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Croyances religieuses d'Adolf Hitler

Les croyances religieuses d'Adolf Hitler ont fait l'objet de dĂ©bats[1] - [2] - [3] - [4] - [5], et le large consensus des historiens, dont ses principaux biographes, le considĂšre comme dĂ©iste, antichrĂ©tien et anticlĂ©rical. MalgrĂ© une mĂšre catholique pratiquante et un baptĂȘme et une confirmation catholiques, Hitler rejette les principes du christianisme. Il croit personnellement en un Dieu actif qu'il dĂ©signe principalement sous le nom de Providence.

Adolf Hitler.

Hitler dĂ©montre dans de nombreuses remarques privĂ©es Ă  ses confidents (dĂ©crites dans les carnets de Joseph Goebbels, les mĂ©moires d'Albert Speer et les transcriptions de ses conversations privĂ©es par Martin Bormann dans Libres propos) des convictions irrĂ©ligieuses : il ridiculise la doctrine chrĂ©tienne, qu’il dĂ©crit comme une superstition nuisible, absurde, contraire au progrĂšs scientifique et socialement destructrice.

Selon Percy Ernst Schramm, Hitler estime JĂ©sus pour sa grandeur humaine, ses valeurs et en tant que figure allĂ©gorique du juste trahi, bien qu’il ne tienne aucune place dans ses idĂ©es. Il fait de JĂ©sus le prĂ©curseur de la figure du « combattant aryen » qui lutte contre « le pouvoir et les prĂ©tentions des pharisiens corrompus » et le « matĂ©rialisme juif ».

Il est admis par la grande majoritĂ© des historiens que malgrĂ© ses convictions personnelles sceptiques Ă  l'Ă©gard de l'Église, Hitler « reconnaĂźt librement les besoins religieux des masses » et comprend qu'il ne peut ĂȘtre Ă©lu et prĂ©server son pouvoir que s'il s'ajuste aux croyances chrĂ©tiennes de l'immense majoritĂ© des Allemands. Il dĂ©clare Ă  ses confidents qu'il hĂ©site Ă  lancer des attaques publiques contre la religion. Selon lui, le rejet ou l'acceptation de l'Église n'est pas une question de principe mais une dĂ©marche politique pragmatique. Dans ses journaux intimes, Goebbels Ă©crit en que bien qu'Hitler soit « un farouche adversaire » du Vatican et du christianisme, il lui a dĂ©conseillĂ© de quitter l’Église pour des raisons tactiques.

Ainsi, au cours de sa campagne politique, Hitler fait parfois des dĂ©clarations en faveur de la religion, s’élevant ainsi contre l’athĂ©isme, qu'il associe au communisme et au « matĂ©rialisme juif ». Il dĂ©clare notamment un discours de 1933[6] que l'athĂ©isme a Ă©tĂ© « Ă©liminĂ© ». Ses premiers discours politiques montrent « une apprĂ©ciation sincĂšre du christianisme comme systĂšme de valeurs Ă  dĂ©fendre ».

AprÚs son arrivée au pouvoir en Allemagne en janvier 1933, il entreprend des efforts acharnés pour réduire l'influence et l'indépendance du christianisme dans le pays. En 1933, il interdit tous les groupes athées et libre-penseurs, dont la Ligue allemande des libres-penseurs.

Hitler nomme Ă  des postes-clĂ©s des militants anti-chrĂ©tiens comme Goebbels, Bormann, Himmler, Rosenberg et Heydrich, qui dominent le gouvernement Ă  partir du milieu des annĂ©es 1930. Il les autorise ou les encourage Ă  perpĂ©trer les persĂ©cutions nazies envers les Ă©glises catholiques, malgrĂ© la signature le du concordat du Reich avec le Vatican. Le rĂ©gime a nĂ©anmoins Ă©tĂ© moins radical envers la communautĂ© protestante allemande, proposant Ă  ses membres de se rĂ©unir sous une Église protestante unifiĂ©e du Reich (projet qui n’aboutira jamais). La plupart de la minoritĂ© juive d'Allemagne est envoyĂ©e dans les camps de concentration sur la base de l'idĂ©ologie raciale nazie. Les TĂ©moins de JĂ©hovah sont durement persĂ©cutĂ©s pour avoir refusĂ© le service militaire et l'allĂ©geance au nazisme.

Hitler déclare qu'il prévoit un effondrement du christianisme à la suite des progrÚs scientifiques, et que le nazisme et la religion ne peuvent pas coexister à long terme. Bien qu'il ait été disposé à retarder des conflits pour des raisons politiques, il a finalement voulu la destruction du christianisme en Allemagne, ou au moins sa déformation et son assujettissement à une perspective purement nazie.

Hitler et le Parti nazi promeuvent le « christianisme positif », qui rejette la plupart des doctrines chrĂ©tiennes traditionnelles telles que la divinitĂ© de JĂ©sus ou la prĂ©sence d’élĂ©ments juifs dans l’Ancien Testament.

Avis des historiens

Alan Bullock

Alan Bullock[7] - [8] - [9] - [10] - [11] - [12], expert de Hitler, a Ă©crit d'importantes biographies du dictateur dans les annĂ©es 1950 et 1960. Pour lui, Hitler a Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans la religion catholique, et bien qu'impressionnĂ© par ses rites, a fini par devenir hostile au catholicisme Ă  l'Ăąge adulte. Bullock considĂšre Hitler comme rationaliste et matĂ©rialiste, sans aucun sentiment pour le cĂŽtĂ© spirituel ou Ă©motif de l'existence humaine. Il Ă©crit Ă©galement que Hitler ne croyait ni « en Dieu ni en la conscience » mais trouvait Ă  la fois « justification et absolution » dans une vue de lui-mĂȘme qui faisait Ă©cho Ă  Hegel, selon lequel les hĂ©ros, les agents par lesquels se rĂ©alise la « VolontĂ© de l'Esprit du Monde » et le plan de la Providence, Ă©taient au-dessus de la moralitĂ© conventionnelle. AprĂšs ses premiers succĂšs militaires, Hitler « s'abandonnait entiĂšrement Ă  la mĂ©galomanie » et au « pĂ©chĂ© d'hybris », orgueil dĂ©mesurĂ©, prouvant qu’il se considĂ©rait comme plus qu’un simple ĂȘtre humain. Une fois la guerre terminĂ©e, Ă©crit Bullock, Hitler voulait dĂ©raciner et dĂ©truire l'influence des Églises, bien que jusque-lĂ  il restĂąt circonspect pour des raisons politiques :

« Aux yeux de Hitler, le christianisme n'était une religion que pour les esclaves; il détestait son éthique en particulier. Son enseignement, déclara-t-il, était une rébellion contre la loi naturelle de la sélection par la lutte et la survie du plus apte. »

— Hitler ou les mĂ©canismes de la tyrannie, Alan Bullock

Ian Kershaw

Au dĂ©but des annĂ©es 2000, Ian Kershaw, expert de Hitler, remarqua que de nouvelles sources avaient Ă©tĂ© dĂ©couvertes dans les Ă©tudes hitlĂ©riennes et que d'anciennes sources Ă©taient remises en question. La redĂ©couverte des journaux de Goebbels en particulier a apportĂ© un Ă©clairage nouveau sur les pensĂ©es intĂ©rieures de Hitler. Kershaw a Ă©galement trouvĂ© que la politique religieuse de Hitler a Ă©tĂ© influencĂ©e par des considĂ©rations politiques, Ă  cela venant s’ajouter l’hostilitĂ© naturelle de Hitler au christianisme. « MĂȘme si Hitler a parfois prĂ©tendu vouloir un rĂ©pit dans le conflit [avec les Ă©glises], ses propres commentaires enflammĂ©s ont donnĂ© Ă  ses subalternes toute la licence dont ils avaient besoin pour Ă©chapper Ă  la « lutte de l'Église », confiants qu'ils travaillaient vers le FĂŒhrer » a notĂ© Kershaw.

« L'impatience d'Hitler vis-Ă -vis des Ă©glises provoqua de frĂ©quentes explosions d'hostilitĂ©. Au dĂ©but de 1937, il dĂ©clarait que « le christianisme Ă©tait mĂ»r pour la destruction (Untergang), et que les Ă©glises doivent donc cĂ©der Ă  la « primautĂ© de l'État », en s'opposant Ă  « l'institution la plus horrible imaginable »

— Nemesis, Ian Kershaw

Richard J. Evans

L'historien britannique Richard J. Evans, qui Ă©crit principalement sur l'Allemagne nazie et la Seconde Guerre mondiale, pense que Hitler croyait Ă  long terme que le national-socialisme et la religion ne pourraient coexister. Il souligne Ă  plusieurs reprises que le nazisme Ă©tait laĂŻc et l'idĂ©ologie, fondĂ©e sur la science moderne: « La science, dĂ©clarait-il, dĂ©truirait facilement les derniers vestiges de la superstition ». L'Allemagne ne pouvait tolĂ©rer l'intervention d'influences Ă©trangĂšres telles que le pape et les « prĂȘtres », qu’elle qualifiait par ailleurs « d’insectes noirs », « d’avortons en soutanes noires ».

Richard Overy


L'historien britannique Richard Overy, biographe d'Hitler, considÚre Hitler comme n'étant ni chrétien pratiquant, ni athée endurci, mais il relÚve lui aussi le sentiment que le nazisme et la religion ne pouvaient coexister à long terme: «Staline et Hitler voulaient une religion stérilisée, subordonné à l'état, tandis que le programme lent de la révélation scientifique a détruit le fondement du mythe religieux. Overy écrit qu'Hitler était sceptique quant à toutes les croyances religieuses, mais qu'il était suffisamment prudent sur le plan politique pour ne pas « clamer publiquement ses opinions scientifiques », en partie pour maintenir la distinction entre son propre mouvement et l'impureté du communisme soviétique. En 2004, il a écrit :

« Il n'Ă©tait pas un chrĂ©tien pratiquant mais avait rĂ©ussi Ă  cacher son scepticisme religieux Ă  des millions d'Ă©lecteurs allemands. Bien que Hitler ait souvent Ă©tĂ© dĂ©peint comme un nĂ©o-paĂŻen, ou la piĂšce maĂźtresse d'une religion politique dans laquelle il jouait la divinitĂ©, ses opinions avaient beaucoup plus en commun avec l'iconoclasme rĂ©volutionnaire de l'ennemi bolchevique. Ses quelques remarques privĂ©es sur le christianisme trahissent un profond mĂ©pris et une profonde indiffĂ©rence
 Hitler croyait que toutes les religions Ă©taient maintenant « dĂ©cadentes »; en Europe, c'Ă©tait « l'effondrement du christianisme que les gens vivaient ». La raison de la crise Ă©tait la science. Hitler, comme Staline, considĂ©rait comme moderne l’explication selon laquelle les sciences et la religion Ă©taient incompatibles. »

— The dictators : Hitler's Germany and Stalin's Russia, Richard Overy

Percy Ernst Schramm

L'historien allemand Percy Ernst Schramm décrit le credo religieux personnel de Hitler aprÚs son rejet des croyances chrétiennes de sa jeunesse, comme « une variante du monisme si commun avant la PremiÚre Guerre mondiale». Selon Schramm, ces vues ont été indirectement influencées par le travail d'Ernst Haeckel et de son disciple, Wilhelm Bölsche (de).

Schramm cite le Dr Hanskarl von Hasselbach, l'un des médecins personnels de Hitler, disant que Hitler était une « personne religieuse, ou du moins une personne qui luttait avec la clarté religieuse. Selon von Hasselbach, Hitler ne partageait pas la conception de Martin Bormann selon laquelle les cérémonies nazies pouvaient se substituer aux cérémonies religieuses et était conscient des besoins religieux des masses. « Il a continué pendant des heures à discuter de la possibilité de combler la division confessionnelle du peuple allemand et de les aider à trouver une religion appropriée à leur caractÚre et à la compréhension du monde de l'homme moderne. »

La conception personnelle qu’avait Hitler de Dieu Ă©quivalait Ă  celle de « Providence » ou de « pouvoir crĂ©ateur ». Par exemple, lorsqu’il survĂ©cut Ă  la tentative d’assassinat du , il l'attribua Ă  la Providence et lui demanda de le prĂ©server afin qu’il puisse poursuivre sa tĂąche. À mesure que le temps passait, la conception de la providence de Hitler devenait de plus en plus Ă©troitement liĂ©e Ă  sa croyance en sa propre incapacitĂ© Ă  faire une erreur de jugement. Alfred Jodl a rapportĂ© que Hitler avait « une conviction presque mystique de son infaillibilitĂ© en tant que chef de la nation et de la guerre ». Un autre de ses mĂ©decins, le Dr Karl Brandt, a dĂ©clarĂ© qu'Hitler se considĂ©rait comme un « outil de la Providence », dĂ©vorĂ© par le dĂ©sir de tout donner au peuple allemand et de l'aider Ă  sortir de sa dĂ©tresse, la pensĂ©e que c'Ă©tait sa tĂąche et que lui seul pouvait l'accomplir.

Bien qu'il ne fĂ»t pas chrĂ©tien — il considĂ©rait le Christ comme un brillant dirigeant de la lutte de son peuple contre les pharisiens, mais pas comme un sauveur â€” il s'en prit nĂ©anmoins Ă  l'athĂ©isme en disant : ‘’ Nous sommes des crĂ©atures faibles, mais il serait stupide d'essayer de le nier : celui qui croit en quelque chose de faux est plus haut que celui qui ne croit Ă  rien ‘’.

Richard Steigmann-Gall

Richard Steigmann-Gall Ă©crit en 2003 que mĂȘme aprĂšs la rupture de Hitler avec le christianisme institutionnel (soit vers 1937), celui-ci continua de tenir JĂ©sus en haute estime, et ne dirigea jamais ses attaques contre JĂ©sus lui-mĂȘme. L'utilisation du terme « Christianisme positif » dans le programme du parti nazi des annĂ©es 1920 est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©e comme une mesure tactique, mais Steigmann-Gall pense qu'elle pourrait avoir une « logique interne » et ĂȘtre « plus qu'un stratagĂšme politique ». Il considĂšre que Hitler fut vĂ©ritablement religieux des annĂ©es 1920 jusqu’au dĂ©but des annĂ©es 1930 et qu'il percevait JĂ©sus comme un adversaire aryen des Juifs. L'historien Robert Michael a dit qu'en raison des croyances religieuses et de l'Ă©ducation professĂ©es Ă  Hitler dans sa jeunesse, il devrait au moins ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un « mauvais chrĂ©tien ».

Laurence Rees

Laurence Rees, historien de la BBC, caractĂ©rise le rapport de Hitler Ă  la religion comme Ă©tant de l'opportunisme et du pragmatisme: « sa relation au public avec le christianisme — en fait sa relation avec la religion en gĂ©nĂ©ral â€” Ă©tait opportuniste et consistait en une croyance individuelle dans les principes de base de l'Ă©glise chrĂ©tienne ». Analysant les allusions religieuses trouvĂ©es dans Mein Kampf, Rees Ă©crit que « la lecture la plus cohĂ©rente de Mein Kampf » est qu'Hitler Ă©tait prĂȘt Ă  croire en un dieu crĂ©ateur initial, mais « n'accepta pas la vision chrĂ©tienne conventionnelle du paradis et de l'enfer, ni la survie d'une « Ăąme » individuelle.

Max Domarus

Max Domarus (en) a Ă©crit que Hitler a remplacĂ© la croyance en un dieu judĂ©o-chrĂ©tien par la croyance en un « dieu » particuliĂšrement germanisĂ©. Il a promu l'idĂ©e de ce dieu en tant que crĂ©ateur de l'Allemagne, bien qu’il ne fut « pas un chrĂ©tien dans tous les sens du terme. » Domarus Ă©crit que Hitler n'a pas cru en une religion organisĂ©e ni ne s'est vu en tant que rĂ©formateur religieux. Hitler avait entiĂšrement rejetĂ© dĂšs 1937 la croyance en la conception judĂ©o-chrĂ©tienne de Dieu Ă©crit Domarus mais continuait Ă  utiliser le mot « Dieu » dans les discours. Ce n'Ă©tait pas le Dieu « adorĂ© depuis des millĂ©naires », mais un « dieu » nouveau et singuliĂšrement germanique. Ainsi, Hitler a dĂ©clarĂ© au journaliste britannique Ward Price en 1937: « Je crois en Dieu, et je suis convaincu qu'il ne dĂ©sertera pas 67 millions d'Allemands qui ont travaillĂ© si dur pour retrouver leur place lĂ©gitime dans le monde.

Bien que Hitler n'ait pas « respectĂ© ses commandements », Domarus croyait qu'Hitler conservait des Ă©lĂ©ments de la pensĂ©e catholique de son Ă©ducation jusque dans les premiĂšres annĂ©es du pouvoir : « Aussi tard qu'en 1933, il se dĂ©crivait toujours publiquement comme un catholique, rĂ©pandant le poison de sa soif de pouvoir et celui de son besoin de se sentir idolatrĂ© puis a finalement Ă©vincĂ© les souvenirs des croyances de l'enfance et en 1937, a abandonnĂ© la derniĂšre de ses convictions religieuses personnelles, dĂ©clarant Ă  ses partisans : « Maintenant, je me sens aussi frais qu'un poulain dans les pĂąturages. » (extrait de The Essential Hitler : Discours et commentaire de Max Domarus ). L'auteur Konrad Heiden a citĂ© Hitler dĂ©clarant : « Nous ne voulons pas d'autre divinitĂ© que l'Allemagne elle-mĂȘme, il est essentiel d'avoir une foi, un espoir et un amour fanatiques dans et pour l'Allemagne. » Derek Hastings considĂšre comme « Ă©minemment plausible » qu'Hitler ait Ă©tĂ© un croyant catholique aussi tard que son procĂšs en 1924, mais Ă©crit qu '« il ne fait aucun doute qu'Hitler Ă©tait un fervent adversaire du christianisme pendant toute la durĂ©e du TroisiĂšme Reich ».

John Toland

Le biographe John Toland raconte qu'Ă  la suite d'une tentative d'assassinat en 1939, Hitler aurait dit Ă  ses proches que le pape Pie XII n'Ă©tait pas son ami et aurait sans doute prĂ©fĂ©rĂ© le voir mourir. Il Ă©crit aussi qu'en 1941, Hitler Ă©tait encore « un membre en rĂšgle de l'Église de Rome malgrĂ© sa dĂ©testation de sa hiĂ©rarchie ». Selon Guenter Lewy, Hitler n'a pas Ă©tĂ© excommuniĂ© explicitement par l'Église catholique de son vivant, mais ces auteurs nĂ©gligent le fait qu'Hitler fut en fait excommuniĂ© latae sententiae, avec tous les autres dirigeants nazis, dĂšs 1931, pour le programme eugĂ©niste avouĂ© du NSDAP. Bien qu'il ait reçu les sacrements catholiques du baptĂȘme et la confirmation Ă©tant enfant, il y a peu de preuve qu'il se considĂ©rait comme soumis Ă  l'enseignement de l'Église Ă  partir de l'adolescence, quelle que soit l'appartenance culturelle qu'il revendiquait. De mĂȘme, l’excommunication ne signifiait rien pour lui.

Samuel Koehne

Samuel Koehne, de l'Université Deakin, a écrit en 2012 :

« Hitler Ă©tait-il athĂ©e ? Probablement pas, mais il reste trĂšs difficile de dĂ©terminer ses croyances religieuses personnelles et le dĂ©bat fait rage. Alors qu'Hitler n'Ă©tait pas « chrĂ©tien » par la notion traditionnelle ou orthodoxe du terme, il parlait d'une divinitĂ© dont le travail Ă©tait la nature et les lois naturelles, confondant Dieu et la nature dans la mesure oĂč ils seraient devenus une seule et mĂȘme chose
 » et que « pour cette raison, certains travaux rĂ©cents ont soutenu que Hitler Ă©tait un dĂ©iste ». Dans ses Ă©crits sur les images et les symboles religieux rĂ©currents de Hitler, Kenneth Burke a conclu que « les modes de pensĂ©e d'Hitler ne sont rien de plus que des formes perverties ou caricaturales de l’esprit religieux ».

Remarques privées de Hitler à ses confidents sur la religion

Albert Speer

Dans ses mĂ©moires[13], Albert Speer, le plus proche confident d'Hitler, son architecte personnel et le ministre des Armements, Ă©crivait : « Au milieu de ses associĂ©s politiques Ă  Berlin, Hitler a prononcĂ© des sentences sĂ©vĂšres contre l’Église
 », mais « a conçu celle-ci comme un instrument qui pourrait lui ĂȘtre utile :

« Vers 1937, quand Hitler apprend qu'Ă  l'instigation du parti et des SS, un grand nombre de ses partisans ont quittĂ© l’Église parce qu'il s'oppose obstinĂ©ment Ă  ses plans, il ordonne nĂ©anmoins Ă  ses principaux associĂ©s, surtout Goering et Goebbels, de rester membres de l’Église. Lui aussi resterait membre de l'Église catholique, a-t-il dit, bien qu'il n' ait pas vraiment eu d'attachement Ă  celle-ci. En fait, il est restĂ© membre de l’Église jusqu'Ă  son suicide. »

— Au cƓur du Troisiùme Reich, Albert Speer

Le journal de Joseph Goebbels fait Ă©galement remarquer cette politique. Goebbels Ă©crivait le que bien qu'Hitler fĂ»t « un farouche adversaire » du Vatican et du christianisme, il lui interdise de quitter l’Église pour des raisons tactiques.

Selon Speer, le secrĂ©taire privĂ© de Hitler, Martin Bormann, a mĂ©morisĂ© toutes les dĂ©clarations virulentes d'Hitler contre l’Église. Speer considĂ©rait Bormann comme la force motrice de la lutte du rĂ©gime contre les Églises. Speer pensait qu'Hitler approuvait les objectifs de Bormann, mais Ă©tait plus pragmatique sur certains points et voulait les « reporter Ă  un moment plus favorable »:

« Une fois que j'ai rĂ©glĂ© mon autre problĂšme », Hitler a dĂ©clarĂ© de temps en temps, « Je vais avoir mon compte avec l’Église, je vais l'avoir sur les cordes. » Mais Bormann ne voulait pas que ce compte soit reportĂ© [
] il sortait un document de sa poche et commençait Ă  lire des passages d'un sermon provocateur ou d'une lettre pastorale. FrĂ©quemment Hitler devenait si agité  et jurait de punir de suite le clergĂ© offensant
 Qu'il ne puisse pas immĂ©diatement riposter le mettait dans une colĂšre noire
 »

— Au cƓur du Troisiùme Reich, Albert Speer

Hitler, écrivait Speer, considérait le christianisme comme une mauvaise religion, incompatible avec le « tempérament germanique ». Speer écrivait qu'Hitler disait: « Vous voyez, nous avons eu le malheur d'avoir la mauvaise religion. Pourquoi n'avons-nous pas eu la religion des Japonais qui considÚrent le sacrifice pour la patrie comme le plus grand bien ? La religion musulmane nous aurait aussi été beaucoup plus bénéfique que le christianisme : pourquoi devons-nous endurer le christianisme avec sa douceur et sa mollesse ? ». Speer a également écrit que Hitler était hostile aux notions mystiques propagées par Himmler et Rosenberg.

Martin Bormann

Martin Bormann, qui servait de secrĂ©taire privĂ© Ă  Hitler[14] - [15], persuada celui-ci de permettre Ă  une Ă©quipe d'officiers spĂ©cialement choisis de consigner en stĂ©nographie ses conversations privĂ©es pour la postĂ©ritĂ©. Entre 1941 et 1944, les conversations de Hitler ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es dans des transcriptions maintenant connues sous le nom de Libres propos. Les transcriptions ne concernent pas seulement les vues d'Hitler sur la guerre et les affaires Ă©trangĂšres, mais aussi ses attitudes caractĂ©ristiques sur la religion, la culture, la philosophie, les aspirations personnelles et ses sentiments envers ses ennemis et ses amis. Speer a notĂ© dans ses mĂ©moires que Bormann a profitĂ© de toutes les dĂ©clarations sĂ©vĂšres faites par Hitler contre l’Église. Dans les transcriptions, Hitler parle du christianisme comme d’une « absurditĂ© » et une « fumisterie » fondĂ©e sur des « mensonges » avec lesquels il pourrait « ne jamais venir personnellement Ă  bout ».

Martin Bormann.

Le consensus gĂ©nĂ©ral parmi les historiens est que les opinions exprimĂ©es dans la traduction de Libres propos sont crĂ©dibles. Ces conversations sont reconnues comme authentiques et incluent des citations telles que celle-ci : « le christianisme est le prototype du bolchevisme : la mobilisation par le Juif de masses d'esclaves dans le but de miner la sociĂ©tĂ© ». La biographie de rĂ©fĂ©rence d'Alan Bullock, Hitler : Les mĂ©canismes d'une tyrannie, cite Hitler : « PoussĂ© Ă  son extrĂȘme logique, le christianisme signifierait l’apologie systĂ©matique de l'Ă©chec humain » (dĂ©claration lĂ  encore issue des conversations de tablĂ©e du FĂŒhrer) et rĂ©pĂšte d'autres vues apparaissant dans Libres propos telles que : « les enseignements du christianisme sont une rĂ©bellion contre la loi naturelle de la sĂ©lection par la lutte et la survie du plus apte. »

Michael Burleigh opposait les déclarations publiques d'Hitler concernant le christianisme à celles de Libres propos, suggérant que les vraies opinions religieuses d'Hitler étaient « un mélange de biologie matérialiste, un mépris faussement nietzschéen pour le noyau, distinct des valeurs secondaires chrétiennes et un anticléricalisme viscéral ». Richard Evans a également réitéré l'opinion selon laquelle le nazisme était laïc, scientifique et antireligieux dans le dernier volume de sa trilogie sur l'Allemagne nazie : « L'hostilité d'Hitler au christianisme a atteint de nouveaux sommets pendant la guerre »; sa source était la traduction anglaise de 1953 de Libres propos. Les discours du dictateur expriment souvent des opinions péjoratives sur le christianisme, telles que : « Le plus grand coup qui ait jamais frappé l'humanité, c'est l'avÚnement du christianisme : le bolchevisme est l'enfant illégitime du christianisme, tous deux sont des inventions du Juif. La question de la religion a été introduite dans le monde par le christianisme. »

Les transcriptions contenues dans Libres propos montrent un Hitler exprimant le dĂ©sir que la science dĂ©passe la religion. Le , dans un article sur le destin du christianisme, Hitler dit : « La science ne peut mentir car elle s'efforce toujours, selon l'Ă©tat momentanĂ© de la connaissance, de dĂ©duire ce qui est vrai, de bonne foi. Le menteur, c'est le christianisme qui est en perpĂ©tuel conflit avec lui-mĂȘme. Hitler pense que la religion s’effondrera avant le progrĂšs scientifique : « Le dogme du christianisme s'usera devant les progrĂšs de la science, la religion devra faire de plus en plus de concessions et, progressivement, les mythes s'effondreront. Quand la comprĂ©hension de l'univers se rĂ©pandra, quand la majoritĂ© des hommes sauront que les Ă©toiles n’étaient pas des sources de lumiĂšre mais des mondes, peut-ĂȘtre des mondes habitĂ©s comme le nĂŽtre, alors la doctrine chrĂ©tienne sera reconnue coupable d'absurditĂ©. »

Hitler voulait que son mouvement soit Ă  l'Ă©cart de la religion, craignant que le pacte Ă  court terme avec l’Église ne s'effondre : « Je suis convaincu que tout pacte avec l’Église ne peut offrir qu'un bĂ©nĂ©fice provisoire, car tĂŽt ou tard l'esprit scientifique rĂ©vĂ©lera le caractĂšre nuisible de celle-ci. Ainsi, l'État aura fondĂ© son existence sur des fondations qui s'effondreront un jour : un homme instruit garde le sens des mystĂšres de la nature et s'incline devant l'inconnaissable, tandis qu'un homme sans Ă©ducation court le risque De s’orienter vers l'athĂ©isme (qui est un retour Ă  l'Ă©tat primitif) dĂšs qu'il s'aperçoit que l'État, par pur opportunisme, se sert de fausses idĂ©es en matiĂšre de religion tandis que dans d'autres domaines, il fonde tout sur la science pure. C'est pourquoi j'ai toujours gardĂ© le Parti Ă  l'Ă©cart des questions religieuses. »

Selon Libres propos, Hitler croyait que les vrais enseignements chrĂ©tiens de JĂ©sus avaient Ă©tĂ© corrompus par l'apĂŽtre Paul, qui les aurait transformĂ©s en une sorte de bolchevisme juif. Hitler croyait que prĂȘcher « l'Ă©galitĂ© de tous les hommes entre eux, et leur obĂ©issance Ă  un seul dieu causa la mort de l'Empire romain. »

Dans Libres propos, Hitler a louĂ© les trois livres de l'Apostat contre les GalilĂ©ens, un traitĂ© antichrĂ©tien datant de 362 aprĂšs JĂ©sus.-Christ, dans sa lettre datĂ©e du , affirmant : « Quand on pense aux opinions du christianisme exprimĂ©es par nos meilleurs esprits il y a cent, deux cents ans, on a honte de se rendre compte combien peu nous avons Ă©voluĂ© depuis
 Je ne savais pas que Julien l'Apostat avait jugĂ© avec tant de clairvoyance le christianisme et les chrĂ©tiens
 À l'origine, le christianisme Ă©tait simplement une incarnation du bolchevisme destructeur, mais le GalilĂ©en, que l'on appellerait plus tard le Christ, voulait quelque chose de tout Ă  fait diffĂ©rent : il devait ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un chef populaire qui prenait position contre la communautĂ© juive
 et il est certain que JĂ©sus n'Ă©tait pas Juif, ceux-ci le considĂ©rant comme le fils d'une putain et d'un soldat romain. La falsification dĂ©cisive de la doctrine de JĂ©sus est l'Ɠuvre de saint Paul : il se livra Ă  cette Ɠuvre avec subtilitĂ© et Ă  des fins personnelles. Car l'objectif du GalilĂ©en Ă©tait de libĂ©rer son pays de l'oppression juive. Il s'est placĂ© contre le capitalisme juif et c'est pourquoi les Juifs l'ont liquidĂ©. Paul de Tarse (il s'appelait Saul avant le chemin de Damas) Ă©tait l'un de ceux qui persĂ©cutaient JĂ©sus le plus sauvagement. »

Richard Carrier a fait quelques comparaisons isolĂ©es de passages des Ă©ditions allemande, française et anglaise de Libres propos et a trouvĂ© dans chaque cas que l'Ă©dition anglaise, traduite par Trevor-Roper, Ă©tait semblable Ă  l'Ă©dition française traduite par François Genoud, plutĂŽt que des Ă©ditions allemandes ; aussi, la traduction française contenait des distorsions significatives, qui augmentaient gĂ©nĂ©ralement l'impression de la haine de Hitler pour le christianisme. Carrier a conclu que « l'Ă©dition de Trevor-Roper doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme dĂ©nuĂ©e de valeur. » Cependant, Carrier a trouvĂ© que trois versions allemandes « ont un ancĂȘtre commun, qui doit ĂȘtre le bunker lui-mĂȘme », et a recommandĂ© que les chercheurs travaillent directement sur les Ă©ditions allemandes.

Dans son introduction pour l'Ă©dition 2013 de Libres propos, Gerhard Weinberg a convenu que l'Ă©dition de Trevor-Roper « dĂ©rive de l'Ă©dition française de Genoud et non de l'un ou l'autre des textes allemands ». AprĂšs avoir examinĂ© la correspondance et les documents personnels de Trevor-Roper, Mikael Nilsson a conclu que Trevor-Roper Ă©tait pleinement conscient du fait que son Ă©dition Ă©tait basĂ©e sur les textes français, cela n’ayant de plus posĂ© aucun problĂšme aux lecteurs.

Joseph Goebbels

Le journal de Joseph Goebbels, le ministre de la Propagande du TroisiĂšme Reich, donne un aperçu important de la pensĂ©e et des actions d'Hitler[16]. Dans un passage datĂ© du , Goebbels Ă©crivait que « le FĂŒhrer rejette avec passion toute idĂ©e de fonder une religion, il n'a aucune intention de devenir prĂȘtre, son seul rĂŽle exclusif est celui de politicien »[17]. Dans une note du , Goebbels Ă©crivait, toujours Ă  propos de Hitler : « Il dĂ©teste le christianisme parce qu'il a paralysĂ© toute la noblesse humaine »[18]

En 1937, Goebbels a notĂ© que Hitler approuvait la propagande anti-chrĂ©tienne et les procĂšs contre le clergĂ©. Selon Ian Kershaw, l'agacement d'Hitler vis-Ă -vis des Églises « provoqua de frĂ©quents accĂšs d'hostilitĂ© : au dĂ©but de 1937, il dĂ©clarait que « le christianisme Ă©tait mĂ»r pour la destruction » et que les Églises devaient cĂ©der Ă  la « primautĂ© de l'État ». Dans un passage du , Goebbels notait de longues discussions sur le Vatican et le christianisme, et concluait : « Le FĂŒhrer est un farouche opposant Ă  tout ce flĂ©au. »[19]

En 1939, Goebbels remarquait que le FĂŒhrer savait qu'il « aurait Ă  mener un conflit entre l'Église et l'État » mais qu'entre-temps, « la meilleure façon de traiter avec l’Église Ă©tait de prĂ©tendre ĂȘtre un « chrĂ©tien positif ».

Dans une autre note, Goebbels a observĂ© que Hitler Ă©tait « profondĂ©ment religieux mais totalement anti-chrĂ©tien ». Il Ă©crit le : « Le FĂŒhrer considĂšre le christianisme comme un symptĂŽme de la dĂ©cadence. Ce Ă  juste titre. C'est une branche deu judaĂŻsme. Cela peut ĂȘtre perçu dans la similitude de leurs rites religieux. Les deux (le judaĂŻsme et le christianisme) n'ont aucun point de contact avec l'Ă©lĂ©ment animal, et ainsi, Ă  la fin, seront-ils dĂ©truits. Le FĂŒhrer est un vĂ©gĂ©tarien convaincu par principe. ».

Goebbels note en 1939 une conversation dans laquelle Hitler avait « exprimé sa révolte contre le christianisme : le moment était venu de pouvoir l'exprimer ouvertement pensait-il : le christianisme avait corrompu et infecté le monde entier depuis l'antiquité ». Hitler, écrivait Goebbels, considérait l'ùge augustinien (pré-chrétien) comme le point culminant de l'Histoire et ne pouvait se rapporter à l'esprit gothique ni au « mysticisme couvant ».

Le journal rapporte également que Hitler croyait que Jésus « voulait aussi agir contre la domination juive du monde mais que le judaïsme l'avait crucifié et que Paul avait falsifié sa doctrine et sapé la Rome antique ».

Autres témoins

Alfred Rosenberg, considéré comme l'idéologue principal du parti nazi a lui aussi, comme Goebbels, tenu un journal. On trouve beaucoup de passages nous éclairant sur les rapports entre Hitler et la religion, mais l'entrée du est claire sur le fait qu'Hitler était antichrétien et voulait éliminer le christianisme aprÚs la guerre[20].

L'Anschluss marque l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie au dĂ©but de l’annĂ©e 1938[21] - [22]. Le chancelier autrichien, Kurt von Schuschnigg, s'Ă©tait rendu en Allemagne pour rencontrer Hitler, qui, selon le tĂ©moignage de Schuschnigg, menaçait la place de l'Autriche en allemand ainsi que l'Histoire en disant: « Toute idĂ©e nationale a Ă©tĂ© sabotĂ©e par l'Autriche Ă  travers l'Histoire et, en effet, tout ce minage Ă©tait l'activitĂ© principale des Habsbourg et de l'Église catholique. » Cela finit par l'ultimatum de Hitler et la demande pressante d’annexion du territoire autrichien.

AprĂšs la tentative d'assassinat lors du « complot du 20 juillet 1944 », Hitler attribue sa survie au destin dans une Ă©mission de radio le jour suivant. Le chef adjoint de la presse allemande, Helmut SĂŒndermann (de), a dĂ©clarĂ©: « Le peuple allemand doit considĂ©rer l'Ă©chec de l'attentat contre Hitler comme un signe que le FĂŒhrer accomplira ses tĂąches sous la protection d'un pouvoir divin ».

En 1945, sa sƓur Paula avait dĂ©clarĂ© : « Je ne crois pas qu'il ait quittĂ© l'Église [catholique], je n’en ai aucune certitude. »

À la suite d'une rencontre avec Hitler, le cardinal Michael von Faulhaber, un homme qui avait « courageusement critiquĂ© les attaques nazies contre l'Église catholique, est parti convaincu qu'Hitler Ă©tait profondĂ©ment religieux », a soulignĂ© Ian Kershaw. En , le prĂ©lat catholique romain a rencontrĂ© Hitler au Berghof pour une rĂ©union de trois heures. Il a quittĂ© la rĂ©union et a Ă©crit : « Le chancelier du Reich vit sans aucun doute dans la croyance en Dieu, il reconnaĂźt le christianisme comme le bĂątisseur de la culture occidentale ». Le gĂ©nĂ©ral Gerhard Engel a Ă©galement Ă©crit qu'Hitler Ă©tait un croyant, ayant Ă©crit dans son journal qu'en 1941, Hitler avait dĂ©clarĂ©: « Je suis actuellement catholique et je le resterai toujours ». Kershaw cite le cas de Faulhaber comme un exemple de la capacitĂ© de Hitler Ă  « convaincre les critiques les plus endurcis », dĂ©montrant la « capacitĂ© Ă©vidente de Hitler Ă  simuler, mĂȘme devant des dignitaires ecclĂ©siastiques potentiellement critiques, une image de dirigeant dĂ©sireux de dĂ©fendre et de protĂ©ger le christianisme ».

Évolution des croyances religieuses de Hitler au cours de sa vie

PremiÚres années

Adolf Hitler a Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans une famille catholique Ă  Habsbourg en Autriche[23] - [24] - [25]. Cependant, les dĂ©tails historiques fiables sur son enfance sont rares. Selon l'historien Ian Kershaw, les rĂ©flexions qu'Hitler a fournies sur sa propre vie dans Mein Kampf sont « inexactes dans les dĂ©tails et colorĂ©es dans l'interprĂ©tation », alors que les informations fournies pendant la pĂ©riode nazie sont « douteuses », comme le sont les souvenirs d'aprĂšs-guerre venant de la famille et des connaissances du FĂŒhrer.

Hitler a Ă©tĂ© baptisĂ© l’annĂ©e mĂȘme de sa naissance, en 1889. Le pĂšre d'Hitler, Alois, bien que thĂ©oriquement catholique, Ă©tait quelque peu sceptique et anticlĂ©rical dans ses convictions. Au contraire, sa mĂšre Klara Ă©tait un pratiquante catholique dĂ©vote. Wilson a Ă©crit : « On en fait parfois beaucoup de l'Ă©ducation catholique de Hitler
 c'Ă©tait quelque chose Ă  quoi Hitler lui-mĂȘme faisait souvent allusion, et il Ă©tait presque toujours violemment hostile Ă  cela ». Hitler se vantait d'exprimer son scepticisme face aux enseignants du clergĂ© lorsqu'il Ă©tait Ă©lĂšve dans une Ă©cole d'instruction religieuse. Il a frĂ©quentĂ© plusieurs Ă©coles primaires. Pendant six mois, la famille vĂ©cut en face d'un monastĂšre bĂ©nĂ©dictin Ă  Lambach, et, quelques aprĂšs-midi, le jeune Hitler frĂ©quenta la chorale. Hitler a Ă©crit plus tard dans Mein Kampf qu'Ă  ce moment il rĂȘvait d’entrer dans les ordres.

Vierge Ă  l'enfant, peinture de Hitler (1913).

Hitler fit sa confirmation le . Selon Rissmann, Hitler, dans sa jeunesse, fut influencĂ© par le pangermanisme et commença Ă  rejeter l'Église catholique, ne recevant sa confirmation que de maniĂšre involontaire. Le biographe John Toland a Ă©crit Ă  propos de la cĂ©rĂ©monie de 1904 Ă  la cathĂ©drale de Linz que le commanditaire de confirmation de Hitler a dit qu'il avait failli « tirer les mots de lui
 presque comme si toute la cĂ©rĂ©monie lui rĂ©pugnait ». Un ami d'enfance a prĂ©tendu qu’Hitler, aprĂšs cela, n'a plus jamais assistĂ© Ă  la messe ou reçu un quelconque sacrement.

En 1909, Hitler s'installe Ă  Vienne et, selon Bullock, ses intĂ©rĂȘts intellectuels vacillent. Ses lectures et pratiques d’alors comprennent « La Rome antique, les religions orientales, le yoga, l'occultisme, l'hypnose, l'astrologie, le protestantisme, chacun des sujets stimulant tour Ă  tour son intĂ©rĂȘt
 Il s’est mis Ă  mĂ©priser les gens, il a donnĂ© libre cours Ă  ses haines — contre les juifs, les prĂȘtres, les sociaux-dĂ©mocrates, les Habsbourg â€” sans retenue ».

Dans « L'Anatomie d'un dictateur » de Percy Ernst Schramm, basé sur une analyse des transcriptions des enregistrements issus de Libre propos, Hitler est cité comme disant que « aprÚs une dure lutte intérieure », il s'était libéré des croyances religieuses de sa jeunesse, de sorte qu'il se sentait « aussi frais qu'un poulain dans le pùturage ».

Propos publics et Ă©crits sur la religion

En dĂ©pit de son scepticisme personnel, le rapport public de Hitler Ă  la religion Ă©tait un pragmatisme opportuniste[26]. Dans les affaires religieuses il a facilement adoptĂ© une stratĂ©gie « qui a contentĂ© ses buts politiques immĂ©diats. » Il a typiquement adaptĂ© son message aux sensibilitĂ©s perçues par son public et Kershaw considĂšre que peu de gens pourraient vraiment prĂ©tendre « connaĂźtre » Hitler, qui Ă©tait « un individu trĂšs privĂ© et secret « capable de tromper » des critiques mĂȘme endurcis » envers ses vraies croyances. En privĂ©, il a mĂ©prisĂ© le christianisme mais en faisant campagne pour le pouvoir en Allemagne, il a fait des dĂ©clarations en faveur de la religion.

Les dĂ©clarations publiques de Hitler Ă©taient remplies de rĂ©fĂ©rences Ă  « Dieu » et la « Providence ». Dans Hitler et Staline: Vies parallĂšles, Bullock a Ă©crit qu'Hitler, comme NapolĂ©on avant lui, employait frĂ©quemment le langage de la « Providence divine » pour dĂ©fendre son propre mythe, mais, finalement, partageait avec le dictateur soviĂ©tique Joseph Staline. « la mĂȘme vision matĂ©rialiste, fondĂ©e sur la certitude des rationalistes du XIXe siĂšcle que le progrĂšs de la science dĂ©truirait tous les mythes et aurait dĂ©jĂ  prouvĂ© que la doctrine chrĂ©tienne Ă©tait une absurditĂ© » :< « Le propre mythe d'Hitler devait ĂȘtre protĂ©gĂ©, ce qui l'amena, comme NapolĂ©on, Ă  parler souvent de la Providence, comme une projection nĂ©cessaire, sinon inconsciente, de son sens du destin qui lui fournissait Ă  la fois la justification et l'absolution. « Les Russes, remarqua-t-il une fois, avaient le droit d'attaquer leurs prĂȘtres, mais ils n'avaient pas le droit d'attaquer l'idĂ©e mĂȘme d’un Dieu. C'est un fait que nous sommes des crĂ©atures faibles et qu'une force crĂ©atrice existe » Hitler avait « la capacitĂ© de simuler, mĂȘme aux dirigeants potentiellement critiques de l'Église, l’image d'un leader dĂ©sireux de dĂ©fendre et de protĂ©ger le christianisme [du bolchevisme]», a Ă©crit Kershaw.

Dans de nombreux discours Adolf Hitler se présente comme un chrétien combattant le mal capitaliste incarné par les Juifs, présentant Jésus comme le fait le Ku Klux Klan protestant américain (reliquat du puritanisme anglican des colons esclavagiste en Amérique)[27] : en chasseur de Juifs du Temple ; ainsi :

« Dans un amour sans limites en tant que chrĂ©tien et en tant qu'homme, j'ai lu le passage qui nous raconte comment le Seigneur s'est enfin levĂ© dans sa puissance et a saisi le flĂ©au pour chasser du Temple la couvĂ©e de vipĂšres et d'additionneurs. Combien terrible Ă©tait son combat pour le monde contre le poison juif. Aujourd'hui, aprĂšs deux mille ans, avec une Ă©motion plus profonde, je reconnais plus profondĂ©ment que jamais - le fait que c'est pour cela qu'il a dĂ» verser son sang sur la croix. En tant que chrĂ©tien, je n'ai pas le devoir de me laisser tromper, mais j'ai le devoir d'ĂȘtre un combattant pour la vĂ©ritĂ© et la justice. (...) Quand je sors le matin et que je vois ces hommes debout dans leurs files d'attente et que je regarde leurs visages pincĂ©s, alors je crois que je ne serais pas un chrĂ©tien, mais un trĂšs diable, si je n'avais aucune pitiĂ© pour eux, si je ne le faisais pas, comme notre Seigneur, il y a deux mille ans, s'est-il retournĂ© contre ceux par qui aujourd'hui ce pauvre peuple est pillĂ© et exploitĂ©. »

— Adolf Hitler, discours du 12 avril 1922, à Munich[28].

Le lien idĂ©ologique d'Adolf Hitler, du nazisme, avec le protestantisme esclavagiste du Ku Klux Klan a Ă©tĂ© faite par l'historien amĂ©ricain Robert Paxton dans son ouvrage Le fascisme en action : mĂȘme folklore festif de croix brĂ»lĂ©es, idĂ©ologie esclavagiste au profit d'une Nation Ă©lue, haine des Noirs, des Juifs et du mĂ©tissage tant culturel que physique[29].

Mein Kampf et la religion

Dans Mein Kampf (1924-1925), rédigé alors qu'il était en prison aprÚs son putsch raté de 1923, Hitler a combiné des éléments autobiographiques à des expositions de son idéologie politique raciste[30] - [31] - [32] - [33] - [34] - [35]. Les réflexions personnelles contenues dans Mein Kampf sont néanmoins inexactes et peu fiables. Il y emploie les mots « Dieu », « le Créateur », « Providence » et « Seigneur ».

Laurence Rees a dĂ©crit la forme de l’Ɠuvre comme un « nihilisme morne » rĂ©vĂ©lant un univers froid sans autre structure morale que la lutte entre diffĂ©rents peuples pour la suprĂ©matie : « Ce qui manque Ă  Mein Kampf, Ă©crit Rees, et c'est un fait qui n'a pas reçu la reconnaissance qu'il devrait — c'est son insistance sur le christianisme â€” bien que l'Allemagne, a notĂ© Rees, avait Ă©tĂ© chrĂ©tienne depuis mille ans. » Ainsi, conclut Rees, « la lecture la plus cohĂ©rente de Mein Kampf est qu'Hitler Ă©tait prĂȘt Ă  croire en un Dieu crĂ©ateur initial, mais n'acceptait pas la vision chrĂ©tienne conventionnelle du ciel et de l'enfer, ni la survie d'une “ñme” individuelle
 nous sommes des animaux et tout comme les animaux, nous sommes confrontĂ©s au choix de dĂ©truire ou d'ĂȘtre dĂ©truits. »

Mein Kampf.

Paul Berben a Ă©crit qu'en ce qui concerne les dĂ©nominations chrĂ©tiennes, Hitler a fait preuve de neutralitĂ© dans Mein Kampf mais a plaidĂ© pour une sĂ©paration claire de l’Église et de l’État, de maniĂšre que l’Église ne se prĂ©occupe plus de la vie terrestre du peuple qui, elle, doit ĂȘtre du domaine de l'État. Selon William Shirer, Hitler « a critiquĂ© le catholicisme politique dans Mein Kampf et a attaquĂ© les deux principales Églises chrĂ©tiennes pour leur incapacitĂ© Ă  reconnaĂźtre le problĂšme racial
 », tout en avertissant qu'aucun parti politique ne pourrait rĂ©ussir Ă  « produire une rĂ©forme religieuse ».

Richard Steigmann-Gall a dĂ©celĂ© la preuve d'un « Ă©lĂ©ment chrĂ©tien » dans les premiers Ă©crits de Hitler. Dans Mein Kampf, Steigmann-Gall ne voyait « aucune indication que [Hitler] soit athĂ©e ou agnostique ou ne croyait qu'Ă  une divinitĂ© rationaliste isolĂ©e, voir qu’il se rĂ©fĂ©rait continuellement Ă  une divinitĂ© active et providentielle. »

« Aujourd'hui, je crois que je suis en accord avec la volontĂ© du CrĂ©ateur Tout-Puissant : en me dĂ©fendant contre le Juif, je me bats pour l'Ɠuvre du Seigneur. Sa vie est initialement terrestre et son esprit est intĂ©rieurement Ă©tranger au vrai christianisme comme sa nature deux mille ans auparavant Ă©tait celle du grand fondateur de la nouvelle doctrine. Face au peuple juif, il prit, quand il le fallait, le fouet pour chasser du temple de Dieu cet adversaire de toute l'humanitĂ© qui, comme toujours, ne voyait dans la religion qu'un instrument de son existence. Il a Ă©tĂ© clouĂ© Ă  la croix, tandis que nos chrĂ©tiens du parti actuel se sont rabaissĂ©s pour demander des votes juifs aux Ă©lections et plus tard essayer d'organiser des escroqueries politiques avec des partis juifs athĂ©es — et ceci contre leur propre nation. »

— Mein Kampf, Adolf Hitler[36]

Steigmann-Gall a fait valoir que les rĂ©fĂ©rences de Hitler Ă  JĂ©sus et Dieu en tant que « Seigneur de la CrĂ©ation » ainsi que la nĂ©cessitĂ© d'obĂ©ir Ă  « sa volontĂ© » rĂ©vĂšle que le christianisme a Ă©tĂ© fusionnĂ© dans sa pensĂ©e. Hitler, parallĂšlement, dĂ©clare :« Ce que le christianisme atteint n’est pas un dogme, il ne cherche pas la forme ecclĂ©siastique pour l’aspect extĂ©rieur mais plutĂŽt des principes Ă©thiques
 Il n'y a pas de religion et aucune philosophie qui corresponde Ă  son contenu moral, pas d’éthique philosophique qui soit mieux en mesure de dĂ©samorcer la tension entre cette vie et l'au-delĂ , dont le christianisme et son Ă©thique sont nĂ©s ».

Dans Mein Kampf, Hitler a Ă©crit que JĂ©sus « ne faisait pas mystĂšre de son attitude envers le peuple juif, et au besoin, a mĂȘme pris le fouet pour chasser du temple du Seigneur cet adversaire de toute l'humanitĂ©, qui alors, comme toujours, ne faisait pas cas de la religion et l’utilisait seulement comme un instrument de son existence et de ses affaires. Par vengeance, le Christ a Ă©tĂ© clouĂ© sur la croix ».

Hitler a écrit sur l'importance d'une certaine et uniformément acceptée Weltanschauung (vision du monde), et a noté que la position diminuée de la religion en Europe a conduit à une baisse des certitudes, « nécessaires encore en ce monde humain et inconcevable sans l'existence pratique de croyance religieuse ».

« Le chef politique ne doit pas estimer la valeur d'une religion en prenant certaines de ses lacunes en compte, mais il doit se demander s'il n’y a pas un substitut pratique dans une opinion qui soit manifestement mieux. Jusqu'Ă  ce qu'un tel remplacement soit disponible, seuls les imbĂ©ciles et les criminels penseraient pouvoir abolir la religion existante. »

— Mein Kampf, Adolf Hitler

Afin d’examiner la façon d’établir un nouvel ordre, Hitler a fait valoir que la grandeur des puissantes organisations Ă©tait tributaire de l'intolĂ©rance de toutes les autres, de sorte que la grandeur du christianisme est nĂ© de la « proclamation implacable et fanatique ainsi que la dĂ©fense de son propre enseignement. » Hitler a par ailleurs rejetĂ© les origines violentes du christianisme en Allemagne : « Il est donc outrageusement injuste de parler des Allemands prĂ©-chrĂ©tiens comme des barbares qui n'avaient pas la civilisation. Ils n'ont jamais Ă©tĂ© tels. ». PrĂ©voyant son conflit avec l’Église catholique concernant l’euthanasie, Hitler a Ă©crit que les Ă©glises devraient abandonner le travail missionnaire accompli en Afrique et se concentrer sur la maniĂšre de convaincre les EuropĂ©ens que l’adoption est prĂ©fĂ©rable et mieux vue de Dieu que « donner la vie Ă  un enfant malade qui sera une cause de souffrance et de malheur Ă  tous. » Les Églises chrĂ©tiennes devraient oublier leurs propres diffĂ©rences et se concentrer sur la question de la « contamination raciale », a-t-il dĂ©clarĂ©.

« Les deux confessions chrĂ©tiennes regardent avec indiffĂ©rence la profanation et la destruction d'une crĂ©ature noble et unique qui a Ă©tĂ© donnĂ©e au monde comme un don par la grĂące de Dieu. Pour l'avenir du monde, cependant, il n'a pas d'importance que l’un des deux triomphe sur l'autre, que ce soit les catholiques ou les protestants. Mais cela importe si l'humanitĂ© aryenne survit ou dĂ©pĂ©rit. »

— Mein Kampf, Adolf Hitler

Quand il est arrivĂ© Ă  Vienne Ă©tant jeune homme, Hitler prĂ©tendait, n’étant pas encore antisĂ©mite : « Dans le Juif, je n’ai vu qu'un homme d'une religion diffĂ©rente et par consĂ©quent, pour des raisons de tolĂ©rance humaine, j'Ă©tais contre l'idĂ©e qu'il devrait ĂȘtre attaquĂ© parce qu'il avait une autre foi ». Il pensait que l'antisĂ©mitisme fondĂ© sur des motifs religieux, plutĂŽt que raciaux, Ă©tait une erreur : « L'antisĂ©mitisme des chrĂ©tiens-socialistes Ă©tait fondĂ© sur des principes plutĂŽt religieux que raciaux » Hitler a donc fait valoir que les Juifs devaient ĂȘtre dĂ©noncĂ©s uniquement sur la base de leur « race ». Pour tenter de justifier l'agression nazie, Hitler a Ă©tabli un parallĂšle entre le militantisme et la montĂ©e du christianisme au pouvoir au sein de l'Empire romain et son imposition comme religion d’État :

« L'individu peut Ă©tablir avec douleur aujourd'hui qu’avec l'apparition du christianisme, la premiĂšre terreur spirituelle est entrĂ© dans le monde antique alors beaucoup plus libre, mais il ne sera pas en mesure de contester le fait que, depuis, le monde a Ă©tĂ© affligĂ© et dominĂ© par cette contrainte, et que la contrainte n’est rompue que par la contrainte et que la terreur n’est rompue que par la terreur. Alors seulement, un nouvel Ă©tat de choses, de façon constructive crĂ©e les partis politiques et sont enclins Ă  des compromis
 »

Ailleurs dans Mein Kampf, Hitler parle du « crĂ©ateur de l'univers » et de« l’éternelle Providence ». Il affirme Ă©galement sa conviction que la race aryenne a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par Dieu et que ce serait un pĂ©chĂ© de la dĂ©truire par mĂ©tissage racial :

« L'homme aryen d'esprit a le devoir sacrĂ© de faire en sorte que les gens arrĂȘtent de parler superficiellement de la volontĂ© de Dieu et qu’ils l’accomplissent rĂ©ellement, de faire en sorte Ă©galement que la parole de Dieu ne soit pas profanĂ©e. Car la volontĂ© de Dieu a donnĂ© aux hommes leur forme, leur essence et leurs capacitĂ©s. Toute personne qui dĂ©truit son Ɠuvre dĂ©clare la guerre Ă  la crĂ©ation du Seigneur, Ă  la volontĂ© divine ». »

Dans Mein Kampf, Hitler voit plutĂŽt JĂ©sus contre les Juifs que comme un membre de leur communautĂ©. « Et le fondateur du christianisme ne faisait pas mystĂšre en effet de son estimation du peuple juif. Quand il l’a jugĂ© nĂ©cessaire, il a conduit les ennemis de la race humaine dans le Temple de Dieu. »

Derek Hastings Ă©crit que, d’aprĂšs les dires du photographe personnel d'Hitler, Heinrich Hoffmann, le fortement antisĂ©mite prĂȘtre catholique Bernhard Stempfle Ă©tait non seulement membre du cercle intime de Hitler depuis le dĂ©but des annĂ©es 1920 mais qu’il l’a aussi frĂ©quemment conseillĂ© sur les questions religieuses. Il a notamment aidĂ© Hitler Ă  la rĂ©daction de Mein Kampf avant d’ĂȘtre Ă©tĂ© tuĂ© par les SS durant une purge en 1934.

Hitler et le christianisme positif

L'article 24 du Programme national-socialiste de 1920 a approuvĂ© ce que Hitler a appelĂ© le « christianisme positif », mais a placĂ© la religion en infĂ©rioritĂ© face Ă  l'idĂ©ologie du parti, ajoutant que celle-ci ne devait pas offenser « le sens moral de la race allemande »[37] - [38]. Le terme pourrait ĂȘtre interprĂ©tĂ© de diverses façons mais a apaisĂ© les craintes parmi la majoritĂ© chrĂ©tienne qui constituait alors l’Allemagne. Hitler a en outre proposĂ© une dĂ©finition d'un « christianisme positif » qui pourrait combattre « l'esprit juif-matĂ©rialiste ».

En 1922, une dizaine d'annĂ©es avant que Hitler prenne le pouvoir, l'ancien Premier ministre de BaviĂšre, le comte von Lerchenfeld-Köfering, a dĂ©clarĂ© dans un discours prononcĂ© devant le Landtag de BaviĂšre que ses croyances « comme homme et chrĂ©tien » l'ont empĂȘchĂ© de devenir antisĂ©mite et de poursuivre des politiques publiques antisĂ©mites. Hitler, concernant les propos de Lerechenfeld, clama devant une foule Ă  Munich :

« Je voudrais ici faire appel Ă  un plus grand que moi, le comte Lerchenfeld. Il a dit durant la derniĂšre session du Landtag que ses sentiments « comme homme et comme chrĂ©tien » l'ont empĂȘchĂ© de devenir antisĂ©mite. À cela je rĂ©ponds de mĂȘme : Mon sentiment en tant que chrĂ©tien me dirige vers mon Seigneur et Sauveur comme un combattant. Il me fait remarquer que l’homme, une fois qu’il est plongĂ© dans la solitude et ait entourĂ© seulement de quelques disciples, a reconnu ces Juifs pour ce qu'ils Ă©taient et les hommes ont Ă©tĂ© appelĂ©s Ă  se battre contre eux, pour Dieu, pour la vĂ©ritĂ© ! J’étais le plus grand non pas en tant que victime mais en tant que combattant dans l'amour sans bornes en tant que chrĂ©tien et en tant qu'homme. Je lis dans le passage qui nous dit comment le Seigneur enfin a augmentĂ© sa force et saisit le flĂ©au pour chasser du Temple la couvĂ©e de vipĂšres et couleuvres. Comment Ă©tait formidable son combat contre le poison juif. Aujourd'hui, aprĂšs deux mille ans, avec l’émotion la plus profonde, je reconnais plus profondĂ©ment que jamais le fait que c’est pour cela qu'il a dĂ» verser son sang sur la croix. En tant que chrĂ©tien, je n'ai pas le devoir de me laisser avoir mais plutĂŽt celui d'ĂȘtre un combattant pour la vĂ©ritĂ© et la justice. »

Dans un discours prononcĂ© en 1928, Hitler dit: « Nous ne tolĂ©rons dans nos rangs ceux qui attaquent les idĂ©es du christianisme
 en fait, notre mouvement est chrĂ©tien. »

À la lumiĂšre des dĂ©veloppements ultĂ©rieurs, note Rees, « L'explication la plus convaincante des dĂ©clarations [de Hitler] est que Hitler, en tant que politicien, a simplement reconnu la rĂ©alitĂ© pratique du monde qu'il habitait
 Si Hitler avait pris ses distances avec son mouvement envers le christianisme, il est presque impossible de voir comment il aurait pu rĂ©ussi Ă  une Ă©lection libre. Ainsi, sa relation en public envers le christianisme, en fait sa relation Ă  la religion en gĂ©nĂ©ral, Ă©tait opportuniste. Il n'y a pas de preuve que Hitler lui-mĂȘme, dans sa vie personnelle, ait jamais exprimĂ© une croyance individuelle dans les prĂ©ceptes fondamentaux de l'Ă©glise chrĂ©tienne ». Richard Evans estime que l'Ă©cart entre les dĂ©clarations publiques et privĂ©es d'Hitler Ă©tait dĂ» Ă  une volontĂ© de ne pas provoquer une querelle avec les Ă©glises qui pourraient porter atteinte Ă  l'unitĂ© nationale.

En 1932, Hitler, agissant pour les chrĂ©tiens allemands, exigea la fondation d’un groupe Ă  tendances nazies pro-nazi devant accepter des protestants (Deutsche Christen). Il voyait lĂ  encore la religion comme un instrument pouvant servir ses ambitions politiques. Il n’était pas pratiquant mais Ă©tait parvenu une nouvelle fois Ă  masquer son scepticisme religieux face Ă  des millions d'Ă©lecteurs.

L’historien Richard Overy considĂšre que Hitler avait trouvĂ© un arrangement utile pour quelque temps, bien qu’il pensĂąt la mort du christianisme inĂ©luctable. Dans cette premiĂšre pĂ©riode, le mouvement « allemand chrĂ©tien » chercha Ă  rendre les Ă©glises protestantes en Allemagne, ce qui Ă©tait une stratĂ©gie de la politique nazie. L’objectif Ă©tait la diffusion des thĂ©ories raciales d’Hitler. Celui-ci a soutenu en 1932 la mise en place officielle du groupe des « chrĂ©tiens allemands ». Nationalistes et antisĂ©mites, ses plus proches partisans ont appelĂ© Ă  la rĂ©pudiation de l'Ancien Testament (la Bible hĂ©braĂŻque) et des Ă©pĂźtres pauliniennes du Nouveau Testament en raison du judaĂŻsme de leur auteur.

Le Parti nazi n'Ă©tait pas unanime sur les questions religieuses. Le consensus parmi les historiens est que le nazisme dans son ensemble pouvait n’entretenir aucun rapport avec le christianisme voir y ĂȘtre farouchement opposĂ©. L'utilisation du terme « christianisme positif » dans le programme du Parti nazi des annĂ©es 1920 est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©e comme une mesure tactique, mais l'auteur Steigmann-Gall estime qu'il peut avoir eu une « logique interne » et a Ă©tĂ© « plus qu'un stratagĂšme politique ». Il pense que Hitler a vu JĂ©sus comme un aryen et un adversaire des Juifs. Bien plus tard, les anti-chrĂ©tiens se sont battus pour « expurger l'influence chrĂ©tienne du nazisme » et le Parti est devenu « de plus en plus hostile aux Ă©glises ». Steigmann-Gall ajoute que mĂȘme Ă  la fin, il n’était toujours pas devenu « uniformĂ©ment anti-chrĂ©tien ».

L'historien John S. Conway Ă©crit que Steigmann-Gall a eu « raison de souligner qu'il n'y a jamais eu un consensus entre les dirigeants nazis au sujet de la relation entre le Parti et le christianisme », mais que « les diffĂ©rences entre cette interprĂ©tation et celles prĂ©sentĂ©es plus tĂŽt sont vraiment les seules. Steigmann-Gall reconnaĂźt qu’à partir de 1937, la politique nazie vers les Ă©glises est devenue beaucoup plus hostile
 [il] soutient de maniĂšre convaincante que le programme initial du parti nazi datant de 1924 et l'Ă©laboration de la politique d'Hitler et ses discours des premiĂšres annĂ©es ne sont pas seulement politiquement motivĂ©s ou trompeurs dans l'intention
 Steigmann-Gall considĂšre ces discours comme une sincĂšre reconnaissance du christianisme
 Pourtant, il n’est pas prĂȘt Ă  admettre que ce christianisme nazi Ă©tait Ă©viscĂ©rĂ© de tous les orthodoxes et des dogmes les plus essentiels.Restait l'impression combinĂ©e avec une vague de prĂ©jugĂ©s antisĂ©mites. Seuls quelques radicaux sur l'aile extrĂȘme du protestantisme libĂ©ral ont reconnu un tel mĂ©li-mĂ©lo comme le vrai christianisme ».

Samuel Koehne, chercheur à l'Institut de recherche Alfred Deakin, en travaillant sur les vues officielles nazies sur la religion, répond à la question de savoir si Hitler était chrétien ainsi: « Absolument pas, si l'on considÚre le christianisme sous sa forme traditionnelle ou orthodoxe. Jésus comme fils de Dieu, mort pour la rédemption des péchés de toute l'humanité. Il est absurde de dire que Hitler (ou l'un des dirigeants nazis) ait adhéré à cette forme de christianisme ».

Le pouvoir des nazis

Avant le vote du Reichstag sur la loi d'habilitation de 1933, en vertu de laquelle Hitler a obtenu des pouvoirs dictatoriaux « temporaires » et avec laquelle il a continuĂ© de dĂ©manteler de façon permanente la RĂ©publique de Weimar, celui-ci a promis au Parlement allemand qu'il ne porterait pas atteinte aux droits des Églises[39] - [40] - [41]. Cependant, avec le pouvoir total acquis peu aprĂšs et la mort de Paul von Hindenburg en 1934, cette promesse n’a pas Ă©tĂ© respectĂ©e.

AprÚs les années 1933 et 1934, le chancelier nazi exigea le soutien des groupes comme les conservateurs allemands et le Parti du centre catholique au Reichstag ainsi que celui de Hindenburg, afin d'obtenir sa prise de pouvoir à « l'apparence de légalité ». Dans une proclamation du , Hitler déclarait : « Le gouvernement national considérera comme son premier devoir de faire revivre dans la nation l'esprit d'unité et de coopération. Il va préserver et défendre les principes de base sur lequel notre nation a été construite. Elle considÚre le christianisme comme fondement de notre morale nationale, et la famille comme base de la vie nationale ».

Le , le Reichstag fit valoir l’« unitĂ© » du national-socialisme avec le conservatisme d’Hindenburg. Deux jours plus tard, les nazis firent adopter la loi d'habilitation qui confĂ©ra Ă  Hitler des pouvoirs dictatoriaux. Moins de trois mois plus tard, tous les partis et les organisations non nazis, y compris le parti du Centre catholique, avaient cessĂ© d'exister.

Hitler chercha Ă  obtenir les votes du parti du Centre catholique et les conservateurs allemands de la loi d'habilitation en utilisant l’intimidation, les nĂ©gociations et mĂȘme la conciliation. Le , juste avant le vote de la loi d'habilitation, il dĂ©crivit les confessions chrĂ©tiennes comme des « Ă©lĂ©ments essentiels pour la sauvegarde de l'Ăąme du peuple allemand » : « Nous tenons les forces spirituelles du christianisme comme des Ă©lĂ©ments indispensables Ă  l'Ă©lĂ©vation morale du peuple allemand ». « Gardant un Ɠil sur les votes du parti du Centre catholique », Ă©crit Shirer, il a ajoutĂ© qu'il espĂ©rait amĂ©liorer les relations avec le Vatican.

Alfred Rosenberg.

Le Parti du Centre demanda des garanties sur les droits concernant les Ă©glises. Hitler a promis que les institutions de la RĂ©publique de Weimar et les Ă©glises seraient protĂ©gĂ©es et a dĂ©clarĂ© que son gouvernement percevait les Ă©glises comme les « facteurs les plus importants pour le maintien de nos enfants ». Au milieu des menaces de guerre civile, le Parti du Centre a votĂ© en faveur de la loi. Les fausses promesses de protection de Hitler pour les Ă©glises et les institutions de la rĂ©publique n’ont jamais Ă©tĂ© tenues.

En , Hitler s’attira les foudres des Églises en nommant le nĂ©o-paĂŻen Alfred Rosenberg idĂ©ologue officiel du Parti nazi. Le FĂŒhrer fit un effort de coordination des protestants allemands en une Église protestante Reich unifiĂ©e sous le nom de Deutsche Christen. La tentative Ă©choua. Dans Le JĂ©sus aryen: ThĂ©ologie chrĂ©tienne et Bible dans l'Allemagne nazie, Susannah Heschel note que les Deutsche Christen diffĂ©raient de chrĂ©tiens traditionnels en rejetant les origines du christianisme hĂ©braĂŻque. Dans des dĂ©clarations publiques faites au cours de son rĂšgne, Hitler a continuĂ© de parler positivement d’une vision nazie de la chrĂ©tienne culture allemande, et sa croyance dans un Christ aryen. Hitler a ajoutĂ© que saint Paul, en tant que Juif, avait falsifiĂ© le message de JĂ©sus. Ce thĂšme revenait rĂ©guliĂšrement dans ses sujets de conversation et figurait toujours dans ses dialogues privĂ©s en , date Ă  laquelle fut lancĂ©e la Solution finale.

Ian Kershaw a dĂ©montrĂ© que Hitler avait perdu tout intĂ©rĂȘt Ă  soutenir les Deutsche Christen dĂšs 1934. Cependant, dans un discours du , le FĂŒhrer a dĂ©clarĂ© : « L’État national-socialiste professe son allĂ©geance au Christianisme positif. Ce sera son honnĂȘte effort pour protĂ©ger les deux grandes confessions chrĂ©tiennes dans leurs droits, de les sĂ©curiser contre toute immixtion dans leurs doctrines et dans leurs fonctions pour Ă©tablir une harmonie avec les exigences de notre État. »

En 1937, Hans Kerrl, ministre de Hitler pour les affaires religieuses, a expliquĂ© que le « christianisme positif » ne « dĂ©pend du Credo de l'ApĂŽtre », ni de « la foi en le Christ comme fils de Dieu », sur laquelle le christianisme est basĂ©, mais plutĂŽt comme reprĂ©sentĂ©e par le Parti nazi : « le FĂŒhrer est le hĂ©raut d'une nouvelle rĂ©vĂ©lation », a-t-il dit.

La propagande du systĂšme nazi activement a activement dĂ©peint Hitler comme un sauveur du christianisme et a soutenu les chrĂ©tiens allemands dans leur formation d'une seule Ă©glise nationale qui pourrait ĂȘtre contrĂŽlĂ©e et manipulĂ©e.

« Si le christianisme positif signifie l’amour du prochain, Ă  savoir tendre la main vers les malades, donner des vĂȘtements aux pauvres et prĂŽner l'alimentation contre faim ainsi que donner Ă  boire Ă  ceux qui ont soif, alors il est clair que nous sommes des chrĂ©tiens positifs. Dans ces domaines la communautĂ© du peuple de l'Allemagne nationale-socialiste a accompli une Ɠuvre prodigieuse. »

— Discours pour la vieille garde à Munich le

Hitler Ă  propos du mysticisme et de l'occultisme

Selon Bullock, alors qu’il Ă©tait adolescent Ă  Vienne, Hitler lisait beaucoup, y compris des livres sur l'occultisme, l’hypnotisme et l’astrologie[42] - [43] - [44]. Cependant, son intĂ©rĂȘt pour ces sujets Ă©tait superficiel et il n'y a aucune preuve qu'il ait jamais souscrit Ă  l'une de ces Ă©coles de pensĂ©e. Bullock n'a trouvĂ© « aucune preuve Ă  l'appui de la croyance populaire, une fois que Hitler a eu recours Ă  l'astrologie » et Ă©crit que Hitler ridiculisait ceux qui, comme Himmler ou Hess dans son propre parti, voulaient rĂ©tablir la mythologie paĂŻenne. Albert Speer a Ă©crit que Hitler avait une opinion nĂ©gative envers les notions mystiques de Himmler et Rosenberg. Speer cite Hitler comme ayant dit, Ă  propos de la tentative de Himmler pour mystifier la SS :

« Quelle absurditĂ© ! Nous avons enfin atteint un Ăąge qui a laissĂ© tout le mysticisme derriĂšre lui et maintenant, [Himmler] veut tout recommencer. Nous aurions tout aussi bien pu rester avec l’Église. Il y avait au moins la tradition. Penser que moi, un jour, je puisse ĂȘtre transformĂ© en un saint SS ! Pouvez-vous l'imaginer ? Je prĂ©fĂ©rerais retourner dans ma tombe
 »

— Au cƓur du Troisiùme Reich, Albert Speer

Dans un discours prononcé en 1938 à Nuremberg, Hitler a rejeté toute forme de mysticisme mais a exprimé sa croyance en Dieu. Il a fait comprendre que le travail du nazi devait répondre à une volonté divine :

« Nous ne permettrons pas que des gens d'esprit prĂ©fĂšrent explorer les secrets du Monde avec passion plutĂŽt que d’adhĂ©rer Ă  notre Parti. Ces gens ne sont pas des nationaux-socialistes mais quelque chose d'autre — en tout cas, quelque chose qui n'a rien Ă  voir avec nous. À la tĂȘte de notre programme, ne se lie pas le secret mais la perception claire et la simple profession de foi. Depuis que nous avons comme point central de cette perception et de cette profession de foi le maintien et donc la sĂ©curitĂ© pour l'avenir d'un ĂȘtre formĂ© par Dieu, nous servons ainsi le maintien d'une Ɠuvre divine et accomplissons une volontĂ© divine — pas le crĂ©puscule secret d'une nouvelle maison de culte, mais bien l’ouverture devant la face du Seigneur. »

Selon Ron Rosenbaum, certains chercheurs pensent que le jeune Hitler a Ă©tĂ© fortement influencĂ©, en particulier dans son point de vue racial, par une abondance d'Ɠuvres occultes sur la supĂ©rioritĂ© mystique des Allemands, comme le magazine occulte et antisĂ©mite Ostara et accrĂ©ditĂ© la rĂ©clamation de son Ă©diteur Lanz von Liebenfels auquel Hitler a rendu visite en 1909 en faisant l'Ă©loge de son travail. John Toland a Ă©crit que des preuves indiquent que Hitler Ă©tait un lecteur rĂ©gulier de Ostara. Toland mentionnait Ă©galement un poĂšme que Hitler aurait Ă©crit alors qu'il servait dans l'armĂ©e allemande sur le front occidental en 1915.

Les travaux fondateurs sur Ariosophie, Les Racines Occultes du nazisme par Nicholas Goodrick-Clarke, consacre son dernier chapitre au nazisme avec le thĂšme : Ariosophie et Adolf Hitler. En raison d’un manque de sources les historiens se trouvent en dĂ©saccord sur l'importance de Ariosophie concernant les vues religieuses d'Hitler. Comme il est indiquĂ© dans l'avant-propos de The Roots Occultes du nazisme par Rohan Butler, Goodrick-Clarke est plus prudent dans l'Ă©valuation de l'influence de Lanz von Liebenfels sur Hitler que Joachim Fest dans sa biographie d'Hitler.

En le comparant Ă  Erich Ludendorff, Joachim Fest Ă©crit : « Hitler lui – mĂȘme s’était dĂ©tachĂ© de ces affections et de l'obscurantisme de ses premiĂšres annĂ©es : Lanz c Liebenfels et la SociĂ©tĂ© de ThulĂ©. Encore une fois cela datait de longtemps. Il avait, dans Mein Kampf, formulĂ© son mĂ©pris cinglant du volkish romantique qui prĂ©servait rudimentairement l’univers de sa propre imagination ». Fest se rĂ©fĂšre au passage suivant de Mein Kampf :

« La chose caractĂ©ristique des adeptes de la religion primitive germanique est qu'ils parlent avec enthousiasme de l'ancien hĂ©roĂŻsme germanique, de la prĂ©histoire sombre, des haches en pierre, des lances et des boucliers. En rĂ©alitĂ©, ils sont les plus grands poltrons qui peuvent ĂȘtre imaginĂ©s par ces mĂȘmes personnes qui brandissent des imitations savantes d'Ă©pĂ©es en fer-blanc et portent une peau d'ours ainsi que des cornes de taureau sur leurs tĂȘtes, ne prĂȘchent rien pour le prĂ©sent mais plutĂŽt Ă  la lutte avec des armes spirituelles et courent aussi vite que tous les communistes. »

On ne sait pas si cette dĂ©claration est une attaque Ă  quelqu'un en particulier. Il aurait pu ĂȘtre destinĂ© Ă  Karl Harrer ou au groupe Strasser. Selon Goodrick-Clarke, « Dans tous les cas, l'explosion implique clairement le mĂ©pris de Hitler pour les cercles de conspiration et d'Ă©tudes occultes-racistes et sa prĂ©fĂ©rence pour l'activisme direct. » Hitler a aussi prononcĂ© des paroles semblables dans les discours publics.

La littĂ©rature plus prĂ©cise que Hitler n’avait pas l'intention d'instituer le culte des anciens dieux germaniques contrairement aux croyances de certains autres fonctionnaires nazis. Dans Le tableau d'Hitler, on peut trouver cette citation :

« Il me semble que rien ne serait plus absurde que de rĂ©tablir le culte de Wotan. Notre vieille mythologie a cessĂ© d'ĂȘtre viable lorsque le christianisme s'est lui-mĂȘme implantĂ©. Rien ne meurt moins qu'il n'est dĂ©jĂ  moribond. »

Jackson Spielvogel et David Redles, dans un article publiĂ© par le Centre Simon Wiesenthal, signalent l'influence de divers enseignements d'Helena Blavatsky, la fondatrice de la SociĂ©tĂ© thĂ©osophique, tels qu'ils sont exposĂ©s par son livre La Doctrine secrĂšte. Les adaptations de ses idĂ©es par ses disciples, par l'ariosophie, le Germanenorden et la SociĂ©tĂ© ThulĂ©, constituaient une influence non reconnue mais dĂ©cisive sur Hitler. Alors qu'il a publiquement condamnĂ© et mĂȘme persĂ©cutĂ© les occultistes, les francs-maçons et les astrologues, ses entretiens privĂ©s divulguent sa croyance en les idĂ©es de ces groupes occultes concurrents et dĂ©montrĂ© que ses conversations pouvaient porter sur la rĂ©incarnation, l'Atlantide, les HyperborĂ©ens, indiquant sa conviction que les mythes Ă©sotĂ©riques tels que les batailles entre les dieux et les titans sont un souvenir collectif d'Ă©vĂ©nements anciens.

Dans son enfance, Hitler admirait l’apparat du rituel catholique et l'organisation du clergĂ©. Plus tard, il s’en est inspirĂ© afin d’organiser son parti. Cela est visible par le fonctionnement hiĂ©rarchique et mĂȘme liturgique des grands Ă©vĂ©nements du NSDAP. Ainsi, les hymnes sont frĂ©quemment utilisĂ©es. En raison de ces rituels, la considĂ©ration de Hitler comme un messie et la nature totalitaire de l'idĂ©ologie, le mouvement nazi, comme les autres mouvements fascistes et le communisme, est parfois appelĂ© « religion politique », ce qui est anti-ecclĂ©siastique et anti religieux.

Bien que Hitler ait exprimĂ© des opinions nĂ©gatives envers les notions mystiques de certains de ses subalternes, il a nĂ©anmoins nommĂ© Heinrich Himmler et Alfred Rosenberg Ă  des postes supĂ©rieurs au sein du Parti nazi. William Shirer a Ă©crit que, « sous la direction de Rosenberg, Bormann et Himmler soutenu par Hitler, le rĂ©gime nazi destinĂ© Ă  dĂ©truire le christianisme en Allemagne voulait remplacer l'ancien paganisme du dĂ©but tribal germanique avec le nouveau paganisme des extrĂ©mistes nazis ». Blainey a Ă©crit: « le nazisme lui-mĂȘme Ă©tait une religion, une religion paĂŻenne, et Hitler Ă©tait son grand prĂȘtre
 Son grand autel [Ă©tait] l'Allemagne elle-mĂȘme et le peuple allemand, leur sol et les forĂȘts et la langue ainsi que les traditions ».

En 1924, au cours de son emprisonnement, Hitler avait choisi Alfred Rosenberg pour diriger le mouvement nazi en son absence. Dans son ouvrage de 1930, Le mythe du vingtiĂšme siĂšcle, Rosenberg a Ă©crit: « Nous savons maintenant que les valeurs suprĂȘmes centrales de l'Ă©poque romaine et les Églises protestantes [-] empĂȘchent les pouvoirs organiques des peuples dĂ©terminĂ©s par leur race nordique, [-] ils devront ĂȘtre rĂ©novĂ©s ». Hitler avait qualifiĂ© son livre « pastiche, de dĂ©tritus illogique ! » Mais en , Hitler nomma Rosenberg chef culturel et Ă©ducatif du Reich. Celui-ci devenait Ă©galement l’idĂ©ologue officiel du rĂ©gime. Rosenberg Ă©tait notoirement anti-chrĂ©tien. Les responsables de l'Église ont Ă©tĂ© perturbĂ©s par la nomination de Rosenberg comme idĂ©ologue officiel, au vu de ses convictions anti-religieuses et paĂŻennes. Le Vatican interdit la diffusion de Mythe du XXe siĂšcle en . Pendant la guerre, Rosenberg a dĂ©crit l'avenir qu'il envisageait pour la religion en Allemagne. Parmi ses articles, l’un dĂ©clarait que l’Église nationale du Reich de l'Allemagne devait exiger le contrĂŽle exclusif de toutes les Ă©glises. La publication de la Bible devait cesser. Les crucifix, la Bible et les saints devaient ĂȘtre retirĂ©s des autels religieux pour laisser la place Ă  Mein Kampf , livre adressĂ©, selon Rosenberg, « Ă  la nation allemande et donc Ă  Dieu ». Il ajoute qu’il s’agit du « livre le plus sacrĂ© ». La croix chrĂ©tienne devait ĂȘtre retirĂ©e de toutes les Ă©glises et remplacĂ©e par la croix gammĂ©e. Peu de ses projets devaient ĂȘtre mis Ă  exĂ©cution. En effet, Rosenberg devint la figure marginale du rĂ©gime.

Hitler plaça Heinrich Himmler Ă  la tĂȘte des Schutzstaffel, les forces de sĂ©curitĂ© (SS). Himmler voyait la tĂąche principale de la SS comme « agissant de l'avant – devant Ă©viter le christianisme et la restauration d'une maniĂšre « germanique » de la vie » afin de se prĂ©parer pour le prochain conflit entre « l'homme et les sous-hommes ». Il exigea que ses SS pratiquent le « culte du Germain ». En 1937, il a Ă©crit qu'il Ă©tait « la mission des SS que de donner au peuple allemand dans le prochain demi-siĂšcle les fondements idĂ©ologiques non-chrĂ©tiens sur lesquels diriger et façonner leur vie. Cette tĂąche ne consiste pas seulement Ă  vaincre un adversaire idĂ©ologique, mais doit ĂȘtre accompagnĂ©e Ă  chaque Ă©tape par une impulsion positive : cela signifie la reconstruction du patrimoine allemand au sens le plus large et le plus complet ».

Hitler à propos de l'athéisme

[44] - [45] Au cours de sa carriĂšre, et pour diverses raisons, Hitler a fait de nombreux commentaires sur les mouvements « athĂ©istes ». Il associe l'athĂ©isme avec le bolchevisme, le communisme et le matĂ©rialisme juif. Overy dĂ©crit Hitler comme sceptique face Ă  toute croyance religieuse, sans qu’il  soit pour autant complĂštement athĂ©e :

« Hitler Ă©tait politiquement prudent de ne pas claironner son point de vue scientifique en public, notamment parce qu'il voulait maintenir la distinction entre son mouvement et l’impiĂ©tĂ© du communisme soviĂ©tique. Il n’était pas un athĂ©e complet. Ses dĂ©clarations publiques sont parsemĂ©es de rĂ©fĂ©rences Ă  ' Dieu » et Ă  l’« Esprit Ă©ternel qui rĂšgne sur l'univers « ».Pour Hitler les vĂ©ritĂ©s eschatologiques qu'il trouvait dans sa perception de la race reprĂ©sentaient le vrai. La valeur infinie de la course et la lutte pour soutenir les hommes trouvent ce qu'ils pourraient appeler Dieu, un sentiment intĂ©rieur de l'unitĂ© et de la nature et de l'intentionnalitĂ© historique [
] Hitler ne pouvait accepter que le christianisme ne puisse offrir autre chose que des « idĂ©es » fausses pour soutenir sa prĂ©tention Ă  la certitude morale »

— The Dictators : Hitler's Germany and Stalin's Russia, Richard Overy

L'historien Geoffrey Blainey Ă©crit que Hitler a Ă©tĂ© courtisĂ© et a bĂ©nĂ©ficiĂ© de la peur parmi les chrĂ©tiens allemands de l'athĂ©isme militant communiste. « La propagation agressive de l'athĂ©isme en Union soviĂ©tique a alarmĂ© beaucoup de chrĂ©tiens allemands », Ă©crit Blainey, et les nationaux-socialistes allait devenir, de ce fait, les principaux adversaires du communisme en Allemagne : « [Hitler] lui-mĂȘme a vu le christianisme comme un alliĂ© temporaire. Selon lui, on pouvait ĂȘtre chrĂ©tien ou allemand mais pas les deux Ă  la fois. Au dĂ©but de l’annĂ©e 1933, Hitler a publiquement dĂ©fendu le national-socialisme des accusations d’anti-christiannisme. LancĂ©es par Eugen Bolz, StaatsprĂ€sident de Wurtemberg. En menaçant la foi chrĂ©tienne, le parti s’exprime ainsi :

« Et maintenant, le StaatsprĂ€sident Bolz dit que le christianisme et la foi catholique sont menacĂ©s par nous. À cette charge, je peux rĂ©pondre qu’en premier lieu, il fait partie des chrĂ©tiens et non athĂ©es internationaux qui se tiennent aujourd'hui Ă  la tĂȘte de l'Allemagne. Je ne parle pas seulement du christianisme, non, je professe aussi que je ne me suis jamais alliĂ© avec les partis qui dĂ©truisent le christianisme. Si aujourd'hui, face Ă  la menace, beaucoup souhaitent prendre le christianisme sous leur protection, je leur demanderais oĂč Ă©tait le christianisme pour eux durant ces quatorze derniĂšres annĂ©es alors qu’il Ă©tait liĂ© Ă  l’athĂ©isme ? Non, jamais et Ă  aucun moment plus de dĂ©gĂąts internes n’ont Ă©tĂ© faits au christianisme avec un parti thĂ©oriquement chrĂ©tien, assis avec ceux qui niaient Dieu dans un seul et mĂȘme Ă©lan. »

— Discours d'Adolf Hitler prononcĂ© Ă  Stuttgart le

Le discours d'Hitler évoque les alliances politiques du Parti Aligné au centre catholique avec les partis de la gauche, qu'il associait au bolchevisme et donc à l'athéisme. Eugen Bolz a été démis de ses fonctions et emprisonné peu de temps aprÚs que les nazis eurent pris le pouvoir. Plus tard, il sera exécuté.

Au cours des nĂ©gociations menant au Reichskonkordat avec le Vatican, Hitler a dit que « les Ă©coles laĂŻques ne peuvent jamais ĂȘtre tolĂ©rĂ©s parce que ces Ă©coles n’ont aucune instruction religieuse et une instruction morale gĂ©nĂ©rale sans fondement religieux est construit sur l'air, par consĂ©quent, toute la formation du caractĂšre et la religion doit ĂȘtre dĂ©rivĂ© de la foi. Cependant, comme Hitler avait consolidĂ© son pouvoir, les Ă©coles sont devenus un champ de bataille majeur dans la campagne nazie contre les Églises. En 1937, les nazis ont interdit tous les membres des Jeunesses hitlĂ©riennes d'appartenir simultanĂ©ment Ă  un mouvement de jeunesse religieux. L'Ă©ducation religieuse a Ă©tĂ© interdite dans le Jeunesses hitlĂ©riennes et en 1939, les enseignants membres du clergĂ© ont Ă©tĂ© retirĂ©s de la quasi-totalitĂ© des Ă©coles publiques. Hitler a parfois fait pression pour que les Ă©lĂšves d’écoles religieuses soient placĂ©s dans des familles d’accueil qui puisse leur donner l’éducation nĂ©cessaire. Dans les Ă©coles d’élite nazie, les priĂšres chrĂ©tiennes ont Ă©tĂ© remplacĂ©es par des rituels teutoniques et le culte du soleil. En 1939, toutes les Ă©coles confessionnelles catholiques avaient Ă©tĂ© dĂ©mantelĂ©es ou converties en Ă©tablissements publics.

Dans une allocution radiodiffusée du , Hitler a déclaré : « Pendant huit mois, nous avons mené une bataille héroïque contre la menace communiste avec notre peuple, la décomposition de notre culture, la subversion de notre art, et l'empoisonnement de notre moralité publique. Nous avons mis fin à la négation de Dieu et à l'abus de la religion. Nous devons à la Providence une humble gratitude pour ne pas nous permettre de perdre notre combat contre la misÚre du chÎmage et pour le salut du paysan allemand ».

Dans un discours prononcĂ© Ă  Berlin, le , Hitler a dĂ©clarĂ© : « Nous Ă©tions convaincus que le peuple avait besoin et a besoin de cette foi. Nous avons donc entrepris la lutte contre le Mouvement athĂ©iste et non seulement avec quelques dĂ©clarations thĂ©oriques : nous avons agi. » Dans un discours prononcĂ© Ă  Coblence, le , Hitler a dĂ©clarĂ© : « Il peut y avoir eu un moment oĂč mĂȘme les partis fondĂ©s sur la base ecclĂ©siastique Ă©taient nĂ©cessaires pour l'Ă©poque. Le libĂ©ralisme Ă©tait opposĂ© Ă  l’Église alors que le marxisme Ă©tait anti-religieux. Mais le temps a passĂ©. Le national-socialisme oppose ni l'Église, ni l'anti-religion. Au contraire, il se dresse sur le terrain d'un vrai christianisme. Les intĂ©rĂȘts de l’Église coĂŻncident avec les nĂŽtres dans notre lutte contre les symptĂŽmes de dĂ©gĂ©nĂ©ration dans le monde d'aujourd'hui, dans notre lutte contre la culture bolchevique, contre un mouvement athĂ©iste, contre la criminalitĂ© et dans notre lutte pour la conscience d'une communautĂ© dans notre vie nationale, pour la conquĂȘte de la haine et la dĂ©sunion entre les classes, pour la conquĂȘte de la guerre civile et des troubles, des conflits et de la discorde. Ce n’est pas anti-chrĂ©tien, ce sont des principes chrĂ©tiens. »

Hitler Ă  propos des religions indiennes

Le choix de la croix gammĂ©e comme symbole principal et officiel des nazis Ă©tait liĂ©e Ă  la croyance dans la culture originelle aryenne du peuple allemand[46] - [47]. Ils ont examinĂ© les premiers Aryens comme Ă©tant les envahisseurs blancs prototypiques et le signe de la croix gammĂ©e comme un symbole de l'Aryen, la race des Seigneurs. La thĂ©orie a Ă©tĂ© inspirĂ©e par l'archĂ©ologue allemand Gustaf Kossinna qui a fait valoir que les anciens Aryens Ă©taient une race nordique supĂ©rieure du nord de l'Allemagne qui s’est Ă©tendue dans les steppes de l'Eurasie et de lĂ  en Inde oĂč ils ont Ă©tabli la religion vĂ©dique.

Hitler Ă  propos de l'islam

Mohammed Amin al-Husseini passant en revue une unité de la 13e division de montagne de la Waffen SS Handschar (novembre 1943).

Parmi les religions orientales, Hitler dĂ©crit les chefs religieux tels que « Confucius, Bouddha et Mahomet » en tant que fournisseurs de « nourriture spirituelle »[48] - [49]. Dans ce contexte, les liens d'Hitler avec Mohammed Amin al-Husseini, qui a exercĂ© la fonction de grand mufti de JĂ©rusalem jusqu'en 1937 — qui comprenaient son asile en 1941 avec le grade d'honneur d'un major-gĂ©nĂ©ral de la SS et avait une « gĂ©nĂ©alogie raciale respectable » â€” ont Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©s par certains comme un signe de respect plutĂŽt que comme une relation nĂ©e de l'opportunisme politique. À partir de 1933, al-Husseini, qui avait lancĂ© une campagne pour libĂ©rer les diffĂ©rentes parties de la rĂ©gion arabe du contrĂŽle britannique et expulser les Juifs de l’Égypte et de la Palestine, a Ă©tĂ© impressionnĂ© par la politique de boycott juif que les nazis appliquaient en Allemagne et espĂ©rait qu'il pouvait utiliser les vues antisĂ©mites dont beaucoup dans la rĂ©gion arabe partageaient avec le rĂ©gime d'Hitler afin de forger une alliance militaire stratĂ©gique qui l'aiderait Ă  Ă©liminer les Juifs de Palestine. En dĂ©pit des tentatives d'al-Husseini pour atteindre l'Allemagne, Hitler a refusĂ© de former une telle alliance avec al-Husseini, craignant que cela affaiblisse les relations avec la Grande-Bretagne.

Au cours de l'Ă©chec de 1936-1939 avec la rĂ©volte arabe en Palestine, Husseini et ses alliĂ©s ont saisi l'occasion de renforcer les relations avec l'Allemagne et appliquĂ©s la diffusion des coutumes et de la propagande nazie tout au long de leurs bastions en Palestine en signe de respect. En Égypte, les FrĂšres musulmans devraient suivre l'exemple d'Al-Husseini. L'influence de Hitler se rĂ©pandit bientĂŽt dans toute la rĂ©gion mais ce ne fut qu'en 1937 que le gouvernement nazi accepta d'accorder Ă  al-Husseini et aux FrĂšres musulmans la demande d’aide financiĂšre et militaire rĂ©clamĂ©e.

Le ministre nazi des armements et de la production de guerre Albert Speer a reconnu qu’en privĂ©, Hitler considĂ©rait les Arabes comme une race infĂ©rieure et que la relation qu'il avait avec diverses personnalitĂ©s musulmanes Ă©tait plus politique que personnelle. Au cours d'une rencontre avec une dĂ©lĂ©gation de personnalitĂ©s arabes distinguĂ©s, Hitler a appris la façon dont l'islam a motivĂ© le califat omeyyade lors de la conquĂȘte islamique de la Gaule et en fut dĂ©sormais convaincu que « le monde serait musulman aujourd'hui » si le rĂ©gime arabe avait pris la France avec succĂšs au cours de la bataille de Poiters, tout en suggĂ©rant Ă  Speer que « finalement non les Arabes mais les Allemands auraient pu ĂȘtre Ă  la tĂȘte de cet empire musulman. » Hitler a dit que les Allemands Ă©taient devenus les hĂ©ritiers de « une religion qui a voulu rĂ©pandre la foi par l'Ă©pĂ©e et subjuguer toutes les nations Ă  cette foi. Une telle croyance Ă©tait parfaitement adaptĂ©e au tempĂ©rament allemand. »

Selon Speer, Hitler a dĂ©clarĂ© en privĂ© : « La religion mahomĂ©tane aurait Ă©tĂ© beaucoup plus compatible avec notre tempĂ©rament que le christianisme. Pourquoi fallait-il donc que le christianisme s’impose avec sa douceur et sa mollesse ? »

De mĂȘme, Hitler a dit : « Si Charles Martel n’avait Ă©tĂ© victorieux Ă  Poitiers [
] nous aurions Ă©tĂ© en toute logique convertis Ă  l’islam, ce culte qui glorifie l'hĂ©roĂŻsme et qui ouvre le septiĂšme ciel au grand guerrier. Ensuite, les races germaniques auraient conquis le monde. »

Publiquement, Hitler a tenu des propos mélioratifs sur la culture musulmane tels que : « Les peuples de l'Islam ont toujours été plus prÚs de nous que la France, par exemple ».

[réf. nécessaire]

Hitler Ă  propos du judaĂŻsme

L'idĂ©ologie nationale-socialiste a dĂ©veloppĂ© une hiĂ©rarchie raciale qui a qualifiĂ© les groupes minoritaires — plus particuliĂšrement les Juifs â€” comme des Untermenschen, des « sous-hommes ». La catĂ©gorisation est basĂ©e sur la conception nazie de la race, et non sur la religion[50] - [51]. Ainsi, les Slaves et les Polonais (qui Ă©taient essentiellement chrĂ©tiens) ont Ă©galement Ă©tĂ© classifiĂ©s comme infĂ©rieurs aux peuples dits « aryens ». Hitler a suivi une politique impitoyable de « sĂ©lection eugĂ©nique nĂ©gative », estimant que l'histoire du monde a consistĂ© en une lutte perpĂ©tuelle pour la survie entre races, oĂč les Juifs ont complotĂ© pour saper les Allemands au mĂȘme titre que les groupes infĂ©rieurs comme les Slaves et les individus dĂ©fectueux dans la norme gĂ©nĂ©tique allemande. Selon lui, ils auraient menacĂ© la « race des Seigneurs ». Cependant, Hitler avait aussi des objections idĂ©ologiques sur le judaĂŻsme en tant que foi. Son antipathie envers le christianisme dĂ©coulait des origines juives de ce dernier, « de façon indĂ©lĂ©bile juif d'origine et de caractĂšre » qu’il qualifiait Ă©galement de « prototype du bolchevisme » ayant « violĂ© la loi de la sĂ©lection naturelle ».

Dans Mein Kampf, Hitler a dĂ©crit les Juifs comme des ennemis de toute civilisation et comme des ĂȘtres matĂ©rialistes non spirituels : « Leur vie est seulement de ce monde et leur esprit est intĂ©rieurement Ă©tranger au vrai christianisme ». Durant les annĂ©es du pouvoir, il a dĂ©crit sa tĂąche comme une mission divine : « Par consĂ©quent, aujourd'hui, je crois que j’agis conformĂ©ment Ă  la volontĂ© du Tout-Puissant CrĂ©ateur. En me dĂ©fendant contre le Juif, je me bats pour l’Ɠuvre du Seigneur ».

Au cours des nĂ©gociations pour le Concordat entre l’Église catholique et l'Allemagne au cours de l’annĂ©e 1933, Hitler a dit Ă  l'Ă©vĂȘque Wilhelm Berning : « J'ai Ă©tĂ© attaquĂ© Ă  cause de mon traitement concernant la question juive. L’Église catholique considĂšre les Juifs comme pestilentiels pour quinze cents ans et conseille de les enfermer dans des ghettos, etc., parce qu'elle a reconnu les Juifs pour ce qu'ils Ă©taient. À l'Ă©poque du libĂ©ralisme, le danger ne se reconnaĂźt plus. Je suis en train de revenir vers le temps oĂč une tradition de quinze cents ans a Ă©tĂ© mise en Ɠuvre. Je ne fait pas un cours sur la religion mais je reconnais que les reprĂ©sentants de cette race sont pestilents pour l’État et pour l’Église et peut-ĂȘtre que je rends ainsi au christianisme un grand service en poussant les Juifs hors des Ă©coles et des fonctions publiques ».

Influences laĂŻques et religieuses

[52] L’intĂ©rĂȘt des chercheurs se base sur la mesure oĂč les rĂ©fĂ©rences culturelles et religieuses de l’Europe ont pu contribuer Ă  une implantation de l’antisĂ©mitisme et ainsi encourager les thĂ©ories raciales de Hitler, quelle influence une « version primitive de darwinisme social » pseudo-scientifique, mĂ©langĂ© avec des notions impĂ©rialistes du XIXe siĂšcle, ont pu avoir comme impact sur sa psychologie. Alors que les vues d'Hitler sur ce sujet ont souvent Ă©tĂ© dĂ©signĂ©es sous le nom de « darwinisme social », sa portĂ©e sur le sujet semble ĂȘtre incomplĂšte. Il y a peu d'accord entre les historiens quant Ă  ce que ce terme peut signifier ou comment celui-ci s’est transformĂ© depuis ses origines scientifiques du XIXe siĂšcle pour devenir l’élĂ©ment central d'une idĂ©ologie politique gĂ©nocidaire du XXe siĂšcle.

Selon l'historienne Lucy Dawidowicz, Il existe une longue histoire de l'antisĂ©mitisme dans le christianisme et la ligne de « descente antisĂ©mite » de Luther Ă  Hitler est « facile Ă  dessiner. » Dans sa guerre contre les Juifs, 1933-1945, elle Ă©crit que Luther et Hitler Ă©taient obsĂ©dĂ©s par « l'univers dĂ©monoligalisĂ© » habitĂ© par les Juifs. Dawidowicz prĂ©cise que les similitudes entre les Ă©crits antisĂ©mites et l'antisĂ©mitisme moderne de Luther ne sont pas un hasard parce qu'ils proviennent d'une histoire commune de Judenhass qui peut ĂȘtre attribuĂ©e Ă  Haman conseils Ă  AssuĂ©rus, bien que la vision moderne de l'antisĂ©mitisme allemand ait aussi ses racines dans le nationalisme allemand. L’historien catholique JosĂ© M. SĂĄnchez affirme que l’antisĂ©mitisme d'Hitler a Ă©tĂ© explicitement enracinĂ©e dans le christianisme. Les auteurs, y compris Heschel et Toland, ont Ă©tabli des liens entre l'Ă©ducation catholique de Hitler et son antisĂ©mitisme.

Laurence Rees en revanche, fait remarquer qu'il y a peu d'importance Ă  propos du christianisme dans Mein Kampf, qui prĂ©sente une vue de l'univers visible en contradiction avec les notions traditionnelles chrĂ©tiennes Ă©tablies depuis longtemps en Allemagne. La vision de Hitler peut ĂȘtre rĂ©sumĂ©e Ă  la prĂ©dominance du principe de lutte entre les plus faibles et les plus forts. Rees fait valoir que « la vision sombre et violente » de Hitler et la haine viscĂ©rale des Juifs avaient Ă©tĂ© influencĂ©s par des influences extĂ©rieures Ă  la tradition chrĂ©tienne. La notion de la vie comme une lutte de Hitler est tirĂ©e du darwinisme social, la notion de supĂ©rioritĂ© de la « race aryenne ». Arthur de Gobineau, dans l'inĂ©galitĂ© des races humaines constate les Ă©vĂ©nements suivants : la capitulation de la Russie durant la PremiĂšre Guerre mondiale alors que l'Allemagne venait de saisir ses terres agricoles Ă  l'Est a donnĂ© l'idĂ©e Ă  Hitler d’une possible colonisation de l'Union soviĂ©tique : Alfred Rosenberg aurait de lĂ  eu l'idĂ©e d'un lien entre le judaĂŻsme et le bolchevisme, Ă©crit Rees.

Richard J. Evans note que Hitler « a utilisĂ© sa propre version de la langue du darwinisme social comme d’un Ă©lĂ©ment central dans la pratique discursive d'extermination
 ». Le darwinisme social, sous ses formes nazies, est devenu un motif Ă  la politique rĂ©pressive et gĂ©nocidaire du rĂ©gime. Fest considĂšre que Hitler a simplifiĂ© les idĂ©es Ă©laborĂ©es par Gobineau de lutte pour la survie entre les diffĂ©rentes races, dont la race aryenne, guidĂ©e par la Providence, Ă©tait censĂ©e porter le flambeau de la civilisation. Selon Steigman-Gall, dans la croyance d'Hitler, Dieu a crĂ©Ă© un monde dans lequel les diffĂ©rentes races se battaient pour la survie comme reprĂ©sentĂ© par Gobineau dans ses thĂ©ories. La « race aryenne », soi-disant porteuse de la civilisation, s’est attribuĂ©e une place: « Nous devons lutter afin de sauvegarder l'existence et la reproduction de notre race
 pour que notre peuple puisse mĂ»rir pour l'accomplissement de la mission attribuĂ©e par le crĂ©ateur de l'univers
 Un peuple qui s’abĂątardit ou se laisser abĂątardir commet un pĂ©chĂ© contre la volontĂ© Ă©ternelle de la Providence ».

Dans son esprit, Hitler nourrissait la vieille accusation du juif dĂ©icide. Il a Ă©tĂ© Ă©mis l'hypothĂšse que l'antisĂ©mitisme a influencĂ© les idĂ©es chrĂ©tiennes d'Hitler, en particulier certaines lectures telles que celles de Martin Luther avec notamment son essai sur les Juifs et leurs mensonges ainsi que les Ă©crits de Paul de Lagarde. D'autres sont en dĂ©saccord avec ce point de vue. Le biographe de Hitler John Toland Ă©met l'opinion que Hitler « portait en lui l’enseignement que le Juif Ă©tait le tueur de Dieu. L'extermination pourrait donc se faire sans un pincement au cƓur ni Ă  la conscience car il Ă©tait simplement prĂ©sent en tant que main vengeresse de Dieu
 ». Toland a Ă©crit qu'en 1941, Hitler Ă©tait encore « un membre en rĂšgle de l’Église de Rome malgrĂ© sa dĂ©testation de sa hiĂ©rarchie » et « portait en lui-mĂȘme l’enseignement que le Juif Ă©tait le tueur de Dieu. L'extermination, par consĂ©quent, pourrait se faire sans un pincement au cƓur ni Ă  la conscience car il agissait simplement en tant que main vengeresse de Dieu, tant que celui-ci a Ă©tĂ© fait impersonnel, sans cruautĂ©. »

La politique de Hitler envers les religions

Le rĂŽle de la religion au sein du Reich

L'idĂ©ologie nazie ne pouvait accepter une institution dont la lĂ©gitimitĂ© ne dĂ©pendait pas du gouvernement : elle exigeait la subordination de l'Église[53] - [54]. NĂ©anmoins, l'Allemagne nazie n'a pas Ă©tĂ© formellement athĂ©e, et, en dehors des Juifs et des tĂ©moins de JĂ©hovah, l'observance religieuse a Ă©tĂ© autorisĂ©e.

Julian Baggini Ă©crit que l'Allemagne de Hitler n’était pas un « État complĂštement athĂ©e » mais un rĂ©gime qui a « sacralisĂ© » les notions de sang et de nation.

Hitler craignait d'attaquer ouvertement les Églises profondĂ©ment enracinĂ©es dans le Reich. Deux tiers des Allemands Ă©taient protestants et la plupart des autres Ă©taient catholiques. Face aux Ă©lĂ©ments conservateurs qui constituaient notamment le corps des officiers de l'armĂ©e, il devait faire preuve de prudence et inciter son parti Ă  l’effort. Le rĂ©gime hitlĂ©rien a rĂ©pondu au dĂ©fi idĂ©ologique de la morale chrĂ©tienne en utilisant la rĂ©pression politique et la persĂ©cution. Les enseignements chrĂ©tiens furent remis en cause par l'Ă©ducation et la propagande.

Lutte contre l’Église

Hitler avait une position radicale sur le conflit nazi avec l’Église, tout en Ă©tant prĂȘt Ă  tempĂ©rer son anticlĂ©ricalisme afin de satisfaire ses considĂ©rations politiques[55]. Kershaw estime que ses « propres commentaires cinglants sur l’Église ont donnĂ© Ă  ses plus proches partisans tout le crĂ©dit dont ils avaient besoin pour la persĂ©cuter ».

Hitler « voulait neutraliser toute menace politique de la religion organisĂ©e, Ă©crit Overy. La premiĂšre Ă©tape a consistĂ© Ă  parvenir Ă  un accord avec l’Église catholique romaine dont la thĂ©ologie n'Ă©tait pas sensible aux nouvelles tendances nationalistes
 » Hitler a envoyĂ© le catholique conservateur Franz von Papen nĂ©gocier un concordat avec le Vatican. Il a obtenu par cet accord que le clergĂ© s'abstienne d’intervenir en politique et ce en contrepartie de la garantie des droits de l'Église. Hitler a reçu les fĂ©licitations des dirigeants catholiques allemands. Toutefois, les violations du traitĂ© ont commencĂ© dĂšs sa signature. Hitler promulgua la loi de stĂ©rilisation puis fit dissoudre la Ligue de la jeunesse catholique. Les membres du clergĂ© ont Ă©tĂ© accusĂ©s « d'immoralitĂ© » et de « contrebande », ce qui provoqua l’arrestation de milliers de religieux en quelques annĂ©es. Les publications catholiques ont Ă©tĂ© interdites. La Gestapo commença Ă  profaner les lieux de culte chrĂ©tiens.

Au dĂ©but de l’annĂ©e 1937, la hiĂ©rarchie de l'Église catholique en Allemagne, qui avait d'abord tentĂ© de coopĂ©rer avec Hitler, cessa d'entretenir des illusions. Le pape Pie XI prononça le Mit brennender Sorge, encyclique accusant l'Allemagne de « violer le concordat et de semer l'ivraie manifestant ainsi une hostilitĂ© fondamentale au Christ et Ă  son Église », et dĂ©nonçant de plus le mythe paĂŻen du « sang et du sol ». L'invasion de la Pologne majoritairement catholique en 1939 a dĂ©clenchĂ© la Seconde Guerre mondiale. Kerhsaw a Ă©crit que, dans les plans de Hitler pour la germanisation de l'Est, « Il n’y aurait clairement aucune place pour les Églises chrĂ©tiennes dans l’utopie nazie ».

Ludwig MĂŒller (futur Ă©vĂȘque du Reich) Ă  l'ouverture du synode national Ă  Wittenberg, en septembre 1933.

Concernant le protestantisme, Hitler proposa de rĂ©unir les 28 Églises protestantes d’Allemagne dans une Église unifiĂ©e du Reich. Steigmann-Gall Ă©crit que Hitler montrait une prĂ©fĂ©rence pour le protestantisme, celui-ci Ă©tant plus ouvert Ă  une rĂ©Ă©criture de l’Évangile et Ă  une lecture non traditionnelle, plus rĂ©ceptive, face au « christianisme positif » et aussi parce que les membres du clergĂ© protestant partageaient les opinions hitlĂ©riennes. L'intĂ©rĂȘt de Hitler Ă©tait opportuniste : « Du point de vue de Hitler, une Église nationale Ă©tait d'un intĂ©rĂȘt purement politique : elle servirait Ă  contrĂŽler et manipuler le peuple » Ă©crit Kershaw. Hitler installa son ami Ludwig Muller Ă  la tĂȘte du mouvement en cherchant Ă  Ă©tablir une Église unifiĂ©e du Reich pro-nazie et antisĂ©mite. Une rĂ©sistance vit le jour, menĂ©e par les Pasteurs de la Ligue d'urgence, dirigĂ©e par Martin Neimoller, qui reprĂ©sentait 40 % du clergĂ© en 1934 et avait fondĂ© l’Église confessante. Certains membres Ă©taient dĂ©jĂ  farouchement opposĂ©s au rĂ©gime nazi.

Lorsque les « chrĂ©tiens allemands » furent appelĂ©s Ă  rejeter la Bible comme une « superstition juive », le parti perdit encore de ses soutiens. La nomination de l’évĂȘque Muller s’avĂ©ra un Ă©chec pour Hitler. Celui-ci abandonna alors ses efforts pour unir les Ă©glises protestantes et nomma Hans Kerrl ministre de l'Église et des Affaires en . Il prit ses distances face aux soi-disant « chrĂ©tiens allemands ». Selon Steigmann-Gall, il regretta que « les Ă©glises n’aient pas rĂ©ussi Ă  suivre son mouvement comme il l'avait espĂ©rĂ©. » Hitler dĂ©clara Ă  Speer : « Ă  travers moi, l’Église protestante pourrait devenir une institution Ă  part entiĂšre, comme en Angleterre ». Kerrl, modĂ©rĂ©, obtint d'abord un certain succĂšs mais, au milieu des protestations continues de l’Église confessante contre la politique du gouvernement, accusa les ecclĂ©siastiques dissidents de ne pas apprĂ©cier la doctrine nazie de « race, de sang et de sol ». Kerrl, qui se voulait promoteur du christianisme positif, rejeta le Credo de l'ApĂŽtre et la divinitĂ© du Christ comme base du christianisme et considĂ©ra Hitler comme le hĂ©raut d'une nouvelle Ăšre. Hitler avait envoyĂ© Neimoller aux camps de concentration en 1938 et celui-ci y resta jusqu'Ă  la fin de la guerre. Kerrl, largement ignorĂ©, mourut en fonction en 1941 et ne fut jamais remplacĂ©.

À partir du milieu des annĂ©es 1930, le Parti nazi fut de plus en plus dirigĂ© par des athĂ©es virulents que Hitler nomma Ă  des postes-clĂ©s. Comme pour la « question juive », les radicaux augmentĂšrent davantage la lutte contre l’Église, en particulier dans les rĂ©gions catholiques, de sorte que d'ici l'hiver 1935-1936, la population tomba en dĂ©saccord avec le rĂ©gime quant Ă  ces persĂ©cutions. Kershaw Ă©crit que, au dĂ©but de l’annĂ©e 1937, Hitler rĂ©pĂ©ta Ă  son entourage qu'il « ne voulait pas Ă  ce stade d’une « lutte contre l'Église » et devrait encore attendre « quelques annĂ©es » pour « la grande lutte mondiale ». NĂ©anmoins, Ă©crit Kershaw, l'hostilitĂ© d'Hitler envers les Églises « provoquait de frĂ©quentes explosions de colĂšre. Au dĂ©but de 1937, il dĂ©clarait que « le christianisme Ă©tait mĂ»r pour la destruction », et que les Églises devaient cĂ©der Ă  la « primautĂ© de l'État », refusant tout compromis avec « l'institution la plus horrible qu'on puisse imaginer ».

Les prĂȘtres furent souvent dĂ©noncĂ©s, arrĂȘtĂ©s et envoyĂ©s dans des camps de concentration. Au camp de Dachau, le rĂ©gime mit en place une baraquement dĂ©diĂ© au clergĂ© qui devait accueillir les religieux dissidents. Le sĂ©minaire de l’Église confessante a Ă©tĂ© interdit. Ses dirigeants, comme Dietrich Bonhoeffer ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s. ImpliquĂ©s dans le complot du 20 juillet 1944, ils devaient plus tard ĂȘtre exĂ©cutĂ©s.

Projets à long terme pour l’Église

Overy a Ă©crit que le christianisme Ă©tait incompatible avec le national-socialisme exactement comme avec le communisme soviĂ©tique[56] - [57] : « Hitler attendait la fin de la maladie du christianisme, persuadĂ© qu’il coulerait de ses propres mensonges. Durant la guerre, il rĂ©flĂ©chit Ă  ce sujet et en vint Ă  la conclusion qu’à long terme, le national-socialisme et la religion ne seraient plus en mesure de cohabiter ». D'autres historiens ont dĂ©crit une intention plus active de la part de Hitler et des dirigeants nazis sur le sujet. Kershaw a notĂ© que le rĂ©gime de Hitler — favorable Ă  une germanisation de l'Europe orientale â€” ne voyait pas de place chez elle pour les Églises chrĂ©tiennes. Goebbels, relatant dans ses carnets les conversations avec Hitler, note qu'il y avait une opposition insoluble entre le chrĂ©tien et une vision du monde germano-hĂ©roĂŻque qui aurait besoin de s’affirmer aprĂšs la guerre. Speer a notĂ© dans ses mĂ©moires que des Ă©glises ne devaient plus ĂȘtre construites dans le nouveau Berlin. Bullock a Ă©crit :« une fois que la guerre serait finie, Hitler lui-mĂȘme a promis de dĂ©raciner et de dĂ©truire l'influence des Églises chrĂ©tiennes ». Le plan nazi Ă©tait de « dĂ©christianiser l’Allemagne aprĂšs la victoire finale », (Anton Gill). « Vers la fin de la dĂ©cennie, les responsables de l'Église Ă©taient bien conscients que le but d'Hitler et des autres nazis Ă©tait l'Ă©limination totale du catholicisme et de la religion chrĂ©tienne. L’écrasante majoritĂ© des Allemands, catholiques ou protestants, pensaient que cela se ferait sur le long terme tandis que pour les nazis, cela devait se produire dans un court dĂ©lai » Ă©crit Michael Phayer.

Dans sa recherche de preuves pour le procĂšs de Nuremberg concernant la persĂ©cution nazie des Ă©glises, le Bureau des services stratĂ©giques amĂ©ricain (prĂ©curseur de la CIA) a Ă©tabli un rapport intitulĂ© « Le plan directeur nazi » examinant les persĂ©cutions nazies contre l’Église et jugeant que le rĂ©gime hitlĂ©rien avait bel et bien un plan pour renverser et dĂ©truire le christianisme allemand. L'enquĂȘteur Ă©crit:

« Le national-socialisme Ă©tait par nature hostile au christianisme et aux Ă©glises chrĂ©tiennes [
] Le conflit Ă©tait inĂ©vitable [
] les dirigeants importants du Parti nazi auraient aimĂ©s rencontrer cette situation par une extirpation complĂšte du christianisme et la substitution d'une religion purement raciale adaptĂ©e pour rĂ©pondre aux besoins de la politique nationale-socialiste. Cette position radicalement anti-chrĂ©tienne est la plus significative et fut prĂ©sentĂ©e par Alfred Rosenberg dans son Mythe du XXe siĂšcle
 gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© aprĂšs Mein Kampf comme la dĂ©claration la plus importante de l’idĂ©ologie du NSDAP. [
] Ainsi, dans une dĂ©claration du , Baldur von Schirach, le chef des Jeunesses hitlĂ©riennes, a dĂ©claré  « la destruction du christianisme a Ă©tĂ© explicitement reconnu comme un objectif du mouvement national-socialiste. Les considĂ©rations d'opportunitĂ© ont rendu impossible cependant d'adopter officiellement cette politique anti-chrĂ©tienne radicale. Ainsi, la politique effectivement adoptĂ©e a consistĂ©e Ă  rĂ©duire l'influence des Églises chrĂ©tiennes autant que possible par l'utilisation de tous les moyens disponibles sans provoquer de difficultĂ©s Ă  une potentielle guerre d’extermination.

- OSS : Le plan directeur nazi ; Annexe 4 ; La persecution des Églises chrĂ©tiennes, .

Selon Kershaw, en 1937, Goebbels a notĂ© que Hitler Ă©tait devenu plus radical sur la question de l’Église et a indiquĂ© que, « bien que les circonstances politiques actuelles nĂ©cessitent une attente », son plan Ă  long terme Ă©tait de dissoudre finalement le Concordat du Reich avec Rome, de dĂ©tacher l'Ă©glise entiĂšrement du Vatican et de la lier Ă  l’État et de mobiliser ensuite toutes les forces disponibles pour la destruction du clergĂ© ». Le FĂŒhrer voulait Ă©galement mettre fin Ă  la paix en Westphalie dans une « grande Ă©preuve mondiale de force ». En 1941, lorsque l'Ă©vĂȘque August von Galena a protestĂ© contre les nazis et l’euthanasie ainsi que les propriĂ©tĂ©s de l’Église saisie par le Parti. Bien que les sympathies de Hitler s’orientent vers les radicaux qui voulaient dĂ©pouiller l’Église de ses possessions, il a calculĂ© que cela tournerait encore les zones catholiques contre le rĂ©gime. « Seule la nĂ©cessitĂ© de la paix en relation avec les Ă©glises afin d'Ă©viter une baisse du moral sur le front intĂ©rieur a dĂ©terminĂ© sa position », Ă©crit Kershaw. « Les Ă©vĂ©nements dans le Warthegau (oĂč en 1941, 94 % des Ă©glises et chapelles du diocĂšse Posen-Gnesen ont Ă©tĂ© fermĂ©s, 11 % des membres du clergĂ© ont Ă©tĂ© assassinĂ©s et la plupart internĂ©s dans des prisons et des camps de concentration) ont montrĂ© le visage de l'avenir ».

Athéisme

Le mouvement national-socialiste n'Ă©tait pas officiellement athĂ©e et a admis les pratiques religieuses. Julian Baggini Ă©crit que l'Allemagne d'Hitler Ă©tait pas un « État complĂštement athĂ©e, » mais qui a « sacralisĂ© » les notions de sang et de nation. Le , le vice-FĂŒhrer Rudolf Hess a publiĂ© un dĂ©cret dĂ©clarant : « Non, le national-socialiste ne peut subir de prĂ©judice au motif qu'il ne professe aucune foi ou qu’il n’appartient pas Ă  confession particuliĂšre ». Cependant, « la propagation violente de l'athĂ©isme en Union soviĂ©tique a alarmĂ© beaucoup de chrĂ©tiens allemands », Ă©crit Geoffrey Blainey et Hitler a vu le christianisme comme un « alliĂ© temporaire » contre le bolchevisme. Il a notamment bĂ©nĂ©ficiĂ© de la peur parmi les chrĂ©tiens allemands de l'athĂ©isme militant communiste. La mĂȘme annĂ©e, le rĂ©gime a interdit la plupart des mouvements athĂ©istes allemands qui n’ont pas soutenu les nazis[58] - [59].

CritiquĂ© pour avoir eu des sentiments anti-chrĂ©tiens en , Hitler a affirmĂ© que ce ne sont pas les nazis mais bien le Parti du centre catholique qui avait suivi une politique athĂ©e. Lors de la nĂ©gociation du Concordat avec le Saint-SiĂšge, Hitler a dit qu'il soutenait l'Ă©ducation religieuse dans les Ă©coles. En privĂ© cependant, Hitler a soutenu et menĂ© une politique de suppression des Ă©coles confessionnelles et les organisations de jeunesse de l'Église. Les enseignants membres du clergĂ© ont Ă©tĂ© retirĂ©s de presque toutes les Ă©coles publiques. En 1939, toutes les Ă©coles religieuses avaient Ă©tĂ© dĂ©mantelĂ©es ou converties en Ă©tablissements publics. Cette annĂ©e-lĂ , Evans fait remarquer que 95% des Allemands se disaient encore protestants ou catholiques alors que seulement 3,5% se proclamaient « dĂ©iste » (GottglĂ€ubig ) et 1,5% athĂ©es. La plupart de ces derniĂšres catĂ©gories contenaient des « nazis convaincus qui avaient quittĂ© leur Ă©glise Ă  la demande du Parti et avaient essayĂ© au milieu des annĂ©es 1930 de rĂ©duire l'influence du christianisme dans la sociĂ©tĂ© ».

John Conway note que la majoritĂ© des trois millions de membres du Parti nazi continua de payer les impĂŽts imposĂ©s par l’Église et maintinrent leur foi catholique ou protestante « malgrĂ© tous les efforts de Rosenberg. » Les radicaux farouchement opposĂ©s Ă  l’Église comme Joseph Goebbels et Martin Bormann ont perçu la campagne contre les Églises comme une tĂąche prioritaire, sentiments partagĂ©s par nombre des radicaux du Parti. À partir de 1938, Ă©crit Overy « Martin Bormann, le chef de la Chancellerie du Parti, devint un athĂ©e de premier plan au sein du Parti et joua un rĂŽle crucial en tentant de rompre tout le soutien financier de l'État envers l’Église et de limiter son statut juridique et ses activitĂ©s. Il fit savoir que l’Église devait participer Ă  l’effort de guerre dĂšs . À la suite de l’opĂ©ration Barbarossa, les tensions baissĂšrent entre le Parti et le clergĂ© ». Speer considĂ©rait Bormann comme la force motrice de la campagne du rĂ©gime contre les Ă©glises et pensait que Hitler approuvait ses objectifs mais voulait « remettre Ă  plus tard ce problĂšme, dans l’attente d’un moment plus favorable ».

TĂ©moins de JĂ©hovah

Les TĂ©moins de JĂ©hovah comptaient environ 30 000 membres lorsque Hitler accĂ©da au pouvoir. Ils envoyĂšrent une lettre au FĂŒhrer qui ne fut jamais suivie de rĂ©ponse. Ils refusĂšrent donc de prĂȘter le serment de fidĂ©litĂ© au Reich et de respecter les obligations relatives au service militaire. De ce fait, ils furent considĂ©rĂ©s comme des ennemis de l'Allemagne et persĂ©cutĂ©s. 6 000 d’entre eux ont Ă©tĂ© envoyĂ©s dans les camps de concentration[60] - [61] - [62].

JudaĂŻsme

L’antijudaĂŻsme ainsi que l'antisĂ©mitisme racial Ă©taient des Ă©lĂ©ments centrales de l’idĂ©ologie de Hitler. Son rĂ©gime organisa la Solution finale, un processus visant Ă  exterminer les Juifs, ce qui a entraĂźnĂ© le gĂ©nocide le plus meurtrier de l’Histoire. L'idĂ©ologie de Hitler prĂ©senta les Juifs comme les membres d’une race dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e opposĂ©e Ă  la notion de puretĂ© propagĂ©e par le rĂ©gime[63] - [64].

Notes et références

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  20. Alfred Rosenberg, Journal: 1934-1944, Flammarion, (ISBN 978-2-08-137342-6, lire en ligne), Entrée du 14 décembre 1941 :
    « Les entretiens d'hier et d'aujourd'hui chez le FĂŒhrer ont essentiellement tournĂ© autour du problĂšme du christianisme. [
] Ainsi, si les Églises militaient pour la conservation des idiots, il est prĂȘt Ă  leur laisser tous les crĂ©tins pour qu'ils leur servent de prĂȘtres et d'adeptes. Si nous Ă©tions dĂ©barrassĂ©s du christianisme, les autres peuples pourraient le conserver tranquillement. [
] Le FĂŒhrer a dit que Kerrl n'avait sans aucun doute que de nobles motifs, mais que concilier national-socialisme et christianisme Ă©tait une mission impossible. [
] AprĂšs la guerre, a dit le FĂŒhrer, je veux aussi aborder ce problĂšme avec dĂ©termination. Reprise en main de leur Ă©ducation des mineurs. On ne pourra inciter que des adultes Ă  faire une profession de foi en faveur d'une Église et Ă  choisir le sacerdoce qu'aprĂšs avoir servi dans la Wehrmacht. Et pour finir : le christianisme a jadis Ă©tĂ© introduit Ă  l'aide d'instruments de pouvoir humains, il n'hĂ©sitera pas, le cas Ă©chĂ©ant, Ă  utiliser lui aussi des instruments de pouvoir. »
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Voir aussi

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