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Aide médicale d'État

L'aide médicale d'État (AME), officiellement appelée aide médicale de l’État, est une aide sociale en France principalement destinée à prendre en charge les dépenses médicales des étrangers en situation irrégulière sur le territoire français.

Aide médicale d'État
Nature
Transfert sociaux (en)
Sigle
AME
Date de mise en œuvre

Historique

Avant l'AME

Précurseur de l'AME, l'assistance médicale gratuite (AMG) avait été créée par la loi du permettant aux malades les plus pauvres (malades, vieillards et infirmes privés de ressources) de bénéficier d’un accès gratuit aux soins de santé. Après la création de la Sécurité sociale en 1945, le dispositif est précisé par le décret no 53-1186 du relatif à la réforme des lois d’assistance dont l’article 1er énonce : « Toute personne résidant en France bénéficie, si elle remplit les conditions légales d’attribution, des formes de l’aide sociale […][1]. » Complétant la loi no 83-8 du , la loi no 83-663 du organise dans le cadre des « lois de décentralisation » le transfert de l'AMG aux départements instaurant l’Aide médicale départementale (AMD). La loi no 92-722 du portant adaptation de la loi no 88-1088 du relative au revenu minimum d'insertion (RMI) et relative à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale et professionnelle assouplit les conditions d’accès à l’AMD en l'accordant à tous les bénéficiaires du RMI[1].

La loi du relative à la maîtrise de l’immigration et aux conditions d’entrée, d’accueil et de séjour des étrangers en France, dite « loi Pasqua », introduit une condition de régularité de séjour pour bénéficier de l’assurance maladie[1].

Entrée en vigueur le par Bernard Kouchner et Martine Aubry, ministres du gouvernement Lionel Jospin, l'AME remplace l'aide médicale gratuite (AMG) de par la loi 99-641 du relative à la Couverture maladie universelle (CMU). Celle-ci devait à l’origine faire disparaître l’AMD et unifier tous les résidents de France dans une protection maladie « universelle », égale pour tous. Mais le maintien de l’exigence de le régularité de séjour pour bénéficier de l’assurance maladie conduit au maintien d’un dispositif spécifique pour les sans-papiers[1].

Réforme de 2011

Dans un rapport publié en 2007, l'IGAS et l'IGF concluent à la nécessité du maintien du dispositif existant et écartaient la possibilité de limiter la prise en charge aux seuls soins urgents ou de définir un panier de soins spécifiques[2].

Le , la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a déclaré devant la commission des finances du Sénat, qu'une « participation financière des bénéficiaires » s'imposait et qu'elle comptait « la proposer dans le prochain projet de loi de finances » pour 2011[3]. Le gouvernement Fillon pourrait mettre en place un « droit d'entrée » de 15 ou 30 euros à acquitter chaque année. Le gouvernement le justifie par la hausse depuis plusieurs années du coût de l'AME (+15 % en 2009, avec 546 millions d'euros)[4]. Réclamée par l'UMP lors de l'examen de la loi sur l'immigration de 2010, sa refonte a été renvoyée aux débats sur le projet de loi de finances. Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l'Inspection générale des finances (IGF), prévu fin , ont été demandés sur ce thème.

Le , l'Assemblée nationale a adopté un projet de loi visant à imposer des conditions à l'accès à l'AME. À la suite d'amendements proposés par les députés UMP Dominique Tian et Claude Goasguen, le législateur a souhaité revenir aux principes de création de l'AME, qu'il juge actuellement « dévoyée ».

Avec la réforme de 2011, les bénéficiaires de l'AME devront s'acquitter de frais préalables de 30 euros par an. Seuls leurs conjoint(s) et leurs enfants pourront être leurs ayants droit. Auparavant les ascendants et les collatéraux pouvaient également être les ayants droit du bénéficiaire. Le quotidien Libération parle de la « colère des associations » au vu des projets de réforme et fait remarquer : « faire payer 30 euros aux 210 000 bénéficiaires ne rapporterait que 6 millions d'euros »[5].

La loi de finances de 2011[6] introduit, pour les demandes déposées à compter du , l'acquittement d'un droit d'entrée annuel de 30 euros pour les étrangers majeurs. Cette modification met fin à la gratuité pour les demandeurs bénéficiant de ressources inférieures à un montant révisé annuellement. Ainsi, en 2011, les étrangers en situation irrégulière bénéficiaires de l'AME étaient ceux dont les revenus ne dépassaient pas 634 euros par mois [7]. Cependant, l'abrogation de la franchise de 30  et de l'autorisation préalable de prise en charge pour les soins hospitaliers ont été votées par le Parlement le dans le cadre de la loi de finances rectificative, selon le projet de François Hollande, formulé dans ses « 60 engagements pour la France » pendant la campagne présidentielle de 2012[8] - [9].

Principe et bénéficiaires

Cette aide médicale est une couverture maladie totale, comme la protection universelle maladie (PUMa) pour les nationaux. En cas de perte de la PUMa, l'AME peut même, dans certains cas, prendre le relais[10]. Lorsque des soins sont indispensables avant l'ouverture des droits a l'AME ou la PUMa il existe les dispositifs des Soins Urgents et Vitaux[11] si une hospitalisation est nécessaire, et de la Permanence d'Accès aux Soins de Santé pour les soins ambulatoires[12].

Ces bénéficiaires sont listés à l'article L251-1 du Code de l'action sociale et des familles[13].

Il s'agit[14] :

  • des étrangers en situation irrégulière au regard de la réglementation relative au séjour en France (absence de titre de séjour ou de récépissé de demande) et les ressortissants communautaires[15] ne disposant pas d'un droit au séjour au-delà de trois mois de résidence en France),
  • des ayants droit du bénéficiaire (enfant, personne à charge),
  • des étrangers placés en rétention administrative,
  • des personnes (françaises ou étrangères) gardées à vue.

Exception mahoraise

L'AME n'existe pas à Mayotte, mais les soins sont pris en charge par l’agence régionale de santé. Les personnes en situation irrégulière ne disposent d’aucune protection et doivent payer leurs soins[16], malgré les demandes du Défenseur des droits[17].

Les différentes AME

Organisée aux articles article L251-1 et suivants du Code de l'action sociale et des familles[13], l'AME est divisée en trois régimes. Le premier alinéa de l'article prévoit l'AME « de droit commun », le deuxième alinéa de « l’AME humanitaire » et le troisième établissant l’aide médicale dont bénéficient les personnes gardées à vue.

L'AME de droit commun

« Tout étranger résidant en France de manière ininterrompue depuis plus de trois mois, sans remplir la condition de régularité mentionnée à l'article L. 380-1 du code de la sécurité sociale et dont les ressources ne dépassent pas le plafond mentionné à l'article L. 861-1 de ce code a droit, pour lui-même et les personnes à sa charge au sens de l'article L. 161-14 et des 1° à 3° de l'article L. 313-3 de ce code, à l'aide médicale de l'État, sous réserve, s'il est majeur, de s'être acquitté, à son propre titre et au titre des personnes majeures à sa charge telles que définies ci-dessus, du droit annuel mentionné à l'article 968 E du code général des impôts. »[13].

L'AME humanitaire

« En outre, toute personne qui, ne résidant pas en France, est présente sur le territoire français, et dont l'état de santé le justifie, peut, par décision individuelle prise par le ministre chargé de l'action sociale, bénéficier de l'aide médicale de l'État dans les conditions prévues par l'article L. 252-1. Dans ce cas, la prise en charge des dépenses mentionnées à l'article L. 251-2 peut être partielle. »[13].

L'AME de garde à vue

« De même, toute personne gardée à vue sur le territoire français, qu'elle réside ou non en France, peut, si son état de santé le justifie, bénéficier de l'aide médicale de l'État, dans des conditions définies par décret. »[13].

Les ayants droit de l'AME

Le conjoint ou compagnon du titulaire du droit

« La personne qui vit maritalement avec un assuré social, et qui se trouve à sa charge effective, totale et permanente, a, à condition d'en apporter la preuve, la qualité d'ayant droit de l'assuré pour l'ouverture du droit aux prestations en nature des assurances maladie et maternité. Il en est de même de la personne liée à un assuré social par un pacte civil de solidarité lorsqu'elle ne peut bénéficier de la qualité d'assuré social à un autre titre.
La personne non visée par le premier alinéa du présent article et par les articles L. 313-3 et L. 381-4, qui vit depuis une durée fixée par décret en Conseil d'État avec un assuré social, et se trouve à sa charge effective, totale et permanente, a, à condition d'en apporter la preuve dans des conditions fixées par décret en Conseil d'État, la qualité d'ayant droit de l'assuré pour l'ouverture du droit aux prestations en nature des assurances maladie et maternité.
L'alinéa précédent ne peut s'appliquer qu'à une seule personne remplissant ces conditions par assuré social. »
Article L.161-14 du Code de la sécurité sociale

Les descendants du titulaire de l'AME et statut du mineur

« Par membre de la famille, on entend :
1°) le conjoint de l'assuré.
Toutefois, le conjoint de l'assuré obligatoire ne peut prétendre aux prestations prévues aux articles L. 321-1 et L. 322-6 lorsqu'il bénéficie d'un régime obligatoire de sécurité sociale, lorsqu'il exerce, pour le compte de l'assuré ou d'un tiers personnellement, une activité professionnelle ne motivant pas son affiliation à un tel régime pour le risque maladie, lorsqu'il est inscrit au registre des métiers ou du commerce ou lorsqu'il exerce une profession libérale ;
2°) jusqu'à un âge limite, les enfants non salariés, à la charge de l'assuré ou de son conjoint, que la filiation, y compris adoptive, soit légalement établie, qu'ils soient pupilles de la nation dont l'assuré est tuteur, ou enfants recueillis ;
3°) jusqu'à des âges limites et dans les conditions déterminées par décret en Conseil d'État :
a) les enfants placés en apprentissage dans les conditions déterminées par le code du travail ;
b) les enfants qui poursuivent leurs études ;
c) les enfants qui, par suite d'infirmités ou de maladies chroniques, sont dans l’impossibilité permanente de se livrer à un travail salarié ; »
1° à 3° de l'article L.313-3 du Code de la sécurité sociale

Cependant, « les mineurs sont éligibles à l’AME dès leur arrivée sur le territoire, en application de la convention internationale des droits de l’enfant (article 3-1) et ainsi que rappelé par l’arrêt du Conseil d’État du »[18].

De ce fait, certains ressortissants français sont couverts par l'AME. C'est le cas notamment d'un enfant français qui serait à la charge d'une personne en situation irrégulière, éventuellement en cours de régularisation au bénéfice de son statut non encore reconnu de "parent d'enfant français". Ce cas de figure concerne plusieurs dizaines d'enfants français élevés par leur mère étrangère en situation irrégulière après le départ du père (français et non marié avec la mère) de l'enfant.

Profil moyen des bénéficiaires

Le bénéficiaire type de cette prestation sociale « est un homme jeune âgé de 30 à 34 ans ». Pour les deux tiers d'entre eux, les bénéficiaires se trouvent en région parisienne, dans les Bouches-du-Rhône et en Guyane[19].

Étendue des droits ouverts

100 % des soins médicaux et d'hospitalisation en cas de maladie ou de maternité dans la limite des tarifs de la sécurité sociale, ceci sans avoir à avancer les frais (procédure dite du tiers payant)[14]. Il n'y a donc à payer ni franchise médicale ni participation forfaitaire ni forfait hospitalier ni ticket modérateur ni forfait 18 . Toutefois les conditions suivantes doivent être respectées :

Nature des actes, produits et prestations prescrits

Les frais médicaux ne sont pas pris en charge dans les 2 cas suivants (un décret à paraître doit préciser les conditions d'application.) :

  • actes, produits et prestations dont le service médical rendu n'a pas été qualifié de moyen ou d'important.
  • actes, produits et prestations non destinés directement au traitement ou à la prévention d'une maladie.

Cependant, pour les enfants mineurs, les frais médicaux sont pris en charge à 100 % dans tous les cas.

Coût des soins hospitaliers

À l'exception des soins délivrés aux enfants mineurs et des soins imprévus, la prise en charge des soins hospitaliers dont le coût dépasse une certaine somme est soumise à l'accord préalable de la caisse d'assurance maladie.

Un décret à paraître doit préciser la procédure d'agrément et fixer le coût au-delà duquel la procédure doit être appliquée.

Acceptation des médicaments génériques

Les frais de médicaments sont pris en charge à condition d'accepter les médicaments génériques (sauf si le médecin a indiqué sur l'ordonnance qu'il s'opposait à la substitution d'un médicament par un générique).

Conditions d'application

L'AME est définie à l'article L. 251-1 du code de l'action sociale et des familles ainsi qu'au titre IV du décret du dans sa version modifiée par un décret du [20].

L'AME donne droit :

  • à tous les soins médicaux conventionnés (soin d'urgence) et aux prescriptions médicales, aussi bien en hôpital qu'en médecine de ville, dans la limite des tarifs conventionnels ; l'automédication n'est pas prise en charge, elle reste à la charge de l'usager quand il la demande à la pharmacie comme pour les autres couvertures sociales.
  • à l'exonération des diverses retenues applicables à la plupart des autres assurés : franchise, participation forfaitaire, forfait journalier hospitalier, ticket modérateur et forfait 18 .

Le bénéficiaire de l'AME doit résider en France depuis plus de trois mois, ce qu'il doit prouver en fournissant un justificatif de présence de plus de trois mois et moins de douze mois(visa expiré, facture d'hôtel, inscription scolaire…). Ses ressources doivent être inférieures au plafond fixé pour la CMU complémentaire (8 592,96  par an pour une personne seule, au ). L'AME doit être redemandée chaque année.

L'AME peut aussi être attribuée, sur décision du ministre chargé de l'action sociale, à certaines personnes qui sont de passage en France. D'autre part, les personnes en situation irrégulière, présentes depuis moins de trois mois mais désireuses de s'installer en France bénéficient d'une prise en charge limitée aux soins les plus urgents, dont l'absence mettrait en jeu le pronostic vital ou pourrait conduire à une altération de l'état de santé de la personne ou d'un enfant à naître.

Le périmètre d'application de l'AME est en réalité assez large. Dès trois mois de présence sur le sol français, « l’AME permet la prise en charge à 100 % des soins médicaux et hospitaliers (tarifs conventionnés) et sans avance de frais pour : les soins médicaux et dentaires, les médicaments, les frais d’analyses, les frais d’hospitalisation et d’intervention chirurgicale, les frais pour certaines vaccinations et certains dépistages, les frais liés à la contraception, à l’interruption volontaire de grossesse, etc »[21]. Au bout de 9 mois de présence en France, le périmètre s’élargit encore aux soins liés à « des pathologies non sévères ». Parmi celles-ci, on trouve les interventions pour oreilles décollées, mais aussi les prothèses de genou, prothèses d’épaule, prothèses de hanche, ou encore gastroplasties pour obésité. Pour toutes ces prestations, les transports ainsi que les actes de masso-kinésithérapie prescrits a posteriori sont pris en charge. Jusqu’en 2011, la procréation médicalement assistée (PMA) et les cures thermales étaient également remboursées[21].

Coût

Année Coût annuel
(en millions d'euros)
Nombre de
bénéficiaires
2000 139[22] 79 361[23]
2001 278[22] 147 320[23]
2002 354[22] 154 015[23]
2003 409[22] 180 415[23]
2004 369[22] 154 971[23]
2005 407[22] 189 284[23]
2006 470[22] 202 396[23]
2007 555[22] 194 615[23]
2008 569[22] 202 503[23]
2009 625[23] 215 763[23]
2010 656[23] 228 000[22]
2011 699[23] 209 000[22]
2012 703[24] 252 437[25]
2013 846[24] 282 425[25]
2014 831[24] 294 000[22]
2015 814[24] 316 000[22]
2016 863[24] 311 000[22]
2017 867[24] 316 000[22]
2018 919[24] 318 000[22]
2019 965[24] 335 000[22]
2020 920[24] 335 000[22]
2021 1 061[24] 369 000[22]

Comme son nom l’indique, l'AME est financé par le budget de l'État et non l'assurance maladie. Plus précisément, les dépenses sont une des deux actions (avec le Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante) du programme « Protection maladie » de la mission « santé ». Pour 2022, le budget présenté dans le projet de loi de finances est de 1 079 M€, décomposés en

  • 1 008 M€ pour l'AME de droit commun,
  • 70 M€ pour les soins urgents,
  • M€ pour l'AME humanitaire et l’aide médicale pour les personnes gardées à vue[26].

En 2021, le Sénat pointe du doigt la sous-budgétisation des crédits prévus pour l'AME par rapport aux dépenses effectives qui amène a un déficit ainsi que « des solutions insuffisantes pour endiguer le flux »[24].

Le nombre de bénéficiaires au est de 382 899, il était de 208 974 au et de 180 415 au [26]. Le budget était de 588 M€ en 2012[27] et 233,48 M€ en 2007[28].

Le nombre de bénéficiaires s’éleve à 403 144 personnes fin 2022, en hausse de 5,9 % par rapport à 2021 et de 20,5 % par rapport à 2019[21].

Difficultés administratives

Prescrire (revue)[29] et le Comede décrivent en Mars 2022 l'acharnement administratif déraisonnable contre un usager, pour simplement faire valoir des droits et obtenir une carte d'AME, difficultés signalées depuis des années, ex 2010[30].

Critiques du fonctionnement de l'AME

Inégalité devant l'accès au soin

Pour justifier cette modification des conditions d'accès à l'AME, par exemple, le député UMP Dominique Tian déclarait qu'« un travailleur qui paye ses cotisations sociales obligatoires mais qui n'a pas de mutuelle complémentaire a une moins bonne couverture qu'un étranger en situation irrégulière bénéficiaire de l'AME »[31], ce qui est faux et participe aux fausses informations circulant sur l'AME afin de justifier son abrogation ou des changements[32] - [33].

Tourisme médical

Le chirurgien français spécialiste de la greffe de visage, Laurent Lantieri, dans un entretien au journal L'Express, affirme que les principes du service public sont dévoyés avec l'AME et dénonce des formes de tourisme médical aux frais du contribuable[34]. Claudine Blanchet-Bardon, spécialiste des maladies génétiques de la peau, rejoint cette analyse[35]. Ces « séjours sanitaires » ont été recensés dans un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) dès 2003.

Facilité des fraudes : impossibilité dans les faits de contrôle des ressources et de la réalité du séjour des demandeurs

En théorie, tout prétendant à l'AME doit justifier d'une condition de ressources (767€ maximum par mois / 854€/ mois (DOM)). Dans les faits, ces individus étant "sans papiers", une déclaration sur l'honneur suffit, ce qui sous-entend de possibles dérives. Il en est de même pour la condition de résidence (supérieure ou égale à trois mois de présence sur le territoire Français)...

Le calcul des ressources pour les étrangers en situation irrégulière se fait sans vérification. En 2003, L’IGAS évoquait des inscriptions multiples, l’utilisation de l’aide médicale par des tiers, des impostures commises par certains bénéficiaires de l’AME se faisant passer pour des étrangers en situation irrégulière pour pouvoir accéder à la complète gratuité des soins.

Les rapporteurs constataient enfin que, même lorsqu’elles étaient avérées, ces fraudes n’étaient jamais suivies de poursuites[36].

Jean Leonetti, vice-président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, avance en 2010 que l'AME serait utilisée par « des filières de fraudes »[37].

Incohérence réglementaire

En dehors du cas particulier des personnes à qui on a accordé le statut de « réfugié », les bénéficiaires majoritaires de l'AME, « sans papier » résident de façon irrégulière sur le territoire national, soit qu'ils y soient entrés clandestinement, soit qu'ils y soient restés après expiration d'un titre de séjour régulièrement émis. A ce titre, la seule mesure retenue par le législateur, est la rétention administrative avant expulsion. Ce droit à la santé, reconnu même à des personnes résidant sans titre, illustre à la fois le caractère idéaliste de la devise française (idéal de Fraternité) et le caractère pragmatique des politiques de santé publique, en évitant le développement de certaines affections (tuberculose, gale par exemple) au sein de populations marginalisées, avant qu'elles ne se répandent parmi l'ensemble de la population.

Depuis 2011, l'AME exclut les frais de cure thermale ou de procréation médicalement assistée[38] - [39].

Notes et références

  1. « De 1893 à 1999 : De l’Assistance médicale gratuite (AMG) à l’Aide médicale d’Etat (AME) en passant par l’Aide médicale départementale (AMD) », cnle.gouv.fr, (consulté le )
  2. Simon Piel, « L'aide médicale d'Etat, un dispositif discuté à gauche comme à droite », lemonde.fr, (consulté le )
  3. Agence France-Presse, « Mariani veut encore durcir l'accès à l'aide médicale d'État », Le Point, 29 août 2010.
  4. « Selon Médecins du monde, l'accès aux soins des démunis s'est "brutalement dégradé" en 2009 », Le Monde, 12 octobre 2010.
  5. Marie Piquemal, « Comment se faire soigner quand on n'a pas de papiers en France », Libération, 3 novembre 2010.
  6. LOI no 2010-1657 du 29 décembre 2010 de finances pour 2011, article 188
  7. http://www.lequotidiendumedecin.fr/information/le-droit-d-entree-l-ame-au-journal-officiel
  8. « F. Hollande : Le bilan des promesses un an après »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  9. loi no 2012-958 du 16 août 2012 de finances rectificative pour 2012 (1)
  10. « Les demandeurs d’asile et du statut de réfugié sont donc éligibles à la PUMa associée à la Complémentaire Santé Solidaire, remplaçant la CMU-C et l'ACS, sans application du délai de résidence de plus de trois mois dès lors qu’ils sont en possession d’un document faisant état de ce statut (convocation, récépissé de demande de la préfecture…). — « CIRCULAIRE N°DSS/2A/2011/351 du 8 septembre 2011 relative à des points particuliers de la réglementation de l'aide médicale de l’État, notamment la situation familiale et la composition du foyer (statut des mineurs) », p. 4, lire en ligne
  11. « La prise en charge des soins urgents », sur www.complementaire-sante-solidaire.gouv.fr (consulté le )
  12. Mariana Lecarpentier, « Aspects sociologiques des permanences d’accès aux soins de santé », Soins, vol. 62, no 817, , p. 28–30 (ISSN 0038-0814, DOI 10.1016/j.soin.2017.05.008, lire en ligne, consulté le )
  13. « Article L251-1 du Code de l'action sociale et des familles »
  14. Paragraphe suivant inspiré de Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre), « Aide médicale de l'État (AME) : bénéficiaires et prestations », 09.08.2011, lire en ligne
  15. Personne ayant la nationalité d'un des États membres de l'Union européenne
  16. « Mayotte, le département des exceptions légales », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  17. DDD Défenseur des Droits et DDD Défenseur des Droits, Établir Mayotte dans ses droits, (lire en ligne)
  18. « CIRCULAIRE N°DSS/2A/2011/351 du 8 septembre 2011 relative à des points particuliers de la réglementation de l'aide médicale de l'État, notamment la situation familiale et la composition du foyer (statut des mineurs) », p. 4, lire en ligne, faisant référence à Conseil d'État, 1re et 6e sous-sections réunies, 7 juin 2006, no 285576, publié au recueil Lebon, lire en ligne
  19. 300.000 étrangers touchent l'aide médicale d'État, lesechos.fr, 27 octobre 2015
  20. Décret 54-883 du 2 septembre 1954 (version consolidée sur Legifrance)
  21. Elisabeth Pierson, Aide médicale d'État : un clandestin peut-il se faire poser un anneau gastrique, recoller les oreilles ou refaire le nez ?, lefigaro.fr, 3 juin 2023
  22. « L’AME coûte-t-elle trop cher à la France ? », sur Place de la santé (consulté le )
  23. « L'aide médicale d'Etat : diagnostic et propositions », sur www.igas.gouv.fr (consulté le )
  24. « Projet de loi de finances pour 2021 : Santé », sur www.senat.fr (consulté le )
  25. « 15062 - Nombre de bénéficiaires de l’aide médicale d’État - data.gouv.fr », sur www.data.gouv.fr (consulté le )
  26. « Annexe au projet de loi de finances pour 2022, budget général, programme Protection Maladie »
  27. « Annexe au projet de loi de finances pour 2012, budget général, programme Protection Maladie »
  28. « Annexe au projet de loi de finances pour 2007, budget général, programme Protection Maladie »
  29. « Ce contenu est réservé aux abonnés à Prescrire », sur www.prescrire.org (consulté le )
  30. « Prescrire - Texte à télécharger, en quelques mots », sur www.prescrire.org (consulté le )
  31. Guillaume Perrault, « L'Assemblée limite l'aide médicale aux sans-papiers », Le Figaro, 3 novembre 2010.
  32. « Les mensonges d’un message qui dénonce le coût des soins accordés aux sans-papiers », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  33. Kim Hullot-Guiot, « AME, CMU : pour qui, pour quoi et comment ? », sur Libération.fr, (consulté le )
  34. Estelle Saget, « Laurent Lantieri: "L'Histoire retiendra les greffes du visage" », L'Express, 9 septembre 2010.
  35. Sophie Roquelle, « Aide médicale d'État : ces vérités qui dérangent », Le Figaro, 8 octobre 2010.
  36. « Les dérives de l’Aide Médicale d’État », Contribuables associés, 27 janvier 2006.
  37. Reuters, « L'Assemblée restreint l'aide médicale d'État aux sans-papiers », L'Express, 2 novembre 2010.
  38. Service-public.fr, « Aide médicale de l'État (AME) : bénéficiaires et prestations » lire en ligne, rubrique Prestations
  39. PIERRE BIENVAULT et JEAN-BAPTISTE FRANÇOIS, « Cinq questions sur l’aide médicale d’État », la-croix.com, (consulté le )

Articles connexes

Liens externes

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