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Grande révolte kanak de 1878

La grande rĂ©volte kanak de 1878 dĂ©signe habituellement l’insurrection kanak de 1878, en Nouvelle-CalĂ©donie, avec la figure emblĂ©matique du grand chef de KomalĂ©, AtaĂŻ. Les Kanaks l'appelleraient plutĂŽt La Guerre d'AtaĂŻ.

Contexte colonial

Politique de colonisation et spoliation fonciĂšre

AprĂšs la dĂ©couverte par les EuropĂ©ens (1774, puis 1841), et jusqu’en 1853, la Nouvelle-CalĂ©donie est abordĂ©e par de nombreux aventuriers, beachcombers, ‘’batteurs de grĂšve’’, ‘’ratisseurs de plage’’, ou simplement navires baleiniers, sans vĂ©ritable installation autre que missionnaire. Quelques santaliers se seraient installĂ©s dĂšs 1841 (Canala).

Il existe un traité de cession, du , entre la France et les rois et chefs d'Opao, de la région de Balade, pour la cession de leurs domaines, mais cela engage une faible partie de la Nouvelle-Calédonie[1] - [2]. On est bien loin de l'acte fondateur de la Nouvelle-Zélande, le Traité de Waitangi (1840), de la part des tribus unies de Nouvelle-Zélande (1835-1840), (maories). Et il n'existe pas de protecteur des AborigÚnes comme en Australie.

En 1853, la Nouvelle-CalĂ©donie est proclamĂ©e colonie française, avec une lĂ©gislation de conquĂȘte, favorable Ă  toute alliance, adversaire de toute rĂ©sistance. Les oppositions coutumiĂšres, rivalitĂ©s, rancƓurs, dissensions inter-tribales peuvent ĂȘtre parfois bienvenues. En 1858, Ă  part les commerçants de Port-de-France (NoumĂ©a), il y a seulement une centaine de civils actifs Ă  NoumĂ©a, Canala et Tiwaka. La colonisation est Ă  la fois pĂ©nitentiaire (transportĂ©s, dĂ©portĂ©s ou relĂ©guĂ©s) et libre (non organisĂ©e, puis organisĂ©e).

De 1853 Ă  1868, l’administration française doit faire face Ă  des soulĂšvements frĂ©quents, mais ponctuels et localisĂ©s, dont le livre de Dousset-Leenhardt propose une chronologie de 1843 Ă  1870. Ces 25 rĂ©voltes ont pourtant failli mettre fin Ă  la colonisation. En 1855 l’administration coloniale se rĂ©sout Ă  concĂ©der des terres, par adjudication aux enchĂšres publiques, pour favoriser l’installation de colons. Celle-ci devient effective, mais dissĂ©minĂ©e, en 1858. Par sa dĂ©claration no 18, le Gouverneur EugĂšne du Bouzet, annule tous les contrats antĂ©rieurs et dĂ©crĂšte propriĂ©tĂ© du gouvernement français toutes les terres de Nouvelle-CalĂ©donie. Les terres non occupĂ©es (par les MĂ©lanĂ©siens), souvent en simple jachĂšre, sont dĂ©cidĂ©es appartenir Ă  l’État. L’implantation de colons reste restreinte, Ă  proximitĂ© des places fortes, rĂ©putĂ©es assurer la sĂ©curitĂ© si nĂ©cessaire. Ces aliĂ©nations ont encore un impact limitĂ©, aux alentours de NoumĂ©a.

Les avancĂ©es europĂ©ennes ne se font pas sans rĂ©sistance. Le grand-chef Bouarate (Bwharat), de HienghĂšne (1815c-1873), aprĂšs l'attaque de la Mission de PouĂ©bo (), est arrĂȘtĂ© et exilĂ© Ă  Tahiti en 1857, puis rappelĂ© en 1863. En 1858, le Grand Chef Kuindo (Kwindo Aliki KaĂŻ), de la chefferie Kambwa Wecho Pweyta, de PaĂŻta, et donc Ă  peu prĂšs de la grande rĂ©gion sud-ouest (dont NoumĂ©a), est condamnĂ© et exĂ©cutĂ© par sa tribu, pour s'ĂȘtre ralliĂ© aux Français et avoir vendu des terrains Ă  la Compagnie Vial. En 1868, la pacification de la Grande Terre semble accomplie. La mort du chef Gondou Poala, ou Goodu ou N'endĂ©, en 1869 paraĂźt le confirmer. Les autres figures des rĂ©cits français sont Ă©galement sur la fin : MouĂ©aou (HienghĂšne, 1862, frĂšre de Bouarate exilĂ©), Kahoua (Poyes, 1875), Poindi Pacili (1888, exilĂ© Ă  Obock).

Le gĂ©ologue Jules Garnier peut dĂ©clarer en 1862 : « Il est heureux que les indigĂšnes fassent de temps en temps quelques escapades, car leurs terres confisquĂ©es viennent aussitĂŽt grossir la richesse publique et servir aux colons. Â»

En 1867, sans trop se soucier du mode de fonctionnement des clans, un arrĂȘtĂ© administratif crĂ©e, ou applique, la notion de tribu, afin d’affirmer la responsabilitĂ© solidaire des habitants d’un mĂȘme espace physique, en cas d’exaction. « Chacune d’elles reprĂ©sente un ĂȘtre moral collectif, administrativement et civilement responsable des attentats commis sur son territoire, soit envers les personnes, soit envers les propriĂ©tĂ©s. ». C’est aussi l’instauration des chefferies, avec ‘’petits chefs’’ et ‘’grands chefs’’.

En 1868, l’administration coloniale astreint les MĂ©lanĂ©siens Ă  « se regrouper dans des territoires dĂ©limitĂ©s Ă  cet effet, les rĂ©serves ». « L’arrĂȘtĂ© de 1868 prĂ©cise que la propriĂ©tĂ© indigĂšne ne peut ĂȘtre ni louĂ©e, ni vendue ni cĂ©dĂ©e gratuitement ». En 1876, un arrĂȘtĂ© prĂ©cise que la tribu demeure «autant que possible sur le Territoire dont elle a la jouissance traditionnelle». Ces rĂ©serves pour Kanak signifient en mĂȘme temps spoliation, dĂ©stabilisation et protection des MĂ©lanĂ©siens. Les zones dĂ©limitĂ©es sont progressivement fixĂ©es.

Le front pionnier (d'accaparement des terres) remonte vers le nord, Ă  partir de NoumĂ©a, l’État se rĂ©servant « la propriĂ©tĂ© des mines, miniĂšres, cours d’eau de toutes sortes et sources », ainsi que la bande littorale, et le droit perpĂ©tuel d’expropriation. En 1871, l’administration crĂ©e le permis d’occupation des terrains domaniaux, pour Ă©viter d’attendre que toutes les dĂ©limitations soient Ă©tablies. Dans les faits, les colons sont autorisĂ©s Ă  dĂ©limiter eux-mĂȘmes leurs concessions, et les rĂ©serves autochtones se restreignent, Ă  l’exception des Ăźles LoyautĂ©, dĂ©clarĂ©es rĂ©serves mĂ©lanĂ©siennes intĂ©grales, (Ă  la seule exception de l’enclave de WĂ©), surtout parce que les terres y sont rĂ©putĂ©es pratiquement incultivables. C'est Ă©galement le cas de l'Ăźle Art, des BĂ©lep.

Sous le gouverneur Guillain (1861-1870), l’emprise fonciĂšre europĂ©enne progresse de 26 700 Ă  77 700 hectares, surtout dans les savanes du sud-ouest : avec « une pieuse exhortation Ă  la modĂ©ration et au respect des droits Ă©ventuels des MĂ©lanĂ©siens » (Doumenge). Sous le gouverneur La Richerie (1870-1874), l’expansion se poursuit. En 1877, sous le gouverneur Pritzbuer (1875-1878), les colons possĂšdent 150.000 ha[3]. Au fur et Ă  mesure, des arrĂȘtĂ©s entĂ©rinent les empiĂštements rĂ©alisĂ©s.

La dĂ©couverte de la garniĂ©rite, minerai Ă  forte concentration de nickel date de 1870 et provoque une « ruĂ©e vers le nickel ». Thio, capitale du nickel Ă  partir de 1875, connaĂźt diverses immigrations : chinoise et indienne (1865, Malbars), pĂ©nitentiaire (1872), puis japonaise (1892), indonĂ©sienne (1895), rĂ©unionnaise


Le premier recensement officiel donne 42 519 kanak en 1887[4], 35 000 en 1891, 30 304 en 1897, 27 768 en 1901. Ce qui valide l’estimation de la population autochtone Ă  50 000-90 000 en 1859, et Ă  40 000-45 000 en 1877, pour 17 000 colons ou non kanak.

Un dernier recensement non officiel, d'Henri RiviĂšre[5] comptabilise, au 01/01/1877, 2 752 colons ou assimilables (dont 1 424 Ă  NoumĂ©a, 800 hommes et 624 femmes), 3 082 militaires et employĂ©s civils, 3 836 dĂ©portĂ©s et 6 000 transportĂ©s, soit environ 16 000 non kanak.

NoumĂ©a a Ă©tĂ© Ă  une Ă©poque un village de 300 habitants, 200 civils et 100 militaires, mais, en 1864, la population est de 1 200 habitants, de 2 340 (dont 706 militaires) en 1866, et d'environ 8 000 en 1887.

Absence totale de politique indigĂšne

Le code de l’indigĂ©nat (1887-1946) tiendra lieu de politique indigĂšne, mais il n’est pas encore complĂštement appliquĂ© ni applicable. Les Kanak sont le « point aveugle Â» du dĂ©veloppement de la colonie (SalaĂŒn, 2013).

Au dĂ©but de la prĂ©sence française, les implantations missionnaires sont presque les seules Ă  s’intĂ©resser au monde culturel kanak, aux langues kanak, aux pratiques sociales kanak, d’abord dans un souci d’évangĂ©lisation, ensuite avec des objectifs de civilisation, et de gestion, des populations. La prĂ©dication se fait en langue locale, ce qui suppose un apprentissage des langues kanak, ou des intervenants au moins bilingues, et compatibles. DĂšs 1863 est promulguĂ©e l’interdiction de l’enseignement de toute autre langue que le français. La mesure vise principalement Ă  lutter contre l’emprise anglophone et protestante


La christianisation est contrastĂ©e, en dehors de l'imprĂ©gnation rituĂ©lique (FrĂ©dĂ©ric Angleviel) et de la qualitĂ© des chants. La double implantation missionnaire est ou devient conflictuelle : protestantisme anglican (London Missionary Society) dĂšs 1841 ; dĂšs 1850, catholicisme des frĂšres maristes, ou pĂšres maristes. Cela peut mener jusqu’à de vĂ©ritables « guerres de religion » dans les annĂ©es 1860-1870, nĂ©cessitant l'intervention des autoritĂ©s coloniales pour rĂ©tablir l'ordre, gĂ©nĂ©ralement en faveur des catholiques, au moins dans les Ăźles LoyautĂ©. La modification de la vie kanak signifie : « regroupement des populations et des clans autour des lieux de culte (temples ou Ă©glises), dĂ©veloppement de la monogamie et du contrĂŽle religieux sur les relations matrimoniales, fin ou apaisement des conflits armĂ©s entre clans, interdiction de la nuditĂ© (avec l'utilisation pour les femmes de la robe mission, et pour les hommes du manou (sauf Ă  NoumĂ©a)), et alphabĂ©tisation, malgrĂ© une forte prĂ©servation du drehu par les protestants, en langue française ».

Économiquement, le dĂ©veloppement de la colonisation et de l’industrie miniĂšre suppose un ravitaillement vivrier important. « Les cultures agricoles traditionnelles des autochtones, comme l'igname, le taro, le bananier, le manioc, l’arbre Ă  pain, le cocotier, etc., avec consommation globalement limitĂ©e au village, cĂšdent la place Ă  une agriculture coloniale, c’est-Ă -dire aux potagers, vergers, champs de cafĂ©, fourrage » pour l'Ă©levage bovin extensif. Les horticulteurs kanak se retrouvent face aux Ă©leveurs et aux exploitants agricoles.

De 1870 Ă  1877 le cheptel passe de 30 000 Ă  80 000 tĂȘtes[6] : surcharge pastorale, divagation du bĂ©tail (s’échappant de stations jamais encloses, souvent vallĂ©es entiĂšres), destruction de cultures vivriĂšres non encloses (taro, ignames
), dĂ©forestation, pollution des sources, des rĂ©serves d’eau, et des lieux sacrĂ©s
.

De nombreux conflits Ă©clatent avec les nouveaux venus, que les revendications viennent des chefs des tribus, ou des (groupes de) colons, relayant les mĂ©contentements dans leurs relations avec l’administration. Cela se traduit souvent par des sanctions contre les MĂ©lanĂ©siens : dĂ©placements, exils, reculs au fond des vallĂ©es sur des terrains de qualitĂ© infĂ©rieure, perte de terres coutumiĂšres. Selon Foucher (1890, rrĂ©d. 1995, p. 215), la politique d'expĂ©ditions punitives n'a « pour but que de dĂ©vaster les plantations pour affamer les indigĂšnes Â». En 1903, les Kanak sont dĂ©possĂ©dĂ©s des 5/6 de la surface agricole utile traditionnelle.

Les MĂ©lanĂ©siens se rĂ©vĂšlent sensibles aux maladies Ă©trangĂšres : phtisie pulmonaire, petite vĂ©role (1889), bĂ©ribĂ©ri (1891), rougeole, influenza, coqueluche, scrofule, varicelle, une forme de dengue, lĂšpre (dĂšs 1865-1866) ou pian , dysenterie, oreillons[7]. « Partout oĂč nous passons, l'indigĂšne dĂ©pĂ©rit et meurt. Â» (Jules Garnier, Voyage Ă  la Nouvelle-CalĂ©donie, 1868).

Les kanak, avant les premiers contacts, ignorent le kava, le bĂ©tel, le tabac, l'alcool (selon Sarasin). Le tabac est adoptĂ©. En 1862, on ne signale encore aucune appĂ©tence pour les boissons alcoolisĂ©es. Mais trĂšs vite, l’alcoolisme fait des ravages. Une dĂ©cision du 12/02/1889 interdit la vente d'alcool aux Kanak. L'arrĂȘtĂ© du 10/03/1903 l'Ă©largit Ă  tous les immigrĂ©s ocĂ©aniens.

À part les religieux (et encore, selon des modalitĂ©s diffĂ©rentes selon les obĂ©diences), Louise Michel[8] et Maxime Lisbonne sont quelques-unes des rares personnes europĂ©ennes Ă  exprimer une comprĂ©hension des problĂšmes kanak.

Toutes ces « formes et logiques d'une sociĂ©tĂ© coloniale » valent pour toute forme de colonisation : « colonialitĂ© / rĂ©bellitĂ© Â» (Dousset-Leenhardt 1998:95). Dans le monde kanak, comme ailleurs, des loyautĂ©s et dĂ©loyautĂ©s claniques se manifestent, selon des rivalitĂ©s et des solidaritĂ©s croisĂ©es.

Faits

Le mĂ©contentement profond des MĂ©lanĂ©siens s’est dĂ©jĂ  exprimĂ© plusieurs fois, malgrĂ© le calme apparent de 1869 Ă  1878. En 16 ans, 72 blancs sont recensĂ©s avoir Ă©tĂ© tuĂ©s, victimes d'indigĂšnes. En 1857, l'assassinat des BĂ©rard est particuliĂšrement marquant : 13 occidentaux et une vingtaine d'employĂ©s non canaques[9]. Le nombre de kanak tuĂ©s lors de telles occasions est encore plus difficile Ă  renseigner. Les affrontements entre indigĂšnes, dans des guerres canaques, restent peu coĂ»teux en vies humaines. Chaque groupe a intĂ©rĂȘt Ă  ĂȘtre craint. Le poĂ©sie Ă©pique participe de cette valorisation. « On a relevĂ© depuis un siĂšcle trop de cas de lignĂ©es soi-disant massacrĂ©es et dont on dĂ©couvre les descendants parfaitement bien vivants, mais ayant changĂ© de lieu d'Ă©tablissement et souvent aussi de nom » (Jean Guiart, 2001:46). En 1878, AtaĂŻ dĂ©clare au gouverneur colonial de la Nouvelle-CalĂ©donie LĂ©opold de Pritzbuer Ă  Teremba, en dĂ©versant d'abord un sac de terre : « VoilĂ  ce que nous avions », et ensuite dĂ©versant un sac de pierres : « Voici ce que tu nous as laissĂ© »[10].

Le , Jean-Baptiste LĂ©on Olry devient le nouveau gouverneur de la Nouvelle-CalĂ©donie. Du cĂŽtĂ© des insurgĂ©s kanaks, les chefferies se sont concertĂ©es, avec circulation des personnes et des messages de guerre, en de longues nĂ©gociations, par des alliances. AtaĂŻ, grand chef de KomalĂ© paraĂźt ĂȘtre l’ñme, en tout cas le symbole, avec comme second Baptiste. Les promoteurs seraient d’autres chefs, dont Cavio, chef de NĂ©kou et Dionno, chef de guerre Ă  Bourail. Sont concernĂ©s Ă©galement les chefs Bouarate (de HienghĂšne), Watton, Poindi-Patchili, KakĂ©, GĂ©lina. Les tribus du Sud sont restĂ©es neutres, car plus en mesure d'agir ; des individus kanak ont pu participer. Les tribus cĂŽtiĂšres du Nord ont peu participĂ©, globalement (Ă  part Koumac, au dĂ©but).

Le projet est d’attaquer NoumĂ©a[11], par surprise : cela serait le meilleur moyen de dĂ©stabiliser la colonisation, voire la prĂ©sence française. La date est fixĂ©e Ă  la fin de la rĂ©colte des ignames, en juillet, peut-ĂȘtre mĂȘme dĂšs le (selon RiviĂšre). Elle est repoussĂ©e au .

Mais, le prĂ©cĂ©dent, Ă  OuamĂ©nie (Bouloupari), un groupe kanak attaque violemment la propriĂ©tĂ© DĂ©zarnauld, plus exactement la famille du gardien ChĂȘne[12], ancien forçat, mariĂ© Ă  Medon, une indigĂšne de Poquereux. La rĂ©action de l’administration est forte : incarcĂ©ration de dix chefs.

L’objectif de NoumĂ©a est abandonnĂ©, et remplacĂ© par une sĂ©rie d’attaques sur l’ensemble du front pionnier, de Poya (cĂŽte ouest), Baie Saint-Vincent, Ă  Canala (cĂŽte est). On cible d’abord La Foa, point important de colonisation, et centre de clans mĂ©lanĂ©siens virulents.

Mardi , une troupe de rĂ©voltĂ©s, peut-ĂȘtre 3.000, investit La Foa, assassine quatre gendarmes, libĂšre le chef emprisonnĂ© TouattĂ© (de Dogny) et massacre des colons, Ă©leveurs isolĂ©s des savanes boisĂ©es. Le , c’est le tour de Bouloupari : massacre de gendarmes, de forçats, de colons, avec femmes et enfants.

Puis, la vallĂ©e de Thio est progressivement occupĂ©e. Le centre minier est Ă©vacuĂ© (mais le nickel a encore vu son cours baisser Ă©normĂ©ment). Les EuropĂ©ens cĂšdent du terrain, obligĂ©s de laisser les rĂ©voltĂ©s piller et incendier. Ceux qui peuvent ĂȘtre Ă©vacuĂ©s par mer vers NoumĂ©a le sont. D’autres se regroupent au poste de TĂ©remba (La Foa). RiviĂšre arrive en bateau, et empĂȘche la prise de TĂ©remba.

NoumĂ©a s’inquiĂšte, panique[13] mĂȘme, et interne sur l’üle Nou les 130 MĂ©lanĂ©siens qui vivent et travaillent Ă  NoumĂ©a. Un groupe de gentlemen se constitue spontanĂ©ment, et, au bac de la DumbĂ©a, fusille tous les kanak qui se prĂ©sentent (Jean Guiart 2011ː220).

La rĂ©action militaire se veut Ă©nergique, avec le commandant militaire de la colonie, lieutenant-colonel Gally-Passebosc. Dans cette contre-offensive inadaptĂ©e, Gally-Passebosc est tuĂ© au cours d’une embuscade le . Il est remplacĂ© par le commandant RiviĂšre.

Les troupes kanak remportent quelques succĂšs militaires, comme au Cap Goulvain, aux Roches d'Adio (nord de Bourail), ou Ă  Poya.,

Le fort Teremba, qui accompagne le pĂ©nitencier de La Foa, est rĂ©amĂ©nagĂ© et renforcĂ© pour servir de place-forte et de refuge Ă©ventuel, avec une garnison de 80 militaires. Les travaux sont achevĂ©s le . Les rĂ©voltĂ©s, une grosse bande estimĂ©e Ă  500 guerriers mĂ©lanĂ©siens, Ă©choue devant le fort, surpris par l’efficacitĂ© des chassepots. Et des renforts d'infanterie de marine arrivent d'Indochine depuis le dont le chef d'escadron Albert Louis Candelot[Note 1] qui restera sur l'Ăźle jusqu'en 1879[14]. OuĂ©goa (nord de la cĂŽte est) se voit Ă©galement dotĂ© d'un fort Ă  Ouamali.

Le lieutenant-de-vaisseau Senan parvient Ă  rallier le chef GĂ©lima, le chef KakĂ©, le chef de guerre Nondo, de Canala, partir seul avec eux Ă  la recherche des responsables du massacre passĂ©, Ă  partir de Ciu. Le , AtaĂŻ, son fils, et son takata Andia sont tuĂ©s Ă  coups de sagaies, et dĂ©capitĂ©s par Segou et ses hommes, les kanak de Canala. Un bambou gravĂ© (n° 53 de la collection Gaumont), provenant de Ni ou de la vallĂ©e de Bouirou, apporte un tĂ©moignage de l'exhibition de sept tĂȘtes, de bras coupĂ©s, et de corps dĂ©capitĂ©s surveillĂ©s par un guerrier kanak nu-pieds avec fusil. Le chef Baptiste aussi est tuĂ©, entre La Foa et Moindou.

Cela semble ĂȘtre le tournant de la rĂ©volte : l’initiative est dĂ©sormais Ă  l’armĂ©e, aux auxiliaires kanaks, aux corps-francs broussards (dĂ©portĂ©s et transportĂ©s), et les arabes (AlgĂ©riens de Nouvelle-CalĂ©donie, dont Boumezrag El Mokrani, un des leaders de l'insurrection kabyle de 1871), qui se joignent au mouvement parce qu’ils ont Ă©tĂ© attaquĂ©s par les kanak Ă  Bourail, en septembre. NaĂŻna remplace AtaĂŻ, Kaupa remplace Baptiste, et le chef François dirige les tribus autour d'Ourail.

Pour lutter contre cette guerre d’embuscades, de guĂ©rilla, la tactique est de contre-insurrection, avec volontĂ© de rĂ©duire les sources de ravitaillement des insurgĂ©s : incendies de villages, de cases, et de cocoteraies ; destruction de plantations, de rĂ©coltes, de cultures vivriĂšres.

L’insurrection reprend plus au nord, à Poya le , à Bourail le , se poursuit en octobre. La pacification progresse cependant. Puis, le soulùvement se renforce à l’ouest. La forteresse kanak d’Adio tombe en .

« On donnait en 1878 cinq francs pour une paire d'oreilles coupĂ©es, ce qui sera transformĂ© en une prime par tĂȘte coupĂ©e (pour Ă©viter de payer pour les femmes et les enfants tuĂ©s, sur la seule vue des oreilles coupĂ©es aux morts).» (Jean Guiart 2008ː217)

Fin 1878, les territoires des alliĂ©s et ralliĂ©s (engagement rĂ©el, ou simple neutralisation) sont sur la cĂŽte est ; les insurgĂ©s sont sur la cĂŽte ouest, et l’armĂ©e s’y transporte. On promet la vie sauve aux tribus qui se rendent. La reddition des tribus commence au sud, et se poursuit, par ratissage systĂ©matique. Le , le chef NaĂŻna est tuĂ©. Le , le chef DaouĂŻ (NĂ©poui) est tuĂ©. En mars, le chef Cham (Chef Owi) est pris. En avril, le chef Judano "Djeuda" (Chef Owi) aussi. En , l’état de siĂšge est dĂ©finitivement levĂ©.

L’ensemble des opĂ©rations a causĂ© environ 1 200 morts, soit 200 europĂ©ens et 800 Ă  1 600 kanaks. « RiviĂšre a Ă©tĂ© l'artisan efficace de la victoire française et le tĂ©moin lucide de cette insurrection  Â» (Dousset-Leenhardt 1998ː63), assistĂ© par Le Vaillant de Veaux-Martin, Le Golleur et le gĂ©omĂštre Gallet. Les chefs de poste sont le capitaine de Joux (PaĂŻta, Bouloupari), le lieutenant Vanauld (OuraĂŻl), le lieutenant MarĂ©chal (Moindou), le capitaine Lambinet (KonĂ©), le capitaine Merlaud (HouaĂŻlou), le lieutenant Garcin (Thio), le lieutenant de vaisseau Merlan (Canala). Le gĂ©nĂ©ral Arthur de Trentinian arrive le et comprend la gravitĂ© de la situation, mĂȘme s'il reste peu actif sur le terrain mĂȘme.

Suites

1000 Ă  1500 kanak sont dĂ©portĂ©s dans les Ăźles proches, Ăźle des Pins (600), Lifou, ou lointaines, BĂ©lep (extrĂȘme nord, 200), mais aussi ultĂ©rieurement Tahiti, et mĂȘme Obock. Les chefs rebelles sont exĂ©cutĂ©s, sans jugement, au cours des opĂ©rations, sauf un, arrĂȘtĂ© et condamnĂ© en cour martiale, Areki (tribu des Oua-Tom, La Foa, province sud)[15], ou sans renseignement judiciaire[13] - [16].

Le capitaine de frĂ©gate A. Mathieu livre une synthĂ©tique note sur les causes de l'insurrection (Dousset-Leenhardt 1998ː246-251). Le gĂ©nĂ©ral Arthur de Trentinian (1822-1885) reconnaĂźt, dans son enquĂȘte sur les causes de l’insurrection de 1878, que « les spoliations de terres indigĂšnes, les dĂ©gradations subies (?) par le bĂ©tail, les rĂ©quisitions abusives de main-d’Ɠuvre ont fait naĂźtre un sentiment d’injustice chez les indigĂšnes. ». L'intĂ©gralitĂ© du rapport se lit dans l'ouvrage de Dousset-Leenhardt (pp. 127-159).

Les conséquences de la grande révolte sont désastreuses pour les Kanak. Les tribus rebelles qui se sont rendues sont déplacées (dont celle de Farino).

DĂšs 1879, sont promulguĂ©es les lois d’amnistie pour une partie des bagnards, pour la plupart astreints Ă  ne pas quitter le territoire. Vers 1899, la Nouvelle-CalĂ©donie compte 20 000 habitants d’origine europĂ©enne, dont la moitiĂ© consiste en d’anciens bagnards.

Le code de l’indigĂ©nat se met en place entre 1874 et 1881, il est totalement appliquĂ© en Nouvelle-CalĂ©donie Ă  partir de 1887 : privation pour les ‘’sujets français’’ de la majeure partie de leur libertĂ© et de leurs droits politiques ; conservation sur le plan civil de leur seul statut personnel, d'origine religieuse ou coutumiĂšre.

L’espace autochtone est restreint, par confiscation des terres des rebelles, et accaparement des terres par la colonie et les colons. La spoliation signifie le cantonnement des mĂ©lanĂ©siens dans des rĂ©serves de plus en plus Ă©triquĂ©es. De 1891 Ă  1912, en Grande Terre, les rĂ©serves passent de 320 000 Ă  121 000 hectares (1891 : 320 000, 1898 : 250 000, 1901 : 123 000, sous le gouverneur Paul Feillet (1894-1903), et 1912 : 121 664), soit 13 % de la superficie initiale.

Le cas exceptionnel de Nassirah mĂ©rite d'ĂȘtre notĂ©. Le colon Marc Le Goupils arrive en Nouvelle-CalĂ©donie en 1898. Il signe un contrat avec le vieux chef Samuel, dĂ©sireux de regrouper les membres Ă©parpillĂ©s de sa tribu. Ainsi s'Ă©lĂšve le nouveau village de NagounĂ©, en place de l'ancien Nassirah, puis le LycĂ©e de Nassirah. La fin est moins glorieuse, dans la rĂ©pression, la mort, l'exil.

L’expansion coloniale est stabilisĂ©e au dĂ©but, puis reprend. En 1883, il n’y a pas de propriĂ©tĂ© infĂ©rieure Ă  600 ha, la moyenne est de 1000 ha, la maximale de 10.000. L’exploitation miniĂšre se dĂ©veloppe, avec la crĂ©ation en 1880 de la SociĂ©tĂ© Le Nickel (SLN). L’immigration reprend, javanaise, vanuataise
.

Le bilan des rĂ©serves est contrastĂ© : « Les rĂ©serves ont Ă©tĂ© un frein Ă  l'intĂ©gration des mĂ©lanĂ©siens autochtones et Ă  leur adaptation au monde moderne ». « DĂ©limitĂ©es sur la Grande Terre sans tenir compte des territoires rĂ©els de chaque clan, regroupant par le cantonnement des clans diffĂ©rents parfois ennemis, isolant les groupes, Ă©tablies dans l'ignorance de la nature rĂ©elle de l'organisation coutumiĂšre, elles ont modifiĂ© les hiĂ©rarchies et les relations traditionnelles. Insuffisantes en sols et en espace, elles ont gĂȘnĂ© l'extension des cultures commercialisables. » «Les rĂ©serves eurent en revanche un rĂŽle positif en prĂ©servant les indigĂšnes de la dĂ©chĂ©ance Ă  laquelle auraient conduit des dĂ©possessions excessives ou totales. Elles contribuĂšrent aussi Ă  prĂ©server leur identitĂ© et Ă  conserver des Ă©lĂ©ments importants de leurs traditions ainsi que la plupart de leurs langues. »

Les structures sociales kanak sont disloquĂ©es : perte de terres coutumiĂšres, perte de grottes oĂč reposent les restes des ancĂȘtres, dĂ©racinement, perte d’identitĂ©, asthĂ©nie durable, dĂ©natalitĂ©, abandon de pans entiers de la coutume. Le premier recensement officiel donne 42 519 kanak en 1887, 35 000 en 1891, 30 304 en 1897, 27 768 en 1901, ce qui constitue une vĂ©ritable saignĂ©e : 5 % de la population mĂ©lanĂ©sienne. La population baisse, se maintenant Ă  environ 28 000 personnes (dont 17 000 sur la Grande Terre) entre 1900 et 1920[17].

La dépopulation des peuples mélanésiens et polynésiens est assez générale à la fin du XIXe siÚcle (Nouvelle-Zélande, Hawaï, Tahiti, Marquises, Anatom (Vanuatu)
), et s'accompagne de résistances à la colonisation et l'expropriation. Toutes proportions gardées, il est légitime de penser au traitement américain, contemporain, des Nord-Amérindiens (dont la bataille de Little Bighorn de 1876), au traitement des aborigÚnes d'Australie, et des Maoris de Nouvelle-Zélande.

Maurice Leenhardt relĂšve ces paroles de chef kanak : « Les blancs nous ont menti; il vaut mieux boire et puis crever. Â» (Jean Guiart 2000ː233)

La mĂ©moire collective kanak se manifeste, une derniĂšre fois sans doute, dans les bambous gravĂ©s, dont tĂ©moigne la collection de Gustave Glaumont, commissaire de l'administration pĂ©nitentiaire, en poste Ă  l'Île des Pins de 1880 Ă  1891.

L'Exposition universelle de Paris de 1889 a son village nÚgre[18] et son village canaque, avec sa grande case, avec une délégation menée par Pita, fils du grand chef Gélima, de Canala[19].

Ces évolutions sont une des causes de la révolte kanak de 1917, et, cinquante ans aprÚs cette derniÚre révolte, à l'origine des revendications indépendantistes. En 1968, de jeunes kanak reprennent la lutte, fondent le Groupe 1878 , le mouvement des Foulards rouges, ce qui va devenir le Parti de libération kanak.

Depuis, à la suite de la prise d'otages d'Ouvéa (1988), par les accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998), ont été établis, ou rétablis, le statut civil coutumier de Nouvelle-Calédonie actuel, les conseils coutumiers, les aires coutumiÚres, le Sénat coutumier.

Voir aussi

Bibliographie

  • Ă©tudes
    • Michel Naepels, Histoires de terres kanakes (HouaĂŻlou), Paris, 1998, Belin,
    • Jean Guiart, SociĂ©tĂ©s mĂ©lanĂ©siennes : IdĂ©es fausses, idĂ©es vraies, Le Rocher-Ă -la-Voile, NoumĂ©a 2001, (la couverture porte SociĂ©tĂ©s canaques),
    • Sylvette Boubin-Boyer (ouvrage collectif, sous la direction de), RĂ©voltes, conflits et guerres mondiales en Nouvelle-CalĂ©donie et dans sa rĂ©gion (2 tomes), Paris, L'Harmattan, 2008, (ISBN 978-2-296-05121-8),
    • RoselĂšne Dousset-Leenhardt, Terre natale, terre d'exil, Paris, Maisonneuve et Larose, 1976, rĂ©Ă©d. 1998, 316 p., (ISBN 2-7068-1316-4),
    • RoselĂšne Dousset-Leenhardt, Colonialisme et contradictions, Nouvelle-CalĂ©donie 1878-1978. Les causes de l'insurrection de 1878, Paris, 1978, L'Harmattan,
    • FrĂ©dĂ©ric Angleviel (sous la direction de), Religion et sacrĂ© en OcĂ©anie, 2000, L'Harmattan,
    • Claude Cornet, La Grande RĂ©volte de 1878, Ă©ditions de la Boudeuse, NoumĂ©a, 2000, 316 pages, nombreux documents d'Ă©poque reproduits.
  • romans
  • Yoram Mouchenik, "L'enfant vulĂ©rable", 2004, Grenoble, La PensĂ©e sauvage Ă©d.

Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. Connaissant bien l'ßle pour en avoir dressé la carte de 1864 à 1868

Références

  1. DauphinĂ©, JoĂ«l, « Du nouveau sur la premiĂšre prise de possession de la Nouvelle-CalĂ©donie par la France (1843-1846) », Outre-Mers. Revue d'histoire, PersĂ©e - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 76, no 284,‎ , p. 111–130 (DOI 10.3406/outre.1989.2745, lire en ligne AccĂšs libre, consultĂ© le ).
  2. Yves Person, La Nouvelle Calédonie et l'Europe 1774-1854, , 217 p. (lire en ligne), p. 211.
  3. Croix du sud.
  4. Guy Bierman.
  5. « Souvenirs de la Nouvelle Calédonie. L'Insurrection Canaque par Henry RiviÚre... » AccÚs libre, sur Gallica, (consulté le ).
  6. Doumenge-MĂ©tais-Saussol : Nouvelle-CalĂ©donie : occupation de l’espace et peuplement.
  7. http://www.cht.nc/doc/retro_actu/RETRO122006.pdf.
  8. Lucie Delaporte, « Louise Michel et les Kanak: amorce d’une rĂ©flexion anti-impĂ©rialiste », sur mediapart.fr, (consultĂ© le )
  9. O'Reilly, Patrick, « Chronologie de la Nouvelle-CalĂ©donie. De la dĂ©couverte de l'le au cinquantenaire de la prise de possession (1774-1903) », Journal de la SociĂ©tĂ© des OcĂ©anistes, PersĂ©e - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 9, no 9,‎ , p. 25–53 (DOI 10.3406/jso.1953.1766, lire en ligne AccĂšs libre, consultĂ© le ).
  10. « 1878 : la grande révolte canaque », sur www.croixdusud.info (consulté le )
  11. Futura Sciences.
  12. Edlont Plauchut, 1878, dans la Revue des deux mondes 1878.
  13. http://www.hgsavinagiac.com/2014/10/la-tete-du-chef-de-guerre-atai-rendue-a-sa-tribu-kanak-de-nouvelle-caledonie-1.html.
  14. Notice complĂšte de Candelot Albert 1860, conservĂ©e Ă  la bibliothĂšque de l'École polytechnique
  15. Charles Lemire et Ligaran,, Voyage à pied en Nouvelle-Calédonie et Description des Nouvelles-Hébrides, , 316 p. (ISBN 978-2-335-04162-0, lire en ligne), p. 70.
  16. https://www.noumea.nc/sites/default/files/ile_dexil_terre_dasile_catalogue-web.pdf (p. 38-40).
  17. MĂ©tais, Pierre, « DĂ©mographie des NĂ©o-CalĂ©doniens », Journal de la SociĂ©tĂ© des OcĂ©anistes, PersĂ©e - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 9, no 9,‎ , p. 99–128 (DOI 10.3406/jso.1953.1773, lire en ligne AccĂšs libre, consultĂ© le ).
  18. « Le « village nĂšgre Â», l’intolĂ©rable zoo humain de Paris », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, (consultĂ© le ).
  19. « Habitants village canaque paris 1889 », sur picture-worl.org (consulté le ).
  20. « Généalogie de Jules Aristide CHARRIÈRE », sur Geneanet (consulté le ).

Liens externes

Sources

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