ForĂȘt de Montmorency
La forĂȘt de Montmorency est un massif forestier de 2 200 ha dont 1 972 ha de forĂȘt domaniale, situĂ© dans le dĂ©partement français du Val-d'Oise, en Ăle-de-France. Elle forme avec les forĂȘts de L'Isle-Adam et de Carnelle, au nord, l'un des trois principaux massifs forestiers domaniaux du Val-d'Oise. SituĂ©e sur un ensemble de collines, elle domine Paris situĂ© Ă quinze kilomĂštres au sud. Le massif est pĂ©ri-urbain tant par sa position gĂ©ographique que dans son rĂŽle social : il est le cinquiĂšme plus frĂ©quentĂ© de la rĂ©gion Ăle-de-France avec quatre Ă cinq millions de visiteurs par an[5].
ForĂȘt de Montmorency | |||
Le chĂąteau de la Chasse, au cĆur du massif. | |||
Localisation | |||
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CoordonnĂ©es | 49° 01âČ 48âł nord, 2° 17âČ 33âł est[1] | ||
Pays | France | ||
RĂ©gion | Ăle-de-France | ||
DĂ©partement | Val-d'Oise | ||
GĂ©ographie | |||
Superficie | 2 200 ha | ||
Altitude · Maximale · Minimale |
192 m 96 m |
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Compléments | |||
Protection | ZNIEFF de type 1 et 2 et site inscrit[4] | ||
Statut | ForĂȘt domaniale | ||
Administration | Office national des forĂȘts | ||
Essences | ChĂątaignier | ||
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Ăle-de-France
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GĂ©ographie physique
La forĂȘt situĂ©e entre la vallĂ©e de Montmorency et la plaine de France est profondĂ©ment vallonnĂ©e et possĂšde des bas-fonds trĂšs humides. SituĂ©e sur une vaste butte-tĂ©moin de douze kilomĂštres de long et quatre kilomĂštres de large, elle est composĂ©e de trois collines atteignant 192 m d'altitude (prĂšs de la butte sableuse des Pins BrĂ»lĂ©s). Plusieurs ruisseaux s'en Ă©chappent pour former le ru d'Enghien qui alimente les Ă©tangs Ă proximitĂ© du chĂąteau de la Chasse et le lac d'Enghien, ainsi que l'Oise. CernĂ©e par l'urbanisation de l'agglomĂ©ration parisienne, elle ne possĂšde plus que 4 km de lisiĂšre naturelle sur sa limite septentrionale en contact avec l'espace rural.
GĂ©ographie administrative
La forĂȘt de Montmorency s'Ă©tend sur treize communes du Val-d'Oise :
GĂ©ologie
En surface, la butte-tĂ©moin est couverte de pierre meuliĂšre. En profondeur, se trouve la plus grande rĂ©serve de gypse d'Europe. Celle-ci est actuellement exploitĂ©e en souterrain par Lafarge et Placoplatre (Ex SAMC, SociĂ©tĂ© anonyme de matĂ©riel de construction) et constitue la plus importante carriĂšre souterraine de France, avec un million de tonnes exploitĂ©es par an[6]. Cette exploitation ne va pas sans danger, ni sans contestation de la part d'associations environnementalistes[7], Ă cause des risques liĂ©s d'effondrements en surface. On estimait en 2005 Ă plus de dix millions de mĂštres cubes le volume de galeries exploitĂ©es Ă remblayer sous la forĂȘt[8]. Le Val-d'Oise est en effet le premier dĂ©partement producteur de gypse avec 50 % de la production nationale française[9].
La SAMC a dĂ» procĂ©der Ă la construction d'un accĂšs souterrain Ă grand gabarit Ă partir de la Francilienne Ă Baillet-en-France, qui en fait le plus long tunnel routier privĂ© de France[10]. La base aĂ©rienne et Centre de conduite des opĂ©rations aĂ©riennes (CCOA), QG des Forces aĂ©riennes stratĂ©giques (FAS) de la dissuasion nuclĂ©aire aĂ©rienne française, est installĂ© sous la forĂȘt Ă Taverny depuis 1957 dans d'anciennes carriĂšres de gypse.
Histoire
La forĂȘt recĂšle plusieurs sites attestant une occupation durant la prĂ©histoire[11].
Alors que la plupart des forĂȘts d'Ăle-de-France Ă©taient constituĂ©es de chĂȘnes Ă la fin du Moyen Ăge, la forĂȘt de Montmorency fut, elle, plantĂ©e de chĂątaigniers nĂ©cessaires Ă la confection d'Ă©chalas pour les nombreux vignobles des environs (le chĂątaignier fournit un bois quasi-imputrescible, idĂ©al pour cet usage).
Le bois Ă©tait Ă©galement utilisĂ© pour le chauffage ou encore la confection de cerclages de tonneaux. Au dĂ©but du XXe siĂšcle, des forestiers vivaient encore avec leurs familles dans des huttes amĂ©nagĂ©es. La forĂȘt est restĂ©e entiĂšrement privĂ©e jusqu'en 1933, et morcelĂ©e entre diverses propriĂ©tĂ©s de dimensions trĂšs variables. Elle est devenue presque entiĂšrement forĂȘt domaniale en 1980.
Jean Jacques Rousseau la frĂ©quenta assidĂ»ment de 1756 Ă 1762, tel qu'il l'indique dans le livre 9 des Confessions : "... et je comptais bien que la forĂȘt de Montmorency qui Ă©tait presque Ă ma porte, serait dĂ©sormais mon cabinet de travail."
La forĂȘt de Montmorency reçoit entre 3,7 et 6,0 millions de visiteurs annuels (chiffres 1998-99), ce qui la place au cinquiĂšme rang des forĂȘts d'Ăle-de-France en termes de frĂ©quentation[12].
Faune et flore
Flore
ComposĂ©e Ă 90 % de taillis de chĂątaigniers, plantĂ©s massivement au cours du XVIIIe siĂšcle, surexploitĂ©e durant le XXe siĂšcle, la forĂȘt n'a Ă©tĂ© acquise par l'Ătat qu'entre 1970 et 1980. Au vu du vieillissement gĂ©nĂ©ral des peuplements, elle fait depuis cette date l'objet d'un vaste programme de rĂ©amĂ©nagement Ă trĂšs long terme (180 ans) par l'Office national des forĂȘts (ONF) afin de crĂ©er une futaie plus propice Ă la promenade, et d'amĂ©liorer l'accueil d'un public trĂšs nombreux. Elle constitue en effet le premier massif boisĂ© d'importance au nord de Paris.
On y retrouve les principales essences prĂ©sentes en Ăle-de-France : le chĂątaignier (90 %), le chĂȘne, le hĂȘtre, le bouleau, le pin sylvestre et quelques autres rĂ©sineux. Des essences spĂ©cifiques Ă certains milieux ont Ă©galement Ă©tĂ© plantĂ©es par l'ONF : le merisier ou encore l'Ă©rable sycomore dans les bas-fonds humides. La forĂȘt abrite Ă©galement l'osmonde royale, fougĂšre protĂ©gĂ©e pour sa raretĂ©.
La forĂȘt abrite de nombreux milieux humides. La tourbiĂšre de la Cailleuse a fait l'objet d'un inventaire Ă©cologique rĂ©vĂ©lant de nombreuses espĂšces de colĂ©optĂšres et lĂ©pidoptĂšres remarquables, ce qui a entraĂźnĂ© sa prĂ©servation.
L'ONF procĂšde au renouvellement progressif des peuplements par l'utilisation d'une technique sylvicole de rĂ©gĂ©nĂ©ration respectant les classes d'Ăąge. elle permet de maintenir un Ă©quilibre entre arbres jeunes et ĂągĂ©s. Les chĂątaigniers, surreprĂ©sentĂ©s et avec une durĂ©e de vie moyenne de soixante-dix ans, sont en partie remplacĂ©s par des chĂȘnes, qui peuvent atteindre cent cinquante Ă deux cent cinquante ans.
La rĂ©gĂ©nĂ©ration des chĂątaigniers se dĂ©roule selon deux mĂ©thodes diffĂ©rentes. La premiĂšre est celle de la rĂ©gĂ©nĂ©ration naturelle, par la germination des graines (chĂątaignes) puis par l'Ă©limination des autres essences qui gĂȘneraient les jeunes chĂątaigniers. La seconde consiste Ă couper les chĂątaigniers qui poussent par cĂ©pĂ©e, c'est-Ă -dire en taillis. Une cĂ©pĂ©e coupĂ©e repousse naturellement, fournissant un bois de grande qualitĂ©. Le nombre de chĂȘnes Ă©tant insuffisant, contrairement aux massifs de L'Isle-Adam et Carnelle, les jeunes chĂȘnes implantĂ©s proviennent de pĂ©piniĂšres. Des coupes d'Ă©claircie sont Ă©galement pratiquĂ©es ; elles permettent aux arbres les plus beaux de prospĂ©rer par l'Ă©limination des moins beaux sujets alentour. Pour cela, la technique du martelage est utilisĂ©e. Elle consiste Ă marquer de coups de marteau les arbres Ă abattre. Certains arbres morts sont conservĂ©s pour favoriser des milieux Ă©cologiques spĂ©cifiques, prĂ©sentant un intĂ©rĂȘt en vue de l'habitat : ils accueillent de nombreux oiseaux et insectes.
La rĂ©gĂ©nĂ©ration du massif nĂ©cessite parfois des coupes importantes, qui restent incomprises du public par la nuditĂ© radicale de parcelles qu'elles entraĂźnent. Ainsi dĂ©but 2007, une coupe massive de seize hectares d'arbres vieillissants s'est dĂ©roulĂ©e Ă proximitĂ© du domaine de Bois-Corbon, entre la route de la Croix-Blanche et la route des Parquets. Cette superficie est replantĂ©e de quatre hectares de chĂȘnes tandis que six hectares sont destinĂ©s Ă la rĂ©gĂ©nĂ©ration naturelle de chĂątaigniers et six autres Ă la repousse de cĂ©pĂ©es[13].
Faune
La faune est pour l'essentiel constituĂ©e de chevreuils, sangliers, renards et blaireaux. Le sanglier est en forte recrudescence ; il laboure chaque parcelle et peut ĂȘtre frĂ©quemment aperçu hors de la forĂȘt, provoquant de nombreux dĂ©gĂąts dans les terrains cultivĂ©s. Les divers petits massifs forestiers privĂ©s autour de la forĂȘt domaniale seraient de vĂ©ritables viviers Ă sangliers, car exempts de chasse. On l'aperçoit parfois mĂȘme Ă proximitĂ© des zones habitĂ©es. Ă titre anecdotique, un sanglier est mĂȘme entrĂ© dans un bar de Taverny au printemps 2007[14].
La forĂȘt compte Ă©galement des oiseaux endĂ©miques en Ăle-de-France comme les bĂ©casses et des batraciens.
La chasse
La chasse en forĂȘt est directement gĂ©rĂ©e par l'ONF. L'organisation de la chasse est placĂ©e sous la responsabilitĂ© d'un technicien qui doit mettre en Ćuvre d'importants dispositifs de sĂ©curitĂ©. Une estimation du nombre d'animaux du massif est rĂ©alisĂ©e annuellement. Elle permet de rĂ©aliser un plan de chasse, qui doit ensuite ĂȘtre agrĂ©Ă© par le ministĂšre de tutelle. Douze jeudis de chasse ont eu lieu en 2007, permettant l'abattage d'environ cinquante chevreuils et deux-cents sangliers. Ce nombre ne fait que limiter l'accroissement de cette derniĂšre espĂšce. Le renard est Ă©galement en forte progression mais demeure peu chassĂ©.
Les accotements sont réguliÚrement élagués afin de préserver la faune entomologique et de mieux sécuriser les lignes de tirs lors des chasses[15].
Gestion forestiĂšre
La gestion de la forĂȘt par l'ONF s'inscrit dans un plan d'amĂ©nagement de 2004 Ă 2023, Ă©laborĂ© Ă la suite d'une vaste Ă©tude qui a permis un Ă©tat des lieux exhaustif des peuplements du massif. L'ONF a pour mission d'assurer la pĂ©rennitĂ© du massif grĂące Ă son entretien tout en garantissant un dĂ©veloppement durable. Elle se doit de concilier l'intĂ©rĂȘt sylvicole avec l'intĂ©rĂȘt du public. Son principal objectif est l'accueil du public, comme toutes les forĂȘts dites pĂ©riurbaines. Elle assure par ailleurs une mission de production de bois, dont la vente aux exploitants forestiers couvre partiellement le financement de l'entretien et de la prĂ©servation du massif.
Le plan d'amĂ©nagement de la forĂȘt voisine de L'Isle-Adam s'est achevĂ© en 2006, celui de Carnelle s'est achevĂ© fin 2007[16].
La gestion forestiÚre prend aujourd'hui en compte le développement durable, c'est-à -dire les enjeux biologiques et écologiques, ce qui n'était pas le cas il y a seulement trente ans. Plus spécifiquement dans le massif, les milieux écologiques spécifiques comme les tourbiÚres sont protégées. Le débardage à cheval fait partie des méthodes naturelles employées pour l'entretien du massif, en partenariat avec les haras nationaux.
Seuls trois agents patrimoniaux de l'ONF sont basĂ©s en permanence en forĂȘt, occupant des fonctions plutĂŽt transversales. Avec cinq autres fonctionnaires du dĂ©partement, ils assurent Ă la demande l'entretien des forĂȘts privĂ©es ou dĂ©pendant de collectivitĂ©s du Val-d'Oise. Ils interviennent par ailleurs sur trois massifs propriĂ©tĂ© de l'agence des espaces verts de la rĂ©gion, la forĂȘt d'Ăcouen, la Butte-Pinson et le massif forestier des Buttes du Parisis[17].
Gestion administrative
ForĂȘt domaniale, le massif est la propriĂ©tĂ© de l'Ătat français, qui en dĂ©lĂšgue la gestion Ă l'Office national des forĂȘts. L'Ătat assure le financement de l'entretien mais les collectivitĂ©s locales sont Ă©galement associĂ©es aux dĂ©cisions : les communes limitrophes du massif ainsi que certaines communautĂ©s d'agglomĂ©ration auxquelles elles appartiennent, la CommunautĂ© d'agglomĂ©ration de la vallĂ©e de Montmorency (CAVAM) et Val-et-ForĂȘt. Le Conseil dĂ©partemental du Val-d'Oise participe Ă©galement Ă l'effort financier : en 2007, ce dernier a par exemple versĂ© 225 000 ⏠à l'ONF au titre de l'exercice 2007 pour l'ensemble du massif des Trois forĂȘts. Les subventions couvrent pour une large part les nĂ©cessaires Ă©quipements destinĂ©s Ă l'accueil du public ainsi que les travaux d'amĂ©nagement et de rĂ©fection des routes forestiĂšres[18].
Cependant, la multiplicitĂ© des dĂ©cisionnaires rend la gestion difficile ; cette situation a poussĂ© le Conseil gĂ©nĂ©ral Ă proposer en 2002 la mise en place d'un comitĂ© de gestion patrimoniale de la forĂȘt de Montmorency, destinĂ© Ă proposer des amĂ©nagements et Ă©tudes rĂ©pondant aux attentes du public. ComposĂ© d'Ă©lus, d'associations naturalistes et d'usagers, il se rĂ©unit deux Ă trois fois par an sous la prĂ©sidence de Jean-Pierre Enjalbert, maire de Saint-Prix, au siĂšge de l'unitĂ© dĂ©partementale de l'ONF au domaine de Bois-Corbon, en forĂȘt.
Avec cinq millions de visiteurs par an et en moyenne deux mille visites annuelles Ă l'hectare, l'accueil d'un public important doit se faire sans mettre en pĂ©ril l'intĂ©gritĂ© du massif. Le comitĂ© se doit donc de mettre en Ćuvre des amĂ©nagements spĂ©cifiques afin de prĂ©server les milieux les plus sauvages, mieux canaliser les flux de visiteurs et Ă©viter la dĂ©rive de la forĂȘt en vaste parc public[19].
Les massifs forestiers franciliens sont soumis Ă d'intenses pressions fonciĂšres et urbaines. Cette situation a poussĂ© les Ă©lus de la rĂ©gion Ă favoriser le classement des principaux massifs boisĂ©s en « forĂȘts de protection », statut qui amĂ©liore la gestion et la prĂ©servation des massifs contre l'implantation d'infrastructures routiĂšres ou lignes Ă haute tension par exemple. Une procĂ©dure de classement de la forĂȘt de Montmorency a Ă©tĂ© lancĂ©e sur l'initiative du maire de Saint-Prix ; mais cette procĂ©dure peut nĂ©cessiter plusieurs annĂ©es.
En attendant, des nĂ©gociations se sont dĂ©roulĂ©es au sein du Conseil gĂ©nĂ©ral du Val-d'Oise afin de limiter au maximum l'impact de voies routiĂšres nouvelles. La dĂ©viation de la route dĂ©partementale 909 Ă Montlignon se rĂ©alisera par exemple au prix de l'abattage de deux hectares environ de bois, de plus classĂ©s d'intĂ©rĂȘt communautaire au titre de la directive europĂ©enne « Habitats ». Ceux-ci seront remplacĂ©s par six hectares, avec pour objectif Ă moyen termes de reverser cinq hectares pour chaque hectare abattu[20].
Afin de mieux gĂ©rer les inĂ©vitables conflits d'intĂ©rĂȘts entre usagers de la forĂȘt, une brigade Ă©questre de deux cavaliers formĂ©s par l'ONF a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 2002. Elle a pour mission l'information, la prĂ©vention et la surveillance du massif. Circulant six mois par an, elle est financĂ©e par le dĂ©partement du Val-d'Oise, et pour une petite part, par les communes voisines du massif.
Fin 2004, une demande de classement du massif en forĂȘt de protection a Ă©tĂ© demandĂ©e au prĂ©fet du Val-d'Oise par le conseil municipal de Saint-Prix. Ce classement a pour objectif de mieux maĂźtriser la gestion du massif en y interdisant les projets d'infrastructures, de lignes Ă haute tension ou d'urbanisation afin d'en assurer la pĂ©rennitĂ©, Ă l'image des massifs de Fontainebleau ou de Rambouillet par exemple[21]. Cette demande est depuis soutenue par la plupart des communes concernĂ©es[22]. L'Ă©tude du projet par une chargĂ©e de mission a commencĂ© fin 2009[23]. Le 26 novembre 2010, le conseil gĂ©nĂ©ral vote Ă l'unanimitĂ© la demande de classement, ainsi que celle des massifs voisins de L'Isle-Adam et de Carnelle, le dĂ©partement demeurant le seul de la rĂ©gion ne possĂ©dant aucun massif classĂ© forĂȘt de protection. Toutefois, la commune de Chauvry a votĂ© contre, estimant ce classement en contradiction avec les activitĂ©s prĂ©sentes sur le massif, telle que l'exploitation du gypse, et la commune de Domont a Ă©galement choisi de rejeter ce classement, afin de pouvoir agrandir le terrain de golf situĂ© en forĂȘt[24] - [25].
Durant l'automne 2010, une pĂ©tition est Ă©galement lancĂ©e, rĂ©clamant un moratoire sur les coupes intensives, face Ă l'accĂ©lĂ©ration du dĂ©boisement de la forĂȘt, et le classement du massif en forĂȘt de protection. En effet, entre 2005 et 2009, l'ONF a augmentĂ© de 110 % son rythme d'exploitation, passant de 10 500 m3 de bois coupĂ©s par an Ă 21 000 m3. Cette Ă©volution provoque la multiplication des parcelles dĂ©boisĂ©es et laissĂ©es Ă l'abandon, sans replantation d'arbres parfois durant plusieurs annĂ©es[26]. Un moratoire concernant les coupes rases durant la saison 2011-2012 est finalement dĂ©cidĂ© Ă la suite d'une rĂ©union entre l'ONF et le Conseil gĂ©nĂ©ral du Val-d'Oise[27].
Aménagement
La forĂȘt est sillonnĂ©e de divers sentiers thĂ©matiques.
Le sentier des lisiĂšres d'une longueur de vingt-sept kilomĂštres a vu sa signalĂ©tique achevĂ©e fin 2007. ProposĂ© par des Ă©lus de Saint-Leu-la-ForĂȘt et approuvĂ© par le comitĂ© de gestion patrimoniale, il fait le tour du massif et met en lumiĂšre les spĂ©cificitĂ©s environnementales et urbaines de la forĂȘt, prĂ©sentant la diversitĂ© du patrimoine des communes frontaliĂšres.
Un chemin du philosophe[28] avec un parcours en onze sites a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ© en 2006 autour du chĂąteau de la Chasse. Il incite les randonneurs Ă la rĂ©flexion sur les richesses historiques, littĂ©raires, spirituelles et botaniques de ce secteur de la forĂȘt[29].
Le massif a vu Ă©galement des projets plus innovants mis en Ćuvre : prĂ©parĂ© en dĂ©cembre 2003, un parcours accessible aux personnes Ă mobilitĂ© rĂ©duite a Ă©tĂ© inaugurĂ© le 25 novembre 2006 sur les territoires des communes de BouffĂ©mont et Chauvry, le premier du dĂ©partement, sur une idĂ©e originale d'une association de randonneurs, « la galoche bouffĂ©montoise ». D'une longueur de cinq kilomĂštres Ă terme, dotĂ© d'un balisage et d'aires de repos adaptĂ©s, il dispose de places de stationnement adaptĂ©es Ă proximitĂ©. Le sentier a Ă©tĂ© pour partie financĂ© par l'agence rĂ©gionale des espaces verts et l'Union europĂ©enne[30].
Lieux remarquables
Le chĂąteau de la Chasse
Au cĆur de la forĂȘt, le chĂąteau de la Chasse est un petit chĂąteau fĂ©odal (il s'inscrit dans un carrĂ© de vingt mĂštres de cĂŽtĂ©) Ă©difiĂ© au XIIe siĂšcle par Mathieu de Montmorency. FlanquĂ© de quatre tours rondes de six mĂštres de diamĂštre, curieusement tronquĂ©es, il constitue un tableau pittoresque entre ses deux Ă©tangs souvent embrumĂ©s.
Eginhard, chroniqueur de Charlemagne, dĂ©crit dĂ©jĂ Ă cet emplacement un chĂąteau fort imprenable et dĂ©nommĂ© « Castellum de Chassia », du mot gaulois cassanos, le chĂȘne.
PropriĂ©tĂ© de la famille des Montmorency, placĂ© au cĆur d'un domaine giboyeux, le chĂąteau fut le rendez-vous de chasse de personnages illustres : Louis X le Hutin, Philippe VI de Valois, Jean le Bon, Charles V, Louis XI, François Ier et Henri II. En 1728 le petit-fils du Grand CondĂ© fit couper les tours et les fit aussi recouvrir de tuiles. ClassĂ© monument historique en 1933, le chĂąteau est devenu la propriĂ©tĂ© de l'ONF en 1973.
Le chĂąteau constitue aujourd'hui le pĂŽle majeur d'animation de la forĂȘt. Il ne se visite pas, mais le rez-de-chaussĂ©e a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ© pour recevoir les groupes scolaires ou organiser des expositions thĂ©matiques temporaires. En 2007, une cinquantaine de journĂ©es ont Ă©tĂ© consacrĂ©es au public scolaire. Une grande fĂȘte de la forĂȘt avec diverses animations est par ailleurs organisĂ©e mi-septembre. Des sorties Ă thĂšme sont Ă©galement organisĂ©es ; en 2007, trois dimanches de pĂȘche ont Ă©tĂ© initiĂ©s dans les Ă©tangs environnants.
Deux sentiers pĂ©dagogiques sont amĂ©nagĂ©s au dĂ©part du chĂąteau, lâun sur lâĂ©cologie forestiĂšre, lâautre sur les techniques sylvicoles. Une mise en valeur du site grĂące Ă des panneaux, une remise en Ă©tat du chemin de ronde de l'Ă©tang avec revĂ©gĂ©talisation du site est partiellement financĂ©e par le groupe Ikea[31].
La fontaine Sainte-Radegonde
SituĂ©e dans le domaine du chĂąteau de la Chasse, la fontaine Sainte-Radegonde est la plus cĂ©lĂšbre des sources de la forĂȘt. Son eau Ă©tait censĂ©e guĂ©rir la stĂ©rilitĂ©. Rien ne prouve nĂ©anmoins la venue de la reine Radegonde en ce lieu. La forĂȘt de Montmorency, et tout particuliĂšrement les abords du chĂąteau de la Chasse et de la fontaine Sainte-Radegonde, Ă©tait au XVIIIe siĂšcle une destination de promenade favorite de Jean-Jacques Rousseau qui venait y herboriser.
« Je comptais bien que la forĂȘt de Montmorency, qui Ă©tait presque Ă ma porte, serait dĂ©sormais mon cabinet de travail[32]. »
Le cimetiĂšre de Bosc
Ă peu de distance du chĂąteau, on peut voir un Ă©mouvant petit cimetiĂšre noyĂ© dans la vĂ©gĂ©tation. Louis-Augustin Bosc d'Antic (1759-1828) Ă©tait un passionnĂ© dâhistoire naturelle, Ă©lĂšve du Jardin royal des plantes oĂč il suivait les cours de Jussieu, et ami des Girondins durant la RĂ©volution française.
Il accueillit plusieurs Girondins au prieurĂ© de la fontaine Sainte-Radegonde en 1793, dont les Roland qui connaĂźtront une fin tragique (madame Roland fut guillotinĂ©e en novembre 1793 et son mari se donna la mort). Bosc se fera inhumer en 1828 dans ce vallon de la forĂȘt auquel il Ă©tait particuliĂšrement attachĂ© et y repose avec sa femme, sa fille et plusieurs parents.
La tour du Plumet
Cette tour, qui date de 1863, est l'Ćuvre du baron Joseph Louis LĂ©opold Double. Elle fut restaurĂ©e par France TĂ©lĂ©com, opĂ©rateur de tĂ©lĂ©phonie mobile, Ă la suite de l'installation d'un relais Ă son sommet. Elle fut alors inaugurĂ©e en 1998.
L'Ă©tang Marie
Il s'agit en réalité de deux étangs, situés au nord de Saint-Prix. Le plus grand n'a que 300 m2 environ de superficie ; le plus petit compte une ßle en son milieu. Les deux étangs sont traversés par le Ru de Corbon, mais ils sont également alimentés par deux sources. Ces derniÚres se présentent comme des petites mares forestiÚres et sont apparemment appréciées par les sangliers, à en juger par les traces. L'étang Marie aurait été réaménagé en 1854 par le paysagiste Louis-Sulpice Varé pour le baron Léopold Double[33].
Le domaine du Bois Corbon
Ce domaine de l'ONF est dĂ©limitĂ© par les routes de la Fontaine des FiĂšvres (Ă l'ouest), la route du Milieu (au nord), la route du Plumet (Ă l'est) et la route des Parquets (au sud). Le domaine abrite un petit chĂąteau de chasse, que l'ONF utilise pour des services administratifs, ainsi que deux maisons forestiĂšres. Ces bĂątiments du XIXe siĂšcle se caractĂ©risent par une architecture pittoresque faisant recours Ă la meuliĂšre, aux briques et aux Ă©lĂ©ments en bois sculptĂ©. Le domaine est entiĂšrement clĂŽturĂ© et interdit au public. Des visites ont Ă©tĂ© proposĂ©es Ă des rares occasions, comme la journĂ©e de l'arbre qui n'existe plus; les journĂ©es du patrimoine n'en faisant pas partie. La maison de garde Ă l'une des entrĂ©es du domaine, au Carrefour du ChĂȘne Creux, permet de se faire une idĂ©e des autres bĂątiments.
L'Ătang Godard
Au cĆur de la forĂȘt, cet Ă©tang porte le nom de la famille du cĂ©lĂšbre musicien du XIXe siĂšcle Benjamin Godard. C'est le lieu de convergence de nombreux sentiers, formant le rond-point du Camp de CĂ©sar, au dĂ©part de Taverny ou de Saint-Leu-la-ForĂȘt. Il est une halte et un point de repĂšre pour les amateurs de jogging ou de promenade.
Le pont du diable
Ce pont se situe en lisiĂšre de forĂȘt, sur les hauteurs de Taverny, Ă une altitude de 170 m environ. Il permet au Boulevard du Midi, route forestiĂšre, d'enjamber une ravine dans le prolongement nord de la route du Val Soutoureux. Cependant, ce pont n'a pas d'utilitĂ© rĂ©elle par rapport Ă l'effort considĂ©rable qu'a dĂ» coĂ»ter sa construction et le remblayage Ă son approche, au XVIIe siĂšcle: il Ă©tait destinĂ© Ă desservir un chĂąteau qui finalement n'a jamais Ă©tĂ© construit.
Le Chemin du Philosophe
Ce sentier de 2,5 km dont le point de dĂ©part est situĂ© Ă proximitĂ© du chĂąteau de la chasse dessert onze sites destinĂ©s Ă la rĂ©flexion philosophique illustrĂ©s de citations de philosophes ou d'Ă©crivains. Le circuit comprend deux sites Ă caractĂšre historique, la fontaine Sainte-Radegonde et le cimetiĂšre de Bosc, un cadran solaire analemmatique (horizontal au sol indiquant l'heure par l'ombre de la personne) et des Ćuvres d'art.
Pour approfondir
Bibliographie
- Jean-Pierre Hervet, Guide des forĂȘts du Val-d'Oise, Rennes/Paris/Cergy-Pontoise, Ouest-France, , 55 p. (ISBN 2-7373-1896-3)
- « Chemin faisant, la forĂȘt de Montmorency se protĂšge », Vivre en Val-d'Oise, no 104,â , p. 14-21
- AndrĂ©e Corvol et Anne-Laure Sol (dir.), Histoires d'arbres : usages et reprĂ©sentations des forĂȘts de Carnelle, Montmorency et L'Isle-Adam, L'Isle-Adam/Montreuil, Gourcuff-Gradenigo / MusĂ©e d'art et d'histoire Louis Senlecq, , 240 p. (ISBN 978-2-35340-124-6)
Articles connexes
Liens externes
- La forĂȘt de Montmorency sur le site de l'ONF
- Exposition en ligne consacrĂ©e Ă la forĂȘt de Montmorency
- [PDF] Sentier des lisiĂšres de la forĂȘt de Montmorency, Ă©ditĂ© par le conseil gĂ©nĂ©ral du Val-d'Oise, brochure de 24 pages.
Notes et références
- Coordonnées relevée au chùteau de la Chasse, à l'aide de Google Maps
- « ZNIEFF 110001772 - CHATEAU DE LA CHASSE 1Úre génération », sur INPN (consulté le )
- « ZNIEFF 110001771 - FORET DE MONTMORENCY 1Úre génération », sur INPN (consulté le )
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- [PDF] Guide du chemin du philosophe
- [PDF] L'Isle-Adam pour la Sauvegarde de l'Environnement et des ForĂȘts - Bulletin n°8, octobre 2009
- IKEA - Partenariats
- Les Confessions Livre IX
- « Les points d'eau » (consulté le ) sur le site « Valmorency »