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Citroën SM

La Citroën SM ou SM Maserati est une automobile sportive de grand tourisme, développée par le constructeur automobile français Citroën. Lancée en [4], sa carrière s'achève en 1975. Elle demeure l'un des modèles mythiques de la marque recherchés des collectionneurs.

Citroën SM
Citroën SM
Citroën SM (bleu platine).

Marque Citroën
Années de production 1970 - 1975
Production 12 920 exemplaire(s)
Classe Grand tourisme
Usine(s) d’assemblage Drapeau de la France Javel
Drapeau de la France Abrest
Moteur et transmission
Énergie Essence
Moteur(s) 6 cylindres en V Maserati
Position du moteur Longitudinale avant
CylindrĂ©e 2 670 Ă  2 965 cm3
Puissance maximale Ă  5 500 tr/min : 170 ch (carburateur)[1],
Ă  6 250 tr/min : 178 ch (injection)[2],
Ă  6 500 tr/min : 180 ch (automatique)[3] ch (125 Ă  133 kW)
Couple maximal 230 Ă  235 N m
Transmission Traction avant
Boîte de vitesses BV5 et BVA
Poids et performances
Poids Ă  vide 1 450 Ă  1 490 kg
Vitesse maximale 205 Ă  228 km/h
Accélération 0 à 100 km/h en 8,7 à 9,4 s
Châssis - Carrosserie
Carrosserie(s) Coupé
Coefficient de traînée 0,339
Suspensions Suspension hydropneumatique
Dimensions
Longueur 4 893 mm
Largeur 1 836 mm
Hauteur 1 324 mm

Description

La SM (pour projet S Maserati) est un grand coupé 2+2 ; les places arrière sont moins spacieuses mais restent néanmoins utilisables par deux adultes. Si le coffre est muni d'un hayon, les sièges arrière sont fixes. La planche de bord adopte un dessin épuré et futuriste avec cadrans et volant ovoïdes, elle équipe également la Maserati Merak.

Citroën SM Gendarmerie bleu de Brégançon.

La suspension est hydropneumatique comme sur toutes les grandes Citroën depuis 1954, celle-ci dérive directement de la DS.

Pour l’exemplarité de sa tenue de route, elle dispose d’une très bonne répartition des masses, le moteur est disposé longitudinalement en position centrale, la boîte de vitesses vers l’avant, un schéma chez Citroën déjà vu sur la DS et la Traction.

Le train avant est dérivé de la DS et retourné, il reprend la particularité géométrique rare du pivot dans l’axe : la ligne joignant les pivots inférieurs et supérieurs de moyeux croise le milieu du centre de l'aire d'appui du pneu au sol. Cette disposition rend la suspension et la direction quasi insensible aux inégalités de la route ou à une crevaison.

Poupe à la fois fastback et hatchback de la Citroën SM, ici une bleu platine.
Première SM fabriquée, dans sa livrée blanc cygne.
La Citroën SM dans une livrée vert des tropiques
Une Citroën SM dans une livrée bleu Brégançon.
Citroën SM 1974.
Citroën SM.
Le compartiment moteur où l'on peut voir (outre le moteur Maserati Type SC, C114-03 à injection en spécification européenne, produit de 1972 à 1975) 2 sphères de suspension, la pompe haute pression au centre et à côté d’elle la sphère dite « accumulateur principal»
Le tableau de bord.
Citroën SM exposée au salon Rétromobile en 2010.

Les masses non suspendues du train avant sont diminuées grâce aux freins montés en sortie de boîte de vitesses, tout ceci est également dérivé des DS à boîte manuelle. Cette disposition "in-board" des freins avant favorise encore l’efficacité de la suspension, au détriment de la facilité de la maintenance (remplacement des disques avant notamment).

En option, les masses non suspendues peuvent encore être significativement réduites grâce à des roues en résine encore plus légères que des roues en alliage léger (les roues normales de la SM sont en tôle avec enjoliveurs)

Caractéristiques

Motorisation

L'absence d'un moteur spécifique chez Citroën, puis le rachat de la firme italienne Maserati en 1968 permet à Citroën de doter la SM d'un moteur Maserati V6 étudié spécifiquement. Un moteur V8 de Maserati Indy est, dans un temps record, amputé de deux cylindres pour impressionner les cadres de Citroën sur la réactivité de Maserati. Selon Marc Sonnery auteur du livre Maserati, the Citroen Years (eauxrouges publishing) ce moteur 'V8 - 2' prototype est toujours stocké à Modène. Pour le V6 de série, les ingénieurs partiront d'une feuille blanche.

La SM est animĂ©e de 1970 Ă  1972 par un moteur V6 Ă  90° de 2 670 cm3 de cylindrĂ©e Ă  trois carburateurs double corps Weber et d'une puissance de 170 ch DIN (au rĂ©gime très raisonnable de 5 500 tr/min). Le couple est de 230 N m Ă  4 000 tr/min. Cette mĂ©canique Ă  deux arbres Ă  cames en tĂŞte par rangĂ©e de cylindres a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e directement par l'ingĂ©nieur Giulio Alfieri de Maserati sous la direction du bureau d'Ă©tudes de la rue du Théâtre au Quai de Javel Ă  Paris.

Pour les modèles 1973 et jusqu'Ă  la fin de la production, en rĂ©ponse aux nouvelles normes anti-pollution, le moteur sera Ă©quipĂ© de l'injection Ă©lectronique Bosch D-Jetronic qui fera passer sa puissance Ă  178 ch DIN Ă  5 500 tr/min (couple 232 N m Ă  4 000 tr/min) tout en amĂ©liorant la souplesse et la consommation.

Pour 1974, une version Ă  boĂ®te automatique BorgWarner Ă  3 rapports apparaĂ®t. Pour compenser la perte de puissance due au convertisseur, la SM automatique dispose du moteur de la Maserati Merak, de 2 965 cm3 dans une version de 180 ch DIN Ă  5 720 tr/min (245 N m de couple Ă  4 000 tr/min). Il est Ă©quipĂ© d'un Ă©chappement Ă  oxydation pour rĂ©pondre aux normes anti-pollution. Quelques SM seront Ă©galement exportĂ©es aux États-Unis et au Canada en version 3 litres avec une boĂ®te de vitesses automatique ou beaucoup plus rarement, manuelle.

Le moteur 3 litres dans une version 190 ch DIN Ă©quipera la Maserati Merak, la Maserati Quattroporte II et la Ligier JS2[5] - [6]

Une seule SM V8 1974 au moteur prototype 4 litres de 260 ch DIN a Ă©tĂ© modifiĂ©e par Maserati spĂ©cialement pour l'ingĂ©nieur motoriste de Maserati qui voulait en dĂ©montrer la possibilitĂ©, mais sa mise en production a Ă©tĂ© refusĂ©e par CitroĂ«n[7].

Une technique avancée

La SM comporte pour l’époque des équipements à la pointe de la technologie automobile :

  • Freinage hydraulique assistĂ© haute pression, principe et dispositif de commande similaire Ă  la DS, elle est Ă©quipĂ©e de 4 disques, une nouveautĂ© chez CitroĂ«n (adoptĂ© aussi sur la GS la mĂŞme annĂ©e). La puissance du freinage arrière ainsi que la rĂ©partition avant-arrière du freinage est fonction de la pression hydraulique dans la suspension arrière.
  • direction assistĂ©e DIRAVI dont la puissance du rappel en ligne droite est asservie Ă  la vitesse, donnant un effet d’assistance variable.
  • Six projecteurs sous vitrine (contribuant au Cx de 0,339) dont deux directionnels (ceux de l'intĂ©rieur) par dispositif hydraulique. Correction dynamique du rĂ©glage de site en fonction de l'assiette de la voiture Ă©galement par une liaison hydraulique moyennant la position des barres antiroulis, il s’agit de maintenir le rĂ©glage du faisceau lumineux toujours parallèle Ă  la route (ce système avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© adoptĂ© en cours de carrière sur les DS au moyen de câbles ; un Ă©quipement aujourd’hui Ă©lectronique concernant par exemple les C5 II et C6) ;
  • jantes ultra lĂ©gères Michelin en composite dites « RR » (rĂ©sine renforcĂ©e) en option ;
  • première voiture en Europe avec rĂ©glage en hauteur et en profondeur du volant ;
  • première voiture avec pare-brise collĂ© contribuant significativement Ă  la rigiditĂ© de la caisse.

Direction

Imaginée par l’ingénieur Paul Magès, père de l’hydraulique Citroën, la DIRAVI est la DIrection à Rappel Asservi à la VItesse. C’est une direction assistée hydrauliquement, avec quelques singularités. Contrairement à ce qui est souvent répété, ce n’est pas une direction à assistance variable.

Un bloc de commande détecte l’action sur le volant par rapport au pignon sur la crémaillère et un tiroir hydraulique modifie l’équilibre des pressions gauche/droite pour faire bouger le vérin d’assistance intégré dans la crémaillère.

Un petit vérin applique une force de rappel en ligne droite côté volant dans le bloc de commande. Sa pression d’appui sur une came en forme de cœur, dont le creux matérialise la ligne droite, augmente avec la vitesse au moyen d’un dispositif centrifuge monté sur la boîte de vitesses.

L'assistance est très prononcée et compense une démultiplication particulièrement faible (2 tours de volant de butée à butée), un point capital voulu par son concepteur pour une réactivité optimale. La force de rappel du volant en ligne droite augmente avec la vitesse et masque la forte assistance qui reste constante évitant ainsi les corrections de trajectoire intempestives et exagérée.

Une autre des particularités de la DIRAVI est d’être irréversible : le volant donne la consigne et l’hydraulique exécute le mouvement désiré. Si le volant ne bouge pas la pression hydraulique qui agit en permanence de part et d’autre du vérin d’assistance qui immobilise la crémaillère dans la position où elle se trouve, verrouillant ainsi hydrauliquement l’orientation des roues. Les remontées parasites dans la direction étant déjà considérablement limitées par la géométrie particulière du train avant, ce système empêche toute perturbation extérieure. (Cette particularité du verrouillage hydraulique concernait déjà la direction de la DS mais avec une mise en œuvre différente.)

Le braquage est strictement imposé par le conducteur qui ne ressent que la force de rappel en ligne droite, d’autant plus puissante que la vitesse est élevée, donnant l’effet (et l’effet seulement) d’une direction à assistance variable, mais surtout l’appréciable sensation d’être comme guidé par des rails, sans transmission des irrégularités de la route, ni influence de ceux-ci sur le braquage des roues, au bénéfice du confort et de la sécurité.

Pour profiter pleinement de cette rigoureuse tenue de cap si particulière, plus que toute autre voiture, le sérieux du réglage de la géométrie doit être parfaitement conforme aux prescriptions du constructeur, l’état de toutes les articulations du train avant ainsi que du train arrière doivent être irréprochables.

Carrosserie

Le style très particulier de la SM fut directement inspiré par le vent. Elle porte d'ailleurs, comme beaucoup de Citroën, des jupes d'ailes arrières carénant les roues. C'est dans ce sens que Robert Opron (styliste embauché par la suite par la Régie Renault, qui sera auteur entre autres des Fuego, 9, 11, 25) donna vie à des formes à la fois douces et vives qui évoquent vitesse et puissance.

19 teintes de carrosseries furent disponibles :

Marque Modèle Nom des

couleurs

Codes des

couleurs

Type de

teinte

Coloris de

Pavillon pouvant ĂŞtre assorti

de Ă 
CitroënSMGris LargentièreAC082Métallisée─19741975
CitroënSMBeige TholonetAC085Métallisée─19731975
CitroënSMBlanc MeijeAC088/EWT/GWBOpaqueAC200 Noir19711975
CitroënSMBlanc CygneAC093MétalliséeGris Nacré (AC095)19701970
CitroënSMGris NacréAC095MétalliséeNoir (AC200)19711973
CitroënSMNoirAC200/EXY/GYAVernie─19711975
CitroënSMSable MétalliséAC318Métallisée─19711972
CitroënSMFeuille DoréeAC319Métallisée─19711971
CitroënSMOr de SimianeAC326Métallisée─19731975
CitroënSMRouge de Rio (ex. Rouge Brasilia)AC424OpaqueAC095 Gris Nacré / AC200 Noir19711971
CitroënSMRouge de GrenadeAC426Opaque─19721972
CitroënSMBrun ScarabéeAC427Métallisée─19721975
CitroënSMBrun de RoquebruneAC430Métallisée─19741975
CitroënSMVert des TropiquesAC525Métallisée─19711972
CitroënSMVert ArgentéAC527Métallisée─19721975
CitroënSMBleu d'OrientAC616Opaque─19721973
CitroënSMBleu PlatineAC632Métallisée─19711971
CitroënSMBleu de BrégançonAC637Métallisée─19731973
CitroënSMBleu DeltaAC640Métallisée─19741975

Les carrosseries sont monochromes, sauf quelques rares exceptions telles que Blanc Cygne/Gris Nacré, Blanc Meije/Noir, Rouge de Rio (ou Rouge Brasilia)/Noir ou Gris Nacré

Consommation

Bien que sa consommation en carburant fĂ»t plutĂ´t infĂ©rieure Ă  la moyenne de la catĂ©gorie (15 L/100 km Ă  160 km/h, 10 L/100 km en moyenne sur route, 18 L/100 km en ville), la SM fut partiellement victime des deux chocs pĂ©troliers de 1973 et 1975, de la limitation de vitesse de 1974, du coĂ»t Ă©levĂ© de son entretien mais surtout de l'incapacitĂ© du rĂ©seau CitroĂ«n Ă  entretenir un moteur Maserati particulièrement dĂ©licat (le reste de la technique, hydraulique et boĂ®te de vitesses, Ă©tant très proche de celle de la DS). MalgrĂ© ses qualitĂ©s, le moteur n'avait pas la fiabilitĂ© qu'attendait la clientèle pour cette catĂ©gorie de vĂ©hicules et nĂ©cessitait une coĂ»teuse rĂ©vision tous les 60 000 km pour remplacement des chaĂ®nes de distribution situĂ©es au centre du moteur.

L'apparition de l'injection en 1973, apportant fiabilité et stabilité, simplifiera grandement l'entretien classique, tout en diminuant sensiblement la consommation. Néanmoins Peugeot, propriétaire de Citroën dès 1974, ayant sur les planches à dessin une 604 également à moteur V6, prétexta une consommation inadaptée à la conjoncture pour enterrer définitivement ce fabuleux projet de véhicule haut de gamme français, alors même que la 604 V6 consommait davantage que la SM, avec un moteur moins puissant et des origines moins nobles.

Production

La SM, après des dĂ©buts prometteurs, fut relativement boudĂ©e des acheteurs français et Ă©trangers après les premiers soucis sĂ©rieux de moteur, ce qui explique sa production Ă  seulement 12 920 exemplaires entre 1970 et 1975[8]. Le concept de grand tourisme, peu habituel dans l'offre automobile française, ne facilita guère les ventes, surtout dans des tarifs qui, pour les derniers modèles produits, approchaient les 100 000 F de l'Ă©poque, soit le double du prix d'une DS 23 (l'Ă©quivalent de cinq annĂ©es du Smic des annĂ©es 1975/76).

La carrosserie était fabriquée par Chausson à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). L'assemblage était assuré par les usines de Javel à Paris puis, à la fin, par les usines Ligier (qui ont produit la JS2 à moteur SM) près de Vichy (Allier). L'arrêt de la production de la SM fut décidé sous la pression de la firme nouvellement propriétaire Peugeot qui, du même coup, stoppera le projet d'une CX de haut de gamme à moteur Maserati.

Année 1970 1971 1972 1973 1974 1975 Total
Production 868 5 032 3 992 2 619 294 115 12 920

La SM aux États-Unis

SM version U.S. caractéristique avec des feux ronds dépourvus du carénage transparent.

Le marché d'exportation principal pour la SM était les États-Unis. Le marché pour les voitures de luxe était beaucoup plus important qu'en Europe bien que l'Allemagne ait été un gros client de la SM.

La SM a été équipée pour les États-Unis de phares ronds car une loi de 1937 interdisait les phares mobiles et carénés. Très remarquée par sa conception unique, la SM remporte le prix de Meilleure voiture de l'année 1972, attribué par le magazine Motor Trend, fait jusqu'alors inconnu pour un véhicule étranger.

En dépit du succès initial, les ventes aux États-Unis ont soudainement cessé, car si Citroën s'attendait à une exemption pour 1974 du règlement concernant la hauteur des pare-chocs, imposée par la National Highway Traffic Safety Administration, cette dérogation n'a finalement pas été accordée : la suspension à assiette variable de la SM rendait l'homologation impossible.

Les SM sportives

RĂ©plique de la SM Prototype.
SM Rallye Gr.4, vainqueur du Rallye du Maroc.

Au début des années 1970, Citroën construit un prototype raccourci, élargi et rabaissé afin de tester différentes solutions techniques sur une traction avant dotée de motorisations très puissantes pouvant aller jusqu'à 380 ch avec le V6[9]. Aujourd'hui, cet exemplaire unique jaune, noir et rouge fait partie des véhicules historiques appartenant au conservatoire Citroën. Une fidèle copie réalisée par le garagiste Frédéric Daunat est souvent visible dans les rassemblements de Citroën.

En 1971, l'Ă©quipage Deschazeaux/Plassard gagne le Rallye du Maroc avec une SM Groupe 4 en championnat international des marques.

En 1972, Guy Verrier participa aux essais qualificatifs des 24 Heures du Mans avec une SM inscrite en catégorie «Tourisme Spéciale», mais ne parvint pas à se qualifier.

En 1987, une SM à turbocompresseurs modifiée par Jerry Hathaway a atteint 325 km/h à Bonneville Salt Flats[10].

Les SM Chapron

SM Chapron Mylord...
SM Chapron Opera.

Quelques exemplaires furent carrossés par le célèbre carrossier Henri Chapron de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

Trois modèles ont vu le jour :

  • SM Mylord : cabriolet sans arceau avec une capote en toile. PrĂ©sentĂ©e au Salon de Paris 1971, la SM Mylord devait initialement ĂŞtre proposĂ©e par CitroĂ«n qui y a finalement renoncĂ©. Il en sera produit cinq exemplaires de 1971 Ă  1973[11]. Note: Une SM Mylord a atteint plus de 600 000 € lors d'une vente en 2016.
  • SM OpĂ©ra : berline tricorps Ă  4 portes sur un empattement rallongĂ© de 29 cm (longueur : 5 190 cm). PrĂ©sentĂ©e au Salon de Paris 1972, la SM OpĂ©ra sera produite Ă  7 exemplaires de 1972 Ă  1974[11]. Note: Une SM OpĂ©ra a atteint plus de 400 000 € lors d'une vente en 2018.
La SM Présidentielle immatriculée 3 PR 75 présentée au rassemblement du centenaire en juillet 2019 à La Ferté-Vidame.

En service jusqu'en 2007, elles restent toujours la propriété de la Présidence de la République. L'une d'entre elles est en dépôt chez Citroën.

La SM Tissier

Cette SM est équipée d'un plateau porte-voiture et possède cinq essieux, dont quatre à l'arrière. Elle a été conçue par le carrossier Pierre Tissier, grand spécialiste des Citroën rallongées. Ce véhicule a été intégralement restauré par les ateliers SM2A de Mussy-sur-Seine qui s'en servent régulièrement.

La fin

Poupe d’une Citroën SM U.S.

Après l'acquisition auprès de Michelin de la majorité du capital de Citroën en 1974, Peugeot vend Maserati à De Tomaso en mai 1975. Il n'y a alors plus aucune possibilité de produire la SM, ce qui laisse le terrain complètement dégagé pour permettre à Peugeot d'imposer sa 604 avec la volonté d'en faire la voiture haut de gamme française de cette deuxième moitié des années 1970.

Certains observateurs n'ont pas manqué d'attribuer l'arrêt de la SM à la crise pétrolière de 1973 et à l'instauration des limitations de vitesse en France, mais cela n'a guère influencé la vente d'autres autos comparables.

À partir de 1972, la diminution des ventes est imputable, d'une part à l'entretien pointu nécessaire pour cette auto hors normes, et d'autre part à la réputation de mauvaise fiabilité du moteur Maserati. Les bris de chaînes de distribution (le moteur en possède trois, dont la primaire soumise à rude épreuve, car entraînant un arbre intermédiaire emmenant non seulement les deux chaînes secondaires, mais aussi la pompe hydraulique, l'alternateur et le compresseur de la climatisation), les ruptures de soupapes (creuses, remplies de sodium pour un meilleur refroidissement), le claquage de joint de culasse à cause d'un défaut de conception des chemises qui s'enfonçaient dans le bloc et un dimensionnement trop juste du refroidissement, ainsi que des coulages de bielles, à cause d'une mauvaise conception de la pompe à huile et du carter moteur, etc. n'ont pas encouragé les ventes, d'autant que ces défauts n'ont jamais été réellement corrigés.

Si la SM, fidèle à l'image de la DS, peut accumuler plusieurs centaines de milliers de kilomètres sans problème[13], elle réclame néanmoins beaucoup de technicité de la part d'un service après-vente traditionnel, peu habitué aux mécaniques italiennes avec carburateurs multiples et dont la mauvaise synchronisation rend l'auto désagréable à la conduite en ville ou à basse vitesse. Cette SM nécessite en effet un traitement privilégié pour répondre à l'exigence bien légitime de son propriétaire, ce qui lui a valu le surnom de « Sa Majesté ». Il y a eu également et à sa décharge, une certaine réticence du réseau qui, n'ayant jamais commercialisé de voitures de grand tourisme, n'était guère disposé à former du personnel pour une voiture relativement confidentielle.

Le coĂ»t des moteurs Maserati Ă©tant Ă©levĂ© (Ă©quivalent Ă  un 6 cylindres BMW Ă  la rĂ©putation de fiabilitĂ© bien plus affirmĂ©e), certaines mĂ©caniques ont Ă©tĂ© remplacĂ©es par des blocs de DS et de CX, essence ou diesel. Des SM ont ainsi Ă©tĂ© Ă©quipĂ©es, Ă  titre individuel, de moteurs turbo-diesel issus de la CX. Georges Regembeau, rĂ©fĂ©rence en la matière Ă  l'Ă©poque, avait conçu pour la SM un moteur turbo-diesel 4 cylindres 2,4 litres de 145 ch, ce qui Ă©tait une prouesse Ă  l'Ă©poque.

Georges Regembeau[14], surnommĂ© « le sorcier », mĂ©canicien renommĂ© et grand spĂ©cialiste de la SM, qui s'Ă©tait dĂ©jĂ  distinguĂ© notamment en transformant un moteur de Traction Avant 15-Six avec injection directe mĂ©canique (avant la Mercedes-Benz 300 SL) et compresseur Constantin, a aussi considĂ©rablement amĂ©liorĂ© la fiabilitĂ© du moteur Maserati tout en le rendant plus performant et plus Ă©conomique. Ainsi, son moteur 2,7 litres Ă  injection Ă©lectronique dĂ©veloppait 250 ch au lieu de 178 ch Ă  l'origine (240 ch au lieu de 170 ch pour la version Ă  carburateurs). Il Ă©tait accouplĂ© Ă  une boĂ®te de vitesses avec un sixième rapport supplĂ©mentaire très long. Regembeau a mĂŞme rĂ©alisĂ© pour sa voiture personnelle une version dĂ©veloppant 300 ch[15].

En Allemagne, une SM équipée de deux turbocompresseurs KKK a atteint 650 ch.

La CitroĂ«n SM ne fut jamais remplacĂ©e dans la gamme de son constructeur ; la version 4 portes sur châssis non rallongĂ© ne verra jamais officiellement le jour mĂŞme si Georges Regembeau rĂ©alisa un exemplaire destinĂ© aux États-Unis. Un deuxième exemplaire, qui ne fut jamais terminĂ©, dut ĂŞtre dĂ©truit Ă  cause du mauvais Ă©tat de la voiture rĂ©sultant d'un long stockage dans de mauvaises conditions[15].

La SM est aujourd'hui devenue une icône automobile des années 1970 et les collectionneurs la recherchent, faisant suite à l’engouement pour les DS.

La renaissance

La société française SM2A a repensé, reconstruit et optimisé la SM à l'aune des standards automobiles du XXIe siècle. La production de ces SM2, au prix de 230.000€/unité, n'excède pas 4 véhicules par an[16]. Les modifications ne sont, pour l'essentiel, pas visibles de l'extérieur.

Propriétaires célèbres

Source[17]

L'empereur et icône religieuse Haïlé Sélassié Ier d'Éthiopie a eu une SM alors que l'Ougandais Idi Amin Dada en possédait sept. Le Shah d'Iran a également beaucoup roulé en SM. Les acteurs américains Burt Reynolds, Dinah Shore, Lee Majors et Lorne Greene, le compositeur John Williams, le footballeur Johan Cruyff, le guitariste Dave Davies (the Kinks), le journaliste Bernard Pivot, le critique gastronomique Pascal Remy et les comiques Cheech Marin et Thomas Chong étaient propriétaires de SM. Fernand Raynaud s'est tué en Rolls deux jours après que sa SM fut volée. L'animateur vedette de NBC Jay Leno, grand collectionneur de véhicules, en possède une[18]. François de Grossouvre, l'ami de François Mitterrand en a possédé une dans les années 1970, avec laquelle il a fait de nombreux trajets avec le futur président.

Le Président de la République Georges Pompidou a offert en octobre 1971 au secrétaire général du Parti Communiste d'URSS Léonid Brejnev lors de sa visite en France, pour un sommet France - URSS, une SM vert métalisé. Elle fut utilisée régulièrement par Brejnev avant d'être revendue après la fin de l'URSS à un collectionneur néerlandais[19].

Dans la culture populaire

Cinéma

La SM de CĂ©sar et Rosalie, Mondial de l'Automobile, Paris 2016.

Télévision

  • Une scène de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Les Protecteurs de Gerry Anderson met en Ă©vidence une SM bleu platine en 1971.
  • Dans une scène de l'Ă©pisode « Jeu d’identitĂ© » de la sĂ©rie amĂ©ricaine Columbo (Ă©pisode 3/6 de la saison 5, 1975), Patrick McGoohan apparaĂ®t Ă  plusieurs reprises dans une SM vert mĂ©tallisĂ©.
  • En 2021 dans The Grand Tour, Jeremy Clarkson termine l'Ă©pisode "Carnage Ă  Trois" (saison 4, Ă©pisode 4) au volant d'une SM verte pour encenser cette dernière.

Jeux vidéo

  • Dans la mise Ă  jour « Hipster toi-mĂŞme ! » de Grand Theft Auto V, la Lampadati Pigalle est manifestement très inspirĂ©e de la SM.

Musique

  • Dans le clip vidĂ©o Just My Imagination (1999)du groupe irlandais The Cranberries on peut apercevoir diverses CitroĂ«n dont une SM.
  • Une SM au cĹ“ur du clip de Sven Vath et Miss Kittin pour leur reprise de Je t’aime moi non plus de Gainsbourg.
  • La chanteuse Jem part Ă  bord d'une SM Ă  la fin du clip de la chanson It's Amazing (2008).
  • Dans leur clip vidĂ©o de la chanson L'Ă©quilibre (2014), le groupe pop-rock français Kyo se trouve Ă  bord d'une SM.
  • Dans le clip Venice (2017) de l'album Double V de Mister V, on voit ce dernier Ă  bord d'une SM Ă  Los Angeles.

Autre

  • En 2017, dans la publicitĂ© du parfum Scandal de Jean-Paul Gaultier, on peut voir une rare SM OpĂ©ra de Chapron[22].

Notes et références

  1. « L'Histoire de la Marque Citroën », sur Citroën France (consulté le )
  2. Voitures d'exception, volume 7, Ă©ditions Atlas.
  3. Briand Regembeau, « Le Moteur (de la SM) », sur citroensmpassion.free.fr (consulté le )
  4. http://www.autotraderclassics.com/car-article/The+lost+prototype+Reborn+_+Citroen+SM+V8-84209.xhtml
  5. René Bellu, Toutes les Citroën : des origines à nos jours, Editions Jean-Pierre Delville, , 286 p. (ISBN 2-85922-014-3)
  6. Short wheelbase sports prototype
  7. De notre envoyé spécial en Californie Philippe Doucet, « Des Californiens fanatiques du Chevron », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  8. Henri Chapron, par Dominique Pagneux, Ă©ditions E.T.A.I.
  9. La SM spéciale construite par Chapron pour le Président Pompidou
  10. « La citroën sm, ma passion par jean-daniel guyou », sur smpassiongarageguyou.free.fr (consulté le ).
  11. « RGP ou CITROËN SM REGEMBEAU par Eric RIOULT », sur citroensmregembeau.free.fr (consulté le )
  12. interview avec M. Regembeau du 03/08/2002.
  13. « sm2.fr »
  14. relation publique citroen, Citroen SM description technique, Paris, citroen, p. 39 a 47
  15. Video de SM
  16. « eurosmclub.net/La%20Sm%20de%20… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  17. 1921 est l'année de naissance d'Yves Montand.
  18. SM sur citrothello.net

Voir aussi

Bibliographie

  • Auto Plus - La Collection, Les classiques de l'automobile, CitroĂ«n SM 1972, 2010, fascicule no 12, Ă©d. Hachette.
  • CitroĂ«n et le citroĂ«nisme : essai historique sur la passion automobile et l'innovation, Au Pont 9, (ISBN 9791096310609), Paris, 2020. JoĂ«l Broustail
  • CitroĂ«n, essai sur 80 ans d'antistratĂ©gie (avec R.Greggio), Vuibert, (ISBN 2-7117-7818-5), Paris, 2000[6]. JoĂ«l Broustail

Vidéo

[vidéo] CITROEN SM - première sortie première victoire Rallye Maroc 1971 sur YouTube

Article connexe

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