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Pierre Debeaux

Pierre Debeaux (19 juillet 1925 - 22 janvier 2001) est un architecte français originaire de Toulouse, dans le sud de la France, connu pour ses réalisations emblématiques tels que la Caserne Jacques Vion à Toulouse (1966-1972), l'observatoire et le bâtiment interministériel du Pic du Midi à Bagnères-de-Bigorre (1951-1966), et le Monument à la Gloire de la Résistance à Toulouse (1965-1971)[2].

Pierre Debeaux
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Ĺ’uvres principales

Il est considéré comme «l’architecte le plus inventif de sa génération laissant des œuvres exceptionnelles dans le domaine de l’habitat individuel»[3], tel que la maison Pradier (1976-1977, Tarn), protégée au titre des monuments historiques.

Polymathe, passionné de physique moderne et de musique contemporaine, cet architecte est également féru de mathématiques[4]. Pierre Debeaux s’engage pleinement dans la recherche et la création de structures auto-tendues statiques puis dynamiques. Artiste intransigeant et géomètre rigoureux, terrien et roman, Pierre Debeaux est habité par la passion du "maître d'œuvre médiéval"[5].

Biographie

Pierre Amédée Bernard Debeaux, est né le 19 juillet 1925 à Mazères-sur-Salat et décédé le 22 janvier 2001 à Toulouse, dans le département de la Haute-Garonne[6].

Il est inscrit à l’Ordre des architectes le 21 septembre 1950 et prend sa retraite en 1985. De 1954 à 1972, il exerce au sein de l'Atelier des Architectes Associés qu’il cofonde. Il se consacre ensuite principalement à ses recherches sur les rapports harmoniques et les structures tridimensionnelles[7].

Entre 1966 et 1989, il dépose une série de brevets portant sur les structures tridimensionnelles en France, en Europe et aux USA. Ami proche du conservateur de musée Denis Milhau[8], Pierre Debeaux apporte entre 1965 et 1992 de nombreuses contributions artistiques et scientifiques au Musée des Augustins de Toulouse[9].

De son union avec sa compagne Elisabeth Cardo, Pierre Debeaux a une fille, Charlotte, née à Toulouse en 1985. Il habite principalement au 13ème étage de l’immeuble situé 2 bd d’Arcole à Toulouse, appartement en duplex avec le 14ème étage où est installé l'Atelier des Architectes Associés[3].

Voyageur érudit, Pierre Debeaux effectue plusieurs grands voyages à la rencontre de cultures et de patrimoines différents: Sibérie et Chine populaire (1966); Equateur, Pérou, Colombie, Brésil et Bolivie (1967 et 1971); Inde, Népal et Cachemire (1968); Mexique (1969); Sibérie et Japon (1970); Indonésie et Ceylan (1972); Turquie (1974). Ces voyages eurent une influence notamment orientale dans certaines de ses œuvres[4].

Formation

Pierre Debeaux poursuit ses études secondaires au lycée Pierre-de-Fermat à Toulouse de 1935 à 1943. En 1943, il est bachelier en mathématiques puis en philosophie[10]. Au lycée Pierre-de-Fermat, il est élève en philosophie de Jean-Pierre Vernant. Il restera admirateur de l’hellénisme de Jean-Pierre Vernant et sera marqué par l’engagement de son professeur dans la Résistance.

En juin 1944, il est admis à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et intègre l’atelier Noël Le Maresquier - Paul de Noyers - Robert-Louis Valle, atelier extérieur à Toulouse. Avec Fabien Castaing, il fait partie d’un groupe d’étudiants dissidents qui s’opposent à l’enseignement académique[7]. Il dessine à l’atelier de Charles Lemaresquier en 1947 et effectue son stage de fin d’études au service d’architecture de la ville de Toulouse sous la direction de Roger Brunerie. Pierre Debeaux obtient son diplôme d’architecte DPLG en juin 1950, avec un projet de forge d’outils agricoles, pour lequel il reçoit le prix du meilleur diplôme national[11].

Parallèlement à ses activités d'architecte, il enseigne l'architecture dans cette même école[12].

Carrière

A partir de juillet 1951, et jusqu’en 1966, Pierre Debeaux dirige pour l’université de Toulouse les travaux d’extension de l’Observatoire du Pic du Midi de Bagnères-de-Bigorre puis pour les services de l’Etat, ceux de la construction du Bâtiment Interministériel du Pic du Midi[7]. En 1977, il réalise encore la cheminée de ventilation du groupe électrogène, sculptée en surfaces réglées et gravée de son tracé régulateur[13].

Les contraintes de ces réalisations sont particulièrement exigeantes: des programmes contradictoires entre les exigences scientifiques et touristiques, une plateforme d’implantation exiguë, des conditions climatiques et géographiques extrêmes à 2877m d'altitude. Le projet du Pic du Midi est le premier chantier de Pierre Debeaux, âgé de 26 ans seulement quand il en prend la direction, isolé avec une équipe de bâtisseurs. Il forge dans cette expérience, dans un contexte quasi monacal et dans la tradition du maître d’œuvre médiéval, l’essentiel de son exercice du métier d’architecte, et prend la mesure de la relation de l’homme avec le cosmos[14].

Pierre Debeaux crée, en 1954, l'Atelier des Architectes Associés (A.A.A.), avec les architectes Fabien Castaing, Michel Bescos, Alexandre Labat, Pierre Viatgé. Leur agence s'installe en 1979 au 14ème étage du 2 bd d'Arcole à Toulouse, dans l'immeuble dit "Immeuble Citroën" construit par eux en 1954[15]. Unis par un esprit de compagnonnage, les associés partagent une vision moderne de l’architecture et une admiration pour Le Corbusier. Entre 1954 et 1972, l’agence réalise des projets d’influence corbuséenne[7].

En 1961, le maire Louis Bazerque lance le concours national d’urbanisme du Mirail, extension de la ville de Toulouse pour 100.000 habitants. L'Atelier des Architectes Associés se joint par affinité à l’agence de Paul Gardia et Maurice Zavagno pour répondre au concours du Mirail sous la désignation de Groupement régional d’architecture. Pierre Debeaux et Fabien Castaing organisent une rencontre avec Le Corbusier dans son atelier de la rue de Sèvres. Le projet du groupement devait permettre au Mirail de devenir une ville verticale dans un grand parc, en application des principes de la Chartes d’Athènes[15]. Le Corbusier accepte de les parrainer. Le projet du groupement est cependant jugé hors concours[16].

En 1964, Roger Brunerie, architecte en chef de la ville auprès duquel il effectua un stage, confie à Pierre Debeaux le projet de la Caserne Jacques Vion à Toulouse. La Caserne des Sapeurs-Pompiers et Centre Régional d'Instruction Jacques Vion est édifiée entre 1966 et 1972. La Caserne Jacques Vion constitue la synthèse architecturale et structurelle de l'architecte Pierre Debeaux, au sommet de sa carrière[17] - [18].

Le travail de Pierre Debeaux au sein de l’Atelier des Architectes Associés est un travail solitaire et dissident. Tous les projets de Pierre Debeaux sont conçus, dessinés et exécutés par lui-même. Si les associés sont unis par un esprit créatif et une vision moderne de l’architecture, les personnalités de Debeaux et Castaing s’avèrent antinomiques. L’agence est dissoute en 1972[7].

En 1972, l'Atelier des Architectes Associés termine la réalisation de leur dernière œuvre commune, le Monument à la gloire de la Résistance, à Toulouse. Pour ce concours remporté en 1965, les 3A réalisent une synthèse des arts en associant au projet d’autres personnalités créatives: Roger Pagès pour la sculpture, Xavier Darrasse pour la musique et Hubert Benita pour les photographies. Pierre Debeaux réalise la Flèche du monument, également appelé le Signal, structure autoportante en application des structures tridimensionnelles dont il est l’inventeur[19].

Entre 1960 et 1978, Pierre Debeaux conçoit et réalise un ensemble de maisons individuelles, variations de thèmes récurrents: le toit jardin, la continuité spatiale dans un mouvement réglé en hélice, la recherche de rapports et proportions harmoniques, et l’exploitation créative des qualités plastique et structurelle du béton. Se mêlant à la végétation, les maisons de Pierre Debeaux conjuguent austérité à l’extérieur et complexité à l’intérieur.

La maison Pradier (1974-1978) à Lavaur est la dernière maison réalisée par Pierre Debeaux et constitue une synthèse de son œuvre architecturale, à l’instar de la Caserne Jacques Vion. Pour cette réalisation, l’architecte est lauréat en 1981 du concours «Beau Béton» de l’Académie d’Architecture[20]. La maison Pradier est protégée au titre des Monuments Historiques depuis 2014[21].

Pierre Debeaux réalise également la maison Martin (1960-1962) à Castelnaudary, l’appartement Vessières (1967-1969) à Toulouse, la maison (1967-1969) Chanfreau à Toulouse, la maison Laclavetine, Les Issambres (1971-1972) à Roquebrune-sur-Argens, et la maison Pham Huu Chanh (1971-1972) à Clermont-le-Fort. Les projets de maison Mingaud (1968) à Limoux et Marty (1978) à Espéraza ne furent pas réalisés[7].

Au sein de l'agence les Trois A, Debeaux réalise le bâtiment des Archives départementales de la Haute-Garonne, la caserne Jacques Vion[22], la maison Chanfreau de Toulouse, la maison Pradier de Lavaur (Tarn), monument historique[23], les aménagements du pic du Midi de Bigorre, le château d'eau de l'hôpital Marchant en 1963 ou le Signal du Monument à la gloire de la Résistance de Toulouse en 1971[2]. Il réalise aussi les aménagements de la salle romane du musée des Augustins de Toulouse.


  • Monument Ă  la gloire de la RĂ©sistance
    Monument Ă  la gloire de la RĂ©sistance
  • Monument Ă  la gloire de la RĂ©sistance - Couloir avec la cascade
    Monument Ă  la gloire de la RĂ©sistance - Couloir avec la cascade
  • Château d'eau de l'hĂ´pital Marchant Pierre Debeaux architecte 1963
    Château d'eau de l'hôpital Marchant Pierre Debeaux architecte 1963
  • Salle romane du musĂ©e des Augustins de Toulouse en 1980, amĂ©nagĂ©e alors par Pierre Debeaux.
    Salle romane du musée des Augustins de Toulouse en 1980, aménagée alors par Pierre Debeaux.
  • Pic du Midi de Bigorre observatoire
    Pic du Midi de Bigorre observatoire

Expositions


Galerie d'images

  • Caserne Vion
    Caserne Vion
  • Caserne Vion, grande halle (garage des vĂ©hicules de secours)
    Caserne Vion, grande halle (garage des véhicules de secours)
  • Caserne Vion, dĂ©tail du bĂ©ton et de la nappe mĂ©tallique tridimensionnelle (grande halle)
    Caserne Vion, détail du béton et de la nappe métallique tridimensionnelle (grande halle)
  • Caserne Vion, dĂ©tail des piliers et des Ă©lĂ©ments prĂ©fabriquĂ©s de l'extĂ©rieur de l'auditorium (entrĂ©e de la caserne)
    Caserne Vion, détail des piliers et des éléments préfabriqués de l'extérieur de l'auditorium (entrée de la caserne)
  • Caserne Vion, auditorium
    Caserne Vion, auditorium
  • Caserne Vion, tour de manĹ“uvre et de sĂ©chage pentagonale, logements
    Caserne Vion, tour de manœuvre et de séchage pentagonale, logements

Références

  1. « http://archivesenligne.haute-garonne.fr/FrmFicheIRDoc.asp?idtitreir=597253&idFiche=1062094 » (consulté le )
  2. Andrée Brassens, « Pierre Debeaux, dans l'ombre de Le Corbusier », La Dépêche du Midi,
  3. Sophie Armand, 189 J Fonds Pierre Debeaux architecte (1925-2001), Archives DĂ©partementales de la Haute-Garonne, , 48 p. (lire en ligne), p. 9
  4. Stéphane Gruet, Pierre Debeaux, architecte (1925 - 2001) - l’artiste et le géomètre, Editions Poïésis, , 104 p. (ISBN 2-9518953-1-3)
  5. « Toulouse : la caserne de pompiers Jacques-Vion, chef-d’œuvre de Pierre Debeaux, doit être sauvée », sur Libération (consulté le )
  6. « Fonds Pierre Debeaux - 1944-2003 AD31 », sur Archives départementales de la Haute-Garonne (consulté le )
  7. Sébastien Segers, « Pierre Debeaux architecte », Plan Libre, no 12,‎ , p. 8-9 (lire en ligne)
  8. Daniel Cazes, « Denis Milhau (Jouars, 1933 – Balaruc-les-Bains, 2016) », Mémoires de la société archéologique du Midi de la France, no LXXVI,‎ , p. 297 (lire en ligne)
  9. Sophie Armand, 189 J Fonds Pierre Debeaux architecte (1925-2001), Archives DĂ©partementales de la Haute-Garonne, , 48 p. (lire en ligne), p. 14-15
  10. « Fonds Pierre Debeaux - 1944-2003 AD31 », sur Archives départementales de la Haute-Garonne (consulté le )
  11. Dictionnaire des élèves architectes de l’École des beaux-arts de Paris (1800-1968), AGORHA - Bases de données de l'Institut national d'histoire de l'art, Dictionnaire des élèves architectes de l’École des beaux-arts de Paris (1800-1968) et Institut national d'histoire de l'art, Debeaux, Pierre, (lire en ligne)
  12. Enrico Chapel, « Histoire de l’enseignement de l’architecture à Toulouse », ministère de la Culture
  13. Rémi Papillault, Laura Girard et Jean-Loup Marfaing, Guide d’architecture du XXe siècle en Midi toulousain, Toulouse, Presses universitaires du Midi, , 240 p. (ISBN 978-2-8107-0469-9), p. 123
  14. Sophie Armand, « Le fonds de l’architecte Pierre Debeaux (1925-2001) », Colonnes, no 34,‎ , p. 21 à 23 (ISSN 1151-1621)
  15. Bernard Catllar, Fabien Castaing architecte, Toulouse, Maison de l'Architecture Midi-Pyrénées, , 208 p. (ISBN 978-2-9524179-0-7), p. 7
  16. Bernard Catllar et Christine Desmoulins, « Maurice Zavagno, entre trame et matières », Plan Libre, no 70,‎ , p. 9 (lire en ligne)
  17. Raphaëlle Saint-Pierre, « Pierre Debeaux : les géométries virtuoses d’un moderne », AMC, Le Moniteur architecture, no 276,‎ , p. 57 à 65 (lire en ligne)
  18. « Caserne de pompiers Jacques Vion | Docomomo France », sur www.docomomo.fr (consulté le )
  19. « Monument à la gloire de la Résistance », sur www.pop.culture.gouv.fr (consulté le )
  20. Céline Vanacker, La maison Pradier, Lavaur, Etude d’inventaire, , 18 p. (lire en ligne)
  21. « Maison dite " Maison Pradier ", due à l'architecte Pierre Debeaux », sur www.pop.culture.gouv.fr (consulté le )
  22. Collectif pour la reconnaissance et la protection de l’œuvre de Pierre Debeaux, « Toulouse : la caserne de pompiers Jacques-Vion, chef-d’œuvre de Pierre Debeaux, doit être sauvée », sur Libération (consulté le )
  23. Thierry Tchukriel, « A Lavaur, la maison Pradier, conçue par Pierre Debeaux, architecte proche de Le Corbusier, a été classée monument historique », Le Tarn Libre,

Bibliographie

  • StĂ©phane Gruet, Pierre Debeaux, architecte : L'artiste et le gĂ©omètre (1955 - 2001), Éditions POĂŹESIS, (ISBN 978-2951895317)

Voir aussi

Liens externes

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