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Rubbiatron

Un Rubbiatron est un type de réacteur nucléaire sous-critique dans lequel l'énergie cinétique de particules chargées est utilisée pour entretenir la réaction.

Celle-ci produit suffisamment d'énergie pour approvisionner un accélérateur de particules avec une plus-value énergétique.

Histoire

Le concept du Rubbiatron est attribué à Carlo Rubbia, physicien nucléaire, prix Nobel de physique et ancien directeur du CERN. Sa proposition de 1993 repose sur un synchrotron qui accélérerait des protons entre 800 MeV et 1 GeV, et une cible de thorium refroidie au plomb.

Ce type de réacteur, et notamment le réacteur hybride piloté par accélérateur (ADS), n'a pas été retenu parmi les concepts du forum génération IV, mais certains estiment que « la possibilité offerte de transmuter les déchets nucléaires (actinides mineurs, …) de manière contrôlée (...) amène à penser qu’il est également utile de présenter cette technologie innovante dans la gestion des déchets nucléaires de moyenne et longue vie »[1].

Avantages

Comparé à un réacteur conventionnel, le Rubbiatron présenterait les avantages suivants :

  • la conception « sous-critique » exclut tout risque d'excursion de criticitĂ©. En cas d'accident, la rĂ©action s'arrĂŞte d'elle-mĂŞme et le rĂ©acteur refroidit. Il est toutefois thĂ©oriquement possible que le rĂ©acteur fonde si le liquide de refroidissement est perdu. Cette conception rend le risque terroriste nĂ©gligeable ;
  • le thorium est 4 fois plus abondant que l'uranium, ce qui Ă©limine ainsi les problèmes politiques et stratĂ©giques liĂ©s Ă  l'approvisionnement, ainsi que les coĂ»ts de la sĂ©paration isotopique. Au taux de consommation actuel, les rĂ©serves mondiales de thorium suffisent pour plusieurs millĂ©naires d'exploitation ;
  • le thorium est très rĂ©pandu et très bien rĂ©parti sur Terre. Pas de risque de conflit pour cette ressource ;
  • le Rubbiatron produit très peu de plutonium, ce qui rĂ©duit les risques de prolifĂ©ration nuclĂ©aire (il faut toutefois considĂ©rer la possibilitĂ© d'employer l'uranium 233 dans des armes ou comme mĂ©tal lourd) ;
  • le concept permet l'utilisation du plutonium comme « carburant » du rĂ©acteur, ce qui permettrait d'en diminuer les rĂ©serves ;
  • les produits de dĂ©sintĂ©gration ont des demi-vies plus courtes que celles des produits des rĂ©acteurs classiques. Les dĂ©chets d'un Rubbiatron se ramènent en 500 ans, soit au niveau de radioactivitĂ© de la cendre de charbon (qui peut ĂŞtre lĂ©gèrement radioactive dans le cas des charbons contenant naturellement de l'uranium) ;
  • on peut y dĂ©truire les dĂ©chets très dangereux existants ;
  • le concept scientifique a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© validĂ© en laboratoire. Le Rubbiatron est au stade du dĂ©veloppement de l'ingĂ©nieur, par opposition Ă  la fusion nuclĂ©aire qui demande encore des recherches thĂ©oriques fondamentales ;
  • mĂŞme en comptant les coĂ»ts de dĂ©mantèlement des installations et le cycle du carburant, le Rubbiatron est plus Ă©conomique que les rĂ©acteurs de conception classique ;
  • un Rubbiatron de petite taille peut ĂŞtre construit, ce qui en fait un système plus adaptĂ© aux pays dont les rĂ©seaux Ă©lectriques sont peu dĂ©veloppĂ©s ;
  • la sĂ»retĂ© du système et du transport du combustible en fait une technologie adaptĂ©e aux pays en voie de dĂ©veloppement et aux zones fortement habitĂ©es ;
  • des synchrotrons assez puissants pour un Rubbiatron sont dĂ©jĂ  en service de par le monde.

DĂ©savantages

  • le système est techniquement complexe ;
  • chaque rĂ©acteur demande son propre synchrotron, ce qui est coĂ»teux.

Principes et faisabilité

Le Rubbiatron utilise un accélérateur synchrotron pour produire un faisceau de protons de haute énergie. Ceux-ci répartissent leur énergie par spallation en de multiples fragments, dont un grand nombre de neutrons. Il est possible d'utiliser un « amplificateur de neutrons » pour augmenter le flux neutronique (un film fin de matière fissile autour de la source)[2].

Il existe des études sur l'amplification de neutrons dans les réacteurs de type CANDU [3]. Le type CANDU est sur-critique, mais la plupart des concepts peuvent être appliqués aux réacteurs sous-critiques : les noyaux de thorium absorbent les neutrons et se désintègrent en uranium 233, un isotope fissile qui n'existe pas dans la nature ; les neutrons modérés entraînent la fission de l'uranium 233 qui produit de l'énergie.

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Références

  1. Assemblée nationale & Sénat, OPECST, Rapport sur l'évaluation du Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs 2010-2012 (19 janvier 2011), rapporteurs : Christian Bataille et Claude Birraux, PDF, 347 pages ; Voir page 122 sur 347 de la version PDF du rapport
  2. canteach.candu.org [PDF]


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