Cascabela thevetia
Cascabela thevetia est une espèce de plantes dicotylédones de la famille des Apocynaceae, sous-famille des Rauvolfioideae, originaire d'Amérique tropicale. C'est un arbuste ou un petit arbre tropical à feuilles persistantes, souvent cultivée comme plante ornementale. Cette plante est toxique dans toutes ses parties, particulièrement les graines et le latex, du fait de la présence de toxines de la famille des cardénolides.
Règne | Plantae |
---|---|
Classe | Equisetopsida |
Sous-classe | Magnoliidae |
Super-ordre | Asteranae |
Ordre | Gentianales |
Famille | Apocynaceae |
Sous-famille | Rauvolfioideae |
Tribu | Plumerieae |
Sous-tribu | Thevetiinae |
Genre | Cascabela |
- Ahouai thevetia M.GĂłmez
- Cascabela peruviana (Pers.) Raf.
- Cerbera linearifolia Stokes
- Cerbera peruviana Pers.
- Cerbera thevetia L. Basionyme
- Thevetia linearis A.DC.
- Thevetia linearis Raf.
- Thevetia neriifolia Juss.
- Thevetia neriifolia Juss. ex A.DC.
- Thevetia neriifolia Juss. ex Steud.
- Thevetia neriifolia var. hirsuta MĂĽll.Arg.
- Thevetia neriifolia var. leucantha MĂĽll.Arg.
- Thevetia neriifolia var. neriifolia
- Thevetia neriifolia var. pubescens MĂĽll.Arg.
- Thevetia peruviana (Pers.) K.Schum.
- Thevetia peruviana (Pers.) Merr., 1914
- Thevetia peruviana f. aurantiaca H.St.John
- Thevetia peruviana f. peruviana (Pers.) K.Schum., 1895
- Thevetia thevetia (L.) H.Karst.
- Thevetia thevetia (L.) Millsp., 1900
DĂ©nominations
Étymologie
« Cascabel », « cascavel » ou « cascabela » est le mot espagnol pour "petite cloche", "hochet de serpent" ou même "serpent à sonnette"[3]. L'allusion peut aussi être directement liée à la toxicité de la plante, comparable au venin d'un serpent à sonnette. Le nom spécifique « thevetia » commémore André Thevet (1516-1590), un prêtre et explorateur franciscain français, qui a exploré le Brésil (où la plante est connue sous le nom de "chapéu-de-napoleão" (« chapeau de Napoléon »).
Noms vernaculaires
Un grand nombre de noms vernaculaires sont ou ont été donnés à la plante : Ahouaï, Arbre à lait, Bois à lait, Laurier jaune, Laurier-rose jaune, Laurier jaune des Indes, Laurier à fleurs jaunes, Noyer de serpent[4], Chapeau de Napoléon[5] - [6], Caballón, Cabalonga, Milk tree (Porto Rico), Camache, Caruache (Guyana), Seweyu (Arawak), Jurri jurri, Tawai (Suriname), Lucky nut (graine dans les Antilles britanniques)[7].
En Guyane, on l'appelle Laurier jaune (Créole), Kalawashi (Kali'na), Away (Wayãpi), Kiniki βan (Palikur), Jorro-jorro, Chapéu-de-Napoleão (Portugais), Kaway (Wayana)[8].
Taxinomie
L'espèce a été décrite en premier par Linné sous le nom de Cerbera thevetia et publiée en 1753 dans son Species plantarum 1: 209[9]. En 1980, dans un travail de redéfinition de la circonscription des genres proches, Cerbera, Thevetia et Cascabela, le botaniste allemand Hans Lippold a reclassé cette espèce dans le genre Cascabela sous le nom de Cascabela thevetia. Cependant la définition de ce genre reste controversée, certains auteurs considérant Cascabela comme un synonyme de Thevetia[10].
Description
Cascabela thevetia est un arbre ou un arbuste pouvant atteindre 2 à 8 mètres de haut. Les feuilles, pétiolées, ont un limbe lancéolé à elliptique de 8 à 16 cm de long sur 0,5 à 1,4 cm de large. De consistance membraneuse, glabres, elles présentent une nervation secondaire discrète[4].
L'inflorescence regroupe de 6 à 8 fleurs. Celles-ci présentent des sépales glabres, ovales à lancéolés de 0,5 à 1,3 cm de long, une corolle jaune ou orange formant un tube de 1,2 à 1,7 cm de long sur 3 à 5 mm de diamètre, pubescent à l'intérieur, avec des lobes oblongs de 2,5 à 3,5 cm de long[4].
Le fruit est une drupe de 2,5 à 3,5 cm de long sur 2,1 à 4,5 cm de diamètre, parfois lenticellée. Les graines, gris clair, lenticulaires, mesurent environ 1 à 2 cm de long[4].
Composition
Le laurier jaune contient plusieurs glycosides cardiotoniques du groupe des cardénolides, dont les suivants : thévétine A, thévétine B (cerbéroside), nériifoline, péruvoside (cannogénine-thévioside), thévétoxine, ruvoside (cannogénol-thévioside), cerbérine (2’-O-acétylnériifoline) et acide péruvosidique (pérusitine). Le plus important est la thévétine, constituée d'un mélange de cerbéroside (thévétine B) et de thévétine A dans la proportion 2/1[6].
Les graines et la sève contiennent notamment de la nériifoline et les thévétines A et B, qui sont hautement toxiques pour le système nerveux autonome (SNA) et le muscle cardiaque[11].
Glycoside | Aglycone | Sucres |
---|---|---|
Thévétine A | Cannogénine | L-thévétose + 2 mol. D-glucose |
Thévétine B (cérbéroside) | Digitoxigénine | L-thévétose + 2 mol. D-glucose |
Péruvoside | Cannogénol | L-thévétose |
Nériifoline | Digitoxigénine | L-thévétose |
Thévénérine | Cannogénol | L-thévétose |
Acide péruvosidique | Acide cannogénique | L-thévétose |
On a isolé de cette plante, outre les glycosides cardiaques, des iridoïdes, terpénoïdes, alcaloïdes, flavonoïdes, saponines et tanins[13].
Toxicité
Cascabela thevetia contient dans tous ses organes des composés toxiques, concentrés surtout dans les noyaux des graines, puis dans les feuilles, les fruits et la sève. Ces composés chimiques sont des hétérosides cardiotoniques, principalement la thévétine A et la thévétine B, des péruvosides, ainsi que la thévétoxine, la nériifoline et des ruvosides[14]. Le principal signe est la survenue d'une bradycardie (cœur lent) par bloc sino-atrial ou atrio-ventriculaire. Les formes graves comportent des troubles du rythme ventriculaire[15], une baisse de la tension artérielle[16].
Le traitement comporte la prise de charbon activé. En cas d'intoxication grave, l'administration d'anticorps ani-digoxine est efficace[17].
Distribution et habitat
L'aire de répartition originelle de Cascabela thevetia s'étend dans les régions tropicales d'Amérique, du nord du Mexique au nord-est de l'Argentine. L'espèce a été introduite dans d'autres régions tropicales : sous-continent indien, Chine (Fujian, Guangdong, Guangxi, Hainan, Taïwan, Yunnan[18]), Afrique (Sénégal, Tchad), Antilles, Fidji[19].
Cascabela thevetia croît dans des zones chaudes, avec des températures comprises entre 17 et 37 °C et à des altitudes allant de 50 à 200 mètres. La plante préfère les sols fertiles et bien drainés, mais peut pousser sur des sols variés, du limon sableux aux sols argileux. Elle est tolérante à la sécheresse et moyennement tolérant au sel[4].
L'espèce se rencontre dans les sites perturbés ouverts, le long des cours d'eau, des bords de routes, dans les terrains vagues, dans les bois ouverts, broussailles, vieux jardins, pâturages et dans les zones côtières. L'espèce est également cultivée comme plante ornementale dans les parcs et jardins[4].
Notes et références
- The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 4 novembre 2020
- GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 22/08/2022
- (en) Umberto Quattrocchi, CRC World Dictionary of Plant Names : Common Names, Scientific Names, Eponyms, Synonyms, and Etymology, CRC Press, , 728 p. (ISBN 978-0-8493-2673-8, lire en ligne)
- (en) « Thevetia peruviana (exile tree) », sur Invasive Species Compendium (ISC), CABI, (consulté le )
- « Laurier jaune, beau mais dangereux », sur Tahiti Heritage (consulté le )
- (en) Schmelzer, G.H., « Thevetia peruviana (Pers.) K.Schum. », sur PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), (consulté le )
- (en) R. W. DEN OUTER, « Vernacular names of Surinam woody plants », Wageningen University,‎ (lire en ligne)
- Pierre Grenand, Christian Moretti, Henri Jacquemin et Marie-Françoise Prévost, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : Créoles. Wayãpi, Palikur, Paris, IRD Editions, , 663 p. (ISBN 978-2-7099-1545-8, lire en ligne), p. 350
- (en) « Cascabela thevetia (L.) Lippold, Feddes Repert. 91: 52 (1980) », sur International Plant Names Index (IPNI) (consulté le ).
- (en) Leonardo O. Alvarado-Cardenas & José Carmen Soto Núñez, « A new species of Cascabela (Apocynaceae; Rauvolfioideae, Plumerieae) from Michoacán, Mexico », Phytotaxa, vol. 177, no 3,‎ , p. 163–170 (DOI 10.11646/phytotaxa.177.3.4, lire en ligne).
- (en) Amrita Prasad, Krishnaveni K., Neha K.A., Neethu T.D., Shanmugasundaram R., Sambathkumar R., « A review on management of common oleander and yellow oleander poisonning », World Journal of Pharmacy and Pharmaceutical Sciences (WJPPS), vol. 5, no 12,‎ , p. 493-503 (lire en ligne).
- (en) Singh Kishan, Agrawal Krishn Kumar, Mishra Vimlesh, Uddin Sheik Mubeen, Shukla Alok, « A review on : Thevetia peruviana », International Research Journal of Pharmacy (IRJP), vol. 3, no 4,‎ (lire en ligne).
- (en) José Luis Balderas-López, Simone Barbonetti, Erika Lizbeth Pineda-Rosas, José Carlos Tavares-Carvalho, Andrés Navarrete, « Cardiac glycosides from Cascabela thevetioides by HPLC-MS analysis », Revista Brasileira de Farmacognosia, vol. 29, no 4 Curitiba,‎ (DOI 10.1016/j.bjp.2019.04.008, lire en ligne).
- Cécile Creyx, « Intoxications aux plantes digitaliques-like pouvant être traitées par anticorps anti-digitaliques, illustrées de cas issus du centre anti-poison de Touluse (thèse) », Faculté des Sciences Pharmaceutiques, Toulouse III, .
- Eddleston M, Ariaratnam CA, Sjöström L et al. Acute yellow oleander (Thevetia peruviana) poisoning: cardiac arrhythmias, electrolyte disturbances, and serum cardiac glycoside concentrations on presentation to hospital, Heart, 2000; 83:301–306
- Anandhi D, Pandit VR, Kadhiravan T et al. Cardiac arrhythmias, electrolyte abnormalities and serum cardiac glycoside concentrations in yellow oleander (Cascabela thevetia) poisoning - a prospective study, Clin Toxicol (Phila), 2019;57:104–111
- Bandara V, Weinstein SA, White J, Eddleston M, A review of the natural history, toxinology, diagnosis and clinical management of Nerium oleander (common oleander) and Thevetia peruviana (yellow oleander) poisoning, Toxicon, 2010;56:273–281.
- (en) « 2. Thevetia peruviana (Persoon) K. Schumann in Engler & Prantl, Nat. Pflanzenfam. 4(2): 159. 1895 », sur Flora of China (consulté le ).
- (en) « Cascabela thevetia (L.) Lippold. », sur Plants of the World Online (POWO) (consulté le ).
Voir aussi
Liens externes
Références taxinomiques
- (en) Référence BioLib : Thevetia peruviana (Pers.) K. Schum. (Syn. de Cascabela thevetia) (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Cascabela thevetia (L.) Lippold (consulté le )
- (fr+en) Référence GBIF : Cascabela thevetia (L.) Lippold
- (fr+en) Référence ITIS : Cascabela thevetia (L.) Lippold (Nom accepté: Thevetia peruviana (Pers.) K. Schum.) Non valide (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Thevetia peruviana (Pers.) K. Schum. (consulté le )
- (en) Référence Kew Garden World Checklist : Cascabela thevetia (L.) Lippold (1980) (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Thevetia peruviana Cascabela thevetia (L.) Lippold (Syn. de Cascabela thevetia) (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence The Plant List : Cascabela thevetia (L.) Lippold (source : KewGarden WCSP) (consulté le )
- (en) Référence Plants of the World online (POWO) : Cascabela thevetia (L.) Lippold (consulté le )
- (en) Référence Tropicos : Cascabela thevetia (L.) Lippold (Syn. Thevetia peruviana (Pers.) K. Schum.) (+ liste sous-taxons) (consulté le )
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023
- (en) Référence UICN : espèce Cascabela thevetia (L.) Lippold (consulté le )
- (en) Référence Flora of China : Thevetia peruviana
- (en) Référence Flora of Pakistan : Thevetia peruviana
- (fr) Référence Tela Botanica (La Réunion) : Thevetia peruviana (Pers.) K. Schum.
- (en) Référence GRIN : espèce Thevetia peruviana (Pers.) K. Schum.
- (fr) Référence INPN : Cascabela thevetia (L.) Lippold, 1980 (TAXREF)
Autres
- (en) Schmelzer, G.H., « Thevetia peruviana (Pers.) K.Schum. », sur PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), (consulté le ).
- Jean Bruneton, « Laurier-jaune, Cascabela thevetia (L.) Lippold », sur PhytoMedia, Université d'Angers, (consulté le ).
- Martin Laliberté, « Intoxication fatale aux graines de laurier jaune », sur Bulletin d’information toxicologique, Centre antipoison du Québec (CAPQ), (consulté le ).