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Farine de blé

La farine de blé est le résultat de la mouture de la graine du blé tendre ou froment. La mouture a pris diverses formes depuis les premiers usages de la meule à grains.

Farine de blé.
Sacs de farine de blĂ© de type 405 (correspond au type 45 français) de 40 kg en Allemagne.

Dans le commerce, l'appellation « farine de froment » ne désigne pas une autre catégorie de farine. Dans cet article, il est question de la farine de blé tendre, mais il existe aussi la farine de blé dur.

Classification française des farines

Les différentes variétés de farines sont caractérisées en France en fonction de leur taux de blutage qui équivaut à leur taux de cendres, c'est-à-dire le rapport de la masse de cendres restantes après calcination d'un échantillon dans un four de laboratoire à 900 °C, et la masse de cet échantillon. Le taux de cendres est une indication de la teneur de la farine en matière minérale. Plus le taux de cendres est faible plus la farine est pure et blanche, car les matières minérales sont surtout contenues dans le son. La méthode de détermination du taux de cendre est précisément prescrite par la norme NF V03-720/ISO 2171[1] - [2] - [3].

En France, les farines sont désignées par un « type » précédé de la lettre T, qui correspond à un taux de cendre typique de la farine en question, exprimé en pour dix mille. Par exemple l'incinération de 100 g de farine de type 55 (« T55 ») produit environ 0,55 g de cendres minérales.

Six types de farine de blé ont été homologués en France par l'arrêté du 13 juillet 1963[4] - [2] :

Type Taux de cendre DĂ©nomination usuelle Utilisation
T45 moins de 0,5 %farine blanchepâtisserie
T55 de 0,5 Ă  0,6 %farine blanchepain blanc
T65 de 0,62 à 0,75 %farine blanchepain de campagne, autres pains dits « tradition »
T80 de 0,75 Ă  0,9 %farine bisepain bis
T110 de 1 à 1,2 %farine semi-complètepain semi-complet[5]
T130 de 1 à 1,2 %farine complètepain complet
T150 plus de 1,4 %farine intégralepain complet « intégral »[6]

Le son est l'enveloppe du blé. C'est dans ce dernier que l'on retrouve les fibres et les minéraux, mais aussi les résidus de pesticides et autres produits utilisés pour certaines cultures du blé. Il est donc conseillé, pour l'utilisation des farines d'un type supérieur au T55, de choisir des farines issues de cultures de blé n'ayant pas été traitées avec des pesticides pour éviter la présence de résidus.

On distingue les farines fortes, ayant un fort taux protéique (gluten) donnant son élasticité au pain, et les farines dites faibles, ayant un moindre taux protéique (inférieur à 10 %), utilisées en pâtisserie ou pour faire des préparations nécessitant un faible mixage (taux protéique) ou en biscotterie. La richesse en protéines est proportionnelle à celle du grain ayant servi à faire la farine. Pour augmenter la richesse en protéines, on peut ajouter du gluten ou bien utiliser une proportion de blés dit « de force » riches en protéines. Le mixographe permet de déterminer la nature de la farine ainsi que la quantité d'eau que nécessite la farine pour s'hydrater.

Composition de la farine

Voici, à titre d’exemple, la composition chimique d’une farine de type 55 :

Composition chimique d’une farine de type 55
Amidon 65 Ă  70 %Glucides complexes
Eau 16 %
Gluten 9 Ă  12 %Protides
Sucre 1 Ă  2 %Glucides simples
Matières grasses 1,3 à 1,5 %Lipides
Matières minérales 0,5 à 0,6 %
son traces
Vitamines B, PP, E
  • L’amidon est l’élĂ©ment principal de la farine. PrĂ©sent dans toutes les cĂ©rĂ©ales, c’est un glucide complexe qui va pour partie ĂŞtre mĂ©tabolisĂ© par les levures boulangères, qui rejettent du dioxyde de carbone. Lors de la digestion, les molĂ©cules d'amidon sont hydrolisĂ©es en maltose, puis en glucose. ImprĂ©gnĂ© d’eau et chauffĂ© Ă  70 °C, l’amidon Ă©paissit : on dit qu’il forme un empois (ce qui provoque par exemple l’épaississement de la sauce bĂ©chamel).
  • Le gluten est un mĂ©lange de protĂ©ines. Le gluten a une très grande importance dans le processus de panification : ses molĂ©cules forment un rĂ©seau Ă©lastique et extensible, qui va retenir les bulles de dioxyde de carbone, issues de la dĂ©gradation des sucres, par les levures. C'est ce phĂ©nomène qui provoque la levĂ©e de la pâte et l'aĂ©ration de la mie. On appelle farines panifiables les farines qui, comme celle de blĂ©, contiennent suffisamment de gluten pour que la pâte lève.
  • L’eau : la lĂ©gislation française impose au meunier un taux d'humiditĂ© maximal de 16 %. Au-delĂ , la farine serait difficile Ă  conserver.
  • Les sucres sont du saccharose et du glucose. Ils sont peu nombreux dans la farine. Cependant ils sont directement fermentescibles et assimilĂ©s rapidement par les levures, ce qui permet d'amorcer la fermentation.
  • Dans la graine de blĂ©, les matières grasses se trouvent principalement dans le germe et dans les enveloppes. Ces Ă©lĂ©ments Ă©tant Ă©ventuellement supprimĂ©s Ă  la mouture, il peut parfois en rester très peu dans la farine. Une quantitĂ© de matières grasses trop importante serait nĂ©faste Ă  la bonne conservation de la farine et nuirait au rĂ´le du gluten.
  • Les matières minĂ©rales servent Ă  dĂ©terminer la qualitĂ© d’une farine ainsi que son type. Les principales sont le phosphore, le potassium, le magnĂ©sium. La plus grande partie est situĂ©e dans les enveloppes et dans le germe qui sont Ă©ventuellement supprimĂ©s par la mouture.
  • Les vitamines sont peu nombreuses dans la farine (la plus grande partie se trouve dans le germe). La vitamine B1 participe Ă  la transformation des glucides, la vitamine B2 favorise la croissance, la vitamine PP est indispensable aux cellules, la vitamine E assure le bon fonctionnement du système nerveux et des muscles.

Aspects nutritionnels

Le blé, réduit en farine ou non, est probablement l'ingrédient alimentaire le plus consommé dans le monde. La farine de blé constitue la matière première agricole de plusieurs secteurs de l'industrie agroalimentaire : boulangerie (artisanale et industrielle), amidonnerie/glucoserie de blé, biscotterie, pâtisserie, biscuiterie. Le pain composé essentiellement de farine de blé, d'eau, de sel, et de levure ou de levain est probablement le premier aliment consommé dans le monde.

La farine de blé contient essentiellement de l'amidon et des protéines, certaines solubles (albumines, globulines), d'autres insolubles (prolamines, gliadines et gluténines), les protéines insolubles constituant le gluten. La dermatite herpétiforme peut également être liée à la consommation de gluten.

Les protéines du blé sont relativement pauvres en lysine, ce qui en fait leur acide aminé limitant. La farine contient très peu de matières grasses, celles-ci étant concentrées dans le germe, écarté lors de la mouture. La farine est relativement pauvre en vitamines (pas de vitamine A, de vitamine C, de vitamine B12)[7], mais assez riche en minéraux, leur taux dépendant du taux d'extraction. On constate cependant que la biodisponibilité de ces minéraux varie en fonction de la teneur en son, lui-même riche en acide phytique[8].

Il existe des facteurs anti-nutritionnels endogènes dans le blé[9], présents aussi en partie dans la farine: facteurs anti-trypsiques, inhibiteurs de l'alpha-amylase, lectines ou agglutinines (dans le germe et dans le gluten), pentosanes et acide phytique (plutôt présents dans le son). La plupart de ces substances sont éliminées par la mouture, par trempage, traitement thermique ou fermentation.

Critères techniques

Masse & valeur meunière

  • Valeur meunière : aptitude Ă  donner un bon rendement en farine de puretĂ© dĂ©sirĂ©e avec un minimum d'Ă©nergie.
  • Masse 1 000 graines : valeur Ă  multiplier par 0,86 pour obtenir la masse des graines sèches.
Masse de 1 000 graines Taille des graines
24 Ă  34 g petites
35 Ă  45 g moyennes
46 Ă  56 g grosses

Le rendement en farine sera meilleur avec de grosses graines car il y a proportionnellement moins d'enveloppe sur la graine.

Volume et compacité

  • Volume rĂ©el 1 000 graines : valeur mesurĂ©e avec un pycnomètre que l'on remplit d'hexane (l'eau serait absorbĂ©e par les graines). Le volume est mesurĂ© avant et après avoir rajoutĂ© les 1 000 graines.
  • CompacitĂ©
Compacité Densité Apparence Force boulangère Taux en protéines
Forte environ 1,38 translucide, vitreux bonne fort
Faible environ 1,32 opaque, farineux faible faible

(l'expression Densité ne correspond pas ici à la densité de la farine qui est variable et généralement donnée à 0,55)

Le mitadinage est une anomalie qui se produit lors de la maturation du blé dur, et conduit à la formation de zones opaques et farineuses, altérant les qualités de la farine. On dit que le grain est mitadiné.

Autres critères

  • La duretĂ© : c'est la rĂ©sistance Ă  l'Ă©crasement.
  • La teneur en eau : la rĂ©fĂ©rence fondamentale est de mesurer sous vide, avec du pentoxyde de phosphore pendant 60 h Ă  50 °C. Mais cette mĂ©thode est très longue et les industriels prĂ©fèrent effectuer des mesures plus rapides. S'il n'y a pas assez d'eau, il faut humidifier sinon il sera difficile de dĂ©coller l'enveloppe de l'amande. S'il y a trop d'eau, il faut sĂ©cher les graines.
  • Le taux d'extraction : c'est le rapport entre la masse de farine extraite et la masse de blĂ© utilisĂ©e, exprimĂ©e sous forme de pourcentage. Un taux d'extraction de 75 % signifie donc que de 100 kg de blĂ© on extrait 75 kg de farine. Pour effectuer l'extraction, on enlève les enveloppes qui donnent le son (on y trouve beaucoup de fibres) et le germe (qui contient beaucoup de lipides susceptibles de s'oxyder). Plus l'extraction est poussĂ©e, plus la proportion de protĂ©ines, lipides, fibres, vitamines et minĂ©raux est Ă©levĂ©e.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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