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Herbert Graf

Herbert Graf, né le à Vienne, Empire austro-hongrois, et mort le , à GenÚve, est un directeur de théùtre et metteur en scÚne d'opéra, auteur d'ouvrages sur l'opéra. Connu en psychanalyse comme « Le Petit Hans », il est le premier enfant analysé sous le contrÎle de Sigmund Freud.

Herbert Graf
Portrait de Herbert Graf
Photo des années 1930 par Wilhelm Willinger
Biographie
Naissance
Vienne
DĂ©cĂšs (Ă  69 ans)
GenĂšve
Nationalité Américaine et autrichienne
PĂšre Max Graf
Thématique
Profession Producteur de théùtre, réalisateur et metteur en scÚne de spectacle lyrique (d)

L' « analyse » du petit garçon par son pĂšre, Max Graf, sous la conduite de Sigmund Freud, se dĂ©roule de janvier Ă  mai 1908. Elle est publiĂ©e en 1909 dans le Jahrbuch fĂŒr psychoanalytische und psychopathologische Forschungen sous le titre original Analyse der Phobie eines fĂŒnfjĂ€hrigen Knaben. La premiĂšre traduction française du texte en 1928 par Marie Bonaparte, sous le titre Analyse d'une phobie chez un petit garçon de cinq ans (Le petit Hans), est reprise dans le recueil intitulĂ© Cinq psychanalyses paru en 1935 chez DenoĂ«l & Style. C'est Ă  partir de cette premiĂšre « analyse d'enfant » que Freud confirme ses thĂ©ories de la sexualitĂ© infantile et qu'il montre comment la phobie, liĂ©e au complexe d'ƒdipe, s'organise Ă  partir du complexe de castration et autour de la diffĂ©rence des sexes.

L'identité du « Petit Hans » de Freud est révélée en 1972, avec la parution des « Mémoires d'un homme invisible » (Memoirs of an Invisible Man), quatre interviews accordées par Herbert Graf au journaliste Francis Rizzo. Herbert Graf, au cours d'une brillante carriÚre artistique, est connu quant à lui pour avoir « inventé » le métier de metteur en scÚne d'opéra. Il a également eu une intense action pédagogique et il a milité en faveur de l'élargissement de l'accÚs à l'opéra pour toutes les classes sociales.

La phobie du « petit Hans »

Analyse de la phobie d'un garçon de cinq ans
Auteur Sigmund Freud
Genre Psychanalyse
Version originale
Langue Allemand
Titre Analyse der Phobie eines fĂŒnfjĂ€hrigen Knaben,
Lieu de parution Jahrbuch fĂŒr psychoanalytische und psychopathologische Forschungen
Date de parution 1909
Version française
Traducteur Marie Bonaparte (PremiĂšre traduction)
Éditeur Presses universitaires de France
Collection Revue française de psychanalyse
Lieu de parution Paris
Date de parution 1928
Sigmund Freud, par Max Halberstadt, en 1909.

Herbert Graf, nĂ© le 10 avril 1903 Ă  Vienne et mort Ă  GenĂšve le 5 avril 1973 Ă  GenĂšve, est « le vrai nom » du « petit Hans »[1]. « Jusqu'en 1972, date de la parution des « MĂ©moires d'un homme invisible », transcription des quatre interview accordĂ©es par Herbert Graf au journaliste Francis Rizzo », Ă©crivent Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, « on ne connaissait pas l'identitĂ© de ce “petit garçon de 5 ans”, devenu cĂ©lĂšbre sous le nom de “petit Hans” grĂące au rĂ©cit qu'avait fait Sigmund Freud de son analyse effectuĂ©e sous la conduite de Max Graf, son pĂšre »[2].

L' « analyse » du petit garçon par son pĂšre, sous le contrĂŽle de Freud, se dĂ©roule de janvier Ă  mai 1908[3]. Freud, qui a Ă©crit l'histoire du « petit Hans » en juillet 1908, la publie sous le titre Analyse de la phobie d'un garçon de cinq ans (Analyse der Phobie eines fĂŒnfjĂ€hrigen Knaben) en fĂ©vrier 1909 dans le premier numĂ©ro du Jahrbuch fĂŒr psychoanalytische und psychopathologische Forschungen, nouveau pĂ©riodique dont Freud et Bleuler sont les directeurs, Jung le rĂ©dacteur en chef[3]. Le texte, traduit en français pour la premiĂšre fois par Marie Bonaparte, paraĂźt en 1928 dans la Revue française de psychanalyse sous le titre Analyse d'une phobie chez un petit garçon de cinq ans (Le petit Hans) ; il est repris dans la mĂȘme traduction en 1935 dans S. Freud, Cinq psychanalyses chez DenoĂ«l & Style[3].

Selon François Perrier, cette observation que Freud publie en 1909 est « une rĂ©fĂ©rence exemplaire et irremplaçable pour la comprĂ©hension du phĂ©nomĂšne phobique »[4] : pour Freud en effet, la phobie de Hans est liĂ©e au conflit Ɠdipien et s'organise Ă  partir du complexe de castration, liĂ© lui-mĂȘme Ă  la diffĂ©rence des sexes[4]. Veronica MĂ€chtlinger considĂšre que c'est la premiĂšre « analyse d'enfant », Ă  partir de laquelle Freud a Ă©laborĂ© ses thĂ©ories de la sexualitĂ© infantile[5].

L'« analyse » de Hans (1908-1909)

Max Graf, le pĂšre de « Hans », est un proche de Freud, et sa femme, la mĂšre de Hans, avait Ă©tĂ© en analyse chez Freud ; tous deux participent aux rĂ©unions de la SociĂ©tĂ© du mercredi[5]. Max Graf avait adressĂ© Ă  Freud des comptes rendus sur la façon qu'avait son jeune fils de s'intĂ©resser au sexuel, Ă  son corps et Ă  celui des autres, un intĂ©rĂȘt centrĂ© sur la diffĂ©rence des sexes[5]. Les notes de Max Graf dans son observation de l'enfant sont prises dĂšs l’ñge de trois ans de celui-ci. Et ce n’est qu’à quatre ans et neuf mois que Hans prĂ©sente sa phobie[6].

Le « fait-pipi » (Wiwimacher)

Hans est prĂ©occupĂ© par son « fait-pipi » (Wiwimacher[note 1] - [3]), il demande Ă  sa mĂšre si elle en a un aussi, il en attribue un Ă  la vache que l'on trait, Ă  la locomotive qui lĂąche de l'eau, au chien, au cheval, mais ni Ă  la table, ni Ă  la chaise[7]. Sa mĂšre le surprend Ă  se livrer Ă  des attouchements sur son pĂ©nis et le menace « de lui faire couper son “fait-pipi” » s'il continue, ce qui n'entraĂźne encore aucun sentiment de culpabilitĂ© mais, note Freud, « lui fait acquĂ©rir le complexe de castration »[7]. Hans, qui poursuit ses explorations en s'enquĂ©rant de savoir si son pĂšre possĂšde, lui aussi, un « fait-pipi », s'Ă©tonne que sa mĂšre, adulte, « n'ait pas un “fait-pipi” de la taille de celui d'un cheval »[7]. [note 2]

La naissance d'Anna

La naissance de sa sƓur Anna en octobre 1906, lorsque Hans a trois ans et demi, va constituer « le grand Ă©vĂ©nement de sa vie »[8]. Comme il semble d'une part accrĂ©diter la fable de la cigogne qui apporte des bĂ©bĂ©s, mais porte attention d'autre part Ă  la trousse du mĂ©decin et aux cuvettes d'eau sanglantes dans la chambre de la parturiente, il fait montre ainsi, remarque Freud, de « ses premiers soupçons quant Ă  la vĂ©ritĂ© de la fable »[7]. Le pĂšre de Hans rapporte que l'aversion du petit garçon « contre l’enfant nouveau-nĂ©e qui lui avait dĂ©robĂ© une part de l’amour de ses parents » et qui n'a pas tout Ă  fait disparu tout en Ă©tant en partie surcompensĂ©e par une tendresse exagĂ©rĂ©e, lui a fait exprimer plusieurs fois le dĂ©sir suivant : « La cigogne ne devrait plus apporter d’enfant, nous devrions lui donner de l’argent afin qu’elle n’en sorte plus de la grande caisse oĂč sont les enfants afin de les apporter »[8]. Comme l'explique Jean-Michel Quinodoz, Hans a compris qu'Anna se trouvait dans la grande caisse en question et qu’elle en est sortie comme un « lumpf »[note 3] - [3] (mot de Hans pour dĂ©signer les selles)[8]. Hans mettra environ six mois Ă  surmonter sa jalousie et Ă  se convaincre de sa supĂ©rioritĂ© en matiĂšre de « fait-pipi » vis-Ă -vis de sa petite sƓur dont il constate au bain de cette derniĂšre que son fait-pipi « encore petit » deviendra plus grand quand Anna grandira. Freud relĂšve des manifestations d'autoĂ©rotisme, suivies peu aprĂšs d'un « choix de l'objet tout comme chez l'adulte », avec de l'inconstance, une prĂ©disposition Ă  la polygamie, tandis que se prĂ©sentent Ă©galement des traits d'homosexualitĂ© : « Notre petit Hans semble vraiment ĂȘtre un modĂšle de toutes les perversitĂ©s », Ă©crit-il[9]. À la suite de toutes sortes d'Ă©mois amoureux et d'un rĂȘve fait Ă  4 ans et demi, traduisant le refoulement dĂ©sormais du dĂ©sir de se livrer Ă  l'exhibitionnisme devant des petites filles comme cela lui Ă©tait arrivĂ© l'Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dent, la pĂ©riode se clĂŽt pour Hans en train d'assister Ă  nouveau au bain d'Anna, sur la reconnaissance de la « diffĂ©rence entre les organes gĂ©nitaux masculins et fĂ©minins »[10].

DĂ©but de la phobie des chevaux (la « bĂȘtise »)

C'est alors qu'il commence de souffrir d'une phobie importante (Ă  situer dans le registre d'une nĂ©vrose infantile) : il refuse de quitter la maison et d'aller dans la rue, oĂč il a peur d'ĂȘtre mordu par un cheval[5]. Or, avant l'Ă©closion de cet Ă©tat anxieux, Hans a fait un « rĂȘve de punition », explique Freud, « dans lequel la mĂšre bien-aimĂ©e, avec laquelle il peut “faire cĂąlin”, est partie », rĂȘve qui fait Ă©cho Ă  l'Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dent, lorsque sa mĂšre le prenait dans son lit chaque fois qu'il manifestait de l'anxiĂ©tĂ© et quand son pĂšre Ă©tait absent[10]. Hans, au moment d'une nouvelle crise d'angoisse Ă  l'idĂ©e de la promenade du lendemain et « crainte que le cheval vienne dans sa chambre », avoue Ă  sa mĂšre un soir qu'il ne parvient qu'imparfaitement Ă  cesser, comme elle le lui demande, de « toucher avec sa main son “fait-pipi” »[11]. Commentaire de Freud : « Voici donc le dĂ©but de l'angoisse comme de la phobie ». Il faut distinguer en effet la phobie de l'angoisse : tandis que la tendresse croissante pour la mĂšre exprime une aspiration libidinale refoulĂ©e Ă  laquelle rĂ©pond l'apparition de l'angoisse, cette transformation irrĂ©versible de la libido en angoisse « doit trouver un objet de substitution qui constituera le matĂ©riel phobique »[12]. Freud conseille au pĂšre de dire pour l'instant Ă  Hans que « cette histoire de chevaux est une “bĂȘtise” » et, ajoutent Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, que « sa peur provient de son trop grand intĂ©rĂȘt pour le “fait-pipi” des chevaux ». Il suggĂšre par ailleurs au pĂšre d'entreprendre l'initiation sexuelle de l'enfant pour que celui-ci admette que « sa mĂšre et toutes les autres crĂ©atures fĂ©minines — ainsi qu'il pouvait s'en rendre compte d'aprĂšs la petite Anna — ne possĂ©daient pas du tout de “fait-pipi” »[12].

La grande girafe et la girafe chiffonnée

Un peu plus tard, la phobie va s'Ă©tendre Ă  tous les grands animaux (girafes, Ă©lĂ©phants, pĂ©licans). Pour Freud, cette peur des grands animaux renvoie Hans Ă  son insatisfaction concernant la dimension actuelle de son pĂ©nis. Le petit garçon rend compte un matin de son incursion nocturne dans le lit de ses parents « en expliquant qu'il y avait dans sa chambre une grande girafe et une girafe chiffonnĂ©e : “La grande, dit-il, a criĂ© que je lui avais enlevĂ© la chiffonnĂ©e. alors elle a cessĂ© de crier, et alors je me suis assis sur la girafe chiffonnĂ©e”. »[13]. Freud interprĂšte que le « s'asseoir » sur la girafe chiffonnĂ©e reprĂ©sentant les organes gĂ©nitaux fĂ©minins indique « “une prise de possession”, fondĂ©e sur un fantasme de dĂ©fi envers le pĂšre » (la grande girafe qui reprĂ©sente le grand pĂ©nis paternel), en mĂȘme temps que ce dĂ©fi recouvre la crainte que la mĂšre trouve le « fait-pipi » de l'enfant « bien petit en comparaison de celui du pĂšre »[14].

La visite de Hans au Professeur Freud

Le 30 mars 1908, rapportent Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, « Hans vient avec son pĂšre chez Freud. L'entretien est bref »[14]. Freud en effet « n'intervint qu'une fois au cours de la “cure”, [...] mais ce fut essentiel », prĂ©cise Veronica MĂ€chtlinger. Il a compris que les dĂ©tails effrayants dans l'apparence des chevaux (le « noir autour de la bouche des chevaux »[14]) dĂ©signent les binocles et la moustache de son pĂšre. Hans remarque alors : « Le professeur parle-t-il avec le bon Dieu pour qu'il puisse savoir tout ça d'avance ? »[5]. L'explication donnĂ©e par Freud Ă  Hans est que celui-ci « a peur de son pĂšre “justement parce qu'il aime tellement sa mĂšre” »[14].

AprĂšs cet entretien, une amĂ©lioration se fait sentir. L'enfant, qui peut maintenant nommer ses craintes, manifeste, au cours d'une conversation avec son pĂšre, sa peur « de voir tomber les chevaux attelĂ©s Ă  un omnibus » (il avait rĂ©ellement assistĂ© Ă  une telle scĂšne, un jour oĂč, malgrĂ© sa « bĂȘtise », il Ă©tait allĂ© se promener avec sa mĂšre). La phobie se dĂ©clare lorsque l'angoisse, qui n'avait rien Ă  voir Ă  l'origine avec les chevaux, se transpose sur ces animaux, « ainsi Ă©levĂ©s, commente Freud, “à la dignitĂ© d'objet d'angoisse”, pour des raisons liĂ©es Ă  l'histoire de l'enfant » : Hans, plus petit, avait une passion pour les chevaux, avait vu un camarade tomber de cheval et se souvenait de l'histoire d'un cheval blanc susceptible de mordre les doigts. Il avait dĂ©sirĂ© et craint Ă  la fois que son pĂšre tombĂąt ainsi, qu'il soit mort, ce qui lui aurait permis d'avoir accĂšs Ă  la possession de sa mĂšre en dĂ©pit d'une comparaison peu avantageuse pour lui. À partir de lĂ , et mĂȘme si la peur des chevaux persiste, Hans se montre plus libre avec son pĂšre, veut mĂȘme le mordre, « preuve qu'il l'a identifiĂ© au cheval tant redoutĂ© »[15].

DĂ©nouement

D'aprĂšs Roudinesco et Plon, l'analyse prend dĂšs lors un autre tour. La mĂšre revient au premier plan par le bais de « fantasmes excrĂ©mentiels et de rĂ©actions phobiques Ă  la vue de culottes jaunes et noires »[16]. Surviennent ensuite le « fantasme du plombier qui perfore l'estomac de Hans au moyen d'un foret et la peur de se baigner dans une grande baignoire ». En insistant sur la juxtaposition de cette peur de la baignoire avec les fantasmes excrĂ©mentiels, qui renvoient Ă  l'intĂ©rĂȘt puis au dĂ©goĂ»t de Hans pour les fĂšces (les « loumfs »), eux-mĂȘmes reliĂ©s au plaisir qu'avait Hans d'accompagner sa mĂšre aux toilettes, il apparaĂźt Ă  Freud que pour Hans, « les voitures sont chargĂ©es, comme les ventres des mĂšres le sont, d'enfants-excrĂ©ments : la chute des chevaux, comme celle des “loumfs”, est la reprĂ©sentation d'une naissance »[16]. Freud souligne Ă  ce propos « le caractĂšre signifiant de l'expression mettre bas. Le cheval qui tombe n'est donc pas seulement le pĂšre qui meurt, c'est aussi la mĂšre qui accouche ». En verbalisant de la sorte son souhait d'Ă©carter son pĂšre et en reconnaissant son dĂ©sir de possĂ©der sa mĂšre, Hans trouve toutefois un arrangement Ă  la situation : « son pĂšre sera le grand-pĂšre des enfants que lui, Hans, a avec sa mĂšre ». Et pour dĂ©dommager son pĂšre, il l'imagine mariĂ© avec sa propre mĂšre, la grand-mĂšre paternelle de Hans[16].

Dans un dernier fantasme, un plombier change le « fait-pipi » de Hans pour un plus grand, ce qui marque pour le petit garçon sa sortie de l'ƒdipe et sa victoire sur sa peur de la castration[16].

Postface de Freud en 1922

Par la suite, rapporte Jean-Michel Quinodoz, Sigmund Freud perd de vue l’enfant ainsi que ses parents, mais dans une postface ajoutĂ©e en 1922, il raconte qu’il a reçu cette annĂ©e-lĂ  la visite d’un jeune homme qui a dĂ©clarĂ© « ĂȘtre le petit Hans qu’il avait dĂ©crit dans l’article de 1909 ». Heureux d’apprendre que « l’enfant auquel “on avait prĂ©dit tous les malheurs” [...] se portait parfaitement et ne souffrait plus d’inhibition », il apprend aussi qu'aprĂšs coup, ses parents avaient divorcĂ© et s’étaient remariĂ©s chacun de leur cĂŽtĂ©. Il constate enfin qu'Herbert Graf, jeune homme, « n’avait gardĂ© aucun souvenir de sa cure psychanalytique »[8].

Herbert Graf, le premier metteur en scÚne d'opéra

« J’ai toujours pensĂ© que le metteur en scĂšne est l’homme invisible de l’opĂ©ra ou devrait l’ĂȘtre. C’est la nature mĂȘme de son travail de rester dans les coulisses, et de laisser les feux de la rampe Ă  l’Ɠuvre elle-mĂȘme. »

— Herbert Graf, 1972, « MĂ©moires d’un homme invisible »

Ainsi s'exprime l'homme, Herbert Graf, qui « a derriÚre lui presque cinquante ans de carriÚre internationale (Met de New York, débuts en Italie avec la Callas à la Scala, Opéra de Zurich puis de GenÚve) »[17].

Jeunesse (1903-1925)

Max Graf vers 1920

NĂ© Ă  Vienne, Autriche-Hongrie, le 10 avril 1903, Herbert Graf grandit dans un environnement d’artistes et d’intellectuels, en particulier musiciens[18] grĂące Ă  sa mĂšre, Olga nĂ©e Hoenig (1877-1961)[19], qui Ă©tait violoniste, et Ă  son pĂšre, Max Graf, critique musical, musicologue et professeur d’esthĂ©tique musicale au Musikwissenschaftlisches Institut de Vienne. Il acquiert ainsi dĂšs son plus jeune Ăąge un riche bagage culturel et le goĂ»t pour les innovations. En effet, son pĂšre, Max Graf, adepte dĂ©clarĂ© de FrĂ©dĂ©ric Nietzsche, proche de Gustave Mahler, Arnold Schoenberg et Richard Strauss[20], est passionnĂ© par les transformations culturelles, artistiques et politiques que connaĂźt Vienne au tournant du XXe siĂšcle. Il Ă©crit plusieurs ouvrages de musicologie, d’histoire de la musique, ainsi que de trĂšs nombreux articles sur des sujets non seulement musicaux, mais aussi politiques ou philosophiques. Il est l’un des rares critiques de l’époque Ă  apporter son soutien Ă  la rĂ©volution musicale initiĂ©e par Arnold Schoenberg[21] dont il pressent l’importance future[22].

Le jeune Herbert Graf est passionnĂ© dĂšs l’enfance par l’opĂ©ra. Son pĂšre lui fait profiter de ses billets de faveurs qu’il reçoit dans le cadre de son mĂ©tier, ce qui permet Ă  Herbert Graf de dĂ©velopper aisĂ©ment cette passion. Á cette Ă©poque, la mise en scĂšne des Ɠuvres lyriques vient de prendre un tournant Ă  Vienne, sous l’impulsion du scĂ©nographe Alfred Roller et du compositeur Gustave Mahler[23]. AprĂšs sa conversion au protestantisme, ce dernier avait Ă©tĂ© nommĂ© Ă  la direction de l’OpĂ©ra impĂ©rial de Vienne (aujourd'hui OpĂ©ra d'État de Vienne). Herbert Graf avait ainsi Ă©tĂ© sensibilisĂ© au dĂ©veloppement des innovations apportĂ©es par Mahler, qu’il appelle « parrain »[24], et par Roller, son futur professeur.

Max Graf recommande son fils auprĂšs du dramaturge Max Reinhardt.

Adolescent, Herbert Graf est envoyĂ© passer des vacances Ă  Berlin chez sa tante. Son pĂšre le recommande auprĂšs du dramaturge Max Reinhardt[25], ce qui permet au jeune Herbert de suivre assidument le travail de celui-ci. Max Reinhardt est alors en train d’opĂ©rer en Europe une rĂ©volution dans la mise en scĂšne thĂ©Ăątrale et dirige en pleine guerre trois thĂ©Ăątres berlinois. Á son retour de Berlin, Herbert Graf enthousiasmĂ© « sentit que c’était sa mission de faire pour l’opĂ©ra ce que Reinhardt avait fait pour le thĂ©Ăątre »[26]. Il se destine alors Ă  devenir metteur en scĂšne lyrique, un mĂ©tier qui, tel qu’on le comprend aujourd’hui comme interprĂšte de l’ensemble d’une Ɠuvre, n’existait pas encore. Á cette Ă©poque en effet, le dispositif de mise en scĂšne lyrique se limite le plus souvent aux tĂąches du rĂ©gisseur et rĂ©sulte d’un compromis entre l’historique des reprĂ©sentations d’une Ɠuvre dans une salle et les choix et exigences des chefs d’orchestre et des chanteurs Ă  un moment donnĂ©. Il n’y a donc aucune Ă©cole pour former Ă  cette profession. Herbert Graf opte pour une triple formation : chant Ă  l’Akademie fĂŒr Musik und Darstellende Kunst, piano et thĂ©orie musicale au Musikwissenschaftlisches Institut de l’UniversitĂ© de Vienne auprĂšs de Guido Adler, et construction de dĂ©cors auprĂšs d’Alfred Roller.

En 1925, il soutient sa thĂšse intitulĂ©e Richard Wagner, metteur en scĂšne[27]. Il y dĂ©finit ce qu’est la mise en scĂšne lyrique, son histoire, son dĂ©veloppement moderne et en propose une vision qualitative. Sont dĂ©jĂ  prĂ©sents des aspects pour lesquels Herbert se battra sa vie durant, tels que la dĂ©mocratisation de l’opĂ©ra, la mise en scĂšne basĂ©e sur la partition plutĂŽt que sur le livret, la cohĂ©rence et l’harmonisation des diffĂ©rentes composantes de la reprĂ©sentation lyrique. Pour le remercier de l’exemplaire qu’il lui a dĂ©dicacĂ©, Siegfried Wagner, le fils de Richard Wagner, invite Herbert Graf dans la loge familiale Ă  Bayreuth. Cette thĂšse est dĂ©diĂ©e Ă  Nietzsche, et ses deux pages d’introduction sont orientĂ©es par la conception du fantasme chez Sigmund Freud. On trouve ainsi dĂšs sa thĂšse la marque conceptuelle de la proximitĂ© d’Herbert Graf et de son entourage avec Nietzsche et avec la psychanalyse, en particulier avec la problĂ©matique freudienne de l’harmonie ou concordance (en allemand, Einstimmung[28]) dans la façon dont le jeune metteur en scĂšne va traiter les liens entre paroles, images et musique, et concevoir leurs effets sur un public.

DĂ©but de carriĂšre (1926-1933)

Ses Ă©tudes Ă  peine achevĂ©es, Herbert Graf souhaite quitter Vienne[29] dont le conservatisme lui paraĂźt un frein Ă  ses dĂ©sirs d’innovation. Ses premiers engagements de metteur en scĂšne le conduisent Ă  MĂŒnster en Allemagne, oĂč il travaille, de fait dĂšs 1925, puis Ă  Breslau et Ă  Frankfort, oĂč il crĂ©e l’opĂ©ra Von heute auf Morgen d’Arnold Schoenberg en 1929 et dirige l’école d’opĂ©ra au Conservatoire Hoch de 1930 Ă  1933.

Il travaille Ă©galement Ă  BĂąle, en Suisse, oĂč il met en scĂšne Arabella avec Richard Strauss au pupitre, ainsi qu’à Prague. Ses mises en scĂšne sont innovantes et parfois provocantes : un Lohengrin sans cygne, un Don Giovanni en smoking, et un FreischĂŒtz dans lequel Samuel est dĂ©sincarnĂ© et prĂ©sent uniquement sous la forme d’une voix sonorisĂ©e, une utilisation inhabituelle de la machinerie scĂ©nique, comme notamment Ă  Frankfort. Il acquiert ainsi une rĂ©putation d’ « enfant terrible ». Il met Ă©galement en scĂšne des opĂ©ras modernes, tels que Maschinist Hopkins de Max Brand et Grandeur et dĂ©cadence de la ville de Mahagonny de Kurt Weil.

États-Unis (1934-1945)

En 1934, Herbert Graf part une premiĂšre fois aux États-Unis. L’orchestre de Philadelphie, animĂ© du dĂ©sir de rĂ©volutionner la mise en scĂšne lyrique et de concurrencer le Metropolitan Opera de New York (le Met), lui a proposĂ© la crĂ©ation de productions d’opĂ©ras non conventionnelles, voire expĂ©rimentales, pour une saison. L’aventure se rĂ©vĂšle intĂ©ressante, mais ne sera pas reconduite pour des raisons financiĂšres[30]. Herbert Graf acquiert lĂ  aussi une rĂ©putation de bad boy qui lui fait craindre de voir se fermer les portes des grandes scĂšnes lyriques conventionnelles.

Entre 1935 et 1938, il continue de travailler en Europe et, particuliĂšrement l’étĂ©, pour les festivals europĂ©ens, notamment le Festival de Salzbourg[31], avec les plus prestigieux chefs d’orchestre de l’époque : Les MaĂźtres Chanteurs et La FlĂ»te EnchantĂ©e avec Arturo Toscanini Ă  Salzbourg[32], Fidelio et Don Giovanni avec Bruno Walter Ă  Paris, TannhĂ€user avec Wilhelm FurtwĂ€ngler Ă  l’OpĂ©ra d’État de Vienne.

Salle pleine pour un concert au Metropolitan Opera de New York en 1937.

Sa prĂ©sence rĂ©pĂ©tĂ©e sur les scĂšnes europĂ©ennes finit par attirer l’attention du directeur du Met de New York, Edward Johnson, qui en 1936, Ă  la grande surprise d’Herbert, lui adresse une proposition d’engagement. Celui-ci Ă©migre alors aux États-Unis. Selon le tĂ©moignage de Peter Clark, responsable des archives du Met, son contrat sera le premier Ă  porter le titre de metteur en scĂšne (stage director) au lieu de rĂ©gisseur de scĂšne (stage manager).

Sa premiĂšre mise en scĂšne au Met, Samson et Dalila, crĂ©Ă©e le 26 dĂ©cembre 1936, recueille de bonnes critiques[33]. Suivent de multiples mises en scĂšne, entre autres Les Contes d’Hoffmann en 1937, Otello en 1937, La Force du Destin en 1943, L’Anneau des Nibelungen en 1947. Son engagement au Met se poursuivra jusqu’en 1960[34].

En 1939, il est directeur de scĂšne et d’exploitation du spectacle d’inauguration de la Foire mondiale de New York. Cette mĂȘme annĂ©e, il entame Ă©galement une collaboration rĂ©guliĂšre avec l’opĂ©ra de MontrĂ©al, au Canada.

En 1941, il fonde le dĂ©partement lyrique du Berkshire Music Center Ă  Boston[35] - [36]. DĂ©sireux de voir l’opĂ©ra s’ouvrir Ă  toutes les classes sociales, il prend parti en faveur de la traduction des livrets d’opĂ©ra dans la langue du public local, et monte Ă  Philadelphie Les Noces de Figaro et Falstaff en anglais. En 1944, la National Broadcasting Company (NBC) de New York l’invite Ă  faire partie d’un petit groupe qui rĂ©aliser les premiĂšres retransmissions tĂ©lĂ©visuelles lyriques, puis le nomme directeur de son dĂ©partement lyrique[37].

Il prend la nationalité américaine en 1943.

Retour en Europe (1945-1960)

DĂšs la fin de la guerre, il part en Europe oĂč il est invitĂ© Ă  participer en tant que conseiller Ă  la reconstruction du Staatsoper de Vienne[38]. Il poursuit nĂ©anmoins son activitĂ© de directeur du dĂ©partement lyrique de la NBC jusqu’en 1946 et rĂ©alise en tout une dizaine de mises en scĂšne pour cette chaĂźne de tĂ©lĂ©vision, plus deux opĂ©ras Ă  la TĂ©lĂ©vision Italienne de Milan. Il se rend sporadiquement Ă  Hollywood, oĂč il travaille avec les chanteurs Mario Lanza et Lauritz Melchior, et contribue notamment Ă  la mise en scĂšne des parties lyriques du film de la Metro Goldwyn Mayer (M.G.M.) produit par Joe Pasternak, This Time for Keeps (1947), avec Esther Williams, dans une rĂ©alisation de Richard Thorpe.

Entre 1950 et 1960, il dirige le département lyrique du Curtis Institute de musique à Philadelphie. Il est aussi conseiller artistique et technique pour le plan du nouveau Théùtre du Festival de Salzbourg.

Son activitĂ© de metteur en scĂšne se poursuit au Met et bĂ©nĂ©ficie du nouveau souffle qu’apporte Rudolf Bing Ă  la tĂȘte du Met dĂšs 1950. Herbert Graf y est nommĂ© premier metteur en scĂšne. On peut estimer qu’entre 1936 et 1960, sur les 252 productions que consigne la base de donnĂ©es historiques du Met, il signe une centaine de mises en scĂšne nouvelles. La production d’un Don Giovanni avec Karl Böhm, dont il crĂ©e la mise en scĂšne en 1957, y sera reprise jusqu’en 1983 et mise Ă  l’honneur bien aprĂšs son dĂ©cĂšs lors des festivitĂ©s du 100e anniversaire du Met. Il travaille avec des stars lyriques comme Lotte Lehmann, Lily Pons, Kirsten Flagstad, Lauritz Melchior, Lawrence Tibbett, et des chefs d’orchestre renommĂ©s tels que Bruno Walter, Fritz Busch, George Szell, Fritz Reiner, Fritz Stiedry, Thomas Beecham, Dimitri Mitropoulos. Plus tard, il assistera et encouragera l’avĂšnement de nouveaux talents, tels que Nicolas Stevens, Jan Peerce, Leonard Warren, Eleanor Steber, Richard Tucker, Roberta Peters, Robert Merrill, ainsi que de plusieurs compositeurs et chefs d’orchestre.

Il multiplie aussi les rĂ©alisations hors du cadre du Met un peu partout aux États-Unis, dans de petites comme dans de grandes villes, notamment Ă  San Francisco, Cleveland, Chicago. À Colorado Springs[39], il crĂ©e un lieu de production lyrique en plein air, Red Rocks. Entre 1939 et 1960, il montera une douzaine d’opĂ©ras en français Ă  MontrĂ©al[40].

À partir de 1945 et jusqu’à la fin de sa vie, il continuera Ă  signer d’innombrables mises en scĂšne en Europe et aux États-Unis : au Festival de Salzbourg, il met en scĂšne notamment Otello en 1951 (dirigĂ© par Wilhelm FurtwĂ€ngler, avec RamĂłn Vinay), Don Giovanni en 1953 (dirigĂ© par FurtwĂ€ngler, dans la scĂ©nographie mythique de Clemens Holzmeister, avec Cesare Siepi, Elisabeth GrĂŒmmer et Elisabeth Schwarzkopf, spectacle qui fut Ă©galement filmĂ©), Elektra en 1957 (dirigĂ© par Dimitri Mitropoulos, avec Inge Borkh, Lisa Della Casa, Jean Madeira, Max Lorenz et Kurt Böhme), au Festival de VĂ©rone (ville qui lui dĂ©cerne le « Prix Orfeo » pour sa mise en scĂšne d’AĂŻda en 1955) et au Festival de Florence, ainsi qu’à Amsterdam, Londres (au Royal Opera House de Covent Garden, en 1958 et 1959), Venise, Naples, Bruxelles, Rome, Palerme, Milan oĂč, Ă  l’occasion du spectacle d’ouverture de la saison de La Scala en 1951, il accompagne les dĂ©buts de Maria Callas[41].

Suisse (1960-1973)

En 1960, il est nommĂ© directeur de l’OpĂ©ra de Zurich, oĂč sa premiĂšre production, un Otello avec James McCracken, obtient un vif succĂšs. Il fonde l’Association des amis de l’International Opera Studio de Zurich et s’attache Ă  moderniser le fonctionnement du thĂ©Ăątre. Une sĂ©rie de dĂ©saccords avec les autoritĂ©s de la ville, la tradition des employĂ©s du thĂ©Ăątre, une mĂ©sentente entre l'orchestre et un chef d'orchestre, et l’animositĂ© d’une certaine presse le poussent Ă  dĂ©missionner en 1962[42].

Il poursuit ses collaborations avec les opĂ©ras de nombreuses villes europĂ©ennes et amĂ©ricaines, et avec des festivals : ainsi, au Festival de Salzbourg, il monte Simone Boccanegra en 1961 (dirigĂ© par Gianandrea Gavazzeni, avec Tito Gobbi), puis La Rappresentazione di anima e di corpo d’Emilio de' Cavalieri, production crĂ©Ă©e en 1968 et reprise chaque annĂ©e jusqu’en 1973[43].

En 1965, Herbert Graf est nommé directeur au Grand Théùtre de GenÚve.

En 1965, il est nommé directeur général du Grand Théùtre de GenÚve et obtient la scission de la direction en deux postes : la direction artistique et la direction administrative, innovation qui se répandra ensuite dans presque toutes les salles lyriques du monde.

Il est convaincu qu’une scĂšne lyrique trouve sa richesse dans le mĂ©lange entre artistes locaux et artistes internationaux, entre artistes reconnus et jeunes prometteurs. À GenĂšve comme Ă  Zurich, il fait venir des interprĂštes Ă©trangers de premier plan (Lisa Della Casa, Inge Borkh ou Teresa Berganza), tout en s’attachant la collaboration de chanteurs, de compositeurs et de chefs d’orchestre suisses (Heinrich Sutermeister, Arthur Honnegger, Ernest Ansermet). « Au cours des huit saisons de sa direction, il hisse le Grand ThĂ©Ăątre au rang des meilleurs thĂ©Ăątres lyriques d’Europe. »[44]

Par ailleurs, il participe en tant que conseiller Ă  la rĂ©novation du Grand ThĂ©Ăątre de GenĂšve, ainsi qu’à la construction du nouveau Metropolitan Opera de New York. Ces demandes de conseils, adressĂ©es au metteur en scĂšne d’expĂ©rience qu’il est alors devenu, consacrent l’importance qu’il a toujours accordĂ©e Ă  l’architecture des scĂšnes lyriques[45] et Ă  leur histoire, ainsi qu’aux dimensions pratiques de la rĂ©alisation des spectacles. Non seulement l’architecture d’une salle lyrique reflĂšte la division en classes d’une sociĂ©tĂ© donnĂ©e, mais elle dĂ©termine aussi partiellement la façon dont le metteur en scĂšne va rĂ©gler l’action scĂ©nique en tenant compte ou non du regard et de l’écoute du public (le fameux « quatriĂšme mur » imaginaire entre la scĂšne et la salle de Wolfgang von Goethe et Denis Diderot).

Herbert Graf dĂ©pose, aux États-Unis en 1965, un brevet portant sur deux dispositifs scĂ©niques, qui proposent un concept de captation en salle des images et du son adaptĂ© Ă  la mĂ©tamorphose de la relation entre Ɠuvre lyrique et public que crĂ©ent, pour la rĂ©ception d’un opĂ©ra, les retransmissions tĂ©lĂ©visĂ©es[46].

De plus, durant sa direction au Grand ThĂ©Ăątre de GenĂšve, s’inspirant du modĂšle amĂ©ricain des workshops et de ses prĂ©cĂ©dentes expĂ©riences, il crĂ©e un Centre lyrique international destinĂ© Ă  la formation de jeunes chanteurs et, en 1969, l’École de danse du Grand ThĂ©Ăątre. Il engage de jeunes chanteurs comme JosĂ© van Dam, Éric Tappy, Della Jones, Evelyn Brunner et lance ainsi leur carriĂšre, et encourage l’ascension de jeunes chefs d’orchestre tels que Carlos Kleiber. Il invite Ă©galement des chanteurs accomplis, comme Graziela Sciutti, pour des Master Classes. Il privilĂ©gie la crĂ©ation de nouvelles productions et cherche un Ă©quilibre entre tradition et innovations : il met en scĂšne Raskolnikov d’Heinrich Sutermeister ; La FlĂ»te enchantĂ©e dans des costumes et dĂ©cors d’Oskar Kokoschka qu’il fait venir Ă  GenĂšve en 1965 ; Jeanne d’Arc au bĂ»cher d’Arthur Honegger dirigĂ© par Ernest Ansermet en 1966 ; Aida de Verdi avec Georges WakhĂ©vitch en 1969 ; la mĂȘme annĂ©e, reprise de la version originale de Boris Godounov de Moussorgsky, dont la captation sera transmise en 1970 par la TĂ©lĂ©vision Suisse Romande (TSR) ; Belshazzar, oratorio de Haendel en 1972[47].

Enfin, comme Ă  Zurich, il dĂ©veloppe le domaine du broadcast, avec des retransmissions radio et tĂ©lĂ©visuelles des opĂ©ras, ceci afin de rendre l’art lyrique accessible Ă  tous, ce qui a Ă©tĂ© une prĂ©occupation majeure et constante de son activitĂ© de metteur en scĂšne comme de directeur d’opĂ©ra.

Entre 1968 et 1972, suivant les notes et dessins d’Adolphe Appia[48], il conçoit entiĂšrement la scĂ©nographie, les dĂ©cors et les costumes d’une nouvelle production du Ring dont on trouvait dĂ©jĂ  les prĂ©misses dans sa thĂšse de 1925, puis un Parsifal avec Armin Jordan.

En 1971, il signe un film de la Rappresentatione di Anima e di Corpo d’Emilio de' Cavalieri, avec notamment JosĂ© van Dam, le ballet et le chƓur du Festival de Salzbourg, pour l’Österreischicher Rundfunkt (O.R.F.) et Zweites Deutsches Fernsehen (Z.D.F.).

On peut suivre depuis sa thĂšse et dans les ouvrages qu’il a publiĂ©s en allemand et en anglais au fil de sa vie, l’élaboration continue Ă  laquelle Herbert Graf a soumis la façon de conduire ce mĂ©tier de metteur en scĂšne lyrique qu’il avait inventĂ©, avec les problĂšmes artistiques qui l’ont animĂ© depuis l’adolescence. L’interview qu’il accorde en 1970 Ă  la revue amĂ©ricaine Opera News sous l’intitulĂ© MĂ©moires d’un homme invisible, dessine un bilan rĂ©trospectif de son Ɠuvre, de mĂȘme que l’autobiographie qu’il a commencĂ© Ă  Ă©crire, mais que son dĂ©cĂšs ne lui a pas laissĂ© le temps de finir ni de publier.

À la suite du choc causĂ© par un accident sur la scĂšne du Grand ThĂ©Ăątre, Herbert Graf tombe malade. Il dĂ©cĂšde moins d’une annĂ©e aprĂšs, en avril 1973, peu avant son 70e anniversaire.

Publications d'Herbert Graf

  • (de) Herbert Graf, Wagner als Regisseur, Studien zu einer Entwicklungsgeschichte der Opernregie, tapuscrit, 1925. Traduction française par François Dachet et Marc Dorner, Richard Wagner Metteur en scĂšne, Cahiers de l‘UnebĂ©vue, L’unebĂ©vue Ă©diteur, Paris, 2011, (ISBN 9782914596312) - Exemplaire original en allemand dĂ©posĂ© et consultable Ă  la BibliothĂšque de GenĂšve, Suisse (Manuscrits et archives privĂ©es, fonds Graf).
  • (de) Das Repertoire der öffentlichen Opern- und SingspielbĂŒhnen in Berlin seit dem Jahre 1771, DĂŒnnebeil, Berlin, 1934.
  • (en) The Opera and its Future in America, 1941.
  • (en) Opera for the people, New York, Da Capo Press, (1re Ă©d. University of Minnesota Press, 1951) (ISBN 0-306-70984-8)
  • (en) Producing Opera for America, ZĂŒrich / New-York, Atlantis Books, 1961, reprint 1963.
  • (de) Das Repertoire der öffentlichen Opern und SingspielbĂŒhne in Berlin seit 1771, Afa-Verlag, H. DĂŒnnebeil, 1934.
  • The opera and its Future in America, New York, W.W. Norton Company, 1941.
  • (en) Opera for the People, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1951. Reprint: Da Capo Press, 1973.
  • (de) Aus der Welt der Oper, Atlantis Verlag, ZĂŒrich, 1960.
  • Richard Wagner, metteur en scĂšne, Ă©tude pour une histoire du dĂ©veloppement de la mise en scĂšne Ă  l’opĂ©ra. Traduction par François Dachet et Marc Dorner de la thĂšse de 1925, Wagner als Regisseur, L’unebĂ©vue-Ă©diteur, Cahiers de l'UnebĂ©vue, ISSN 1284-8166, Paris, 2011.
  • (en) Memoirs of an Invisible Man, interview par Francis Rizzo, Opera News, 5, 12, 19, et 26 fĂ©vrier 1972. Traduction française, MĂ©moires d’un homme invisible, ISSN 1168-948X, supplĂ©ment au n°3 de L’unebĂ©vue, 1993, 48p. Les citations de ce texte sont rĂ©fĂ©rencĂ©es ici Ă  la version française, avec en complĂ©ment l’indication de la date de parution dans la revue Opera News notĂ©e entre parenthĂšse ainsi : (O.N. 05/02/72).

Enregistrements vidĂ©o ou audio encore accessibles aujourd’hui

  • Le Nozze di Figaro, Wolfgang Amadeus Mozart (dvd), avec Rehfuss, Pobbe, Rossi Lemeni, Carteri, Gary Falachi, Gatta, Campi, Villa, Alva, costumes et dĂ©cors Colasanti, Orchestre et ChƓur de Milan de la Radio tĂ©lĂ©vision Italienne, direction Nino Sanzogno, mise en scĂšne Herbert Graf, Rai Trade, Hardy Classic SpA, 1956.
  • Otello, Giuseppe Verdi (dvd), Venezia, cortile di Palazzo Ducale, 6 Agosto 1966, avec Ferraro, Gobbi, Londi, DĂ©cors et costumes Colasanti et Moore, Orchestre et ChƓur du ThĂ©Ăątre La Fenice, direction Nino Sanzogno, mise en scĂšne Herbert Graf, Rai, Hardy Classic, Association Musicale Tito Gobbi, 2013.
  • Festival of Music, Vol. 1, Producers’ Showcase (dvd), complete live telecast of January 30, 1956, avec Anderson, Bjoerling, Milanov, Miller, Peerce, Peters, Piatigorsky, Rubinstein, Stern, Steven, Tebaldi, Warren, Showcase Symphony Orchestra and Chorus, chef d’orchestre Max Rudolf, Showcase Productions, New-York City, Video Artists International VAI, 1956.
  • Festival of Music, Vol. 2, Producers’ Showcase (dvd), complete live telecast of December 10, 1956, avec Anderson, Christoff, De Los Angeles, Morell, Moscona, Rubinstein, Segovia, Showcase Symphony Orchestra and Chorus, chef d’orchestre Alfred Wallenstein, mise en scĂšne Herbert Graf, Showcase Productions, New-York City, Video Artists International VAI, 1956.
  • Falstaff, Giuseppe Verdi (dvd), avec Taddei, Carteri Barbieri, Moffo, Alva, Colombo avec l’orchestre et le chƓur de la Radio TĂ©lĂ©vision Italienne de Milan, chef d’orchestre Tullio Serafin, mise en scĂšne Herbert Graf, RAI Trade, 1956, Video Artists International VAI, 2005.
  • Don Giovanni, Wolfgang Amadeus Mozart (vidĂ©o web), avec Siepi, Edelmann, GrĂŒmmer, Della Casa, Dermota, Berger, Berry, Ernster, dĂ©cors Clemens Hozmeister, ChƓur de l’OpĂ©ra d’État de Vienne, Orchestre Philharmonique de Vienne, direction Wilhelm FurtwĂ€ngler, mise en scĂšne Herbert Graf, rĂ©alisation Paul Czinner, Festival de Salzbourg, 1954, I.R. Maxwell Distribution Ltd., Harmony Films, Ă©ditĂ© sur le web par Olrix, www.olrix.com.
  • AĂŻda, Giuseppe Verdi, 1963, RAIONU.
  • Aida, Giuseppe Verdi, Arena di Verona 9 Agosto 1966 (dvd), Hardy Classic Video, avec Gencer, Cossotto, Bergonzi, Colzani, Capuana, Orchestre et ChƓur des ArĂšnes de VĂ©rone, direction Franco Capuana et le Ballet du ThĂ©Ăątre de Kirov, mise en scĂšne Herbert Graf, RAI – aussi visible sur Youtube.
  • Beatus Vir, Oratorio, Antonio Vivaldi (disque vinyle), Pro Musica Orchestra Stuttgart, avec Sailer, Kiefer, BĂŒller, Herbert Graf (tĂ©nor), direction Hans Grischkat, Lyrichord LL95, Vox, 1952.
  • Boris Godounov, Moussorsky, partition originale, performance1970, Archive de l’Institut National Audiovisuel.

Notes et références

Notes

  1. D'aprÚs la notice des OCF.P, le mot Wiwimacher est vraisemblablement forgé par Hans, sans doute à partir de wiescherln, « uriner », dans le langage autrichien enfantin.
  2. A noter que le Petit Hans et son « fait-pipi » ont intégré le champ littéraire: Mathias Enard, dans son roman Boussole (prix Goncourt 2015), s'y réfÚre, ainsi qu'à Freud (cf. pp. 99-100 de l'édition Actes Sud, Arles, 2015 (ISBN 978-2-330-05312-3).
  3. D'aprĂšs la notice des OCF.P, le mot Lumpf [prononcer « loumpf »], inventĂ© par Hans pour dĂ©signer les selles, pourrait ĂȘtre une dĂ©formation de Strumpf [prononcer « Stroumpf] », « bas » ou « chaussette ».

Références

  1. MĂ€chtlinger 2005, p. 722.
  2. Roudinesco et Plon 2011, p. 583.
  3. Alain Rauzy, « Notice » pour Sigmund Freud, « analyse de la phobie d'un garçon de cinq ans », dans OCF.P vol. IX : 1908-1909, Paris, PUF, 1998, (ISBN 2-13-049653-9), p. 2-4.
  4. François Perrier, « Phobie (psychanalyse) », sur www.universalis.fr (consulté le ).
  5. MĂ€chtlinger 2005, p. 97.
  6. Éric Laurent, « Le petit Hans et son « fait-pipi » », La Cause freudienne, 2006/3 (N° 64), p. 27-32. DOI : 10.3917/lcdd.064.0027. [lire en ligne]
  7. Roudinesco et Plon 2011, p. 584.
  8. Jean-Michel Quinodoz, « Analyse de la phobie d'un garçon de cinq ans (Le petit Hans), S. Freud (1909b) », dans Jean-Michel Quinodoz, Lire Freud. DĂ©couverte chronologique de l’Ɠuvre de Freud, Paris, Presses universitaires de France, (ISBN 9782130534235), p. 99-108 [lire en ligne]
  9. Roudinesco et Plon 2011, p. 584-585.
  10. Roudinesco et Plon 2011, p. 585.
  11. Roudinesco et Plon 2011, p. 585-586.
  12. Roudinesco et Plon 2011, p. 586.
  13. Roudinesco et Plon 2011, p. 586-587.
  14. Roudinesco et Plon 2011, p. 587.
  15. Roudinesco et Plon 2011, p. 587-588.
  16. Roudinesco et Plon 2011, p. 588.
  17. Serge BédÚre, « En passant par Hans, la trajectoire de Herbert : panorama sur la phobie », Figures de la psychanalyse, 2009/2 (no 18), p. 133-151. DOI : 10.3917/fp.018.0133, [lire en ligne].
  18. Herbert Graf, Memoirs of an Invisible Man, op.cit., p. 23
  19. Cf. "Olga Graf (Hönig)" in Geni.com (en ligne): https://www.geni.com/people/Olga-Graf/6000000021301655456 (consulté le 10.03.2022).
  20. Max Graf, Geschichte und Geist der Modernen Musik, Humboldt Verlag, 1953; et Max Graf, Wiener Oper, Humboldt, Wien und Frankfurt, 1965
  21. Esteban Buch, Le cas Schoenberg, Naissance de l'avant-garde musicale, Paris, Gallimard, 2006, (ISBN 2-07-077924-6)
  22. Max Graf, Geschichte und Geist der Modernen Musik, Humboldt Verlag, 1953. & Wiener Oper, Humboldt, Wien und Frankfurt, 1965.
  23. Henry-Louis de La Grange, Gustav Mahler, Fayard, Paris, 1979, (ISBN 2-213-00661-X)
  24. Herbert Graf, Memoirs of an Invisible Man, op.cit., p. 26
  25. Herbert Graf, Memoirs of an Invisible Man, op. cit., p. 27
  26. Herbert Graf, Memoirs of an Invisible Man, op. cit., p. 23
  27. Herbert Graf, Wagner als Regisseur, Studien zu einer Entwicklungsgeschichte der Opernregie, tapuscrit, 1925. Traduction française par François Dachet et Marc Dorner, Richard Wagner Metteur en scĂšne, Cahiers de l‘UnebĂ©vue, L’unebĂ©vue Ă©diteur, Paris, 2011, (ISBN 9782914596312) - Exemplaire original en allemand dĂ©posĂ© et consultable Ă  la BibliothĂšque de GenĂšve, Suisse (Manuscrits et archives privĂ©es, fonds Graf).
  28. Sigmund Freud, Der Witz und seine Beziehung zum Unbewussten, et Die Traumdeutung, in Gesammelte Werke, VI & II/III, Fischer Taschenbuch Verlag, Frankfurt am Main, 1999, (ISBN 3-596-50300-0); et François Dachet, Hommage sonore et musical Ă  l’homme invisible, PrĂ©sentation de Richard Wagner Metteur en scĂšne, Cahiers de l‘UnebĂ©vue, L’unebĂ©vue Ă©diteur, Paris, 2011, p. 29-38
  29. Herbert Graf, Aus der Welt der Oper, Atlantis Verlag, ZĂŒrich, 1960, pp.8-9
  30. Herbert Graf, Memoirs of an Invisible Man, op. cit. p. 36
  31. Comme le dit l'EncyclopÊdia Universalis, « Pour succéder à Max Reinhardt et aux légendaires décors d'Alfred Roller [à savoir les fondateurs du Festival de Salzbourg], les metteurs en scÚne principaux des années 1930 sont Lothar Wallerstein, Herbert Graf et Richard Kautsky. » (cf. Jean-Michel BrÚque, Matthieu Chéreau, Jean Chollet, Philippe Dulac, Christian Merlin, Nicole Quentin-Maurer, « Festivals » in EncyclopÊdia Universalis, [lire en ligne] (consulté le 10.03.2022).
  32. "Die Salzburger Festspiele, Ihre Geschichte in Daten, Zeitzeugnissen und Bildern", Band I 1920-1945, Edda Fuhrich, Gisela Prossnitz, Residenz Verlag, Salzburg und Wien, 1990, pp.170, 185-188, 193, 202, 207, 220
  33. Metropolitan Opera Archives, Review by W.-J. Henderson, The New York Sun, 1936. Base de données historiques, site Internet du Met de New York, [lire en ligne]
  34. Archives du Metropolitan Opera de New York (metopera.org/)
  35. "The TMC Vocal Program at 75 - Voices Constant Yet Changing" by Richard Dyer, History of the TMC, The Tanglewood Music Center, 2015, www.bso.org
  36. "Critic's Notebook; As Tanglewood Marks a 50th, Let the Cavils Not Be Sounded", The New York Times, Harold C. Schonberg, 4.7.1990
  37. "Video Days, A historical survey of opera on television" by Peter Wynne, Opera News, June 1998
  38. Herbert Graf, « Cent ans d’opĂ©ra sur le Ring », in Herbert Graf, la vie sur la scĂšne, Superflux, n° 4/5, 2011, p.92. Edition originale dans la revue viennoise Die Presse, 24-25 mai 1969
  39. Herbert Graf, Opera for the People, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1951, plate 103, p. 242-243
  40. Sauf mention contraire, dans ce qui suit les dates concernant la carriÚre et les réalisations de Herbert Graf ont été relevées dans son Curriculum Vitae (déposé et consultable à la BibliothÚque de GenÚve, Manuscrits et archives privées, fonds Graf), dans les archives de la revue Opera News ou dans celles du Metropolitan Opera de New York.
  41. Archives historiques du Teatro alla Scala
  42. Konrad Kuhn, "Ein Theater der BĂŒrger. Chronik 1834-2009", in Festschrift zu 175-jĂ€hrigen JubilĂ€um, Opernhaus ZĂŒrich, pp. 46-49
  43. Archives du Festival de Salzbourg, en ligne: www.salzburgfestival.at
  44. Alain Perroux, "Herbert Graf" in Andreas Kotte (Ă©d.), Dictionnaire du thĂ©Ăątre en Suisse, Chronos Verlag, ZĂŒrich, 2005, vol. 1, p. 742. (ISBN 3-0340-0715-9); et Roger de Candolle, Histoire du thĂ©Ăątre de GenĂšve, GenĂšve, 1978, p. 5
  45. Herbert Graf, Wagner als regisseur, Studien zu einer Entwicklungsgeschichte der Opernregie, tapuscrit, 1925 - traduction française par François Dachet et Marc Dorner, Richard Wagner Metteur en scĂšne, Cahiers de L’UnebĂ©vue, L’unebĂ©vue Ă©diteur, Paris, 2011, p.107; Herbert Graf, Memoirs of an Invisible Man, op. cit. p. 51-61; Herbert Graf, Producing opera for America, Atlantis Books, ZĂŒrich/New York, 1961, Part III
  46. United States Patent Office, Theater seating structure having a television equipment chamber, Patented, October, 12, 1965
  47. Archives du Grand Théùtre de GenÚve, en ligne: archives.geneveopera.ch
  48. Adolphe Appia, ƒuvres complùtes, Tome 2, Éditions l’ñge d’homme, Genùve, 1986

Voir aussi

Textes de référence
Études

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • Jacques AndrĂ©, « PrĂ©face Ă  Sigmund Freud, Le Petit Hans. Analyse de la phobie d'un garçon de cinq ans », dans Sigmund Freud, Cinq psychanalyses, Quadrige/PUF, (ISBN 978-2-13-056198-9), p. 147-156.
  • Jacques AndrĂ©, « Le Petit Hans », dans Jacques AndrĂ© (dir.), Lectures de Freud, Presses universitaires de France, coll. « Petite bibliothĂšque de psychanalyse », (lire en ligne), p. 41-55.
  • Serge BĂ©dĂšre, « En passant par Hans, la trajectoire de Herbert : panorama sur la phobie », Figures de la psychanalyse, 2009/2 (no 18), p. 133-151. DOI : 10.3917/fp.018.0133, [lire en ligne]. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean Bergeret, Le « petit Hans » et la rĂ©alitĂ©, ou Freud face Ă  son passĂ©, Paris, Payot, , 245 p. (ISBN 2-228-22430-8).
  • Harold P. Blum : « Le petit Hans : une critique et remise en cause centenaire » (traduction) in Topique, 2007/1, n° 98, p. 135-148, [lire en ligne] (consultĂ© le 9.03.2022).
  • Bruno Clavier, « Le petit Hans ou la phobie du cheval grand-pĂšre », Le Coq-HĂ©ron, 2015/4 (N° 223), p. 132-144. DOI : 10.3917/cohe.223.0132. [lire en ligne]
  • Jacques Lacan, Le SĂ©minaire, livre IV, La relation d’objet (1956-1957), Paris, Éditions du Seuil, 1994.
  • Jean Laplanche, « L'“Angst” dans la nĂ©vrose », dans Jean Laplanche, ProblĂ©matiques I. L'angoisse, Paris, Presses universitaires de France, (1re Ă©d. 1980) (ISBN 2 13 036989 8), p. 77-97.
  • Éric Laurent, « Le petit Hans et son « fait-pipi » », La Cause freudienne, 2006/3 (N° 64), p. 27-32. DOI : 10.3917/lcdd.064.0027. [lire en ligne] Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Veronica MĂ€chtlinger, « analyse de la phobie d'un garçon de cinq ans (le petit Hans) », dans Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse, (1re Ă©d. 2002), p. 96-98. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Veronica MĂ€chtlinger, « Graf, Herbert », dans Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse, (1re Ă©d. 2002), p. 722. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Nicole Oury, « Hans, le dĂ©couvreur », Psychanalyse Ă  l'universitĂ©, vol. 19, no 74, 1994, p. 121-131.
  • François Perrier, « Phobie (psychanalyse) », sur www.universalis.fr (consultĂ© le ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean-Michel Quinodoz, « Analyse de la phobie d'un garçon de cinq ans (Le petit Hans), S. Freud (1909b) », dans Jean-Michel Quinodoz, Lire Freud. DĂ©couverte chronologique de l’Ɠuvre de Freud, Paris, Presses universitaires de France, (ISBN 9782130534235), p. 99-108 [lire en ligne] Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Alain Rauzy, « Notice » pour Sigmund Freud, « analyse de la phobie d'un garçon de cinq ans », dans OCF.P vol. IX : 1908-1909, Paris, PUF, 1998, (ISBN 2-13-049653-9), p. 2-4. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Elisabeth Roudinesco et Michel Plon, Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Fayard, coll. « La PochothĂšque », (1re Ă©d. 1997), 1789 p. (ISBN 978-2-253-08854-7), « Graf Herbert (1903-1973), cas “le petit Hans”, Graf Max (1873-1958) », p. 583-593, 594-596. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
Ouvrages de Max Graf
  • Max Graf, « RĂ©miniscences du Professeur Freud », Ă©dition originale in Psychoanalytic quarterly, n°11, 1942, traduction in Figures de la psychanalyse 2006/2 (n° 14), p. 153-162, en ligne: https://www.cairn.info/revue-figures-de-la-psy-2006-2-page-153.htm (consultĂ© le 10.03.2022).
  • Max Graf, prĂ©sentation du texte de Freud Personnages psychopathiques sur la scĂšne (texte publiĂ© in Sigmund Freud, RĂ©sultats, idĂ©es, problĂšmes I, 1890-1920, Paris, PUF, 1984, p. 123-129) in SupplĂ©ment au n°3 de L’unebĂ©vue, ISSN 1168-948X, 1993, 65 p.
  • (de) Max Graf, Wagner Probleme, Wiener Verlag, 1900, [lire en ligne]. Le premier chapitre est traduit sous le titre Le cas Nietzsche-Wagner, Buchet/Chastel & L’unebĂ©vue-Ă©diteur, Paris, 1999. (ISSN 1284-8166).
  • (de) Max Graf, Die innere Werkstatt des Musikers, Wiener Verlag, 1900.Traduction L’atelier intĂ©rieur du musicien, ( (ISBN 2-283-01810-2) & (ISBN 2-908855-45-3)) , Buchet/Chastel & EPEL, Paris, 1999.
  • (en) Max Graf, Composer and Critic : Two Hundred Years of Musical Criticism, Port Washington, N.Y. Kennikat Press, 1969. http://archive.org/details/composercritictw0000graf.
  • (en) Max Graf, From Beethoven To Shostakovich - The Psychology of the Composing Process, New York, Philosophical Library, 1947, rĂ©Ă©dition Coss Press, 2008, (ISBN 9781443721639), [lire en ligne].
Autres ouvrages
  • Archives de la revue Opera News : www.operanews.com/archives/698/TVopera698.html.
  • Roger de Candolle, Histoire du ThĂ©Ăątre de GenĂšve, GenĂšve, 1978. Ouvrage dĂ©diĂ© Ă  la mĂ©moire de Herbert Graf et comportant de nombreuses illustrations de ses mises en scĂšne les plus rĂ©centes.
  • John Carpenter, Shirley Walker, Chevy Chase, Daryl Hannah et Sam Neill. Les aventures d’un homme invisible. Paris : Productions et Ă©ditions cinĂ©matographiques françaises (Ă©d.) (Warner home video France [distrib.], 1993.
  • François Dachet, De la sensibilitĂ© artistique du professeur Freud, L’unebĂ©vue n°3, 1993, 7-38. (ISSN 1168-948X).
  • François Dachet, L’innocence violĂ©e ? Le petit Hans / Herbert Graf, devenir metteur en scĂšne d’opĂ©ra, Cahiers de l’UnebĂ©vue, L’UnebĂ©vue Ă©diteur, Paris, 2008. (ISSN 1284-8166) (ISBN 2-914596-21-9).
  • François Dachet, « « Wagner metteur en scĂšne » », Topique, 2014/3 (n° 128), p. 125-133. DOI : 10.3917/top.128.0125. [lire en ligne]
  • Boris Goldovsky et Cate Curtis, My road to opera : the recollections of Boris Goldovsky, Boston, Houghton Mifflin, 1979.
  • Serge Hajlblum et Colette Misrahi, « Champ phobique : le petit Hans », Tel Quel, no 70, 1977, 61‑75. ISSN 0040-2419.
  • Eaton Quain, The miracle of the Met, Meredith Press, New York, 1968.
  • Colette Misrahi et Pierre ThĂšves, La visite, Littoral, 1, 1981. .
  • Alain Perroux, « Herbert Graf » in : Kotte, Andreas (Ed.), Dictionnaire du thĂ©Ăątre en Suisse, Chronos Verlag, ZĂŒrich 2005, vol. 1, p. 742. (ISBN 3-0340-0715-9).
  • La vie sur la scĂšne, Superflux n°4/5, (ISBN 978-2-91-4596-31-2), ISSN 1284-8166, L’unebĂ©vue-Ă©diteur, Paris, 2011, 172 p. Actes du Colloque Herbert Graf metteur en scĂšne, Richard Wagner entre Sigmund Freud et Max Reinhardt, OpĂ©ra de Paris, 2011.

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