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GĂ©othermie en France

La géothermie en France est utilisée soit directement pour des usages thermiques (chauffage de locaux, chaleur industrielle, activités balnéaires), soit pour la production d'électricité en Guadeloupe (centrale géothermique de Bouillante) et en Alsace à Soultz-sous-Forêts.

En France, la gĂ©othermie sur nappe (basse et moyenne Ă©nergie) installĂ©e depuis les annĂ©es 1980, principalement en ĂŽle-de-France, fournit de la chaleur Ă  environ 180 000 Ă©quivalents logements. L'ĂŽle-de-France compte pour 58 sur 78 des installations de rĂ©seaux de chaleur urbains. Par ailleurs, de nombreux Ă©quipements collectifs (piscine, gymnase) et scolaires (collège, lycĂ©e) sont chauffĂ©s grâce Ă  la gĂ©othermie sur nappe sur tout le territoire français.

La géothermie profonde haute énergie n'est pas encore mature en France mais tente de se développer depuis l'an 2000, en particulier en Alsace où plusieurs projets voient le jour. Cependant, en 2020, plusieurs séismes induits par des injections d'eau sous pression conduisent à l'arrêt définitif du projet de Vendenheim et détériorent l'acceptabilité de tels projets par la population. La société Fonroche est reconnue avoir enfreint deux fois les règles de l'art lors des opérations. En février 2023 le gouvernement annonce un plan d'action pour développer la géothermie dans le cadre de la transition écologique.

Histoire

Photographie montrant une fontaine en pierre devant des maisons Ă©galement en pierre.
Source chaude naturelle et musée de la géothermie à Chaudes-Aigues.

La géothermie en France existe depuis des siècles. À Chaudes-Aigues un réseau de chauffage collectif par géothermie est mis en place dès 1332 et serait ainsi le premier au monde[1]. Le rez-de-chaussée d'une quarantaine de maisons est chauffé par différentes sources naturelles d'eau chaude. Un système de canalisations partage la chaleur suivant la taille des maisons. Ce chauffage est gratuit pour les habitants le long de ces cours d'eau chaude souterrains, ils devaient cependant se charger de l'entretien (détartrage) des conduites. Ce système fonctionne jusqu'à la décision du conseil municipal de construire le centre thermal Caleden, inauguré en 2009, nécessitant de requérir l'eau chaude des sources publiques[2].

Au XXe siècle, depuis les années 1980, la géothermie est soutenue financièrement par l'AFME devenue l'Ademe et dans le domaine technique par le BRGM, qui en 2006 crée en son sein un département spécifiquement consacré à la géothermie, et qui tient à jour avec l'Ademe un site d'information[3]. De nombreux projets de réseaux urbains avec géothermie sur nappe sont mis en œuvre depuis les années 1980 principalement en région parisienne, et des centrales géothermiques grande profondeur voient le jour en Alsace dont le site pilote de Soultz-sous-Forêts dès 1987[4].

Le conseil rĂ©gional du Nord-Pas-de-Calais, avec le BRGM et EDF, a envisagĂ© dans les annĂ©es 1980 d'utiliser la nappe de la craie qui envahit le bassin minier fracturĂ© par l'exploitation (environ 100 000 km de galeries y ont Ă©tĂ© creusĂ©es) et les affaissements miniers pour une exploitation gĂ©othermique, voire pour y stocker des frigories ou des calories d'origine solaire (produites l'Ă©tĂ© afin de les rĂ©utiliser l'hiver)[5] - [6]. Cette nappe doit dĂ©jĂ  ĂŞtre localement pompĂ©e pour Ă©viter qu'elle n'inonde de vastes zones urbanisĂ©es ou cultivĂ©es Ă  la suite des affaissements ou de sa remontĂ©e naturelle. Ă€ ce jour, cette solution n'a pas Ă©tĂ© exploitĂ©e, mais elle pourrait susciter un nouvel intĂ©rĂŞt dans le cadre du SRCAE (SchĂ©ma rĂ©gional climat air Ă©nergie).

En 2008, la géothermie assurait environ 0,1 % de la production d’électricité d’origine renouvelable en France[7], en plus des besoins de chauffage de milliers de foyers.

Plusieurs zones géographiques seraient potentiellement favorables en France pour la géothermie profonde, les bassins tertiaires ou grabens ayant les mêmes spécificités géologiques que le bassin rhénan. En plus de la plaine d'Alsace, on distingue également la plaine de la Limagne et le couloir rhodanien. Leur rentabilité dépend aussi des prix d'accès aux autres sources d'énergie. L'augmentation de la consommation et du coût des différentes énergies ainsi qu'une certaine volonté d'émettre moins de gaz à effet de serre la rendent plus attrayante. En 2007, le BRGM et l’Ademe ont créé un département géothermie pour la promouvoir, après s'être associés à différents programmes de recherche et de travaux de service public. Deux de leurs filiales, CFG Services[8] (services et ingénierie spécialisée) et Géothermie Bouillante[9] (qui exploite la centrale géothermique de Bouillante en Guadeloupe), sont impliquées dans la géothermie[10].

Photographie d'une usine.
Vue générale de la centrale de Bouillante.

En 2010, dans les suites du Grenelle de l'environnement de 2007 et d'un Plan de dĂ©veloppement des Ă©nergies renouvelables visant Ă  prĂ©parer la transition Ă©nergĂ©tique, un groupe de 35 experts a Ă©tĂ© mis en place regroupĂ©s au sein d'un ComitĂ© national de la gĂ©othermie prĂ©sidĂ© par Philippe Vesseron (Ă©galement prĂ©sident d’honneur du BRGM), rĂ©uni pour la première fois Ă  Orly en [11] pour « proposer des actions et des recommandations pour le dĂ©veloppement de chacune des formes de la gĂ©othermie » (identifiĂ©e comme l'une des 18 « filières vertes » Ă  dĂ©velopper), via 3 enjeux (formation, diffusion de l'information et simplification administrative). Un des objectifs du Grenelle est d'utiliser la gĂ©othermie pour contribuer Ă  produire 1,3 million de tep/an et participer Ă  une rĂ©duction globale de 20 millions de tep/an Ă  horizon 2020 (avec Ă  cette mĂŞme Ă©chĂ©ance 20 % de la production Ă©lectrique des DOM d'origine gĂ©othermique[12]). Six cent mille logements pourraient ĂŞtre Ă©quipĂ©s de 2010 Ă  2020[12].

En 2015, après un an de consultation des fédérations professionnelles et acteurs du financement, la ministre de l'environnement a présenté un projet d'arrêté ministériel d'application de la loi sur la transition énergétique définissant les niveaux de soutien à l'électricité renouvelable produite par géothermie, visant à dynamiser le développement de la filière afin qu'elle puisse contribuer à l'objectif de 32 % de renouvelables pour la consommation finale d’énergie en 2030, projet qui sera soumis au Conseil supérieur de l'énergie et à la CRE (Commission de régulation de l'énergie) et notifié à la Commission européenne[13].

Géothermie profonde à haute température

Dessin montrant des cheminements bleus et rouges reliant différents points d'une ville depuis une usine : piscine, logements collectifs et individuels.
Schéma d'un réseau de chaleur urbain.

La France serait au 14e rang de l'Union europĂ©enne pour cette ressource, rĂ©putĂ©e la plus intĂ©ressante en termes de coĂ»ts/bĂ©nĂ©fices en Aquitaine et en ĂŽle-de-France (la gĂ©othermie profonde est dĂ©jĂ  la 1re source d'Ă©nergie renouvelable d'ĂŽle-de-France). On y trouve un rĂ©seau de chaleur qui a Ă©tĂ© le plus grand rĂ©seau de chauffage gĂ©othermique d'Europe, Ă  Chevilly-Larue. LĂ , une eau pompĂ©e Ă  2 km de profondeur et Ă  74 °C[14], chauffe, depuis 1985, 21 000 logements (chauffage et eau chaude sanitaire) ainsi que des Ă©quipements publics : bassins et douches d'une piscine. Cela permet le remplacement d'une centaine de grosses chaufferies et environ 30 % d'Ă©conomies. Chaque annĂ©e, ce sont 30 000 t de CO2 non Ă©mises et 10 000 t de pĂ©trole d'Ă©conomisĂ©es[14]. Ă€ Maison-Alfort depuis 20 ans, l'habitat et une piscine bĂ©nĂ©ficient de calories prĂ©levĂ©es Ă  1 800 m sous terre (dans une eau de mer fossile Ă  73 °C).

Ă€ la suite des premiers chocs pĂ©troliers, les forages se sont multipliĂ©s en rĂ©gion parisienne dans les annĂ©es 1980 avec 800 000 logements chauffĂ©s par ce moyen envisagĂ©s Ă  l'Ă©poque. Mais le prix du pĂ©trole a ensuite diminuĂ©, et il a fallu gĂ©rer des problèmes de corrosion ou de colmatage, ce qui explique une stabilisation. Cent cinquante mille logements de franciliens l'utilisent encore[15]. Le double serait possible dans cette rĂ©gion[15]. Des amĂ©liorations techniques y sont apportĂ©s au dĂ©but du XXIe siècle, notamment via l'usage de technologies de l'industrie pĂ©trolière, par exemple Ă  la Centrale gĂ©othermique de Cachan[16].

Plus Ă  l'est, Ă  Soultz-sous-ForĂŞts en Alsace, un projet, prĂ©sentĂ© comme « le plus avancĂ© au monde »[17] vise depuis 1987, via 20 km de forage[18] et une boucle d’eau gĂ©othermale de 11 km de long Ă  exploiter 35 litres d’eau par seconde[18] Ă  175 °C[18], circulant jusqu'Ă  5 000 m de profondeur dans un granit fracturĂ©, via un groupement europĂ©en d'intĂ©rĂŞt Ă©conomique (GEIE), dans le cadre d'un projet europĂ©en[19] associant le bureau de recherches gĂ©ologiques et minières et d'autres acteurs autour de trois forages de 5 000 m de profondeur[20] et une « centrale pilote de production d'Ă©lectricitĂ© » mise en route comme prĂ©vu en 2008[19].

Plus de 22 ans de recherche et 80 millions d'euros (30 millions venant de l'Union europĂ©enne, 25 de l'Allemagne et 25 de France) ont permis de produire les premiers kilowattheures Ă  l'Ă©tĂ© 2008 via une « centrale de conversion d’énergie gĂ©othermique/Ă©lectrique de type ORC (Organic Rankine Cycle) » fonctionnant avec un fluide organique (isobutane) pour son cycle thermodynamique. La capacitĂ© de la centrale est de 13 MW de chaleur extraits, soit 2,1 MW de production Ă©lectrique brute, dont 0,6 MW utilisĂ©s en autoconsommation pour faire fonctionner les installations et 1,5 MW de production nette. La productivitĂ© du puits doit peu Ă  peu augmenter, au fur et Ă  mesure que le sous sol se rĂ©chauffera autour de la colonne montante qui n'est pas isolĂ©e thermiquement (ce qui fait que 30 K sont perdus entre le fond et la surface par le fluide caloporteur[21]). Selon l'opĂ©rateur, dĂ©but 2013 « le puits GPK2 remonte 30 l/s Ă  170 °C. Le puits GPK4 est Ă  12 l/s Ă  145 °C ». Potentiellement le dĂ©bit peut atteindre 80 m3 par heure (environ 22 l/s), mais un dĂ©bit plus lent permet Ă  l'eau de mieux se rĂ©chauffer.

Le projet a notamment montrĂ© qu'il existe un risque sismique liĂ© aux forages profonds et Ă  l'injection d'eau Ă  très grande profondeur via la technique HDR (Hot Dry Rock)[19] ; 200 000 m3 d’eau ont dĂ» ĂŞtre injectĂ©s[18] pour « nettoyer » les fractures entre les roches et les opĂ©rations ont gĂ©nĂ©rĂ© environ cinquante mille petits sĂ©ismes et une grosse dizaine perceptibles par l'homme (d'une magnitude supĂ©rieure Ă  deux sur l'Ă©chelle de Richter).

Ce forage a permis de valider plusieurs techniques nouvelles d'exploitation de la chaleur (utilisation des failles existantes dans le socle granitique, de l'eau souterraine, etc.) et le développement d'un nouveau concept appelé EGS pour « Enhanced Geothermal System ». Cette expérience s'est appuyée sur quinze laboratoires de recherche et sur le tissu industriel local avec deux principaux employeurs, Gunther Tools/Walter et CEFA, et un réseau d'une centaine de PME et artisans.

Le projet ECOGI[22] (Exploitation de la Chaleur d'Origine GĂ©othermale pour l'Industrie dit Roquette-Frères[23]) et portĂ© par le Groupe ÉS (40 % d'ECOGI), Roquette Frères (40 %) et la Caisse des DĂ©pĂ´ts (20 %), vise Ă  ouvrir en 2015 Ă  Rittershoffen un rĂ©seau de chaleur interne (24 MW utiles pour 90 MW de puissance Ă©nergĂ©tique nĂ©cessaire) alimentĂ© par un double forage Ă  2 500 mètres de profondeur reliĂ© Ă  l'usine Roquette Frères de Beinheim via 15 km de tuyaux. Cela Ă©vitera Ă  l'usine d'acheter 16 000 tep/an de combustible fossile et diminuera de 39 000 t/an ses Ă©missions de CO2[23]. Ce projet est soutenu par l'ADEME via le Fonds Chaleur Ă  hauteur de 25 millions € sur un investissement total de 55 millions € et sera mis en service en , complĂ©tant la chaudière biomasse qui couvre dĂ©jĂ  45 % des besoins en Ă©nergie du complexe. ÉlectricitĂ© de Strasbourg espère alimenter d'autres clients avec la chaleur rĂ©siduelle Ă  70 °C en sortie du site Roquette, en particulier la plate-forme industrielle de Hatten et le rĂ©seau de chaleur de Betschdorf. ÉS a obtenu les autorisations pour lancer un forage exploratoire Ă  Illkirch pour produire de l'Ă©lectricitĂ© et alimenter plusieurs rĂ©seaux de chaleur dans les nouveaux Ă©coquartiers et dans tout le pĂ©rimètre du Parc d'innovation de cette commune de l'EuromĂ©tropole. D'autres projets sont en cours de nĂ©gociation avec des communautĂ©s de communes, Ă  Wissembourg et Ă  Lauterbourg, mais aussi dans le Haut-Rhin, sur la plate-forme chimique de ChalampĂ©[24].

Au premier semestre de l'annĂ©e 2013, la ministre de l’Écologie Delphine Batho dĂ©montre sa volontĂ© d'encourager le secteur de la gĂ©othermie haute tempĂ©rature. Les entreprises concernĂ©es peuvent ainsi dĂ©poser des demandes d'autorisation auprès du ministère pour que leurs ingĂ©nieurs et techniciens entreprennent des travaux pour mesurer le potentiel des sols concernĂ©s. La ministre annonce le la signature de deux permis exclusifs de recherche de gĂ®tes gĂ©othermiques[25], parmi lesquels un permis accordĂ© Ă  la filiale GĂ©othermie de la sociĂ©tĂ© Fonroche Énergie pour l'exploration d'une zone de 1 000 km2 entre Pau et Tarbes, dans les dĂ©partements des PyrĂ©nĂ©es Atlantiques et des Hautes-PyrĂ©nĂ©es[26]. Rapidement, la ministre annonce que dix-huit autres demandes sont en cours d'examen (six soumises Ă  la consultation du public), dont une autre demande de Fonroche GĂ©othermie en Camargue, concernant un espace se situant sur les Bouches-du-RhĂ´ne et le Gard, en partie sur le parc naturel rĂ©gional[27]. Fonroche Énergie soumet de nouveau, en , deux demandes au ministère de l'Écologie, la première pour le site dit « de CĂ©zallier », la seconde pour la zone « de Brie »[28].

Le ministère chargé de l'Environnement (MEDDE) a mis en place fin mars 2015 un fonds de garantie dénommé GEODEEP[29] (cinquante millions d’euros) visant à encourager le développement de la géothermie (alors qu'un projet de loi sur la transition énergétique prévoyait de porter à 32 % la part des énergies renouvelables dans notre consommation d’énergie à l’horizon 2030, visant à soutenir « une dizaine de centrales de géothermie profonde »[30], loi dite Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, votée en .

C'est en Alsace que se dĂ©veloppent les premières centrales gĂ©othermiques profondes de France mĂ©tropolitaine. Le forage de deux puits de 4 000 Ă  5 000 mètres de profondeur commence en Ă  Vendenheim sur le site d'une ancienne raffinerie. Ceux-ci alimenteront une centrale gĂ©othermique de cogĂ©nĂ©ration fournissant MW d'Ă©lectricitĂ© et 40 MWth pour le rĂ©seau de chaleur local. Le constructeur Fonroche GĂ©othermie a Ă©galement des projets Ă  Eckbolsheim et Ă  Hurtigheim, tandis que ES GĂ©othermie, filiale d'ÉlectricitĂ© de Strasbourg, commence fin 2017 un forage Ă  Illkirch-Graffenstaden. Deux autres centrales sont Ă©galement en projet Ă  Lauterbourg et Wissembourg[31].

En , Fonroche Énergie annonce que son premier puits de Vendenheim a permis d'atteindre de l'eau Ă  200 °C Ă  une profondeur de 4 600 mètres avec un dĂ©bit de 300 m3/heure. Le forage du deuxième puits permet de mettre en service fin 2019 une centrale de cogĂ©nĂ©ration produisant MW d'Ă©lectricitĂ© et 40 MW thermiques pour l'alimentation en chaleur du futur EcoParc rhĂ©nan voisin et des entreprises qui vont s'y installer ainsi que de serres agricoles[32].

Pour les années 2020, les principaux projets de centrale géothermique « haute énergie » sont[33] :

  • un projet de production de vapeur et d'eau chaude en Alsace, portĂ© par le consortium ECOGI ; puissance estimĂ©e : 20-25 MW thermiques ;
  • en Alsace : « Hatten-Rittershoffen » (projet Roquette) portĂ© par Roquette Frères, ÉlectricitĂ© de Strasbourg et la Caisse des dĂ©pĂ´ts et consignations ; « Lauterbourg » portĂ© par ÉlectricitĂ© de Strasbourg et GĂ©opĂ©trol ; « Wissembourg » portĂ© par ÉlectricitĂ© de Strasbourg.
  • dans le Massif Central : « Limagne-Allier » conduit par GĂ©opĂ©trol[34] ; « Chaudes-Aigues-Coren » sur le permis appartenant Ă  Électerre de France[35], une centrale de cogĂ©nĂ©ration Ă  Saint-Pierre-Roche sur le permis de « La Sioule »[36], projet nommĂ© GeoPulse et portĂ© par TLS Geothermics et Storengy[37].
  • en Aquitaine : le site de Lons dans le permis « Pau-Tarbes » portĂ© par Fonroche GĂ©othermie pour ĂŞtre connectĂ© au rĂ©seau de chaleur urbain de l'agglomĂ©ration de Pau[38], abandonnĂ© en 2022 et remplacĂ© par des centrales Ă  biomasse[39] - [40].

Épisodes sismiques sur le site GEOVEN de Reichstett-Vendenheim

Logo GEOVEN

Le site de Reichstett-Vendenheim (Projet GEOVEN) est à l'origine de plusieurs séismes et l'injection dans les puits est suspendue début décembre 2019[41]. De nouveaux séismes ont lieu fin octobre 2020[42], début novembre 2020 et début décembre 2020.

Le 4 décembre 2020 à 6h59, après un séisme de magnitude 3,59, suivi à 11h 10 d’une nouvelle secousse de 2,7, l’entreprise Fonroche reconnaît sa responsabilité et annonce l'arrêt des activités de la centrale de géothermie profonde de Reichstett-Vendenheim[43]. Ce 11e séisme en cinq semaines est attribué comme les autres à « des tests réalisés en automne »[44].

Le 7 décembre 2020, la préfète du Bas-Rhin remarque que « ce projet, implanté dans une zone urbanisée, n’offre plus les garanties de sécurité indispensables » et confirme par arrêté sa « décision d’arrêt définitif des travaux sur le site de Vendenheim dans le cadre d’un protocole sécurisé pour éviter au maximum tout nouveau mouvement sismique »[45].

Installations géothermiques électrogènes

En 2020, la France comptait deux installations géothermiques pour la production d'électricité : à Bouillante, en Guadeloupe, et à Soultz-sous-Forêts[46], en Alsace.

La centrale de Bouillante, non loin du volcan guadeloupĂ©en de la Soufrière, a Ă©tĂ© mise en service en 1984. De premiers forages rĂ©alisĂ©s dans les annĂ©es 1960 avaient rĂ©vĂ©lĂ© la prĂ©sence de tempĂ©ratures d'environ 250 °C[47]. Un premier forage d’une profondeur de 300 mètres sur la base duquel l’installation d’une centrale de MW a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e. Très proches de ce site, trois nouveaux puits de production plus profonds (km en moyenne) ont Ă©tĂ© mis en service en 2001 et une centrale, construite en 2003 (Bouillante 2), a permis de mettre en production, Ă  fin 2004, 11 MW supplĂ©mentaires[48]. En 2020, la centrale produisait une puissance de 15,5 MWe et de 110 GWh, ce qui couvrait environ 6 % des besoins annuels en Ă©lectricitĂ© de l'Ă®le.

À Soultz-sous-Forêts, quatre puits de 3,5 et km ont été forés dans des granites fracturés, captant une ressource à 200 °C[47], cette unité restant « un pilote scientifique […] loin de la rentabilité économique », selon le BRGM[12].

GĂ©othermie profonde pour la production de chaleur

En France, deux bassins sĂ©dimentaires, le Bassin Parisien et le Bassin Aquitain, comportent des aquifères profonds avĂ©rĂ©s, selon le Bureau de recherches gĂ©ologiques et minières (BRGM)[49] - [47]. En ĂŽle-de-France, il s'agit du Dogger, l’un des cinq aquifères du Bassin parisien, situĂ© Ă  1 800 mètres de profondeur. Ces aquifères permettent ainsi le dĂ©veloppement d'installations de gĂ©othermie profonde Ă  basse Ă©nergie pour la production de chaleur et la mise en place de rĂ©seaux de chauffage urbain. Les installations de pompes Ă  chaleur sur nappe continuent Ă  se dĂ©velopper en rĂ©gion parisienne car elles correspondent Ă  des techniques de chauffage et de refroidissement particulièrement bien adaptĂ©es aux secteurs tertiaire et rĂ©sidentiel.

L'ĂŽle-de-France Ă©tait en 2020 la rĂ©gion prĂ©sentant la plus grande densitĂ© d'opĂ©rations de gĂ©othermie profonde au monde[47]. La part de la gĂ©othermie dans la production de chaleur y Ă©tait alors de 64% (plus de 3 TWh/an, soit l'Ă©quivalent de plus de 200 000 logements en 100% Ă©nergie renouvelable)[47] - [50].

Le premier forage réalisé dans le Dogger a lieu à Melun en 1969[50].

La France métropolitaine était en 2008, le troisième pays européen utilisateur de géothermie à fins d’usages directs[48]. Grâce aux efforts de l'AFME (devenue l'Ademe) et du BRGM[51] notamment, la commune de Fresnes exploite la géothermie depuis 1985 pour son chauffage urbain ; c'est aussi le cas de la commune du Blanc-Mesnil en Seine-Saint-Denis. Cinquante mille équivalents logements sont ainsi chauffés en région parisienne[48].

Selon le ministère de l’Écologie (citant EurObserv’ER), la France disposait fin 2008 d'une capacitĂ© thermique en gĂ©othermie de 1 678 MW thermiques et d'une capacitĂ© Ă©lectrique de 16,5 MWe, soit le second parc gĂ©othermique installĂ© en Europe (derrière la Suède, avec 13 700 emplois directs dans le domaine des pompes Ă  chaleur et de la gĂ©othermie, dont 40 % pour la fabrication, 50 % dans la distribution/installation et 10 % dans la conduite ou maintenance, soit 20 % du marchĂ© europĂ©en des pompes Ă  chaleur[48]. Le nombre d'installations y a augmentĂ© de 170 % de 2002 Ă  2008 (passant de 8 000 installations/an Ă  près de 22 000)[48], avant d'ĂŞtre freinĂ© par la crise de 2008[48]. L'efficience Ă©nergĂ©tique de la gĂ©othermie pourrait encore ĂŞtre amĂ©liorĂ©e par des progrès au niveau des Ă©changeurs thermiques souterrains (par exemple plus compacts et plus efficaces, rĂ©sistants Ă  l'entartrage, etc.) pour lesquels le CPER a financĂ© en 2007 en RĂ©gion Centre une plate-forme expĂ©rimentale sur les pompes Ă  chaleur et Ă©changeurs gĂ©othermiques[48] inaugurĂ©e fin 2008[12]. Cette plate-forme travaillera aussi Ă  la certification et jouera un rĂ´le de dĂ©monstrateur et d'appui Ă  la recherche, tout en Ă©valuant in situ « l’impact physique, chimique et biologique sur le sous-sol de son exploitation thermique » et de celui des nappes.

La gĂ©othermie connaĂ®t un vif regain d’intĂ©rĂŞt en 2015. Plusieurs opĂ©rations de forage ont lieu, après trente annĂ©es plutĂ´t calmes dans la rĂ©gion : Ă  Arcueil et Ivry, dans le Val-de-Marne, Ă  Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, Ă  Grigny, dans l’Essonne, et Ă  Rosny-sous-Bois en Seine-Saint-Denis. Le projet des trois communes de Rosny-sous-Bois, Noisy-le-Sec et Montreuil, baptisĂ© YGĂ©o, est pilotĂ© par le Sipperec (Syndicat intercommunal de la pĂ©riphĂ©rie de Paris pour l'Ă©lectricitĂ© et les rĂ©seaux de communication) ; il prĂ©voit de construire une centrale de production gĂ©othermique de 10 MW et de crĂ©er ex nihilo le nouveau rĂ©seau distribuant cette chaleur renouvelable Ă  10 000 Ă©quivalents logements ; la construction des infrastructures a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  Cofely, filiale d’Engie (ex-GDF-Suez), qui gère dĂ©jĂ  dix rĂ©seaux gĂ©othermiques en ĂŽle-de-France et exploitera Ă©galement celui-ci pendant trente ans. L’eau chaude et salĂ©e du Dogger, remontĂ©e aux alentours de 60 °C, fournira plus de 50 % de son Ă©nergie, permettant aux usagers de bĂ©nĂ©ficier d’une TVA Ă  taux rĂ©duit de 5,5 %. En hiver, la centrale gĂ©othermique sera supplĂ©Ă©e par dix chaudières d’appoint au gaz ainsi que des pompes Ă  chaleur[52]. Le rĂ©seau ArgĂ©o d'Arcueil et Gentilly fonctionne depuis ; c'est la première crĂ©ation ex nihilo d’une centrale gĂ©othermique et d’un rĂ©seau associĂ© depuis plus de 30 ans en ĂŽle-de-France. La centrale gĂ©othermique de 16 MW puise de l’eau Ă  64 °C dans le Dogger, Ă  1 600 mètres de profondeur ; après extraction, elle est rĂ©injectĂ©e Ă  38 °C. Le dĂ©bit d’exploitation du doublet gĂ©othermique peut atteindre 320 m3/h. La centrale est couplĂ©e Ă  une pompe Ă  chaleur de 12 MW qui augmente la tempĂ©rature de l’eau avant qu'elle soit envoyĂ©e sur le rĂ©seau de chaleur de 13 km, commun aux deux villes, pour alimenter en chauffage et en eau chaude sanitaire l’équivalent de 10 000 logements. Cette installation est complĂ©tĂ©e par six chaufferies gaz, de 15 MW au total, dĂ©centralisĂ©es sur les nĹ“uds du rĂ©seau, et une chaufferie gaz de 18 MW d’appoint. Au total, 65 % des besoins en Ă©nergie du rĂ©seau sont couverts par la gĂ©othermie. ArgĂ©o fournit 93 000 MWh/an initialement et devrait atteindre 100 000 MWh/an distribuĂ©s en 2017, lorsque tous les raccordements seront finalisĂ©s[53].

Le potentiel du gisement du Dogger Ă©valuĂ© par le schĂ©ma rĂ©gional du climat, de l'air et de l'Ă©nergie (SRCAE) permettrait de couvrir 12 % des consommations d'Ă©nergie en Ile-de-France, soit un million d'Ă©quivalents logements[54]. Selon le Bureau de recherches gĂ©ologiques et minières (BRGM) ; le potentiel gĂ©othermique des 131 communes de la MĂ©tropole du Grand Paris pourrait, en thĂ©orie, couvrir plus de la moitiĂ© de ses besoins en chauffage, eau chaude sanitaire et climatisation, estimĂ©s Ă  50,94 TWh par an[55].

Géothermie très basse énergie

La gĂ©othermie « très basse Ă©nergie » dĂ©veloppe une puissance thermique ne dĂ©passant pas 500 kW, avec des calories captĂ©es Ă  faibles profondeurs (Ă  moins de 200 m) et des tempĂ©ratures gĂ©nĂ©ralement comprises entre 10 et 30 °C[56], c'est-Ă -dire des calories ne provenant pas ou peu des profondeurs terrestres, mais plutĂ´t du soleil et du ruissellement de l'eau de pluie, le sol du terrain jouant le rĂ´le de source chaude du fait de son inertie et de sa mauvaise conductivitĂ© thermique.

RĂ©glementation

La réglementation est cadrée par le règlement d'urbanisme, le code Minier et/ou le code de l'environnement et tend à évoluer dans le cadre de la Transition énergétique.

Elle a rĂ©cemment Ă©voluĂ© avec la rĂ©forme du code minier et la dĂ©marche de simplification administrative (le )[57]. Sa dĂ©finition juridique est « les forages entre 0 et 200 mètres et les puissances thermiques allant jusqu'Ă  500 kW cĂ´tĂ© sous-sol »[57]. En outre, une certification Qualit'EnR RGE GĂ©othermie a Ă©tĂ© mise en place, associĂ©e Ă  une « qualification des bureaux d'Ă©tudes sous-sol et surface pour les Ă©tudes de gĂ©othermie »[57]. L'État a publiĂ© une cartographie nationale dont la prĂ©cision n'est que de 500 Ă— 500 mètres, mais les dĂ©partements pourront demander un relevĂ© plus prĂ©cis, en carrĂ©s de 250 x 250 mètres, voire en 100 x 100 mètres et selon trois profondeurs (10-50 m, 10-100 m ou 10-200 m). En amĂ©liorant cette prĂ©cision certaines zones pourraient changer de statut (Cf. codes couleur prĂ©sentĂ©s ci-dessous)[57].

Cette carte dĂ©finit 3 types zones :

  1. zone verte (à régime de simple télédéclaration[58])[57] ;
  2. zones orange (là, un avis d'expert est demandé, ainsi qu'un rapport identifiant les aléas géologiques, hydrogéologiques ou environnementaux retenus (inondation, pollution, dissolution de gypse, etc.)[57] ;
  3. zones rouge (oĂą une autorisation est obligatoire)[57].

Les modes de calcul basés sur l'énergie primaire sont dans ce cas légèrement défavorable à la géothermie quand elle utilise aussi de l'électricité (pour les PAC), mais quand il s'agit de « géo-cooling » les performances énergétiques sont importantes, et la source gratuite (ce que la RT 2012 ne valorise néanmoins pas particulièrement)[57].

L'arrêté du relatif aux prescriptions générales applicables aux activités géothermiques de minime importance n'autorise plus, implicitement, les sondes verticales à détente directe (paragraphe 4.1.6)[59].

Coûts selon les techniques employées

Une étude publiée en par l'Association française des professionnels de la géothermie (AFPG)[60] évalue le temps de retour sur investissement en France pour les trois principales techniques :

  • gĂ©othermie sur capteurs horizontaux (environ 25 % du marchĂ© gĂ©othermique pour les particuliers), qui nĂ©cessite une emprise au sol importante, de l'ordre de 2 Ă  2,5 fois la surface Ă  chauffer ;
  • gĂ©othermie sur sondes verticales, marchĂ© rĂ©parti entre particuliers et collectif, privilĂ©giĂ© lorsque la surface au sol disponible est restreinte, notamment en milieu urbain ;
  • gĂ©othermie sur aquifère, surtout utilisĂ©e dans le collectif et le tertiaire.

Les résultats font ressortir des temps de retour dissuasifs dans la plupart des cas lorsqu'on ne prend pas en compte les aides fiscales (crédit d'impôt pour le développement durable) et subventions du Fonds chaleur de l'ADEME ; ces aides et subventions abaissent les temps de retour de façon significative, rendant l'investissement attractif dans le cas des capteurs horizontaux pour les particuliers (8 ans), pour les sondes verticales dans le collectif (9 ans) et pour les doublets sur aquifère dans le tertiaire (9 ans, ramenés à 7 ans avec utilisation du rafraîchissement direct ou géocooling).

Ces résultats fondés sur le calcul des économies de gaz naturel sont fortement améliorés lorsque la géothermie se trouve en concurrence avec le propane (zones non desservies en gaz naturel) : le temps de retour pour les particuliers tombe à 4 ans, et même deux ans avec aides ; si l'on introduit une hypothèse de progression rapide des coûts du gaz (+5 % par an), les temps de retour sont abaissés de 1 à 3 ans selon les cas.

Séismes et géothermie

L'injection d'eau sous pression peut déclencher des micro-séismes de magnitude pouvant aller jusqu'à un maximum de 3,59 (voir plus haut, le 4 décembre 2020, la centrale de géothermie profonde de Reichstett-Vendenheim; voir aussi Soultz-sous-Forêts)[61] - [62].

Le phénomène de sismicité induite, bien que connu, n’est pas encore complètement compris physiquement par les scientifiques[63]. Grâce aux études en cours et aux données accumulées par les capteurs, les spécialistes espèrent pouvoir « trouver des voies pour réduire l’impact micro-sismique des projets géothermiques et ainsi gagner une meilleure acceptation de ces projets par les populations »[63].

L'activité micro-sismique est produite dès la montée en pression du fluide de fracturation. Elle varie fortement selon les changements de conditions hydrauliques. Elle s'atténue à l'arrêt des injections, mais se prolonge encore quelques jours après la stimulation par fracturation (« activité rémanente »)[63]. Ces « micro-séismes » sont souvent des très basse énergie, et donc non perceptibles en surface par l'Homme (ils sont peut-être ressentis par des animaux plus sensibles, invertébrés y compris). En effet, l'énergie de ces ondes sismiques s'affaiblit d'autant plus que le forage est profond ou éloigné. Leur magnitude varie de -2 (seuil de détection) à 1,8 (seuil de perceptibilité par l'Homme en surface). À proximité de failles importantes, certains séismes de plus forte magnitude (> 1,8) sont néanmoins occasionnellement ressentis en surface. En condition d'exploitation de géothermie profonde, l'activité sismique induite est normalement trop faible pour pouvoir être ressentie par l'Homme en surface[63].

Politiques publiques

Années 1970 et 1980

En France, où la priorité a été donnée au nucléaire, la société Géochaleur créée par la Délégation aux énergies nouvelles du ministère de l’Industrie en 1978 et de l’UNHLM pour assister les maîtres d’ouvrage en géothermie, a finalement rapidement disparu faute de soutien budgétaire et politique, ainsi que l’IMRG (Institut Mixte de Recherche sur la géothermie) créé plus tard à l’initiative du BRGM et de l’AFME, mais l’obligation d’économie d’énergie qui accompagne la souplesse des échanges de certificats pourrait redonner un intérêt à la Géothermie, considérée comme déjà rentable par la Commission Énergie, présidée par Jean Syrota dans ce pays[64].

Années 2000

NĂ©anmoins pour augmenter leur part d’énergie renouvelable dans leur bouquet Ă©nergĂ©tique, de grandes collectivitĂ©s se rĂ©-intĂ©ressent Ă  la gĂ©othermie, dont l'ĂŽle-de-France qui avec l'Ademe a ouvert en 2009 un nouveau forage (dans la nappe du Dogger (57 °C), Ă  un point situĂ© au nord-est de Paris, près de la porte d’Aubervilliers), qui doit chauffer plus d’un million de mètres carrĂ©s de logements, bureaux et commerces. Cinquante quatre forages avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s dans les annĂ©es 1980, dont 34 Ă©taient encore actifs en 2009. D'autres devraient ĂŞtre creusĂ©s Ă  1 800 mètres. La CPCU et l’Agence nationale de la recherche travaillent Ă  un projet GĂ©ostocal de stockage de l’excĂ©dent Ă©nergĂ©tique estival pour « recharger » la nappe et en faire une rĂ©serve de calories pour l'hiver, avec un rendement espĂ©rĂ© de 80 %[65].

En 2011, l'Ademe, le BRGM, certains conseils régionaux et d'autres acteurs ont mis en ligne un portail[66] avec accès à plusieurs atlas régionaux disponibles, comme outil d'aide et décision pour les élus, citoyens et industriels, maître d'ouvrage ou bureau d'étude, avec des informations sur les aides possibles, les acteurs locaux, des documents thématiques et d'actualité sur la géothermie ; le site offre aussi un Service d'information du gouvernement (SIG) sur le potentiel géothermique des aquifères superficiels, et un Guide technique d'aide à la décision.

Selon une Ă©valuation (2012) faite par l'association française des professionnels de la gĂ©othermie (AFPG), la France pourrait atteindre 1,3 million de tonnes Ă©quivalent pĂ©troles substituĂ©s en 2020, Ă  condition de multiplier par trois les rĂ©seaux de chaleur gĂ©othermique et avec un recours plus significatif Ă  la gĂ©othermie de très basse tempĂ©rature assistĂ©e par pompes Ă  chaleur (PAC)[67]. Et 17 Ă  80 MW d'Ă©lectricitĂ© pourrait ĂŞtre d'origine gĂ©othermique Ă  condition d'exploiter des gisements profonds avec des systèmes plus efficients (de type EGS ; Enhanced Geothermal System) en mĂ©tropole et en outre-mer[68].

La France, avec 4 150 GWh/an selon l'AFPG, surtout en Bretagne, ĂŽle-de-France et Alsace, Ă©tait en 2010 au 5e rang europĂ©en des producteurs de chaleur gĂ©othermique, et dispose d'un bon potentiel non utilisĂ© selon les professionnels[67]. La gĂ©othermie assistĂ©e par pompes Ă  chaleur serait en augmentation de 7 % par an, encouragĂ©e par les investissements pour l'habitat collectif (+10,5 %) qui comble le recul de l'investissement en maisons individuelles (-15 %)[67]. Ainsi, « avec 440 000 tonnes Ă©quivalent pĂ©trole substituĂ©es par an (440 ktep) pour l'annĂ©e 2011, la gĂ©othermie assure 3,4 % de la production française de chaleur d'origine renouvelable » selon l'AFPG[67].

Plan d'action 2023

Le 2 février 2023, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, annonce le lancement d'un plan d'action pour le développement de la géothermie en France. Le gouvernement part du constat qu'en France 50% de la consommation énergétique se fait pour la production de chaleur et que la géothermie ne représente que 1% de cette consommation[69]. Les trois grands types de géothermie sont concernés : basse température pour les particuliers, moyenne température pour les collectivités territoriales, haute température pour des projets de centrale portés par le privé[70].

Un des objectifs du plan est de doubler le nombre d'installation de pompes Ă  chaleur (PAC) gĂ©othermiques Ă  l'horizon 2025[71]. Les installations de PAC gĂ©othermiques connaissent un pic Ă  plus de 8000 par an entre 2012 et 2013, puis dĂ©croissent jusqu'Ă  3000 par an en 2021-2022. Le plan d'action 2023 annonce l'augmentation des aides aux particuliers : alors que jusque-lĂ  les foyers qui dĂ©laissent leur chaudière au fioul ou au gaz au profit d'une pompe Ă  chaleur pouvaient obtenir jusqu'Ă  4 000 € d'aides, selon leurs revenus, ce soutien est portĂ© Ă  5 000 € pour tous les mĂ©nages, sans conditions de revenus ; de plus, cette aide est cumulable avec d'autres dispositifs, comme MaPrimeRĂ©nov, si bien que les foyers les plus modestes peuvent voir leurs frais couverts Ă  hauteur de 90 %[69].

Concernant la géothermie profonde l'objectif est d'augmenter de 40% le parc existant à l'horizon 2030, ce qui correspond à 30 nouveaux projets[71]. Le plan incite à la relance des études géologiques et géophysiques du sous-sol pour la connaissance et la cartographie des ressources géothermiques[71], en s'appuyant notamment sur le BRGM[72]. Un autre volet prévoit une refonte du Fonds de garantie géothermie pour les aquifères profonds et une meilleure sécurisation financière des projets, afin d'attirer d'avantage les investisseurs privés[72]. L'annonce du gouvernement liste les bassins hydrogéologiques favorables au développement de la géothermie profonde en France métropolitaine : bassin aquitain, bassin parisien, Hainaut, fossé rhénan, Limagne, fossé bressan, couloir rhodanien, bassin du Sud-Est[72].

Le plan prévoit également des actions transverses, profitables tant à la géothermie de surface qu'à la géothermie profonde, telles que la simplification de la réglementation[71], la sensibilisation des élus et décideurs[72], ou l'aide (via l'ADEME) à l'installation de la géothermie pour les cultures sous serre[72].

Notes et références

  1. Route des villes d'eaux du Massif central, Inventaire du patrimoine thermal : Chaudes-Aigues, , 48 p. (lire en ligne [PDF]), p. 11
  2. christian.bidault, « Chaudes-Aigues : des eaux chaudes naturelles uniques en Europe… », sur Mag'Centre, (consulté le )
  3. Toute l'information sur l'Ă©nergie de la Terre, sur le site geothermie-perspectives.fr du 24 novembre 2014.
  4. « Inauguration de la centrale de géothermie profonde à Soultz-sous-Forêts », sur France 3 Grand Est (consulté le )
  5. Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais et AFME, ; « Carte d'orientation à l'exploitation de la nappe de la craie pour les pompes à chaleur », Conseil Régional Nord Pas-de-Calais, AFME, rapport référencé 85 SGN 417 NPC, publié en 1985, avec carte à l'échelle 1/250 000 (cette carte est 5 fois moins précise que la carte qui sera faite en 1986 mais couvre une étendue plus vaste).
  6. « Bassin Minier Nord-Pas de Calais, Zones médiane et occidentale : Inventaire pour l'utilisation énergétique de la nappe de la craie » ; Cartographie à l'échelle du 1/50 000 ; Auteurs : Service géologique national/BRGM ; Éditeur : Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais, EDF, AFME (Agence Française pour la Maîtrise de l'Énergie), 24 p. et carte, 1986.
  7. Ministère de l’Écologie (2013), Relance de la géothermie haute température 21 février 2013.
  8. « La géothermie tout simplement », sur le site cfgservices.fr.
  9. « Toute l'information sur l'énergie de la Terre », sur le site du BRGM.
  10. « La géothermie se développe à Bouillante (Guadeloupe) », sur le site enerzine.com.
  11. Ministère de l’Écologie, « Le nouveau Comité national de la géothermie se réunit à Orly », 5 octobre 2010.
  12. BRGM, Inauguration de la plate-forme expérimentale pour les pompes à chaleur géothermiques , Orléans, 2008-12-15, PDF, 27 p.
  13. Communiqué ministériel (2015) Ségolène Royal présente les nouveaux mécanismes de soutien pour la géothermie, la valorisation des déchets ménagers, le biogaz de décharge et de station d’épuration, 22 septembre 2015
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  56. La géothermie très basse énergie Sur le site geothermie-perspectives.fr.
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  72. Ministère de la Transition énergétique, « Géothermie : un plan d'action pour accélérer - Dossier de presse » [PDF], sur ecologie.gouv.fr,

Annexes

Articles connexes

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