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Grotte de Coupe-Gorge

La grotte de Coupe-Gorge est l'une des grottes de Montmaurin, sites préhistoriques situés dans les gorges de la Seygouade, dans la commune de Montmaurin, en Pays Comminges Pyrénées, dans le Sud de la Haute-Garonne, dans la région Occitanie, en France.

Grotte de Coupe-Gorge
Localisation
Coordonnées
43° 13′ 48″ N, 0° 37′ 56″ E
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Massif
Vallée
gorges de la Seygouade
Localité voisine
lieu-dit de Coupe-Gorge
Voie d'accès
D633
Caractéristiques
Type
Altitude de l'entrée
333 m
Longueur connue
25 m
Type de roche
calcaire Danien
Cours d'eau
Occupation humaine
DĂ©couverte
1945
Patrimonialité
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Son remplissage, qui couvre quelque 400 000 ans, a livrĂ© des vestiges humains du PalĂ©olithique moyen, datĂ©s d'environ 200 000 ans, ce qui correspond Ă  la pĂ©riode interglaciaire du stade isotopique 7[1]. D'autres fossiles datent de la pĂ©riode glaciaire du stade isotopique 6, de l'interglaciaire Éémien (environ 130 000 Ă  115 000 ans), ou du stade isotopique 5a-d (dĂ©but de la glaciation de WĂĽrm). Bien que le plus ancien d'entre deux soit plus ou moins contemporain de la mandibule de Montmaurin, trouvĂ©e dans la Niche (cavitĂ© voisine de Coupe-Gorge dans le mĂŞme ensemble de grottes), les fossiles de la grotte de Coupe-Gorge ont Ă©tĂ© longtemps presque oubliĂ©s.

Situation

Les grottes de Montmaurin, dont la grotte de Coupe-Gorge, sont dans le sud de la Haute-Garonne, Ă  93 km au sud-ouest de Toulouse, 60 km Ă  l'est de Tarbes, 20 km au nord-ouest de Saint-Gaudens et 800 m au nord-ouest de Montmaurin. Elles se trouvent dans les gorges de la Seygouade, affluent de la Save et sous-affluent de la Garonne. Au niveau des grottes de Montmaurin, la Seygouade se trouve Ă  308 m d'altitude[2] - [3] - [4].

Les grottes de Montmaurin sont réparties sur trois hauteurs sur une paroi verticale de calcaire. Elles incluent la grotte Boule (appelée aussi grotte de Montmaurin car elle seule était visible jusque vers le milieu du XXe siècle), la Terrasse, le Putois, le Coupe-Gorge, la Niche et quelques autres. Elles sont plus ou moins reliées entre elles, constituant un important réseau karstique drainé par la Seygouade[5].

Coupe-Gorge est au niveau intermédiaire, à la verticale de la grotte Boule[n 1] qui se trouve à l'étage sus-jacent[7] - [8] - [9] - [10], et au même niveau que la Niche où Raoul Cammas a trouvé en 1949 la « mandibule de Montmaurin »[11] - [12].

Elles sont très proches des gorges de la Save, qui se trouvent à km en bordure est et nord-est de Montmaurin et ont livré la célèbre Vénus de Lespugue (Gravettien).

Historique

L'exploitation de carrières dans les environs proches a commencé de façon artisanale à la fin du XIXe siècle et s'est amplifiée au XXe siècle[13]. Celle sur l'emplacement des grottes est la carrière Miro[14]. Alors que progresse le front de carrière, des grottes sont révélées[13] juste après la Seconde Guerre mondiale. Le 21 septembre 1945 les grottes nouvellement dévoilées reçoivent la visite de l'abbé Henri Breuil et d'Henri Begouën, qui en confient les fouilles à Louis Méroc[15].

Ces fouilles vont durer de 1946 à 1961[16]. Méroc cite les participants aux premières fouilles, d'avril et septembre 1946 sur cette grotte : MM. Baylac, (Raoul) Cammas, Mothe, M. et Mme Simonnet et leur fils Robert, M. Troutte et lui-même[17]. Il se concentre principalement sur Coupe-Gorge[16], mais après qu'il a repéré, sur le site de la Terrasse, les quartzites taillés dans des sédiments surmontant un lit de galets roulés, il fouille la Terrasse conjointement avec Georges Laplace[18] et s'intéresse aussi à la grotte Boule (sondages en 1947, 1948 et 1956). Cependant il trouve tout juste le temps de publier quelques courtes notices entre 1947 et 1954 (Méroc 1947, 1948, 1952, 1954).

En 1979 Claire Gaillard soutient sa thèse de doctorat sur l'outillage lithique de Coupe-Gorge[19]. Girard & Renault-Miskovsky publient l'étude palynologique de la grotte en 1979.

En 2017 l'équipe d'Amélie Vialet reprend l'étude des grottes de Montmaurin et commence une nouvelle campagne de fouilles[20] - [21].

GĂ©ologie

Les grottes de Montmaurin sont à l'extrême nord-ouest de la formation géologique des Petites Pyrénées, prolongement de l'anticlinal du massif du Plantaurel. Selon Girard (1973), elles sont creusées dans le calcaire marin du Danien[2] (entre 66,0 et 61,6 millions d'années), premier étage du Paléocène, dans l'ère Cénozoïque (Tertiaire). La carte géologique indique le Dano-Montien (e1, couleur rouge brique clair sur la carte géologique[22]) : calcaires sublithographiques à algues et milioles[23].

Description

La grotte de Coupe-Gorge est une assez grande cavitĂ© qui mesure 25 m de long et m de large. Son remplissage archĂ©ologique Ă©pais et diversifiĂ© n'a Ă©tĂ© que partiellement fouillĂ©[n 2]. Il a une hauteur de m et s'est accumulĂ© durant 400 000 ans[25].

En 1948 Méroc mentionne « les 4 ouvertures de la Grotte de Coupe-Gorge, la dernière au nord encore obstruée par le remplissage »[14]. À notre connaissance, aucun autre auteur ne mentionne quatre ouvertures. Méroc a peut-être inclus dans son décompte d'ouvertures la fissure de la Niche, voisine immédiate de Coupe-Gorge du côté nord[8].

Dans le plafond de la grotte, une « cheminĂ©e » ascendante est obstruĂ©e par une brèche contenant un grand nombre d'ossements mĂŞlĂ©s de quartzites taillĂ©s. Par cette voie, la grotte de Coupe-Gorge a reçu, durant le PalĂ©olithique supĂ©rieur, des apports d'un gisement moustĂ©roĂŻde situĂ© au-dessus, sans doute de la grotte Boule ouverte 15 m plus haut, qui renferme une brèche Ă  faune chaude avec Machairodus[17].

Stratigraphie, occupation

Sa sĂ©rie stratigraphique comprend une belle sĂ©quence centrĂ©e sur lĂ  dernière pĂ©riode interglaciaire (130 Ă  115 ka), et incluant les stades isotopiques 7 Ă  5[26].

En 1947 Louis Méroc publie les résultats des fouilles de 1946 ; pour la moitié supérieure du remplissage, qui dans son entier totalise, dit-il, m de profondeur[17] mais Granat & Peyre (2012) lui donnent m[25]. Il définit 5 couches notées de 1 à 5 (du plus récent au plus ancien)[17] - [n 3] Quant aux fossiles, il les cite comme provenant de la couche 3, sans autre indication ni description. Sa stratigraphie se précise en 1954, quand il divise la couche 3 en 9 sous-couches nommées, de bas en haut : R, S, T, U, V, W, X, Y et Z[27].

  • couche 1 : 60 cm ; quelques ossements humains, indices de sĂ©pultures du NĂ©olithique final ou de l'Ă‚ge du bronze avec fragments de poteries, une pointe de flèche Ă  pĂ©doncule et ailerons, un poinçon en os[17].
  • couche 2 : 80 cm ; dans le haut, renne très abondant, un petit foyer et quelques objets magdalĂ©niens ; dans le bas, renne très rare, deux pointes de Chatelperron (Aurignacien infĂ©rieur?)[17].
  • couche 3Z : Micoquien (la plus ancienne). Limon argileux brun chocolat, avec des Ă©lĂ©ments calcaires de cm lĂ©gèrement arrondis[28].
  • couche 3Y : limon sableux- blanc, probablement plancher stalagmitique dĂ©composĂ©, renfermant des produits de lessivage des parois de la caverne. Le sommet de ce niveau a constituĂ© un sol longtemps avant que les micoquiens viennent s'y installer : il est creusĂ© d'entrĂ©es de terriers de marmottes (fig. 2), dont les restes se retrouvent dans les niveaux sous-jacents[29].
  • couche 3 X : limon argileux brun rouge, très manganèse, Ă  Ă©lĂ©ments calcaires de 0m,05 en moyenne, lĂ©gèrement arrondis[29].
  • couche 3 W : formation analogue Ă  la prĂ©cĂ©dente, mais sans mouchetures de manganèse[29].
  • couche 3 U : limon argileux jaune ocrĂ©, sans Ă©boulis calcaires[29].
  • couche 3 T : limon argileux brun rouge Ă  Ă©lĂ©ments calcaires de cm. Cette couche a livrĂ© un fragment de maxillaire supĂ©rieur humain[29].
  • couche 3 S : limon argileux verdâtre gleyflĂ©. Cette couche comporte plus d'Ă©lĂ©ments du MoustĂ©rien, y compris de « beaux racloirs et nucleus-disques ». La faune, gĂ©nĂ©ralement bien conservĂ©e, est notablement plus abondante. Elle livre un squelette d'Ursus spelaeus en connexion anatomique quoique incomplet[29], et la moitiĂ© droite d'un squelette de Felis spelaea[29] - [12].

Fossiles humains

Les fossiles humains de Coupe-Gorge sont restés longtemps négligés par les études paléoanthropologiques sur le Pléistocène moyen en Europe[5] - [30]. En 2012, une recherche bibliographique par Granat & Peyre ne relève que deux articles les concernant (Billy 1982, Billy 1985)[25].

Dents isolées

En 1950, MĂ©roc trouve dans la couche 3T quatre dents isolĂ©es Ă  1,50 m sous le niveau 0. Selon Granat & Peyre (2012) il s'agit d'une canine et une incisive complètes, une prĂ©molaire et une molaire dĂ©tĂ©riorĂ©es[27] ; selon Vialet et al. (2017), ce sont une canine supĂ©rieure droite et une canine supĂ©rieure gauche, une prĂ©molaire supĂ©rieure gauche et une molaire infĂ©rieure droite[11] - [n 4]. En 2012 ces dents isolĂ©es sont datĂ©es de 200 000 ans AP (interglaciaire du stade isotopique 7)[1].

Les dents, d'aspect moderne, ne présentent ni taurodontisme[n 5], ni cyrtodontie[n 6], comme celles d'autres de leurs contemporains[5].

Le 11 aoĂ»t 2020 une autre dent, celle-lĂ  nĂ©andertalienne et vieille de 70 000 ans, a Ă©tĂ© trouvĂ©e dans la grotte par l'Ă©quipe d'AmĂ©lie Vialet[21].

Symphyse de mandibule d'enfant

En 1952 est mise au jour dans la couche 3Z, Ă  20 cm sous le niveau 0 et 1,30 m plus haut que la partie de maxillaire droit[27], la symphyse d'une mandibule d'enfant[27] - [11] (rĂ©gion symphysaire mandibulaire) dont la portion antĂ©rieure mandibulaire montre des alvĂ©oles de dents lactĂ©ales, avec deux germes incisives inclus. C'est l'os d'un enfant en pleine croissance. Les Ă©lĂ©ments du menton sont bien individualisĂ©s sur la face externe[5], qui prĂ©sente une Ă©bauche de triangle mentonnier, un caractère sapiens frĂ©quent Ă  partir de 200 ka, mais dĂ©jĂ  rencontrĂ© chez l'Homo georgicus de Dmanisi (1,8 Ma) et chez l'Homo sp. de la Sima del Elephante (1,2 Ma)[1]. Ce fossile est associĂ© Ă  une industrie micoquienne et est datĂ© d'environ 125 ka AP (interglaciaire Éémien).

Entre les dents isolĂ©es et la symphyse, 75 000 ans se seraient Ă©coulĂ©s, dès lors que 1,30 m de dĂ©pĂ´ts se sont accumulĂ©s[1]

Fragment de maxillaire

En 1954 la couche 3T livre un fragment de maxillaire supĂ©rieur droit humain portant deux prĂ©molaires (P1 et P2), l'alvĂ©ole de la canine et ceux des deux incisives, la moitiĂ© de la cavitĂ© nasale et une faible portion de la face arrivant jusqu'Ă  l'orbite[29] - [11]. Cette pièce se trouvait Ă  1,20 m sous le niveau 0 mais 30 cm plus haut que les dents isolĂ©es[27] - dont la canine[1] qui lui a plus tard Ă©tĂ© attribuĂ©e. Granat & Peyre (2012) lui donnent un âge de 183 000 ans AP[1]. Entre autres traits distinctifs, l'angle de fracture de cette pièce indique une pommette saillante (caractĂ©ristique moderne) mais la lĂ©gère boursouflure transversale pĂ©rinasale (entre le haut du nez et l'orbite) sur la face externe n'est pas un trait moderne[32].

Ces fossiles, comme de nombreux autres fossiles connus, présentent un mélange de traits archaïques, anciens et modernes[5]. Chaque pièce apporte des éléments nouveaux pour la connaissance des populations du Pléistocène moyen d'Europe et aidera un jour à mieux cerner le peuplement ancien de l'Europe[5].

Restes de faune

Lion des cavernes d'Eurasie

Le plus remarquable vestige de faune est le squelette de Panthera leo spelaea[33] trouvé dans le limon argileux de la couche 3S[29] - [34] (la plus ancienne couche de la seconde phase de remplissage[35]. Il s'agit plus exactement de la moitié droite d'un squelette de lion des cavernes d'Eurasie ou Felis spelaea de très grandes dimensions, avec le crâne et ses mandibules, les deux pattes droites complètes, les deux os iliaques[29], une omoplate et bon nombre de vertèbres. Méroc suppose que le reste de ce squelette se trouve « encore dans le gisement mais en un point très difficilement accessible pour les fouilleurs »[12].

L'intérêt de cette découverte est lié au très petit nombre d'individus entiers retrouvés (jusqu'en 1998) : lion de Cajarc (Lot) découvert en 1892, lion de Bramefond à Souillac (Lot) découvert en 1956, lion de la grotte de Foissac (Aveyron) découvert en 1965 (conservé in situ), et les lions de l'Igue des Rameaux à Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne)[36].

Ce squelette se trouve au muséum de Toulouse[37]. Il a été l'objet d'une reconstitution virtuelle utilisant l'imagerie numérique médicale[38] - [33].

Ursus spelaeus
en connexion anatomique

Ours des cavernes

La même couche 3 S a aussi livré un squelette d'Ursus spelaeus en connexion anatomique, avec son crâne en place et ses os iliaques, mais auquel il manque les quatre pattes, les omoplates et toutes les vertèbres cervicales. Il se trouve au muséum de Toulouse. Louis Méroc y trouve aussi un autre crâne d'ours des cavernes encadré de ses deux mandibules et accompagné de quelques vertèbres, ceci trouvé dans « une sorte de berceau formé de petites dalles et plaquettes calcaires imbriquées » qui l'amène à penser à un dépôt intentionnel[29].

Industrie lithique

La grotte de Coupe-Gorge, comme celle de Padirac, a une abondante industrie lithique[39]. Granat & Peyre 2012 la définissent comme pré-moustérienne et micoquienne[40] - [1].

Outils bifaciaux

Outils bifaciaux attribués au Moustérien de tradition acheuléenne[26], au Micoquien, à un Acheuléen final à bifaces micoquiens (Tavoso 1976) ou à un Acheuléen évolué, proche de la transition entre l'Acheuléen et le Moustérien[39].

Couche c3z : Bifaces partiels en quartzite du Lannemezan et en jaspe (d'après Gaillard, 1979)[41].

La production principale relève de schémas discoïdes sur quartzite ou silex[42], mais les outils bifaciaux ont, là encore, été façonnés de préférence sur quartzite (du Lannemezan cette fois), ou mieux, sur jaspe, plus rarement sur schiste[43]. Ils sont assez grands, épais, souvent partiels, et comptent pour 9% des outils retouchés[44] - [39].

Les relations qu'entretient ce faciès de la couche 3z du Coupe-Gorge avec d'autres séries pyrénéennes et cantabriques probablement contemporaines comme le "Vasconien" de François Bordes (abri Olha, "foyers inférieurs" ; Isturitz couche P ; El Castillo (Cantabrie, Espagne), niv. 24-26 - et Gatzarria (Pyrénées-Atlantiques) ? -), mériteraient d'être reprises sur la base d'analyses technologiques (Jacques Jaubert, à paraître et fig. 12). Il en est de même pour le niveau moustérien de Gargas, Hautes-Pyrénées, presque uniquement composé de quartzites, schistes et autres roches pyrénéennes (Breuil et Cheynier 1958) ou les séries de surface recueillies sur le plateau d'Hibarette ou à Calavanté (Hautes-Pyrénées) [45] - [39].

La couche c3z' fait exception en regard des outils bifaciaux : ils y représentent 9% de la totalité de l'outillage retouché de cette couche, alors qu'ils sont partout ailleurs extrêmement rares dans les grottes où leur proportion est de l'ordre de 0,5 à % de l'outillage[46]. Leur présence dans les faciès du Paléolithique moyen régional pose clairement des questions de cohérence culturelle ou chronologique[39].

Débitage des nucléus

Le débitage des nucléus pratiqué à la Terrasse et à Coupe-Gorge montre des points communs et des constantes mais aussi quelques différences et des variabilités.

Ă€ La Terrasse, les sĂ©ries sont plus anciennes avec les nuclĂ©us sont Ă  deux surfaces opposĂ©es ou trois Ă  quatre orthogonales. Le Micoquien (dĂ©but du WĂĽrm) de Coupe-Gorge, ce sont surtout des nuclĂ©us bipyramidaux ; les sĂ©ries y sont probablement plus rĂ©centes mais en tout cas guère au delĂ  de 300 000 ans. Quel que soit leur âge, les diffĂ©rentes sĂ©ries prĂ©sentent de fortes analogies techno-typologiques. Les variabilitĂ©s seraient dues non seulement Ă  des diffĂ©rences chronologiques, mais aussi Ă  des adaptations de la production Ă  diffĂ©rents usages.

Les matériaux sont avant tout des quartzites du Lannemezan. Coupe-Gorge donne aussi - en moindre quantité - des silex locaux d'assez piètre qualité. Le séries incluent aussi des jaspes, des schistes, des quartz, etc… Les différences concernent les modules entre ces groupes de matériaux qui ont pu servir de support à des productions comparables (dont le débitage Discoïde et les outils bifaciaux) mais à morphométries distinctes[47].

Protection et menaces

Quatre grottes de Montmaurin sont classées sous la même dénomination comme monument historique depuis le 14 décembre 1949 : grotte de Coupe-Gorge, grotte Boule, la Terrasse et la Niche[48].

En 1954 les quatre grottes du Putois doivent être détruites par des travaux de carrière et il importe d'en sauver d'urgence le contenu[12].

Un projet de carrière discuté

Depuis 2007, un projet d'ouverture de carrière menace les grottes[49]. Les premiers pourparlers entre l'ancien maire et la société des Dragages Garonnais datent de 2007. Dès 2008 les protestations s'élèvent contre cette destruction d'un patrimoine unique[50], dont les voix de préhistoriens bien connus[51]. Un arrêté préfectoral du 10 avril 2009 autorise l'exploitation d'une carrière de calcaire par la SARL Dragages Garonnais ; la commune de Montmaurin donne concession du site de la carrière pour une période de 9 ans.
Le diagnostic archéologique, préalable requis pour la carrière, voit sa première phase réalisée par l'Inrap en 2010 ; il met au jour un ensemble fortifié de la fin du XIIe siècle-début XIIIe siècle. Le tribunal administratif de Toulouse, saisi le 24 octobre 2013, annule l'arrêté d'autorisation. Le 17 novembre 2015, la cour administrative d'appel est saisie par l'entreprise : elle annule le jugement du tribunal administratif, mais soustrait du périmètre de l'autorisation initiale les terrains des vestiges médiévaux nouvellement découverts. Le 17 octobre 2016, le Conseil d'État confirme le jugement de la cour administrative d'appel de Bordeaux[52].
Le Conseil départemental refuse son accord pour ce projet depuis le début, arguant que les routes ne sont pas assez bonnes pour supporter le trafic de camions que l'exploitation de carrière engendrera ; et que la carrière « génère(rait) des nuisances à l'encontre de ce site naturel et archéologique reconnu » (motion votée en juin 2016)[52] - [53] - [n 7].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • [Billy 1982] Ginette Billy, « Les dents humaines de la grotte du Coupe-Gorge Ă  Montmaurin », Bulletins et MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© d'Anthropologie de Paris, xIII, t. 9,‎ , p. 211-225 (lire en ligne [sur persee]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Billy 1985] Ginette Billy, « Les restes humains de la Grotte du Coupe-Gorge Ă  Montmaurin (Haute-Garonne) », Zeitschrift fĂĽr Morphologie und Anthropologie, vol. 75, no 2,‎ , p. 223-237.
  • [Gaillard 1981] Claire Gaillard, « Les outils de l'industrie lithique de la grotte de Coupe-Gorge (Montmaurin, Haute-Garonne) », Bulletin du MusĂ©e d'Anthropologie PrĂ©historique de Monaco, no 25,‎ , p. 33-53.
  • [Gaillard 1982] Claire Gaillard, « L'industrie lithique du PalĂ©olithique infĂ©rieur et moyen de la grotte de Coupe-Gorge Ă  Montmaurin (Haute-Garonne) » (rĂ©sumĂ© de la thèse de C. Gaillard (1979), UniversitĂ© de Provence Saint-Charles, Marseille, publiĂ©e dans Travaux du Laboratoire de PalĂ©ontologie Humaine et de PrĂ©histoire, n°2, 2 t., 586 p.), Gallia PrĂ©histoire, vol. 25, no 1,‎ , p. 79-105 (lire en ligne [sur persee], consultĂ© le ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Gaillard 1983] Claire Gaillard, « Matières premières de l'industrie lithique de la grotte de Coupe-Gorge Ă  Montmaurin (Haute-Garonne) », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 80, no 2,‎ , p. 57-64 (lire en ligne [sur persee], consultĂ© le ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Girard & Renault-Miskovsky 1979] Michel Girard et Josette Renault-Miskovsky, « Analyse pollinique de la grotte de Coupe-Gorge Ă  Montmaurin (Haute-Garonne) », Quaternaire, vol. 16, no 4,‎ , p. 175-189 (lire en ligne [sur persee]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Granat & Peyre 2012] Jean Granat et Evelyne Peyre, « Les fossiles humains (125-200 ka) de la grotte du Coupe-Gorge - Montmaurin (Haute-Garonne-France), nouvelle interprĂ©tation. Émergence de la parole », BiomĂ©trie Humaine et Anthropologie (revue de la SociĂ©tĂ© de biomĂ©trie humaine - SBH), vol. 29, nos 3-4,‎ , p. 89-105 (lire en ligne [PDF] sur hal.archives-ouvertes.fr, consultĂ© le ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Guadelli 1990] Jean-Luc Guadelli, « Quelques donnĂ©es sur la faune de Coupe-Gorge, Montmaurin (Haute-Garonne, France) », PalĂ©o, vol. 2, no 1,‎ , p. 107-126 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Jaubert 2001] Jacques Jaubert, « Industries Ă  outils bifaciaux du PalĂ©olithique moyen entre Massif central et PyrĂ©nĂ©es » (Actes de la table-ronde internationale organisĂ©e Ă  Caen (Basse-Normandie - France) - 14-15 octobre 1999), ERAUL, no 98 « Les industries Ă  outils bifaciaux du PalĂ©olithique moyen d'Europe occidentale »,‎ , p. 151-161 (lire en ligne [PDF] sur researchgate.net, consultĂ© le ).
  • [MĂ©roc 1947] Louis MĂ©roc, « Xe Circonscription prĂ©historique », Gallia, vol. 5, no 1,‎ , p. 193 (lire en ligne [sur persee]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [MĂ©roc 1948] Louis MĂ©roc, « Xe Circonscription prĂ©historique », Gallia, vol. 6, no 2,‎ , p. 409-412 (lire en ligne [sur persee]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [MĂ©roc 1954] Louis MĂ©roc, « Xe Circonscription prĂ©historique », Gallia, vol. 6, no 2,‎ , p. 410 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Paris 1977] J.-P. Paris, Notice explicative de la carte gĂ©ologique Ă  1/50000e « Boulogne-sur-Gesse », OrlĂ©ans, BRGM, , 25 p. (lire en ligne [PDF] sur ficheinfoterre.brgm.fr). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Paris] J.-P. Paris, Notice explicative de la carte gĂ©ologique Ă  1/50000e « Saint-Gaudens », OrlĂ©ans, BRGM, , 25 p. (lire en ligne [PDF] sur ficheinfoterre.brgm.fr).
  • [Serra-Joulin 2002] Danielle Serra-Joulin, « Les industries lithiques de la grotte de la Terrasse Ă  Montmaurin (Haute-Garonne) », PrĂ©histoires mĂ©diterranĂ©ennes, vol. 10-11,‎ (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consultĂ© le ).
  • [Vialet et al. 2017] AmĂ©lie Vialet, Marina MartĂ­nez de Pinillos, MarĂ­a MartinĂłn-Torres, JosĂ© MarĂ­a BermĂşdez de Castro, BenoĂ®t Bertrand et Thomas Colard, « RĂ©sultats prĂ©liminaires du rĂ©colement et de l'Ă©tude des fossiles humains des grottes de Montmaurin (Haute-Garonne, France) », Publication,‎ (lire en ligne [sur researchgate.net], consultĂ© le ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Vialet 2019] AmĂ©lie Vialet, « Interruption dans le processus de transmission du savoir : exemple des grottes prĂ©historiques de Montmaurin (Haute-Garonne) fouillĂ©es par Louis MĂ©roc (1904-1970) », dans Michel Sot (dir.), Pratiques de la mĂ©diation des savoirs, Paris, Éditions du ComitĂ© des travaux historiques et scientifiques, , sur books.openedition.org (ISBN 9782735508983, lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. La grotte Boule est le nom donné à la « grotte de Montmaurin » après que les autres grottes du site aient été révélées par les travaux de carrière. Elle porte le nom de Marcellin Boule, qui en a le premier étudié les ossements en 1902[6].
  2. Louis Méroc, respectueux des sites archéologiques, ne les vide pas entièrement de leur remplissage : quand le site n'est pas menacé de destruction, il laisse un remplissage témoin pour de futures études[24].
  3. Granat (2012) précise que la stratigraphie établie par Méroc ne mentionne que 3 couches pour tout le remplissage, avec un niveau de référence « 0 » choisi empiriquement[27].
  4. Sur les dents isolées trouvées en 1950, et en particulier à savoir si ce sont deux canines (Vialet et al. 2017) ou bien une incisive et une canine (Granat & Peyre 2012) : Granat & Peyre (2012) donnent de multiples photos de toutes les dents fossiles de Coupe-Gorge[31]. Vialet et al. (2017) donne une photo montrant les quatre dents en question[11]. Jean Granat est docteur en chirurgie-dentaire, docteur en sciences odontologiques et diplômé d'anthropologie. Amélie Vialet est Maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle, spécialiste de la morphométrie du crâne, de la face et des mandibules.
  5. Taurodontisme : chambre pulpaire anormalement grande.
  6. Cyrtodontie : angle obtus formé par l'axe de la couronne et l'axe de la racine, lorsque ces deux éléments ne sont pas alignés. C'est l'angle de Mac Collum, ou angulation corono-radiculaire. Voir Jean Granat, « L'Histoire et l'Homme racontée par les dents », sur docplayer.fr (consulté le ).
  7. Voir aussi Marcel Delpoux, « Plaidoyer pour la sauvegarde d'un sanctuaire géologique, géomorphologique, floristique, faunistique et archéologique : l'interfluve Save-Syegouade et ses abords immédiats à hauteur des gorges de la Save », résumé, publié dans le cadre d'un appel à soutien auprès des défenseurs de la nature et du patrimoine pour le compte de L'association « Entre Save et Seygouade », sur fichier-pdf.fr, (consulté le ).

Références

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  51. [Motion 2008] René Souriac (Président de la Société des Études du Comminges), « Motion. Pour la sauvegarde de l'intégrité d'un site naturel et archéologique majeur : les gorges de la Seygouade et de la Save à Montmaurin-Lespugue », message électronique envoyé à la Société Archéologique de France, lu en séance du 1er avril 2008, dans bulletin établi par Patrice Cabau et Maurice Scellès, Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LXVIII, sur societearcheologiquedumidi.fr, (consulté le ). Cette motion a été signée par Jean Clottes, Henri de Lumley, Michel Girard, Bruno Maureille, Josette Renault-Miskovsky, la Société des Études du Comminges (Saint Gaudens), l'association Nature Comminges (Saint Gaudens), la Société Méridionale de Spéléologie et de Préhistoire (Toulouse) et la Coordination Environnementale Comminges (8 associations).
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