Accueil🇫🇷Chercher

François Franque

François II Franque est un architecte français né à Avignon (actuel département de Vaucluse) le [1] et mort à Paris le [2]. Issu d'une dynastie d'architectes provençaux, il s'établit à Paris après 1748. Il eut une importante clientèle et construisit dans toute la France.

François II Franque
Présentation
Naissance
Avignon (Vaucluse)
DĂ©cès (Ă  83 ans)
Paris
Nationalité Drapeau du royaume de France Royaume de France
Mouvement architecture classique
Activités architecte du roi, contrôleur général de l'hôtel royal des Invalides
Élèves Joseph Bénard
Ĺ’uvre
RĂ©alisations Logis abbatial de Villers-CotterĂŞts
Château de Magnanville (1750-1753)
Château de Bry (1764-1766)
Distinctions Académie royale d'architecture (1767)
Entourage familial
Père Jean-Baptiste Franque
Famille Jean-Pierre Franque (frère)
Esprit-Joseph Brun (beau-frère)

Biographie

Jeunesse et formation

François II Franque, fils de l'architecte Jean-Baptiste Franque (1683-1758), était issu d'une famille de constructeurs avignonnais réputés pour leur talent d'appareilleurs, dont des voûtes célèbres peuvent être admirées à Beaucaire, Villeneuve-lès-Avignon et Valbonne.

Il fut admis comme élève à l'Académie de France à Rome en 1733, où il fut le camarade de Jacques-Germain Soufflot et s'associa à son relevé de la basilique Saint-Pierre. Son ami le peintre Claude Joseph Vernet, comme lui originaire d'Avignon, le rejoignit à Rome. Fort de sa position familiale, il savait que des travaux importants l'attendaient à son retour en Provence et il envisageait l'avenir avec optimisme. [...] Son insouciance étonnait le directeur de l'Académie[Note 1] qui écrivait au directeur des Bâtiments : « C'est un architecte de province qui dessine passablement, avec un génie très modéré. Je ne pense pas qu'il puisse faire carrière à Paris. »[3]

Carrière architecturale

Jusque vers le milieu du XVIIIe siècle, l'œuvre de François II est souvent difficile à distinguer de celle de son père. Les relations épiscopales et monastiques familiales lui procurèrent des chantiers dans toute la France. Candidat à la première classe de l'Académie en 1767, il dressa à l'intention du marquis de Marigny une liste de 95 projets dont 80 réalisations dans laquelle il récupéra l'œuvre familiale depuis la date de son retour de Rome[4].

Dans le sud de la France, son intervention est signalée à Avignon, Alès, Beaucaire, Viviers, Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, Carcassonne, souvent aux côtés de son père ou à la suite de celui-ci.

En Bourgogne, « son influence a balancé un moment celle des Caristie » à Autun[5] et il a travaillé à l'abbaye de Vauluisant près de Sens et au château de Sully en Saône-et-Loire.

En Picardie, il travailla au Prieuré Saint-Pierre-et-Saint-Paul d'Abbeville, à l'abbaye de Corbie et chez les Prémontrés de Villers-Cotterêts.

Autour de Paris, il continua l'œuvre de Robert de Cotte à l'abbaye de Saint-Denis, il reconstruisit le château de Bry (1764-1766) pour le contrôleur général des finances Étienne de Silhouette ; cette construction peut donner une idée de son chef-d'œuvre, démoli au début du XIXe siècle, le château de Magnanville construit de 1750 à 1753 pour le garde du Trésor royal Charles Savalette.

Son intervention est mentionnée à Bourges et chez les Bénédictins de Saint-Jean-d'Angély en Saintonge,

Un architecte reconnu

Franque était passé maître dans l'art de tirer parti d'un terrain aux contours irréguliers en distribuant des suites où les espaces s'articulent de manière pittoresque et imprévue grâce au bon usage de la technique des rotules, perfectionnée pendant plusieurs siècles par l'école française, reposant sur l'utilisation de pièces circulaires.

Après la paix de 1748, Franque s'établit comme architecte à Paris où il bénéficia de l'appui de son confrère Jean-Sylvain Cartaud. Il fut admis dans la seconde classe de l'Académie royale d'architecture en 1758 et devint contrôleur général de l'hôtel royal des Invalides. En 1767, il postula pour la première classe de l'Académie. Dans le Midi, son beau-frère, l'architecte Esprit-Joseph Brun (1710-1802), prit sa relève[6].

Franque avait 80 ans lorsque la Révolution éclata et il était l'un des doyens de l'Académie royale, « qui achevait de se réunir, alors qu'elle se savait condamnée et attendait sa dissolution. Pour tromper l'inquiétude générale, Franque apportait à chaque séance un portefeuille et commentait à ses confrères les projets de son œuvre immense. »[6]

RĂ©alisations et principaux projets

Architecture religieuse et monastique

  • Église Notre-Dame des Pommiers, Beaucaire (Gard) : François II Franque s'est attribuĂ© la construction de cette Ă©glise, « dont la façade est une des plus rĂ©ussies de l'art classique »[3], mais qui est plus souvent donnĂ©e Ă  son père Jean-Baptiste Franque.
Palais épiscopal de Viviers (Ardèche).
  • Palais Ă©piscopal (actuelle mairie), Viviers-sur-RhĂ´ne (Ardèche) : La construction fut menĂ©e de 1732 Ă  1737 par Jean-Baptiste Franque pour Mgr François-Renaud de Villeneuve, Ă©vĂŞque de Viviers[7]. L'intervention de François II est mentionnĂ©e par Michel Gallet[8], peut-ĂŞtre sur d'autres bâtiments. Construit entre cour et jardin, il comporte une grande cour d'honneur de plan ovale. Ă€ l'intĂ©rieur, un salon Ă  l'italienne, ouvert sur deux Ă©tages, est dĂ©corĂ© de peintures murales en camaĂŻeu de gris-vert. Ă€ la suite d'un Ă©change avec l'Ă©vĂŞchĂ©, l'Ă©difice sert d'hĂ´tel de ville depuis 1986.
  • Chapelle du collège de l'Arc, Dole (Jura), 1742 : transformation de la chapelle et construction du retable associant marbres de Sampans et Damparis et, peut-ĂŞtre, Audelange[10].
  • SĂ©minaire Saint-Charles (actuel service d'archĂ©ologie du dĂ©partement de Vaucluse), no 4 rue Saint-Charles, Avignon (Vaucluse), 1749-1757 : Franque y collabora d'abord avec son père, puis il construisit la chapelle, le cloĂ®tre et la façade sur la rue[12].
  • Palais Ă©piscopal (actuelle prĂ©fecture), Carcassonne (Aude), 1760 : Construit pour Mgr de Bezons, Ă©vĂŞque de Carcassonne, il se compose de trois corps de logis de style Louis XV encadrant une cour fermĂ©e. Ă€ l'est, la façade est agrĂ©mentĂ©e d'une terrasse d'oĂą la vue sur le parc se prolongeait jusqu'au fossĂ© et au mur d'enceinte de l'ancienne bastide aujourd'hui dĂ©truit[14].
Logis abbatial de Villers-CotterĂŞts.
  • Logis abbatial (actuelle mairie), Villers-CotterĂŞts (Aisne), 1763[Note 2] : Construit pour l'abbĂ© prĂ©montrĂ© Pierre Richard, Ă©lu en 1758, remarquable par l'ingĂ©niositĂ© avec laquelle l'architecte a tirĂ© parti d'un terrain exigu, aux contours irrĂ©guliers, en intĂ©grant des constructions existantes dans un nouvel ensemble. Ce bâtiment est reproduit dans le Cours de Blondel qui y voit « un exemple de ce que peuvent le gĂ©nie et l'expĂ©rience »[15]. La construction coĂ»ta 60 000 livres. L'hĂ´tel est bien prĂ©servĂ©. Franque a crĂ©Ă© une façade cintrĂ©e en fond de cour et Ă©vasĂ© les ailes en retour. La façade principale est dotĂ©e d'un avant-corps ornĂ© de refends et sommĂ© d'un fronton triangulaire. Un perron de cinq marches donne accès Ă  un vestibule voĂ»tĂ© prĂ©cĂ©dant l'escalier qui a conservĂ© une remarquable rampe en fer forgĂ© desservant l’étage oĂą se trouvent trois appartements. Ă€ gauche, on trouvait la salle Ă  manger, et Ă  droite, un salon de compagnie de 8,45 Ă— 8,10 m, Ă  pans coupĂ©s, qui a conservĂ© de beaux dessus-de-porte peints encadrĂ©s de moulures dorĂ©es de style rocaille, notamment une scène de naufrage. Cette salle commandait sur la gauche un petit appartement pour un hĂ´te de qualitĂ©, et Ă  droite un appartement complet destinĂ© Ă  l'abbĂ©. Ce dernier disposait notamment d'une vaste bibliothèque de 11,90 x 3,80 m. Les deux ailes plantĂ©es de biais qui encadrent la cour d'honneur ne comportent qu'un rez-de-chaussĂ©e. Toutes les fenĂŞtres sont en arc segmentaire[16].
Porte d'honneur de l'Abbaye de Corbie.
  • PrieurĂ© Saint-Pierre-et-Saint-Paul, Abbeville (Somme) : Les bâtiments rĂ©guliers mĂ©diĂ©vaux, en grande partie ruinĂ©s, furent totalement dĂ©truits en 1770 et remplacĂ©s par un ensemble (hĂ´tel prioral et Ă©glise) Ă©levĂ© selon les plans de François II Franque de 1773 Ă  1777. Le corps de logis est en brique et pierre. L'Ă©glise est très dĂ©pouillĂ©e extĂ©rieurement, mais richement dĂ©corĂ©e Ă  l'intĂ©rieur avec une voĂ»te Ă  caissons construite de 1774 Ă  1777[18].
  • Palais abbatial (actuel hĂ´tel de ville), LĂ©zat-sur-Lèze (Ariège), 1774 : Les bâtiments monacaux bĂ©nĂ©dictins furent reconstruits et le palais abbatial fut Ă©difiĂ© par Franque[19].

Architecture civile

HĂ´tel Desmarets de Montdevergues, Avignon.
Façade nord et gradins du château de Sully.

Projets non réalisés

  • HĂ´tel de Villefranche, Avignon (Vaucluse) : ProjetĂ© pour un beau-frère du marquis de Sade et gravĂ© parmi les planches de l’EncyclopĂ©die, assorti d'un commentaire Ă©logieux de Blondel. Ce bâtiment est remarquable par l'ingĂ©niositĂ© avec laquelle l'architecte a tirĂ© parti d'un terrain aux contours irrĂ©guliers : la ville d'Avignon racheta le vieil hĂ´tel et fit construire Ă  la place ses nouvelles boucheries et poissonneries, dont le dessin Ă©tait dĂ» Ă  Jean-Baptiste Franque.
Abbaye de Penthemont. Projet de Franque. Elévation sur la rue de Grenelle.

Iconographie

Galerie d'images

Notes et références

Notes

  1. le peintre Nicolas Vleughels (1668-1737)
  2. 1765 selon Blondel

Références

  1. François II Franque sur Structurae. 1709 selon Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 209
  2. François II Franque sur Structurae. 1794 selon Michel Gallet, Op. cit., p. 209
  3. Michel Gallet, Op. cit., p. 209
  4. Arch. nat., O1 1073 179
  5. Michel Gallet, Op. cit., p. 210
  6. Michel Gallet, Op. cit., p. 211
  7. HĂ´tel de ville (Viviers) sur Structurae.
  8. Op. cit., p. 210
  9. Michel Gallet, Op. cit., p. 210 ; V. « Les Tours », sur www.valsdesaintonge.fr (consulté le )
  10. Laurent Poupard, « Marbres et marbreries du Jura », sur www.futura-sciences.co, (consulté le ) ; Jean-Pierre Jacquemart, Architectures comtoises de la Renaissance : 1525-1636, Besançon, Presses universitaires de France-Comté, , 318 p. (ISBN 978-2-84867-163-5, lire en ligne), p. 227
  11. Michel Gallet, Op. cit., p. 210 ; Notice no PA00096947, base Mérimée, ministère français de la Culture
  12. « Le service d'archéologie du Conseil général », sur www.vaucluse.fr (consulté le ) ; Chapelle Saint-Charles-de-la-Croix sur Structurae.
  13. Sources : « Un peu d'histoire », sur www.st-maximin.fr, Ville de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (consulté le ) ; Hôtel de ville de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume sur Structurae.
  14. « La Préfecture de l'Aude », sur www.aude.pref.gouv.fr, Préfecture de l'Aude (consulté le )
  15. Blondel, Cours d'architecture, tome IV, pp. 357-360 et 367-382
  16. Philippe Bonnet, Les constructions de l'ordre de Prémontré en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Genève, Droz, (lire en ligne), p. 218 ; « A la découverte de Villers-Cotterêts », sur www.mairie-villerscotterets.fr, Ville de Villers-Cotterêts (consulté le ) ; Notice no PA00125660, base Mérimée, ministère français de la Culture
  17. « La Maison d'éducation de la Légion d’Honneur », sur www.ville-saint-denis.fr (consulté le )
  18. Notice no PA80000005, base Mérimée, ministère français de la Culture
  19. Notice no PA00093805, base Mérimée, ministère français de la Culture
  20. « Passage couvert à Autun », sur www.petit-patrimoine.com (consulté le )
  21. François Chassenet (beau-frère de François II), Le Fléau Aquatique, Avignon 1756. « De la place de l’Horloge à la maison Jean Vilar », sur www.avignon.fr (consulté le ) ; Hôtel Desmarets de Montdevergues sur Structurae.
  22. « Franque, François », sur http://www.hls-dhs-dss.ch, (consulté le )
  23. Monique Fontannaz, « Histoire architecturale du château d’Hauteville », Revue suisse d’art et d’archéologie, vol. 74, nos 2017/3-4,‎ , p. 179-199 (ISSN 0044-3476).
  24. Michel Gallet, Op. cit., p. 210. V. « Le château de Rennaz », sur www.swisscastles.ch (consulté le ). Monique Fontannaz, "Franque, François", dans Dictionnaire historique de la Suisse (consulté le 14 septembre 2016).
  25. Monique Fontannaz, « Franque, François », sur HLS-DHS-DSS.CH (consulté le )
  26. Michel Gallet, Op. cit., p. 210. V. « Château de Bry », sur fr.topic-topos.com (consulté le ) ; Notice no IA00049916, base Mérimée, ministère français de la Culture ; M.-A. Férault, « Une œuvre inconnue de François II Franque, le château de Bry-sur-Marne », Congrès archéologique de France, vol. 149, no 3,‎ , p. 299-330
  27. Op. cit., p. 210. V. Paul-Jean Roux, La Cathédrale Saint-Jean d'Alès, Avignon, Aubanel aîné, , 223 p.
  28. François Pugnière, « Une reconstruction lente et difficile, la cathédrale d'Alès aux XVIIe et XVIIIe siècles », Congrès archéologique de France, vol. 157,‎ , p. 88-99. Curieusement, l'intervention de Franque pourtant bien documentée, est restée ignorée de l'auteur.
  29. Bernard Sournia, Ghislaine Fabre et Marie-Sylvie Grandjouan, Projets et dessins pour la place royale du Peyrou à Montpellier, Montpellier, Inventaire général des monuments et richesses de la France, , 81 p.
  30. Procés-verbaux de l'Académie Royale d'Architecture, publiés par H. Lemonnier, T. VII, p. 204 à 233. - 6 et 23 décembre 1765 : « Notre façon de penser et celle que nous estimons que la Compagnie doit suivre dans ses décisions ne nous permettent pas de lui dissimuler le doute où nous sommes qu'un membre de l'Académie, qui de plus a été nommé l'un des commissaires pour l'examen des anciens projets, ait dû se charger d'en faire un nouveau. Nous pensons que ce procédé pourroit altérer la confiance que l'Académie s'est si dignement acquise par ses avis désintéressés de la part de ses membres sur les consultations de cette nature qui lui ont été faites. »
  31. Jean-Jacques Gloton, Renaissance et baroque à Aix-en-Provence : recherches sur la culture architecturale dans le Midi de la France, de la fin du XVe au début du XVIIIe siècle, Rome, École française de Rome, , XXIX-473 p.

Annexes

Bibliographie

  • H. Chobaut, « Études biographiques sur les Franque et les Brun, architectes », MĂ©moires de l'AcadĂ©mie de Vaucluse,‎ , p. 125-146 (ISSN 1149-7130, lire en ligne)
  • Émile Bonnel, « La chapelle Saint-Charles Ă  Avignon », dans Congrès archĂ©ologique de France. Avignon et le Comtat Venaissin. 121e session. 1963, SociĂ©tĂ© française d'archĂ©ologie, Paris, 1963, p. 110-118 (On trouve en appendice la lettre de François Fanque Ă  l'AcadĂ©mie royale d'architecture dans laquelle il donne la liste de tous les bâtiments qu'il a projetĂ©s et construits jusqu'en 1767, soit 95 Ă©difices projetĂ©s et 80 rĂ©alisĂ©s, p. 115-118).
  • Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle : Dictionnaire biographique et critique, Paris, Éditions Mengès, , 494 p. (ISBN 2-85620-370-1).
  • BĂ©atrice Vire-Gaillard, Les Franque. Une dynastie d'architectes avignonnais au XVIIIe siècle, Thèse Paris IV-Sorbonne 2011, 3 vol.

Liens externes


Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.