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Canal de Marseille

Le canal de Marseille est la principale source d'approvisionnement en eau potable de la ville de Marseille. D'une longueur de 80 kilomètres pour sa partie principale (160 kilomètres avec les dĂ©rivations dans la ville), il dessert l'intĂ©gralitĂ© des quartiers marseillais. Il a Ă©tĂ© construit au milieu du XIXe siècle en une quinzaine d'annĂ©es sous la direction de l'ingĂ©nieur Franz Mayor de Montricher, amenant les eaux de la Durance dans la ville depuis le 8 juillet 1849. Il reprĂ©sente une rĂ©alisation marquante de l'ingĂ©nierie du XIXe siècle en cumulant de très nombreuses infrastructures, ponts, tunnels ou rĂ©servoirs.

le Canal de Marseille
Illustration.
Le canal de Marseille Ă  la sortie de l'aqueduc de Roquefavour
Loupe sur carte verte le canal de Marseille sur OpenStreetMap.
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
CoordonnĂ©es 43° 39′ 58″ N, 5° 29′ 39″ E
DĂ©but Durance au pont de Pertuis
Fin Marseille
Caractéristiques
Longueur 80 km
Altitudes DĂ©but : m
Fin : m
Maximale : 185 m
Minimale : 10 m
Histoire
Année début travaux 1834
Année d'ouverture 1849
GĂ©olocalisation sur la carte : Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur
(Voir situation sur carte : Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur)
Canal de Marseille

Jusqu'en 1970, il fut la source quasi unique d'alimentation en eau de la ville de Marseille et en fournit encore les deux-tiers de nos jours, le reste étant acheminé par le canal de Provence.

Origine

Marseille, situĂ©e en bord de mer et enserrĂ©e dans les collines, n'est traversĂ©e que par un fleuve au dĂ©bit faible et très irrĂ©gulier, l'Huveaune, et son affluent le Jarret, canalisĂ© dès le XIVe siècle, mais devenu avec le temps une sorte d'Ă©gout Ă  ciel ouvert[N 1]. Jusqu'au XIXe siècle, la ville ne disposait que de puits pour son alimentation en eau — on en dĂ©nombrait 10 000 Ă  12 000 Ă  la fin du XVIIIe siècle[1]. Le ruisseau des Aygalades (fleuve-cĂ´tier) - dit aussi Caravelle - traversant Ă©galement Marseille au nord de la Ville fut aussi transformĂ© en Ă©gout. Ainsi, l'eau Ă©tait de plus en plus polluĂ©e et une part grandissante en Ă©tait perdue en raison de l'absence d'entretien du rĂ©seau de distribution.

Pourtant, les Ă©pidĂ©mies accompagnant les sĂ©cheresses sĂ©vères faisaient des ravages. En pĂ©riode difficile, le dĂ©bit de l'Huveaune permettait d'utiliser 75 litres d'eau par personne et par jour. Mais en 1834, il s'assĂ©cha pratiquement et on ne disposait plus que d'un seul litre par personne et par jour[1]. La croissance dĂ©mographique rapide de la ville (140 000 habitants en 1830) et surtout l'Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra de 1832-1835 convainquirent les Ă©lus d'agir pour restaurer la salubritĂ© et assurer l'approvisionnement en eau de la ville.

La Durance près de Manosque

Cette Ă©pidĂ©mie, superbement dĂ©crite par Jean Giono dans Le Hussard sur le toit, fait environ 100 000 morts dans tout l’Hexagone. D'origine indienne ou asiatique, la maladie s'Ă©tait rĂ©pandue le long de la vallĂ©e du Gange en 1826, puis de la mer Caspienne et la Volga en 1829. En 1830, elle gagne Moscou, puis la Pologne, Hambourg en 1831. En mars 1832, le cholĂ©ra atteint Paris, oĂą il fait 18 402 morts, et dĂ©cime la population en Haute-Provence. En juillet 1833, l'Ă©pidĂ©mie atteint Marseille, en dĂ©cembre 1834, elle fait 865 morts, puis encore 2 576 en 1835.

Ces Ă©pidĂ©mies viennent raviver les terreurs de la population, surtout Ă  Marseille oĂą le souvenir de la peste de 1720 reste dans toutes les mĂ©moires. En juillet 1833, 30 000 Marseillais se rassemblent en procession au centre de la ville[2].

Maximin-Dominique Consolat, maire de Marseille de 1832 Ă  1843, dĂ©cida en 1834 « quoi qu'il advienne, quoi qu'il en coĂ»te »[3] de faire venir Ă  Marseille l'eau de la rivière la plus proche, la Durance, pourtant lointaine et sĂ©parĂ©e de Marseille par de nombreux chaĂ®nons montagneux (chaĂ®ne des CĂ´tes, plateau de l'Arbois, massif de l'Étoile). L'eau devait ĂŞtre captĂ©e assez haut sur la Durance pour pouvoir, par simple gravitĂ©, effectuer tout le parcours, contournant ou traversant les collines intermĂ©diaires, et parvenir Ă  Marseille au point le plus haut de la ville, Ă  Saint-Antoine (altitude 150 mètres), de manière Ă  la desservir en totalitĂ©.

RĂ©alisation

Il fallut quinze ans, de 1839 Ă  1854, pour construire le canal, avec son tracĂ© tourmentĂ©, ses 80 km de long dont 17 km en souterrains, ses 18 ponts-aqueducs importants, ses bassins, ses nombreux ouvrages techniques.

Le canal est en bĂ©ton, les ouvrages aĂ©riens en pierres ou pierres et briques. Le dĂ©bit de l'ouvrage est de 10 m3/s, la pente Ă©tant de 0,36 m/km.

L'eau arrive le Ă  Marseille dans un rĂ©servoir de 30 000 m3 au plateau Longchamp Ă  la cote 73 m[4]. De 1854 Ă  1869, 77 km de canalisations et de nouveaux bassins rĂ©servoirs sont construits permettant l'accès Ă  l'eau sur l'ensemble du territoire de Marseille, incluant les communes avoisinantes (Plan-de-Cuques, Allauch et Aubagne).

Avec la construction du canal et malgrĂ© un doublement de la population en 40 ans, les 321 000 Marseillais disposent en 1876 de trente fois plus d'eau par jour et par habitant : 370 litres pour l'usage domestique et 660 litres pour les activitĂ©s industrielles.

Parcours Ă  travers les Bouches-du-RhĂ´ne

L'aqueduc de Valbonnette. Au premier plan, le grand canal EDF

La prise d'eau initiale Ă©tait situĂ©e sur la Durance au niveau du pont de Pertuis, Ă  une altitude de 185 mètres, et Ă  50 kilomètres Ă  vol d'oiseau de Marseille. De lĂ  le canal partait vers l'ouest sous Le Puy-Sainte-RĂ©parade, puis nord-ouest jusqu'Ă  Saint-Estève-Janson. Lors de la construction du grand canal EDF qui double la Durance depuis Serre-Ponçon jusqu'Ă  Salon-de-Provence et l'Ă©tang de Berre, la prise d'eau du canal de Marseille a Ă©tĂ© reportĂ©e sur le canal EDF lui-mĂŞme, après Saint-Estève-Janson. De lĂ , le canal de Marseille continue vers le nord-ouest jusqu'au pont de Cadenet, oĂą il alimente le bassin de Saint-Christophe.

Le canal sort d'un souterrain à proximité de Coudoux
Retenue d'eau de Saint-Christophe.

Il commence alors à s'accrocher aux collines, passe au-dessus de La Roque-d'Anthéron et de Charleval, puis quitte la Durance et le canal EDF, bifurque vers le sud, et passe en un long tunnel (3670 m) sous l'extrémité ouest de la chaîne des Côtes.

Après Lambesc, son profil devient plus heurté : de nombreux ponts et surtout tunnels lui sont nécessaires pour traverser les vallons et les collines jusqu'à Coudoux. Il contourne par l'est la colline de Ventabren, et arrive au-dessus de l'Arc, qu'il franchit par l'aqueduc de Roquefavour.

La LGV le long du canal

Depuis Ventabren, le canal voisine à plusieurs reprises avec la ligne à grande vitesse Paris-Marseille. Le viaduc de la LGV sur l'Arc a d'ailleurs été dessiné en vue d'une harmonisation avec l'aqueduc de Roquefavour.

La suite du parcours s'effectue Ă  travers le plateau de l'Arbois, qui, malgrĂ© son nom, n'est guère plat : tunnels et tranchĂ©es sont encore nombreux, jusqu'au rĂ©servoir du RĂ©altor (altitude 160 mètres, sur la commune de Cabriès.

De lĂ , un tunnel de 3,5 kilomètres lui fait franchir l'extrĂ©mitĂ© sud de la plaine d'Arbois jusqu'Ă  l'usine de traitement des Giraudets (commune des Pennes-Mirabeau), puis un second de km l'amène Ă  La Gavotte, d'oĂą il se dirige, en mode couvert, vers Saint-Antoine (Marseille).

Desserte de Marseille

Juste avant d'atteindre Saint-Antoine, le canal laissait partir vers l'ouest une « dérivation », aujourd'hui abandonnée, en direction de l'Estaque (16e arrondissement) ; de Saint-Antoine partait une autre dérivation, vers le sud, en direction de Saint-Louis (elle aussi abandonnée).

Le canal principal part vers l'est, franchit le ruisseau des Aygalades, contourne le vallon des Tuves et les Borels, puis, accroché aux flancs du massif de l'Étoile, passe au-dessus des Aygalades (15e arrondissement), de Saint-Joseph, et de Sainte-Marthe (14e arrondissement). Au lieu-dit Four de Buze, le canal se subdivise en deux.

L'aqueduc du canal de Marseille dans le parc Longchamp.

La branche principale (au sens historique) part vers le sud, alimente le rĂ©servoir de Sainte-Marthe (ou du Merlan), oĂą son eau est traitĂ©e puis envoyĂ©e par les Chutes-Lavie jusqu'au plateau Longchamp (4e arrondissement). Des rĂ©servoirs souterrains, deux gigantesques bassins de dĂ©cantation de 4 250 m2 et 4 900 m2, sont construits en 1854 sous le jardin Longchamp, suivis de la crĂ©ation du palais Longchamp en 1862 par l'architecte EspĂ©randieu. Malheureusement, les limons de la Durance les rendent rapidement inefficaces et la construction d'autres Ă©quipements est nĂ©cessaire. Le problème de filtration des eaux de la Durance ne sera rĂ©solu qu'en 1882. Ces bassins seront dĂ©saffectĂ©s en 1969. Le dĂ©cor du palais avec les statues marines, les cascades et les jets d'eau illustre la joie que les Marseillais Ă©prouvent Ă  l'idĂ©e de disposer enfin d'eau Ă  volontĂ©.

L'autre branche poursuit vers l'est, continuant à longer les collines en vue de desservir la partie périphérique de la ville qu'il va contourner jusqu'au sud. Il traverse Château-Gombert (13e arrondissement), fait le tour de Plan-de-Cuques (commune distincte de Marseille), passe au pied d'Allauch (autre commune), et revient sur les Olives (13e arrondissement de Marseille).

Le répartiteur des Trois-Lucs

Il passe en tunnel sous les Trois-Lucs, puis se divise en trois :

Ponts et aqueducs

Il existe 500 ponts et aqueducs sur toute la longueur du Canal de Marseille[N 2].

Deux d'entre eux sont des ouvrages architecturaux remarquables :

  • L'aqueduc de Valmousse[5] (commune de Lambesc) ou de la Touloubre, franchissant la Touloubre : 14 arches de 8 mètres d’ouverture, 27 mètres de hauteur, et 200 mètres de longueur. Les piliers mesurent deux mètres d’épaisseur aux naissances. Les travaux ont dĂ©butĂ© en 1844 et se sont terminĂ©s en 1848[6].
  • L'aqueduc de Roquefavour (commune de Ventabren), franchissant l'Arc : hauteur 82,50 mètres, longueur 393 mètres, largeur 13,60 mètres. CommencĂ© en 1839, sept ans de travaux.
L'aqueduc de Valmousse
L'aqueduc de Roquefavour

Une des principales difficultĂ©s du tracĂ© Ă©tait de faire traverser par le canal les vallĂ©es de ces deux fleuves, qui vont se jeter dans l'Ă©tang de Berre proche, et coulent Ă  basse altitude, alors que l'altitude du canal est ici proche de 170 mètres. Le franchissement de la Touloubre fut placĂ© Ă  l'entrĂ©e des gorges de la Barben. Pour l'Arc, l'ingĂ©nieur Franz Mayor de Montricher, chargĂ© de la rĂ©alisation du projet, refusa la proposition d'un pont-siphon, pourtant plus Ă©conomique, et dĂ©cida de rĂ©aliser un aqueduc entre deux points oĂą les plateaux bordant l'Arc au nord et au sud Ă©taient assez proches pour que l'ouvrage ait une longueur raisonnable (moins de 400 mètres) : ce fut l'aqueduc de Roquefavour, Ĺ“uvre architecturale inspirĂ©e du pont du Gard romain, et considĂ©rĂ© depuis comme un des monuments Ă  visiter dans la rĂ©gion aixoise.

Autres ouvrages notables :

  • L'aqueduc de la Jacourelle (commune de la Roque-d'AnthĂ©ron) : neuf arches de six mètres d’ouverture de plein cintre et d’une hauteur maximum de 21 mètres, construit entre 1841 et 1842. Le , la rigole de l'aqueduc s’est effondrĂ©e sur la presque totalitĂ© de sa longueur (60 mètres). La mise en place d’une canalisation de bĂ©ton de 2,50 mètres de diamètre et de 100 mètres de long sur le tablier a permis la remise en service du canal quatre jours plus tard[6].
  • L'aqueduc de Valbonnette (commune de Lambesc) : onze arches de six mètres d’ouverture en plein cintre, supportĂ©es par des piles de 2,50 mètres d’épaisseur Ă  leur partie supĂ©rieure, hauteur totale 19 mètres environ, commencĂ© en 1841 et fini en novembre 1842[6].
  • L'aqueduc de la Pelouque (Marseille 16e), sur la dĂ©rivation de l'Estaque (abandonnĂ©e)
  • L'aqueduc de Saint-Louis (Marseille 15e) : neuf arches de six mètres d’ouverture, construit de septembre Ă  fin 1848 sur la dĂ©rivation de Saint-Louis (abandonnĂ©e)[7].
  • Le pont-aqueduc de l'avenue Corot (Marseille 13e) : six arches.
  • L'aqueduc de Longchamp (Jardin Zoologique, Marseille 4e) : longueur de 238 mètres, 25 arches en plein cintre, de 6,30 mètres d'ouverture chacune, d'une hauteur maximum de 9,40 mètres[7].
  • Le pont dit « les Trois-Ponts » (Marseille 10e) : trois arches surbaissĂ©es de 7,90 mètres d’ouverture et de 1,20 mètre de hauteur, longueur 35 mètres.
  • L'aqueduc de Saint-Pierre (Marseille 12e), achevĂ© en 1851 : 383 mètres de longueur, 92 arches en plein cintre de 11,20 mètres de hauteur maximum[7] ; abandonnĂ©, et rĂ©cemment tronquĂ© pour laisser passer une voie ferrĂ©e.
  • Le pont-aqueduc dit « Pont de la Clue » (Marseille 11e), sur la route des Quatre-Saisons (D 4a) : sept arches de huit mètres d’ouverture, hauteur 18 mètres, longueur 82 mètres.
  • L'aqueduc de Beynet, (chemin des Escourches, Marseille 11e), franchissant le vallon de la Tuilière : six arches de dix mètres d’ouverture en plein cintre, supportĂ©es par des piles de 3,40 mètres d’épaisseur Ă  leur base, hauteur totale 20 mètres, longueur 110 mètres[7].
  • L'aqueduc de la Candolle (commune de la Penne-sur-Huveaune), sur la dĂ©rivation de la Milière (abandonnĂ©e) : 16 arches de cinq mètres d’ouverture, longueur 118 mètres.
  • L'aqueduc de la Pelouque
    L'aqueduc de la Pelouque
  • L'aqueduc de Saint-Louis
    L'aqueduc de Saint-Louis
  • L'aqueduc du parc Longchamp
    L'aqueduc du parc Longchamp
  • Le pont-canal dit « Les Trois-Ponts »
    Le pont-canal dit « Les Trois-Ponts »
  • L'aqueduc de Saint-Pierre
    L'aqueduc de Saint-Pierre
  • Le pont-canal dit « Pont de la Clue »
    Le pont-canal dit « Pont de la Clue »
  • L'aqueduc de la Candolle
    L'aqueduc de la Candolle

Tunnels et galeries

Le canal comporte de nombreux passages en souterrain, franchis Ă  la gravitĂ© avec tirant d'air. De longueurs très variables, de quelques dizaines de mètres Ă  plusieurs kilomètres, ces souterrains et galeries totalisent plus de 17 kilomètres sur les 80 kilomètres de la longueur du canal, sans compter les siphons, nombreux eux aussi.

L'entrée du souterrain des Cadeneaux, protégée par une grille de rétention des objets flottants

Principaux tunnels et galeries[8]:

  • la galerie des Taillades, sous la chaĂ®ne des CĂ´tes, de Cazan (commune de Vernègues) Ă  Bidaine (commune de Lambesc), 3,5 kilomètres
  • le souterrain de l'Assassin, sous les Plaines d'Arbois, entre Cabriès (le RĂ©altor) et les Pennes-Mirabeau (les Giraudets), 3,4 kilomètres
  • le souterrain des Cadeneaux, entre les Giraudets et La Gavotte (commune des Pennes-Mirabeau), 4 kilomètres, non rectiligne

La construction de ces ouvrages a nĂ©cessitĂ© le percement de puits le long de leur parcours : un puits tous les 250 mètres, soit 13 Ă  15 pour chacun des trois ouvrages. Les tĂŞtes de ces puits, actuellement abandonnĂ©s, sont toujours repĂ©rables sur le terrain.

Ă€ ces ouvrages majeurs s'ajoutent :

  • sur la seule commune de Lançon-Provence, 3 tunnels totalisant 1,2 kilomètre, suivis, entre Lançon et Coudoux, d'un tunnel de 700 mètres de long percĂ© sous une colline pour neutraliser l'ancien tracĂ© Ă  ciel ouvert de 1 kilomètre qui la contournait
  • les sections enterrĂ©es de la branche Longchamp de Four-de-Buze au Merlan et sous le parc de Font-Obscure
  • l'amorce de la dĂ©rivation de Saint-BarnabĂ© sous la Serviane (600 m)

et de très nombreux tronçons au sol couverts dans la partie urbaine du parcours (La Gavotte, Hôpital Nord, la Savine, avenue des Chutes-Lavie, promenade de Saint-Julien, la Valbarelle, Roy d'Espagne).

Siphons

Le canal effectue des passages en siphons d'une part pour traverser quelques vallons importants pour lesquels un contournement ou la construction d'un aqueduc serait coûteux ou difficile, d'autre part en terrain plat pour franchir des voies de circulation situées au même niveau que le canal. Tous les siphons du canal de Marseille sont situés en zone urbaine. Plusieurs ont été construits postérieurement au canal, notamment certains franchissant des autoroutes. À l'exception des deux siphons de la dérivation de l'Estaque (abandonnée), tous ces siphons sont actifs.

Principaux siphons :

  • siphon du vallon de Bizet (Marseille 16e), sur la dĂ©rivation de l'Estaque, partiellement dĂ©truit par la construction de l'autoroute A55 ;
  • traversĂ©e du vallon des Pins (Marseille 15e), en shunt de l'ancien tracĂ© par le fond du vallon ;
  • grand siphon de l'Huveaune, conduite tubulaire passant par-dessus l'Huveaune avant de passer sous la voie ferrĂ©e et l'ex-N8, Ă  la Barasse (Marseille 11e), distance 250 mètres entre les extrĂ©mitĂ©s[9];
  • Ă  Aubagne :
    • amorce de la dĂ©rivation de la Milière, entre la LĂ©gion et la ville, passant sous la D 2, l'autoroute A 50, la voie ferrĂ©e, l'Huveaune et l'ex-RN8, distance entre extrĂ©mitĂ©s 800 mètres environ[9];
    • siphon des Guigues, sur la dĂ©rivation de la Milière, entre le Charrel et le cimetière de Fenestrelles.

Autres siphons notables :

Aux Accates, le canal passe sous la route en siphon puis sur un ruisseau.
  • amorce de la dĂ©rivation de l'Estaque, Ă  La Gavotte, passant sous la route de Saint-Antoine aux Pennes-Mirabeau (ex-N 113) ;
  • passage sous l'autoroute A7 entre Saint-Antoine et l'hĂ´pital Nord (Marseille 15e), style coordonnĂ© avec la promenade du canal venant de La Gavotte ;
  • siphon du Pavillon de partage des eaux, sous la rue Jeanne-Jugan, entre le boulevard des Chutes-Lavie et le parc Longchamp (Marseille 4e) ;
  • siphon des Olives, sous la route des Trois-Lucs (Marseille 13e) ;
  • traversĂ©e de la route des Quatre-Saisons (D 4), aux Accates (Marseille 11e) ; le canal est ici plus haut que la route mais passe nĂ©anmoins en siphon par-dessous ;
  • traversĂ©e de la D 2 et de l'autoroute A50 Ă  Saint-Menet ;
  • traversĂ©e de la montĂ©e du Colonel de Robien, Ă  Saint-Menet ;
  • traversĂ©e de la rue des Trois-Ponts (Saint-Loup, Marseille 10e) ;
Le siphon de camp de Lambert, au sud d'Aubagne
  • Ă  Aubagne :
    • passage sous la D 44 et l'autoroute A501 Ă  l'entrĂ©e d'Aubagne ;
    • passage sous l'Ă©changeur autoroutier des Solans (A 501/D 96) ;
    • traversĂ©e de la D 96 Ă  Napollon ;
    • passage sous l'autoroute A52 après le pont-canal sur l'Huveaune, Ă  Saint-Pierre ;
    • traversĂ©e de la plaine du Camp de Lambert ;
    • traversĂ©e du chemin de Carpiagne.

Le canal de Marseille aujourd'hui

Aujourd'hui, le canal de Marseille n'assure plus seul l'alimentation en eau de Marseille. Le canal de Provence, un réseau de canaux construit dans les années 1970 et acheminant l'eau du Verdon, alimente le réservoir du Vallon Dol, au pied du massif de l'Étoile, d'où un émissaire rejoint le canal de Marseille au lieudit Four-de-Buze, et contribue à l'alimentation en eau de la ville. L'eau de la Durance compte encore pour les deux tiers de la ressource en eau de Marseille, le tiers restant venant du Verdon[10], ce qui assure la sécurité de l'approvisionnement.

Qualité de l'eau

L'usine de traitement des eaux de Saint-Barnabé (Marseille-12°)

L'eau du canal est traitée dans les deux usines de production d'eau potable de Sainte-Marthe et Saint-Barnabé. Les principales étapes du traitement sont :

  • prĂ©-chloration,
  • clarification par floculation au moyen d'un coagulant,
  • filtration sur sable,
  • dĂ©sinfection par l'ozone et le chlore.

Les analyses conduites tout au long de l'année 2006 par la direction de la Santé publique de la Ville de Marseille sur les eaux montrent une très bonne qualité bactériologique et une conformité aux normes relatives à la présence de pesticides (valeur mesurée inférieure au seuil de détection) ou de nitrates (moins de 2 mg/l pour 50 mg/l de norme maximale), témoignant de l'absence de contamination d'origine agricole[11]. En revanche l'eau de la Durance présente une valeur élevée de dureté (23 °F) qui la fait qualifier d'« eau dure ».

Gestion

De sa livraison en 1849 jusqu'Ă  1941, le canal a Ă©tĂ© gĂ©rĂ© par la Ville de Marseille. Ă€ la suite de l'incendie catastrophique des Nouvelles galeries qui fit 73 morts en novembre 1938, la mairie de Marseille fut placĂ©e sous tutelle. En 1941, la gestion de l’eau de la ville, et donc le canal, est confiĂ©e Ă  la SociĂ©tĂ© d’études des eaux de Marseille (SEEM) en raison de sa connaissance du rĂ©seau par les Ă©tudes qu'elle a rĂ©alisĂ©es depuis 1934. En 1943, selon une convention de type « rĂ©gie intĂ©ressĂ©e », la ville de Marseille, qui reste propriĂ©taire des ouvrages, en confie l’exploitation Ă  la Seem. Celle-ci devient la SociĂ©tĂ© des eaux de Marseille (SEM) officiellement le 1er mars 1943. Raoul Dautry, qui a contribuĂ© Ă  la crĂ©ation de la SociĂ©tĂ© nationale des chemins de fer français (SNCF) en 1938, en est nommĂ© le premier prĂ©sident.

Depuis lors, la Société des eaux de Marseille, détenue par Veolia (ex Compagnie générale des eaux), devenue le Groupe des Eaux de Marseille, gère le canal de Marseille, qui est l'épine dorsale de la distribution d'eau potable dans la ville et de nombreuses communes environnantes.

Sécurité

Le canal en ville (Saint-Barnabé, 12e arr.)

Dans toute la partie hors Marseille, mis à part évidemment les tronçons souterrains, le canal est à l'air libre et peut être suivi grâce à des chemins sur berges. À l'intérieur de Marseille, pour des raisons de sécurité évidentes, la société du canal de Marseille a entrepris de clôturer ou de couvrir tous les tronçons traversant les espaces publics, au grand regret des amoureux de l'eau courante. En effet, le canal peut représenter un véritable danger, en particulier pour les enfants.

Avec un courant atteignant 0,7 mètre par seconde en moyenne, la vitesse de l’eau peut s’accĂ©lĂ©rer Ă  tout moment en cas d’ouverture de vannes. De plus, les parois du canal sont pentues et glissantes et empĂŞchent toute remontĂ©e.

Aussi, la Société des eaux et la ville ont multiplié et encore en 2007 les campagnes d'avertissement et mis en place des mesures de sécurité : grillages, panneaux, barrières, lignes de vie flottantes et même gardiennage dans les endroits les plus sensibles, à proximité des habitations.

Entretien

Prise à Sainte-Marthe, l’eau brute est filtrée dans le bassin du Merlan (14e arrondissement), avant de partir dans le réseau de distribution sous pression. Mais le canal de Marseille n’a pas qu’un intérêt sanitaire. Dès sa création, il a modifié le paysage marseillais en permettant aux agriculteurs et aux propriétaires d’arroser les champs et les jardins des bastides. Ce fut le début du maraîchage à Marseille, grâce aux rigoles d’irrigation par gravité qui partaient du canal et descendaient vers la ville[12].

Pour entretenir sa branche « mère » et ses rigoles, le canal de Marseille a ses propres techniciens, les aygadiers[N 3], qui ont droit de passage dans les propriĂ©tĂ©s privĂ©es, manĹ“uvrent les martelières et les pompes. Mais la SociĂ©tĂ© des eaux de Marseille, qui a hĂ©ritĂ© du canal et de ses aygadiers veut se recentrer sur son mĂ©tier (l’eau potable), elle cherche donc Ă  fermer toutes les rigoles d’irrigation partant du canal. Pour cela, elle ne reconduit pas les droits d’eau aux nouveaux propriĂ©taires et propose une irrigation par de l’eau sous pression. Petit Ă  petit les rigoles sont abandonnĂ©es, et la SEM supprime les postes d’aygadiers. Près de quarante il y a encore 20 ans, ils ne sont plus qu’une douzaine pour gĂ©rer les 80 km du canal.

Les « chercheurs de fuite » sont une quinzaine et sont chargĂ©s « d'Ă©couter » le passage de l'eau sous le sol, aujourd'hui avec des gĂ©ophones (amplificateurs de sons jusqu'Ă  4 000 fois) pour dĂ©tecter les fuites sur les canalisations. Par leur efficacitĂ©, le rĂ©seau a un rendement de 85 %, ce qui est considĂ©rĂ© comme de bon niveau[13].

Le canal de Marseille dans la culture

Le canal dans les romans de Pagnol

Marcel Pagnol, dans ses mémoires (Le Château de ma mère), raconte que, pour se rendre à leur « campagne » de La Treille, son père avait obtenu d'un aygadier nommé Bouzigue une clé ouvrant des portes lui permettant de longer le canal dans la traversée de propriétés privées, raccourcissant de plusieurs kilomètres le trajet. Sur le terrain, il est difficile de déterminer quel était ce raccourci[14]. La véracité de l'anecdote pourrait n'être que partielle.

Le canal dans l'oeuvre du peintre Ziem

Félix Ziem quitte Dijon pour Marseille en 1839. Il est engagé comme conducteur de travaux chez Franz Mayor de Montricher qui réalise les études du canal. Ce dernier présente au duc d’Orléans, de passage à Marseille, deux aquarelles du jeune Ziem. C'est ainsi qu'en 1840 le duc d’Orléans lui commande trois aquarelles. Ziem se consacre dès lors à sa carrière de peintre et dessinateur. Il ouvre un atelier de dessin à Marseille, sur le Vieux-Port de Marseille[15].

Le canal au cinéma

Vers la fin du film Jour de fête, de Jacques Tati, le facteur François tombe dans un canal. Bien que le film ait été pour l'essentiel tourné à Sainte-Sévère-sur-Indre, la scène du canal et quelques autres ont été tournées à Charleval dans les Bouches du Rhone et le canal dans lequel tombe François est le canal de Marseille[16].

Le canal, site de balades

  • Le canal dans les plaines d'Arbois
    Le canal dans les plaines d'Arbois
  • L'aqueduc de Roquefavour
    L'aqueduc de Roquefavour
  • Bassins et palais Longchamp
    Bassins et palais Longchamp

Le canal offre de nombreuses sections propices à la promenade et aux vues sur la nature provençale tout au long de son tracé. Des pistes cyclables et chemins sont aménagés ou en projet dans tout le département et même en ville.

Les sites et portions remarquables sont :

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • E. de SaintferrĂ©ol, Promenade sur les bords du canal de Marseille, NĂ®mes, Imprimerie Ballivet, , 362 p. — Texte intĂ©gral sur Gallica.
  • Laurence Lemaire (prĂ©f. Émile Temime), Les gens de Marseille font le guide, Marseille, Images en manĹ“uvres Ă©ditions, coll. « Photographie », , 216 p. (ISBN 2-908445-74-3 et 978-2-90844574-9), chapitre « L'eau avec Emmanuel Guiol »

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Le Jarret a finalement été entièrement couvert au XXe siècle, et sur son emplacement a été réalisée la première rocade urbaine de Marseille.
  2. les informations historiques et techniques contenues dans ce paragraphe proviennent pour l'essentiel du site lecanaldemarseille.fr
  3. De aygo : eau en provençal.

Références

  1. Source : Muséum de Marseille.
  2. In Les malheurs des Temps, histoire des fléaux en France, s.d. Jean Delhumeau, ch. XXI, p. 411.
  3. Ouvrage Les gens de Marseille font le guide, p. 73
  4. « 150 ans du Palais Longchamp », sur Ville de Marseille (consulté le )
  5. « Pont-canal de Valmousse (Lambesc) », sur Structurae (consulté le )
  6. Site lecanaldemarseille, section Ponts et aqueducs amont
  7. Site lecanaldemarseille, section Ponts et aqueducs aval
  8. Les longueurs données sont estimées à partir des cartes IGN au 1/25000 3143OT, 3143ET, 3145ET, 3245ET
  9. estimation sur carte IGN
  10. Ouvrage Les gens de Marseille font le guide, p. 78
  11. Rapport 2007 sur la qualité des eaux, Ville de Marseille - Voir le site en ligne de la SEM ici et le renvoi sur les rapports d'analyses de la DDASS.
  12. Site lecanaldemarseille, section Rigoles
  13. Ouvrage Les gens de Marseille font le guide, p. 79
  14. Pour plus de détails, voir l'article Château de la Buzine.
  15. Anecdote citée sur le site du musée de la Marine à Toulon
  16. Henri Chabas, Regards sur Charleval: Chronique d'un village de Provence de 1900 Ă  1940, Charleval, FeniXX (ISBN 2402277327, lire en ligne)
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