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Bataille de Genola

La bataille de Genola, aussi connue sous le nom de bataille de Fossano ou encore de bataille de Savigliano, se déroula le 4 novembre 1799 à Genola, dans le Piémont, et opposa une armée impériale autrichienne dirigée par le général Michael von Melas à une armée française sous les ordres du général Jean-Étienne Championnet. Melas conduisit ses troupes avec habileté et repoussa les Français du champ de bataille, leur infligeant de lourdes pertes. Cet affrontement de la guerre de la Deuxième Coalition fut le dernier engagement d'importance disputé par les Français en Italie durant l'année 1799.

Bataille de Genola
Informations générales
Date 4 novembre 1799
Lieu Genola, Piémont
Issue Victoire autrichienne
Forces en présence
15 000 Ă  33 498 hommes29 000 Ă  30 235 hommes
Pertes
3 400 tuĂ©s ou blessĂ©s
4 200 prisonniers
5 canons
2 150 tuĂ©s ou blessĂ©s
250 prisonniers

Deuxième Coalition

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Campagne d'Égypte


2e Campagne d'Italie

CoordonnĂ©es 44° 35′ 00″ nord, 7° 40′ 00″ est

Championnet avait pris le commandement de l'armée française après la mort du général Barthélemy Catherine Joubert à la bataille de Novi au mois d'août. Son objectif était de garder le contrôle de la forteresse de Coni. En novembre, Championnet et Melas passèrent tous les deux à l'offensive et leurs armées se rencontrèrent à Genola. Les Français furent défaits et contraints de battre en retraite à travers les Alpes, abandonnant Coni qui fut assiégée et prise le 3 décembre 1799. Les troupes françaises, mal équipées et mal nourries, furent ravagées par une épidémie de typhus au cours de l'hiver et Championnet ainsi que de nombreux soldats succombèrent, victimes de la maladie.

Contexte

Les dĂ©faites françaises en Italie et en Allemagne au cours de l'annĂ©e 1799 avaient fragilisĂ© le Directoire et dĂ©bouchĂ© sur le coup d'État du 30 prairial an VII (18 juin 1799). Les nouveaux responsables politiques envoyèrent le gĂ©nĂ©ral BarthĂ©lemy Catherine Joubert au commandement de l'armĂ©e d'Italie, forte de 40 713 hommes, avec ordre de passer Ă  l'offensive. Joubert devait ĂŞtre soutenu sur sa gauche par l'armĂ©e des Alpes commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Jean-Étienne Championnet. Ă€ son arrivĂ©e, les lieutenants de Joubert lui conseillèrent d'attendre la venue des troupes de Championnet, mais le jeune gĂ©nĂ©ral en chef ne souhaitait pas dĂ©sobĂ©ir Ă  ses instructions et il dĂ©clencha immĂ©diatement son offensive[1]. Le 15 aoĂ»t 1799, Joubert fut tuĂ© et l'armĂ©e d'Italie dĂ©faite Ă  la bataille de Novi par une armĂ©e austro-russe supĂ©rieure en nombre dirigĂ©e par Alexandre Souvorov[2]. Toutefois, les CoalisĂ©s ne lancèrent pas de poursuite car les Autrichiens Ă©taient plus prĂ©occupĂ©s d'assiĂ©ger les forteresses italiennes. Souvorov et le corps expĂ©ditionnaire russe se mirent peu après en marche vers la Suisse, laissant l'Italie aux mains d'une armĂ©e autrichienne de 178 253 soldats. Du cĂ´tĂ© français, le gĂ©nĂ©ral Jean Victor Marie Moreau rĂ©organisa les forces rĂ©publicaines en attendant l'arrivĂ©e de Championnet[3].

Celui-ci quitta Grenoble le 8 aoĂ»t 1799 avec 25 000 hommes divisĂ©s en quatre colonnes. La colonne la plus au nord franchit le col du Petit-Saint-Bernard afin d'ĂŞtre en mesure de tomber sur Aoste et IvrĂ©e tandis qu'une autre colonne emprunta le col du Mont-Cenis et progressa en direction de Suze, menaçant Turin. Championnet lui-mĂŞme cheminait avec une colonne forte de huit Ă  neuf mille hommes qui traversa le col de Montgenèvre et se dirigea ensuite vers Fossano en passant par Pignerol. La colonne la plus au sud se fraya quant Ă  elle un passage Ă  travers le col de l'Argentière, dans la vallĂ©e de la Stura di Demonte, et s'avança sur Coni[4]. Le 16 septembre, le gĂ©nĂ©ral Paul Grenier avec 8 000 hommes battit les 5 000 soldats autrichiens du gĂ©nĂ©ral Friedrich Heinrich von Gottesheim (en) Ă  Fossano, ce dernier perdant 300 hommes et 700 prisonniers contre environ 200 tuĂ©s ou blessĂ©s dans les rangs français. Deux jours plus tard, Ă  Savillan, vingt mille Autrichiens commandĂ©s par le gĂ©nĂ©ral Michael von Melas tombèrent sur la colonne de Grenier et lui infligèrent une sĂ©vère dĂ©faite, les pertes françaises se montant Ă  environ deux mille hommes alors que celles des Autrichiens ne dĂ©passaient pas quatre cents soldats[5]. Les Français durent reculer en abandonnant Fossano et Savillan, provoquant le repli des autres colonnes. La colonne nord menĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Guillaume Philibert Duhesme dut elle aussi rĂ©trograder après avoir vu sa progression bloquĂ©e par le fort de Bard[6].

Préludes

Laurent de Gouvion-Saint-Cyr.

Championnet remplaça Moreau au commandement de l'armĂ©e d'Italie Ă  GĂŞnes le 22 septembre. Cette dernière fut amalgamĂ©e Ă  cette date avec l'armĂ©e des Alpes. Championnet souhaitait abandonner GĂŞnes afin de rĂ©duire la longueur du front qu'il Ă©tait censĂ© dĂ©fendre, mais le gouvernement français l'en empĂŞcha formellement. Les troupes françaises comprenaient thĂ©oriquement 63 657 soldats sous les armes, mais seulement 53 581 en excluant les garnisons. L'aile droite, sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Laurent de Gouvion-Saint-Cyr, Ă©tait composĂ©e des divisions des gĂ©nĂ©raux Jean-Henri Dombrowski, Pierre Garnier de Laboissière, Sextius Alexandre François de Miollis et François Watrin, pour un total de 16 657 hommes. Championnet commandait personnellement le centre, fort de 15 215 hommes rĂ©partis dans les divisions de Louis Lemoine et de Claude-Victor Perrin, stationnĂ©es Ă  Mondovì. L'aile gauche, enfin, Ă©tait positionnĂ©e non loin de Coni ; dirigĂ©e par Grenier, elle Ă©tait constituĂ©e de la division de ce dernier et de celle de Duhesme, ainsi que d'une rĂ©serve de 2 056 soldats commandĂ©e par AndrĂ© Calvin, soit 19 615 hommes au total. Duhesme Ă©tait Ă©galement chargĂ© d'occuper les cols du Petit-Saint-Bernard et du Mont-Cenis. Face aux Français se trouvait le gĂ©nĂ©ral Johann von Klenau devant GĂŞnes, le gĂ©nĂ©ral Pál Kray dans la vallĂ©e d'Aoste et le gĂ©nĂ©ral Melas qui menaçait Coni[7].

Carte de la province de Coni. Genola est situé à l'intersection des trois routes au sud de Savillan.

Les forces de Saint-Cyr rĂ©sistèrent brillamment aux Autrichiens dans la rĂ©gion de GĂŞnes[8]. Le 13 octobre, les 7 000 soldats du gĂ©nĂ©ral Watrin battirent les 5 000 hommes de Klenau Ă  Bracco, un petit village Ă  l'est de Sestri Levante. Les Autrichiens perdirent 1 200 hommes, pour la plupart faits prisonniers, alors que les pertes françaises Ă©taient d'environ une centaine[9]. Cet affrontement eut lieu dans le cadre d'une opĂ©ration plus gĂ©nĂ©rale qui avait dĂ©butĂ© le 12 octobre et lors de laquelle les troupes françaises, avançant depuis Torriglia, repoussèrent les avant-postes de Klenau dans les montagnes Ă  l'est de GĂŞnes, avant de se retirer sur leurs lignes de dĂ©part huit jours après[10]. Le 24 octobre, Saint-Cyr infligea une dĂ©faite au gĂ©nĂ©ral Andreas Karaczay lors de la deuxième bataille de Novi (en)[8]. Les 5 000 hommes dont disposait Karaczay laissèrent sur le terrain 300 tuĂ©s ou blessĂ©s ainsi que 1 000 prisonniers et quatre canons aux mains des Français, ces derniers dĂ©plorant pour leur part 400 hommes hors de combat et 800 prisonniers sur un effectif total de 12 000 hommes[11].

Ă€ la suite de ce succès, Saint-Cyr continua de progresser au nord. Kray fut envoyĂ© pour l'arrĂŞter Ă  la tĂŞte d'un contingent important comprenant notamment 2 800 cavaliers et 25 pièces d'artillerie. Le commandant de l'aile droite française se replia alors sur les hauteurs en arrière de Novi. Kray entreprit de manĹ“uvrer afin de l'inciter Ă  Ă©vacuer sa position mais Saint-Cyr refusa de bouger[8]. Le 6 novembre, au cours de la troisième bataille de Novi, Kray se lança Ă  l'attaque des hauteurs en quatre colonnes mais ses troupes tombèrent dans une embuscade habilement prĂ©parĂ©e. Les unitĂ©s françaises se replièrent initialement en combattant, entraĂ®nant les Autrichiens Ă  leur suite. Soudain, l'artillerie de Saint-Cyr restĂ©e masquĂ©e jusque lĂ  ouvrit le feu tandis que la division Dombrowski se rua sur le flanc des assaillants. Ces derniers furent expulsĂ©s des hauteurs mais Saint-Cyr, prudent, refusa de se lancer Ă  leur poursuite dans la plaine oĂą se trouvaient dĂ©ployĂ©es la nombreuse cavalerie et artillerie autrichiennes[12]. Sur un effectif initial de 11 000 hommes, les Français eurent 400 pertes mais celles de leurs adversaires Ă©taient bien supĂ©rieures avec 1 000 hommes et cinq canons hors de combat sur un effectif global de 12 000 soldats[13].

Plus Ă  l'ouest, des combats se dĂ©roulèrent Ă  Saluces et Pignerol. Le 16 octobre, les divisions de Victor et de François Muller attaquèrent les Autrichiens Ă  Beinette avec de lourdes pertes dans les deux camps. En dĂ©finitive, Melas leva le siège de Coni et battit en retraite. La division Lemoine fut impliquĂ©e dans des affrontements Ă  Mondovì les 27 et 28 octobre[10]. Le 31 du mĂŞme mois, Melas avec 15 000 hommes dĂ©fit les 7 000 soldats de Grenier Ă  Centallo, infligeant une perte d'environ 1 000 hommes et prenant quatre canons tout en ne perdant que 200 soldats[11]. Les Français n'en continuèrent pas moins de progresser vers Fossano. Duhesme affronta un contingent autrichien Ă  Pignerol le 1er novembre et le lendemain, les troupes rĂ©publicaines s'emparèrent de Mondovì[10].

Forces en présence

Le général Jean-Étienne Championnet, commandant en chef l'armée française d'Italie.

L'armĂ©e française d'Italie, sous les ordres de Championnet et de son chef d'Ă©tat-major, le gĂ©nĂ©ral Louis-Gabriel Suchet, Ă©tait composĂ©e des divisions Duhesme, Grenier, Lemoine et Victor et de la division de cavalerie du gĂ©nĂ©ral Antoine Richepanse. Grenier Ă©tant aux commandes de toute l'aile gauche française, le gĂ©nĂ©ral Muller dirigeait la division en son nom. Cette dernière alignait un effectif de 8 000 hommes et comprenait les 3e, 8e et 17e demi-brigades d'infanterie lĂ©gère, les 10e, 31e, 40e, 47e, 104e et 106e demi-brigades d'infanterie de ligne, auxquelles s'ajoutaient les 600 sabres du 10e rĂ©giment de hussards. Les diffĂ©rentes brigades Ă©taient commandĂ©es par les gĂ©nĂ©raux Claude ClĂ©ment, Jean Dominique Compans et Jean Davin ; le gĂ©nĂ©ral Julien Auguste Joseph Mermet commandait la cavalerie. La division Duhesme, forte de 8 000 hommes Ă©galement, Ă©tait formĂ©e des 7e et 28e demi-brigades lĂ©gères, des 29e, 80e, 87e et 107e demi-brigades de ligne ainsi que du 11e rĂ©giment de hussards. Les brigades Ă©taient cette fois dirigĂ©es par Georges Kister, Joseph Mathurin Fidèle Lesuire et Claude-François de Malet[14].

La division Victor (8 469 hommes) Ă©tait constituĂ©e du 2e bataillon de la 26e demi-brigade lĂ©gère et des 26e, 33e, 35e, 39e, 92e, 93e, 99e et 105e demi-brigades de ligne. Les brigades Ă©taient sous la responsabilitĂ© des gĂ©nĂ©raux Charles Louis DieudonnĂ© Grandjean, Jean-Louis Gaspard Josnet de Laviolais et Pierre Poinsot de Chansac. La division Lemoine (7 829 hommes) comptait, outre la 5e demi-brigade lĂ©gère et la 17e demi-brigade de ligne, la 34e demi-brigade de ligne commandĂ©e par Philibert Fressinet, la 63e demi-brigade de ligne de Gaspard AmĂ©dĂ©e Gardanne, la 74e demi-brigade de ligne menĂ©e par Bertrand Clauzel et 114 hussards dĂ©tachĂ©s. La 20e demi-brigade lĂ©gère de Jean-Mathieu Seras ne fut pas engagĂ©e, pas plus que la 30e demi-brigade de ligne. Les 1 200 cavaliers placĂ©s sous les ordres de Richepanse Ă©taient issus des 1er, 14e et 21e rĂ©giments de cavalerie ainsi que des 2e, 3e, 9e et 14e rĂ©giments de chasseurs Ă  cheval. Les effectifs rĂ©pertoriĂ©s ci-dessus forment un total de 33 498 hommes[14]. Une deuxième source affirme cependant que les Autrichiens bĂ©nĂ©ficiaient de la supĂ©rioritĂ© numĂ©rique et donne pour les Français un effectif total de 20 Ă  25 000 hommes, apparemment sans compter Lemoine[12]. Deux autres sources indiquent qu'il n'y eut que 15 000 soldats français engagĂ©s Ă  Genola[11] - [15].

Le général Michael von Melas, commandant en chef l'armée autrichienne d'Italie.

De son cĂ´tĂ©, l'armĂ©e autrichienne, sous les ordres de Melas et de son chef d'Ă©tat-major, le gĂ©nĂ©ral Anton von Zach, se composait de trois divisions d'infanterie commandĂ©es par les gĂ©nĂ©raux Peter-Carl Ott, Anton Ferdinand Mittrowsky et Anton von Elsnitz (en), d'une division de cavalerie menĂ©e par le prince Jean Ier de Liechtenstein, d'une avant-garde dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Gottesheim et de la brigade indĂ©pendante d'Hannibal Sommariva. La division Ott (7 632 hommes) Ă©tait formĂ©e des brigades de Karl Philippi von Weidenfeld (3 404 hommes) et de Franz Xaver Johann von Auersperg (4 228 hommes). Les unitĂ©s sous les ordres de Weidenfeld comprenaient les bataillons de grenadiers Görschen, Hohenfeld, Neny, Pers, PĂ©rtussy et Weissenwolf. Auersperg dirigeait quant Ă  lui les rĂ©giments d'infanterie no 3 Archiduc Charles et no 18 Stuart qui se trouvaient Ă  leur effectif maximal. Ă€ l'inverse, la division Mittrowsky n'Ă©tait composĂ©e que d'une seule brigade, celle de Lelio Spannocchi, forte de 2 684 hommes et rĂ©unissant des unitĂ©s aux effectifs modestes : les rĂ©giments d'infanterie no 13 Reisky, no 16 Terzi et no 40 Joseph Mittrowsky. Elsnitz commandait pour sa part les brigades de Karl von Adorján, Antoine-François-Armand Mignot de Bussy et Friedrich Joseph Anton de Bellegarde. La brigade Adorján (2 768 hommes) Ă©tait formĂ©e des rĂ©giments d'infanterie no 10 ex-Kheul et no 19 Alvinczi, celle de Bussy (1 467 hommes) du rĂ©giment d'infanterie no 39 Nádasdy et celle de Bellegarde (3 775 hommes) des rĂ©giments d'infanterie no 32 Gyulai et no 33 Sztaray[14].

Les 3 488 sabres de la cavalerie de Liechtenstein Ă©taient rĂ©partis entre les brigades de Johann Nobili (1 765 hommes) et Nikolaus Joseph Palffy von Erdöd (1 723 hommes). Nobili avait sous son commandement les rĂ©giments de dragons lĂ©gers no 3 Archiduc Jean et no 4 Karaczay tandis que Palffy conduisait les rĂ©giments de dragons lĂ©gers no 8 Wurttemberg et no 10 Lobkowitz. L'avant-garde de Gottesheim (4 665 hommes) se constituait du rĂ©giment de dragons lĂ©gers no 1 Kaiser et des rĂ©giments d'infanterie no 8 ex-Huff et no 15 Prince d'Orange, soit un total de 843 chevaux et 3 822 fantassins. La brigade Sommariva, forte de 2 756 hommes, rassemblait le rĂ©giment de hussards no 2 Archiduc Joseph Antoine, le rĂ©giment de dragons lĂ©gers no 14 Levenehr, le bataillon d'infanterie lĂ©gère no 7 ex-Otto et le 1er bataillon du rĂ©giment d'infanterie grenz no 4 Szluiner, pour un total de 1 726 cavaliers et 1 030 fantassins. Franz von Bögner commandait l'artillerie et Joseph Radetzky le corps des ingĂ©nieurs, environ 1 000 hommes en tout. En s'en tenant aux effectifs listĂ©s ci-dessus, l'armĂ©e autrichienne compterait donc au total 30 235 hommes[14]. Une deuxième source Ă©value les forces des ImpĂ©riaux Ă  29 000 hommes[11] tandis qu'une troisième fait Ă©tat de 34 000 hommes dont 6 000 cavaliers. Dans ce dernier cas, le calcul des effectifs prend en compte six bataillons d'infanterie commandĂ©s par Christoph von Lattermann qui n'Ă©taient pas comptabilisĂ©s dans les estimations prĂ©cĂ©dentes[15].

DĂ©roulement de la bataille

Paysage dans la région de Murazzo, où se déroulèrent une partie des affrontements.

Le 3 novembre, alors que Duhesme s'emparait de Saluces, Victor franchit la rivière Stura afin de prendre Murazzo et la ville de Carrù fut occupée par les troupes françaises[10]. Championnet décida de lancer une offensive de grande envergure contre son adversaire le jour suivant. Il ordonna dans ce but à Lemoine, qui se tenait sur le flanc droit à Carrù, au nord de Mondovi, de se porter contre l'aile gauche autrichienne tandis que Victor sur le centre-droit se dirigerait vers Fossano. Grenier, avec les unités du centre-gauche, était chargé d'attaquer à l'est vers Marene en passant par Savillan. Enfin, Duhesme devait opérer dans le secteur de Pignerol et de Saluces afin d'être en mesure de tourner l'aile droite autrichienne. Le , la bataille de Genola (ou de Fossano) s'engagea[12].

Le général autrichien Peter-Carl Ott.

Championnet pensait que son adversaire était sur le point de battre en retraite, mais Melas était bien décidé à livrer bataille et avait soigneusement regroupé ses forces. Afin de couvrir la route de Turin par laquelle transitaient les approvisionnements de son armée, Melas demanda au général Konrad Valentin von Kaim de conduire les troupes de Lattermann vers le nord à Racconigi[15]. Le commandant en chef de l'armée autrichienne ordonna ensuite à Ott, dont la division stationnait sur l'aile gauche, de quitter sa position de Marene pour s'emparer de Savillan. Mittrowsky, au centre, reçut également l'ordre d'avancer en direction de ce village. Sur la gauche, Elsnitz devait partir de Fossano et progresser sur Genola, pendant que Gottesheim, avec l'appui de la garnison de Fossano, conduirait une diversion du côté de Murazzo et de Maddelena[16].

Les deux armées s'ébranlèrent dès le commencement de la journée. Un premier choc d'importance eut lieu entre division de Ott et celle de Grenier près de Marene. La cavalerie autrichienne intervint et obligea les Français à reculer mais les affrontements étaient toujours indécis lorsque les troupes de Mittrowsky firent leur apparition. Ce renfort fit pencher la balance du côté autrichien et les Français furent chassés de Savillan[15]. Sur le flanc opposé, Victor concentra ses attaques sur Fossano tandis qu'Elsnitz était expulsé de Genola à trois reprises[16]. Afin de soutenir Victor, Richepanse et sa cavalerie menèrent une série de charges victorieuses qui rétablirent temporairement la situation. Le général autrichien Adorján fut tué à peu près au même moment[15]. La division Mittrowsky, quittant Savillan, se dirigea vers Genola et aida à refouler de la ville les soldats de Victor. Ott se lança à la poursuite des restes de la division Grenier et, ce faisant, fit courir le risque à l'armée française d'être enveloppée dans le secteur de Vottignasco[16]. Championnet autorisa alors Victor à se retirer sur Centallo[15]. Les attaques de Gottesheim contre l'aile droite de Victor, retranchée non loin de Murazzo, furent repoussées mais l'aile gauche de ce dernier dut céder et se replia sur Ronchi, à quelques kilomètres au nord de Coni[16]. À la fin de la journée, les troupes autrichiennes lancées à la poursuite de leurs adversaires avaient progressé de manière significative, atteignant Villafalletto à l'ouest, Centallo au centre et Murazzo à l'est[15].

Pendant ce temps, Duhesme avait quittĂ© Saluces avec 3 000 soldats et Ă©tait arrivĂ© Ă  Savillan en fin d'après-midi. Melas dĂ©tacha rapidement les brigades Sommariva et Lattermann pour faire face Ă  cette nouvelle menace. ConfrontĂ© Ă  un ennemi supĂ©rieur en nombre, Duhesme dut rĂ©trograder sur Saluces[14]. Le mĂŞme jour, Lemoine marcha sur Bene Vagienna, Ă  l'est de Fossano ; cependant, Melas l'ignora et consacra toute son attention Ă  la destruction des forces de Grenier et de Victor. Le , le commandant en chef de l'armĂ©e autrichienne envoya Ott contre le village de Ronchi oĂą ce dernier captura 600 soldats français. Ă€ Murazzo, les gĂ©nĂ©raux Elsnitz et Gottesheim rejetèrent l'arrière-garde de Victor sur la Stura, faisant 1 500 prisonniers ; un certain nombre de soldats français se noyèrent Ă  cette occasion en tentant de franchir la rivière Ă  la nage. De son cĂ´tĂ©, Grenier abandonna le fort Demonte et se replia en direction du col de Tende, non sans laisser 1 500 prisonniers aux mains de ses poursuivants. Championnet parvint nĂ©anmoins Ă  regrouper la division Lemoine et les survivants de la division Victor Ă  Mondovi, avec l'espoir d'empĂŞcher ses adversaires de mettre le siège devant Coni. Duhesme, serrĂ© de près par Lattermann, se replia quant Ă  lui au nord-ouest sur Oulx et Suze[17].

Bilan et conséquences

Les Français perdirent 3 400 tuĂ©s ou blessĂ©s, 4 200 prisonniers et cinq canons. Les Autrichiens dĂ©nombrèrent pour leur part 2 150 tuĂ©s ou blessĂ©s et 250 prisonniers[11]. DĂ©sireux d'assiĂ©ger Coni, Melas fit mouvement contre les troupes françaises dĂ©ployĂ©es Ă  proximitĂ© de la ville. Le 10 novembre 1799, Ott chassa Richepanse de Borgo San Dalmazzo et le refoula sur Limone Piemonte. Dans le mĂŞme temps, Liechtenstein et Mittrowsky Ă©taient chargĂ©s d'attaquer Mondovi[17]. Le 13 novembre, 14 000 soldats autrichiens dĂ©logèrent les 9 000 hommes de Championnet de la localitĂ©, au prix d'environ 500 pertes dans chaque camp[13]. Championnet replia ses troupes sur Ormea et Garessio et Ă©tablit son quartier-gĂ©nĂ©ral en bord de mer Ă  Finale Ligure. Le 15 novembre, les ImpĂ©riaux expulsèrent les Français de Limone Piemonte et du col de Tende. Ayant ainsi dĂ©barrassĂ© le PiĂ©mont de la prĂ©sence française, Melas ordonna Ă  Liechtenstein de mettre le siège devant Coni le 18 novembre. La ville fut coupĂ©e des eaux de la rivière Stura Ă  partir du 21 novembre et la construction des tranchĂ©es dĂ©buta dans la nuit du 26. Le 2 dĂ©cembre, les canons autrichiens ouvrirent le feu, crĂ©ant une brèche dans les dĂ©fenses et incendiant de nombreuses maisons[18]. Le lendemain, le gĂ©nĂ©ral ClĂ©ment, commandant de la garnison, se rendit avec 3 000 hommes, 187 canons et 14 000 tonnes de poudre[19].

Après la bataille, l'armĂ©e d'Italie Ă©tait cernĂ©e par les crĂŞtes des Alpes ligures au nord et par la mer de Ligurie au sud. En raison de la guerre, la Riviera ligure ne pouvait plus fournir un ravitaillement suffisant et les vivres destinĂ©s Ă  l'armĂ©e devaient ĂŞtre acheminĂ©s par navire depuis la France. Toutefois, de nombreux bateaux Ă©taient retenus par des vents violents ou arraisonnĂ©s par la marine de guerre britannique et la plupart des convois n'arrivaient pas Ă  destination. En outre, les soldats n'avaient pas Ă©tĂ© payĂ©s depuis cinq mois et leurs vĂŞtements ainsi que leurs chaussures Ă©taient usĂ©s jusqu'Ă  la corde. Dans ces conditions, beaucoup d'hommes dĂ©sertèrent et ceux restĂ©s sous les rangs dĂ©cidèrent de se mutiner. Championnet et Suchet se retrouvèrent une fois face Ă  3 000 mutins qui n'avaient Ă©tĂ© ravitaillĂ©s qu'Ă  six reprises dans les trente derniers jours. Les deux gĂ©nĂ©raux parvinrent tant bien que mal Ă  convaincre les soldats de retourner Ă  leur poste. Les hommes de la garnison de GĂŞnes annoncèrent Ă©galement Ă  Gouvion-Saint-Cyr qu'ils retournaient en France, mais ce dernier les en dissuada en leur faisant remarquer qu'ils mourraient probablement de faim au cours du trajet. Heureusement pour les Français, des navires de ravitaillement arrivèrent dans le port de GĂŞnes Ă  la mĂŞme pĂ©riode. La division Watrin abandonna ses positions, ne laissant que ses officiers et sous-officiers chargĂ©s de la dĂ©fense du col de Bocchetta. Les soldats ne s'arrĂŞtèrent que lorsqu'ils apprirent que la garnison de GĂŞnes avait dĂ©cidĂ© de rester sur place et ils regagnèrent alors leur position sur le col avant que les Autrichiens n'aient pu s'en emparer. Championnet Ă©tait accablĂ© par la misère de ses hommes[20].

Le 31 décembre 1799, Championnet apprit que le gouvernement avait accepté sa démission et nommé le général André Masséna pour lui succéder à la tête de l'armée d'Italie. Le lendemain, il tomba malade et le général Jean-Antoine Marbot le remplaça temporairement au commandement des troupes. Pendant une semaine, la maladie du général en chef ne semblait pas particulièrement grave et il autorisa Suchet à prendre un congé le 3 janvier. Sa santé déclina néanmoins rapidement et il mourut le 9 janvier 1800, dans la quasi-pauvreté, si bien que son état-major dut payer pour ses funérailles à Antibes[21]. Championnet avait été victime de l'épidémie de typhus qui s'était déclarée à Nice au milieu du mois d'octobre 1799. La maladie avait été repérée pour la première fois dans un hôpital militaire avant de s'étendre rapidement au reste de l'armée et à la population civile. Le nombre de morts augmenta de telle façon que l'enterrement des corps devint un véritable problème. L'épidémie atteignit son pic de virulence à la fin du mois de janvier et ne commença à refluer qu'en mars 1800[22].

Analyse

Au cours de la campagne, le Directoire avait intimé à Championnet l'ordre de conserver Gênes alors que ce dernier jugeait nécessaire d'abandonner la ville afin de réduire sa ligne de front. En conséquence, les effectifs rassemblés par le général en chef français furent insuffisants pour infliger une défaite à Melas à proximité de Coni[23]. Par ailleurs, tandis que l'Italie était mise en coupe réglée par les autorités révolutionnaires, les soldats français qui servaient dans ce pays continuaient d'être mal équipés, mal payés et mal nourris[24]. Pour l'historien britannique Ramsay Weston Phipps, Championnet commit l'erreur de progresser à travers le Piémont en quatre colonnes très distantes les unes des autres plutôt que toutes forces réunies[25]. À Genola, il déploya ses troupes sur un large front alors que Melas avait regroupé les siennes de manière à exercer sur elles un contrôle direct. Sa décision de livrer bataille en rase campagne fut également imprudente dans la mesure où son adversaire disposait d'une cavalerie bien plus nombreuse que la sienne[12]. Napoléon déclara plus tard au sujet de Championnet : « il s'était distingué à l'armée de Sambre-et-Meuse, où sa division était une des principales ; il s'y était imbu des faux principes de guerre qui dirigeaient les plans de Jourdan. Il était brave, plein de zèle, actif, dévoué à sa patrie ; c'était un bon général de division, un médiocre général en chef »[23].

Notes et références

  1. Duffy 1999, p. 129 Ă  132.
  2. Smith 1998, p. 163.
  3. Phipps 2011, p. 333.
  4. Phipps 2011, p. 335.
  5. Smith 1998, p. 165 et 166.
  6. Phipps 2011, p. 336 et 337.
  7. Phipps 2011, p. 337 et 338.
  8. Phipps 2011, p. 339.
  9. Smith 1998, p. 171 et 172.
  10. Clarke 1816, p. 414.
  11. Smith 1998, p. 172.
  12. Phipps 2011, p. 340.
  13. Smith 1998, p. 173.
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