  11. Pour la question des invasions normandes, voir LĂ©vi-Provençal, Histoire de l’Espagne musulmane, I, pp. 218-225.
  12. Voir LĂ©vi-Provençal, Histoire de l’Espagne musulmane, I, p. 221.
  13. Pour un bref panorama de la SĂ©ville du IXe siĂšcle, voir LĂ©vi-Provençal, Histoire de l’Espagne musulmane, I, pp. 356-358.
  14. « Quand l’émir ‘Abd Allah prend le pouvoir, au dĂ©but de l’étĂ© de 888, la guerre civile Ă©clate un peu partout dans les rĂ©gions de l’Andalousie demeurĂ©es jusqu’alors dans un ordre relatif. C’est une explosion sans prĂ©cĂ©dent, qui provoque aussitĂŽt un morcellement territorial dĂ©mesurĂ©, le seul de cette ampleur en Espagne musulmane avant le siĂšcle des taifas », dans LĂ©vi-Provençal, Histoire de l'Espagne musulmane, I, p. 338.
  15. Pour une description dĂ©taillĂ©e des Ă©vĂšnements dont il est question, voir LĂ©vi-Provençal, Histoire de l’Espagne musulmane, I, pp. 359-368.
  16. « 'Abd al-RahmĂąn III se met aussitĂŽt Ă  l’Ɠuvre ; il a vite arrĂȘtĂ© son programme : restaurer dans al-Andalus l’autoritĂ© et le prestige de la maison Omeyyade, reconquĂ©rir les territoires tombĂ©s en dissidence, mettre fin Ă  l’existence des principautĂ©s infĂ©odĂ©es Ă  Cordoue et presque indĂ©pendantes (
) », dans LĂ©vi-Provençal, Histoire de l’Espagne musulmane, II, p. 5.
  17. Pour davantage de prĂ©cisions sur la rĂ©cupĂ©ration de SĂ©ville par Abd al-RahmĂąn III, lire LĂ©vi-Provençal, Histoire de l’Espagne musulmane, II, pp. 12-14.
  18. Lévi-Provençal, Histoire de l'Espagne musulmane, II, pp. 170-171, et José Luis del Pino, « El Califato omeya de Córdoba », dans Historia de España de la Edad Media, collectif, Barcelone, Ariel, 2002, p. 146.
  19. Pour l’histoire de la fitna, se rĂ©fĂ©rer Ă  LĂ©vi-Pronvençal, Histoire de l’Espagne musulmane, II, pp. 291-341, et plus particuliĂšrement pp. 326-333, pour les Ă©vĂšnements ici rapportĂ©s.
  20. « Sevilla (
) se convirtiĂł luego rĂĄpidamente en un reino al frente del cual actuaron los Banu Abbad, la mĂĄs famosa e importante dinastĂ­a del perĂ­odo, que consiguiĂł someter a un gran nĂșmero de pequeñas taifas de las regiones circundantes (
) », Emilio Cabrera Muñoz, « La explotaciĂłn de los reinos de taifas», dans Historia de España de la Edad Media, p. 280.
  21. ibid., p. 290.
  22. Al-Mutamid aurait, selon un chroniqueur chrĂ©tien, prononcĂ© une phrase restĂ©e cĂ©lĂšbre : « Prefiero ser camellero con los AlmorĂĄvides a porquero con los Cristianos. » (« Je prĂ©fĂšre ĂȘtre chamelier avec les Almoravides que porcher avec les ChrĂ©tiens », trad. personnelle), citĂ© dans CĂ©sar Oliveira Serrano, « La reacciĂłn almorĂĄvide », ibid., p. 299.
  23. Voir César Oliveira Serrano, « La reacción almoråvide », dans ibid., pp. 297-316.
  24. Source : Oliveira Serrano, ibid., p. 300.
  25. Source : Oliveira Serrano, ibid., p. 312.
  26. Source : Miguel Ángel Marcial García-Quismondo, « El « Pacto de Unión » », ibid., pp. 317-341.
  27. Source : Manuel Recuero Astray, « El Imperio hispånico », ibid., pp. 343-362, p. 356.
  28. Ce traitĂ© a Ă©tĂ© traduit et publiĂ© par Évariste LĂ©vi-Provençal : SĂ©ville musulmane au dĂ©but du XIIe siĂšcle : traitĂ© d'Ibn 'Abdun sur la vie urbaine et les corps de mĂ©tiers, Paris, Maisonneuve et Larose, 2001.
  29. Source : José María de Mena, Historia de Sevilla, Esplugues de Llobregat, Plaza & Janes, 1991, pp. 76-77.
  30. AndrĂ© Bazzana, Pierre Guichard, Christine Mazzoli-Guintard, « SĂ©ville, une capitale de l’islam d’Occident (VIIIe – XIIIe siĂšcle) », dans LavallĂ©, Bernard, ibid., pp. 57-71).
  31. Source : Manuel Recuero Astray, « El Imperio hispånico », ibid., pp. 343-362.
  32. Source : Enrique Rodríguez-Picavea Matilla, « Consolidación de los cinco reinos y apogeo del Imperio almohade », ibid., pp. 389-408.
  33. Source : Enrique RodrĂ­guez-Picavea Matilla, ibid., pp. 403-404.
  34. Source : Enrique RodrĂ­guez-Picavea Matilla, ibid., pp. 402-403.
  35. Les chiffres de population divergent selon les spĂ©cialistes. L'organisation en quartiers nous est connue grĂące au Repartimiento de Sevilla, document castillan de la deuxiĂšme moitiĂ© du XIIIe siĂšcle, qui fixe aprĂšs la ReconquĂȘte la rĂ©partition des terres entre les nouveaux occupants. Source : AndrĂ© Bazzana, Pierre Guichard, Christine Mazzoli-Guintard, ibid., p. 68.
  36. Source du paragraphe : André Bazzana, Pierre Guichard, Christine Mazzoli-Guintard, ibid., pp. 66-68.

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Chaunu, ConquĂȘte et exploitation des nouveaux mondes (5e Ă©d.), Paris, PUF, 1995 (ISBN 2130473253).
  • Julio GonzĂĄlez, Reinado y diplomas de Fernando III, 3 tomes, Cordoue, Publicaciones del Monte de Piedad y Caja de Ahorro de CĂłrdoba, 1983 (ISBN 84-7231-855-9).
  • Miguel Ángel Ladero Quesada, Historia de Sevilla, La ciudad medieval (1248-1492), Sevilla, Universidad de Sevilla, Secretariado de Publicaciones, 1989.
  • Bernard LavallĂ© (coor.), SĂ©ville, vingt siĂšcles d'histoire, Bordeaux, Maison des Pays IbĂ©riques, Collections de la Maison des Pays ibĂ©riques, 54, 1992 (ISBN 290959601X).
  • Évariste LĂ©vi-Provençal, Histoire de l'Espagne musulmane, 3 tomes, Paris, Maisonneuve & Larose, 1999 (Tome 1 : La conquĂȘte et l'Ă©mirat hispano-umaiyade (710-912) ; Tome 2 : le Califat umaiyade de Cordoue (912-1031) ; Tome 3 : le siĂšcle du Califat de Cordoue).
  • JosĂ© MarĂ­a de Mena, Historia de Sevilla, Barcelona, Plaza y JanĂ©s, 1991.
  • Joseph PĂ©rez, Histoire de l'Espagne, Paris, Fayard, 1996 (ISBN 2213031568).

Articles connexes

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