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Gouvernement de la Chine sous la dynastie Han

La dynastie Han (chinois simplifiĂ© : 汉朝 ; chinois traditionnel : æŒąæœ ; pinyin : hĂ nchĂĄo ; chinois archaĂŻque : Ć‹Ì„Änh ឍhaw[1]) rĂšgne sur la Chine de 206 av. J.-C. Ă  220 apr. J.-C. DeuxiĂšme des dynasties impĂ©riales, elle succĂšde Ă  la dynastie Qin (221 - 206 av. J.-C.) et est suivie de la pĂ©riode des Trois Royaumes (220 - 265). Elle se divise en deux pĂ©riodes : celle des Han occidentaux (è„żæŒą) ou Han antĂ©rieurs (ć‰æŒą) (206 av. J.-C. - 9), capitale Chang'an et celle des Han orientaux (æ±æŒą) ou Han postĂ©rieurs (ćŸŒæŒą), (25 - 220), capitale Luoyang. Ces deux pĂ©riodes sont sĂ©parĂ©es par la courte dynastie Xin, fondĂ©e par Wang Mang et qui ne survit pas Ă  la mort de ce dernier.

Jarre en cĂ©ramique peinte, datant des Han Occidentaux. Elle est recouverte de dĂ©corations en relief reprĂ©sentant des dragons, des phƓnix et des taotie

L'Empereur de Chine est le chef du gouvernement. Il promulgue toutes les lois par Ă©crit, est le commandant en chef des forces armĂ©es et assume la fonction de chef du pouvoir exĂ©cutif. Il nomme tous les officiels gouvernementaux qui ont un salaire/rang de 600 dan ou plus, avec l’aide de conseillers qui examinent chaque candidat. L'impĂ©ratrice douairiĂšre est la mĂšre de l'empereur et elle est, de fait, plus puissante que son fils, car elle peut annuler les dĂ©cisions de l'empereur pour les remplacer par les siennes. Cette filiation peut ĂȘtre d'ordre biologique ou symbolique. Le pouvoir exĂ©cutif de l'empereur peut ĂȘtre dĂ©lĂ©guĂ© Ă  n'importe quel officiel, qui reçoit alors un sceptre spĂ©cifique comme preuve de cette dĂ©lĂ©gation. Cet officiel reçoit alors, entre autres, le pouvoir d'exĂ©cuter les criminels sans devoir demander la permission de la cour impĂ©riale.

Au dĂ©but de la dynastie, il existe de nombreux rois semi-autonomes, qui ont de grands pouvoirs au niveau local, ce qui affaiblit l'autoritĂ© impĂ©riale. Leur autonomie diminue de maniĂšre importante lorsque la cour tire les consĂ©quences de la RĂ©bellion des sept États et lance une sĂ©rie de rĂ©formes Ă  leur encontre. Ces problĂšmes d'autonomie locale resurgissent Ă  la fin de la dynastie Han, lorsque dĂ©bute une longue guerre civile qui s’achĂšve par la chute des Han et le dĂ©but de la pĂ©riode des trois royaumes.

Les officiels du plus haut rang sont regroupés au sein d'un cabinet et jouent auprÚs de l'empereur le rÎle de conseillers, de censeurs, d'exécutants et de juges. Ils sont connus comme étant les Trois Excellences et ils supervisent les Neuf MinistÚres, qui sont des grands ministÚres spécialisés sur une tùche en particulier, ainsi que divers officiels de la capitale et de ses alentours. Chaque fonctionnaire de la bureaucratie impériale, chaque noble de la famille impériale, chaque concubine du harem et chaque officier des forces armées se voit attribuer un rang et touche le salaire qui y est associé.

les divisions administratives de l'empire sont, par ordre dĂ©croissant de taille, les provinces (ou Zhou ć·ž) les commanderies, les comtĂ©s (ou Xian 掿) et les districts. La taille des diffĂ©rents fiefs des nobles va du royaume, qui recouvre la plupart du temps le territoire d'une commanderie, au marquisat, dont le territoire se confond souvent avec celui d'un comtĂ©. Le gouvernement a tentĂ© de mettre en place des monopoles sur le sel, la sidĂ©rurgie et l'alcool; qui ont tous fini par ĂȘtre supprimĂ©s. A contrario, le monopole de la frappe monĂ©taire qui est mis en place par le gouvernement en 113 av. J.-C., reste en place jusqu’à la fin de la dynastie. Si sous les Han occidentaux, le recrutement des soldats est basĂ© sur un systĂšme de conscription touchant les non-nobles ; les Han orientaux prĂ©fĂšrent s'appuyer sur une armĂ©e de volontaires, payĂ©s grĂące aux revenus d'une taxe permettant d'Ă©viter la conscription. À cĂŽtĂ© de ces deux systĂšmes, il existe pendant toute la dynastie une petite armĂ©e permanente de soldats professionnels. Enfin, en temps de crise, l'armĂ©e de volontaires est renforcĂ©e par des recrutements massifs, pendant que d'importantes milices villageoises sont levĂ©es et certains anciens titres officiels peuvent mĂȘme ĂȘtre rĂ©activĂ©s pour un temps limitĂ©.

Salaires

Un wushu (äș”銖)en bronze de 25 mm de diamĂštre, frappĂ© pendant le rĂšgne de l'empereur Han Wudi

Sous la dynastie Han, le pouvoir d'un fonctionnaire du gouvernement dĂ©pend de son grade et du salaire annuel qui y correspond. Ces salaires sont mesurĂ©s en unitĂ©s de grains appelĂ©es dan, shi ou shih (石[2]), mais environ la moitiĂ© du salaire d'un fonctionnaire est payĂ©e en espĂšces[3]. AprĂšs l'an 119 av. J.-C., ces espĂšces sont des wushu (äș”銖), la piĂšce de monnaie de base qui pĂšse 3,2 g[4]. L’autre moitiĂ© du salaire d’un fonctionnaire est payĂ©e en grains dĂ©cortiquĂ©s et non dĂ©cortiquĂ©s, dont les quantitĂ©s sont mesurĂ©es en hu (è§ł[5]). Puisqu’un hu de grain non dĂ©cortiquĂ© vaut 100 piĂšces d’or et un hu de grain dĂ©cortiquĂ© vaut 160 piĂšces, le ratio de conversion du grain non dĂ©cortiquĂ© vers le grain dĂ©cortiquĂ© est de 10 pour 6[6]. Les plus hauts responsables dans les administrations centrales gagnent un salaire de 10 000 dan. Les fonctionnaires qui surveillent les neuf ministĂšres spĂ©cialisĂ©s ont le grade "EntiĂšrement 2 000 dan", tandis que le magistrat d’un comtĂ© gagne 600 dan[7]. Occasionnellement, les empereurs offrent aux hauts fonctionnaires des luxueux cadeaux comprenant du vin, des denrĂ©es alimentaires et des vĂȘtements en soie. Ces dons, dans certains cas trĂšs gĂ©nĂ©reux, peuvent avoir une valeur correspondant Ă  la moitiĂ© du salaire annuel de celui qui les reçoit[8]. Les fonctionnaires ĂągĂ©s quittent souvent leur poste et touchent alors une pension[9].

Le tableau ci-dessous liste les salaires versés aux fonctionnaires sous les Han, du plus au moins élevé. Ces salaires sont exprimés en espÚces, en grains non décortiqués et en grains décortiqués[10] :

Liste des salaires en l'an 106[10]
A. Rang (mesuré en dan) B. Salaire mensuel en grains non décortiqués (mesuré en hu) C. Salaire mensuel en piÚces de monnaie (Unité de base) D.Salaire mensuel en grains décortiqués (mesuré en hu)
10,000 350 17,500 105
EntiĂšrement 2,000 180 9,000 54
2,000 120 6,000 36
L'Ă©quivalent de 2,000 100 5,000 30
1,000 90 4,500 27
L'Ă©quivalent de 1,000 80 4,000 24
600 70 3,500 21
L'Ă©quivalent de 600 60 3,000 18
400 50 2,500 15
L'Ă©quivalent de 400 45 2,250 13.5
300 40 2,000 12
L'Ă©quivalent de 300 37 1,850 11.1
200 30 1,500 9
L'Ă©quivalent de 200 27 1,350 8.1
100 16 800 4.8
L'Ă©quivalent de 100 N/A N/A N/A
Fonctionnaires dont les salaires sont exprimés en Dou 11 550 3.3
Assistant-commis 8 400 2.4

Gouvernement central

Un modÚle impérial hérité des Qin

L'armée de terre cuite, créée pour garder le mausolée de Qin Shi Huang, le fondateur de la dynastie Qin

C'est Qin Shi Huang, le fondateur de la dynastie Qin, qui crĂ©e le titre d'empereur et pose les bases du systĂšme de gouvernement impĂ©rial chinois aprĂšs avoir unifiĂ© la Chine en 221 av. J.-C.; ce qui met fin Ă  la pĂ©riode des royaumes combattants, oĂč la Chine est divisĂ©e entre plusieurs royaumes perpĂ©tuellement en guerre les uns contre les autres.

Cette pĂ©riode correspond Ă  la derniĂšre partie du rĂšgne de la dynastie Zhou (1050 - 256 av. J.-C.), qui dirigeait la Chine d'une maniĂšre trĂšs dĂ©centralisĂ©e. Les Zhou Ă©taient des rois, et non des empereurs, auxquels les autres rois avaient fait allĂ©geance et jurĂ© obĂ©issance. Ce systĂšme avait bien fonctionnĂ© tant que les Zhou avaient les moyens de faire taire les rois qui leur dĂ©sobĂ©issaient, mais Ă  la fin, ils avaient perdu tout pouvoir rĂ©el et l’allĂ©geance des autres rois n'Ă©tait plus qu'une façade. De plus, mĂȘme au somment de leur puissance, les Zhou n'ont jamais eu autant de pouvoirs que les empereurs des dynasties qui vont leur succĂ©der[11].

Refusant de tomber dans les mĂȘmes travers que les Zhou, Qin Shi Huang met en place un systĂšme se voulant centralisĂ© et centrĂ© autour de la personne de l'Empereur. Tout s'effondre avec la chute de la dynastie Qin en 206 av. J.-C.; mais aprĂšs sa victoire durant la guerre Chu-Han, Liu Bang, le Roi de Han, rĂ©tablit l'empire en fondant la dynastie Han, dont il devient le premier empereur sous le nom de Han Gaozu[12].

Le systĂšme impĂ©rial des Han emprunte une grande partie de ses bases Ă  celui mis en place par les Qin. Ainsi, Xiao He, le chancelier de Gaozu, reprend la plus grande partie du code des Qin[13] pour crĂ©er le tout nouveau code des Han[14]. Par contre, le pouvoir central Ă©tabli par Gaozu ne contrĂŽle directement qu'un tiers de l'empire, le reste du territoire Ă©tant contrĂŽlĂ© par des rois bĂ©nĂ©ficiant d'une grande autonomie. Ce systĂšme s'Ă©loigne grandement de celui voulu par les Qin, oĂč l'empereur se doit d'avoir l'intĂ©gralitĂ© du territoire de la Chine sous son contrĂŽle direct[15]. Ce n'est que plus tard, aprĂšs une sĂ©rie de rĂ©formes et de guerres, que ces royaumes perdent leurs pouvoirs et leurs autonomies. Les empereurs Han bĂ©nĂ©ficient alors d'un contrĂŽle direct et absolu de l'empire, tout comme Qin Shi Huang avant eux[16].

Le renforcement graduel du pouvoir central au profit des Han peut se mesurer au travers de leur politique monĂ©taire. Alors que les Qin avaient Ă©tabli un systĂšme de monnaie unique pour tout leur empire[17], les premiers Han occidentaux hĂ©sitent entre l'autorisation et l'interdiction de la frappe de divers types de monnaies par des entreprises privĂ©es, les commanderies et les diffĂ©rents royaumes semi-autonomes[18]. Il faut attendre l'an 113 av. J.-C. pour que la cour des Han se dĂ©cide Ă  faire de la frappe des piĂšces de monnaie une monopole d'État et Ă©tablisse Ă  nouveau un systĂšme de monnaie unique pour tout l'empire[19].

RÎles, droits et responsabilités

L’empereur bĂ©nĂ©ficie du statut social le plus Ă©levĂ© de tout l'empire. Il est Ă  la tĂȘte de l’administration gouvernementale et son pouvoir est pratiquement absolu, bien que les fonctionnaires, qui reprĂ©sentent les intĂ©rĂȘts divergents des diffĂ©rents organes, scrutent toutes ses dĂ©cisions[20]. En thĂ©orie, le Grand Commandant est le commandant en chef des forces armĂ©es de l'empire, mais en pratique, c'est l’Empereur qui tient ce rĂŽle[21]. C'est Ă©galement lui qui nomme les fonctionnaires de l’administration centrale dont le salaire/rang est de 600 dan ou plus[22]. L’Empereur dĂ©signe aussi les reprĂ©sentants du gouvernement dans les provinces, les commanderies et les comtĂ©s[22]. Ceux qui entrent dans la fonction publique sont soit des personnes choisies sur recommandation des grandes familles locales des diverses commanderies, soit des proches des familles de hauts fonctionnaires, soit des Ă©tudiants diplĂŽmĂ©s de l’UniversitĂ© impĂ©riale. Cette institution est Ă©tablie en 124 av. J.-C. et dispense un enseignement basĂ© sur le confucianisme Ă  ceux qui entrent dans la fonction publique[23].

Une figurine en poterie provenant d'une tombe de la dynastie Han, représentant un somptueux palais. Que l'on soit un humble paysan, un puissant noble ou un ministre influent, entrer dans le palais de l'empereur sans en avoir officiellement la permission est un crime puni de mort[24].

En thĂ©orie, l'empereur est le seul Ă  pouvoir modifier les diffĂ©rentes lois du code des Han et Ă  pouvoir en crĂ©er de nouvelles par le biais d'Ă©dits impĂ©riaux (zhao 詔) et de dĂ©crets (ling 什)[22]. En pratique, il valide souvent les dĂ©cisions et les rĂ©formes que lui propose son ministre de la justice, le Commandant de la Justice (ć»·ć°‰)[22]. L'empereur est Ă©galement le juge suprĂȘme du systĂšme judiciaire Han. Ce systĂšme suit une hiĂ©rarchie stricte : lorsqu'une infraction a lieu, le procĂšs a lieu au niveau du Xian oĂč elle est commise. Si l'administration du Xian n'arrive pas Ă  rĂ©gler le cas, ou se juge incompĂ©tente en la matiĂšre, on passe au niveau de la Commanderie. Si la situation reste bloquĂ©e, on fait appel au Commandant de la Justice et si jamais ce dernier n'arrive pas Ă  rĂ©gler ce problĂšme, c'est Ă  l'empereur qu'il revient de juger ce cas. Il peut Ă©galement casser n'importe quel jugement et rejuger lui-mĂȘme le cas[25].

L'empereur peut dĂ©lĂ©guer de maniĂšre temporaire son rĂŽle de juge suprĂȘme Ă  n’importe quel fonctionnaire, qu'il dĂ©signe en cas d’urgence ou dans les contrĂ©es lointaines de l'empire oĂč le gouvernement central a peu d’influence. Pour reprĂ©senter cette dĂ©lĂ©gation, le fonctionnaire reçoit un sceptre spĂ©cifique, connu sous le nom de Jiezhang (çŻ€æ–)[26]. Ce Jiezhang mesure environ m de haut, est dĂ©corĂ© avec des rubans et est souvent accordĂ© Ă  un fonctionnaire pour qu'il puisse accomplir une tĂąche spĂ©cifique. Le fonctionnaire ainsi promu peut agir au nom de l’empereur comme ambassadeur dans un pays Ă©tranger, nommer des civils dans l'administration ou promouvoir immĂ©diatement un officier militaire pour rĂ©compenser ses mĂ©rites sur le champ de bataille[26]. En outre, le Jiezhang donne Ă  son porteur le pouvoir de punir immĂ©diatement les criminels et les rebelles politiques en les exĂ©cutant, sans avoir Ă  en demander la permission Ă  la Cour[26].

Sous la dynastie Qin, la lĂ©gitimitĂ© du premier empereur vient de sa capacitĂ© Ă  conquĂ©rir d’autres royaumes et d'autres territoires. Toutefois, au moment du rĂšgne de Wang Mang (r. -), c'est le mandat du Ciel qui est considĂ©rĂ© comme Ă©tant la seule source lĂ©gitime de l’autoritĂ© impĂ©riale[27]. Ce concept est nĂ© pendant la dynastie Zhou, pour lĂ©gitimer le pouvoir de cette derniĂšre. La Cour des Qin faisait des sacrifices et adorait quatre divinitĂ©s principales, auxquelles l'empereur Han Gaozu ajoute en 205 av. J.-C. une cinquiĂšme divinitĂ©, en rĂ©fĂ©rence aux cinq empereurs (Wudi äș”澝)[28]. Plus tard, l'empereur Han Chengdi (51 av. J.-C.- 7 av. J.-C.) annule le culte d’État des cinq divinitĂ©s, au profit de cĂ©rĂ©monies consacrĂ©es au ciel (Tian 怩) et au Dieu suprĂȘme (Shangdi 侊澝). C'est ce dernier qui accorde le mandat du ciel aux empereurs[29]. Par ailleurs, Ă  partir du rĂšgne de l’empereur Han Wudi (r. 141-87 av. J.-C.), la cour des Han fait sienne les thĂšses du philosophe et Ă©rudit Dong Zhongshu (179 – 104 av. J.-C.), qui considĂšre que le rĂšgne terrestre d'une dynastie est liĂ© aux cycles cosmologiques de l’univers. On attend de L’empereur qu'il agisse en suivant les rituels appropriĂ©s ainsi que certaines rĂšgles d’éthique et de morale, de peur que le courroux du ciel ne mettre fin Ă  son rĂšgne[30]. Il est devenu le plus haut prĂȘtre sur la terre, et en effectuant certains rites et rituels religieux, il agit comme un lien sacrĂ© entre le Ciel et la Terre[31].

Figurines en cĂ©ramique datant de l’époque des Han occidentaux, reprĂ©sentant une servante et un conseiller vĂȘtus de robes en soie.

Conférences de la Cour

MĂȘme si l’empereur a le pouvoir suprĂȘme au sein de l'empire, il prend le plus souvent l’avis de son cabinet et des autres ministres avant de prendre des dĂ©cisions ou d'annuler celles qui ont Ă©tĂ© prises prĂ©cĂ©demment[32]. Il rassemble souvent des officiels pour tenir des dĂ©bats ou des discussions sur la politique Ă  suivre. Ces rĂ©unions sont ce que l'on appelle des confĂ©rences de la Cour (tingyi ć»·è­°). Le champ des questions dĂ©battues lors de ces rĂ©unions est trĂšs vaste. Cela inclut le couronnement des nouveaux empereurs, l’infĂ©odation des nobles Ă  l'État central, la mise en place de nouveaux temples ancestraux, les rĂ©formes de la religion d’État ou du systĂšme monĂ©taire, la gestion des monopoles publics sur le sel et le fer[33], l’introduction de nouvelles lois ou de l’abrogation des anciennes, les poursuites judiciaires complexes, dĂ©clarer ou non la guerre Ă  un pays Ă©tranger ou bien accepter de mener des nĂ©gociations pacifiques[32]. MĂȘme si l’empereur peut rejeter les dĂ©cisions rendues par les ConfĂ©rences de Cour, il le fait au risque de s’aliĂ©ner ses principaux ministres. Le plus souvent, il est contraint d’accepter les dĂ©cisions qui font le consensus auprĂšs de la majoritĂ© de ses ministres, dont chaque opinion individuelle compte, sans tenir compte de leur position sociale ou de leur salaire/rang[34].

Impératrice douairiÚre

Lorsque l'empereur dĂ©cĂšde sans avoir dĂ©signĂ© officiellement son successeur, c'est sa femme, l'ImpĂ©ratrice douairiĂšre, qui a le droit de choisir un des enfants en vie de son dĂ©funt Ă©poux ou un des membres de la famille proche de ce dernier, pour en faire le nouvel empereur[35]. La plupart des empereurs choisis de cette façon sont des mineurs, dont l'impĂ©ratrice douairiĂšre devient la rĂ©gente, ce qui fait d'elle la cheffe du gouvernement. Un proche parent de sexe masculin du nouvel empereur, en gĂ©nĂ©ral son frĂšre ou son pĂšre suivant la situation, prend le contrĂŽle du SecrĂ©tariat ImpĂ©rial[36]. La plupart du temps, mĂȘme quand l'empereur atteint sa majoritĂ© et peut rĂ©gner directement, il cherche souvent les conseils et l'approbation de l'impĂ©ratrice douairiĂšre pour chacune de ses actions politiques, sachant que cette derniĂšre peut invalider les dĂ©cisions de l'empereur et les remplacer par les siennes[37]. Durant tout son "rĂšgne", l'impĂ©ratrice douairiĂšre est sous la protection du Commandant de la Garde (èĄ›ć°‰). Et si jamais le clan consort, la faction de la douairiĂšre, vient Ă  perdre le pouvoir, c'est Ă©galement le Commandant de la Garde qui a la charge d'assigner Ă  rĂ©sidence cette derniĂšre[38].

Grand Tuteur

Un plateau laquĂ© rouge et noir datant des Han. Les objets en laque sont des objets de luxe assez communs, qui ornent les tables des riches, ainsi que celle de l'Empereur. Ils sont fabriquĂ©s dans les ateliers gouvernementaux, qui sont sous la responsabilitĂ© du Ministre Intendant (民ćșœ), un des Neuf MinistĂšres.

Le poste de Grand tuteur (Taifu ć€Ș悅) reprĂ©sente le rang social le plus haut de l'empire, juste en dessous de celui de l’empereur. MalgrĂ© cela, il n’est pas occupĂ© rĂ©guliĂšrement, car ce rĂŽle est plus considĂ©rĂ© comme un honneur que comme un poste permanent[39]. Sous les Han occidentaux, un Grand tuteur est supposĂ© ĂȘtre nommĂ© au dĂ©but du rĂšgne de chaque empereur et ne pas ĂȘtre remplacĂ© avant la mort dudit empereur[39]. En rĂ©alitĂ©, seulement quatre Grands tuteurs sont nommĂ©s entre l'an 202 av. J.-C. et l'an 6. Par contre, sous les Han orientaux, un nouveau Grand tuteur est effectivement nommĂ© au dĂ©but du rĂšgne de chaque empereur, sauf pour l’empereur Han Huandi (r. -). En effet, au dĂ©but de son rĂšgne, le Grand tuteur de son prĂ©dĂ©cesseur, l'empereur Han Zidi, est toujours en vie et il devient donc le Grand tuteur du nouvel empereur[40]. Le Salaire/grade du Grand tuteur n'est pas spĂ©cifiĂ© dans les sources littĂ©raires, mĂȘme s’il est sĂ»rement plus Ă©levĂ© que les 10 000 dans que touchent les principaux ministres[41]. Officiellement, le Grand tuteur est chargĂ© d'assister le jeune empereur en lui servant de guide moral et spirituel, mais il est probable que ce rĂŽle n'a jamais Ă©tĂ© pris au sĂ©rieux ou mĂȘme mis en Ɠuvre par ceux qui ont occupĂ© ce poste[42]. En rĂ©alitĂ©, le poste de Grand Tuteur a souvent servi Ă  bloquer dĂ©libĂ©rĂ©ment la carriĂšre d'une personne, pour l’empĂȘcher d’obtenir un poste plus important, par exemple, devenir une des Trois Excellences. Enfin, ceux choisis pour ce poste sont souvent des hommes choisis Ă  cause de leur Ăąge avancĂ© et non de leurs capacitĂ©s, ce qui explique pourquoi la plupart du temps ils meurent rapidement aprĂšs avoir Ă©tĂ© nommĂ©s[42].

Les changements de titres au fil du temps

Les Excellences, ou gong, ce que l'on peut traduire littĂ©ralement par «ducs», sont les ministres les plus importants du gouvernement central et forment le cabinet gouvernemental pendant toute la dynastie Han. Pendant la plus grande partie de la pĂ©riode des Han Occidentaux, les Excellences sont le Chancelier (Chengxiang 侞盾), le Conseiller ImpĂ©rial (Yushi dafu ćŸĄćČ性怫) et le Grand Commandant (Taiwei ć€Ș氉). Le poste de Grand Commandant est attribuĂ© de maniĂšre irrĂ©guliĂšre et finit par ĂȘtre renommĂ© Grand MarĂ©chal (Da sima ć€§ćžéŠŹ) en 119 av.J.C[43]. En l'an 8, le poste de Conseiller ImpĂ©rial est aboli et remplacĂ© par celui de Grande Excellence des Travaux (da sikong ć€§ćžç©ș) et en l'an 1, c'est celui de Chancelier qui disparaĂźt Ă  son tour, pour ĂȘtre remplacĂ© par celui de Grande Excellence au Dessus des Masses (da situ ć€§ćžćŸ’)[43]. Le 8 juin de l'an 51, un Ă©dit impĂ©rial supprime le prĂ©fixe "Grand" (性) des titres de l'Excellence des Travaux et de l'Excellence au Dessus des Masses et redonne au Grand MarĂ©chal le titre de Grand Commandant. AprĂšs ces modifications, la titulature reste inchangĂ©e jusqu’à la fin de la pĂ©riode des Han Orientaux[43]. Avant l'an 8 av.J.C, on ne connaĂźt pas les chiffres exacts des salaires des Trois Excellences; par contre, on sait qu’aprĂšs cette date leur salaire/rang est de 10.000 dan, auquel il faut rajouter divers cadeaux pĂ©riodiques qui augmentent leurs revenus[44].

Chancelier

Pendentifs en jade sculpté en forme de dragons chinois, IIe siÚcle av. J.-C., époque de Han occidentaux

Sous les Han occidentaux, le chancelier est le chef des fonctionnaires civils[45]. Entre l'an 196 et l'an 180 av. J.-C., les fonctions de la chancellerie sont divisĂ©es entre un chancelier de droite (揳侞盾) et un chancelier de gauche (淊䞞盞). AprĂšs l'an 180 av. J.-C., le poste de chancelier de gauche est rarement occupĂ© et lorsque c'est le cas, son titulaire n’a aucun pouvoir rĂ©el[46]. Les chancelier des Han occidentaux supervisent les finances de l’État, la logistique pour les campagnes militaires, les registres des terres et de la population, les cartes des territoires de l’empire, les rapports annuels des provinces, les procĂšs retentissants et Ă©labore le budget du gouvernement[47]. Le chancelier peut nommer directement les fonctionnaires dont le salaire/rang est de 600 dan ou moins et recommander des candidats Ă  l’empereur pour le recrutement aux postes les plus Ă©levĂ©s de l'administration centrale[48]. Le chancelier est tenu pour responsable des actions des responsables qu'il a recommandĂ©s et/ou nommĂ©s; mais il peut aussi punir les fonctionnaires dont il juge le comportement inadĂ©quat sans le consentement de l’empereur[48].

Chaque fois que l’empereur est absent d'une confĂ©rence de la Cour mais que l'on a besoin de son avis; il compte sur le chancelier pour l’orienter et l’informer de l’opinion majoritaire qui se dĂ©gage au sein de la confĂ©rence. Si les ministres prĂ©sents sont divisĂ©s entre deux factions opposĂ©es de tailles Ă  peu prĂšs Ă©gales; le chancelier doit Ă©couter les positions des deux parties et compter le nombre exact des ministres qui ont soutenu chacune des deux opinions adverses[49].

Les Ă©crivains du Palais (Zhongshu 䞭曞) sont Ă  l’origine des eunuques qui officient comme secrĂ©taires du Palais (Zhongshu guan äž­æ›žćź˜). Il en est ainsi jusqu'en l'an 29 av. J.-C., date Ă  laquelle ils sont mis Ă  la tĂȘte d'Ă©quipes formĂ©es de fonctionnaires, qui s'occupent des tĂąches de secrĂ©tariat. Ces eunuques usurpent une grande partie des pouvoirs du chancelier Ă  la fin des Han occidentaux[50]. Lorsque les Han orientaux restaurent la dynastie Han, ils suppriment le poste de chancelier et le remplacent par celui de Grande Excellence au Dessus des Masses. La situation change en l'an 208, lorsque Cao Cao (155-220 apr. J.-C.), peu aprĂšs sa nomination comme Excellence au Dessus des Masses, rĂ©tablit le poste de Chancelier, tout en agissant comme le dirigeant de facto de la Cour de l’empereur Han Xiandi (r. -). Il abolit Ă©galement les postes de Grand Commandant et d'Excellence des Travaux et recrĂ©e celui de Conseiller ImpĂ©rial[51].

Conseiller Impérial

Sous les Han occidentaux, le Conseiller ImpĂ©rial, ou Grand SecrĂ©taire, ou SecrĂ©taire ImpĂ©rial, est le poste officiel le plus Ă©levĂ©, juste derriĂšre celui de Chancelier[52]. Comme le chancelier, il exerce des pouvoirs de censure sur les fonctionnaires provinciaux qui lui envoient Ă©galement des rapports annuels[53]. Son premier devoir est de conduire des procĂ©dures disciplinaires contre les fonctionnaires, y compris ceux attachĂ©s Ă  la chancellerie et au Palais impĂ©rial[54]. Comme une de ses principales fonctions est d’empĂȘcher les abus de pouvoir, ses compĂ©tences Ă  l’égard de la bureaucratie ont tendance Ă  chevaucher celles de du chancelier[55]. Parmi ses subordonnĂ©s, on trouve les Greffiers ImpĂ©riaux (Shiyushi äŸćŸĄćČ), qui sont dirigĂ©s par le Greffier Adjoint du Palais ImpĂ©rial (kardoussi zhongcheng 犊ćČ侭侞)[56]. Ils sont souvent envoyĂ©s dans les provinces pour enquĂȘter sur les Ă©ventuelles fautes commises par les responsables locaux[56].

Une boucle de ceinture incrustĂ©e d’or et d’argent, datant de la fin de la pĂ©riode des Royaumes combattants (403-221 av. J.-C.) ou du dĂ©but de la dynastie des Han occidentaux

Le Conseiller ImpĂ©rial transmet et reçoit les Ă©dits impĂ©riaux de et vers la chancellerie, tout en prĂ©sentant les mĂ©moires pour le trĂŽne Ă©manant des divers fonctionnaires[53]. Sous les Han occidentaux, le bureau du Greffier adjoint du Palais ImpĂ©rial est situĂ© dans l’enceinte du palais[57]. Ce Greffier Adjoint a le pouvoir d’enquĂȘter sur les prĂ©posĂ©s et les eunuques du palais et de rejeter les mĂ©moires mal Ă©crits avant qu'ils soient soumis au Conseiller ImpĂ©rial[57]. Une fois cette Ă©tape franchie, les MaĂźtres de l’Écriture, qui sont sous les ordres du Ministre Intendant, traitent ces mĂ©moires avant qu’ils soient envoyĂ©s au trĂŽne[58]. Sous les Han orientaux, la proximitĂ© qui existe entre le Greffier adjoint du Palais ImpĂ©rial et l’Empereur est telle qu'elle permet au Greffier de dĂ©passer l’autoritĂ© de son supĂ©rieur nominal, l’Excellence des travaux. Par contre, il perd le pouvoir d’inspecter les autoritĂ©s provinciales locales qu'il avait sous les Han occidentaux[59]. Au dĂ©but des Han orientaux, le Ministre Intendant devient le nouveau supĂ©rieur du Greffier adjoint du Palais ImpĂ©rial; sachant que ce ministre est supervisĂ© par le Conseiller ImpĂ©rial et plus tard l'Excellence des Travaux[60]. Le Greffier adjoint du Palais ImpĂ©rial est Ă©galement le responsable de la BibliothĂšque impĂ©riale sous les Han occidentaux et au dĂ©but des Han orientaux. Ce devoir est ensuite transfĂ©rĂ© Ă  un subordonnĂ© du Ministre des CĂ©rĂ©monies en l'an 159[61].

Grand Commandant

Le Grand Commandant, ou Commandant en chef, est le gĂ©nĂ©ral en chef des armĂ©es des Han occidentaux, mais ce poste est pourvu de maniĂšre irrĂ©guliĂšre. Ainsi, pendant toute la pĂ©riode des Han occidentaux (206 av. J.-C. - 9), il n'y a un grand commandant en fonction que de 205 Ă  202 av. J.-C., puis de 196 Ă  195 av. J.-C., de 189 Ă  177 av. J.-C., de 154 Ă  150 av. J.-C. et en 140 av. J.-C.[62]. AprĂšs l'an 119 av. J.-C., les gĂ©nĂ©raux Wei Qing (??? - 106 av. J.-C.) et Huo Qubing (??? - 117 av. J.-C.) occupent simultanĂ©ment ce poste, jusqu'Ă  leurs morts respectives. Le poste est recrĂ©Ă© en 87 av. J.-C., mais il devient une fonction politique et non militaire, lorsqu'il est offert Ă  Huo Guang (??? - 68 av. J.-C.) en tant que rĂ©gent[63]. Le rĂ©gent est dĂšs lors considĂ©rĂ© comme un des trois Excellences, mĂȘme si, en thĂ©orie, il ne fait pas partie du cabinet[63].

Figurine en céramique peinte, datant de l'époque des Han et représentant un cheval et son cavalier en armure et uniforme.

Le poste de Grand Commandant est transformĂ© de maniĂšre significative sous les Han orientaux. Pendant la courte dynastie Xin (9 – 23), Wang Mang a sĂ©parĂ© les postes de rĂ©gent et de Grand Commandant, car il ne voulait pas un rĂ©gent actif et puissant pour son rĂ©gime[64]. Les Han orientaux conservent cette sĂ©paration et le troisiĂšme Grand Commandant de cette pĂ©riode, qui est nommĂ© en l'an 51, fait de son ministĂšre militaire un ministĂšre principalement civil[64]. MĂȘme si sous les Han orientaux le Grand Commandant a le mĂȘme salaire/rang que les autres Excellences, qui sont nominalement considĂ©rĂ©s comme Ă©tant ses Ă©gaux, il est de fait le plus haut fonctionnaire civil[65]. Ainsi, son pouvoir de censure chevauche maintenant celui des deux autres Excellences, car il peut lui aussi enquĂȘter sur les fonctionnaires dans les administrations centrales et locales, tout comme ses deux collĂšgues[66]. Et il a lui aussi un rĂŽle consultatif auprĂšs de l’empereur, sachant que les suggestions politiques Ă©manant des trois Excellences peuvent ĂȘtre soumises indĂ©pendamment ou conjointement par les trois membres du cabinet[66]. Ses divers bureaux gĂšrent les nominations, promotions et rĂ©trogradations des fonctionnaires, les registres de la population et de l’agriculture, l’entretien des installations de transport, la poste, le courrier, le droit civil, le stockage des grains dans les grenier et les affaires militaires[67]. Il a doit Ă©galement superviser trois des Neuf MinistĂšres : le Ministre des CĂ©rĂ©monies, le Superviseur des PrĂ©posĂ©s et le Commandant de la Garde[68].

Excellence au Dessus des Masses

L’Excellence au Dessus des Masses, Ă©galement connu sous le nom de ministre au Dessus des Masses, partage les mĂȘmes rĂŽles de censure et de Conseil que les deux autres Excellences[69]. À l'image du chancelier, qu'il remplace sous les Han orientaux, il doit avoir Ă©tĂ© chargĂ© d’élaborer le budget annuel, mĂȘme si les sources contemporaines ne mentionnent pas ce point[69]. En dehors des ConfĂ©rences de la Cour, c'est son ministĂšre qui gĂšre la Grande ConfĂ©rence des hauts responsables de l’ensemble de l’empire[69]. Les services de l'Excellence au Dessus des Masses sont logĂ©s dans les anciens bureaux du chancelier, qui sont presque identiques aux bureaux du Grand Commandant[69]. Tout comme les deux autres Excellences, il supervise trois des neuf ministĂšres : le Ministre des Serviteurs, le Ministre de la Justice et le Ministre HĂ©raut[70].

Excellence des Travaux

Photo d’un "pilier-porte" (que 闕) en pierre du IIe siĂšcle, prise au dĂ©but du XXe siĂšcle sur le site du « sanctuaire de la famille Wu » dans le Shandong. Ce pilier date de la pĂ©riode des Han orientaux. MĂȘme si le ministre des travaux supervise des projets de construction dans tout l’empire, c'est l’architecte de la Cour qui s'occupe des projets de construction liĂ©s Ă  la famille impĂ©riale ou Ă  la fonction impĂ©riale.

L’Excellence des Travaux est Ă©galement connu sous le nom de Ministre des Travaux. Ce poste est crĂ©Ă© sous les Han orientaux et il est moins puissant que son prĂ©dĂ©cesseur, le Conseiller ImpĂ©rial. Ce fonctionnaire partage les mĂȘmes rĂŽles de censure et de Conseil que les deux autres Excellences, formant avec eux un cabinet tripartite[71]. À la diffĂ©rence de l'ancien Conseiller impĂ©rial, il est spĂ©cialisĂ© dans la supervision des projets de travaux publics dans tout l’empire[72]. L’Excellence des Travaux est le responsable de la construction des fortifications des villes, des villes nouvelles, des canaux, des fossĂ©s d’irrigation, des digues et barrages et autres projets d’ingĂ©nierie et de construction. L’architecte de la Cour ne s'occupe, lui, que de superviser les chantiers concernant l'empereur et la fonction impĂ©riale[72]. L’Excellence des Travaux doit Ă©galement produire chaque annĂ©e un rapport au trĂŽne sur l’évolution des projets de construction des administrations locales[72]. Enfin, comme ses deux collĂšgues, il supervise trois des neuf ministĂšres : le ministre du Clan impĂ©rial, le ministre des finances et le ministre intendant[70].

Neuf MinistĂšres

Les Neuf MinistÚres sont des ministÚres spécialisés, dirigés par des ministres qui ont un salaire/grade "entiÚrement 2 000" dan[73]. Ils sont supervisés par les Trois Excellences, mais les ministres ne sont pas des subordonnés des membres du Cabinet[73]. Habituellement, les Neuf Ministres participent aux conférences de la Cour avec les Trois Excellences[74].

Ministre des Cérémonies

Le Ministre des CĂ©rĂ©monies (Taichang ć€Șćžž) , ou Grand maĂźtre des cĂ©rĂ©monies, est le principal responsable des rites religieux, des rituels, des priĂšres et de l’entretien des temples ancestraux et des autels. Le titre liĂ© Ă  ce poste est changĂ© en Garant des cĂ©rĂ©monies (Fengchang 愉枞) de 195 Ă  144 av. J.-C., avant de revenir au titre initial aprĂšs cette date[75]. MĂȘme si sa principale prĂ©occupation est de lier l’empereur avec le monde surnaturel et le ciel, il reçoit Ă©galement la tĂąche de fixer des normes Ă©ducatives pour l’UniversitĂ© impĂ©riale, qui est crĂ©Ă©e en 124 av. J.-C.[76], ainsi que pour les Chaires universitaires (Boshi ćšćŁ«) qui sont spĂ©cialisĂ©es dans les cinq classiques, le canon du confucianisme[77].

Parmi les nombreux subordonnĂ©s du Ministre des CĂ©rĂ©monies, on trouve l'Astronome de la Cour (Taishi ling ć€ȘćČ什) ou Grand PrĂ©fet de l'Astrologie. Le rĂŽle de ce dernier est de faire des observations astronomiques et de rĂ©diger le calendrier luni-solaire annuel. L'Astronome de la Cour doit Ă©galement valider un test de compĂ©tences linguistiques de 9 000 caractĂšres que doivent passer les candidats qui aspirent Ă  devenir des fonctionnaires subalternes pour le Ministre Intendant ou le Greffier Adjoint du Palais ImpĂ©rial[78]. Ces candidats sont souvent des subordonnĂ©s des administrateurs des Commanderies, qui sont recommandĂ©s par leurs supĂ©rieurs[79]. D’autres subordonnĂ©s du Ministre des CĂ©rĂ©monies ont pour tĂąche de signaler les actes illĂ©gaux commis dans les temples ancestraux, prĂ©parer les offrandes sacrificielles de nourriture et de vin dans les sanctuaires et les temples et prĂ©parer la musique et les danses qui accompagnent les diverses cĂ©rĂ©monies[80].

Ministre de la Maison

Le Ministre de la Maison (Guangluxun 慉焿拳)[81], ou Surintendant de la Maison, ou Superviseur des PrĂ©posĂ©s, porte jusqu'en 104 av. J.-C. le titre de PrĂ©fet des Messieurs du Palais (Lang zhongling 郎䞭什) 104 av. J.-C. Il est le responsable de la sĂ©curitĂ© de l’empereur dans l’enceinte du palais, les parcs impĂ©riaux externes, et partout oĂč l’empereur fait une sortie en char[82]. Cependant, pour s'assurer que l’entiĂšre sĂ©curitĂ© de l’empereur ne dĂ©pend pas d'une seule personne, les subordonnĂ©s du Ministre des Garde ont le droit de patrouiller aux entrĂ©es du palais et devant ses murs, tandis que les eunuques gardent le harem et les appartements privĂ©s de l’empereur[83]. Trois des cinq corps de cadets commandĂ©s par le ministre de la Maison sont composĂ©s de civils armĂ©s, qui sont des candidats Ă  un poste officiel en pĂ©riode d’essai avant une nomination dans un bureau du gouvernement. Les deux autres corps sont composĂ©s de gardes du corps impĂ©riaux professionnels, qui ne sont jamais nommĂ©s Ă  un poste civil[84]. Les premiers sont souvent recommandĂ©s par les administrateurs des Commanderies comme Ă©tant des exemples de piĂ©tĂ© filiale et d'incorruptibilitĂ© (Xiaolian) ou bien des proches des hauts fonctionnaires des administrations centrales[85]. Le Ministre de la Maison supervise des conseillers de Cour subalternes (Yi Lang 議郎/èźźéƒŽ) qui conseillent l’empereur[86] et s'engagent dans les dĂ©bats scientifiques. Ils sont autorisĂ©s Ă  ouvertement critiquer l’empereur, Ă  participer Ă  des inspections provinciales et Ă  diriger les cĂ©rĂ©monies de deuil pour les rois et marquis rĂ©cemment dĂ©cĂ©dĂ©s, lors de l’intronisation de leurs successeurs[87]. Les nonces (Yezhe èŹè€…), qui sont dirigĂ©s par le superviseur des nonces (Yezhe puye èŹè€…ćƒ•ć°„), sont des subordonnĂ©s du ministre qui participent aux cĂ©rĂ©monies de l’État, portent les condolĂ©ances aux familles au nom de l’empereur pour les fonctionnaires rĂ©cemment dĂ©cĂ©dĂ©s, inspectent les travaux publics et les camps militaires le long des frontiĂšres et agissent comme diplomates auprĂšs des fiefs semi-autonomes et des peuples non Han situĂ©s le long des frontiĂšres[88].

Ministre des Gardes

Figurines en céramique datant des Han occidentaux, représentant des cavaliers à cheval

Le Ministre des Gardes (Weiwei èĄ›ć°‰), ou Commandant de la Garde, a vu son titre transformĂ© briĂšvement en PrĂ©fet des Grands du Palais (Zhong da fuling 䞭性怫什) sous le rĂšgne de l’empereur Han Jingdi (r. 157-141 av. J.-C.), avant de retrouver sa prĂ©cĂ©dente titulature. Ce ministre est le responsable de la sĂ©curitĂ© et des patrouilles dans tous les palais impĂ©riaux[89]. Les tĂąches dĂ©volues Ă  ce ministĂšre sont menĂ©es Ă  bien par des prĂ©fets, dont l’un a la charge de contrĂŽler les portes oĂč passent les candidats pour un poste officiel qui ont Ă©tĂ© reçus et les fonctionnaires qui envoient des mĂ©moires pour le trĂŽne[90]. Pour contrĂŽler et surveiller les allĂ©es et venues Ă  travers les portes du palais, les prĂ©fets utilisent un systĂšme de passeport complexe impliquant des jetons en bois et en mĂ©tal. En cas d’urgence, les jetons sont tous repris et personne n'est autorisĂ© Ă  entrer, sauf Ă  enfoncer les portes de force[91]. Les gardes sont des paysans conscrits qui servent comme soldats pendant un an et sont conviĂ©s Ă  participer Ă  une fĂȘte organisĂ©e par l’empereur juste avant leur dĂ©mobilisation[92].

Ministre des Serviteurs

Le Ministre des Serviteurs (Taipu ć€Ș惕), ou Grand Serviteur, est responsable de l’entretien des Ă©curies impĂ©riales, des chevaux, des carrosses et des remises oĂč ils sont stockĂ©s, pour le compte de l’empereur et de ses proches. Il gĂšre aussi la fourniture de chevaux pour les forces armĂ©es[93], ce qui implique la supervision des grandes aires de reproduction des pĂąturages des frontiĂšres, qui sont surveillĂ©s par des dizaines de milliers d'esclaves d'État[94]. Sous le rĂšgne de l’empereur Han Wudi (r. 141-87 av. J.-C.), on arrive Ă  total de 300 000 chevaux destinĂ©s aux campagnes militaires contre les nomades Xiongnu[95]. Certains des subordonnĂ©s du Ministre des Serviteurs gĂšrent les Ă©curies situĂ©es en dehors de la capitale. Ces Ă©curies abritent des chevaux de Ferghana qui ont Ă©tĂ© soit importĂ©s soit donnĂ©s Ă  l'empereur comme tribut par les États d'Asie centrale[96].

Sous les Han orientaux, le prĂ©fet chargĂ© de fabrication des arcs, arbalĂštes, Ă©pĂ©es et armures pour les militaires est transfĂ©rĂ© des services du Ministre Intendant Ă  ceux du Ministre des Serviteurs, probablement Ă  cause de l’influence de ce dernier sur le transport des armes[97].

Ministre de la Justice

Le ministre de la Justice (Tingwei ć»·ć°‰), ou Commandant de la Justice, est Ă©galement appelĂ© Grand juge (Dali 性理) entre 144 et 137 av. J.-C. et de nouveau entre l'an 1 av. J.-C. et l'an 25. Ce ministre Ă  la responsabilitĂ© de faire respecter, appliquer et interprĂ©ter la Loi[98]. Dans ce rĂŽle, seul l’empereur, en tant que juge suprĂȘme, est au-dessus de ce ministre[99]. Le ministre de la Justice est le juge civil suprĂȘme, pour tous les cas dĂ©fĂ©rĂ©s Ă  la capitale depuis les tribunaux des diverses juridictions provinciales. Cependant, ses pouvoirs judiciaires sont semblables Ă  ceux du chancelier[100]. Il peut Ă©mettre des recommandations visant Ă  modifier le code Han[101] ou Ă  promulguer une amnistie gĂ©nĂ©rale pour ceux accusĂ©s de crimes[102]. Son ministĂšre est responsable de la gestion de la Prison impĂ©riale, oĂč ont lieu les procĂšs, et doit procĂ©der aux exĂ©cutions[102]. On ne sait pas s'il supervise Ă©galement les 26 prisons qui existent Ă  Chang'an sous les Han occidentaux et qui ont Ă©tĂ© construites pour enfermer les anciens fonctionnaires reconnus coupables par la justice. Ce qui est sĂ»r, par contre, c'est que sous les Han orientaux, la Prison impĂ©riale de Luoyang est la seule prison gĂ©rĂ©e par le Ministre de la Justice[103].

Ministre HĂ©raut

Figurines en céramique polychrome, datant des Han occidentaux (IIe siÚcle av. J.-C.) et provenant du Shaanxi. Elles représentent deux serviteurs attendant leurs ordres.

Le Ministre HĂ©raut (Dahonglu ć€§éŽ»è‡š), ou Grand HĂ©raut, est Ă©galement appelĂ© Directeur des invitĂ©s (DiankĂ© 慾漱) entre 202 et 144 av. J-.C et Grand PrĂ©fet des Huissier (Daxingling ć€§èĄŒä»€) entre 144 et 104 av. J-.C. C'est lui qui a la charge de recevoir les invitĂ©s de haut rang, tels que les nobles et les ambassadeurs Ă©trangers, Ă  la Cour impĂ©riale[104]. Conjointement au ministre du Clan impĂ©rial, le ministre HĂ©raut supervise l’hĂ©ritage des titres et fiefs en portant les condolĂ©ances aux familles au nom de l’empereur lors des enterrements des rois et en fixant pour l'Ă©ternitĂ© les noms posthumes des rois et des marquis[105]. C'est dans les bureaux de ce ministre qu'arrivent tous les rapports annuels des commanderies et royaumes, qui sont envoyĂ©s Ă  la capitale au dĂ©but de chaque annĂ©e, avant qu'ils soient transmis aux Excellences[106]. Ses subordonnĂ©s servent de guides et d'huissiers pour les fonctionnaires, les nobles et les dĂ©lĂ©gations Ă©trangĂšres, lors des cĂ©rĂ©monies impĂ©riales et des sacrifices[106]. Un de ses subordonnĂ©s du ministre a pour rĂŽle de maintenir en Ă©tat des habitations dans les commanderies et les royaumes, pour l'usage des fonctionnaires qui se rendent Ă  la capitale[107]. Durant toute la dynastie Han, c'est le ministre HĂ©raut qui s'occupe de recevoir de maniĂšre officielle les Ă©missaires Ă©trangers et de trouver des interprĂštes; mais ses pouvoirs en matiĂšre d’affaires Ă©trangĂšres sont Ă©largis en 28 av. J.-C., lorsque le poste de Directeur des États DĂ©pendants est aboli Ă  son profit[108]. Plus tard, sous les Han orientaux, il perd ses fonctions concernant les affaires des États dĂ©pendants, qui sont transfĂ©rĂ©es aux administrations locales situĂ©es le long des frontiĂšres[109].

Ministre du Clan Impérial

Alors que huit des neuf ministres peuvent ĂȘtre d’origine roturiĂšre, le poste de ministre du Clan impĂ©rial (Zongzheng ćź—æ­Ł), ou Directeur du Clan ImpĂ©rial, est toujours occupĂ© par un membre de la famille impĂ©riale[110]. Il supervise les relations avec la noblesse de l’empire et les membres Ă©loignĂ©s de la famille impĂ©riale comme l’octroi de titres et de fiefs par la Cour impĂ©riale[111]. C'est ce ministre qui gĂšre l'enregistrement de tous les nobles dans un registre qui est mis Ă  jour au dĂ©but de chaque annĂ©e[112]. Lorsqu’une infraction grave est commise par un membre de la famille impĂ©riale, c'est le ministre du Clan impĂ©rial qui est le premier haut fonctionnaire Ă  en ĂȘtre informĂ©, avant mĂȘme l’Empereur. Par contre, c'est l'empereur seul qui dĂ©cide des suites Ă  donner Ă  cette infraction et des poursuites Ă©ventuelles[109]. Ce sont les subordonnĂ©s du Ministre du Clan ImpĂ©rial qui reçoivent les dolĂ©ances des membres de la famille impĂ©riales et informent ces derniers des nouvelles ordonnances rĂ©digĂ©es par la cour[109]. À la diffĂ©rence des rois et des Marquis, qui ne sont pas responsables devant l'un des neuf ministres, les princesses impĂ©riales et leurs fiefs sont surveillĂ©s par le ministre du Clan impĂ©rial[109].

Ministre des Finances

Moule en bronze datant de la dynastie Han et servant Ă  fabriquer des piĂšces de monnaie wushu (äș”銖). AprĂšs l'an 115 av.J.-C., la frappe de monnaie est sous la responsabilitĂ© du Surintendant des voies navigables et des parcs. Sous les Han orientaux (25–220), c'est le ministre des Finances qui supervise la frappe.

Le ministre des Finances (Da mabigat ć€§ćžèŸČ), ou Grand Ministre de l’agriculture, porte le titre de Greffier de la Capitale pour le Grain (Zhisu neishi æČ»çȟ慧ćČ) jusqu'en 144 av. J.-C. Ce ministre est le trĂ©sorier du gouvernement central pour tout ce qui concerne la bureaucratie officielle et les forces armĂ©es[113]. Alors que le chancelier Ă©labore le budget de l’État, c'est le ministre des Finances qui est responsable du financement dudit budget[114]. C'est lui qui s'occupe de recouvrir l'impĂŽt par tĂȘte, qui est payĂ© en espĂšces et la taxe fonciĂšre, qui est payĂ©e par le versement Ă  l'État d'une partie des rĂ©coltes annuelles des paysans[115]. Il est Ă©galement chargĂ© de fixer les normes pour toutes les unitĂ©s de mesure[114]. En plus de la collecte des taxes, le ministre des Finances a aussi le pouvoir de mettre en Ɠuvre des politiques de contrĂŽle des prix sur certains produits commerciaux[116].

Sous les Han occidentaux, les pouvoirs du ministre des Finances sont limitĂ©s au TrĂ©sor public, le Ministre Intendant Ă©tant responsable de la fortune privĂ©e de l’empereur[117]. La situation change sous les Han orientaux, oĂč la gestion du TrĂ©sor public et celle de la fortune privĂ©e de l’empereur sont fusionnĂ©es et confiĂ©es exclusivement au ministre des Finances. Avec le temps cette dĂ©cision se rĂ©vĂ©lera ĂȘtre dĂ©sastreuse, lorsque ce budget global est gĂ©rĂ© par des empereurs irresponsables, comme Han Lingdi (r. -)[118]. Sous les Han occidentaux, c'est le ministre des Finances qui gĂšre les monopoles d'État sur le sel et le fer, monopoles qui sont supprimĂ©s dĂ©finitivement sous les Han orientaux et transfĂ©rĂ©s aux administrations locales et aux entreprises privĂ©es[119]. C'est Ă©galement lui qui gĂšre le bref monopole d'État sur les boissons alcoolisĂ©es; qui est instaurĂ© en 98 av. J.-C., avant d’ĂȘtre aboli en 81 av. J.-C. au profit de la production privĂ©e[120]. Si sous les Han occidentaux c'est le Ministre Intendant, puis le Surintendant des Voies Navigables et des Parcs, qui supervise la frappe monĂ©taire d'État, dont dĂ©pend la standardisation des piĂšces, sous les Han orientaux, c'est le Bureau du ministre des finances qui rĂ©cupĂšre cette responsabilitĂ©[121].

Ministre Intendant

Tissus en soie provenant de la tombe no. 1 de Mawangdui, IIe siĂšcle av. J.-C., Han occidentaux. C'est le Ministre Intendant qui gĂšre les ateliers oĂč sont fabriquĂ©s les vĂȘtements de soie, les broderies et les rideaux pour l’empereur, la famille royale et les palais impĂ©riaux.

Le Ministre Intendant (Shaofu 民ćșœ), ou TrĂ©sorier PrivĂ©, ou encore Petit TrĂ©sorier, est au service exclusif de l’Empereur. Il doit s'assurer que ce dernier a toujours Ă  sa disposition des divertissements et des amusements, une alimentation correcte, des vĂȘtements, les soins mĂ©dicaux nĂ©cessaires, des objets de valeur et tous les Ă©quipements nĂ©cessaires pour ce que l'Empereur dĂ©cide de faire[122]. C'est pour qu'il puisse remplir sa mission que sous les Han occidentaux, il est chargĂ© de la gestion des finances personnelles de l’empereur. Cependant, il perd cette responsabilitĂ© au profit du ministre des Finances sous les Han orientaux[123]. Bien qu'il ne soit pas lui-mĂȘme un eunuque, plusieurs de ses subordonnĂ©s le sont depuis le moment oĂč c'est son ministĂšre qui prend en charge la gestion du harem impĂ©rial ou sont logĂ©es les concubines de l'Empereur[124]. Ses secrĂ©taires sont sous la direction du PrĂ©fet des MaĂźtres en Écriture (Shangshu ling ć°šæ›žä»€) et sont chargĂ©s de transmettre Ă  l’empereur tous les messages qui lui sont Ă©crits. Cela inclut la correspondance officielle avec les Excellences, les ministres de premier plan, les autoritĂ©s provinciales, les gens ordinaires qui soumettent des mĂ©moires au trĂŽne et les peuples non Han situĂ©s au sein et/ou en dehors de l’empire[125]. Comme les MaĂźtres en Écriture ne sont pas des eunuques et ne sont donc pas admis dans le harem impĂ©rial, l'empereur Han Wudi crĂ©e un bureau de secrĂ©taires du Palais intĂ©rieur composĂ© uniquement d'eunuques. Ce bureau est aboli en 29 av. J.-C.[126].

Le Ministre Intendant a plusieurs subordonnĂ©s, dont le MĂ©decin de la Cour (Taiyi ling ć€Ș醫什), ou Grand PrĂ©fet MĂ©decin, qui vĂ©rifie tous les matin l'Ă©tat de la santĂ© de l’empereur et l’accompagne lors de voyages de chasse impĂ©riaux[127]. Il y a aussi l'Approvisionneur de la Cour (Taiguan ling ć€Ș柘什), ou Grand PrĂ©fet Approvisionneur, qui est le responsable de la gestion de la cuisine, des cuisiniers et de la fourniture des diverses denrĂ©es alimentaires destinĂ©es Ă  l’empereur[127]. Il y a d’autres subordonnĂ©s qui gĂšrent les ateliers de tissage qui fournissent les vĂȘtements de l’empereur, les ateliers qui produisent les biens, ustensiles et articles funĂ©raires dont l’empereur a besoin et enfin les parcs impĂ©riaux et les jardins oĂč l’empereur peut chasser et se distraire[128]. Enfin, ce ministre gĂšre le Bureau de la Musique (Yuefu æš‚ćșœ) qui est chargĂ© d'organiser des reprĂ©sentations musicales lors des cĂ©rĂ©monies impĂ©riales et de divertir l’empereur avec des chansons populaires venant des quatre coins de l’empire. Ce bureau est dissout en 7 av. J.-C. et ses musiciens transfĂ©rĂ©s au Ministre des CĂ©rĂ©monies[129].

Personnel au service de l’hĂ©ritier prĂ©somptif, de l'impĂ©ratrice et des harems

Statue en terre cuite datant de la dynastie Han, représentant un cheval cabré

Lorsqu’un membre de la famille Liu proche de l’empereur est dĂ©signĂ© comme son hĂ©ritier prĂ©somptif[130], il lui est fourni des appartements privĂ©s au sein du palais et du personnel qui reste attachĂ© Ă  sa personne, jusqu’à ce qu'il devienne Empereur Ă  son tour[131]. Sous les Han occidentaux, le personnel est divisĂ© en deux groupes :

  • le premier est dirigĂ© par les Ă©ducateurs de l’hĂ©ritier prĂ©somptif, qui sont le Grand PrĂ©cepteur de l’HĂ©ritier PrĂ©somptif et le Petit PrĂ©cepteur de l’HĂ©ritier PrĂ©somptif; tous les deux ont un salaire/rang de 2000 dan[132].
  • le second est dirigĂ© par le Superviseur de la Maison, qui a lui aussi un salaire/rang de 2000 dan[133].

Sous les Han orientaux, le Grand PrĂ©cepteur de l’HĂ©ritier PrĂ©somptif perd son rĂŽle administratif, mais reste le responsable en chef de l'Ă©ducation et passe au salaire/rang "entiĂšrement 2,000" dan. Le Petit PrĂ©cepteur de l’HĂ©ritier PrĂ©somptif reste un administrateur avec un salaire/rang de 2000 dan[134] et le poste de Superviseur de la Maison est aboli[134]. D’autres fonctions liĂ©es Ă  l’hĂ©ritier prĂ©somptif sous les Han occidentaux sont supprimĂ©es sous les Han orientaux, tels que le Chef de la Cuisine de l’HĂ©ritier PrĂ©somptif ou la Prison de la Maison de l’HĂ©ritier PrĂ©somptif[134]. S'il atteint l’ñge adulte, l’HĂ©ritier PrĂ©somptif peut ĂȘtre mariĂ© Ă  une Ă©pouse principale, qui dirige un harem constituĂ© des concubines de l'hĂ©ritier[135].

L’impĂ©ratrice, qui est l’épouse lĂ©gitime de l’empereur, possĂšde Ă©galement dans le palais des appartements privĂ©s distincts de ceux de l’empereur[136], mĂȘme si l’impĂ©ratrice doit passer une nuit sur cinq avec l’empereur[136]. Tout comme l'hĂ©ritier PrĂ©somptif, L’impĂ©ratrice a pour revenus les impĂŽts et taxes de quarante comtĂ©s[137]. Elle a Ă©galement Ă  son service un Superviseur de la Maison, qui a un salaire/rang de 2000 dan, et de nombreux autres subordonnĂ©s, eunuques mĂąles ou servantes, qui s'occupent de satisfaire Ă  tous ses besoins[138]. Les concubines du harem sont subordonnĂ©es Ă  l’impĂ©ratrice et sont classĂ©es en quatorze salaires/rangs, tous infĂ©rieurs Ă  l'impĂ©ratrice, sous le rĂšgne de l’empereur Han Yuandi (r. -)[139]. Ainsi, la Brillante Compagne, qui est la concubine en chef, a le mĂȘme salaire/rang que le chancelier, alors que la BeautĂ© Favorite, le rang juste en dessous, a le mĂȘme salaire/rang que l’un des neuf ministres[140]. Le fondateur des Han orientaux abolit ces quatorze salaire/rangs et les remplace par trois rangs sans aucun salaire prĂ©cis. DĂšs lors, au lieu d'un salaire fixe, les concubines reçoivent des cadeaux de maniĂšre irrĂ©guliĂšre[140].

Postes officiels des Capitales

ModĂšle rĂ©duit en cĂ©ramique trouvĂ© dans une tombe de l'Ă©poque Han. Il reprĂ©sente une tour rĂ©sidentielle de plusieurs Ă©tages avec au RDC la porte d'entrĂ©e et la cour, au 1er Ă©tage un balcon et des fenĂȘtres. On distingue clairement des supports de type dougong

Les aires urbaines de Chang'an, la capitale des Han occidentaux et Luoyang, la capitale des Han orientaux, sont gouvernĂ©es et sĂ©curisĂ©es par plusieurs hauts fonctionnaires et officiers. Les capitales sont divisĂ©es en comtĂ©s et en municipalitĂ©s, qui sont rĂ©gies par un prĂ©fet (Ling 什). Le prĂ©fet s'occupe Ă©galement de la gestion d’une prison et peut arrĂȘter les fonctionnaires de haut rang[141]. Parmi ces hauts fonctionnaires, on trouve aussi le Colonel des Portes de la Ville (Chengmen xiaowei ćŸŽé–€æ ĄèĄ›) qui commande les garnisons de douze portes de la ville. Chacune de ces portes est gardĂ©e par un capitaine, qui est le chef de la garnison de la porte. Ce dispositif existe aussi bien Ă  Chang'an sous les Han occidentaux qu'Ă  Luoyang, sous les Han orientaux[142].

Porteur de la Masse

Le Porteur de la Masse (Zhi jinwu ćŸ·é‡‘ćŸ), ou Porteur de la Masse DorĂ©e, porte le titre de Commandant de la Capitale (Zhongwei 侭氉), jusqu'en l'an 104 av. J.-C. Ce fonctionnaire a pour tĂąche de maintenir l’ordre dans la capitale et ce aussi bien Ă  Chang'an sous les Han occidentaux, qu'Ă  Luoyang sous les Han orientaux. Les palais impĂ©riaux sont la seule partie de la ville Ă  ne pas ĂȘtre sous sa juridiction[143]. Sous les Han occidentaux, son salaire/rang est de "entiĂšrement 2000" dan et son prestige est semblable Ă  celui des neuf ministres[131]. Sa situation change sous les Han orientaux, oĂč son salaire/rang est rĂ©duit Ă  "Ă©quivalent de 2 000" dan[144].

Alors que ses subordonnĂ©s sont constamment en train de patrouiller, le porteur de la masse n'inspecte personnellement la ville que trois fois par mois[131]. [1] Il est responsable de l’arsenal militaire, mais aussi des secours d’urgence lors des inondations et des incendies[131]. Sous les Han occidentaux, le porteur de la masse a Ă  sa disposition de nombreux subordonnĂ©s, mais sous les Han orientaux, ces postes sont abolis ou transfĂ©rĂ©s ailleurs[145]. Parmi ces postes supprimĂ©s, on trouve le Capitaines des Porte-Drapeaux. Sous les Han occidentaux, son rĂŽle est de s'assurer que les routes sont vides quand l’empereur quitte le palais et de faire hisser des Drapeaux de certaines couleurs pour signaler son retour. Sous les Han orientaux, c'est Ă  l’entourage de l’empereur qu'il revient de s’acquitter de ces tĂąches[145] .

Architecte de la Cour

Chambre funéraire voûtée en briques, datant des Han orientaux et située à Luoyang

L'Architecte de la Cour (Jiangzuo dajiang ć°‡äœœć€§ćŒ ) est chargĂ© de la construction, de l’entretien et de la rĂ©paration des salles du Palais impĂ©rial, des bĂątiments du gouvernement, des temples, des tombes, tumulus et autres bĂątiments des parcs funĂ©raires, des routes menant hors de la capitale et des travaux d'endiguement nĂ©cessaires pour lutter contre les inondations[146]. Son salaire/rang est de 2000 dan[147] Jusqu'en l'an 8 av. J.-C., c'est Ă©galement lui qui supervise le travail des travailleurs qui effectuent leur pĂ©riode annuelle de corvĂ©es (gengzu æ›Žć’). Âpres cette date, c'est l'Excellence des Travaux, dont le poste vient juste d’ĂȘtre crĂ©Ă© qui rĂ©cupĂšre cette tĂąche[148]. Les subordonnĂ©s de l'Architecte de la Cour sont responsables de la collecte du bois pour les charpentiers et des pierres pour les maçons qui travaillent sur ces chantiers[147]. MĂȘme si ce poste existe depuis le dĂ©but des Han orientaux, il a connu des vicissitudes tout au long de la dynastie Han. Ainsi, il est aboli en l'an 57 et ses fonctions sont transfĂ©rĂ©es Ă  un subordonnĂ© du Ministre de la Maison, avant d’ĂȘtre rĂ©tabli en l'an 76, au mĂȘme salaire/rang qu'auparavant[147]. Cependant, il perd un grand nombre de ses subordonnĂ©s dont les postes ont Ă©tĂ© abolis en mĂȘme temps que le sien et qui ne sont pas recrĂ©Ă©s[147]. Étant donnĂ© que la plupart des bĂątiments sont construits en bois, avec des tuiles en cĂ©ramique, ils nĂ©cessitent l'utilisation d'une main d'Ɠuvre importante pour leurs entretien courant ou pour ĂȘtre rĂ©parĂ©s. Ainsi, la restauration de l’UniversitĂ© impĂ©riale entreprise sous le rĂšgne de l’empereur Han Shundi (r. - AD) a nĂ©cessitĂ© l’emploi de 100 000 ouvriers pendant un an, sous la supervision de l’Architecte de la Cour[149].

Colonel Directeur des Vassaux

Le Colonel Directeur des Vassaux (Sili xiaowei ćžéšžæ Ąć°‰), ou Colonel de la Censure, ou Colonel Directeur des forçat-ouvriers, a commencĂ© par porter le titre de Directeur des Vassaux (Sili 揾难). Sa tĂąche consiste alors Ă  superviser les 1200 condamnĂ©s qui construisent des routes et des canaux[150]. En l'an 91 av.J.C, Ă©clate Ă  Chang'an une rĂ©bellion infructueuse qui dure cinq jours. Elle est initiĂ©e par le Prince hĂ©ritier Liu Ju et sa mĂšre l'impĂ©ratrice Wei Zifu, qui avaient Ă©tĂ© accusĂ©s de pratiquer la sorcellerie et la magie noire[150]. Tous deux meurent dans l'Ă©crasement de la rĂ©volte et Ă  la suite de cet Ă©vĂ©nement, l' empereur Han Wudi ajoute en 89 av. J.-C. le prĂ©fixe "Colonel" au titre de Directeur des Vassaux . Ce changement correspond Ă  une promotion qui lui octroie un salaire/rang de 2000 dan et un Jiezhang qui lui permet d’arrĂȘter et de punir ceux qui sont supposĂ©s pratiquer la sorcellerie[151].

Boucle de ceinture en or, en métal martelé et ciselé. Elle date des Han Orientaux et est décorée avec des représentations d'animaux mythiques

AprĂšs la fin de cette crise, le Colonel Directeur conserve son Jiezhang, ce qui lui donne les mĂȘmes pouvoirs d’enquĂȘtes et de censure sur les membres de l'administration que le Chancelier et le Conseiller ImpĂ©rial[152]. Il vĂ©rifie rĂ©guliĂšrement le comportement des agents de l'État dans la rĂ©gion de la capitale et les sept commanderies voisines. Ses pouvoirs d’enquĂȘte correspondent Ă  ceux d’un inspecteur provincial, mĂȘme si son Jiezhang le rend plus puissant que ce dernier[153]. Le Colonel Directeur des Vassaux est un serviteur personnel de l’empereur, qui ne rĂ©pond que devant lui, ce qui permet Ă  l’empereur d'amĂ©liorer son contrĂŽle sur la bureaucratie[152]. Cela n’empĂȘche pas le Colonel de perdre son Jiezhang en 45 av. J.-C., ce qui limite ses pouvoirs d’inspection, d’enquĂȘte et de mise en accusation. Finalement, seul son salaire/rang plus Ă©levĂ© le distingue d’un inspecteur provincial ordinaire[154]. Le poste de Colonel Directeur des Vassaux est aboli en l'an 9 av. J.-C., avant d’ĂȘtre recrĂ©Ă© en l'an 7 av. J.-C. comme simple Directeur des Vassaux. Il est alors un subordonnĂ© de l'Excellence des Travaux et sa tĂąche est Ă  nouveau de superviser les condamnĂ©s qui construisent des routes et des canaux, comme son homologue du dĂ©but des Han occidentaux[155]. Sous les Han orientaux, le poste de Colonel Directeur des Vassaux est recrĂ©Ă©, mais sans Jiezhang. Le nouveau Colonel Directeur a les pleins pouvoirs pour inspecter la rĂ©gion de la capitale, mais son salaire/rang passe de 2000 dan Ă  "Ă©quivalent de 2000" dan[156].

Surintendant des Voies navigables et des Parcs

Poterie datant des Han occidentaux, reprĂ©sentant un chien avec un harnais pour y attacher une laisse. C'est un subordonnĂ© du Surintendant des Voies navigables qui supervise les soins donnĂ©s aux chiens de chasse qui participent aux chasses impĂ©riales oĂč l'on chasse du gibier.

Le Surintendant des Voies navigables et des Parcs (Shuiheng duwei æ°ŽèĄĄéƒœć°‰), ou Commandant en Chef des Voies navigables et des Parcs, fait partie des subordonnĂ©s du Ministre Intendant, jusqu’en l'an 115 av. J.-C., date Ă  laquelle lui et d'autres anciens subordonnĂ©s de ce ministĂšre gagnent leur indĂ©pendance administrative[157]. Son salaire/rang est de "Ă©quivalent de 2000" dan[157]. Il doit gĂ©rer un grand parc rĂ©servĂ© aux chasses impĂ©riales, qui est situĂ© en dehors de Chang ' an; ce qui inclut les palais, les points de haltes, les greniers et les parcelles cultivĂ©es de fruits et lĂ©gumes situĂ©es dans ce parc. Cette responsabilitĂ© est plus importante qu'il n'y parait, car ce sont ces fruits et lĂ©gumes, accompagnĂ©s de la viande du gibier tuĂ© lors des parties de chasse, qui servent Ă  nourrir l'empereur et les membres de sa maison[157]. Il s'occupe Ă©galement de collecter les taxes payĂ©es par les non-nobles qui utilisent les jardins du parc et transmet ces fonds au Ministre Intendant, qui gĂšre les finances de l’empereur[157]. Un des subordonnĂ©s du surintendant est chargĂ© de surveiller les criminels qui ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  s'occuper des chiens de chasse du parc[158].

En 115 av., les pouvoirs de frappe monĂ©taire du gouvernement central sont transfĂ©rĂ©s du Ministre Intendant au Surintendant des Voies navigables et des Parcs[158], puis en 113 av. J.-C., ce sont tous les ateliers de frappe des commanderies qui sont fermĂ©s[18]. La frappe privĂ©e Ă©tant interdite depuis l'an 144 av. J.-C.[18], l'atelier de frappe du Surintendant des Voies navigables et des Parcs, situĂ© dans le parc impĂ©rial, est dĂšs lors le seul Ă  Ă©mettre de la monnaie dans tout l’empire[159]. La situation change sous le rĂšgne de l'empereur Han Guang Wudi (r 25-57), le fondateur des Han orientaux, qui abolit le poste de Surintendant des Voies navigables et des Parcs[158]. Ce poste n'est recrĂ©Ă© qu'une fois par an, durant l'automne, le temps de procĂ©der Ă  un sacrifice rituel. La frappe de la monnaie impĂ©riale passe sous la responsabilitĂ© du ministre des Finances et la gestion du nouveau Parc ImpĂ©rial situĂ© en dehors de Luoyang, la nouvelle capitale des Han orientaux, est assurĂ©e par un prĂ©fet[158].

Directeur des États DĂ©pendants

Le Directeur des États DĂ©pendants (Dian shuguo ć…žć±Źćœ‹), qui a un salaire/rang de 2000 dan, est la personne responsable des ambassades avec les pays Ă©trangers et les peuples nomades situĂ©s le long des frontiĂšres de l'empire Han. Le Directeur s'occupe Ă©galement des Ă©changes annuels d’otages, en gĂ©nĂ©ral des princes Ă©trangers, que la cour impĂ©riale a validĂ©s[160]. Les États dĂ©pendants (Shuguo ć±Źćœ‹) apparaissent en 121 av. J.-C. et sont alors pour la plupart des tribus nomades non Han et des confĂ©dĂ©rations de peuples, qui ont capitulĂ© aprĂšs des nĂ©gociations ou un conflit armĂ© et qui acceptent la suzerainetĂ© de Han[161]. Ils servent de tampon entre le territoire des Han et celui de tribus hostiles, tels que les Xiongnu et permettent de maintenir des peuplades ennemies dans le dĂ©sert d’Ordos[162]. Le Directeur a pour subordonnĂ©s des Commandants (Duwei éƒœć°‰), ou Commandant en chef. Chaque Commandant est nommĂ© par la Cour des Han et doit gouverner les populations non Han de l'État dĂ©pendant dans lequel il est nommĂ©. Son salaire/rang est de "Ă©quivalent 2000" dan[163]. Le poste de Directeur des États DĂ©pendants est aboli en 28 av. J.-C. et les Commandants passent sous la responsabilitĂ© du Ministre HĂ©raut[164]. Le Directeur des États DĂ©pendants n'a jamais eu sous sa responsabilitĂ© le Protectorat des RĂ©gions de l'Ouest, qui est crĂ©Ă© en 60 av. J.-C. pour gĂ©rer les relations diplomatiques avec les citĂ©s-États des oasis du bassin du Tarim en Asie centrale[165].

Autorités locales

DĂ©coupage administratif

L’Empire Han est divisĂ© en plusieurs entitĂ©s administratives qui sont, par ordre dĂ©croissant, les provinces(zhou), les commanderies(jun) et les comtĂ©s (xian)[166]. Ce modĂšle de gestion de l’administration locale a Ă©tĂ© mis en place sous la dynastie Qin[16]

Une province de l'empire Han est composĂ©e d’un groupe de commanderies, dont l'administration est soumise au contrĂŽle et Ă  l’inspection de fonctionnaires nommĂ©s par le pouvoir central[167]. Ces fonctionnaires sont les inspecteurs (Cishi ćˆșćČ), un poste crĂ©Ă© en 106 av. J.-C. avec un salaire/rang de 600 dan[168]. Sous les Han occidentaux, ils sont supervisĂ©s par le Greffier Adjoint du Palais et sont des subordonnĂ©s du Conseiller ImpĂ©rial[169]. Sous les Han occidentaux, l'empire est divisĂ© en treize provinces, auxquelles il faut rajouter la rĂ©gion de la capitale qui est gĂ©rĂ©e par le Colonel Directeur des Vassaux de 89 av. J.-C. Ă  9 av. J.-C.[170]. Vers la fin des Han occidentaux, le poste d’inspecteur est transformĂ© en gouverneur (Mu 牧), avec plus de pouvoirs et un salaire/rang qui augmente considĂ©rablement et passe Ă  2 000 dan[171]. Entre l'an 5 et l'an 13, les gouverneurs redeviennent des inspecteurs, puis ils retrouvent leur rang de gouverneurs et passent sous la responsabilitĂ© des trois Excellences[171].

Un heurtoir de porte en jade, datant de la période des Han occidentaux, décoré de dragons chinois et accompagné de deux figurines en jade.

Au dĂ©but des Han orientaux, ces derniers perdent le contrĂŽle du dĂ©sert d’Ordos, ce qui incite la Cour Ă  rĂ©duire le nombre de provinces Ă  douze, plus la rĂ©gion de la capitale, en l'an 35[172]. À partir de ce moment, les inspecteurs/gouverneurs sont toujours nommĂ©s par le gouvernement central, mais ils font dorĂ©navant partie des administrations locales, au sein desquelles ils recrutent leur personnel[173]. En l'an 42, le titre de gouverneur est une fois de plus transformĂ© en inspecteur, qui reste Ă  la tĂȘte des autoritĂ©s provinciales jusqu’en l'an 188[166]. À cette date, l'empereur Han Lingdi rĂ©tablit le Bureau du gouverneur, sur une suggestion de son conseiller Liu Yan[174], mais certaines provinces sont toujours administrĂ©es par des inspecteurs. Cet arrangement reste en place jusqu'Ă  la fin de la dynastie Han, en l'an 220[166]. La diffĂ©rence essentielle entre ces deux postes est que l’inspecteur n’a aucun pouvoir exĂ©cutif, juste un rĂŽle consultatif, alors qu’un gouverneur peut prendre des dĂ©cisions en son propre nom[166]. Il y a des exceptions Ă  cette rĂšgle, car si des bandes de hors-la-loi ou des rĂ©bellions se manifestent simultanĂ©ment dans plusieurs commanderies placĂ©es sous son autoritĂ© ; l’inspecteur est autorisĂ© Ă  lever des troupes dans tous les territoires dont il est responsable pour Ă©craser bandits et mutins[166].

L’inspecteur et le gouverneur sont chargĂ©s d'inspecter l'administration locale des Commanderies et leur personnel, ainsi que les royaumes semi-autonomes et leurs gouvernements locaux[175]. Ils doivent Ă©valuer les fonctionnaires sur des critĂšres de compĂ©tence, d'honnĂȘtetĂ©, d'obĂ©issance Ă  la Cour impĂ©riale, de respect de la Loi, la maniĂšre dont ils traitent les dĂ©tenus et rechercher tout signe d’extorsion de fonds et de nĂ©potisme[176]. Sous les Han occidentaux, ces rapports sont soumis au Conseiller impĂ©rial, aprĂšs avoir Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©s par le Greffier Adjoint du Palais ImpĂ©rial. Par contre, sous les Han orientaux, ces rapports sont soumis Ă  chacune des trois Excellences[177]. Ces rapports servent ensuite Ă  promouvoir, rĂ©trograder, renvoyer ou poursuivre en justice les responsables locaux[177].


Structure administrative de l'empire Han
Unité administrativeTitre de l'administrateurNominationPouvoir
Province (ć·ž zhou)Gouverneur (牧 mu)Gouvernement centralPouvoir exĂ©cutif
Inspecteur (ćˆșćČ cishi)Gouvernement centralAucune autoritĂ© directe
Commanderie (郥 jun)Grand administrateur (ć€Ș柈 taishou)Gouvernement centralPouvoir exĂ©cutif
Royaume (王朋 wangguo)Chancelier (盾 xiang)Gouvernement centralPouvoir exĂ©cutif
Roi (王 wang)hĂ©rĂ©ditaireAucune autoritĂ© rĂ©elle
Xian (瞣 xian)Préfet (什 ling)
Chef (長 zhang)
Gouvernement centralPouvoir exécutif

Administration des Commanderies

Vase en céramique de type céladon datant du début des Han orientaux, avec des poignées en forme de cosses. Il est décoré avec des heurtoirs de porte et des masques animaliers (taotie)

Au dĂ©but de la pĂ©riode des Han occidentaux, le territoire de l'empire est divisĂ© en treize commanderies, y compris la rĂ©gion de la capitale et dix royaumes. Par la suite, de nombreux royaumes voient leur taille se rĂ©duire et le territoire de l’empire s'agrandit Ă  la suite des nombreuses conquĂȘtes. Lors du recensement de l'an 2, la Chine des Han compte quatre-vingt trois commanderies et vingt royaumes, pour une population d’environ 58 millions de personnes[178]. Une commanderie est subdivisĂ©e en comtĂ©s et est gouvernĂ©e par un administrateur (Taishou ć€Ș柈), ou Grand administrateur, qui est nommĂ© par le gouvernement central et a un salaire/rang de 2000 dan[179]. L'administrateur est le responsable civil et militaire de la Commanderie[180] et il ne peut pas gouverner la commanderie oĂč il est nĂ©[181]

Un administrateur est assistĂ© par un ou plusieurs Commandants (Duwei éƒœć°‰), ou Commandants en chef, qui s’occupent de toutes les affaires militaires comme la levĂ©e des milices locales, l'Ă©limination des groupes de bandits et la construction de tours de guet[182]. Le salaire/rang des Commandants est de "Ă©quivalent 2000" dan[183]. AprĂšs l'an 30, tous les Commandants qui ne sont pas en poste dans des commanderies situĂ©es sur des frontiĂšres lointaines sont supprimĂ©s[184]. Par contre si la Commanderie est situĂ©e le long des frontiĂšres, lĂ  oĂč les raids et incursions armĂ©es de groupes nomades hostiles sont frĂ©quentes, le poste de Commandant est maintenu[184]. Il reste possible de nommer temporairement un Commandant dans une Commanderie situĂ©e Ă  l'intĂ©rieur de l'empire, si sa prĂ©sence est nĂ©cessaire pour rĂ©gler une crise. Une fois la situation revenue Ă  la normale, le poste est supprimĂ©[185]. Dans l'administration de chaque Commanderie on trouve Ă©galement des secrĂ©taires, un trĂ©sorier et un Fonctionnaire ChargĂ© des Comptes qui prĂ©sente chaque annĂ©e un rapport Ă  la Cour impĂ©riale sur la maniĂšre dont l'administrateur gĂšre sa Commanderie[180].

Plusieurs des fonctions des administrateurs sont saisonniĂšres; comme mener une inspection des comtĂ©s chaque printemps pour vĂ©rifier s'il n'y a pas de problĂšmes d'ordre agricole et prĂ©voir les travaux pour l'entretien des routes, ponts, digues et autres travaux publics[186]. À l’automne, il envoie ses subordonnĂ©s dans les comtĂ©s, pour vĂ©rifier si les poursuites judiciaires contre les criminels locaux ont Ă©tĂ© correctement menĂ©es[185]. Enfin, chaque hiver, il est chargĂ© de recommander auprĂšs de la cour impĂ©riale les candidats qu'ils juge les plus dignes d'un poste Ă  la capitale; c'est-Ă -dire ceux qui remplissent les critĂšres de Xiaolian, ce qui signifie "piĂ©tĂ© filiale et incorruptibilitĂ©"[185]. Ceux qui sont retenus Ă  la suite de ces recommandations reçoivent un poste dans l'administration centrale ou locale[185]. Chaque commanderie a un quota Ă  remplir pour ces recommandations; l’empereur Han Wudi ayant dĂ©crĂ©tĂ© en 134 av. J.-C. que les administrateurs doivent recommander chaque annĂ©e une personne pour sa piĂ©tĂ© filiale et une autre pour son incorruptibilitĂ©, afin que ceux-ci joignent le service public. Ces quotas sont modifiĂ©s en l'an 92 AD et passent Ă  un homme Ă  envoyer Ă  la capitale par tranche de 200 000 foyers existant dans une commanderie[187]. AprĂšs la suppression des Commandants des commanderies intĂ©rieures, les Administrateurs assument leurs fonctions mais ils doivent demander la permission du gouvernement central pour lever des milices locales, mobiliser des troupes ou envoyer des troupes en dehors de leur Commanderie[185].

Administration des Xian

Lors du recensement de l'an 2 mentionnĂ© prĂ©cĂ©demment, le territoire de l'empire est divisĂ© en 1 587 Xian[188]. Sous les Han, le Xian est la plus petite division administrative dirigĂ©e par un reprĂ©sentant du pouvoir central[189]. Dans les Xian oĂč l'on trouve 10 000 foyers ou plus, ce reprĂ©sentant est un prĂ©fet (Ling 什) ; dans les autres, c'est un chef (Zhang 長)[189]. Selon la taille du Xian, le salaire/rang du prĂ©fet est de 600 ou 1 000 dan, tandis que celui du chef est de 300 ou 500 dan[189]. En raison de leurs fonctions juridictionnelles, le sinologue Rafe de Crespigny ne fait pas de diffĂ©rences entre les prĂ©fets et les chefs, et parle d'eux comme Ă©tant des magistrats[190]. Ces Magistrats nomment eux-mĂȘmes les fonctionnaires du Xian, qui sont pour la plupart des lettrĂ©s ou des aĂźnĂ©s qui bĂ©nĂ©ficient d'un grand respect dans leur communautĂ© locale[190]

Figurines en bronze représentant des chars et des cavaliers, découvertes dans une tombe datant des Han orientaux

Le Magistrat du Xian est chargĂ© de maintenir l’ordre, d'assurer le stockage de grains en prĂ©vision d'une famine Ă©ventuelle, d'enregistrer la population pour des raisons fiscales, de mobiliser les conscrits soumis Ă  la corvĂ©e de travail, de superviser les travaux publics, de rĂ©nover les Ă©coles et de rĂ©aliser divers rituels[191]. Ils servent Ă©galement de juge pour tous les procĂšs qui se dĂ©roulent dans le tribunal du comtĂ©[191]. Comme les juridictions judiciaires de l'Administrateur de la Commanderie et du Magistrat du Xian se chevauchent, il est convenu que c'est celui des deux qui arrĂȘte un criminel qui tente en premier de juger le cas[192]. Sous l’empereur Han Wudi, les commanderies et les royaumes gĂšrent des Ă©coles publiques, et mĂȘme si les Xian peuvent ouvrir leurs propres Ă©coles publiques, ils ne le font pas tous[193]

Le Xian est subdivisĂ©e en districts[194], chacun Ă©tant constituĂ© d’au moins plusieurs hameaux regroupĂ©s; ce qui reprĂ©sente gĂ©nĂ©ralement une communautĂ© d’environ une centaine de familles[195]. Un chef de police est affectĂ© Ă  chaque district par le Magistrat du Xian[196]. Pour mener Ă  bien ses tĂąches et assurer l'ordre public, le magistrat du Xian a impĂ©rativement besoin de s'assurer la coopĂ©ration des anciens et des dirigeants au niveau du district; car ce sont eux qui gĂšrent une grande partie des affaires courantes comme l'arbitrage des diffĂ©rends dans leurs communautĂ©s, la collecte des impĂŽts et la lutte contre la criminalitĂ©[197].

Royaumes, Marquisats et Fiefs des princesses

Lampe à huile en bronze doré de la forme d'une servante, datant du IIe siÚcle av. J.-C., découverte dans la tombe de Dou Wan, femme du prince Han Liu Sheng (d. - 113).

Sous les Han, un Royaume est Ă  peu prĂšs comme une commanderie pour ce qui est de la taille et de l'administration, sauf que c'est officiellement le fief d’un parent de l’empereur. Par parent, il faut comprendre ses frĂšres, oncles, neveux et fils Ă  l’exclusion de l’hĂ©ritier prĂ©somptif. AprĂšs l'an 145 av. J.-C., la possession de ce fief n'est plus que nominale[198]. La politique d’attribution de royaumes exclusivement aux membres de la famille impĂ©riale est adoptĂ©e de maniĂšre progressive par le fondateur de la dynastie Han, l'empereur Han Gaozu des Han (r. 202-195 av. J.-C.), car beaucoup des premiers rois sont des personnes non apparentĂ©es Ă  la famille impĂ©riale qui Ă©taient des officiers lors de la guerre Chu-Han (206-202 av. J.-C.)[199]. Comme Gaozu trouve dangereux de laisser autant de pouvoirs Ă  d'anciens militaires, il essaye d'Ă©teindre cette menace en rĂ©servant ce rang aux membres de son propre clan[199] . C'est gĂ©nĂ©ralement le fils aĂźnĂ© du roi et de son Ă©pouse officielle qui hĂ©rite du royaume[199].

Le nombre des royaumes fluctue pendant toute la durĂ©e de la dynastie Han, il n’y en a jamais moins de huit ni plus de vingt-cinq[199]. Au dĂ©but des Han occidentaux, les royaumes reprĂ©sentent environ les deux tiers de l’empire. La Cour impĂ©riale rĂšgne directement sur les commanderies situĂ©es dans le tiers occidental de l’empire, tandis que les rois gouvernent leurs fiefs avec peu ou pas d'intervention de l’administration centrale[200]. Le personnel administratif de chaque Royaume est calquĂ© sur celui du gouvernement central et l'on trouve dans chacun d'entre eux un Grand tuteur, un Chancelier et un SecrĂ©taire impĂ©rial, qui ont tous les trois un salaire/rang de 2000 dan. Aucun Royaume n’est autorisĂ© Ă  avoir un Grand Commandant, puisqu’ils ne sont pas autorisĂ©s Ă  dĂ©clencher des guerres pour leur propre compte[201]. MĂȘme si les chanceliers des royaumes sont nommĂ©s par la Cour impĂ©riale, le roi a le droit de nommer tous les autres fonctionnaires de son fief[202].

La puissance des rois diminue aprĂšs la rĂ©bellion des sept États en 154 av. J.-C., ainsi que le nombre et la taille des royaumes[203]. En 145 av. J.-C., un Ă©dit impĂ©rial interdit aux rois de nommer des fonctionnaires ayant un salaire/rang de 400 dan ou plus. Tous les fonctionnaires ayant un salaire/rang plus Ă©levĂ© sont nommĂ©s directement par le gouvernement central[204]. Les Ă©quivalent des conseillers impĂ©riaux et des neuf ministĂšres qui existaient au sein des royaumes sont Ă©galement supprimĂ©s par cet Ă©dit, Ă  l'exception du poste de Minister Coachman. Le poste de chancelier est maintenu, mais il devient l’équivalent d’un Administrateur de Commanderie et est toujours nommĂ© par le gouvernement central[205]. AprĂšs ces rĂ©formes, les rois et les marquis ne sont plus les responsables civils de leurs fiefs et prennent simplement une partie des taxes collectĂ©es par le gouvernement dans leurs royaumes comme revenu personnel[206]. L'historien Charles Hucker note qu’aprĂšs cette transformation des royaumes et marquisats respectivement en commanderies et comtĂ©s virtuels, un "... gouvernement entiĂšrement centralisĂ© est crĂ©Ă©" pour la premiĂšre fois depuis la dynastie Qin[16].

Parangons de piété filiale peints sur une boite en vannerie laquée. Cette boite a été trouvée lors de la fouille d'une tombe datant de la période des Han orientaux et située dans l'ancienne Commanderie de Lelang, ce qui correspond à une région de l'actuelle Corée du Nord.

En dessous des rois, la sociĂ©tĂ© Han est divisĂ©e en vingt grades, dont chacun accorde certains privilĂšges tels que l’exemption de certaines lois. Le dix-neuviĂšme rang est celui de Marquis du Domaine impĂ©rial et le vingtiĂšme celui de Marquis de plein droit, la diffĂ©rence entre les deux Ă©tant que le premier donne seulement droit Ă  une pension alors que le second reçoit un marquisat (houguo äŸŻćœ‹) qui fait en gĂ©nĂ©ral la taille d’un comtĂ©[207]. Si les fils des rois sont les petits-fils de l’empereur, ils reçoivent le rang de Marquis de plein droit et si ce n’est pas le cas, ils sont considĂ©rĂ©s comme Ă©tant des roturiers[199]. Cette rĂšgle a Ă©tĂ© modifiĂ©e en l'an 127 av. J.-C., afin que tous les fils de rois soient fait Marquis de plein droit[199]. On ne sait pas si les marquisats du dĂ©but des Han occidentaux ont le mĂȘme niveau d’autonomie que les royaumes de cette Ă©poque, mais ce qui est sĂ»r c'est qu’aprĂšs l'Ă©dit de 145 av. J.-C., les fonctionnaires de tous les marquisats sont nommĂ©s par le gouvernement central[208]. Le marquis n’a aucun rĂŽle administratif dans son marquisat, il se contente de recueillir une partie des recettes fiscales Ă  son profit[208]. Son chancelier est l’équivalent d’un PrĂ©fet de comtĂ©[209].

Les sƓurs et les filles de l’empereur et les filles sont anoblies soit comme Grande princesse, ce qui leur donne le mĂȘme rang que les rois, soit comme princesse, ce qui leur donne le mĂȘme rang qu'un Marquis de plein droit. Dans tous les cas, le fief d'une princesse fait gĂ©nĂ©ralement la taille d’un comtĂ©[210]. Le mari d’une princesse devient un Marquis[211]. Les filles des rois sont aussi des princesses, mais leurs fiefs ont gĂ©nĂ©ralement taille d'un district d'un comtĂ© et leurs fils ne peuvent pas en hĂ©riter[210]. À la diffĂ©rence des fiefs des Rois et des Marquis, les membres de l'administration du fief d'une princesse sont directement sous les ordres d'un des neuf ministres : le Ministre du Clan impĂ©rial[212].

Armée

Milices et conscrits

Tous les non-nobles de l'empire qui atteignent l'Ăąge de vingt-trois ans sont soumis Ă  la conscription et doivent servir dans les forces armĂ©es (zhengzu æ­Łć’). Ils ont un an de formation et un an de service actif, l’annĂ©e de service actif pouvant leur ĂȘtre rĂ©clamĂ©e jusqu’à ce qu'ils aient atteint l'Ăąge de cinquante-six ans[213]. Les conscrits sont formĂ©s et servent dans l’une des trois branches des forces armĂ©es : infanterie, cavalerie ou marine[214]. Pendant leur annĂ©e de service, les conscrits peuvent ĂȘtre affectĂ©s dans des garnisons situĂ©es aux frontiĂšres, qu'ils doivent protĂ©ger contre les incursions des tribus nomades, servir comme gardes Ă  la cour d'un roi ou ĂȘtre affectĂ©s sous les ordres du Ministre des Gardes pour assurer la sĂ©curitĂ© et des patrouilles dans tous les palais impĂ©riaux[213]. À partir de l'an 155 av. J.-C., l’ñge minimum de la conscription est abaissĂ© Ă  vingt ans[215] et si sous le rĂšgne de l’empereur Han Zhaodi il repasse Ă  vingt-trois ans, il est Ă  nouveau rabaissĂ© Ă  vingt ans par son successeur[215].

Statues en céramique datant des Han occidentaux, représentant des cavaliers à cheval

MĂȘme si ce systĂšme de conscription existe toujours sous les Han orientaux, les potentiels conscrits peuvent l'Ă©viter moyennant le paiement d’une taxe commuable[216].

Le gouvernement exempte Ă©galement ceux qui font don aux autoritĂ©s d'un esclave, d'un cheval ou de cĂ©rĂ©ales[217]. Enfin, dans le systĂšme des vingt rangs, ceux qui ont atteint le neuviĂšme rang et plus sont Ă©galement exemptĂ©s du service militaire[217]. Pour compenser les pertes engendrĂ©es par ces multiples exemptions, le gouvernement des Han orientaux favorise grandement le recrutement d’une armĂ©e d'engagĂ©s volontaires[216]. De plus, bien des soldats des Han orientaux sont des condamnĂ©s de droit commun qui ont vu leur peine commuĂ©e lorsqu'ils ont rejoint l'armĂ©e[218]. Enfin, les Han n'hĂ©sitent pas Ă  faire appel aux mercenaires, qui finissent par former une grande partie de la garde du capitale, tandis que les tribus nomades Ă©trangĂšres sont souvent utilisĂ©es pour garder les frontiĂšres[219].

Sous les Han occidentaux, les soldats dĂ©mobilisĂ©s aprĂšs leur annĂ©e de service actif sont renvoyĂ©s chez eux, oĂč ils ont l'obligation de rejoindre la milice locale, qui est rassemblĂ©e le huitiĂšme mois de chaque annĂ©e[217]. Cette obligation, qui est supprimĂ©e sous les Han orientaux[217], vise Ă  lutter contre les seigneurs de guerre locaux et rĂ©gionaux, ce qui n’empĂȘche pas ces derniers de se multiplier Ă  la fin de la dynastie Han[217]. Quelle que soit l'Ă©poque, les membres de ces milices les quittent lorsqu'ils ont atteint l’ñge de cinquante-six ans[217] .

Armée permanente et armée de réserve

Peinture murale de 137 cm x 201 cm datant des Han orientaux et reprĂ©sentant une sortie de chariots et de chevaux. C'est l’une des 57 peintures murales de la tombe de Nei Menggu Helingeer (ou Holingor) qui est situĂ©e en Mongolie IntĂ©rieure et qui appartient Ă  un haut fonctionnaire, propriĂ©taire terrien et colonel de l’armĂ©e Wuhuan.

Les soldats non professionnels qui font leur annĂ©e de service obligatoire sous les ordres du Ministre des Gardes appartiennent Ă  l’armĂ©e du Sud (Nanjun ć—è»)[220]. Les soldats professionnels, eux, appartiennent Ă  une armĂ©e permanente, connue sous le nom d’armĂ©e du Nord (Beijun ćŒ—è»)[220]. Le but principal de l’armĂ©e du Nord est de dĂ©fendre la capitale, mais elle est parfois utilisĂ©e pour repousser les invasions Ă©trangĂšres[221]. L’armĂ©e du nord est mentionnĂ©e pour la premiĂšre fois dans les archives des Han vers l'an 180 av. J.-C., mais sa structure de commandement de l’époque est mal connue[220]. Plusieurs dĂ©cennies plus tard, l'empereur Han Wudi rĂ©forme le corps des officiers de l’armĂ©e du Nord, afin que son commandement soit partagĂ© entre cinq Colonels (Xiaowei æ Ąć°‰) qui ont chacun un salaire/rang de 2000 dan et commandent un rĂ©giment[220]. Wudi nomme Ă©galement trois autres Colonels avec un salaire/rang de 2000 dan, dont les troupes, qui sont considĂ©rĂ©es comme une extension de l’armĂ©e du Nord, sont stationnĂ©es Ă  certains cols stratĂ©giques situĂ©s loin de la capitale[222]. Chacun des huit Colonels est assistĂ© par un Major (Sima 揾马) qui a un salaire/rang de 1 000 dan[223]. Des soldats de mĂ©tier peuvent ĂȘtre affectĂ©s dans des garnisons agricoles (Tuntian) Ă©tablies dans les rĂ©gions de l’Ouest, comme ceux menĂ©s par les Colonels Wu et Ji (Wuji xiaowei æˆŠć·±æ Ąć°‰), qui ont un salaire/rang de "Ă©quivalent 600" dan et sont basĂ©s Ă  l’oasis de Tourfan[224].

Sous les Han orientaux, l’armĂ©e de conscrits est en grande partie remplacĂ©e par une armĂ©e de volontaires. L’armĂ©e de conscrits sous les ordres du Ministre des Gardes perd son nom d'armĂ©e du Sud et l’armĂ©e du Nord est conservĂ©e, mais elle passe de huit Ă  cinq Colonels[225]. Ces Colonels voient leur salaire/rang passer de 2000 dan Ă  "Ă©quivalent 2 000" dan[226].

Selon des sources datant de l’époque des Han orientaux, l’armĂ©e du Nord est un corps d'armĂ©e aux effectifs relativement faibles, variant entre 3 500 et 4 200 soldats professionnels; chaque rĂ©giment Ă©tant composĂ© d’environ 750 soldats et 150 officiers subalternes[226]. Pour aider cette force, l'empereur Han Guang Wudi crĂ©e en 43 apr. J.-C. une unitĂ© de 1 000 soldats de l’armĂ©e de rĂ©serve, qui est stationnĂ©e dans le comtĂ© de Liyang, le long du fleuve Jaune et en l'an 110, deux autres unitĂ©s de la rĂ©serve sont crĂ©Ă©es. Toutes ces unitĂ©s sont dirigĂ©es par un Commandant, qui porte le mĂȘme titre que celui utilisĂ© pour l’officier militaire prĂ©sent dans certaines Commanderies[221]. L’objectif principal de ces unitĂ©s de rĂ©serve est de positionner des troupes Han dans des passes stratĂ©giques, pour garder le cours infĂ©rieur du fleuve Wei contre les tribus Xiongnu, Wuhuan et tibĂ©taines[227].

Officiers et milice pendant la guerre

Que ce soit en pĂ©riode de paix ou de guerre, la structure de commandement de l’armĂ©e du nord reste la mĂȘme[228]. Par contre, pendant les pĂ©riodes de grands conflits et les crises, la levĂ©e de milices de grande taille exige la nomination de plusieurs nouveaux officiers qui portent diffĂ©rents titres. Lesdits titres sont souvent accordĂ©s comme titres honorifiques aux fonctionnaires en temps de paix[229].

Les grandes divisions sont dirigĂ©es par un GĂ©nĂ©ral (Jiangjun ć°‡è») dont le rang dĂ©pend de son statut. Ces divisions sont subdivisĂ©es en un certain nombre de rĂ©giments, qui sont commandĂ©s par un Colonel et parfois par un Major[230]. Ces rĂ©giments sont Ă  leur tour subdivisĂ©s en compagnies, qui sont commandĂ©es par des Capitaines, qui ont un salaire/rang de "Ă©quivalent 2 000" dan. Enfin, les compagnies sont subdivisĂ©es en sections[230].

Notes et références

  1. Dictionnaire étymologique sino-tibétain en ligne, reconstruction de la prononciation de l'époque Han http://starling.rinet.ru/cgi-bin/query.cgi?basename=\data\china\bigchina&root=config&morpho=0
  2. une unitĂ© de volume correspondant Ă  environ 35 litres
  3. Bielenstein (1980), 131; de Crespigny (2007), 1221.
  4. Nishijima (1986), 587.
  5. une unité de volume correspondant à environ 20 L
  6. Bielenstein (1980), 127 & 131.
  7. de Crespigny (2007) 1221; Bielenstein (1980), 11–17; Hucker (1975), 159.
  8. de Crespigny (2007), 1221; Bielenstein (1980), 127.
  9. Hucker (1975), 159.
  10. Bielenstein (1980), 131.
  11. Ebrey (1999), 60–61; Wang (1949), 139.
  12. Davis (2001), 45–46.
  13. Le code des Qin est le recueil dans lequel sont compilĂ©es toutes les lois en vigueur dans l'empire, une sorte d’ancĂȘtre chinois du code pĂ©nal. La plupart des dynasties chinoises ont compilĂ© leur propre code, le plus souvent en se basant sur les codes prĂ©cĂ©dents
  14. HulsewĂ© (1986), 525–526; Csikszentmihalyi (2006), 23–24; Hansen (2000), 110–112.
  15. Wang (1949), 135.
  16. Hucker (1975), 152.
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  18. Nishijima (1986), 586–587.
  19. Nishijima (1986), 587–588; Bielenstein (1980), 47, 83.
  20. de Crespigny (2007), 1216; Bielenstein (1980), 143; Hucker (1975), 149–150.
  21. Wang (1949), 141–142.
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  29. Loewe (1994), 55; Loewe (1986), 208; Csikszentmihalyi (2006), xxv–xxvi.
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  31. Ch'ĂŒ (1972), 71.
  32. Wang (1949), 173–174; Bielenstein (1980), 144; Hucker (1975), 150.
  33. Ces monopoles n'existent que pendant la pĂ©riode des Han occidentaux, c.f l'article Économie de la Chine sous la dynastie Han pour plus de dĂ©tails Ă  ce sujet
  34. Bielenstein (1980), 144; Wang (1949), 174–177; Hucker (1975), 150.
  35. de Crespigny (2007), 1216–1217.
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  59. Wang (1949), 148–150; Bielenstein (1980), 58–59.
  60. Bielenstein (1980), 16 & 58–59.
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  65. de Crespigny (2007), 1221; Bielenstein (1980), 12.
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  67. Bielenstein (1980), 13.
  68. de Crespigny (2007), 1221–1222.
  69. Bielenstein (1980), 14.
  70. de Crespigny (2007), 1222.
  71. Bielenstein (1980), 15–16.
  72. Bielenstein (1980), 15.
  73. de Crespigny (2007), 1221–1222; Bielenstein (1980), 17; Wang (1949), 151.
  74. Wang (1949), 151.
  75. Wang (1949), 150–151; de Crespigny (2007), 1222; Bielenstein (1980), 17–23.
  76. Kramers (1986), 754–756.
  77. Wang (1949), 152; de Crespigny (2007), 1222; Bielenstein (1980), 19.
  78. de Crespigny (2007), 1222; Bielenstein (1980), 19.
  79. Wang (1949), 152.
  80. Bielenstein (1980), 18.
  81. sous-entendu, la maison de L'Empereur
  82. Wang (1949), 150–153; de Crespigny (2007) 1222; Bielenstein (1980), 23–24.
  83. de Crespigny (2007) 1222; Bielenstein (1980), 23.
  84. de Crespigny (2007), 1222–1223; Bielenstein (1980), 24–27; Wang (1949), 152–153.
  85. Wang (1949), 152–153; de Crespigny (2007), 1230.
  86. Wang (1949), 153.
  87. de Crespigny (2007), 1223; Bielenstein (1980), 25–26.
  88. de Crespigny (2007), 1223 & 1227; Beilenstein (1980), 26 & 30–31.
  89. Wang (1949), 150–153; de Crespigny (2007), 1223; Bielenstein (1980), 31.
  90. de Crespigny (2007), 1223; Bielenstein (1980), 31–32.
  91. de Crespigny (2007), 1223; Bielenstein (1980), 33.
  92. de Crespigny (2007), 1223; Bielenstein (1980), 31; Wang (1949), 153.
  93. Wang (1949), 150–151 & 153–154; de Crespigny (2007), 1223; Bielenstein (1980), 34–35.
  94. de Crespigny (2007), 1223; Bielenstein (1980), 34–35.
  95. Wang (1949), 153–154; Di Cosmo (2002), 232.
  96. Bielenstein (1980), 35.
  97. Bielenstein (1980), 37–38.
  98. Bielenstein (1980), 38; Wang (1949), 150–151 & 154.
  99. de Crespigny (2007), 1223; Wang (1949), 154.
  100. Wang (1949), 154.
  101. Comme son nom l'indique, ce code regroupe de maniĂšre ordonnĂ©e toutes les lois en vigueur sous les Han, c'est une sorte de lointain ancĂȘtre chinois du Code pĂ©nal français. Chaque dynastie chinoise a Ă©ditĂ© son propre code
  102. de Crespigny (2007), 1223; Bielenstein (1980), 38.
  103. Bielenstein (1980), 38–39.
  104. de Crespigny (2007), 1223–1224; Bielenstein (1980), 39–40; Wang (1949), 150–151 & 154–155.
  105. de Crespigny (2007), 1223–1224; Bielenstein (1980), 39–40; Wang (1949), 154–155.
  106. de Crespigny (2007), 1223–1224; Bielenstein (1980), 39–40.
  107. Bielenstein (1980), 40.
  108. Wang (1949), 154–155; Bielenstein (1980), 40.
  109. Bielenstein (1980), 41.
  110. Hucker (1975), 150.
  111. de Crespigny (2007), 1223–1224; Wang (1949), 150–151 & 155; Bielenstein (1980), 41.
  112. Bielenstein (1980), 41; Wang (1949), 155.
  113. de Crespigny (2007), 1224; Bielenstein (1980), 43; Wang (1949), 150–151 & 155–156.
  114. Bielenstein (1980), 43.
  115. Bielenstein (1980), 43; Wang (1949), 155.
  116. Wang (1949), 155–156; de Crespigny (2007), 1224; Bielenstein (1980), 43–44.
  117. de Crespigny (2007), 1224.
  118. Wang (1949), 155; de Crespigny (2007), 1224.
  119. de Crespigny (2007), 1224; Bielenstein (1980), 43–44; Nishijima (1986), 584; Wagner (2001), 15–17; Wang (1949), 155–156.
  120. Bielenstein (1980), 43–44; Wagner (2001), 13–14.
  121. de Crespigny (2007), 1224; Bielenstein (1980), 47.
  122. de Crespigny (2007), 1224; Bielenstein (1980), 47; Wang (1949), 150–151 & 156.
  123. Wang (1949), 155–156; de Crespigny (2007), 1224; Bielenstein (1980), 47 & 55.
  124. de Crespigny (2007), 1224; Bielenstein (1980), 47; Wang (1949), 156.
  125. Wang (1949), 156; Crespigny (2007), 1226; Bielenstein (1980), 47–48.
  126. Bielenstein (1980), 49.
  127. de Crespigny (2007), 1224; Bielenstein (1980), 50–51.
  128. de Crespigny (2007), 1224; Bielenstein (1980), 50–52.
  129. Bielenstein (1980), 52.
  130. Habituellement, il s'agit d'un fils ayant déjà reçu le titre de prince
  131. Bielenstein (1980), 78.
  132. Hucker (1985), 484.
  133. Bielenstein (1980), 74–75.
  134. Bielenstein (1980), 77–78.
  135. Bielenstein (1980), 77.
  136. Bielenstein (1980), 69.
  137. Bielenstein (1980), 69 & 74.
  138. Bielenstein (1980), 69–70.
  139. Ch'ĂŒ (1972), 75; Bielenstein (1980), 73–74.
  140. Bielenstein (1980), 73–74.
  141. de Crespigny (2007), 1226.
  142. Bielenstein (1980), 83–84.
  143. de Crespigny (2007), 1225; Bielenstein (1980), 78.
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  151. Wang (1949), 156–157; Bielenstein (1980), 84–85; de Crespigny (2007), 1226.
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  153. Bielenstein (1980), 84–85; de Crespigny (2007), 1226.
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Annexes

Lectures pour approfondir

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  • Beck, Roger B. (2005). "World History: Patterns of Interaction" 200–207. McDougall Littell. (ISBN 0-618-18774-X).
  • (en) Charles Hucker, A Dictionary of Official Titles in Imperial China, Stanford University Press, , p. 436

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