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Centrale géothermique de Bouillante

La centrale gĂ©othermique de Bouillante est une centrale Ă©lectrique gĂ©othermique de Guadeloupe situĂ©e dans la commune de Bouillante Ă  l'ouest de Basse-Terre Ă  15 km linĂ©aires du volcan de la Soufrière. Première centrale gĂ©othermique productrice d’électricitĂ© en France, elle est exploitĂ©e par l'entreprise GĂ©othermie–Bouillante, filiale du groupe amĂ©ricain Ormat Technologies (en) qui l'a achetĂ©e au Bureau de recherches gĂ©ologiques et minières (BRGM) et Ă  ÉlectricitĂ© de France (EDF) en 2016.

Centrale géothermique de Bouillante
Vue générale de la centrale de Bouillante.
Administration
Pays
RĂ©gion
Commune
Coordonnées
16° 07′ 38″ N, 61° 46′ 09″ O
Propriétaire
BRGM/EDF puis Ormat Technologies (en)
Mise en service
1986
Statut
en activité
Caractéristiques
Type d'installation
GĂ©othermique
Nombre de puits géothermiques
2
Puissance installée
15 MWe
Localisation sur la carte de la Guadeloupe
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Historique

logo GB
Logo de la centrale

La commune Ă©tait autrefois connue pour ses sources chaudes qui lui avaient valu le nom de « Fontaines-Bouillantes ». La centrale de Bouillante a dĂ©jĂ  une longue histoire qui a dĂ©butĂ© dans les annĂ©es 1960 par la rĂ©alisation de sondages et des forages d'exploration sous l'Ă©gide du Bureau de recherches gĂ©ologiques et minières (BRGM). Quatre forages profonds ont suivi dans les annĂ©es 1970, rĂ©alisĂ©s par la sociĂ©tĂ© Eurafrep. Un seul d’entre eux, de plus de 300 m de profondeur, a permis une extraction de fluide gĂ©othermal en quantitĂ© et qualitĂ© suffisante pour alimenter une turbine.

C’est sur cette base qu’une unité de production d’une capacité de MW a été décidée en 1984 : l’unité de production Bouillante 1. Cette unité a été mise en service en 1986 par EDF qui a arrêté la production à la suite de problèmes techniques en 1993 ; c’est dans ce cadre que cette unité de production a été reprise par le groupe BRGM en 1995, à travers l'entreprise Géothermie–Bouillante, une filiale du BRGM (97,8 %) et d'EDF (2,2 %)[1].

En 2000, des forages exploratoires sont entrepris pour dĂ©velopper la centrale et exploiter au mieux le rĂ©servoir disponible. Quatre forages sont alors rĂ©alisĂ©s entre 2000 et 2001 dont trois se rĂ©vèleront aptes Ă  la production. Entre 2002 et 2004, une nouvelle unitĂ© de surface est construite et sa mise en service est opĂ©rĂ©e dĂ©but 2005 : la deuxième unitĂ© de production, Bouillante 2, porte la puissance totale Ă  15 MW, ce qui reprĂ©sente environ 3 % du parc Ă©lectrique installĂ© de l’île[2].

La sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine Ormat Technologies (en) a signĂ© en un protocole d'accord pour le rachat au BRGM de 85 % de la sociĂ©tĂ© d'exploitation de la centrale gĂ©othermique de Bouillante ; le document fixant les modalitĂ©s du rachat a Ă©tĂ© signĂ© fin : Ormat prend la direction de GB en dĂ©tenant tout d'abord 80 %, puis 85 % des parts au bout de deux ans, grâce au rachat des parts d'EDF et Ă  une augmentation de capital. Ormat est un des leaders mondiaux du secteur, qui fournit de l'Ă©nergie gĂ©othermique dans 23 pays. Ă€ l'horizon 2023, la puissance installĂ©e est appelĂ©e Ă  tripler avec 45 MW[3].

Principes

Champ géothermique de Bouillante

La hausse de la tempĂ©rature liĂ©e Ă  l’augmentation de la profondeur est appelĂ©e « gradient gĂ©othermal ». Celui-ci augmente en moyenne de 3,3 °C par 100 m. Mais le gradient gĂ©othermal peut ĂŞtre beaucoup plus Ă©levĂ© dans certaines configurations gĂ©ologiques, telles que les zones de volcanisme actif[4]. C’est le cas en Guadeloupe oĂą l’activitĂ© volcanique rĂ©cente (moins de 1 million d’annĂ©es) est gĂ©nĂ©ratrice de chaleur en profondeur – tempĂ©rature très Ă©levĂ©es (250 °C) Ă  des profondeurs relativement faibles d'environ 350 m – qui permet de rĂ©chauffer l’eau Ă  haute tempĂ©rature, utilisable pour la production d’électricitĂ©.

Modèle simplifié du champ géothermique de Bouillante
Étapes du processus géothermique à Bouillante.

Géothermie Bouillante : chiffres clés

La capacitĂ© de production Ă©lectrique brute installĂ©e en 2008 est de 15 MWe rĂ©partis entre Bouillante 1 (MWe) et Bouillante 2 (11 MWe).

Cela correspond Ă  une contribution significative Ă  l’autonomie Ă©nergĂ©tique de la Guadeloupe. La gĂ©othermie Ă  Bouillante reprĂ©sente une production Ă©lectrique dĂ©livrĂ©e en 2008 sur le rĂ©seau EDF de 89,3 GWh (95 GWh en 2007) – soit 7 700 TEP (tonnes d'Ă©quivalent pĂ©trole) ou l'Ă©quivalent de la consommation annuelle de 20 000 foyers guadeloupĂ©ens – soit une part d'environ 5 % de la production Ă©lectrique de la Guadeloupe en 2016[5].

La part de la production électrique de Bouillante dans la production mondiale d’électricité à partir de la géothermie est de 1 %.

Besoins en vapeur des deux turbines

Unité 2 de production
Bouillante 15 MW bruts33 t/h de vapeur HP (6 bars-a)

+ 12 t/h de vapeur BP (1,2 bar-a)

Bouillante 211 MW bruts89 t/h de vapeur HP (6 bars-a)
Total16 MW bruts122 t/h de vapeur HP (6 bars-a)

DĂ©bits de production des trois puits producteurs BO-4, BO-5 et BO-6

Entrée de la centrale et les deux unités

Les trois puits producteurs de Bouillante utilisent 122 t/h de vapeur HP ainsi que 455 t/h d’eau sĂ©parĂ©e soit 576 t/h de fluide total. Le dĂ©bit cumulĂ© de fluide annuel en 2005 est de 4,3 millions de tonnes. Le rĂ©servoir de Bouillante se rĂ©gĂ©nère naturellement (grâce aux infiltrations d’eau de mer et d’eau de pluie) Ă  hauteur de 4,9 millions de tonnes par an environ.

Environnement

Une énergie rentable dans les îles volcaniques

En 2006 la société exploitante de la géothermie à Bouillante a obtenu une réévaluation des tarifs d'achat pour couvrir ses frais de production. Le prix de l’électricité résultant, payé par EDF, reste cependant trois fois inférieur au coût de production d’une installation thermique classique fonctionnant en base dans la même zone. C'est pour cette raison que le comité de régulation de l’électricité a statué en 2010 pour soutenir davantage le prix de rachat de l'électricité à travers la Contribution au service public de l'électricité et un abaissement du taux de disponibilité pour le calcul du malus[6].

Une Ă©nergie renouvelable

La géothermie ne participe pas à la dégradation du climat et elle ne nécessite pas de transport ni de stockage de substances polluantes ou dangereuses. 80 % de l’électricité de la Guadeloupe provient de la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole)[7]. Les énergies fossiles émettent énormément de gaz à effet de serre, cause essentielle du réchauffement climatique. Leur coût de revient (extraction, transport, stockage) est également plus élevé pour la collectivité que l’exploitation de la ressource géothermale. En revanche les rejets de sulfure d’hydrogène sont une vraie nuisance pour les riverains et un danger comparable à celui des algues vertes

Ainsi cette énergie à production régulière et disponible en permanence, et non tributaire des conditions climatiques comme le sont l’énergie solaire ou l’énergie éolienne, représente une ressource inépuisable à l’échelle humaine à condition de gérer les réserves disponibles car les forages ont tendance à se refroidir dans le temps. Le taux de disponibilité moyen des centrales géothermiques à travers le monde est de 90 %.

RĂ©injection

Si la rĂ©injection de l’eau gĂ©othermale (eau sĂ©parĂ©e de la vapeur) est bĂ©nĂ©fique pour protĂ©ger l’environnement, elle permet aussi de garantir la pĂ©rennitĂ© de la ressource, en rechargeant le niveau piĂ©zomĂ©trique du rĂ©servoir. La rĂ©injection partielle de l'eau sĂ©parĂ©e dans le rĂ©servoir de Bouillante permet de le sĂ©curiser et de retrouver un dĂ©bit d'exploitation des puits suffisant pour permettre l’exploitation de l'unitĂ© Bouillante 1 sur un moyen terme. Cette unitĂ© a Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©e entre et en raison de la baisse de pression dans le rĂ©servoir. Le principal bĂ©nĂ©fice de la rĂ©injection est un retour Ă  une capacitĂ© de production Ă©lectrique de la centrale optimal. Cette capacitĂ© de production est Ă©valuĂ©e Ă  environ 2 Ă  2,5 MW nets pour l’unitĂ© 1, soit une production annuelle de 15 Ă  20 GWh.

En , les unités 1 et 2 sont à nouveau suspendues par arrêté préfectoral pour des problèmes de « gestion durable et sécuritaire du réservoir géothermique et notamment la maîtrise du risque d’ébullition » en raison de « l’absence de suivi de plusieurs paramètres physiques et environnementaux, ainsi que l’arrêt de la réinjection au sein du réservoir depuis février 2020 »[8].

Nuisances

En , la préfecture de Basse-Terre a suspendu les activités d'exploitation de l'usine en raison de l'apparition d'une cavité importante présentant « des risques induits de nature à porter atteinte à la sécurité des personnes et des biens[9]. »

Projets de développement de la géothermie en Guadeloupe

Les besoins en Ă©lectricitĂ© de la Guadeloupe sont en constante augmentation avec une demande de 100 MWe supplĂ©mentaires en 2012. C’est dans cette perspective que de nombreux projets sont mis en place pour rĂ©pondre Ă  cette nouvelle demande par le biais d’une Ă©nergie propre, la gĂ©othermie.

Bouillante 3

Bouillante 3
Les projets de la centrale

Le projet Bouillante 3 permettrait l’exploitation des potentialités offertes par l’extension du réservoir en bordure nord de la Baie de Bouillante, estimées à plusieurs dizaines de MWe.
Une prochaine phase de forages d’exploration est en préparation et devrait confirmer ce potentiel et commencer la phase de développement avec la construction possible d’une nouvelle unité de production.

Zone retenue

Les différentes études sur le potentiel de Bouillante ont montré que la zone la plus favorable pour ce nouveau projet se situe au nord de la baie de Bouillante : les nombreuses sources thermales (notamment en mer) en sont les signes extérieurs.

Notes et références

Annexes

Liens externes

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