Armée des volontaires
LâArmĂ©e des volontaires (ĐĐŸĐ±ŃĐŸĐČĐŸĐ»ŃŃĐ”ŃĐșĐ°Ń Đ°ŃĐŒĐžŃ en russe) est lâune des premiĂšres armĂ©es blanches de la guerre civile russe. Elle opĂ©ra principalement dans le Sud de la Russie de 1918 Ă 1920.
ArmĂ©e des volontaires ĐĐŸĐ±ŃĐŸĐČĐŸĐ»ŃŃĐ”ŃĐșĐ°Ń Đ°ŃĐŒŃŃ | |
ĐŃŃĐ”ĐłĐŸ ĐŃ ĐœĐ” ĐČŃ Đ°ŃĐŒŃĐž? « Pourquoi nâĂȘtes vous pas dans lâarmĂ©e ? » Affiche de recrutement de lâArmĂ©e des volontaires. | |
Création | |
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Dissolution | mars 1920 transformé en corps des volontaires |
Pays | Russie |
Allégeance | Armées blanches |
Branche | Armée de terre |
Effectif | 9 000 |
Fait partie de | Forces Armées du Sud de la Russie |
Ancienne dĂ©nomination | Organisation dâAlekseĂŻev |
Couleurs | Blanc, bleu, rouge |
Guerres | Guerre civile russe |
Commandant historique | Lavr Kornilov â Anton DĂ©nikine Vladimir MaĂŻ-MaĂŻevski Piotr Wrangel |
EmblĂšme | |
Création
LâArmĂ©e des volontaires est crĂ©Ă©e en novembre-dĂ©cembre 1917 Ă Novotcherkassk Ă lâinitiative des gĂ©nĂ©raux AlekseĂŻev et Kornilov aprĂšs la rĂ©volution d'Octobre. Dans un premier temps, lâArmĂ©e est formĂ©e dâofficiers, de cadets (Ă©lĂšves officiers), dâĂ©tudiants, de cosaques et de simples soldats. Le 27 dĂ©cembre 1917 ( dans le calendrier grĂ©gorien), la crĂ©ation de lâArmĂ©e des volontaires fut officiellement annoncĂ©e. AlekseĂŻev occupa le poste de commandant suprĂȘme, Kornilov devint commandant en chef, le gĂ©nĂ©ral Loukomsky chef dâĂtat-major, le gĂ©nĂ©ral DĂ©nikine commandant de la 1re division et le gĂ©nĂ©ral Markov commandant du 1er rĂ©giment dâofficiers. Un conseil spĂ©cial fut crĂ©Ă© au quartier-gĂ©nĂ©ral et principalement constituĂ© de personnalitĂ©s politiques comme Pierre Struve, Pavel Milioukov, MikhaĂŻl Rodzianko, SergueĂŻ Sazonov ou Boris Savinkov.
Action militaire
Campagne de glace
DĂ©but janvier 1918, lâArmĂ©e des volontaires comptait approximativement 4 000 hommes. Elle affronta en diverses batailles lâArmĂ©e rouge et reçut lâaide des cosaques de lâataman AlexeĂŻ Kaledine. Fin fĂ©vrier, lâArmĂ©e dut se retirer de Rostov-sur-le-Don aprĂšs une percĂ©e de l'ArmĂ©e rouge. Elle fit route vers le Kouban, dans une manĆuvre connue sous le nom de « campagne de glace », menĂ©e dans un but de rĂ©organisation et dâunion avec les cosaques du Kouban (lâarmĂ©e des cosaques du Don ne souhaitant pas quitter ses terres sâĂ©tait, elle, engagĂ©e dans la campagne de la steppe). Cependant, seule une petite partie des cosaques du Kouban rejoignit lâArmĂ©e. Le , 3 000 cosaques placĂ©s sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Pokrovski se fondirent dans lâArmĂ©e, ce qui porta lâeffectif total Ă 6 000 hommes.
Entre le 9 et le , lâArmĂ©e tenta de prendre la ville dâEkaterinodar, sans y parvenir, ce qui coĂ»ta la vie au gĂ©nĂ©ral Kornilov tuĂ© par un Ă©clat dâobus. Le gĂ©nĂ©ral DĂ©nikine prit le commandement en chef et fit retraite vers les territoires cosaques du Don. En juin 1918, 3 000 hommes commandĂ©s par le colonel Drozdovski rejoignirent lâArmĂ©e ce qui porta lâeffectif total Ă entre 8 000 et 9 000 hommes.
Seconde campagne du Kouban
Le 23 juin, le gĂ©nĂ©ral DĂ©nikine dĂ©buta la seconde campagne du Kouban avec les renforts de lâataman Krasnov. Elle aboutit Ă la prise de contrĂŽle par les blancs des territoires entre les mers Noire et Caspienne.
En septembre 1918, lâArmĂ©e des volontaires comptait de 30 000 Ă 35 000 hommes en partie dĂ» Ă la mobilisation des cosaques du Kouban et aux nombreux Ă©lĂ©ments anti-bolchĂ©viques venus la renforcer. Le gros des troupes se situant en Ciscaucasie, lâArmĂ©e des volontaires fut rebaptisĂ©e ArmĂ©e des volontaires du Caucase.
Forces armées du Sud de la Russie
Ă lâautomne 1918, les gouvernements anglais, français et amĂ©ricains augmentĂšrent leur envoi de matĂ©riel et de conseillers techniques. LâArmĂ©e des volontaires, ainsi que toutes les forces anti-bolchĂ©viques du Sud de la Russie, fusionnĂšrent au sein des Forces ArmĂ©es du Sud de la Russie sous le commandement du gĂ©nĂ©ral DĂ©nikine. Ă la fin 1918-dĂ©but 1919, lâArmĂ©e dĂ©fit la 11e armĂ©e soviĂ©tique et sâempara de la Ciscaucasie. L'ArmĂ©e des volontaires reçut, Ă la fin de l'annĂ©e 1918, l'aide des AlliĂ©s français, anglais et grecs dĂ©barquĂ©s Ă Odessa et SĂ©bastopol. La coordination avec les AlliĂ©s Ă©tait cependant mauvaise, et les Français, qui dirigeaient l'intervention, se rembarquĂšrent en avril 1919, confrontĂ©s Ă des troubles dans leurs forces. En janvier 1919, lâArmĂ©e des volontaires du Caucase fut divisĂ©e en deux sections sĆurs : lâArmĂ©e du Caucase et lâArmĂ©e des volontaires, qui plus tard fut rejointe par lâArmĂ©e du Don. AprĂšs avoir repris le Donbass, Volgograd et Kharkov, DĂ©nikine dĂ©buta le 20 juin sa marche vers Moscou. Selon le plan arrĂȘtĂ©, la plus grande poussĂ©e vers Moscou devait ĂȘtre l'Ćuvre de l'ArmĂ©e des volontaires (40 000 hommes) commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral MaĂŻ-MaĂŻevski.
Antisémitisme
Le service de propagande de l'Armée des volontaires, l'Osvag, affirme que « les juifs doivent payer pour tout : pour les révolutions de Février et d'Octobre, pour le bolchevisme et pour les paysans qui ont enlevé leurs terres aux propriétaires. » L'organisation réédite par ailleurs les Protocoles des sages de Sion[1].
Bien que les troupes de DĂ©nikine ne soient responsables que de 17, 2 % des pogroms selon l'historien Nicolas Werth (la plupart Ă©tant le fait des nationalistes ukrainiens ou d'armĂ©es rebelles affiliĂ©es Ă aucun camp), les officiers « blancs » fĂ©licitent les soldats se livrant Ă des crimes antisĂ©mites, certains d'entre eux touchant mĂȘme des primes[1].
L'ArmĂ©e des volontaires a nĂ©anmoins bĂ©nĂ©ficiĂ© de financements de riches juifs : le banquier Abraham Halperine a ainsi versĂ© 800 000 roubles Ă l'ataman cosaque AlexeĂŻ Kaledine. Le dirigeant sioniste Daniel Pasmanik, prĂ©sident de l'Union des communautĂ©s juives de CrimĂ©e, appelle à « s'incliner en priĂšres devant l'armĂ©e blanche » pour sa « lutte pleine d'abnĂ©gation contre les bolcheviques ». Ă l'Ă©tranger, les massacres antisĂ©mites inquiĂštent les bailleurs de fonds europĂ©ens et amĂ©ricains. Winston Churchill invite DĂ©nikine à « empĂȘcher les meurtres de juifs dans les districts contrĂŽlĂ©s par son armĂ©e ». Celui-ci n'ose cependant pas affronter ses officiers et se contente de vagues condamnations formelles[1].
Fin de lâarmĂ©e des volontaires
En octobre 1919, les makhnovistes, alliĂ©s occasionnels des bolchĂ©viques et sous-estimĂ©s par DĂ©nikine, ravagent les bases arriĂšre blanches. PrivĂ©e de ravitaillement organisĂ© (ni nourriture, ni munitions, ni vĂȘtements dâhiver, etc), lâArmĂ©e des volontaires doit battre en retraite. LâArmĂ©e rouge entreprend alors une contre-offensive gĂ©nĂ©rale. LâArmĂ©e blanche de DĂ©nikine subit au dĂ©but de cette attaque une dĂ©faite dĂ©cisive, et les Volontaires blancs retournent vers la rĂ©gion du Don. DĂ©but 1920, lâArmĂ©e fut rĂ©organisĂ©e et fondue dans un corps de 5 000 hommes placĂ© sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Koutepov. Les 26 et 27 mai, les derniers Ă©lĂ©ments de lâArmĂ©e des volontaires furent Ă©vacuĂ©s de Novorossiisk vers la CrimĂ©e oĂč ils fusionnĂšrent avec lâArmĂ©e du gĂ©nĂ©ral Wrangel.
Références
- Jean-Jacques Marie, « En Ukraine, des pogroms dont lâOccident se lavait les mains », sur Le Monde diplomatique,
Bibliographie
- Marina Grey et Jean Bourdier, Les armées blanches, Paris, Dualpha, coll. « Vérités pour l'histoire », (1re éd. 1968), 283 p. (ISBN 978-2-915461-09-1).
- Serge Mamontov, Carnets de route dâun artilleur Ă cheval - 1917-1920 : Mes chevaux dans la poussiĂšre et dans la boue, Clamecy, Ăditions L'Harmattan, coll. « MĂ©moires du XXe siĂšcle », , 540 p. (ISBN 978-2-7384-6137-7, BNF 37066828).
- Jean-Jacques Marie, La Guerre civile russe 1917-1921 : ArmĂ©es paysannes, rouges, blanches et vertes, Paris, Ăditions Autrement, , 276 p. (ISBN 978-2-7467-0624-8).