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Corne de licorne

Une corne de licorne est un objet lĂ©gendaire, connu en Europe occidentale. Durant la majeure partie du Moyen Ă‚ge et des Temps modernes, il est supposĂ© ĂŞtre la corne unique ornant le front de la licorne. De nombreux pouvoirs de guĂ©rison et des vertus de contrepoison lui sont attribuĂ©s. Ces propriĂ©tĂ©s, supposĂ©es rĂ©elles dès le XIIIe siècle, en font l'un des remèdes les plus chers et les plus rĂ©putĂ©s au cours de la Renaissance[1], et justifient son utilisation dans les cours royales. Les croyances liĂ©es Ă  la « corne de licorne Â» influencent l'alchimie Ă  travers la mĂ©decine spagyrique. L'objet est Ă  l'origine d'une sĂ©rie de tests sur ses propriĂ©tĂ©s de purification, relatĂ©s entre autres dans l'ouvrage d'Ambroise ParĂ©, Discours de la licorne, qui annonce les prĂ©mices de la mĂ©thode expĂ©rimentale.

Photo d'une tĂŞte de licorne artistique.
Enseigne d'une pharmacie en forme de licorne avec sa corne en ivoire de narval, en Europe.

Vue comme l'un des biens les plus précieux que puisse posséder un roi, la corne de licorne s'échange et peut être acquise chez les apothicaires comme contrepoison universel jusqu'au XVIIIe siècle. D'autres cornes sont exposées dans des cabinets de curiosités. La corne est utilisée pour créer des sceptres et d'autres objets souverains, tels que le « trône de licorne » des rois danois, le sceptre et la couronne impériale de l'empire d'Autriche ainsi que le fourreau et le pommeau de l'épée de Charles le Téméraire. La licorne légendaire n'a jamais été prise, mais son symbolisme lié à son attrait pour le giron des vierges a fait de sa corne le symbole de l'incarnation du Verbe de Dieu, de l'innocence et de la puissance divine.

La croyance aux vertus de la corne de licorne et en sa provenance perdure du Moyen Ă‚ge au XVIIIe siècle, Ă©poque oĂą la dĂ©couverte du narval se diffuse. Ce mammifère marin est le vĂ©ritable porteur de la « corne de licorne Â», en rĂ©alitĂ© une dent particulière poussant dans la bouche des mâles et de certaines femelles. Depuis, la corne de licorne est surtout mentionnĂ©e dans les Ĺ“uvres de fantasy, les jeux de rĂ´le et les jeux vidĂ©o, qui ont repris son symbolisme lĂ©gendaire.

Nature et propriétés de la corne

Issue d'une figure antique, la licorne est décrite par Ctésias comme porteuse d'une corne dont les princes indiens se serviraient afin de faire des hanaps contre le poison. Ces écrits sont repris par Aristote et Pline l'Ancien[2], Claude Élien dit lui aussi que boire dans cette corne protège des maladies et des poisons[3]. Ces écrits influencent les auteurs du Moyen Âge. Jusqu'à la Renaissance, la licorne devient l'animal imaginaire le plus important et le plus fréquemment mentionné dans l'Occident, son existence n'étant pas remise en cause. D'autres parties de son corps se voient attribuer des vertus médicinales. Ainsi, au XIIe siècle, l’abbesse Hildegarde de Bingen préconise un onguent à base de foie de licorne et de jaune d’œuf contre la lèpre[4]. Le port d’une ceinture en cuir de licorne est censé protéger de la peste et de la fièvre, tandis que des chaussures en cuir de cet animal éloigneraient les maladies des pieds[5].

L'utilisation mĂ©dicinale rĂ©elle de la licorne est liĂ©e Ă  sa corne et Ă  son pouvoir de purification supposĂ© depuis l'AntiquitĂ©, qui est mentionnĂ© explicitement pour la première fois au XIIIe siècle. Les lĂ©gendes sur les propriĂ©tĂ©s de la corne de licorne circulant dès le Moyen Ă‚ge sont Ă  l’origine du commerce florissant de ces objets qui deviennent de plus en plus communs jusqu'Ă  la fin du XVIIIe siècle, oĂą leur origine rĂ©elle est connue. La licorne n'ayant jamais existĂ© telle qu'elle est reprĂ©sentĂ©e, ce sont le plus souvent des dents de narval que l'on nomme « cornes de licornes Â» durant ces Ă©poques[6].

Purification des eaux

Le tableau montre différents animaux qui boivent côte à côte, dont une licorne blanche qui touche l'eau de la pointe de sa corne.
Détail du panneau gauche du Jardin des délices de Jérôme Bosch (1503-1504), montrant des licornes qui purifient les eaux.

La première mention du pouvoir purificateur de la licorne figure dans une interprétation du Physiologus datée du XIVe siècle, où il est question d’un grand lac près duquel les animaux se rassemblent pour boire :

« Mais avant qu’ils ne soient rassemblés, le serpent vient et lance son poison dans l’eau. Alors, les animaux remarquent bien le poison et n’osent pas boire, et ils attendent la licorne. Elle vient et elle se dirige immédiatement vers le lac et, faisant avec sa corne le signe de la croix, elle rend le poison inoffensif. Tous les autres animaux boivent alors[7]. »

Le thème devient vite populaire, la scène de purification des eaux par une licorne est reprise en 1389 par le père Johann van Hesse, qui affirme avoir vu une licorne sortir de la mer pour nettoyer des eaux impures afin que des animaux puissent boire[8]. Symboliquement, le serpent qui empoisonne l’eau est le diable et la licorne figure le Christ rédempteur[9]. L’origine de cette légende semble indienne, à travers les textes grecs mentionnant le fait que les nobles indiens pussent boire dans des cornes de licornes pour se protéger des maladies et des poisons[8].

La licorne est le plus souvent représentée au bord d’une rivière, d’un lac ou d’une fontaine tandis que les animaux attendent qu’elle ait fini son œuvre pour boire. Cette scène est très fréquente dans l’art des XVIe et XVIIe siècles[10]. Des études et traductions sur ces dessins et récits popularisent la croyance selon laquelle le pouvoir de l'animal vient de sa corne, qui éliminerait les poisons dès qu’elle touche un liquide[8]. La purification des eaux forge la légende sur les propriétés de la « corne de licorne », et justifie plus tard l’usage de la « corne de licorne » comme antidote universel.

Propriétés médicinales

Une longue dent de narval de couleur ivoire est enchâssée et présentée sous verre, comme pourrait l'être un trophée.
AinkhĂĽrn, « corne de licorne Â» offerte Ă  l'empereur Ferdinand Ier du Saint-Empire en 1540, exposĂ©e au Wiener Schatzkammer.

Les propriétés de la corne de licorne peuvent être mises en parallèle à celles de la pierre de bézoard, autre objet d'origine animale réputé dans la médecine de la Renaissance, et exposé comme rareté dans les cabinets de curiosités[11].

La « corne de licorne » se voit très vite attribuer de nombreuses propriétés médicinales et au fil du temps, outre la purification des eaux souillées dans la nature[12], son usage est préconisé contre la rubéole, la rougeole, les fièvres et les douleurs[13]. Les moines des couvents parisiens la font tremper dans l'eau avant de donner la boisson aux lépreux[12]. Elle fait office d’antidote et sous forme de poudre, est réputée faciliter la guérison des blessures, permettre de neutraliser les poisons (comme le venin du scorpion ou de la vipère)[14], voire lutter contre la peste[15]. Elle suerait en présence du venin[16], aurait aussi un pouvoir aphrodisiaque connu depuis l'Antiquité[17] et permettrait de vérifier la virginité des jeunes filles[18]. La corne est consommée de plusieurs façons, en donnant sa raclure en substance ou en infusion[19].

Sa fonction prophylactique et son pouvoir magique, bien que connus depuis des siècles, se prĂ©cisent tandis que son commerce augmente et que divers trafics impliquant de « fausses Â» cornes et de fausses poudres se dĂ©veloppent[20]. La valeur astronomique atteinte par ces objets laisse Ă  supposer que leurs vertus imaginaires pourraient ĂŞtre Ă  l'origine de guĂ©risons bien rĂ©elles[12], probablement grâce Ă  l'effet placebo.

Cette utilisation de la corne de licorne en médecine s'explique par le fait que les thérapeutes disposent alors de très peu d'instruments et d'objets, et par l'héritage antique voulant que ces derniers ne soient que des instruments de Dieu. L'Inquisition joue son rôle dans cette croyance, douter des pouvoirs de la corne signifie douter de l'existence de la licorne elle-même, animal de Dieu mentionné dans une traduction de la Bible. Les sceptiques risquent le bûcher[21].

De nombreux ouvrages sont consacrés à l'explication et à la défense des propriétés médicinales de la « corne de licorne », parmi lesquels Le Traité de la licorne, de ses admirables propriétés et de son usage d’Andrea Bacci en 1573 et Histoire de la nature, chasse, vertus, proprietez et usage de la lycorne de l'apothicaire Laurent Catelan, en 1624. Bacci a probablement écrit son ouvrage à la demande de ses patients, lesquels sont de gros investisseurs dans le commerce des cornes de licorne[22].

Exposition et utilisation comme antipoison

Des « cornes » de forme torsadĂ©e s’échangent et circulent depuis très longtemps : selon la lĂ©gende, la « corne Â» exposĂ©e Ă  Paris au musĂ©e de Cluny serait un prĂ©sent du calife de Bagdad, Haroun al-Rachid, fait en 807 Ă  Charlemagne[3]. Elle mesure presque trois mètres[6]. Une corne longue de sept pieds est exposĂ©e Ă  Bruges, dans les Flandres[3]. La « corne de licorne » est censĂ©e ĂŞtre, dès le Moyen Ă‚ge, le bien le plus prĂ©cieux que puisse possĂ©der un roi[14], son utilisation mĂ©dicinale est attestĂ©e depuis le XIIIe siècle, oĂą les pharmaciens soignent avec des dents de narval prĂ©sentĂ©es comme cornes de licorne, et dont ils possèdent de grands morceaux afin qu'on ne puisse la confondre avec celle d'un autre animal, tel le bĹ“uf[23]. Ces objets se seraient Ă©changĂ©s jusqu'Ă  onze fois leur poids en or[12]. Certaines cornes, apportĂ©es dit-on au cours de la quatrième croisade de Constantinople, sont jetĂ©es au fond du puits du palais des Doges, Ă  Venise, afin que l'eau ne puisse jamais y ĂŞtre empoisonnĂ©e. On trouve des « cornes » considĂ©rĂ©es comme des reliques sacrĂ©es au concile de Trente en 1563, ainsi que dans la cathĂ©drale Saint-Denis au nord de Paris, la basilique Saint-Marc Ă  Venise et Ă  l'abbaye de Westminster. Elles sont gĂ©nĂ©ralement montĂ©es sur des socles d'argent et prĂ©sentĂ©es comme des trophĂ©es que l'on ne sort qu'Ă  l'occasion de grandes cĂ©rĂ©monies[14].

Ambroise Paré rapporte, qu'à la cour du roi de France, d'aucuns prétendaient déceler la présence de poison dans les plats et les boissons : si la corne devient bouillante et se met à fumer, c'est que le mets est empoisonné[24]. Le pape Clément VII aurait offert une corne de licorne de deux coudées de long enclose sur une chasse d'or au roi François Ier de France lors du mariage de sa nièce Catherine de Médicis, à Marseille en [25], et ce roi ne se déplace jamais sans sa bourse remplie de poudre de licorne[2]. Le grand inquisiteur Torquemada porte lui aussi toujours sa corne de licorne pour se protéger du poison et des assassins[26].

Expériences alchimiques

Il existe diverses méthodes pour reconnaître une vraie « corne de licorne ». Elles sont mentionnées à partir du milieu du XVIe siècle. Ambroise Paré rapporte dans son Discours de la licorne les croyances qui y sont associées pour mieux dénoncer celles-ci. Ainsi lorsqu'il écrit « La vraye licorne, estant mise en l'eau, se prend à bouillonner, faisant eslever petites bulles d'eau comme perles[16] » il ajoute qu'il en va de même pour tous les corps poreux.

Une autre expérience décrite par Conrad Gessner consiste à donner du poison à deux pigeons ou deux chiots, puis à faire avaler à l’un d’eux un peu de corne réduite en poudre. Si la corne est authentique, l’animal qui prend le remède doit survivre et l’autre mourir[27]. Le maréchal de Brissac possède vers 1560 une « corne de licorne » authentifiée par ce procédé[28]. En 1587, David Pomis recommande de « mettre trois ou quatre grands scorpions dans un récipient fermé avec un fragment de corne. Si trois ou quatre heures plus tard les scorpions sont morts, la licorne est authentique[29] ». Ulysse Aldrovandi mentionne une expérience similaire à Venise : il s'agit de tracer un cercle sur une table avec la pointe de la corne, puis de mettre dans le cercle un scorpion et une araignée. Les animaux ne pourraient franchir le cercle et se seraient traînés un quart d’heure avant de mourir d’épuisement[30]. Cette expérience connaît plusieurs variantes[31]. Une araignée placée à l’intérieur d'une corne creuse est censée y mourir sans parvenir à s’échapper[32].

Le traité de médecine alchimique (spagyrie) du pseudo-Basile Valentin Le char triomphal de l'antimoine, en 1604, explique l'action médicinale de la corne de licorne dans le cadre de la théorie paracelsienne de la sympathie selon laquelle les semblables s’attirent et les contraires se repoussent : la pureté de la licorne repousserait du poison placé dans une coupelle flottant sur l'eau, alors qu'elle attirerait un morceau de mie de pain pur[31]. Au XVIe siècle, Claude du Molinet critique ce type d'expériences et le fait qu'il ne se trouve pas deux cornes semblables[33].

Critiques

En 1566, le médecin vénitien Andrea Marino publie le Discorso della falsa opinione dell’alicorno, où il s'oppose à l'utilisation médicinale de la licorne et la critique, disant que cet usage aurait été introduit par les médecins arabes[34], mais l'usage thérapeutique ne cesse pas pour autant, pas plus qu'à la suite de la publication du Discours de la licorne d'Ambroise Paré, en 1582[35], où le médecin s'y oppose également avec de nombreux arguments[16]. Chapelain, médecin de Charles IX, aurait confié à ce dernier qu'il n'ose pas critiquer l'habitude de faire tremper la corne de licorne dans l'eau, tant la croyance en ses vertus est forte chez la noblesse comme chez le peuple[35]. À l'époque, quiconque dénoncerait cette croyance court le risque d'être lynché[36].

Commerce des cornes

La carte est surtout centrée sur l'Arctique, et montre que l'aire de répartition du narval comprend le Groenland et la Sibérie.
Carte de répartition du narval, indiquant la provenance des cornes vendues en Europe, probablement elles-mêmes retrouvées sur les rivages.

Du XVe au XVIe siècle, il n'y a probablement pas plus de 50 cornes entières circulant en Europe (la majoritĂ© Ă©tant des dĂ©fenses de narval rapportĂ©es par les Vikings), ce qui maintient une valeur très Ă©levĂ©e[37]. Le cours de la « corne de licorne » atteint son apogĂ©e au milieu du XVIe siècle, oĂą elle est considĂ©rĂ©e comme le meilleur contrepoison existant avec la pierre de bĂ©zoard[38], une livre de 16 onces Ă©tant vendue jusqu'Ă  1 536 Ă©cus alors que le mĂŞme poids d'or n'en vaut que 148[35]. Ainsi en 1576, lors d'une expĂ©dition financĂ©e par le comte de Warwick, Martin Frobisher rapporte une corne de licorne (en rĂ©alitĂ© une dent de narval) et du minerai de fer sans grande valeur pour la reine Élisabeth Ire qui achète la corne 10 000 livres (soit 600 000 euros actuel ou la valeur d'un château Ă  l'Ă©poque)[39]. Son prix ne cesse de baisser au cours des annĂ©es suivantes pour s'effondrer au XVIIe siècle, quand le naturaliste Ole Worm prouve en 1638 que ce ne sont que des cornes de narval[40], les voyages sur les terres d'Europe du Nord, cĂ´tes oĂą l'on trouve les dĂ©fenses de narval vendues comme cornes de licornes, devenant frĂ©quents Ă  cette Ă©poque[38].

Les « cornes de licornes Â» se trouvent alors partout en Europe sans que la plupart des acheteurs puissent connaĂ®tre leur provenance, il est facile aux marchands de prĂ©tendre les avoir trouvĂ©es sur l'animal lĂ©gendaire[6]. La prĂ©sence de ces cornes dissipe aussi les doutes quant Ă  l’existence rĂ©elle de la licorne, alors que les mammifères d’Afrique, d’Inde et de pays plus lointains perdent peu Ă  peu leur mystère durant les grandes phases d'explorations de la Renaissance.

Le tableau ci-dessous montre l'Ă©volution des prix d'une demi-once (soit 15 grammes) de « corne de licorne », du bĂ©zoard et de l'ivoire d'Ă©lĂ©phant[41], en florins (un florin vaut 60 couronnes).

Évolution comparĂ©e des prix d'une demi-once (15 g) de « corne de licorne », du bĂ©zoard et de l'ivoire d'Ă©lĂ©phant de 1612 Ă  1743.
1612 1626 1628 1634 1643 1669 1686 1743
Corne de licorne 64 florins 32 florins 32 florins 48 florins 32 florins 4 florins 4 florins 10 couronnes
BĂ©zoard 32 florins 16 florins 24 florins 24 florins 24 florins 24 florins 24 florins 16 florins
Ivoire (éléphant) 2 couronnes 2 couronnes 2 couronnes 2 couronnes 2 couronnes 2 couronnes 2 couronnes 2 couronnes

Lorsque la reine Élisabeth Ire monte sur le trĂ´ne en 1558, un inventaire estime la « corne de licorne » du trĂ©sor royal de Londres Ă  100 000 livres, soit le prix de plusieurs châteaux, voire d'un comtĂ© en entier[37]. En 1641, elle ne vaut plus que 40 000 livres[42].

Transformations et objets d'art

Ces « cornes » sont souvent exposĂ©es dans des cabinets de curiositĂ©s aux cĂ´tĂ©s d'autres merveilles telles la pierre de bĂ©zoard. Si elles sont la plupart du temps laissĂ©es telles quelles afin que leur apparence prouve leur origine, des objets prĂ©cieux sont Ă©galement fabriquĂ©s dans ce matĂ©riau, tels que des coupes, gobelets, couverts (manches de couteaux…), vases et sceptres, principalement Ă  l'usage des souverains[43]. Charles le TĂ©mĂ©raire boit dans des gobelets en corne, la garde et le fourreau de son Ă©pĂ©e sont confectionnĂ©s dans ce matĂ©riau et il possède par ailleurs six cornes entières. Ces objets font partie de la dot que Marie de Bourgogne apporte Ă  Maximilien Ier du Saint-Empire en 1477, puis reviennent Ă  Philippe le Beau et Ă  Charles Quint qui les utilise Ă  son tour[12] - [Note 1]. Le plus cĂ©lèbre de ces objets d'art est le « trĂ´ne de licorne Â» des rois du Danemark, entièrement construit en 1671 Ă  partir de « cornes de licorne » (en rĂ©alitĂ© dents de narval et dĂ©fenses de morse) alors que l'origine rĂ©elle de ces objets commence Ă  se faire connaĂ®tre[43]. Il est visible au château de Rosenborg, Ă  Copenhague. Le sceptre et la couronne impĂ©riale autrichienne sont fabriquĂ©s en partie dans ce matĂ©riau.

Bâton pastoral de Saint-Bertrand-de-Comminges, « l'alicorne Â», XIIe siècle (dĂ©fense de narval).

L'empereur Rodolphe II, qui craint d'ĂŞtre empoisonnĂ© par sa cour, commande Ă  son orfèvre Jan Vermeyen une tasse et un sceptre avec de l'or et des bijoux prĂ©cieux sur une « corne de licorne Â», qui reviennent ensuite Ă  son frère Mathias[33], et sont dĂ©sormais exposĂ©s au musĂ©e d'Histoire de l'art de Vienne.

En Autriche, le trĂ©sor du palais impĂ©rial comprend une corne connue sous le nom de AinkhĂĽrn (littĂ©ralement « une corne Â» ou « corne de la licorne Â»), offerte en cadeau par le roi de Pologne Sigismond II Ă  la dynastie des Habsbourg et Ă  l'empereur Ferdinand Ier en 1540. Avec la coupe d'agate, il est l'un des objets inaliĂ©nables de la maison de Habsbourg. Lors du partage de la succession après la mort de Ferdinand Ier, il a Ă©tĂ© convenu que ces deux objets doivent rester en la possession commune de la lignĂ©e royale sans jamais ĂŞtre donnĂ©s ou vendus[44].

  • Objets d'art rĂ©alisĂ©s en « corne de licorne Â» (dent de narval)
  • Le « trĂ´ne de licorne Â» des rois de Danemark, utilisĂ© pour les couronnements royaux de 1671 Ă  1840.
    Le « trĂ´ne de licorne Â» des rois de Danemark, utilisĂ© pour les couronnements royaux de 1671 Ă  1840.
  • Dans un Ă©crin rouge en vitrine figurent un sceptre richement dĂ©corĂ© de joyaux dont le manche est blanc et semble clairement fait d'ivoire, ainsi qu'une couronne d'or dĂ©corĂ©e elle aussi de joyaux, de perles, et d'autres parties en ivoire.
    Le sceptre et la couronne impériale autrichienne sont fabriqués en partie avec des dents de narval, vues comme cornes de licorne.
  • Gobelet fait Ă  partir d'une « corne de licorne Â», conçu par Jan Vermeyen, rĂ©alisĂ© dans l'atelier de Miseroni Ă  Prague vers 1600.
    Gobelet fait Ă  partir d'une « corne de licorne Â», conçu par Jan Vermeyen, rĂ©alisĂ© dans l'atelier de Miseroni Ă  Prague vers 1600.

DĂ©couverte du narval

Un homme en costume se tient debout à gauche de la photo, tenant une longue dent de narval torsadée de la main droite. L'objet dépasse très largement la taille de l'homme et atteint presque le plafond.
Comparaison entre la taille d'une « corne de licorne Â» et celle d'un homme, illustrant les doutes qui pouvaient assaillir les hommes de la Renaissance face aux illustrations et aux textes qui dĂ©peignent une licorne de la taille d'un chevreau.

Dès le XVe siècle, certains savants supposent dĂ©jĂ  que les fameuses « cornes de licorne Â» vendues comme contrepoison en Europe appartiennent Ă  un animal marin[45]. Au cours du XVIe siècle, quelques Ă©crits y font rĂ©fĂ©rence sans ĂŞtre remarquĂ©s, Pierre Belon s'Ă©tonnant qu'un animal dĂ©peint comme de petite taille puisse porter une corne de près de trois mètres[46] - [47]. Les auteurs s'Ă©tonnent aussi que les « cornes de licorne Â» semblent venir d'Angleterre, du Danemark ou d'Islande[48]. Ambroise ParĂ© pense dans son Discours de la licorne que ces « cornes Â» sont en rĂ©alitĂ© des dĂ©fenses de morses[16]. Les rĂ©cits de voyageurs maritimes regorgent d'exploits attribuĂ©s Ă  des bĂŞtes aquatiques Ă  cornes[45], et le navigateur anglais Martin Frobisher dĂ©crit une rencontre avec une « licorne de mer » en 1577[49]. Des rapports d'observation comme celui du camphruch d'AndrĂ© Thevet font de la licorne une crĂ©ature aquatique, ce qui la rapproche du cĂ©tacĂ© qu’est le narval[45].

La première mention explicite d'un narval cornu figure dans un ouvrage savant de 1607 en ces termes : « la chair du Nahwal fait soudain mourir celui qui en mange, et il a une dent de sept coudées sur l'inférieure partie de la tête. Aucuns l'ont vendue pour corne de monocéros, et croit-on qu'elle résiste aux venins. Cette bestiasse a quarante aulnes de longueurs[50] ». Une autre description détaillée du narval paraît en 1645, mais sans faire le lien entre ce mammifère marin et la licorne[51].

Le dessin montre le squelette composite d'un animal cornu auquel manquent les pattes arrière à gauche; A droite, une licorne équine à la longue corne torsadée est représentée. En bas figure ce qui ressemble à un poisson doté d'une corne. Au centre, une corne torsadée fait le lien entre ces trois représentations.
Licorne, narval et licorne fossile comparés sur une planche du Museum Museorum, en 1704.

En 1704, le lien est Ă©tabli entre la dĂ©fense du narval et la « corne de licorne » grâce Ă  un cĂ©lèbre dessin tirĂ© du Museum Museorum de Michael Bernhard Valentini (première Ă©tude des collections d’Europe) comparant un narval, un squelette reconstituĂ© d'Elasmotherium (rhinocĂ©ros fossile Ă  corne frontale) et une reprĂ©sentation Ă©quine de la licorne, avec l'objet du litige au-dessous, sous le nom d'unicornu officinale[13]. La licorne y est prĂ©sentĂ©e comme une crĂ©ature lĂ©gendaire, sous le nom d'unicornu fictium. Au fil du temps, il est admis qu'elle n'existe pas et que la plupart des « cornes de licorne Â» qui s’échangeaient jusque-lĂ  sont en rĂ©alitĂ© des dents de l'inoffensif narval mâle (et de certaines femelles), qui poussent dans la partie gauche de la mâchoire. Le narval vit au large du Groenland, dans les eaux glacĂ©es de l’Arctique, ce qui rend son Ă©tude difficile et a donc retardĂ© sa dĂ©couverte en Europe[6]. La dĂ©fense du narval est restĂ©e longtemps considĂ©rĂ©e comme une corne et non comme une dent, probablement en raison du refus de la dissymĂ©trie Ă©noncĂ© par Carl von LinnĂ© dans son Systema naturae[52] - [6].

En 1751, L'Encyclopédie scelle la reconnaissance de la dent de narval comme source des prétendues cornes de licornes :

« Licorne (s.f.), animal fabuleux […]. Les cornes de licorne qu’on montre en différens endroits, sont ou des cornes d’autres animaux connus, ou des morceaux d’ivoire tourné, ou des dents de poissons. [La] substance osseuse, semblable à de l’ivoire ou à une corne torse & garnie de spirales [qu'on rapporte parfois de Sibérie] n’appartient point à l’animal fabuleux à qui on a donné le nom de licorne ; mais […] elle vient de l’animal cétacé, qu’on nomme narhwal[53]. »

Le narval bénéficie d'une longue notice scientifique dans la même œuvre, tout comme le rhinocéros, contribuant ainsi à dissiper les interrogations des européens du Siècle des Lumières autour de ces objets.

Le narval est depuis nommé la « licorne de mer »[6]. La découverte de ce mammifère marin fait s'effondrer le cours des « cornes de licorne » et met un terme à leur commerce[38], mais n'est pas immédiatement fatale à la croyance en l'existence de la licorne.

Symbolisme

Une femme en robe bleue est assise à gauche. Face à elle, une licorne blanche pose sa longue corne torsadée sur son ventre.
Annonciation à la licorne, où la corne de la licorne représente l'incarnation du verbe de Dieu dans le sein de la vierge Marie.

En Occident, la corne de licorne renvoie à « une flèche spirituelle, un rayon solaire, une épée de Dieu, la révélation divine et la pénétration du divin dans la créature ». L'auteur ésotériste Francesca Yvonne Caroutch pense que cette corne capterait l'énergie cosmique afin de féconder la Madone dans l'abondante iconographie dite des Annonciations à la Licorne, où l'animal pose sa corne sur la Vierge Marie[54]. Selon le Dictionnaire des symboles, cette corne unique de la licorne est symbole de puissance et représentait l'incarnation du verbe de Dieu dans le sein de la Vierge[55].

Elle peut également renvoyer à un symbolisme phallique de par sa forme, comparée à une verge frontale ou à un phallus psychique[56]. La représentation de l'animal corne dressée vers le ciel représenterait la puissance et la fertilité[6], mais cette corne peut se faire tour à tour phallus et épée divine[14].

Elle possède une dimension spirituelle car il s'agit d'une spirale en 3-D située au niveau du troisième œil[57]. Selon une étude non soutenue, elle pourrait être un symbole de non-dualité ou de dualité résolue, et un objet de la justice sereine[58]. Elle illustre le parallèle entre la légende et le fantastique : bien qu'il existe réellement, le narval inquiète l'ordre du monde en raison de sa dent dissymétrique, tandis que la corne de la licorne est placée au milieu du front, et que l'animal légendaire lui-même est réputé participer à l'ordre du monde[18].

Corne de licorne et culture populaire

Les légendes sur les propriétés de la corne de licorne sont si répandues en 1562 qu'elles sont parodiées dans le cinquième livre de Pantagruel :

« J'y vis trente deux unicornes… Une d'icelles je vis, accompagnée de divers animaux sauvages, avec sa corne émonder une fontaine. Là me dit Panurge que son courtaut ressemblait à cette unicorne, non en longueur du tout, mais en vertu et propriété. Car ainsi comme elle purifiait l'eau des mares et fontaines d'ordure ou venin aucun qui y était, et ces animaux divers, en sureté, venaient boire après elle, ainsi sûrement on pouvait après lui farfouiller sans danger de chancre, vérole, pisse-chaude, poulains grenés et tels autres menus suffrages, car si aucun mal était au trou méphitique, il émondait tout avec sa corne nerveuse. - Quand, dit frère Jean, vous serez marié, nous ferons l'essai sur votre femme »

— François Rabelais, Pantagruel Livre cinquième, chapitre XXX[59].

Le fait que François Rabelais ne remette pas publiquement en cause les vertus supposées de la corne de licorne s'explique peut-être par le risque qu'il encourait avec la mainmise de l'Inquisition[21].

Après la découverte du narval, la corne de licorne est considérée comme un objet légendaire, mais ne disparaît pas de la culture populaire pour autant car de nombreux jeux vidéo et jeux de rôle, entre autres, la mentionnent parmi leurs objets mythiques et légendaires, en lui attribuant les mêmes pouvoirs qu'aux époques plus anciennes : purification et lutte contre le poison. Dans Donjons et Dragons, la corne de licorne est un puissant antidote[60], on la retrouve dans de nombreux jeux, tels que Rogue. Dans The Elder Scrolls IV: Oblivion, l'un des princes daedras demande au joueur de tuer l'unique licorne du jeu pour lui arracher sa corne. Dans la série Le Prince des Dragons, la corne de licorne est un ingrédient essentiel d'un sort suprême de vengeance, une fois corrompue par un sort de magie noire.

Notes et références

Notes

  1. L'épée et le fourreau sont visibles dans la salle du trésor impérial au musée Schatzkammer de Vienne.

Références

  1. Faidutti 1996, p. 13.
  2. Davenne 2004, p. 130.
  3. de Tervarent 1997, p. 281-287.
  4. de Bingen 1989, p. 196-197.
  5. Lecouteux 1993, p. 45.
  6. Didrit et Pujol 1996.
  7. Der Physiologus cité dans Freeman 1983, p. 27.
  8. Faidutti 1996, p. 39.
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    Livre auto-publié dont le résumé est consultable en ligne.
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  60. Manuel des monstres de Donjons et Dragons, voir toutes Ă©ditions depuis celui de Gary Gygax et Dave Arneson, Dungeons & Dragons (3-Volume Set) (TSR, 1974).

Voir aussi

Ouvrages de médecine et d'alchimie fondateurs

  • [de Bingen 1989] Hildegarde de Bingen, Le Livre des subtilitĂ©s des crĂ©atures divines, t. II, Paris, Ă©ditions Millon, (ISBN 2-905614-31-5).
  • [Marini 1566] (it) Andrea Marini, Discorso contro la falsa opinione dell'Alicorno, Venise, .
  • [Bacci 1573] (it) Andrea Bacci, L'alicorno discorso dell'eccellente medico et filosofo M. Andrea Bacci : nel quale si tratta della natura dell' alicorno et delle sue virtu eccellentissime, G. Marescotti, , 80 p..
  • [ParĂ© 1582] Ambroise ParĂ©, Discours d'Ambroise ParĂ© : Ă€ savoir, de la mumie, de la licorne, des venins et de la peste, Paris, (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • [ParĂ© 1928] Ambroise ParĂ©, Voyages et apologie suivis du Discours de la licorne, . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • [Pomis 1587] (it) David Pomis, Dittionario novo hebraĂŻco : molto copioso, dechirato in tre lingue, Venise, .
  • [Linocier 1584] Geoffroy Linocier, Histoire des plantes avec leurs pourtraictz, Ă  laquelle sont adjoutĂ©es celles des simples, aromatiques, animaux Ă  quatre pieds, oiseaux, serpens et autres bĂŞtes venimeuses, Paris, (lire en ligne).
  • [Valentin 1604] (la) Basile Valentin, Triumph Wagen Antimonii fratris Basilii Valentini, Leipzig, .
    • [Valentin 1678] (en) Basile Valentin (trad. Theodore Kirkringus), Triumphal Chariot of Antimony by Basil Valentine, (lire en ligne).
    • [Valentin 2002] Basile Valentin (trad. François Sauvin), Le char triomphal de l'Antimoine, Éditions L'Originel, , 159 p. (ISBN 978-2-910677-40-4, lire en ligne).
  • [Rodrigo a Castro 1621] (it) Esteban Rodrigo a Castro, De Meteoris Microcosmi, Florence, .
  • [Catelan 1624] Laurent Catelan, Histoire de la nature, chasse, vertus, proprietez et usage de la lycorne, . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • [Pomet 1696] Pierre Pomet, Histoire gĂ©nĂ©rale des drogues, traitant des plantes, des minĂ©raux et des animaux, t. II, Paris, (lire en ligne).

RĂ©cits de voyage et d'exploration fondateurs

  • [Belon 1553] Pierre Belon, Les Observations de plusieurs singularitĂ©s et choses mĂ©morables trouvĂ©es en Grèce, Asie, JudĂ©e, Égypte, Arabie et autres pays estranges, rĂ©digĂ©es en trois livres, Paris, G. Corrozet, .
  • [Goropius 1569] (nl) Johannes Goropius, Origines Antwerpianæ, Anvers, .
  • [Mercator 1607] GĂ©rard Mercator, Atlas Minor : traduction française par M. de la Popelinière, Amsterdam, .
  • [Bartholin 1645] (la) Thomas Bartholin, De Unicornu Observationes Novæ, Padoue, (lire en ligne).
  • [Collinson 1867] (en) Sir Richard Collinson, The Three Voyages of Martin Frobisher in Search of a Passage to Cathaia and India by the North-West, 1576-8, A.D. 1576-8, Londres, Hakluyt Society, , 374 p. (lire en ligne).

Ouvrages de zoologie fondateurs

Thèses et études

  • [Lutavd 1906] Auguste Joseph Lutavd, La mĂ©decine anecdotique, historique, littĂ©raire, vol. 1, J. Rousset, (prĂ©sentation en ligne).
  • [Schönberger 1935-1936] (de) Guido Schönberger, Narwal-Einhorn, StĂĽdien ĂĽber einen seltenen Werkstoff, vol. IX, Städel Jahrbuch, 1935-1936.
  • [Cordez 2012] (de) Philippe Cordez, « Materielle Metonymie. Thomas von CantimprĂ© und das erste Horn des Einhorns », dans Bildwelten des Wissens : Kunsthistorisches Jahrbuch fĂĽr Bildkritik, vol. 9, (DOI 10.11588/artdok.00006165), chap. 1, p. 85-92.
  • [Denis 1965] Ferdinand Denis, Le monde enchantĂ© : cosmographie et histoire naturelle fantastiques du moyen âge, vol. 111 de Burt Franklin research & source works series, Ayer Publishing, , 376 p. (ISBN 978-0-8337-0833-5, lire en ligne).
  • [Buck et CESR 1973] August Buck et Centre d'Ă©tudes supĂ©rieures de la Renaissance, Sciences de la Renaissance, vol. 27 de De PĂ©trarque Ă  Descartes, Vrin, , 308 p. (ISBN 978-2-7116-0680-1, lire en ligne).
  • [Freeman 1983] Margaret Freeman, La Chasse Ă  la licorne : prestigieuse tenture française des Cloisters, Lausanne, Edita, , 247 p. (ISBN 978-2-88001-050-8).
  • [Malrieu 1987] Pierre Malrieu, Le bestiaire insolite : l'animal dans la tradition, le mythe, le rĂŞve, La DurauliĂ©, coll. « Les FĂŞtes de l'irrĂ©el », , 213 p..
  • [Giblin 1991] (en) James Giblin (ill. Michael McDermott), The truth about unicorns, HarperCollinsPublishers, , 113 p. (ISBN 978-0-06-022479-0, prĂ©sentation en ligne).
  • [Lecouteux 1993] Claude Lecouteux, Les monstres dans la pensĂ©e mĂ©diĂ©vale europĂ©enne : essai de prĂ©sentation, vol. 10 de Cultures et civilisations mĂ©diĂ©vales, Presses de l'UniversitĂ© de Paris-Sorbonne, , 2e Ă©d., 183 p. (ISBN 978-2-84050-021-6).
  • [Faidutti 1996] Bruno Faidutti, Images et connaissance de la licorne : (Fin du Moyen Ă‚ge - XIXe siècle), t. 1, Paris, thèse de doctorat de l'universitĂ© Paris-XII (Sciences littĂ©raires et humaines), , 378 p. (lire en ligne).
  • [Fischer et Cossu Ferra Fischer 2011] Louis-Paul Fischer et VĂ©ronique Cossu Ferra Fischer, « La licorne et la corne de licorne chez les apothicaires et les mĂ©decins », Histoire des sciences mĂ©dicales, vol. 45, no 3,‎ , p. 265-274 (ISSN 0440-8888, prĂ©sentation en ligne).
  • [Lemoine 1996] Patrick Lemoine, Le mystère du placebo, Odile Jacob, , 238 p. (ISBN 978-2-7381-0347-5, lire en ligne).
  • [de Tervarent 1997] Guy de Tervarent, Attributs et symboles dans l'art profane : dictionnaire d'un langage perdu : (1450-1600), Librairie Droz, , 535 p. (ISBN 978-2-600-00507-4, lire en ligne).
  • [Ferlampin-Acher 2002] Christine Ferlampin-Acher, FĂ©es, bestes et luitons : croyances et merveilles dans les romans français en prose (XIIIe – XIVe siècles), Presses Paris Sorbonne, , 513 p. (ISBN 978-2-84050-193-0, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • [Davenne 2004] Christine Davenne, ModernitĂ© du cabinet de curiositĂ©s, L'Harmattan, coll. « Histoires et idĂ©es des arts », , 299 p. (ISBN 978-2-7475-5860-0, lire en ligne).

Ouvrages de vulgarisation

  • [Rochelandet 2003] Brigitte Rochelandet, Monstres et merveilles de Franche-ComtĂ© : fĂ©es, fantĂ´mes et dragons, Cabedita, coll. « Archives vivantes », , 133 p. (ISBN 978-2-88295-400-8, lire en ligne).
  • [Brasey 2007] Édouard Brasey, La Petite EncyclopĂ©die du merveilleux, Paris, Éditions Le PrĂ© aux clercs, , 435 p. (ISBN 978-2-84228-321-6).

Ouvrages de fiction

Articles connexes

Liens externes

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