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RĂ©tention administrative

La rétention administrative ou détention administrative consiste en le maintien d'une personne dans des lieux contre sa volonté par des autorités administratives.

Belgique

La détention administrative peut s'appliquer aux étrangers en séjour illégal sur le territoire belge et aux demandeurs de protection internationale. La détention est facultative, subsidiaire et proportionnée. La durée de deux mois peut être prolongée jusqu'à huit mois maximum[1] - [2].

France

En France, ont des pouvoirs de rétention administrative s'apparentant à une garde à vue les douaniers (retenue douanière). Le respect du droit est assuré par l'ordre administratif.

La rétention administrative permet de maintenir dans un lieu fermé un étranger qui fait l'objet d'une décision d'éloignement[3], dans l'attente de son renvoi forcé.

La rétention a lieu dans des locaux dépendants des services de police[4] - [5] :

  • dans un centre de rĂ©tention administrative ;
  • dans un local de rĂ©tention gĂ©nĂ©ralement situĂ© dans un commissariat de police. L'Ă©tranger ne peut pas y ĂŞtre retenu plus de 48 heures avant son transfert vers un centre de rĂ©tention.

Histoire

La procĂ©dure de « consignation provisoire », mesure administrative crĂ©Ă©e en novembre 1939 dans le cadre de la rĂ©pression contre les communistes, avant de s’étendre aux mendiants et aux Ă©trangers, permettait d’enfermer avant leur jugement des individus arrĂŞtĂ©s pour diverses infractions et jugĂ©s dangereux. Durant l'Occupation et sous le rĂ©gime de l'État français, environ 40 000 personnes, dont un tiers de juifs, ont Ă©tĂ© « consignĂ©es » provisoirement, notamment Ă  l'issue d'une incarcĂ©ration, et un grand nombre ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©es. Pour l'historienne Johanna Lehr, ce mĂ©canisme administratif est devenu « un outil Ă  la fois discret et puissant de la rĂ©pression antisĂ©mite menĂ©e par la police et la justice françaises sous la pression de l’occupant »[6].

Suisse

De 1930 à 1981, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été privées de liberté sans décision judiciaire, et sans avoir commis de délit, simplement pour avoir été déclarées « fainéantes » ou « immorales » et, pour cette raison, internées durant plusieurs années. En 2014, le Parlement helvétique a reconnu l’injustice faite à ces personnes internées administrativement et a mandaté une étude historique[7]. Une loi fédérale a été adoptée en 2016 en vue de la création d'un fonds de réparations pour les victimes d'internements[8].

Dans la littérature

Le roman Qu'à jamais j'oublie de Valentin Musso[9] raconte un secret de famille lié à cette page sombre de l'histoire de la Suisse[10].

Bibliographie

  • Lise Favre, « Internements administratifs. La part d'arbitraire de l'État », PassĂ© simple, no 61,‎ , p. 3-15.
  • Louisette Buchard-Molteni, Le tour de Suisse en cage. L'enfance volĂ©e de Louisette, Lausanne, Editions d'En Bas, (ISBN 978-2-8290-0375-2).

Notes et références

  1. Sybille Gioe, « Détention administrative & éloignement » [PDF], sur adde.be (consulté le ).
  2. Gaëlle Aussems, Isabelle Doyen et Christine Flamand, La détention administrative des étrangers : État des lieux et perspectives, Bruxelles, Association pour le droit des étrangers, coll. « Dossier thématique », , 51 p. (lire en ligne).
  3. vosdroits.service-public.fr
  4. François Julien-Laferrière, « La rétention des étrangers aux frontières françaises », Cultures & Conflits, no 23,‎ (ISSN 1157-996X, DOI 10.4000/conflits.346, lire en ligne, consulté le )
  5. « Centre de rétention », sur service-public.fr,
  6. Denis Cosnard, « Libérés de prison sur le papier, déportés le lendemain : l’histoire cachée des juifs de la Santé », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Commission indépendante Internements administratifs (éd.), La mécanique de l’arbitraire : Internements administratifs en Suisse 1930-1981, vol. 10B, Zurich - Neuchâtel, Chronos Verlag / Editions Alphil / Edizioni Casagrande, , 378 p. (ISBN 978-2-88930-262-8).
  8. Le processus de réhabilitation des victimes d’internements forcés ne fait que commencer, selon les experts, 2 septembre 2019, Le Temps.
  9. Valentin Musso, Qu'Ă  jamais j'oublie, Paris, Seuil, , 315 p. (ISBN 978-2-02-147035-2).
  10. François Saint-Amand, « Valentin Musso ravive le passé douloureux et méconnu de la Suisse dans son nouveau thriller », sur rtbf.be, (consulté le ).
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