Gouvernement de la Chine sous la dynastie Han
La dynastie Han (chinois simplifiĂ© : æ±æ ; chinois traditionnel : æŒąæ ; pinyin : hĂ nchĂĄo ; chinois archaĂŻque : ĆÌ„Änh ážhaw[1]) rĂšgne sur la Chine de 206 av. J.-C. Ă 220 apr. J.-C. DeuxiĂšme des dynasties impĂ©riales, elle succĂšde Ă la dynastie Qin (221 - 206 av. J.-C.) et est suivie de la pĂ©riode des Trois Royaumes (220 - 265). Elle se divise en deux pĂ©riodes : celle des Han occidentaux (è„żæŒą) ou Han antĂ©rieurs (ćæŒą) (206 av. J.-C. - 9), capitale Chang'an et celle des Han orientaux (æ±æŒą) ou Han postĂ©rieurs (ćŸæŒą), (25 - 220), capitale Luoyang. Ces deux pĂ©riodes sont sĂ©parĂ©es par la courte dynastie Xin, fondĂ©e par Wang Mang et qui ne survit pas Ă la mort de ce dernier.
L'Empereur de Chine est le chef du gouvernement. Il promulgue toutes les lois par Ă©crit, est le commandant en chef des forces armĂ©es et assume la fonction de chef du pouvoir exĂ©cutif. Il nomme tous les officiels gouvernementaux qui ont un salaire/rang de 600 dan ou plus, avec lâaide de conseillers qui examinent chaque candidat. L'impĂ©ratrice douairiĂšre est la mĂšre de l'empereur et elle est, de fait, plus puissante que son fils, car elle peut annuler les dĂ©cisions de l'empereur pour les remplacer par les siennes. Cette filiation peut ĂȘtre d'ordre biologique ou symbolique. Le pouvoir exĂ©cutif de l'empereur peut ĂȘtre dĂ©lĂ©guĂ© Ă n'importe quel officiel, qui reçoit alors un sceptre spĂ©cifique comme preuve de cette dĂ©lĂ©gation. Cet officiel reçoit alors, entre autres, le pouvoir d'exĂ©cuter les criminels sans devoir demander la permission de la cour impĂ©riale.
Au dĂ©but de la dynastie, il existe de nombreux rois semi-autonomes, qui ont de grands pouvoirs au niveau local, ce qui affaiblit l'autoritĂ© impĂ©riale. Leur autonomie diminue de maniĂšre importante lorsque la cour tire les consĂ©quences de la RĂ©bellion des sept Ătats et lance une sĂ©rie de rĂ©formes Ă leur encontre. Ces problĂšmes d'autonomie locale resurgissent Ă la fin de la dynastie Han, lorsque dĂ©bute une longue guerre civile qui sâachĂšve par la chute des Han et le dĂ©but de la pĂ©riode des trois royaumes.
Les officiels du plus haut rang sont regroupés au sein d'un cabinet et jouent auprÚs de l'empereur le rÎle de conseillers, de censeurs, d'exécutants et de juges. Ils sont connus comme étant les Trois Excellences et ils supervisent les Neuf MinistÚres, qui sont des grands ministÚres spécialisés sur une tùche en particulier, ainsi que divers officiels de la capitale et de ses alentours. Chaque fonctionnaire de la bureaucratie impériale, chaque noble de la famille impériale, chaque concubine du harem et chaque officier des forces armées se voit attribuer un rang et touche le salaire qui y est associé.
les divisions administratives de l'empire sont, par ordre dĂ©croissant de taille, les provinces (ou Zhou ć·) les commanderies, les comtĂ©s (ou Xian ćż) et les districts. La taille des diffĂ©rents fiefs des nobles va du royaume, qui recouvre la plupart du temps le territoire d'une commanderie, au marquisat, dont le territoire se confond souvent avec celui d'un comtĂ©. Le gouvernement a tentĂ© de mettre en place des monopoles sur le sel, la sidĂ©rurgie et l'alcool; qui ont tous fini par ĂȘtre supprimĂ©s. A contrario, le monopole de la frappe monĂ©taire qui est mis en place par le gouvernement en 113 av. J.-C., reste en place jusquâĂ la fin de la dynastie. Si sous les Han occidentaux, le recrutement des soldats est basĂ© sur un systĂšme de conscription touchant les non-nobles ; les Han orientaux prĂ©fĂšrent s'appuyer sur une armĂ©e de volontaires, payĂ©s grĂące aux revenus d'une taxe permettant d'Ă©viter la conscription. Ă cĂŽtĂ© de ces deux systĂšmes, il existe pendant toute la dynastie une petite armĂ©e permanente de soldats professionnels. Enfin, en temps de crise, l'armĂ©e de volontaires est renforcĂ©e par des recrutements massifs, pendant que d'importantes milices villageoises sont levĂ©es et certains anciens titres officiels peuvent mĂȘme ĂȘtre rĂ©activĂ©s pour un temps limitĂ©.
Salaires
Sous la dynastie Han, le pouvoir d'un fonctionnaire du gouvernement dĂ©pend de son grade et du salaire annuel qui y correspond. Ces salaires sont mesurĂ©s en unitĂ©s de grains appelĂ©es dan, shi ou shih (çł[2]), mais environ la moitiĂ© du salaire d'un fonctionnaire est payĂ©e en espĂšces[3]. AprĂšs l'an 119 av. J.-C., ces espĂšces sont des wushu (äșé), la piĂšce de monnaie de base qui pĂšse 3,2 g[4]. Lâautre moitiĂ© du salaire dâun fonctionnaire est payĂ©e en grains dĂ©cortiquĂ©s et non dĂ©cortiquĂ©s, dont les quantitĂ©s sont mesurĂ©es en hu (è§ł[5]). Puisquâun hu de grain non dĂ©cortiquĂ© vaut 100 piĂšces dâor et un hu de grain dĂ©cortiquĂ© vaut 160 piĂšces, le ratio de conversion du grain non dĂ©cortiquĂ© vers le grain dĂ©cortiquĂ© est de 10 pour 6[6]. Les plus hauts responsables dans les administrations centrales gagnent un salaire de 10 000 dan. Les fonctionnaires qui surveillent les neuf ministĂšres spĂ©cialisĂ©s ont le grade "EntiĂšrement 2 000 dan", tandis que le magistrat dâun comtĂ© gagne 600 dan[7]. Occasionnellement, les empereurs offrent aux hauts fonctionnaires des luxueux cadeaux comprenant du vin, des denrĂ©es alimentaires et des vĂȘtements en soie. Ces dons, dans certains cas trĂšs gĂ©nĂ©reux, peuvent avoir une valeur correspondant Ă la moitiĂ© du salaire annuel de celui qui les reçoit[8]. Les fonctionnaires ĂągĂ©s quittent souvent leur poste et touchent alors une pension[9].
Le tableau ci-dessous liste les salaires versés aux fonctionnaires sous les Han, du plus au moins élevé. Ces salaires sont exprimés en espÚces, en grains non décortiqués et en grains décortiqués[10] :
Liste des salaires en l'an 106[10] | |||
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A. Rang (mesuré en dan) | B. Salaire mensuel en grains non décortiqués (mesuré en hu) | C. Salaire mensuel en piÚces de monnaie (Unité de base) | D.Salaire mensuel en grains décortiqués (mesuré en hu) |
10,000 | 350 | 17,500 | 105 |
EntiĂšrement 2,000 | 180 | 9,000 | 54 |
2,000 | 120 | 6,000 | 36 |
L'Ă©quivalent de 2,000 | 100 | 5,000 | 30 |
1,000 | 90 | 4,500 | 27 |
L'Ă©quivalent de 1,000 | 80 | 4,000 | 24 |
600 | 70 | 3,500 | 21 |
L'Ă©quivalent de 600 | 60 | 3,000 | 18 |
400 | 50 | 2,500 | 15 |
L'Ă©quivalent de 400 | 45 | 2,250 | 13.5 |
300 | 40 | 2,000 | 12 |
L'Ă©quivalent de 300 | 37 | 1,850 | 11.1 |
200 | 30 | 1,500 | 9 |
L'Ă©quivalent de 200 | 27 | 1,350 | 8.1 |
100 | 16 | 800 | 4.8 |
L'Ă©quivalent de 100 | N/A | N/A | N/A |
Fonctionnaires dont les salaires sont exprimés en Dou | 11 | 550 | 3.3 |
Assistant-commis | 8 | 400 | 2.4 |
Gouvernement central
Un modÚle impérial hérité des Qin
C'est Qin Shi Huang, le fondateur de la dynastie Qin, qui crĂ©e le titre d'empereur et pose les bases du systĂšme de gouvernement impĂ©rial chinois aprĂšs avoir unifiĂ© la Chine en 221 av. J.-C.; ce qui met fin Ă la pĂ©riode des royaumes combattants, oĂč la Chine est divisĂ©e entre plusieurs royaumes perpĂ©tuellement en guerre les uns contre les autres.
Cette pĂ©riode correspond Ă la derniĂšre partie du rĂšgne de la dynastie Zhou (1050 - 256 av. J.-C.), qui dirigeait la Chine d'une maniĂšre trĂšs dĂ©centralisĂ©e. Les Zhou Ă©taient des rois, et non des empereurs, auxquels les autres rois avaient fait allĂ©geance et jurĂ© obĂ©issance. Ce systĂšme avait bien fonctionnĂ© tant que les Zhou avaient les moyens de faire taire les rois qui leur dĂ©sobĂ©issaient, mais Ă la fin, ils avaient perdu tout pouvoir rĂ©el et lâallĂ©geance des autres rois n'Ă©tait plus qu'une façade. De plus, mĂȘme au somment de leur puissance, les Zhou n'ont jamais eu autant de pouvoirs que les empereurs des dynasties qui vont leur succĂ©der[11].
Refusant de tomber dans les mĂȘmes travers que les Zhou, Qin Shi Huang met en place un systĂšme se voulant centralisĂ© et centrĂ© autour de la personne de l'Empereur. Tout s'effondre avec la chute de la dynastie Qin en 206 av. J.-C.; mais aprĂšs sa victoire durant la guerre Chu-Han, Liu Bang, le Roi de Han, rĂ©tablit l'empire en fondant la dynastie Han, dont il devient le premier empereur sous le nom de Han Gaozu[12].
Le systĂšme impĂ©rial des Han emprunte une grande partie de ses bases Ă celui mis en place par les Qin. Ainsi, Xiao He, le chancelier de Gaozu, reprend la plus grande partie du code des Qin[13] pour crĂ©er le tout nouveau code des Han[14]. Par contre, le pouvoir central Ă©tabli par Gaozu ne contrĂŽle directement qu'un tiers de l'empire, le reste du territoire Ă©tant contrĂŽlĂ© par des rois bĂ©nĂ©ficiant d'une grande autonomie. Ce systĂšme s'Ă©loigne grandement de celui voulu par les Qin, oĂč l'empereur se doit d'avoir l'intĂ©gralitĂ© du territoire de la Chine sous son contrĂŽle direct[15]. Ce n'est que plus tard, aprĂšs une sĂ©rie de rĂ©formes et de guerres, que ces royaumes perdent leurs pouvoirs et leurs autonomies. Les empereurs Han bĂ©nĂ©ficient alors d'un contrĂŽle direct et absolu de l'empire, tout comme Qin Shi Huang avant eux[16].
Le renforcement graduel du pouvoir central au profit des Han peut se mesurer au travers de leur politique monĂ©taire. Alors que les Qin avaient Ă©tabli un systĂšme de monnaie unique pour tout leur empire[17], les premiers Han occidentaux hĂ©sitent entre l'autorisation et l'interdiction de la frappe de divers types de monnaies par des entreprises privĂ©es, les commanderies et les diffĂ©rents royaumes semi-autonomes[18]. Il faut attendre l'an 113 av. J.-C. pour que la cour des Han se dĂ©cide Ă faire de la frappe des piĂšces de monnaie une monopole d'Ătat et Ă©tablisse Ă nouveau un systĂšme de monnaie unique pour tout l'empire[19].
RÎles, droits et responsabilités
Lâempereur bĂ©nĂ©ficie du statut social le plus Ă©levĂ© de tout l'empire. Il est Ă la tĂȘte de lâadministration gouvernementale et son pouvoir est pratiquement absolu, bien que les fonctionnaires, qui reprĂ©sentent les intĂ©rĂȘts divergents des diffĂ©rents organes, scrutent toutes ses dĂ©cisions[20]. En thĂ©orie, le Grand Commandant est le commandant en chef des forces armĂ©es de l'empire, mais en pratique, c'est lâEmpereur qui tient ce rĂŽle[21]. C'est Ă©galement lui qui nomme les fonctionnaires de lâadministration centrale dont le salaire/rang est de 600 dan ou plus[22]. LâEmpereur dĂ©signe aussi les reprĂ©sentants du gouvernement dans les provinces, les commanderies et les comtĂ©s[22]. Ceux qui entrent dans la fonction publique sont soit des personnes choisies sur recommandation des grandes familles locales des diverses commanderies, soit des proches des familles de hauts fonctionnaires, soit des Ă©tudiants diplĂŽmĂ©s de lâUniversitĂ© impĂ©riale. Cette institution est Ă©tablie en 124 av. J.-C. et dispense un enseignement basĂ© sur le confucianisme Ă ceux qui entrent dans la fonction publique[23].
En thĂ©orie, l'empereur est le seul Ă pouvoir modifier les diffĂ©rentes lois du code des Han et Ă pouvoir en crĂ©er de nouvelles par le biais d'Ă©dits impĂ©riaux (zhao è©) et de dĂ©crets (ling 什)[22]. En pratique, il valide souvent les dĂ©cisions et les rĂ©formes que lui propose son ministre de la justice, le Commandant de la Justice (ć»·ć°)[22]. L'empereur est Ă©galement le juge suprĂȘme du systĂšme judiciaire Han. Ce systĂšme suit une hiĂ©rarchie stricte : lorsqu'une infraction a lieu, le procĂšs a lieu au niveau du Xian oĂč elle est commise. Si l'administration du Xian n'arrive pas Ă rĂ©gler le cas, ou se juge incompĂ©tente en la matiĂšre, on passe au niveau de la Commanderie. Si la situation reste bloquĂ©e, on fait appel au Commandant de la Justice et si jamais ce dernier n'arrive pas Ă rĂ©gler ce problĂšme, c'est Ă l'empereur qu'il revient de juger ce cas. Il peut Ă©galement casser n'importe quel jugement et rejuger lui-mĂȘme le cas[25].
L'empereur peut dĂ©lĂ©guer de maniĂšre temporaire son rĂŽle de juge suprĂȘme Ă nâimporte quel fonctionnaire, qu'il dĂ©signe en cas dâurgence ou dans les contrĂ©es lointaines de l'empire oĂč le gouvernement central a peu dâinfluence. Pour reprĂ©senter cette dĂ©lĂ©gation, le fonctionnaire reçoit un sceptre spĂ©cifique, connu sous le nom de Jiezhang (çŻæ)[26]. Ce Jiezhang mesure environ 2 m de haut, est dĂ©corĂ© avec des rubans et est souvent accordĂ© Ă un fonctionnaire pour qu'il puisse accomplir une tĂąche spĂ©cifique. Le fonctionnaire ainsi promu peut agir au nom de lâempereur comme ambassadeur dans un pays Ă©tranger, nommer des civils dans l'administration ou promouvoir immĂ©diatement un officier militaire pour rĂ©compenser ses mĂ©rites sur le champ de bataille[26]. En outre, le Jiezhang donne Ă son porteur le pouvoir de punir immĂ©diatement les criminels et les rebelles politiques en les exĂ©cutant, sans avoir Ă en demander la permission Ă la Cour[26].
Sous la dynastie Qin, la lĂ©gitimitĂ© du premier empereur vient de sa capacitĂ© Ă conquĂ©rir dâautres royaumes et d'autres territoires. Toutefois, au moment du rĂšgne de Wang Mang (r. -), c'est le mandat du Ciel qui est considĂ©rĂ© comme Ă©tant la seule source lĂ©gitime de lâautoritĂ© impĂ©riale[27]. Ce concept est nĂ© pendant la dynastie Zhou, pour lĂ©gitimer le pouvoir de cette derniĂšre. La Cour des Qin faisait des sacrifices et adorait quatre divinitĂ©s principales, auxquelles l'empereur Han Gaozu ajoute en 205 av. J.-C. une cinquiĂšme divinitĂ©, en rĂ©fĂ©rence aux cinq empereurs (Wudi äșćž)[28]. Plus tard, l'empereur Han Chengdi (51 av. J.-C.- 7 av. J.-C.) annule le culte dâĂtat des cinq divinitĂ©s, au profit de cĂ©rĂ©monies consacrĂ©es au ciel (Tian 怩) et au Dieu suprĂȘme (Shangdi äžćž). C'est ce dernier qui accorde le mandat du ciel aux empereurs[29]. Par ailleurs, Ă partir du rĂšgne de lâempereur Han Wudi (r. 141-87 av. J.-C.), la cour des Han fait sienne les thĂšses du philosophe et Ă©rudit Dong Zhongshu (179 â 104 av. J.-C.), qui considĂšre que le rĂšgne terrestre d'une dynastie est liĂ© aux cycles cosmologiques de lâunivers. On attend de Lâempereur qu'il agisse en suivant les rituels appropriĂ©s ainsi que certaines rĂšgles dâĂ©thique et de morale, de peur que le courroux du ciel ne mettre fin Ă son rĂšgne[30]. Il est devenu le plus haut prĂȘtre sur la terre, et en effectuant certains rites et rituels religieux, il agit comme un lien sacrĂ© entre le Ciel et la Terre[31].
Conférences de la Cour
MĂȘme si lâempereur a le pouvoir suprĂȘme au sein de l'empire, il prend le plus souvent lâavis de son cabinet et des autres ministres avant de prendre des dĂ©cisions ou d'annuler celles qui ont Ă©tĂ© prises prĂ©cĂ©demment[32]. Il rassemble souvent des officiels pour tenir des dĂ©bats ou des discussions sur la politique Ă suivre. Ces rĂ©unions sont ce que l'on appelle des confĂ©rences de la Cour (tingyi ć»·è°). Le champ des questions dĂ©battues lors de ces rĂ©unions est trĂšs vaste. Cela inclut le couronnement des nouveaux empereurs, lâinfĂ©odation des nobles Ă l'Ătat central, la mise en place de nouveaux temples ancestraux, les rĂ©formes de la religion dâĂtat ou du systĂšme monĂ©taire, la gestion des monopoles publics sur le sel et le fer[33], lâintroduction de nouvelles lois ou de lâabrogation des anciennes, les poursuites judiciaires complexes, dĂ©clarer ou non la guerre Ă un pays Ă©tranger ou bien accepter de mener des nĂ©gociations pacifiques[32]. MĂȘme si lâempereur peut rejeter les dĂ©cisions rendues par les ConfĂ©rences de Cour, il le fait au risque de sâaliĂ©ner ses principaux ministres. Le plus souvent, il est contraint dâaccepter les dĂ©cisions qui font le consensus auprĂšs de la majoritĂ© de ses ministres, dont chaque opinion individuelle compte, sans tenir compte de leur position sociale ou de leur salaire/rang[34].
Impératrice douairiÚre
Lorsque l'empereur dĂ©cĂšde sans avoir dĂ©signĂ© officiellement son successeur, c'est sa femme, l'ImpĂ©ratrice douairiĂšre, qui a le droit de choisir un des enfants en vie de son dĂ©funt Ă©poux ou un des membres de la famille proche de ce dernier, pour en faire le nouvel empereur[35]. La plupart des empereurs choisis de cette façon sont des mineurs, dont l'impĂ©ratrice douairiĂšre devient la rĂ©gente, ce qui fait d'elle la cheffe du gouvernement. Un proche parent de sexe masculin du nouvel empereur, en gĂ©nĂ©ral son frĂšre ou son pĂšre suivant la situation, prend le contrĂŽle du SecrĂ©tariat ImpĂ©rial[36]. La plupart du temps, mĂȘme quand l'empereur atteint sa majoritĂ© et peut rĂ©gner directement, il cherche souvent les conseils et l'approbation de l'impĂ©ratrice douairiĂšre pour chacune de ses actions politiques, sachant que cette derniĂšre peut invalider les dĂ©cisions de l'empereur et les remplacer par les siennes[37]. Durant tout son "rĂšgne", l'impĂ©ratrice douairiĂšre est sous la protection du Commandant de la Garde (èĄć°). Et si jamais le clan consort, la faction de la douairiĂšre, vient Ă perdre le pouvoir, c'est Ă©galement le Commandant de la Garde qui a la charge d'assigner Ă rĂ©sidence cette derniĂšre[38].
Grand Tuteur
Le poste de Grand tuteur (Taifu ć€Șć ) reprĂ©sente le rang social le plus haut de l'empire, juste en dessous de celui de lâempereur. MalgrĂ© cela, il nâest pas occupĂ© rĂ©guliĂšrement, car ce rĂŽle est plus considĂ©rĂ© comme un honneur que comme un poste permanent[39]. Sous les Han occidentaux, un Grand tuteur est supposĂ© ĂȘtre nommĂ© au dĂ©but du rĂšgne de chaque empereur et ne pas ĂȘtre remplacĂ© avant la mort dudit empereur[39]. En rĂ©alitĂ©, seulement quatre Grands tuteurs sont nommĂ©s entre l'an 202 av. J.-C. et l'an 6. Par contre, sous les Han orientaux, un nouveau Grand tuteur est effectivement nommĂ© au dĂ©but du rĂšgne de chaque empereur, sauf pour lâempereur Han Huandi (r. -). En effet, au dĂ©but de son rĂšgne, le Grand tuteur de son prĂ©dĂ©cesseur, l'empereur Han Zidi, est toujours en vie et il devient donc le Grand tuteur du nouvel empereur[40]. Le Salaire/grade du Grand tuteur n'est pas spĂ©cifiĂ© dans les sources littĂ©raires, mĂȘme sâil est sĂ»rement plus Ă©levĂ© que les 10 000 dans que touchent les principaux ministres[41]. Officiellement, le Grand tuteur est chargĂ© d'assister le jeune empereur en lui servant de guide moral et spirituel, mais il est probable que ce rĂŽle n'a jamais Ă©tĂ© pris au sĂ©rieux ou mĂȘme mis en Ćuvre par ceux qui ont occupĂ© ce poste[42]. En rĂ©alitĂ©, le poste de Grand Tuteur a souvent servi Ă bloquer dĂ©libĂ©rĂ©ment la carriĂšre d'une personne, pour lâempĂȘcher dâobtenir un poste plus important, par exemple, devenir une des Trois Excellences. Enfin, ceux choisis pour ce poste sont souvent des hommes choisis Ă cause de leur Ăąge avancĂ© et non de leurs capacitĂ©s, ce qui explique pourquoi la plupart du temps ils meurent rapidement aprĂšs avoir Ă©tĂ© nommĂ©s[42].
Les changements de titres au fil du temps
Les Excellences, ou gong, ce que l'on peut traduire littĂ©ralement par «ducs», sont les ministres les plus importants du gouvernement central et forment le cabinet gouvernemental pendant toute la dynastie Han. Pendant la plus grande partie de la pĂ©riode des Han Occidentaux, les Excellences sont le Chancelier (Chengxiang äžçž), le Conseiller ImpĂ©rial (Yushi dafu ćŸĄćČ性怫) et le Grand Commandant (Taiwei ć€Șć°). Le poste de Grand Commandant est attribuĂ© de maniĂšre irrĂ©guliĂšre et finit par ĂȘtre renommĂ© Grand MarĂ©chal (Da sima 性ćžéŠŹ) en 119 av.J.C[43]. En l'an 8, le poste de Conseiller ImpĂ©rial est aboli et remplacĂ© par celui de Grande Excellence des Travaux (da sikong 性ćžç©ș) et en l'an 1, c'est celui de Chancelier qui disparaĂźt Ă son tour, pour ĂȘtre remplacĂ© par celui de Grande Excellence au Dessus des Masses (da situ 性ćžćŸ)[43]. Le 8 juin de l'an 51, un Ă©dit impĂ©rial supprime le prĂ©fixe "Grand" (性) des titres de l'Excellence des Travaux et de l'Excellence au Dessus des Masses et redonne au Grand MarĂ©chal le titre de Grand Commandant. AprĂšs ces modifications, la titulature reste inchangĂ©e jusquâĂ la fin de la pĂ©riode des Han Orientaux[43]. Avant l'an 8 av.J.C, on ne connaĂźt pas les chiffres exacts des salaires des Trois Excellences; par contre, on sait quâaprĂšs cette date leur salaire/rang est de 10.000 dan, auquel il faut rajouter divers cadeaux pĂ©riodiques qui augmentent leurs revenus[44].
Chancelier
Sous les Han occidentaux, le chancelier est le chef des fonctionnaires civils[45]. Entre l'an 196 et l'an 180 av. J.-C., les fonctions de la chancellerie sont divisĂ©es entre un chancelier de droite (ćłäžçž) et un chancelier de gauche (ć·Šäžçž). AprĂšs l'an 180 av. J.-C., le poste de chancelier de gauche est rarement occupĂ© et lorsque c'est le cas, son titulaire nâa aucun pouvoir rĂ©el[46]. Les chancelier des Han occidentaux supervisent les finances de lâĂtat, la logistique pour les campagnes militaires, les registres des terres et de la population, les cartes des territoires de lâempire, les rapports annuels des provinces, les procĂšs retentissants et Ă©labore le budget du gouvernement[47]. Le chancelier peut nommer directement les fonctionnaires dont le salaire/rang est de 600 dan ou moins et recommander des candidats Ă lâempereur pour le recrutement aux postes les plus Ă©levĂ©s de l'administration centrale[48]. Le chancelier est tenu pour responsable des actions des responsables qu'il a recommandĂ©s et/ou nommĂ©s; mais il peut aussi punir les fonctionnaires dont il juge le comportement inadĂ©quat sans le consentement de lâempereur[48].
Chaque fois que lâempereur est absent d'une confĂ©rence de la Cour mais que l'on a besoin de son avis; il compte sur le chancelier pour lâorienter et lâinformer de lâopinion majoritaire qui se dĂ©gage au sein de la confĂ©rence. Si les ministres prĂ©sents sont divisĂ©s entre deux factions opposĂ©es de tailles Ă peu prĂšs Ă©gales; le chancelier doit Ă©couter les positions des deux parties et compter le nombre exact des ministres qui ont soutenu chacune des deux opinions adverses[49].
Les Ă©crivains du Palais (Zhongshu äžæž) sont Ă lâorigine des eunuques qui officient comme secrĂ©taires du Palais (Zhongshu guan äžæžćź). Il en est ainsi jusqu'en l'an 29 av. J.-C., date Ă laquelle ils sont mis Ă la tĂȘte d'Ă©quipes formĂ©es de fonctionnaires, qui s'occupent des tĂąches de secrĂ©tariat. Ces eunuques usurpent une grande partie des pouvoirs du chancelier Ă la fin des Han occidentaux[50]. Lorsque les Han orientaux restaurent la dynastie Han, ils suppriment le poste de chancelier et le remplacent par celui de Grande Excellence au Dessus des Masses. La situation change en l'an 208, lorsque Cao Cao (155-220 apr. J.-C.), peu aprĂšs sa nomination comme Excellence au Dessus des Masses, rĂ©tablit le poste de Chancelier, tout en agissant comme le dirigeant de facto de la Cour de lâempereur Han Xiandi (r. -). Il abolit Ă©galement les postes de Grand Commandant et d'Excellence des Travaux et recrĂ©e celui de Conseiller ImpĂ©rial[51].
Conseiller Impérial
Sous les Han occidentaux, le Conseiller ImpĂ©rial, ou Grand SecrĂ©taire, ou SecrĂ©taire ImpĂ©rial, est le poste officiel le plus Ă©levĂ©, juste derriĂšre celui de Chancelier[52]. Comme le chancelier, il exerce des pouvoirs de censure sur les fonctionnaires provinciaux qui lui envoient Ă©galement des rapports annuels[53]. Son premier devoir est de conduire des procĂ©dures disciplinaires contre les fonctionnaires, y compris ceux attachĂ©s Ă la chancellerie et au Palais impĂ©rial[54]. Comme une de ses principales fonctions est dâempĂȘcher les abus de pouvoir, ses compĂ©tences Ă lâĂ©gard de la bureaucratie ont tendance Ă chevaucher celles de du chancelier[55]. Parmi ses subordonnĂ©s, on trouve les Greffiers ImpĂ©riaux (Shiyushi äŸćŸĄćČ), qui sont dirigĂ©s par le Greffier Adjoint du Palais ImpĂ©rial (kardoussi zhongcheng 犊ćČäžäž)[56]. Ils sont souvent envoyĂ©s dans les provinces pour enquĂȘter sur les Ă©ventuelles fautes commises par les responsables locaux[56].
Le Conseiller ImpĂ©rial transmet et reçoit les Ă©dits impĂ©riaux de et vers la chancellerie, tout en prĂ©sentant les mĂ©moires pour le trĂŽne Ă©manant des divers fonctionnaires[53]. Sous les Han occidentaux, le bureau du Greffier adjoint du Palais ImpĂ©rial est situĂ© dans lâenceinte du palais[57]. Ce Greffier Adjoint a le pouvoir dâenquĂȘter sur les prĂ©posĂ©s et les eunuques du palais et de rejeter les mĂ©moires mal Ă©crits avant qu'ils soient soumis au Conseiller ImpĂ©rial[57]. Une fois cette Ă©tape franchie, les MaĂźtres de lâĂcriture, qui sont sous les ordres du Ministre Intendant, traitent ces mĂ©moires avant quâils soient envoyĂ©s au trĂŽne[58]. Sous les Han orientaux, la proximitĂ© qui existe entre le Greffier adjoint du Palais ImpĂ©rial et lâEmpereur est telle qu'elle permet au Greffier de dĂ©passer lâautoritĂ© de son supĂ©rieur nominal, lâExcellence des travaux. Par contre, il perd le pouvoir dâinspecter les autoritĂ©s provinciales locales qu'il avait sous les Han occidentaux[59]. Au dĂ©but des Han orientaux, le Ministre Intendant devient le nouveau supĂ©rieur du Greffier adjoint du Palais ImpĂ©rial; sachant que ce ministre est supervisĂ© par le Conseiller ImpĂ©rial et plus tard l'Excellence des Travaux[60]. Le Greffier adjoint du Palais ImpĂ©rial est Ă©galement le responsable de la BibliothĂšque impĂ©riale sous les Han occidentaux et au dĂ©but des Han orientaux. Ce devoir est ensuite transfĂ©rĂ© Ă un subordonnĂ© du Ministre des CĂ©rĂ©monies en l'an 159[61].
Grand Commandant
Le Grand Commandant, ou Commandant en chef, est le gĂ©nĂ©ral en chef des armĂ©es des Han occidentaux, mais ce poste est pourvu de maniĂšre irrĂ©guliĂšre. Ainsi, pendant toute la pĂ©riode des Han occidentaux (206 av. J.-C. - 9), il n'y a un grand commandant en fonction que de 205 Ă 202 av. J.-C., puis de 196 Ă 195 av. J.-C., de 189 Ă 177 av. J.-C., de 154 Ă 150 av. J.-C. et en 140 av. J.-C.[62]. AprĂšs l'an 119 av. J.-C., les gĂ©nĂ©raux Wei Qing (??? - 106 av. J.-C.) et Huo Qubing (??? - 117 av. J.-C.) occupent simultanĂ©ment ce poste, jusqu'Ă leurs morts respectives. Le poste est recrĂ©Ă© en 87 av. J.-C., mais il devient une fonction politique et non militaire, lorsqu'il est offert Ă Huo Guang (??? - 68 av. J.-C.) en tant que rĂ©gent[63]. Le rĂ©gent est dĂšs lors considĂ©rĂ© comme un des trois Excellences, mĂȘme si, en thĂ©orie, il ne fait pas partie du cabinet[63].
Le poste de Grand Commandant est transformĂ© de maniĂšre significative sous les Han orientaux. Pendant la courte dynastie Xin (9 â 23), Wang Mang a sĂ©parĂ© les postes de rĂ©gent et de Grand Commandant, car il ne voulait pas un rĂ©gent actif et puissant pour son rĂ©gime[64]. Les Han orientaux conservent cette sĂ©paration et le troisiĂšme Grand Commandant de cette pĂ©riode, qui est nommĂ© en l'an 51, fait de son ministĂšre militaire un ministĂšre principalement civil[64]. MĂȘme si sous les Han orientaux le Grand Commandant a le mĂȘme salaire/rang que les autres Excellences, qui sont nominalement considĂ©rĂ©s comme Ă©tant ses Ă©gaux, il est de fait le plus haut fonctionnaire civil[65]. Ainsi, son pouvoir de censure chevauche maintenant celui des deux autres Excellences, car il peut lui aussi enquĂȘter sur les fonctionnaires dans les administrations centrales et locales, tout comme ses deux collĂšgues[66]. Et il a lui aussi un rĂŽle consultatif auprĂšs de lâempereur, sachant que les suggestions politiques Ă©manant des trois Excellences peuvent ĂȘtre soumises indĂ©pendamment ou conjointement par les trois membres du cabinet[66]. Ses divers bureaux gĂšrent les nominations, promotions et rĂ©trogradations des fonctionnaires, les registres de la population et de lâagriculture, lâentretien des installations de transport, la poste, le courrier, le droit civil, le stockage des grains dans les grenier et les affaires militaires[67]. Il a doit Ă©galement superviser trois des Neuf MinistĂšres : le Ministre des CĂ©rĂ©monies, le Superviseur des PrĂ©posĂ©s et le Commandant de la Garde[68].
Excellence au Dessus des Masses
LâExcellence au Dessus des Masses, Ă©galement connu sous le nom de ministre au Dessus des Masses, partage les mĂȘmes rĂŽles de censure et de Conseil que les deux autres Excellences[69]. Ă l'image du chancelier, qu'il remplace sous les Han orientaux, il doit avoir Ă©tĂ© chargĂ© dâĂ©laborer le budget annuel, mĂȘme si les sources contemporaines ne mentionnent pas ce point[69]. En dehors des ConfĂ©rences de la Cour, c'est son ministĂšre qui gĂšre la Grande ConfĂ©rence des hauts responsables de lâensemble de lâempire[69]. Les services de l'Excellence au Dessus des Masses sont logĂ©s dans les anciens bureaux du chancelier, qui sont presque identiques aux bureaux du Grand Commandant[69]. Tout comme les deux autres Excellences, il supervise trois des neuf ministĂšres : le Ministre des Serviteurs, le Ministre de la Justice et le Ministre HĂ©raut[70].
Excellence des Travaux
LâExcellence des Travaux est Ă©galement connu sous le nom de Ministre des Travaux. Ce poste est crĂ©Ă© sous les Han orientaux et il est moins puissant que son prĂ©dĂ©cesseur, le Conseiller ImpĂ©rial. Ce fonctionnaire partage les mĂȘmes rĂŽles de censure et de Conseil que les deux autres Excellences, formant avec eux un cabinet tripartite[71]. Ă la diffĂ©rence de l'ancien Conseiller impĂ©rial, il est spĂ©cialisĂ© dans la supervision des projets de travaux publics dans tout lâempire[72]. LâExcellence des Travaux est le responsable de la construction des fortifications des villes, des villes nouvelles, des canaux, des fossĂ©s dâirrigation, des digues et barrages et autres projets dâingĂ©nierie et de construction. Lâarchitecte de la Cour ne s'occupe, lui, que de superviser les chantiers concernant l'empereur et la fonction impĂ©riale[72]. LâExcellence des Travaux doit Ă©galement produire chaque annĂ©e un rapport au trĂŽne sur lâĂ©volution des projets de construction des administrations locales[72]. Enfin, comme ses deux collĂšgues, il supervise trois des neuf ministĂšres : le ministre du Clan impĂ©rial, le ministre des finances et le ministre intendant[70].
Neuf MinistĂšres
Les Neuf MinistÚres sont des ministÚres spécialisés, dirigés par des ministres qui ont un salaire/grade "entiÚrement 2 000" dan[73]. Ils sont supervisés par les Trois Excellences, mais les ministres ne sont pas des subordonnés des membres du Cabinet[73]. Habituellement, les Neuf Ministres participent aux conférences de la Cour avec les Trois Excellences[74].
Ministre des Cérémonies
Le Ministre des CĂ©rĂ©monies (Taichang ć€Șćžž) , ou Grand maĂźtre des cĂ©rĂ©monies, est le principal responsable des rites religieux, des rituels, des priĂšres et de lâentretien des temples ancestraux et des autels. Le titre liĂ© Ă ce poste est changĂ© en Garant des cĂ©rĂ©monies (Fengchang ć„ćžž) de 195 Ă 144 av. J.-C., avant de revenir au titre initial aprĂšs cette date[75]. MĂȘme si sa principale prĂ©occupation est de lier lâempereur avec le monde surnaturel et le ciel, il reçoit Ă©galement la tĂąche de fixer des normes Ă©ducatives pour lâUniversitĂ© impĂ©riale, qui est crĂ©Ă©e en 124 av. J.-C.[76], ainsi que pour les Chaires universitaires (Boshi ć棫) qui sont spĂ©cialisĂ©es dans les cinq classiques, le canon du confucianisme[77].
Parmi les nombreux subordonnĂ©s du Ministre des CĂ©rĂ©monies, on trouve l'Astronome de la Cour (Taishi ling ć€ȘćČ什) ou Grand PrĂ©fet de l'Astrologie. Le rĂŽle de ce dernier est de faire des observations astronomiques et de rĂ©diger le calendrier luni-solaire annuel. L'Astronome de la Cour doit Ă©galement valider un test de compĂ©tences linguistiques de 9 000 caractĂšres que doivent passer les candidats qui aspirent Ă devenir des fonctionnaires subalternes pour le Ministre Intendant ou le Greffier Adjoint du Palais ImpĂ©rial[78]. Ces candidats sont souvent des subordonnĂ©s des administrateurs des Commanderies, qui sont recommandĂ©s par leurs supĂ©rieurs[79]. Dâautres subordonnĂ©s du Ministre des CĂ©rĂ©monies ont pour tĂąche de signaler les actes illĂ©gaux commis dans les temples ancestraux, prĂ©parer les offrandes sacrificielles de nourriture et de vin dans les sanctuaires et les temples et prĂ©parer la musique et les danses qui accompagnent les diverses cĂ©rĂ©monies[80].
Ministre de la Maison
Le Ministre de la Maison (Guangluxun ć ç„żćł)[81], ou Surintendant de la Maison, ou Superviseur des PrĂ©posĂ©s, porte jusqu'en 104 av. J.-C. le titre de PrĂ©fet des Messieurs du Palais (Lang zhongling éäžä»€) 104 av. J.-C. Il est le responsable de la sĂ©curitĂ© de lâempereur dans lâenceinte du palais, les parcs impĂ©riaux externes, et partout oĂč lâempereur fait une sortie en char[82]. Cependant, pour s'assurer que lâentiĂšre sĂ©curitĂ© de lâempereur ne dĂ©pend pas d'une seule personne, les subordonnĂ©s du Ministre des Garde ont le droit de patrouiller aux entrĂ©es du palais et devant ses murs, tandis que les eunuques gardent le harem et les appartements privĂ©s de lâempereur[83]. Trois des cinq corps de cadets commandĂ©s par le ministre de la Maison sont composĂ©s de civils armĂ©s, qui sont des candidats Ă un poste officiel en pĂ©riode dâessai avant une nomination dans un bureau du gouvernement. Les deux autres corps sont composĂ©s de gardes du corps impĂ©riaux professionnels, qui ne sont jamais nommĂ©s Ă un poste civil[84]. Les premiers sont souvent recommandĂ©s par les administrateurs des Commanderies comme Ă©tant des exemples de piĂ©tĂ© filiale et d'incorruptibilitĂ© (Xiaolian) ou bien des proches des hauts fonctionnaires des administrations centrales[85]. Le Ministre de la Maison supervise des conseillers de Cour subalternes (Yi Lang è°é/èźźé) qui conseillent lâempereur[86] et s'engagent dans les dĂ©bats scientifiques. Ils sont autorisĂ©s Ă ouvertement critiquer lâempereur, Ă participer Ă des inspections provinciales et Ă diriger les cĂ©rĂ©monies de deuil pour les rois et marquis rĂ©cemment dĂ©cĂ©dĂ©s, lors de lâintronisation de leurs successeurs[87]. Les nonces (Yezhe èŹè ), qui sont dirigĂ©s par le superviseur des nonces (Yezhe puye èŹè ćć°), sont des subordonnĂ©s du ministre qui participent aux cĂ©rĂ©monies de lâĂtat, portent les condolĂ©ances aux familles au nom de lâempereur pour les fonctionnaires rĂ©cemment dĂ©cĂ©dĂ©s, inspectent les travaux publics et les camps militaires le long des frontiĂšres et agissent comme diplomates auprĂšs des fiefs semi-autonomes et des peuples non Han situĂ©s le long des frontiĂšres[88].
Ministre des Gardes
Le Ministre des Gardes (Weiwei èĄć°), ou Commandant de la Garde, a vu son titre transformĂ© briĂšvement en PrĂ©fet des Grands du Palais (Zhong da fuling äžć€§ć€«ä»€) sous le rĂšgne de lâempereur Han Jingdi (r. 157-141 av. J.-C.), avant de retrouver sa prĂ©cĂ©dente titulature. Ce ministre est le responsable de la sĂ©curitĂ© et des patrouilles dans tous les palais impĂ©riaux[89]. Les tĂąches dĂ©volues Ă ce ministĂšre sont menĂ©es Ă bien par des prĂ©fets, dont lâun a la charge de contrĂŽler les portes oĂč passent les candidats pour un poste officiel qui ont Ă©tĂ© reçus et les fonctionnaires qui envoient des mĂ©moires pour le trĂŽne[90]. Pour contrĂŽler et surveiller les allĂ©es et venues Ă travers les portes du palais, les prĂ©fets utilisent un systĂšme de passeport complexe impliquant des jetons en bois et en mĂ©tal. En cas dâurgence, les jetons sont tous repris et personne n'est autorisĂ© Ă entrer, sauf Ă enfoncer les portes de force[91]. Les gardes sont des paysans conscrits qui servent comme soldats pendant un an et sont conviĂ©s Ă participer Ă une fĂȘte organisĂ©e par lâempereur juste avant leur dĂ©mobilisation[92].
Ministre des Serviteurs
Le Ministre des Serviteurs (Taipu ć€Șć), ou Grand Serviteur, est responsable de lâentretien des Ă©curies impĂ©riales, des chevaux, des carrosses et des remises oĂč ils sont stockĂ©s, pour le compte de lâempereur et de ses proches. Il gĂšre aussi la fourniture de chevaux pour les forces armĂ©es[93], ce qui implique la supervision des grandes aires de reproduction des pĂąturages des frontiĂšres, qui sont surveillĂ©s par des dizaines de milliers d'esclaves d'Ătat[94]. Sous le rĂšgne de lâempereur Han Wudi (r. 141-87 av. J.-C.), on arrive Ă total de 300 000 chevaux destinĂ©s aux campagnes militaires contre les nomades Xiongnu[95]. Certains des subordonnĂ©s du Ministre des Serviteurs gĂšrent les Ă©curies situĂ©es en dehors de la capitale. Ces Ă©curies abritent des chevaux de Ferghana qui ont Ă©tĂ© soit importĂ©s soit donnĂ©s Ă l'empereur comme tribut par les Ătats d'Asie centrale[96].
Sous les Han orientaux, le prĂ©fet chargĂ© de fabrication des arcs, arbalĂštes, Ă©pĂ©es et armures pour les militaires est transfĂ©rĂ© des services du Ministre Intendant Ă ceux du Ministre des Serviteurs, probablement Ă cause de lâinfluence de ce dernier sur le transport des armes[97].
Ministre de la Justice
Le ministre de la Justice (Tingwei ć»·ć°), ou Commandant de la Justice, est Ă©galement appelĂ© Grand juge (Dali 性ç) entre 144 et 137 av. J.-C. et de nouveau entre l'an 1 av. J.-C. et l'an 25. Ce ministre Ă la responsabilitĂ© de faire respecter, appliquer et interprĂ©ter la Loi[98]. Dans ce rĂŽle, seul lâempereur, en tant que juge suprĂȘme, est au-dessus de ce ministre[99]. Le ministre de la Justice est le juge civil suprĂȘme, pour tous les cas dĂ©fĂ©rĂ©s Ă la capitale depuis les tribunaux des diverses juridictions provinciales. Cependant, ses pouvoirs judiciaires sont semblables Ă ceux du chancelier[100]. Il peut Ă©mettre des recommandations visant Ă modifier le code Han[101] ou Ă promulguer une amnistie gĂ©nĂ©rale pour ceux accusĂ©s de crimes[102]. Son ministĂšre est responsable de la gestion de la Prison impĂ©riale, oĂč ont lieu les procĂšs, et doit procĂ©der aux exĂ©cutions[102]. On ne sait pas s'il supervise Ă©galement les 26 prisons qui existent Ă Chang'an sous les Han occidentaux et qui ont Ă©tĂ© construites pour enfermer les anciens fonctionnaires reconnus coupables par la justice. Ce qui est sĂ»r, par contre, c'est que sous les Han orientaux, la Prison impĂ©riale de Luoyang est la seule prison gĂ©rĂ©e par le Ministre de la Justice[103].
Ministre HĂ©raut
Le Ministre HĂ©raut (Dahonglu 性鎻è), ou Grand HĂ©raut, est Ă©galement appelĂ© Directeur des invitĂ©s (DiankĂ© ć žćźą) entre 202 et 144 av. J-.C et Grand PrĂ©fet des Huissier (Daxingling 性èĄä»€) entre 144 et 104 av. J-.C. C'est lui qui a la charge de recevoir les invitĂ©s de haut rang, tels que les nobles et les ambassadeurs Ă©trangers, Ă la Cour impĂ©riale[104]. Conjointement au ministre du Clan impĂ©rial, le ministre HĂ©raut supervise lâhĂ©ritage des titres et fiefs en portant les condolĂ©ances aux familles au nom de lâempereur lors des enterrements des rois et en fixant pour l'Ă©ternitĂ© les noms posthumes des rois et des marquis[105]. C'est dans les bureaux de ce ministre qu'arrivent tous les rapports annuels des commanderies et royaumes, qui sont envoyĂ©s Ă la capitale au dĂ©but de chaque annĂ©e, avant qu'ils soient transmis aux Excellences[106]. Ses subordonnĂ©s servent de guides et d'huissiers pour les fonctionnaires, les nobles et les dĂ©lĂ©gations Ă©trangĂšres, lors des cĂ©rĂ©monies impĂ©riales et des sacrifices[106]. Un de ses subordonnĂ©s du ministre a pour rĂŽle de maintenir en Ă©tat des habitations dans les commanderies et les royaumes, pour l'usage des fonctionnaires qui se rendent Ă la capitale[107]. Durant toute la dynastie Han, c'est le ministre HĂ©raut qui s'occupe de recevoir de maniĂšre officielle les Ă©missaires Ă©trangers et de trouver des interprĂštes; mais ses pouvoirs en matiĂšre dâaffaires Ă©trangĂšres sont Ă©largis en 28 av. J.-C., lorsque le poste de Directeur des Ătats DĂ©pendants est aboli Ă son profit[108]. Plus tard, sous les Han orientaux, il perd ses fonctions concernant les affaires des Ătats dĂ©pendants, qui sont transfĂ©rĂ©es aux administrations locales situĂ©es le long des frontiĂšres[109].
Ministre du Clan Impérial
Alors que huit des neuf ministres peuvent ĂȘtre dâorigine roturiĂšre, le poste de ministre du Clan impĂ©rial (Zongzheng ćźæŁ), ou Directeur du Clan ImpĂ©rial, est toujours occupĂ© par un membre de la famille impĂ©riale[110]. Il supervise les relations avec la noblesse de lâempire et les membres Ă©loignĂ©s de la famille impĂ©riale comme lâoctroi de titres et de fiefs par la Cour impĂ©riale[111]. C'est ce ministre qui gĂšre l'enregistrement de tous les nobles dans un registre qui est mis Ă jour au dĂ©but de chaque annĂ©e[112]. Lorsquâune infraction grave est commise par un membre de la famille impĂ©riale, c'est le ministre du Clan impĂ©rial qui est le premier haut fonctionnaire Ă en ĂȘtre informĂ©, avant mĂȘme lâEmpereur. Par contre, c'est l'empereur seul qui dĂ©cide des suites Ă donner Ă cette infraction et des poursuites Ă©ventuelles[109]. Ce sont les subordonnĂ©s du Ministre du Clan ImpĂ©rial qui reçoivent les dolĂ©ances des membres de la famille impĂ©riales et informent ces derniers des nouvelles ordonnances rĂ©digĂ©es par la cour[109]. Ă la diffĂ©rence des rois et des Marquis, qui ne sont pas responsables devant l'un des neuf ministres, les princesses impĂ©riales et leurs fiefs sont surveillĂ©s par le ministre du Clan impĂ©rial[109].
Ministre des Finances
Le ministre des Finances (Da mabigat 性ćžèŸČ), ou Grand Ministre de lâagriculture, porte le titre de Greffier de la Capitale pour le Grain (Zhisu neishi æČ»çČć §ćČ) jusqu'en 144 av. J.-C. Ce ministre est le trĂ©sorier du gouvernement central pour tout ce qui concerne la bureaucratie officielle et les forces armĂ©es[113]. Alors que le chancelier Ă©labore le budget de lâĂtat, c'est le ministre des Finances qui est responsable du financement dudit budget[114]. C'est lui qui s'occupe de recouvrir l'impĂŽt par tĂȘte, qui est payĂ© en espĂšces et la taxe fonciĂšre, qui est payĂ©e par le versement Ă l'Ătat d'une partie des rĂ©coltes annuelles des paysans[115]. Il est Ă©galement chargĂ© de fixer les normes pour toutes les unitĂ©s de mesure[114]. En plus de la collecte des taxes, le ministre des Finances a aussi le pouvoir de mettre en Ćuvre des politiques de contrĂŽle des prix sur certains produits commerciaux[116].
Sous les Han occidentaux, les pouvoirs du ministre des Finances sont limitĂ©s au TrĂ©sor public, le Ministre Intendant Ă©tant responsable de la fortune privĂ©e de lâempereur[117]. La situation change sous les Han orientaux, oĂč la gestion du TrĂ©sor public et celle de la fortune privĂ©e de lâempereur sont fusionnĂ©es et confiĂ©es exclusivement au ministre des Finances. Avec le temps cette dĂ©cision se rĂ©vĂ©lera ĂȘtre dĂ©sastreuse, lorsque ce budget global est gĂ©rĂ© par des empereurs irresponsables, comme Han Lingdi (r. -)[118]. Sous les Han occidentaux, c'est le ministre des Finances qui gĂšre les monopoles d'Ătat sur le sel et le fer, monopoles qui sont supprimĂ©s dĂ©finitivement sous les Han orientaux et transfĂ©rĂ©s aux administrations locales et aux entreprises privĂ©es[119]. C'est Ă©galement lui qui gĂšre le bref monopole d'Ătat sur les boissons alcoolisĂ©es; qui est instaurĂ© en 98 av. J.-C., avant dâĂȘtre aboli en 81 av. J.-C. au profit de la production privĂ©e[120]. Si sous les Han occidentaux c'est le Ministre Intendant, puis le Surintendant des Voies Navigables et des Parcs, qui supervise la frappe monĂ©taire d'Ătat, dont dĂ©pend la standardisation des piĂšces, sous les Han orientaux, c'est le Bureau du ministre des finances qui rĂ©cupĂšre cette responsabilitĂ©[121].
Ministre Intendant
Le Ministre Intendant (Shaofu ć°ćș), ou TrĂ©sorier PrivĂ©, ou encore Petit TrĂ©sorier, est au service exclusif de lâEmpereur. Il doit s'assurer que ce dernier a toujours Ă sa disposition des divertissements et des amusements, une alimentation correcte, des vĂȘtements, les soins mĂ©dicaux nĂ©cessaires, des objets de valeur et tous les Ă©quipements nĂ©cessaires pour ce que l'Empereur dĂ©cide de faire[122]. C'est pour qu'il puisse remplir sa mission que sous les Han occidentaux, il est chargĂ© de la gestion des finances personnelles de lâempereur. Cependant, il perd cette responsabilitĂ© au profit du ministre des Finances sous les Han orientaux[123]. Bien qu'il ne soit pas lui-mĂȘme un eunuque, plusieurs de ses subordonnĂ©s le sont depuis le moment oĂč c'est son ministĂšre qui prend en charge la gestion du harem impĂ©rial ou sont logĂ©es les concubines de l'Empereur[124]. Ses secrĂ©taires sont sous la direction du PrĂ©fet des MaĂźtres en Ăcriture (Shangshu ling ć°æžä»€) et sont chargĂ©s de transmettre Ă lâempereur tous les messages qui lui sont Ă©crits. Cela inclut la correspondance officielle avec les Excellences, les ministres de premier plan, les autoritĂ©s provinciales, les gens ordinaires qui soumettent des mĂ©moires au trĂŽne et les peuples non Han situĂ©s au sein et/ou en dehors de lâempire[125]. Comme les MaĂźtres en Ăcriture ne sont pas des eunuques et ne sont donc pas admis dans le harem impĂ©rial, l'empereur Han Wudi crĂ©e un bureau de secrĂ©taires du Palais intĂ©rieur composĂ© uniquement d'eunuques. Ce bureau est aboli en 29 av. J.-C.[126].
Le Ministre Intendant a plusieurs subordonnĂ©s, dont le MĂ©decin de la Cour (Taiyi ling ć€Șé«ä»€), ou Grand PrĂ©fet MĂ©decin, qui vĂ©rifie tous les matin l'Ă©tat de la santĂ© de lâempereur et lâaccompagne lors de voyages de chasse impĂ©riaux[127]. Il y a aussi l'Approvisionneur de la Cour (Taiguan ling ć€Șćźä»€), ou Grand PrĂ©fet Approvisionneur, qui est le responsable de la gestion de la cuisine, des cuisiniers et de la fourniture des diverses denrĂ©es alimentaires destinĂ©es Ă lâempereur[127]. Il y a dâautres subordonnĂ©s qui gĂšrent les ateliers de tissage qui fournissent les vĂȘtements de lâempereur, les ateliers qui produisent les biens, ustensiles et articles funĂ©raires dont lâempereur a besoin et enfin les parcs impĂ©riaux et les jardins oĂč lâempereur peut chasser et se distraire[128]. Enfin, ce ministre gĂšre le Bureau de la Musique (Yuefu æšćș) qui est chargĂ© d'organiser des reprĂ©sentations musicales lors des cĂ©rĂ©monies impĂ©riales et de divertir lâempereur avec des chansons populaires venant des quatre coins de lâempire. Ce bureau est dissout en 7 av. J.-C. et ses musiciens transfĂ©rĂ©s au Ministre des CĂ©rĂ©monies[129].
Personnel au service de lâhĂ©ritier prĂ©somptif, de l'impĂ©ratrice et des harems
Lorsquâun membre de la famille Liu proche de lâempereur est dĂ©signĂ© comme son hĂ©ritier prĂ©somptif[130], il lui est fourni des appartements privĂ©s au sein du palais et du personnel qui reste attachĂ© Ă sa personne, jusquâĂ ce qu'il devienne Empereur Ă son tour[131]. Sous les Han occidentaux, le personnel est divisĂ© en deux groupes :
- le premier est dirigĂ© par les Ă©ducateurs de lâhĂ©ritier prĂ©somptif, qui sont le Grand PrĂ©cepteur de lâHĂ©ritier PrĂ©somptif et le Petit PrĂ©cepteur de lâHĂ©ritier PrĂ©somptif; tous les deux ont un salaire/rang de 2000 dan[132].
- le second est dirigé par le Superviseur de la Maison, qui a lui aussi un salaire/rang de 2000 dan[133].
Sous les Han orientaux, le Grand PrĂ©cepteur de lâHĂ©ritier PrĂ©somptif perd son rĂŽle administratif, mais reste le responsable en chef de l'Ă©ducation et passe au salaire/rang "entiĂšrement 2,000" dan. Le Petit PrĂ©cepteur de lâHĂ©ritier PrĂ©somptif reste un administrateur avec un salaire/rang de 2000 dan[134] et le poste de Superviseur de la Maison est aboli[134]. Dâautres fonctions liĂ©es Ă lâhĂ©ritier prĂ©somptif sous les Han occidentaux sont supprimĂ©es sous les Han orientaux, tels que le Chef de la Cuisine de lâHĂ©ritier PrĂ©somptif ou la Prison de la Maison de lâHĂ©ritier PrĂ©somptif[134]. S'il atteint lâĂąge adulte, lâHĂ©ritier PrĂ©somptif peut ĂȘtre mariĂ© Ă une Ă©pouse principale, qui dirige un harem constituĂ© des concubines de l'hĂ©ritier[135].
LâimpĂ©ratrice, qui est lâĂ©pouse lĂ©gitime de lâempereur, possĂšde Ă©galement dans le palais des appartements privĂ©s distincts de ceux de lâempereur[136], mĂȘme si lâimpĂ©ratrice doit passer une nuit sur cinq avec lâempereur[136]. Tout comme l'hĂ©ritier PrĂ©somptif, LâimpĂ©ratrice a pour revenus les impĂŽts et taxes de quarante comtĂ©s[137]. Elle a Ă©galement Ă son service un Superviseur de la Maison, qui a un salaire/rang de 2000 dan, et de nombreux autres subordonnĂ©s, eunuques mĂąles ou servantes, qui s'occupent de satisfaire Ă tous ses besoins[138]. Les concubines du harem sont subordonnĂ©es Ă lâimpĂ©ratrice et sont classĂ©es en quatorze salaires/rangs, tous infĂ©rieurs Ă l'impĂ©ratrice, sous le rĂšgne de lâempereur Han Yuandi (r. -)[139]. Ainsi, la Brillante Compagne, qui est la concubine en chef, a le mĂȘme salaire/rang que le chancelier, alors que la BeautĂ© Favorite, le rang juste en dessous, a le mĂȘme salaire/rang que lâun des neuf ministres[140]. Le fondateur des Han orientaux abolit ces quatorze salaire/rangs et les remplace par trois rangs sans aucun salaire prĂ©cis. DĂšs lors, au lieu d'un salaire fixe, les concubines reçoivent des cadeaux de maniĂšre irrĂ©guliĂšre[140].
Postes officiels des Capitales
Les aires urbaines de Chang'an, la capitale des Han occidentaux et Luoyang, la capitale des Han orientaux, sont gouvernĂ©es et sĂ©curisĂ©es par plusieurs hauts fonctionnaires et officiers. Les capitales sont divisĂ©es en comtĂ©s et en municipalitĂ©s, qui sont rĂ©gies par un prĂ©fet (Ling 什). Le prĂ©fet s'occupe Ă©galement de la gestion dâune prison et peut arrĂȘter les fonctionnaires de haut rang[141]. Parmi ces hauts fonctionnaires, on trouve aussi le Colonel des Portes de la Ville (Chengmen xiaowei ćéæ ĄèĄ) qui commande les garnisons de douze portes de la ville. Chacune de ces portes est gardĂ©e par un capitaine, qui est le chef de la garnison de la porte. Ce dispositif existe aussi bien Ă Chang'an sous les Han occidentaux qu'Ă Luoyang, sous les Han orientaux[142].
Porteur de la Masse
Le Porteur de la Masse (Zhi jinwu ć·éćŸ), ou Porteur de la Masse DorĂ©e, porte le titre de Commandant de la Capitale (Zhongwei äžć°), jusqu'en l'an 104 av. J.-C. Ce fonctionnaire a pour tĂąche de maintenir lâordre dans la capitale et ce aussi bien Ă Chang'an sous les Han occidentaux, qu'Ă Luoyang sous les Han orientaux. Les palais impĂ©riaux sont la seule partie de la ville Ă ne pas ĂȘtre sous sa juridiction[143]. Sous les Han occidentaux, son salaire/rang est de "entiĂšrement 2000" dan et son prestige est semblable Ă celui des neuf ministres[131]. Sa situation change sous les Han orientaux, oĂč son salaire/rang est rĂ©duit Ă "Ă©quivalent de 2 000" dan[144].
Alors que ses subordonnĂ©s sont constamment en train de patrouiller, le porteur de la masse n'inspecte personnellement la ville que trois fois par mois[131]. [1] Il est responsable de lâarsenal militaire, mais aussi des secours dâurgence lors des inondations et des incendies[131]. Sous les Han occidentaux, le porteur de la masse a Ă sa disposition de nombreux subordonnĂ©s, mais sous les Han orientaux, ces postes sont abolis ou transfĂ©rĂ©s ailleurs[145]. Parmi ces postes supprimĂ©s, on trouve le Capitaines des Porte-Drapeaux. Sous les Han occidentaux, son rĂŽle est de s'assurer que les routes sont vides quand lâempereur quitte le palais et de faire hisser des Drapeaux de certaines couleurs pour signaler son retour. Sous les Han orientaux, c'est Ă lâentourage de lâempereur qu'il revient de sâacquitter de ces tĂąches[145] .
Architecte de la Cour
L'Architecte de la Cour (Jiangzuo dajiang ć°äœć€§ć ) est chargĂ© de la construction, de lâentretien et de la rĂ©paration des salles du Palais impĂ©rial, des bĂątiments du gouvernement, des temples, des tombes, tumulus et autres bĂątiments des parcs funĂ©raires, des routes menant hors de la capitale et des travaux d'endiguement nĂ©cessaires pour lutter contre les inondations[146]. Son salaire/rang est de 2000 dan[147] Jusqu'en l'an 8 av. J.-C., c'est Ă©galement lui qui supervise le travail des travailleurs qui effectuent leur pĂ©riode annuelle de corvĂ©es (gengzu æŽć). Ăpres cette date, c'est l'Excellence des Travaux, dont le poste vient juste dâĂȘtre crĂ©Ă© qui rĂ©cupĂšre cette tĂąche[148]. Les subordonnĂ©s de l'Architecte de la Cour sont responsables de la collecte du bois pour les charpentiers et des pierres pour les maçons qui travaillent sur ces chantiers[147]. MĂȘme si ce poste existe depuis le dĂ©but des Han orientaux, il a connu des vicissitudes tout au long de la dynastie Han. Ainsi, il est aboli en l'an 57 et ses fonctions sont transfĂ©rĂ©es Ă un subordonnĂ© du Ministre de la Maison, avant dâĂȘtre rĂ©tabli en l'an 76, au mĂȘme salaire/rang qu'auparavant[147]. Cependant, il perd un grand nombre de ses subordonnĂ©s dont les postes ont Ă©tĂ© abolis en mĂȘme temps que le sien et qui ne sont pas recrĂ©Ă©s[147]. Ătant donnĂ© que la plupart des bĂątiments sont construits en bois, avec des tuiles en cĂ©ramique, ils nĂ©cessitent l'utilisation d'une main d'Ćuvre importante pour leurs entretien courant ou pour ĂȘtre rĂ©parĂ©s. Ainsi, la restauration de lâUniversitĂ© impĂ©riale entreprise sous le rĂšgne de lâempereur Han Shundi (r. - AD) a nĂ©cessitĂ© lâemploi de 100 000 ouvriers pendant un an, sous la supervision de lâArchitecte de la Cour[149].
Colonel Directeur des Vassaux
Le Colonel Directeur des Vassaux (Sili xiaowei ćžéžæ Ąć°), ou Colonel de la Censure, ou Colonel Directeur des forçat-ouvriers, a commencĂ© par porter le titre de Directeur des Vassaux (Sili ćžéž). Sa tĂąche consiste alors Ă superviser les 1200 condamnĂ©s qui construisent des routes et des canaux[150]. En l'an 91 av.J.C, Ă©clate Ă Chang'an une rĂ©bellion infructueuse qui dure cinq jours. Elle est initiĂ©e par le Prince hĂ©ritier Liu Ju et sa mĂšre l'impĂ©ratrice Wei Zifu, qui avaient Ă©tĂ© accusĂ©s de pratiquer la sorcellerie et la magie noire[150]. Tous deux meurent dans l'Ă©crasement de la rĂ©volte et Ă la suite de cet Ă©vĂ©nement, l' empereur Han Wudi ajoute en 89 av. J.-C. le prĂ©fixe "Colonel" au titre de Directeur des Vassaux . Ce changement correspond Ă une promotion qui lui octroie un salaire/rang de 2000 dan et un Jiezhang qui lui permet dâarrĂȘter et de punir ceux qui sont supposĂ©s pratiquer la sorcellerie[151].
AprĂšs la fin de cette crise, le Colonel Directeur conserve son Jiezhang, ce qui lui donne les mĂȘmes pouvoirs dâenquĂȘtes et de censure sur les membres de l'administration que le Chancelier et le Conseiller ImpĂ©rial[152]. Il vĂ©rifie rĂ©guliĂšrement le comportement des agents de l'Ătat dans la rĂ©gion de la capitale et les sept commanderies voisines. Ses pouvoirs dâenquĂȘte correspondent Ă ceux dâun inspecteur provincial, mĂȘme si son Jiezhang le rend plus puissant que ce dernier[153]. Le Colonel Directeur des Vassaux est un serviteur personnel de lâempereur, qui ne rĂ©pond que devant lui, ce qui permet Ă lâempereur d'amĂ©liorer son contrĂŽle sur la bureaucratie[152]. Cela nâempĂȘche pas le Colonel de perdre son Jiezhang en 45 av. J.-C., ce qui limite ses pouvoirs dâinspection, dâenquĂȘte et de mise en accusation. Finalement, seul son salaire/rang plus Ă©levĂ© le distingue dâun inspecteur provincial ordinaire[154]. Le poste de Colonel Directeur des Vassaux est aboli en l'an 9 av. J.-C., avant dâĂȘtre recrĂ©Ă© en l'an 7 av. J.-C. comme simple Directeur des Vassaux. Il est alors un subordonnĂ© de l'Excellence des Travaux et sa tĂąche est Ă nouveau de superviser les condamnĂ©s qui construisent des routes et des canaux, comme son homologue du dĂ©but des Han occidentaux[155]. Sous les Han orientaux, le poste de Colonel Directeur des Vassaux est recrĂ©Ă©, mais sans Jiezhang. Le nouveau Colonel Directeur a les pleins pouvoirs pour inspecter la rĂ©gion de la capitale, mais son salaire/rang passe de 2000 dan Ă "Ă©quivalent de 2000" dan[156].
Surintendant des Voies navigables et des Parcs
Le Surintendant des Voies navigables et des Parcs (Shuiheng duwei æ°ŽèĄĄéœć°), ou Commandant en Chef des Voies navigables et des Parcs, fait partie des subordonnĂ©s du Ministre Intendant, jusquâen l'an 115 av. J.-C., date Ă laquelle lui et d'autres anciens subordonnĂ©s de ce ministĂšre gagnent leur indĂ©pendance administrative[157]. Son salaire/rang est de "Ă©quivalent de 2000" dan[157]. Il doit gĂ©rer un grand parc rĂ©servĂ© aux chasses impĂ©riales, qui est situĂ© en dehors de Chang ' an; ce qui inclut les palais, les points de haltes, les greniers et les parcelles cultivĂ©es de fruits et lĂ©gumes situĂ©es dans ce parc. Cette responsabilitĂ© est plus importante qu'il n'y parait, car ce sont ces fruits et lĂ©gumes, accompagnĂ©s de la viande du gibier tuĂ© lors des parties de chasse, qui servent Ă nourrir l'empereur et les membres de sa maison[157]. Il s'occupe Ă©galement de collecter les taxes payĂ©es par les non-nobles qui utilisent les jardins du parc et transmet ces fonds au Ministre Intendant, qui gĂšre les finances de lâempereur[157]. Un des subordonnĂ©s du surintendant est chargĂ© de surveiller les criminels qui ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă s'occuper des chiens de chasse du parc[158].
En 115 av., les pouvoirs de frappe monĂ©taire du gouvernement central sont transfĂ©rĂ©s du Ministre Intendant au Surintendant des Voies navigables et des Parcs[158], puis en 113 av. J.-C., ce sont tous les ateliers de frappe des commanderies qui sont fermĂ©s[18]. La frappe privĂ©e Ă©tant interdite depuis l'an 144 av. J.-C.[18], l'atelier de frappe du Surintendant des Voies navigables et des Parcs, situĂ© dans le parc impĂ©rial, est dĂšs lors le seul Ă Ă©mettre de la monnaie dans tout lâempire[159]. La situation change sous le rĂšgne de l'empereur Han Guang Wudi (r 25-57), le fondateur des Han orientaux, qui abolit le poste de Surintendant des Voies navigables et des Parcs[158]. Ce poste n'est recrĂ©Ă© qu'une fois par an, durant l'automne, le temps de procĂ©der Ă un sacrifice rituel. La frappe de la monnaie impĂ©riale passe sous la responsabilitĂ© du ministre des Finances et la gestion du nouveau Parc ImpĂ©rial situĂ© en dehors de Luoyang, la nouvelle capitale des Han orientaux, est assurĂ©e par un prĂ©fet[158].
Directeur des Ătats DĂ©pendants
Le Directeur des Ătats DĂ©pendants (Dian shuguo ć žć±Źć), qui a un salaire/rang de 2000 dan, est la personne responsable des ambassades avec les pays Ă©trangers et les peuples nomades situĂ©s le long des frontiĂšres de l'empire Han. Le Directeur s'occupe Ă©galement des Ă©changes annuels dâotages, en gĂ©nĂ©ral des princes Ă©trangers, que la cour impĂ©riale a validĂ©s[160]. Les Ătats dĂ©pendants (Shuguo 汏ć) apparaissent en 121 av. J.-C. et sont alors pour la plupart des tribus nomades non Han et des confĂ©dĂ©rations de peuples, qui ont capitulĂ© aprĂšs des nĂ©gociations ou un conflit armĂ© et qui acceptent la suzerainetĂ© de Han[161]. Ils servent de tampon entre le territoire des Han et celui de tribus hostiles, tels que les Xiongnu et permettent de maintenir des peuplades ennemies dans le dĂ©sert dâOrdos[162]. Le Directeur a pour subordonnĂ©s des Commandants (Duwei éœć°), ou Commandant en chef. Chaque Commandant est nommĂ© par la Cour des Han et doit gouverner les populations non Han de l'Ătat dĂ©pendant dans lequel il est nommĂ©. Son salaire/rang est de "Ă©quivalent 2000" dan[163]. Le poste de Directeur des Ătats DĂ©pendants est aboli en 28 av. J.-C. et les Commandants passent sous la responsabilitĂ© du Ministre HĂ©raut[164]. Le Directeur des Ătats DĂ©pendants n'a jamais eu sous sa responsabilitĂ© le Protectorat des RĂ©gions de l'Ouest, qui est crĂ©Ă© en 60 av. J.-C. pour gĂ©rer les relations diplomatiques avec les citĂ©s-Ătats des oasis du bassin du Tarim en Asie centrale[165].
Autorités locales
DĂ©coupage administratif
LâEmpire Han est divisĂ© en plusieurs entitĂ©s administratives qui sont, par ordre dĂ©croissant, les provinces(zhou), les commanderies(jun) et les comtĂ©s (xian)[166]. Ce modĂšle de gestion de lâadministration locale a Ă©tĂ© mis en place sous la dynastie Qin[16]
Une province de l'empire Han est composĂ©e dâun groupe de commanderies, dont l'administration est soumise au contrĂŽle et Ă lâinspection de fonctionnaires nommĂ©s par le pouvoir central[167]. Ces fonctionnaires sont les inspecteurs (Cishi ćșćČ), un poste crĂ©Ă© en 106 av. J.-C. avec un salaire/rang de 600 dan[168]. Sous les Han occidentaux, ils sont supervisĂ©s par le Greffier Adjoint du Palais et sont des subordonnĂ©s du Conseiller ImpĂ©rial[169]. Sous les Han occidentaux, l'empire est divisĂ© en treize provinces, auxquelles il faut rajouter la rĂ©gion de la capitale qui est gĂ©rĂ©e par le Colonel Directeur des Vassaux de 89 av. J.-C. Ă 9 av. J.-C.[170]. Vers la fin des Han occidentaux, le poste dâinspecteur est transformĂ© en gouverneur (Mu ç§), avec plus de pouvoirs et un salaire/rang qui augmente considĂ©rablement et passe Ă 2 000 dan[171]. Entre l'an 5 et l'an 13, les gouverneurs redeviennent des inspecteurs, puis ils retrouvent leur rang de gouverneurs et passent sous la responsabilitĂ© des trois Excellences[171].
Au dĂ©but des Han orientaux, ces derniers perdent le contrĂŽle du dĂ©sert dâOrdos, ce qui incite la Cour Ă rĂ©duire le nombre de provinces Ă douze, plus la rĂ©gion de la capitale, en l'an 35[172]. Ă partir de ce moment, les inspecteurs/gouverneurs sont toujours nommĂ©s par le gouvernement central, mais ils font dorĂ©navant partie des administrations locales, au sein desquelles ils recrutent leur personnel[173]. En l'an 42, le titre de gouverneur est une fois de plus transformĂ© en inspecteur, qui reste Ă la tĂȘte des autoritĂ©s provinciales jusquâen l'an 188[166]. Ă cette date, l'empereur Han Lingdi rĂ©tablit le Bureau du gouverneur, sur une suggestion de son conseiller Liu Yan[174], mais certaines provinces sont toujours administrĂ©es par des inspecteurs. Cet arrangement reste en place jusqu'Ă la fin de la dynastie Han, en l'an 220[166]. La diffĂ©rence essentielle entre ces deux postes est que lâinspecteur nâa aucun pouvoir exĂ©cutif, juste un rĂŽle consultatif, alors quâun gouverneur peut prendre des dĂ©cisions en son propre nom[166]. Il y a des exceptions Ă cette rĂšgle, car si des bandes de hors-la-loi ou des rĂ©bellions se manifestent simultanĂ©ment dans plusieurs commanderies placĂ©es sous son autoritĂ© ; lâinspecteur est autorisĂ© Ă lever des troupes dans tous les territoires dont il est responsable pour Ă©craser bandits et mutins[166].
Lâinspecteur et le gouverneur sont chargĂ©s d'inspecter l'administration locale des Commanderies et leur personnel, ainsi que les royaumes semi-autonomes et leurs gouvernements locaux[175]. Ils doivent Ă©valuer les fonctionnaires sur des critĂšres de compĂ©tence, d'honnĂȘtetĂ©, d'obĂ©issance Ă la Cour impĂ©riale, de respect de la Loi, la maniĂšre dont ils traitent les dĂ©tenus et rechercher tout signe dâextorsion de fonds et de nĂ©potisme[176]. Sous les Han occidentaux, ces rapports sont soumis au Conseiller impĂ©rial, aprĂšs avoir Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©s par le Greffier Adjoint du Palais ImpĂ©rial. Par contre, sous les Han orientaux, ces rapports sont soumis Ă chacune des trois Excellences[177]. Ces rapports servent ensuite Ă promouvoir, rĂ©trograder, renvoyer ou poursuivre en justice les responsables locaux[177].
Unité administrative | Titre de l'administrateur | Nomination | Pouvoir |
---|---|---|---|
Province (ć· zhou) | Gouverneur (ç§ mu) | Gouvernement central | Pouvoir exĂ©cutif |
Inspecteur (ćșćČ cishi) | Gouvernement central | Aucune autoritĂ© directe | |
Commanderie (éĄ jun) | Grand administrateur (ć€Șćź taishou) | Gouvernement central | Pouvoir exĂ©cutif |
Royaume (çć wangguo) | Chancelier (çž xiang) | Gouvernement central | Pouvoir exĂ©cutif |
Roi (ç wang) | hĂ©rĂ©ditaire | Aucune autoritĂ© rĂ©elle | |
Xian (瞣 xian) | PrĂ©fet (什 ling) Chef (é· zhang) | Gouvernement central | Pouvoir exĂ©cutif |
Administration des Commanderies
Au dĂ©but de la pĂ©riode des Han occidentaux, le territoire de l'empire est divisĂ© en treize commanderies, y compris la rĂ©gion de la capitale et dix royaumes. Par la suite, de nombreux royaumes voient leur taille se rĂ©duire et le territoire de lâempire s'agrandit Ă la suite des nombreuses conquĂȘtes. Lors du recensement de l'an 2, la Chine des Han compte quatre-vingt trois commanderies et vingt royaumes, pour une population dâenviron 58 millions de personnes[178]. Une commanderie est subdivisĂ©e en comtĂ©s et est gouvernĂ©e par un administrateur (Taishou ć€Șćź), ou Grand administrateur, qui est nommĂ© par le gouvernement central et a un salaire/rang de 2000 dan[179]. L'administrateur est le responsable civil et militaire de la Commanderie[180] et il ne peut pas gouverner la commanderie oĂč il est nĂ©[181]
Un administrateur est assistĂ© par un ou plusieurs Commandants (Duwei éœć°), ou Commandants en chef, qui sâoccupent de toutes les affaires militaires comme la levĂ©e des milices locales, l'Ă©limination des groupes de bandits et la construction de tours de guet[182]. Le salaire/rang des Commandants est de "Ă©quivalent 2000" dan[183]. AprĂšs l'an 30, tous les Commandants qui ne sont pas en poste dans des commanderies situĂ©es sur des frontiĂšres lointaines sont supprimĂ©s[184]. Par contre si la Commanderie est situĂ©e le long des frontiĂšres, lĂ oĂč les raids et incursions armĂ©es de groupes nomades hostiles sont frĂ©quentes, le poste de Commandant est maintenu[184]. Il reste possible de nommer temporairement un Commandant dans une Commanderie situĂ©e Ă l'intĂ©rieur de l'empire, si sa prĂ©sence est nĂ©cessaire pour rĂ©gler une crise. Une fois la situation revenue Ă la normale, le poste est supprimĂ©[185]. Dans l'administration de chaque Commanderie on trouve Ă©galement des secrĂ©taires, un trĂ©sorier et un Fonctionnaire ChargĂ© des Comptes qui prĂ©sente chaque annĂ©e un rapport Ă la Cour impĂ©riale sur la maniĂšre dont l'administrateur gĂšre sa Commanderie[180].
Plusieurs des fonctions des administrateurs sont saisonniĂšres; comme mener une inspection des comtĂ©s chaque printemps pour vĂ©rifier s'il n'y a pas de problĂšmes d'ordre agricole et prĂ©voir les travaux pour l'entretien des routes, ponts, digues et autres travaux publics[186]. Ă lâautomne, il envoie ses subordonnĂ©s dans les comtĂ©s, pour vĂ©rifier si les poursuites judiciaires contre les criminels locaux ont Ă©tĂ© correctement menĂ©es[185]. Enfin, chaque hiver, il est chargĂ© de recommander auprĂšs de la cour impĂ©riale les candidats qu'ils juge les plus dignes d'un poste Ă la capitale; c'est-Ă -dire ceux qui remplissent les critĂšres de Xiaolian, ce qui signifie "piĂ©tĂ© filiale et incorruptibilitĂ©"[185]. Ceux qui sont retenus Ă la suite de ces recommandations reçoivent un poste dans l'administration centrale ou locale[185]. Chaque commanderie a un quota Ă remplir pour ces recommandations; lâempereur Han Wudi ayant dĂ©crĂ©tĂ© en 134 av. J.-C. que les administrateurs doivent recommander chaque annĂ©e une personne pour sa piĂ©tĂ© filiale et une autre pour son incorruptibilitĂ©, afin que ceux-ci joignent le service public. Ces quotas sont modifiĂ©s en l'an 92 AD et passent Ă un homme Ă envoyer Ă la capitale par tranche de 200 000 foyers existant dans une commanderie[187]. AprĂšs la suppression des Commandants des commanderies intĂ©rieures, les Administrateurs assument leurs fonctions mais ils doivent demander la permission du gouvernement central pour lever des milices locales, mobiliser des troupes ou envoyer des troupes en dehors de leur Commanderie[185].
Administration des Xian
Lors du recensement de l'an 2 mentionnĂ© prĂ©cĂ©demment, le territoire de l'empire est divisĂ© en 1 587 Xian[188]. Sous les Han, le Xian est la plus petite division administrative dirigĂ©e par un reprĂ©sentant du pouvoir central[189]. Dans les Xian oĂč l'on trouve 10 000 foyers ou plus, ce reprĂ©sentant est un prĂ©fet (Ling 什) ; dans les autres, c'est un chef (Zhang é·)[189]. Selon la taille du Xian, le salaire/rang du prĂ©fet est de 600 ou 1 000 dan, tandis que celui du chef est de 300 ou 500 dan[189]. En raison de leurs fonctions juridictionnelles, le sinologue Rafe de Crespigny ne fait pas de diffĂ©rences entre les prĂ©fets et les chefs, et parle d'eux comme Ă©tant des magistrats[190]. Ces Magistrats nomment eux-mĂȘmes les fonctionnaires du Xian, qui sont pour la plupart des lettrĂ©s ou des aĂźnĂ©s qui bĂ©nĂ©ficient d'un grand respect dans leur communautĂ© locale[190]
Le Magistrat du Xian est chargĂ© de maintenir lâordre, d'assurer le stockage de grains en prĂ©vision d'une famine Ă©ventuelle, d'enregistrer la population pour des raisons fiscales, de mobiliser les conscrits soumis Ă la corvĂ©e de travail, de superviser les travaux publics, de rĂ©nover les Ă©coles et de rĂ©aliser divers rituels[191]. Ils servent Ă©galement de juge pour tous les procĂšs qui se dĂ©roulent dans le tribunal du comtĂ©[191]. Comme les juridictions judiciaires de l'Administrateur de la Commanderie et du Magistrat du Xian se chevauchent, il est convenu que c'est celui des deux qui arrĂȘte un criminel qui tente en premier de juger le cas[192]. Sous lâempereur Han Wudi, les commanderies et les royaumes gĂšrent des Ă©coles publiques, et mĂȘme si les Xian peuvent ouvrir leurs propres Ă©coles publiques, ils ne le font pas tous[193]
Le Xian est subdivisĂ©e en districts[194], chacun Ă©tant constituĂ© dâau moins plusieurs hameaux regroupĂ©s; ce qui reprĂ©sente gĂ©nĂ©ralement une communautĂ© dâenviron une centaine de familles[195]. Un chef de police est affectĂ© Ă chaque district par le Magistrat du Xian[196]. Pour mener Ă bien ses tĂąches et assurer l'ordre public, le magistrat du Xian a impĂ©rativement besoin de s'assurer la coopĂ©ration des anciens et des dirigeants au niveau du district; car ce sont eux qui gĂšrent une grande partie des affaires courantes comme l'arbitrage des diffĂ©rends dans leurs communautĂ©s, la collecte des impĂŽts et la lutte contre la criminalitĂ©[197].
Royaumes, Marquisats et Fiefs des princesses
Sous les Han, un Royaume est Ă peu prĂšs comme une commanderie pour ce qui est de la taille et de l'administration, sauf que c'est officiellement le fief dâun parent de lâempereur. Par parent, il faut comprendre ses frĂšres, oncles, neveux et fils Ă lâexclusion de lâhĂ©ritier prĂ©somptif. AprĂšs l'an 145 av. J.-C., la possession de ce fief n'est plus que nominale[198]. La politique dâattribution de royaumes exclusivement aux membres de la famille impĂ©riale est adoptĂ©e de maniĂšre progressive par le fondateur de la dynastie Han, l'empereur Han Gaozu des Han (r. 202-195 av. J.-C.), car beaucoup des premiers rois sont des personnes non apparentĂ©es Ă la famille impĂ©riale qui Ă©taient des officiers lors de la guerre Chu-Han (206-202 av. J.-C.)[199]. Comme Gaozu trouve dangereux de laisser autant de pouvoirs Ă d'anciens militaires, il essaye d'Ă©teindre cette menace en rĂ©servant ce rang aux membres de son propre clan[199] . C'est gĂ©nĂ©ralement le fils aĂźnĂ© du roi et de son Ă©pouse officielle qui hĂ©rite du royaume[199].
Le nombre des royaumes fluctue pendant toute la durĂ©e de la dynastie Han, il nây en a jamais moins de huit ni plus de vingt-cinq[199]. Au dĂ©but des Han occidentaux, les royaumes reprĂ©sentent environ les deux tiers de lâempire. La Cour impĂ©riale rĂšgne directement sur les commanderies situĂ©es dans le tiers occidental de lâempire, tandis que les rois gouvernent leurs fiefs avec peu ou pas d'intervention de lâadministration centrale[200]. Le personnel administratif de chaque Royaume est calquĂ© sur celui du gouvernement central et l'on trouve dans chacun d'entre eux un Grand tuteur, un Chancelier et un SecrĂ©taire impĂ©rial, qui ont tous les trois un salaire/rang de 2000 dan. Aucun Royaume nâest autorisĂ© Ă avoir un Grand Commandant, puisquâils ne sont pas autorisĂ©s Ă dĂ©clencher des guerres pour leur propre compte[201]. MĂȘme si les chanceliers des royaumes sont nommĂ©s par la Cour impĂ©riale, le roi a le droit de nommer tous les autres fonctionnaires de son fief[202].
La puissance des rois diminue aprĂšs la rĂ©bellion des sept Ătats en 154 av. J.-C., ainsi que le nombre et la taille des royaumes[203]. En 145 av. J.-C., un Ă©dit impĂ©rial interdit aux rois de nommer des fonctionnaires ayant un salaire/rang de 400 dan ou plus. Tous les fonctionnaires ayant un salaire/rang plus Ă©levĂ© sont nommĂ©s directement par le gouvernement central[204]. Les Ă©quivalent des conseillers impĂ©riaux et des neuf ministĂšres qui existaient au sein des royaumes sont Ă©galement supprimĂ©s par cet Ă©dit, Ă l'exception du poste de Minister Coachman. Le poste de chancelier est maintenu, mais il devient lâĂ©quivalent dâun Administrateur de Commanderie et est toujours nommĂ© par le gouvernement central[205]. AprĂšs ces rĂ©formes, les rois et les marquis ne sont plus les responsables civils de leurs fiefs et prennent simplement une partie des taxes collectĂ©es par le gouvernement dans leurs royaumes comme revenu personnel[206]. L'historien Charles Hucker note quâaprĂšs cette transformation des royaumes et marquisats respectivement en commanderies et comtĂ©s virtuels, un "... gouvernement entiĂšrement centralisĂ© est crĂ©Ă©" pour la premiĂšre fois depuis la dynastie Qin[16].
En dessous des rois, la sociĂ©tĂ© Han est divisĂ©e en vingt grades, dont chacun accorde certains privilĂšges tels que lâexemption de certaines lois. Le dix-neuviĂšme rang est celui de Marquis du Domaine impĂ©rial et le vingtiĂšme celui de Marquis de plein droit, la diffĂ©rence entre les deux Ă©tant que le premier donne seulement droit Ă une pension alors que le second reçoit un marquisat (houguo äŸŻć) qui fait en gĂ©nĂ©ral la taille dâun comtĂ©[207]. Si les fils des rois sont les petits-fils de lâempereur, ils reçoivent le rang de Marquis de plein droit et si ce nâest pas le cas, ils sont considĂ©rĂ©s comme Ă©tant des roturiers[199]. Cette rĂšgle a Ă©tĂ© modifiĂ©e en l'an 127 av. J.-C., afin que tous les fils de rois soient fait Marquis de plein droit[199]. On ne sait pas si les marquisats du dĂ©but des Han occidentaux ont le mĂȘme niveau dâautonomie que les royaumes de cette Ă©poque, mais ce qui est sĂ»r c'est quâaprĂšs l'Ă©dit de 145 av. J.-C., les fonctionnaires de tous les marquisats sont nommĂ©s par le gouvernement central[208]. Le marquis nâa aucun rĂŽle administratif dans son marquisat, il se contente de recueillir une partie des recettes fiscales Ă son profit[208]. Son chancelier est lâĂ©quivalent dâun PrĂ©fet de comtĂ©[209].
Les sĆurs et les filles de lâempereur et les filles sont anoblies soit comme Grande princesse, ce qui leur donne le mĂȘme rang que les rois, soit comme princesse, ce qui leur donne le mĂȘme rang qu'un Marquis de plein droit. Dans tous les cas, le fief d'une princesse fait gĂ©nĂ©ralement la taille dâun comtĂ©[210]. Le mari dâune princesse devient un Marquis[211]. Les filles des rois sont aussi des princesses, mais leurs fiefs ont gĂ©nĂ©ralement taille d'un district d'un comtĂ© et leurs fils ne peuvent pas en hĂ©riter[210]. Ă la diffĂ©rence des fiefs des Rois et des Marquis, les membres de l'administration du fief d'une princesse sont directement sous les ordres d'un des neuf ministres : le Ministre du Clan impĂ©rial[212].
Armée
Milices et conscrits
Tous les non-nobles de l'empire qui atteignent l'Ăąge de vingt-trois ans sont soumis Ă la conscription et doivent servir dans les forces armĂ©es (zhengzu æŁć). Ils ont un an de formation et un an de service actif, lâannĂ©e de service actif pouvant leur ĂȘtre rĂ©clamĂ©e jusquâĂ ce qu'ils aient atteint l'Ăąge de cinquante-six ans[213]. Les conscrits sont formĂ©s et servent dans lâune des trois branches des forces armĂ©es : infanterie, cavalerie ou marine[214]. Pendant leur annĂ©e de service, les conscrits peuvent ĂȘtre affectĂ©s dans des garnisons situĂ©es aux frontiĂšres, qu'ils doivent protĂ©ger contre les incursions des tribus nomades, servir comme gardes Ă la cour d'un roi ou ĂȘtre affectĂ©s sous les ordres du Ministre des Gardes pour assurer la sĂ©curitĂ© et des patrouilles dans tous les palais impĂ©riaux[213]. Ă partir de l'an 155 av. J.-C., lâĂąge minimum de la conscription est abaissĂ© Ă vingt ans[215] et si sous le rĂšgne de lâempereur Han Zhaodi il repasse Ă vingt-trois ans, il est Ă nouveau rabaissĂ© Ă vingt ans par son successeur[215].
MĂȘme si ce systĂšme de conscription existe toujours sous les Han orientaux, les potentiels conscrits peuvent l'Ă©viter moyennant le paiement dâune taxe commuable[216].
Le gouvernement exempte Ă©galement ceux qui font don aux autoritĂ©s d'un esclave, d'un cheval ou de cĂ©rĂ©ales[217]. Enfin, dans le systĂšme des vingt rangs, ceux qui ont atteint le neuviĂšme rang et plus sont Ă©galement exemptĂ©s du service militaire[217]. Pour compenser les pertes engendrĂ©es par ces multiples exemptions, le gouvernement des Han orientaux favorise grandement le recrutement dâune armĂ©e d'engagĂ©s volontaires[216]. De plus, bien des soldats des Han orientaux sont des condamnĂ©s de droit commun qui ont vu leur peine commuĂ©e lorsqu'ils ont rejoint l'armĂ©e[218]. Enfin, les Han n'hĂ©sitent pas Ă faire appel aux mercenaires, qui finissent par former une grande partie de la garde du capitale, tandis que les tribus nomades Ă©trangĂšres sont souvent utilisĂ©es pour garder les frontiĂšres[219].
Sous les Han occidentaux, les soldats dĂ©mobilisĂ©s aprĂšs leur annĂ©e de service actif sont renvoyĂ©s chez eux, oĂč ils ont l'obligation de rejoindre la milice locale, qui est rassemblĂ©e le huitiĂšme mois de chaque annĂ©e[217]. Cette obligation, qui est supprimĂ©e sous les Han orientaux[217], vise Ă lutter contre les seigneurs de guerre locaux et rĂ©gionaux, ce qui nâempĂȘche pas ces derniers de se multiplier Ă la fin de la dynastie Han[217]. Quelle que soit l'Ă©poque, les membres de ces milices les quittent lorsqu'ils ont atteint lâĂąge de cinquante-six ans[217] .
Armée permanente et armée de réserve
Les soldats non professionnels qui font leur annĂ©e de service obligatoire sous les ordres du Ministre des Gardes appartiennent Ă lâarmĂ©e du Sud (Nanjun ćè»)[220]. Les soldats professionnels, eux, appartiennent Ă une armĂ©e permanente, connue sous le nom dâarmĂ©e du Nord (Beijun ćè»)[220]. Le but principal de lâarmĂ©e du Nord est de dĂ©fendre la capitale, mais elle est parfois utilisĂ©e pour repousser les invasions Ă©trangĂšres[221]. LâarmĂ©e du nord est mentionnĂ©e pour la premiĂšre fois dans les archives des Han vers l'an 180 av. J.-C., mais sa structure de commandement de lâĂ©poque est mal connue[220]. Plusieurs dĂ©cennies plus tard, l'empereur Han Wudi rĂ©forme le corps des officiers de lâarmĂ©e du Nord, afin que son commandement soit partagĂ© entre cinq Colonels (Xiaowei æ Ąć°) qui ont chacun un salaire/rang de 2000 dan et commandent un rĂ©giment[220]. Wudi nomme Ă©galement trois autres Colonels avec un salaire/rang de 2000 dan, dont les troupes, qui sont considĂ©rĂ©es comme une extension de lâarmĂ©e du Nord, sont stationnĂ©es Ă certains cols stratĂ©giques situĂ©s loin de la capitale[222]. Chacun des huit Colonels est assistĂ© par un Major (Sima ćžéŠŹ) qui a un salaire/rang de 1 000 dan[223]. Des soldats de mĂ©tier peuvent ĂȘtre affectĂ©s dans des garnisons agricoles (Tuntian) Ă©tablies dans les rĂ©gions de lâOuest, comme ceux menĂ©s par les Colonels Wu et Ji (Wuji xiaowei æć·±æ Ąć°), qui ont un salaire/rang de "Ă©quivalent 600" dan et sont basĂ©s Ă lâoasis de Tourfan[224].
Sous les Han orientaux, lâarmĂ©e de conscrits est en grande partie remplacĂ©e par une armĂ©e de volontaires. LâarmĂ©e de conscrits sous les ordres du Ministre des Gardes perd son nom d'armĂ©e du Sud et lâarmĂ©e du Nord est conservĂ©e, mais elle passe de huit Ă cinq Colonels[225]. Ces Colonels voient leur salaire/rang passer de 2000 dan Ă "Ă©quivalent 2 000" dan[226].
Selon des sources datant de lâĂ©poque des Han orientaux, lâarmĂ©e du Nord est un corps d'armĂ©e aux effectifs relativement faibles, variant entre 3 500 et 4 200 soldats professionnels; chaque rĂ©giment Ă©tant composĂ© dâenviron 750 soldats et 150 officiers subalternes[226]. Pour aider cette force, l'empereur Han Guang Wudi crĂ©e en 43 apr. J.-C. une unitĂ© de 1 000 soldats de lâarmĂ©e de rĂ©serve, qui est stationnĂ©e dans le comtĂ© de Liyang, le long du fleuve Jaune et en l'an 110, deux autres unitĂ©s de la rĂ©serve sont crĂ©Ă©es. Toutes ces unitĂ©s sont dirigĂ©es par un Commandant, qui porte le mĂȘme titre que celui utilisĂ© pour lâofficier militaire prĂ©sent dans certaines Commanderies[221]. Lâobjectif principal de ces unitĂ©s de rĂ©serve est de positionner des troupes Han dans des passes stratĂ©giques, pour garder le cours infĂ©rieur du fleuve Wei contre les tribus Xiongnu, Wuhuan et tibĂ©taines[227].
Officiers et milice pendant la guerre
Que ce soit en pĂ©riode de paix ou de guerre, la structure de commandement de lâarmĂ©e du nord reste la mĂȘme[228]. Par contre, pendant les pĂ©riodes de grands conflits et les crises, la levĂ©e de milices de grande taille exige la nomination de plusieurs nouveaux officiers qui portent diffĂ©rents titres. Lesdits titres sont souvent accordĂ©s comme titres honorifiques aux fonctionnaires en temps de paix[229].
Les grandes divisions sont dirigĂ©es par un GĂ©nĂ©ral (Jiangjun ć°è») dont le rang dĂ©pend de son statut. Ces divisions sont subdivisĂ©es en un certain nombre de rĂ©giments, qui sont commandĂ©s par un Colonel et parfois par un Major[230]. Ces rĂ©giments sont Ă leur tour subdivisĂ©s en compagnies, qui sont commandĂ©es par des Capitaines, qui ont un salaire/rang de "Ă©quivalent 2 000" dan. Enfin, les compagnies sont subdivisĂ©es en sections[230].
Notes et références
- Dictionnaire étymologique sino-tibétain en ligne, reconstruction de la prononciation de l'époque Han http://starling.rinet.ru/cgi-bin/query.cgi?basename=\data\china\bigchina&root=config&morpho=0
- une unité de volume correspondant à environ 35 litres
- Bielenstein (1980), 131; de Crespigny (2007), 1221.
- Nishijima (1986), 587.
- une unité de volume correspondant à environ 20 L
- Bielenstein (1980), 127 & 131.
- de Crespigny (2007) 1221; Bielenstein (1980), 11â17; Hucker (1975), 159.
- de Crespigny (2007), 1221; Bielenstein (1980), 127.
- Hucker (1975), 159.
- Bielenstein (1980), 131.
- Ebrey (1999), 60â61; Wang (1949), 139.
- Davis (2001), 45â46.
- Le code des Qin est le recueil dans lequel sont compilĂ©es toutes les lois en vigueur dans l'empire, une sorte dâancĂȘtre chinois du code pĂ©nal. La plupart des dynasties chinoises ont compilĂ© leur propre code, le plus souvent en se basant sur les codes prĂ©cĂ©dents
- HulsewĂ© (1986), 525â526; Csikszentmihalyi (2006), 23â24; Hansen (2000), 110â112.
- Wang (1949), 135.
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- Nishijima (1986), 586â587.
- Nishijima (1986), 587â588; Bielenstein (1980), 47, 83.
- de Crespigny (2007), 1216; Bielenstein (1980), 143; Hucker (1975), 149â150.
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- Ces monopoles n'existent que pendant la pĂ©riode des Han occidentaux, c.f l'article Ăconomie de la Chine sous la dynastie Han pour plus de dĂ©tails Ă ce sujet
- Bielenstein (1980), 144; Wang (1949), 174â177; Hucker (1975), 150.
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- Wang (1949), 151.
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- Wang (1949), 152.
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- sous-entendu, la maison de L'Empereur
- Wang (1949), 150â153; de Crespigny (2007) 1222; Bielenstein (1980), 23â24.
- de Crespigny (2007) 1222; Bielenstein (1980), 23.
- de Crespigny (2007), 1222â1223; Bielenstein (1980), 24â27; Wang (1949), 152â153.
- Wang (1949), 152â153; de Crespigny (2007), 1230.
- Wang (1949), 153.
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- de Crespigny (2007), 1223; Bielenstein (1980), 31â32.
- de Crespigny (2007), 1223; Bielenstein (1980), 33.
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- Wang (1949), 150â151 & 153â154; de Crespigny (2007), 1223; Bielenstein (1980), 34â35.
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- de Crespigny (2007), 1223; Wang (1949), 154.
- Wang (1949), 154.
- Comme son nom l'indique, ce code regroupe de maniĂšre ordonnĂ©e toutes les lois en vigueur sous les Han, c'est une sorte de lointain ancĂȘtre chinois du Code pĂ©nal français. Chaque dynastie chinoise a Ă©ditĂ© son propre code
- de Crespigny (2007), 1223; Bielenstein (1980), 38.
- Bielenstein (1980), 38â39.
- de Crespigny (2007), 1223â1224; Bielenstein (1980), 39â40; Wang (1949), 150â151 & 154â155.
- de Crespigny (2007), 1223â1224; Bielenstein (1980), 39â40; Wang (1949), 154â155.
- de Crespigny (2007), 1223â1224; Bielenstein (1980), 39â40.
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- Bielenstein (1980), 43.
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- de Crespigny (2007), 1224; Bielenstein (1980), 47; Wang (1949), 150â151 & 156.
- Wang (1949), 155â156; de Crespigny (2007), 1224; Bielenstein (1980), 47 & 55.
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- Habituellement, il s'agit d'un fils ayant déjà reçu le titre de prince
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- Ch'ĂŒ (1972), 75; Bielenstein (1980), 73â74.
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- de Crespigny (2007), 1225; Bielenstein (1980), 79â80.
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- de Crespigny (2007), 1225; Bielenstein (1980), 80.
- Bielenstein (1980), 81.
- Bielenstein (1980), 80.
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- Wang (1949), 156â157; Bielenstein (1980), 84â85.
- Wang (1949), 156â157; Bielenstein (1980), 84â85; de Crespigny (2007), 1226.
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- Wang (1949), 157â158; de Crespigny (2007), 1226; Bielenstein (1980), 85.
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- Bielenstein (1980), 109.
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- Bielenstein (1980), 90; de Crespigny (2007), 1228; Wang (1949), 158â159; Hucker (1975), 152.
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- Loewe (1968), 34â36; Loewe (1986), 122â123; Nishijima (1986), 595â596.
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Annexes
Lectures pour approfondir
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- Beck, Roger B. (2005). "World History: Patterns of Interaction" 200â207. McDougall Littell. (ISBN 0-618-18774-X).
- (en) Charles Hucker, A Dictionary of Official Titles in Imperial China, Stanford University Press, , p. 436
Liens externes
- Chinaknowledge.de (cartes, gĂ©ographie et liste des provinces Chinoises de lâĂ©poque Han avec caractĂšres chinois)
- Online version of Charles Hucker's A Dictionary of Official Titles in Imperial China