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Château de la Chasse

Le château de la Chasse, se situe au cœur de la forêt de Montmorency, dans le département français du Val-d'Oise, officiellement sur la commune de Saint-Prix, aux limites de trois autres : Montlignon, Bouffémont et Domont, mais physiquement sur une excroissance prise sur la commune de Montlignon, il est de nos jours une curiosité architecturale et porte les traces de multiples remaniements subis au cours de son histoire[1].

Château de la Chasse
Image illustrative de l’article Château de la Chasse
Le château de la Chasse, au cœur du massif de Montmorency
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1933)
Coordonnées 49° 01′ 48″ nord, 2° 17′ 34″ est
Pays Drapeau de la France France
Région historique Île-de-France
Région Île-de-France
Département Val-d'Oise
Commune Saint-Prix
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de la Chasse

Le château de la Chasse fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [2].

Localisation

Forêt de Montmorency - Carte de Cassini.

Historiquement, au Moyen Âge, la commune de Montlignon, n'était qu'un hameau de paysans dépendant de Saint-Prix. Après la Révolution française, les deux villages ont été érigés en communes indépendantes, et les limites territoriales définies. L'étude du cadastre montre qu'il a été créé volontairement, à l'époque, une excroissance pour inclure le domaine du château de la Chasse dans la commune de Saint-Prix au détriment de Montlignon.

En revanche, l'adresse postale du château est à Montlignon, 179 rue de Paris, car cette commune possède plusieurs habitations et industries à proximité. Plus concrètement, le château se situe à proximité de la route forestière dite Route de la Vallée, et près d'un carrefour de plusieurs chemins. Le château est accessible en voiture par la RD 909 depuis le lieu-dit la côte des Quatre Chênes.

Historique

Les origines

Au IXe siècle, Éginhard, l'historien de Charlemagne, fait mention d'un château fort dans cette région de la forêt de Montmorency sous le nom de Castellum de Chassia, qu'il décrit comme un château fort imprenable.

Il semble que l'édifice actuel ait été construit au tout début du XIIIe siècle par celui qui deviendrait plus tard le connétable Mathieu II de Montmorency dit le Grand, et s’appelait à l'origine Chasse Mornay. Ses caractéristiques sont inspirés par les châteaux de l'entourage royal de cette période, et la première mention concrète du château remonte à 1207, faisant penser qu'il est alors terminé[3].

La vie du château

Le château de la Chasse.

Parmi les personnages importants ayant séjourné dans les lieux de la Chasse figurent de nombreux rois : Louis X le Hutin, Philippe VI de Valois, Jean Le Bon, Charles V, Louis XI, François Ier, Henri II, Louis Bonaparte, la reine Hortense, le tsar Alexandre Ier de Russie, l'empereur François II d'Autriche ainsi que la duchesse de Berry.

Le château servit aussi de garnison pendant la guerre de Cent Ans. Le musée de Chantilly possède plusieurs quittances datées de 1418, données à des soldats pour avoir gardé le château de la Chasse.

Dans le journal du règne de Charles VII, on peut aussi lire à la date du qu'une troupe de trois cents Anglais s’empara du château de la Chasse qu'ils utilisèrent comme base pour leurs opérations de pillage. Il fut également le théâtre de la fameuse querelle des Nivelle : Jean de Nivelle avait assisté à la rédaction du testament paternel dans lequel il s'était fait donner la plus belle part. Son cadet, furieux de cette trahison, s'enfuit du château de la Chasse qu’il livra à l'orgie. Leur père (Jean II de Montmorency, indigné par leur conduite, demanda à l'aîné de revenir au château et, sur son refus, le traita de chien. C’est de là qu’est née la phrase célèbre : « Ce chien de Jean de Nivelle qui s’enfuit quand on l’appelle ». Ces faits sont situés au cours de l’année 1463[1].

Plus tard, François Ier vint également chasser en forêt de Montmorency ; mais le château d'Écouen fut construit à partir de 1538, beaucoup plus grand et plus luxueux et le vieux fort de la Chasse tomba dans l’oubli. Nous en trouvons une description dans un document daté de 1692 aux archives du château de Chantilly : « Fort château bien ancien fossé sur lequel il y a un pont-levis pour rentrer au château basse-cour fermée de hautes murailles devant un étang de 6 arpents derrière un autre étang de 3 arpents ».

Le petit-fils du Grand Condé avait décidé de démolir le château en 1728 ; les tours furent seulement tronquées en biais et recouvertes de tuiles, ce qui en a fait son charme architectural par la suite.

Au début de la Révolution le château passait pour être un dépôt d’armes. Une commission de vingt citoyens armés y fit une « descente » et ne trouva que « quatre fusils, un pistolet d’arçon et un vieux couteau de chasse ». Sous Napoléon Ier, le château est acquis par le prince Louis Bonaparte ; la reine Hortense, duchesse de Saint-Leu, en fit le but de sa promenade favorite, accompagnée de son fils le futur Napoléon III.

Espace enchanteur avec ses arbres plus que centenaires, ses étangs pittoresques, ce lieu était fréquenté par tous les bourgeois du XIXe siècle ; Jean-Jacques Rousseau y venait en voisin de Montmorency, Victor Hugo y a écrit lors de ses séjours à Montlignon. Les grandes dames y ont parlé d'amour, de philosophie, de politique…[4]

Au début du XXe siècle, le château de la Chasse n’est plus qu’une simple ferme en piteux état[4], laissé à l'abandon, sans entretien, les étangs croupissent de vase, les abords ressemblent à des champs sauvages[5].

Il est acheté par l’État en 1971, restauré en 1979 et appartient maintenant à l'Office national des forêts (ONF)[4].

Situation actuelle

Le château a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 19 août 1933[2], l'État en fera l'acquisition en 1973, qui le confira à l'ONF pour sa restauration entamée à partir de 1980.

Aujourd'hui, le château ne se visite plus, mais le rez-de-chaussée a été aménagé pour recevoir les groupes scolaires ou organiser des expositions temporaires. Trois sentiers pédagogiques sont aménagés au départ du château, l’un sur l'écologie forestière, l'autre sur les techniques sylvicoles, un troisième le Chemin du Philosophe qui conduit à des sites dédiés à des thèmes de réflexion philosophique.

Le château est environné par un chapelet de trois étangs, celui en amont alimenté par plusieurs rus qui parcourent le vallon à l'ouest (ru du petit-moulin, ru de la Fontaine Sainte-Radegonde), le deuxième plus petit qui borde le château et celui en aval le plus étendu. Ces étangs ont été aménagés à la fin des années 1950 par constructions de retenues sur le ruisseau qui descend vers Montlignon, nommé « ru de la Chasse » ou « ru d'Enghien ».

Description

Le château de la Chasse n'a jamais figuré parmi les châteaux officiels de la famille de Montmorency, car ayant toujours eu une vocation purement résidentielle en tant que relais de chasse. C'est un édifice de très petite taille, cinq à six fois plus petit que les châteaux les plus prestigieux du XIIIe siècle. L'on peut parler en quelque sorte d'une miniaturisation du concept des grands châteaux royaux de l'époque, apportant une juxtaposition inhabituelle d'éléments défensifs (les archères) et de caractéristiques de bâtiments résidentiels (les fenêtres s'ouvrant sur l'extérieur). Les deux étangs artificiels entourant le château et son cadre forestier en font l'une des demeures seigneuriales les plus romantiques de l'Île-de-France.

Le château s'inscrit dans un carré de 20 mètres de côté et obéit initialement à un plan très régulier. Quatre tours de 6 mètres de diamètre sont reliées entre elles par des courtines, qui forment un carré de 12 mètres de côté. Les courtines tiennent en même temps lieu de murs au logis. Les tours se situent exactement au nord, à l'est, au sud et à l'ouest. Elles ont été arasées en 1728 et dotés de toitures à pente unique, couvertes de tuiles plates. Ce remaniement confère au château sa silhouette bien particulière, mais va à l'encontre de son architecture d'origine. De même, la démolition de la courtine sud-ouest, la construction d'un nouveau logis, le bouchage des fenêtres d'origine et le percement de nouvelles fenêtres apportent davantage de confort à l'habitation, mais dénaturent fortement le caractère authentique du château médiéval.

C'est la courtine nord-est qui est la mieux préservée. Elle conserve les vestiges de deux fenêtres à meneau proches des tours, et d'une autre sur la tour orientale. Ces fenêtres rectangulaires sont surmontées de tympans figurant des arcs brisés en bas-relief. Vraisemblablement, chaque courtine était ainsi ajourée de deux fenêtres gémelées au niveau du premier étage, et chaque tour de deux autres fenêtres strictement identiques. Dans les tours, les fenêtres alternaient avec de hautes et étroites archères, qui sont toujours visibles. Le rez-de-chaussée était entièrement aveugle vers l'extérieur. Si l'architecture reste très sobre, l'on peut noter, sur les tours, des arêtes en angle droit orientées vers les points cardinaux. La fonction de ces arêtes est décorative, une comparaison avec les éperons des grandes forteresses étant peu adéquate : il s'agit d'une tentative d'une mise en valeur des tours par un jeu d'ombre et de lumière[6] - [7].

Annexes

Bibliographie

  • Jean Mesqui, ÃŽle-de-France Gothique 2 : Les demeures seigneuriales, Paris, Picard, , 404 p. (ISBN 2-7084-0374-5), p. 116-118

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. « Le château de la chasse », sur valmorency.fr (consulté le ).
  2. « Château de la Chasse », notice no PA00080202, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. Mesqui 1988, p. 116.
  4. « Le château de la Chasse », Patrimoine historique > Les lieux remarquables, sur saintprix.fr, ville de Saint-Prix (consulté le ).
  5. Constatation de l'auteur de la fiche
  6. Mesqui 1988, p. 116-118.
  7. Claude Adam et M. et Mme Ducœur, « Le patrimoine des communes du Val-d’Oise : Saint-Prix », Collection Le Patrimoine des Communes de France, Paris, Flohic Éditions, vol. II,‎ , p. 771-783 (ISBN 2-84234-056-6).
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