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GĂ©ologie de l'Europe

La géologie de l'Europe est caractérisée par la grande diversité de ses roches et de ses structures, entre des bassins sédimentaires, des chaînes de montagnes récentes, des vestiges d'anciennes chaînes et des zones volcaniques actives. La géodynamique du territoire européen présente une large palette entre des bassins de sédimentation, des zones de marges actives, de marges passives, de points chauds, d'érosion et d'orogenèse.

Carte géologique de l'Europe.

Historiquement, c'est dans les Alpes que le gĂ©ologue autrichien Eduard Suess a dĂ©fini les principes de l'orogenèse Ă  partir de l'observation des vestiges d'un ocĂ©an alpin disparu. De nombreuses pièces du puzzle europĂ©en conservent leurs propriĂ©tĂ©s gĂ©ologiques initiales, les cicatrices des Ă©pisodes de fermeture ocĂ©anique, d'assemblage ou de dislocation sont Ă©galement prĂ©servĂ©es. Le craton est-europĂ©en (en) possède dans la pĂ©ninsule de Kola et en Ukraine, des roches vieilles de 3 300 Ma. L'histoire gĂ©ologique de l'Europe donne ainsi un bon rĂ©sumĂ© de l'histoire de la Terre[1].

Les grands ensembles structuraux

Carte des provinces tectoniques principales de l'Europe. Baltica ; Laurentia ; Avalonia ; hercynien/varisque ; alpin .

Quatre ensembles structuraux peuvent être schématiquement reconnus en Europe :

  • L'Europe prĂ©cambrienne qui correspond essentiellement au craton nord-europĂ©en Ă©difiĂ© Ă  partir du palĂ©ocontinent Baltica. Ce craton archĂ©en qui affleure au nord de la Scandinavie et en Ukraine, est constituĂ© d'une croĂ»te continentale très Ă©paisse, de l'ordre de 55 km, formĂ©e de terrains mĂ©tamorphiques. Il comprend essentiellement le bouclier scandinave[2], le bouclier ukrainien et le craton est-europĂ©en (en) recouvert d'une couverture phanĂ©rozoĂŻque de près de 20 km d'Ă©paisseur de sĂ©diments (dĂ©pĂ´ts marins palĂ©ozoĂŻques, favorisĂ©s par des Ă©pirogenèses puis successions pelliculaires du MĂ©sozoĂŻque : dĂ©pression de la Petchora au nord, plaine germano-polonaise Ă  l'ouest, dĂ©pression prĂ©caspique[3] au sud). Ce noyau prĂ©cambrien est repris dans une succession de trois cycles orogĂ©niques dont il reste quelques tĂ©moins : ceinture orogĂ©nique en Suède septentrionale et Finlande, datant du ProtĂ©rozoĂŻque infĂ©rieur ; ceinture en Scandinavie mĂ©ridionale datant du ProtĂ©rozoĂŻque moyen ; ceinture cadomienne en Europe du nord et au nord du Massif armoricain. Trois autres ceintures orogĂ©niques au PhanĂ©rozoĂŻque (l'Europe calĂ©donienne, varisque et alpine) vont se forment successivement du nord vers le sud[4].
  • L'Europe palĂ©ozoĂŻque :
    • L'Europe calĂ©donienne, qui correspond aux CalĂ©donides ou chaĂ®nes calĂ©doniennes, s'Ă©tend sur une partie de la Scandinavie et la majeure partie de la Grande-Bretagne. ConstituĂ©e entre l'Ordovicien et le DĂ©vonien (500-400 Ma), elle est formĂ©e par la fermeture de l'ocĂ©an IapĂ©tus puis la collision entre la Laurentia et la Baltica pour aboutir Ă  l'Ă©dification de la Laurussia[5].
    • L'Europe hercynienne ou varisque s'Ă©tend, pour l'essentiel, de la bordure occidentale de la plate-forme russe Ă  l'Atlantique. Elle est structurĂ©e au PalĂ©ozoĂŻque supĂ©rieur lors de la mise en place des chaĂ®nes varisques (Variscides) ou hercyniennes (Hercynides)[6]. La formation de l'Oural s'inscrit dans ce contexte par la fermeture de l'ocĂ©an entre l'Europe centrale et la SibĂ©rie[7]. L'extension tardi-hercynienne (Carbonifère-Permien) Ă  l'origine de l'ouverture de l'ocĂ©an nord-Atlantique (prĂ©mices du cycle alpin), individualise une sĂ©rie de bassins d'effondrement formĂ©s par rifting (Mer du Nord[8], bassin Weald-Boulonnais[9]). Ă€ la suite de cette orogenèse, l'ensemble des continents sont soudĂ©s et forment le dernier supercontinent terrestre, la PangĂ©e. Les plissements calĂ©donien et hercynien n'apparaissent aujourd'hui en relief que lĂ  oĂą les pĂ©nĂ©plaines qui les avaient tranchĂ©s ont subi un soulèvement Ă  grand rayon de courbure[10] et une reprise d'Ă©rosion[11] au Tertiaire et au Quaternaire, ces dĂ©formations donnant naissance Ă  des montagnes moyennes dont les parties sommitales aux formes adoucies rendent compte des anciennes surfaces de pĂ©nĂ©planation[12].
  • L'Europe alpine, constituĂ©e par les chaĂ®nes rĂ©centes, rĂ©sulte de la collision de la plaque africaine et eurasiatique, phĂ©nomène qui achève le processus de subduction au cours duquel la TĂ©thys a disparu. La suture ocĂ©anique, vestige de cet ocĂ©an, se retrouve en MĂ©diterranĂ©e orientale sous l'arc calabrais et l'arc hellĂ©nique, associĂ©s au volcanisme de ride (arc Ă©olien et arc des Cyclades). Cette suture ainsi que la ride mĂ©diterranĂ©enne qui correspond au prisme d'accrĂ©tion rĂ©sultant de la convergence progressive entre la marge continentale mĂ©sozoĂŻque africaine et la marge active Ă©gĂ©enne, montrent que la MĂ©diterranĂ©e orientale est une zone de collision inachevĂ©e[13]. Ce domaine est encore en Ă©volution Ă  la suite du dĂ©placement vers le nord de la plaque africaine qui devrait entraĂ®ner une fermeture progressive de la MĂ©diterranĂ©e[14].

Enfin, l'Europe occidentale est traversée par le rift ouest-européen, système de grabens intracontinentaux formés durant le Cénozoïque à l'avant de la front alpin. La formation d'une profonde racine constituée de manteau lithosphérique sous les Alpes est en effet à l'origine d'un rifting de la lithosphère adjacente[15]. Les rééquilibrages isostatiques impliqués par la formation de ce rift expliquent l'ampleur des soulèvements des massifs hercyniens sur ses marges (Vosges, Forêt-Noire).

Processus géologiques

Dislocation de la Pangée (du Trias à aujourd'hui).
Extension maximale des calottes glaciaires du Nord de l'Europe au cours du Vistulien et de son équivalent alpin le Würmien. L'inlandsis eurasiatique (calotte anglo-irlandaise et calotte fennoscandienne dont l'épaisseur était de km au centre[16]) atteint le bassin de Londres et la plaine germano-polonaise. Les glaciers alpins poussent des langues terminales en larges glaciers de piémont jusqu'à Sisteron, la Dombes et le Jura. La steppe à mammouths est au cœur de l'Europe.

L'Europe géologique et morphologique telle que nous la connaissons naît de grands processus géologiques[17] :

  • la dislocation du supercontinent PangĂ©e au dĂ©but du Jurassique (vers 200 Ma) se traduit par l'Ă©cartement des plaques europĂ©ennes et africaines l'une de l'autre et l'ouverture entre elles d'un vaste ocĂ©an, la ThĂ©tys. L'ouverture de la TĂ©thys s'accentue jusqu'au CrĂ©tacĂ©. Ă€ ce moment, le rift nord-atlantique commence Ă  s'ouvrir Ă  son tour, sĂ©parant dĂ©finitivement Écosse, Irlande et Scandinavie de l'AmĂ©rique du Nord. Parallèlement, la plaque ibĂ©rique est Ă  l'origine de l'ouverture du golfe de Gascogne par un pivotement anti-horaire de 35°E, ce qui provoque la formation des PyrĂ©nĂ©es[18].
  • la formation des chaĂ®nes alpines, liĂ©e au dĂ©placement des plaques eurasienne et africaine (sĂ©parĂ©es par le domaine ocĂ©anique de la TĂ©thys alpine), toujours en relation avec l'ouverture de l'ocĂ©an Atlantique, lors de la fragmentation de la PangĂ©e. La convergence de la plaque europĂ©enne Ă  l'ouest et du promontoire apulien de la plaque africaine provoquent la fermeture de la ThĂ©tys par subduction (et obduction) du domaine ocĂ©anique puis la collision des deux plaques. Le flanc nord des chaĂ®nes alpines, des cordillères bĂ©tiques aux Carpates, est dĂ©versĂ© vers l'Europe ; leur flanc sud, de Gibraltar aux Dinarides et Ă  l'arc Ă©gĂ©en, est dĂ©versĂ© vers l'Afrique. Ces chaĂ®nes arquĂ©es associent une zone interne plus Ă©levĂ©e (massifs cristallins anciens et roches très mĂ©tamorphisĂ©es) et une zone externe, moins Ă©levĂ©e, formĂ©e de dĂ©pĂ´ts plissĂ©s de molasses et de flyschs plus tendres[19].
  • la formation de la MĂ©diterranĂ©e, hĂ©ritière de la TĂ©thys. Un Ă©vĂ©nement rĂ©gional, intervenu il y a environ 30 Ma, produit une succession d'Ă©pisodes de rifting qui changent le rĂ©gime compressif en un rĂ©gime extensif avec formation de bassins arrière-arc (bassin carpatique, bassin algĂ©ro-provençal, mer TyrrhĂ©nienne, mer ÉgĂ©e) consĂ©quence du retrait continu d'une subduction. La MĂ©diterranĂ©e va isoler l'Europe de l'Afrique Ă  l'Éocène, puis se refermer en partie avant de se rouvrir très tardivement au Plio-quaternaire Ă  la suite de la fracturation du dĂ©troit de Gibraltar[20].
  • Les glaciations quaternaires ont laissĂ© des marques profondes sur le continent europĂ©en[21], notamment lors de l'extension maximale de l'inlandsis scandinave Vistulien et de son Ă©quivalent alpin le WĂĽrmien (il y a 20 000 ans, le climat Ă©tait de 4 Ă  7° plus froid que le climat actuel, le niveau des ocĂ©ans Ă©tant Ă  cette Ă©poque environ 120 m plus bas qu’actuellement[22] et les premières plages Ă  plus de 50 km)[23]. Au sud de la Scandinavie, une zone de topographie incertaine, issue de la fonte tardive de culots de glaces mortes, de barrages d'alluvions sous-glaciaires, de moraines, gĂ©nère de mauvais drainages et la multiplication des lacs et des Ă©tangs ; au niveau des fronts glaciaires, la zone des sables et des graviers, Ă©pandages fluvio-glaciaires, et des moraines parallèles, sĂ©parent de grandes vallĂ©es proglaciaires correspondant aux Ă©coulements vers la mer du Nord des eaux de fonte ; en avant du front glaciaire (200 ou 300 km), la zone des lĹ“ss, limons nivĂ©o-Ă©oliens fertiles repris de la moraine frontale et des zones d'Ă©pandage proglaciaires, correspond Ă  une bande ouest-est, au pied septentrional des massifs hercyniens de l'Europe moyenne (Picardie, Brabant, Hesbaye, Westphalie, Basse-Saxe, SilĂ©sie, Ukraine). « Un axe majeur de la circulation mĂ©diĂ©vale et de l'urbanisation en Europe mĂ©diane parcourra cette bande est-ouest de parcours aisĂ©, sur des bas plateaux fertiles, au pied des ressources minĂ©rales et de la mĂ©tallurgie forestière des vallĂ©es descendant des massifs hercyniens… Cette route sera, avec la voie maritime de la Baltique, un des deux axes de la poussĂ©e germanique vers l'est Ă  partir de la seconde moitiĂ© du Moyen Ă‚ge[24] Â».

Notes et références

  1. Géologie de l’Europe, Encyclopaedia Universalis, (lire en ligne), p. 5.
  2. Le bouclier des Hébrides est un fragment du craton nord-atlantique sur la marge NW de l'Écosse. Il est rattaché à la Laurentia.
  3. DĂ©pression Ă  l'ouest de la mer Caspienne.
  4. Serge Elmi, Claude Babin, Histoire de la Terre, Dunod, (lire en ligne), p. 52.
  5. (en) F. Corfu, D. Gasser, D. M. Chew, New Perspectives on the Caledonides of Scandinavia and Related Areas, Geological Society of London, (lire en ligne), p. 632.
  6. Serge Elmi, op. cit., p. 53
  7. La subduction a lieu au Carbonifère et la collision entre la Laurussia et la plaque asiatique se déroule au Permien
  8. (en) Peter Ziegler, « North Sea rift system », Tectonophysics, vol. 208,‎ , p. 55-75.
  9. (en) J.L. Mansy, G.M. Manby, O. Averbuch, M. Everaerts, Françoise Bergerat, B. Van Vliet-Lanoe, J. Lamarche, S. Vandycke, « Dynamics and inversion of the Mesozoic Basin of the Weald-Boulonnais area : role of basement reactivation », Tectonophysics, vol. 208, no 373,‎ , p. 161-179.
  10. Le soulèvement vigoureux des massifs calédoniens dans le Nord des îles britanniques et sur la côte norvégienne (amplifié par le rebond post-glaciaire) s'est accompagné de cassures, de failles et d'un basculement face à l'ouest, d'où les fjords norvégiens, certains firths ou lochs. Ces soulèvements peuvent s'accompagner de cassures, qui génèrent parfois du thermalisme actif et quelques phénomènes volcaniques tertiaires ou même subactuels (Chaussée des Géants, Monts d'Auvergne, graben de l'Eger, Eifel). Les bassins de l'Europe moyenne sont caractérisés par des formations sédimentaires non ou peu plissées, posthercyniennes, en couches horizontales ou subhorizontales, se traduisant par une alternance de niveaux durs (du type grès, calcaires) et tendres (du type sables, argiles) dans des plaines et bas plateaux.
  11. Lors des périodes périglaciaires, une reprise d'érosion dégage les couvertures sédimentaires secondaires et tertiaires.
  12. Christian Vandermotten, Bernard Dézert, L'identité de l'Europe: histoire et géographie d'une quête d'unité, Albin Colin, (lire en ligne), p. 35.
  13. Caroline Huguen et Jean Mascle, « La ride méditerranéenne (Méditerranée orientale) : apports de la cartographie multifaisceaux à l’analyse morphologique d’un prisme en accrétion-collision », Géomorphologie : relief, processus, environnement, vol. 11, no 2,‎ , p. 91-104 (DOI 10.4000/geomorphologie.267).
  14. Christian Vandermotten, op. cit., p. 48
  15. Olivier Merle, Laurent Michon, « Le rift et le volcanisme du Massif Central, un modèle géodynamique globale », sur [planet-terre.ens-lyon.fr], .
  16. Pierre Pagé, Les grandes glaciations: l'histoire et la stratigraphie des glaciations continentales dans l'hémisphère Nord, Guérin, , p. 171.
  17. Christiane Villain-Gandossi, L'Europe à la recherche de son identité, Comité des travaux historiques et scientifiques, , p. 24.
  18. (en) S. P. Srivastava, H. Schouten, W. R. Roest, K. D. Flitgord, L. C. Kovacs, J. Verhoef et R. Macnab, « Iberian plate kinematics: a jumping plate boundary between Eurasia and Africa », Nature, no 344,‎ , p. 756-759 (DOI 10.1038/344756a0).
  19. Christian Vandermotten, op. cit., p. 49
  20. (en) Bernard Durand et al., « The Mediterranean Basins: tertiary extension within the Alpine Orogen », Geological Society, vol. 156,‎ , p. 269-294.
  21. Elles ont également eu des conséquences sur le peuplement. Les hommes du Paléolithique supérieur à cette époque se replient sur les régions périméditerranéennes et y chassent les grands mammifères de climat froid : rennes, aurochs, chevaux, rhinocéros laineux, mammouths, bisons, antilopes saïga, ours.
  22. Position de la ligne de rivage et reconstiuttion des biomes il y a 20 000 ans, tirĂ© de laterredufutur.com
  23. (en) IPCC : Climate Change 2007 The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Fourth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change S. Solomon, D. Qin, M. Manning, Z. Chen, M. Marquis, K.B. Averyt, M.Tignor & H.L. Miller (eds.), Cambridge University Press, 2007
  24. Christian Vandermotten, op. cit., p. 41

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Derek Victor Ager, The geology of Europe, McGraw-Hill, , 535 p.

Articles connexes

Liens externes

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