Accueil🇫🇷Chercher

Louis MĂ©roc

Louis Méroc (2 septembre 1904 - 18 juillet 1970) est un préhistorien français. Il a effectué ses recherches de terrain principalement en Haute-Garonne, dans le piémont pyrénéen et la région de Toulouse. Il est l'un des inventeurs du carroyage, méthode qui s'est imposée par la suite sur tous les sites de fouilles archéologiques et paléontologiques.

Louis MĂ©roc
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance

Saint-Gaudens (d)
Décès
(Ă  65 ans)
Cazères
Nationalité
Activité

Formation

Louis Méroc est docteur en droit. En 1945, il est substitut du procureur général à la cour d'appel de Toulouse[1].

Grand amateur d'archéologie, il suit les cours d'Henri Begouën sur le sujet et en obtient la certification en 1923[1] - [n 1]. Mais trop occupé par son double travail, il n'aura jamais le temps de compléter son doctorat[4].

Responsabilités archéologiques

Il applique les conseils de l'abbé Henri Breuil pour sa formation et pour prospecter les terrasses de la Garonne, où il trouve de nombreux quartzites taillés. En 1942, il prend la relève d'Henri Begouën en assurant le cours de préhistoire à la faculté des Lettres de Toulouse ; et il l'assiste dans ses fonctions au muséum de Toulouse. En 1946, il succède à Henri Begouën à la tête de la Xe circonscription des Antiquités préhistoriques[1].

Dans son cours d'archéologie à Toulouse il a comme étudiant Georges Laplace[5], qu'il soutient activement dans sa carrière jusque dans les années 1950. En 1947 il l'accueille à son école de fouilles de Montmaurin où Laplace fait ses premiers pas sur un terrain de fouilles[6]. En 1948 Méroc et Raoul Cammas (qui participe aux fouilles de Montmaurin) appuient la candidature de Laplace à la Société préhistorique française[7]. En 1950, il intercède en faveur de Laplace auprès de l'abbé Henri Breuil[8] et d'Henri Victor Vallois (alors directeur du Musée de l'Homme de Paris) ; à la suite de quoi Laplace entre au CNRS comme attaché de recherche sous la tutelle d'Henri Vallois[6] - [9]. En 1954 Méroc et Laplace font une publication conjointe sur la méthode de repérage utilisée à Montmaurin[10] et cette même année Méroc réorganise la galerie de Préhistoire au muséum de Toulouse, avec Laplace sous sa supervision[11]. Mais dès 1949 Laplace a déclaré la nécessité de professionnaliser l'archéologie et d'en extirper les amateurs[12], parmi lesquels il inclura en 1967 - et nommément - Denise de Sonneville-Bordes, pourtant maître de recherche au CNRS dès 1952 lorsque lui-même n'est encore qu'un assistant dans la même institution[13]. Et dès 1951 Laplace se plaint auprès de Bordes, avec qui il s'entend encore très bien - mais plus pour très longtemps -, d'un supposé parti pris de Méroc envers lui[14]. Vers 1960 Méroc se dispute avec Laplace à propos de la publication des fouilles de la grotte des Abeilles (à Montmaurin) et cesse de l'inviter sur le site[9].

MĂ©thodes

Une plus grande rigueur dans la collation des données de fouilles

Louis Méroc est l'un des inventeurs du carroyage, une technique de quadrillage utilisée en topographie, afin de rassembler et de traiter des données en vue d'une exploitation cartographique ou statistique[10]. Il recherche avant tout à établir un cadre chronostratigraphique fiable. Georges Laplace est à tort souvent cité comme « co-inventeur » ; en réalité, lorsqu'il arrive à Montmaurin, Méroc a déjà posé toutes les bases de cette méthode qu'il a exposé à Henri Breuil dans une lettre du 7 mai 1946[15]. La méthode que Laplace veut imposer est la « typologie analytique », un ensemble de procédures statistiques permettant l'analyse des données codées en introduisant une dimension mathématique nettement plus abstraite[16] (voir l'article sur Georges Laplace pour plus de détails).

Cette plus grande rigueur dans la méthode de repérage de la position des vestiges, qui devient un modèle du genre pour les préhistoriens, vient en parallèle avec l'application de la même méthode instaurée à l'école de fouilles établie elle aussi en 1946 par André Leroi-Gourhan aux grottes d'Arcy-sur-Cure. Ce dernier publie en 1950 un manuel de divulgation destiné aux archéologues amateurs : Les fouilles préhistoriques (techniques et méthodes)[17]. Dès 1948 Raymond Vaufrey demande à Méroc d'exposer sa méthode dans la revue L'Anthropologie[18] ; l'article ne sort finalement qu'en 1954 dans le Bulletin de la Société Préhistorique Française : « Application des coordonnées cartésiennes à la fouille d'un gisement »[10], co-écrit avec Georges Laplace (ce qui n'implique pas que ce dernier a co-inventé la méthode).

Respect des sites

Lorsque c'est possible, Méroc ne vide pas complètement les sites archéologiques : il laisse en place un remplissage témoin pour études futures. ainsi fait-il à la grotte de Coupe-Gorge et la grotte Boule sur le site des grottes de Montmaurin (son professeur Henri Bégouën a fait de même pour les grottes du Volp). Et, le site de Montmaurin étant menacé par les travaux d'une carrière, il s'occupe de les faire inscrire comme monuments historiques[19].

Fouilles Ă  Montmaurin

Les grottes de Montmaurin, nouvellement révélées par l'avancée du front de carrière[20], reçoivent le la visite d'Henri Begouën et d'Henri Breuil, qui en confient les fouilles à Louis Méroc[1]. Les premières fouilles commencent à Pâques 1946[21] ; les campagnes de fouilles se succèdent jusqu'en 1961.

Louis MĂ©roc se concentre sur la grotte de Coupe-Gorge (de 1946 Ă  1961), mais s'intĂ©resse aussi Ă  la grotte Boule (sondages en 1947, 1948 et 1956), Ă  la grotte-abri de La Terrasse (entièrement fouillĂ©e entre 1947 et 1957), aux quatre grottes du Putois menacĂ©es de destruction (fouille rapide en 1953)[1]. Le Raoul Cammas dĂ©couvre dans la petite cavitĂ© de la Niche la mandibule de Montmaurin (datĂ©e entre 190 000 et 240 000 ans AP), un fossile qui semble aujourd'hui intermĂ©diaire entre Homo heidelbergensis et les NĂ©andertaliens. Cette dernière datation est rĂ©alisĂ©e seulement en 2018 (voir l'article sur la mandibule de Montmaurin pour plus de dĂ©tails). Mais MĂ©roc ne s'intĂ©resse guère Ă  la Niche, parce que selon lui elle ne prĂ©sente pas de stratigraphie fiable : il pense que la mandibule provient probablement « d'une très vieille couche Ă  rhinocĂ©ros de Merck, de la grotte-abri de La Terrasse »[22].

Il prospecte aussi le gisement de Bacuran, sur Montmaurin au sud des gorges de la Save[23] ; et l'abri des Harpons, une des grottes de la Save dans la commune voisine de Lespugue[24].

Autres fouilles

Louis Méroc a aussi fouillé la rivière souterraine de Labouiche[25], la grotte de Marsoulas[26] dès 1947, et on lui doit également la découverte des villages chasséens (Néolithique moyen, 4000 à ) de Villeneuve-Tolosane et de Saint-Michel-du-Touch (aujourd'hui quartier Ancely de Toulouse)[10], autour de Toulouse.

Organismes et associations

En 1947, Louis Méroc et Albert Vandel, professeur de biologie de l'université des Sciences de Toulouse et membre de l'Institut, fondent la Société Méridionale de Spéléologie et de Préhistoire (SMSP)[27]. Elle permet à Louis Méroc de fédérer les amateurs passionnés de préhistoire et d'associer les spéléologues à l'étude et à la conservation du monde souterrain lors des découvertes de grottes ornées ou de sites archéologiques.

Louis Méroc devient membre de la commission des fouilles, et du Conseil national de la recherche archéologique à sa création en 1964[28].

Hommages

Publications

  • « Publications de Louis MĂ©roc sur PersĂ©e », sur persee.fr.
  • [1947] « Xe Circonscription prĂ©historique », Gallia, vol. 5, no 1,‎ , p. 193 (lire en ligne [sur persee]).
  • [1948] « Xe Circonscription prĂ©historique », Gallia, vol. 6, no 2,‎ , p. 409-412 (lire en ligne [sur persee]).
  • [1948] La Grotte de Marsoulas, Haute-Garonne, Ă©d. Frères Douladoure, (prĂ©sentation en ligne).
  • [1952] « Xe Circonscription prĂ©historique », Gallia, vol. 10,‎ , p. 93 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Laplace & MĂ©roc 1954] Georges Laplace-Jauretche et Louis MĂ©roc, « Application des coordonnĂ©es cartĂ©siennes Ă  la fouille d'un gisement », Bulletin de la SociĂ©tĂ© PrĂ©historique Française, vol. 51,‎ , p. 58-66 (lire en ligne [sur persee]).
  • [1954] « Xe Circonscription prĂ©historique », Gallia, vol. 12, no 1,‎ , p. 109-111 (lire en ligne [sur persee]).
  • [1959] « Toulouse - Xe Circonscription prĂ©historique », Gallia PrĂ©histoire, t. 2,‎ , p. 133-153 (lire en ligne [sur persee]).
  • [1959] « PrĂ©moustĂ©riens, magdalĂ©niens et gallo-romains dans la caverne de Labouiche (Ariège) », Gallia PrĂ©histoire, vol. 2, no 1,‎ , p. 1–37 (DOI 10.3406/galip.1959.1145, lire en ligne [sur persee]).
  • [MĂ©roc & Fouet 1961] Louis MĂ©roc et Georges Fouet, « Le cimetière mĂ©rovingien de Saint-Peyre Ă  FĂ©lines-Minervois (HĂ©rault) », Gallia, vol. 19, no 1,‎ , p. 191-200 (lire en ligne [sur persee]).
  • [1963] « Circonscription de Toulouse », Gallia PrĂ©histoire, t. 6,‎ (lire en ligne [sur persee]).
  • [1963] « Les Ă©lĂ©ments de datation de la mandibule humaine de Montmaurin (Haute-Garonne) », Bulletin de la SociĂ©tĂ© gĂ©ologique de France, vol. 7, no 5,‎ , p. 508-515 (rĂ©sumĂ©). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • [Leroi-Gourhan 1971] AndrĂ© Leroi-Gourhan, « Louis MĂ©roc (1904-1970) », Gallia PrĂ©histoire, vol. 14, no 1,‎ , p. 1–2 (DOI 10.3406/galip.1971.1374, lire en ligne [sur persee]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Plutniak 2017(a)] (en) SĂ©bastien Plutniak, « The Professionalisation of Science – Claim and Refusal: Discipline Building and Ideals of Scientific Autonomy in the Growth of Prehistoric Archaeology. The Case of Georges Laplace's Group of Typologie Analytique, 1950s-1990s », Organon, no 49,‎ , p. 105-154 (ISSN 0078-6500, DOI 10.5281/zenodo.1164932, lire en ligne [PDF] sur ihnpan.waw.pl, consultĂ© le ).
  • [Plutniak 2017(b)] SĂ©bastien Plutniak, « L'innovation mĂ©thodologique, entre bifurcation personnelle et formation des disciplines : les entrĂ©es en archĂ©ologie de Georges Laplace et de Jean-Claude Gardin », Revue d'histoire des sciences humaines, vol. 31,‎ , p. 113-139 (lire en ligne [sur hal.archives-ouvertes.fr]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Vialet 2019] AmĂ©lie Vialet, « Interruption dans le processus de transmission du savoir : exemple des grottes prĂ©historiques de Montmaurin (Haute-Garonne) fouillĂ©es par Louis MĂ©roc (1904-1970) », dans Michel Sot (dir.), Pratiques de la mĂ©diation des savoirs, Paris, Éditions du ComitĂ© des travaux historiques et scientifiques, , sur books.openedition.org (ISBN 9782735508983, lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Un certificat d'archéologie préhistorique est créé à Toulouse en 1921, rattaché à la chaire d'Histoire[2]. La première chaire de Préhistoire est créée à Toulouse pour Louis-René Nougier en 1949[3].

Références

  1. Vialet 2019, paragr. 3.
  2. Plutniak 2017(a), p. 113.
  3. Plutniak 2017(a), p. 114.
  4. Vialet 2019, paragr. 26.
  5. Plutniak 2017(a), p. 110.
  6. Plutniak 2017(b), p. 7.
  7. Plutniak 2017(a), p. 121.
  8. Lettre de Louis Méroc à Henri Breuil, 20 janvier 1951. Cité dans Plutniak 2017(a), p. 117, note 5.
  9. Vialet 2019, paragr. 27.
  10. Laplace & MĂ©roc 1954.
  11. Plutniak 2017(b), p. 118.
  12. Plutniak 2017(b), p. 110.
  13. Plutniak 2017(b), p. 112.
  14. Plutniak 2017(a), p. 124-125.
  15. Vialet 2019, paragr. 12.
  16. Plutniak 2017(b), p. 4.
  17. Vialet 2019, paragr. 14.
  18. Vialet 2019, paragr. 15.
  19. Vialet 2019, paragr. 18.
  20. [Gaillard 1982] Claire Gaillard, « L'industrie lithique du Paléolithique inférieur et moyen de la grotte de Coupe-Gorge à Montmaurin (Haute-Garonne) », Gallia Préhistoire, vol. 25, no 1,‎ , p. 79-105 (lire en ligne [sur persee]), p. 79.
  21. Gaillard 1982, p. 80.
  22. Méroc 1963, p. 515. Cité dans Vialet 2019, paragr. 23.
  23. MĂ©roc 1959, p. 143.
  24. MĂ©roc 1959, p. 141.
  25. Méroc 1959, p. 104–111.
  26. MĂ©roc 1948.
  27. Plutniak 2017(a), p. 109, note 2.
  28. Leroi-Gourhan 1971.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.