Amfreville (Manche)
Amfreville (prononcé /ɑ̃frəvil/) est une ancienne commune française, située dans le département de la Manche en région Normandie. Elle était une commune déléguée au sein de la commune nouvelle de Picauville du [1] au .
Amfreville | |
La mairie | |
Administration | |
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Pays | France |
Région | Normandie |
Département | Manche |
Arrondissement | Cherbourg |
Statut | commune déléguée |
Code postal | 50480 |
Code commune | 50005 |
Démographie | |
Gentilé | Amfrevillais |
Population | 287 hab. (2019) |
Densité | 28 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 24′ 36″ nord, 1° 23′ 34″ ouest |
Altitude | Min. 1 m Max. 31 m |
Superficie | 10,10 km2 |
Élections | |
Départementales | Carentan |
Historique | |
Dissolution | |
Fusion | |
Commune(s) d'intégration | Picauville |
Localisation | |
Elle est peuplée de 287 habitants[Note 1].
Géographie
Description
La commune fait partie du parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin.
Le bourg d'Amfreville occupe une position centrale, à 20 mètres d'altitude. Le point culminant se situe au lieu-dit le Mont, à 30 mètres d'altitude, au nord-ouest du bourg, sur une hauteur qui fait fonction de limite avec Gourbesville. Les basses prairies du marais d'Amfreville descendent jusqu'à deux mètres d'altitude près du Merderet. Dans les marais passe la limite séparant des communes de Neuville-au-Plain, Fresville, Sainte-Mère-Église, et Picauville.
La commune est peu boisée, comme tout le Cotentin, mais le bocage fait que l'arbre et la haie lui donne de loin une allure de forêt, les parcelles étant souvent de petite taille. Seuls les prés au bord du marais sont dépourvus d'arbres, puisque le marais « blanchit » chaque année vers janvier-février.
La commune se compose d'un bourg principal (Amfreville) et de plusieurs écarts[2]: la Fontaine, la Féricotterie, les Landes, le Sis, les Ancres, le Motey, les Helpiquets, les Cardets, Rubec, Hameau aux Brix, Cauquigny (église), le Bourg Neuf, Hameau Flaux, le Château (et sa chapelle), la Pesquerie, Durencru, la Percillerie, Bergerie des Avocats, les Heutes, la Moinerie (château).
La portion est d'Amfreville, bordée par le Merderet, présente de nombreux marais et prés humides : l'Essert, Pièces du Pont, l'Île, les Croisées, le Tiers, le Closet, le Parquet, Pièces d'Envie, les Marais. La partie ouest, structurée en champs, est quasi-inhabitée (seulement le manoir de la Moinerie).
Communes limitrophes
Toponymie
Amfreville
Amfreville est attesté en 1150 sous la forme Ansfrevilla[5].
Toponyme médiéval en -ville (élément issu du gallo-roman VILLA « domaine rural »). Le premier élément est l'anthroponyme norrois Ásfridr[6], localement adapté en Normandie sous la forme francique Ansfrid, d'où le sens global de « domaine rural d'Ásfridr »[7].
Le gentilé est Amfrevillais.
Cauquigny
Cauquigny est attesté en 1154 sous la forme Calqueneio[8].
Toponyme formé avec le suffixe gallo-roman -ACU ou -IN-IACU ajouté à un anthroponyme. Ce premier élément est de forme et d'origine discutées :
- François de Beaurepaire proposa une formation en -IN-IACU à partir d'un nom de personne de type germanique °Calko, soit °CALKINIACU, « (le domaine) de Calko ». Ce dernier pourrait représenter une forme réduite de °Scalc(h)o, qui est quant à lui bien attesté[9]. L'origine germanique du nom et son emprunt tardif permettent de justifier le maintien de [k] devant [i], là où l'on attendrait une forme dialectale en [ʃ] ou française en [s].
- Ernest Nègre avança une protoforme °CALCANIACU, dérivé toponymique en -ACU d'un surnom gallo-romain hypothétique °Calcaneus, lui-même tiré du latin calcaneus « talon », donc « (le domaine) de °Calcaneus »[10].
De ces deux hypothèses, la seconde pose le moins de problèmes phonétiques, mais postule l'existence d'un nom jamais attesté. La première est plus vraisemblable, mais l'argument phonétique est un peu plus délicat, quoique plausible.
Microtoponymie
Rubec vient à la fois de l'ancien français ru et du norrois bekkr, ces derniers ont le même sens : « ruisseau »[11].
Motey est un toponyme fréquent dans le nord de la France dès le XIIe siècle, il vient de l'ancien français mostier « église »[12]
Les lieux-dits en Y-ère/-erie résultent du fort accroissement démographique normand du XIe – XIIIe siècle. Ils désignaient la ferme de la famille Y, fondée sur les nouvelles terres obtenues par les grands défrichements. Les essarts prennent le nom des défricheurs, suivi de la désinence -erie ou -ière[13].
Les autres lieux-dits en (Hameau / Le(s)…)-Y s'avèrent plus récents, ils indiquaient un bien de la famille Y.
Histoire
Protohistoire
Sur le territoire communal fut découvert des coins en bronze d'époque celtique.
Moyen Âge
Au XIIe siècle, la paroisse relevait de l'honneur de Néhou[14].
Selon Théodose du Moncel, s'appuyant sur Charles Duhérissier de Gerville, le seigneur d'Amfreville en 1329 est Guillaume Avenel des Biards. Par mariage, le titre échoit à Jean de Tardes, baron de l'Angle-de-Néhou, qui épouse Françoise des Biards en 1503, puis à Nicolas, baron de Mouy, uni à Françoise de Tardes, dame d'Amfreville, de Néhou et des Biards, en 1533. Leurs fils et petit-fils en héritent[15]. Le fief devient ensuite la propriété de la famille du Poërier, puis des Davy, ces derniers obtenant l'érection en marquisat. Les Davy d'Amfreville donne plusieurs marins, dont François Davy d'Amfreville, ainsi que deux cardinaux de la curie romaine et deux grands baillis du Cotentin. La seigneurie d'Amfreville a été la possession de la famille Davy qui étaient également seigneurs du Perron et de Virville à Saint-Aubin-du-Perron, de Boisroger, de Quettreville, de Guéhébert, de Muneville, de Feugères, de Montcuit, de Mary et de Saint-Malo-de-la-Lande[16]. À la mort du commandeur d'Amfreville, en 1780, la famille du Mesnildot hérite du domaine, vendu ensuite aux Sesmaisons[15].
Temps modernes
Sous l'Ancien Régime, Amfreville faisait partie de la généralité de Caen, de l'élection de Valognes (en 1612/1636 et 1677) puis de Carentan (en 1713) et de la sergenterie de Pont-l'Abbé.
Politique et administration
Par décision du conseil de la commune nouvelle de Picauville, le statut de commune déléguée d'Amfreville est supprimé à partir du [22].
Démographie
En 2019, la commune comptait 287 habitants. Depuis 2004, les enquêtes de recensement dans les communes de moins de 10 000 habitants ont lieu tous les cinq ans (en 2008, 2013, 2018, etc. pour Amfreville[23]) et les chiffres de population municipale légale des autres années sont des estimations[Note 2].
Économie
La commune se situe dans la zone géographique des appellations d'origine protégée (AOP) Beurre d'Isigny et Crème d'Isigny[25].
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
- Château d'Amfreville (XIIIe, XVIe – XVIIIe siècles), poterne XVe siècle et chapelle XIVe siècle voûtée d'ogives, inscrits aux monuments historiques[26] depuis le .
- Manoir de la Moynerie (XVe – XXe siècles), maison de style gothique flamboyant inscrite à l'Inventaire général du patrimoine culturel[27]. La chapelle de l'ancien prieuré de la Lande a été rasée, il y a fort longtemps. Le pigeonnier est une énorme tour blanche. L'habitation actuelle a dû être reconstruite de fond en comble après avoir été partiellement incendiée en 1944. Du XVIe siècle[28], il subsiste des fenêtres à meneaux et la porte double du rez-de-chaussée de la tour qui a échappé au sinistre, et qui ne s'ouvre plus que sur un sentier. Les ouvertures à l'étage ont été refaites à l'identique.
- Ferme Les Ancres (1821).
- Ferme du Hameaux aux Brix (XVIe – XVIIIe siècles).
- Église Saint-Martin (XIIIe, XVIe – XVIIe siècles) avec sa nef (XIIIe siècle), son chœur (XIIIe – XVIe siècles) et son clocher-tour coiffé en bâtière (XIIIe siècle remanié XVIIe siècle). L'intérieur a conservé son style gothique. L'église abrite de nombreuses œuvres classées au titre objet aux monuments historiques en 1972[29] : une poutre de gloire (tref) et sa statue christ en croix, des stalles, un calice et patène, une chaire à prêcher, un maître-autel, tabernacle, exposition, retable, ciborium (baldaquin), deux statues : Anges adorateurs, deux reliquaires, un coffret aux saintes huiles (boîte aux saintes huiles) et deux ampoules, ainsi que les statues : Vierge à l'Enfant (XIVe siècle), saint Sulpice (XIVe siècle), saint Éloi, saint Martin et une seconde Vierge à l'Enfant du XVIIIe. Sur une clef de voûte armorié est figuré le blason de la famille Poërier d'Amfreville, avec la date de 1706[Note 3] : d'azur au chevron d'or, accompagné en chef de deux étoiles d'argent, et d'un croissant du même en pointe[31].
- Chapelle Saint-Ferréol de Cauquigny (XIIe siècle, reconstruite en 1944).
- if du cimetière.
- Ancien presbytère et son portail (XVIe – XIXe siècles), inscrit à l'Inventaire général du patrimoine culturel en 1985[32].
- Rives du Merderet.
La commune est également concernée par le périmètre de protection des monuments inscrits hors de la commune : la mairie de La Pernelle et l'église de Montfarville.
- L'église Saint-Ferréol de Cauquigny.
- L'église Saint-Martin.
Personnalités liées à la commune
- Adrien de Poërier, baron d'Amfreville, Cauquigny et Colomby, président au Parlement de Rouen, fondateur du couvent des capucins de Valognes en 1620[19].
- Charles-François Davy (1628-1692), marquis d'Amfreville, lieutenant général des armées navales, permettra à l'amiral de Tourville, lors de la bataille de la Hougue, de se dégager, mais meurt de ses blessures à Brest[19]. Ses frères, René-Hervé Davy et Jacques Davy commandent aussi à la Hougue le Vermandois et le Gaillard[19].
Héraldique
Blason | D'azur au chevron d'or, accompagné en chef de deux étoiles d'argent, et d'un croissant du même en pointe |
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Détails | Ces armes sont celles d'une importante famille du Cotentin sous l'Ancien-Régime, les " du Poerier ". Elles furent portées conjointement par toutes les branches de cette même famille, les "du Poerier d'Amfreville, du Poerier de Francqueville, du Poerier de Taillepied et du Poerier de Portbail". De nos jours, seule subsiste la branche de Portbail. Le statut officiel du blason reste à déterminer. |
Voir aussi
Bibliographie
- René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN 978-2-35458-036-0), p. 47
Articles connexes
Notes et références
Notes
- Population municipale 2019.
- Dans le tableau des recensements et le graphique, par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu, pour les populations légales postérieures à 1999 de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique que les populations correspondant à l'année 2006, première population légale publiée calculée conformément aux concepts définis dans le décret no 2003-485 du 5 juin 2003, et les années correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee.
- Cette date ne correspond pas aux dates d'occupation de la seigneurie d'Amfreville par la famille Poërier[30].
Références
- Altitudes, coordonnées, superficie : répertoire géographique des communes 2014 (site de l'IGN, téléchargement du 1er mars 2015)
- « Recueil des actes administratifs de la Manche » (consulté le ).
- « Géoportail », sur geoportail.fr (consulté le ).
- « Géoportail (IGN), couche « Limites administratives » activée ».
- « Géoportail (IGN), couche « Limites administratives » activée ».
- Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, t. 1 : Formations préceltique, celtiques, romanes, Genève, (lire en ligne), p. 1019.
- Nom des communes de la Manche
- Ce nom d'origine germanique bien connu représente la combinaison des éléments Ás- (forme scandinave) ou Ans- (forme francique) « Ase, dieu guerrier » et -fridr (forme scandinave) ou -frid (forme francique) « paix ».
- François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 94.
- Marie-Thérèse Morlet, Les noms de personnes sur le territoire de l’ancienne Gaule du VIe au XIIe siècle, Paris, CNRS, t. I (les noms issus du germanique continental et les créations gallo-germaniques), 1968, p. 196a. Scalco, variante Scalcho, est l'hypocoristique des noms dont le premier élément est °scalc- « serviteur », présent entre autres dans le mot maréchal < francique °marh-skalk « domestique chargé de soigner les chevaux; palfrenier ». En outre, cette chute précoce de s- initial devant consonne en gallo-roman est attestée par un certain nombre d'autres exemples.
- Ernest Nègre, Toponymie Générale de la France, Droz, Genève, t. I, 1990, p. 544, § 8836.
- Revue économique francaise - 1948
- Toponymie générale de la France, Volume 1 par Ernest Nègre.
- Voir Histoire de la Normandie
- Florence Delacampagne, « Seigneurs, fiefs et mottes du Cotentin (Xe – XIIe siècle) : Étude historique et topographique », dans Archéologie médiévale, t. 12, (lire en ligne sur Persée.), p. 184.
- Théodose du Moncel, « Châteaux de Nacqueville et d'Amfreville », Annuaire du Département de la Manche, volume 34, J. Elie, 1862, p.47-49.
- « Notice n°PM50001617 ».
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale : Cauquigny », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
- Gautier 2014, p. 47.
- « À Étréham, le maire de la commune a fêté ses noces d'or : Samedi 18 février 2023, en la maison commune d'Étréham (Calvados), Sylviane et Alain Cornière ont célébré leurs noces d'or, renouvelant le "oui" fatidique prononcé 50 ans plus tôt », La Renaissance - Le Bessin, (lire en ligne, consulté le ).
- « Ginette Dongé a été élue maire », sur Ouest-france.fr (consulté le )
- Cotentin : la suppression des communes déléguées actée par les élus.
- Date du prochain recensement à Amfreville, sur le-recensement-et-moi.fr, site spécifique de l'Insee.
- Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 20062007 2008 2009 2010 20112012201320142015 2016 2017 2018 .
- AOP Beurre d'Isigny et Crème d'Isigny
- « Château d'Amfreville », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Prieuré dit de la Lande ».
- Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN 978-2-913920-38-5), p. 163.
- Œuvres mobilières à Amfreville.
- Blasons du Clos du Cotentin, 1996, p. 15.
- Collectif, Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 214 p. (ISBN 2-85480-543-7), p. 15.
- « Presbytère ».