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Château d'eau

Un château d'eau est une construction destinée à stocker l'eau potable, elle est placée en général sur un sommet géographique pour permettre de la distribuer sous pression.

Chateau d'eau de l'hopital Marchant Pierre Debeaux architecte (1963)
Château d'eau en Finlande.

La réserve d'eau joue un rôle de tampon entre le débit demandé par les abonnés et le débit fourni par la station de pompage. Il permet ainsi d'éviter de démarrer trop souvent les pompes et de les protéger. Une telle réserve permet également de faire face aux demandes exceptionnelles en cas d'incendie et de manque d'eau.

Aspects techniques

Fonctionnement

L’eau est acheminée du point d'eau au réservoir. Si l'altitude du point d'eau est inférieure à l'altitude du réservoir, on utilise des pompes pour élever l'eau jusqu'à ce dernier. L’eau est ensuite envoyée dans un réseau gravitaire qui va assurer son acheminement vers l’ensemble des habitations.

La pression de l’eau qui est fournie au robinet des habitants est proportionnelle au dĂ©nivelĂ© qui existe entre le niveau d’eau dans le château d’eau et l'habitation : 10 m de dĂ©nivelĂ© Ă©quivalent Ă  1 bar de pression, 20 m Ă  2 bars de pression, etc.

Les plus grands châteaux d'eau peuvent contenir plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes d’eau.

Avantages et inconvénients

Plusieurs phénomènes principaux ont marqué une remise en cause des châteaux d'eau :

  • sur le plan technique, l'amĂ©lioration des techniques de mise sous pression des rĂ©seaux de canalisation d'eau[1] ;
  • sur le plan esthĂ©tique, le château d'eau a connu les attaques des dĂ©fenseurs de l'environnement et des paysages ;
  • sur le plan financier, leur coĂ»t est Ă©levĂ©, en termes de construction comme d'acheminement de l'eau qui doit bien y ĂŞtre placĂ©e[1].

À l'inverse, les défenseurs des châteaux d'eau expliquent que :

  • ils forment un Ă©lĂ©ment de sĂ©curitĂ© d'approvisionnement : ils « peuvent assurer, en cas de problème Ă  la station de production d'eau, la distribution d'eau pendant en gĂ©nĂ©ral 12 Ă  24 heures[2]. » ;
  • ils assurent une pression constante sur le rĂ©seau[1] ;
  • ils constituent un Ă©lĂ©ment de sĂ©curitĂ© de l'eau, un bassin de dĂ©cantation supplĂ©mentaire ;
  • ils servent de repères pour les promeneurs, les pilotes d'avions et les bateaux pour la navigation cĂ´tière ;
  • ils ne sont chargĂ©s en eau que lorsque l'Ă©nergie est disponible : bon marchĂ©, produite et peu utilisĂ©e[3].

Aspects historiques

Antiquité

Le château d'eau est le symbole de civilisations avancĂ©es sur le plan technique, mais aussi celui de l'organisation. Ainsi, « toutes les grandes civilisations s'y sont frottĂ©es. En 100 apr. J.-C., Rome compte 19 aqueducs, 250 châteaux d'eau et 1 352 fontaines »[1] qui apportent l'eau courante Ă  la ville.

Apogée

Les anciens châteaux d'eau du dépôt de locomotives de Trappes.

Après une longue éclipse dans la civilisation européenne, remplacé par le système plus rudimentaire du porteur d'eau, le château d'eau réapparaît au XIXe siècle. L'exode rural au XIXe siècle s'accompagne de la multiplication de ces équipements dans les villes aussi bien que dans les gares (château d'eau ferroviaire (it) pour l'approvisionnement des locomotives à vapeur) : « On ne sait pas assez que l'essor des châteaux d'eau est intimement lié au développement des chemins de fer[1] ». L'un des premiers, l'ingénieur allemand Otto Intze découvrit, vers 1860 les avantages de l'acier dans la construction des châteaux d'eau. Il édicta le principe de réservoirs tronconiques, construit au sommet d'une pile en maçonnerie : dispositions qui équilibrent les pressions de l'eau sur la structure et économisent le volume de maçonnerie, donc de travaux[4].

En France, en 1930, 23 % des communes sont équipées d'un réseau de distribution d'eau à domicile[1]. En 1945, seulement 30 % des communes rurales sont équipées[1]. Selon Le Figaro, « c'est à la fin des années 1980 que la quasi-totalité des Français bénéficie de l'eau courante à domicile[1]. »

L'arrivée de l'eau courante dans la totalité des communes de France a été réalisée grâce à une intense activité de construction de châteaux d'eau durant les années 1950, 1960 et 1970 : une période correspondant à l'aménagement du territoire rural, symbolisant à l'époque l'accès ostensible au progrès.

Sur le plan technique, le château d'eau se justifiait par la faiblesse des techniques de mises sous pression. Dix mètres de hauteur donnaient ainsi une pression supplémentaire de 1 bar (un robinet correct a une sortie aux environs de 2 à 3 bars)[1].

DĂ©clin

Dans les années 1980 se sont développées les implantations de réservoirs enterrés assortis de groupes de surpression.

Utilisation exceptionnelle

En France, à la fin de l'année 1999, les châteaux d'eau ont été remplis pour faire face à d'éventuelles conséquences de dysfonctionnements des systèmes informatiques dus au passage informatique à l'an 2000. Finalement, en raison des programmes de préparation, les quelques dysfonctionnements observés n'ont eu aucune conséquence notable sur le fonctionnement des systèmes de distribution d'eau potable.

Aspects patrimoniaux

Préservation et reconversion

Château d'eau transformé en appartements à Vandœuvre-lès-Nancy.
Un château d'eau transformé en maison à Thorpeness, dans le comté anglais du Suffolk.

Certains châteaux d'eau, spectaculaires ouvrages d'art, font aujourd'hui partie du patrimoine industriel. D'autres, désaffectés, ont été reconvertis :

Les photographes allemands Bernd et Hilla Becher, qui ont créé leur œuvre en photographiant par séries des constructions industrielles, ont notamment travaillé sur les châteaux d'eau.

Châteaux d'eau remarquables

Château d'eau du jardin du Peyrou à Montpellier.

Galerie

Notes et références

  1. J.-L. Nothias, « Les châteaux d'eau vont-ils disparaître ? », dans Le Figaro, 28 novembre 2007, p. 12.
  2. J.-L. Nothias, op. cit., citant notamment le Syndicat des eaux d'Ile-de-France.
  3. Les centrales nucléaires (hors rubbiatron) disposent de peu de souplesse de variation de production.
  4. « Wassertürme: Bauformen », sur zagermann.de (consulté le )
  5. Exemple : Fabien Piliu, « J'habite une drĂ´le de maison », dans L'Expansion, 27 mai 2003 : un loft de 280 m2, Ă  Brasschaat, en Belgique.
  6. Exemple : château Saint-Charles, à Vandœuvre-lès-Nancy, en France, sur le site de Batigère, un bailleur social.

Voir aussi

Bibliographie

  • Fouquet P. et Bouchy A., Les RĂ©servoirs d'eau, Dunod, 1963, 165 p.
  • Fontenas H., Stockages. Un trouble de l'esthĂ©tique architecturale, Les Cahiers du MusĂ©e national d'art moderne no 58, Centre Georges Pompidou 1996, p. 74-105
  • Despesse B.-M., La Sculpture-château d'eau de Philolaos Ă  Valence, MĂ©moire de la DrĂ´me, 2013, 156 p.

Article connexe

Liens externes

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