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Acoustique sous-marine

L'acoustique sous-marine est l'Ă©tude de la propagation du son dans l'eau et de l'interaction des ondes mĂ©caniques constituant le son avec l'eau, son contenu et ses frontiĂšres. L'eau peut ĂȘtre l'ocĂ©an, un lac, une riviĂšre ou un rĂ©servoir. Les frĂ©quences typiques de l'acoustique sous-marine sont comprises entre 10 Hz et 1 MHz. La propagation du son dans l'ocĂ©an Ă  des frĂ©quences infĂ©rieures Ă  10 Hz se poursuit dans les fonds marins, tandis que les frĂ©quences supĂ©rieures Ă  MHz sont rarement utilisĂ©es car elles sont absorbĂ©es trĂšs rapidement. L'acoustique sous-marine est parfois connue sous le terme hydroacoustique.

Simulation acoustique dans un environnement océanique simple.
Classe Onega de navire collecteur de renseignements de la marine russe, utilisé pour les écoutes hydroacoustiques.

Ce domaine est étroitement lié à d'autres domaines d'études acoustiques, tels que le sonar, la transduction, le traitement du signal acoustique et la bioacoustique.

Histoire

Les mammifÚres marins utilisent le son sous-marin depuis probablement des millions d'années. L'étude de l'acoustique sous-marine commença en 1490, quand Léonard de Vinci écrivit[1] :

« Si vous forcez votre bateau Ă  l'arrĂȘt, placez l'extrĂ©mitĂ© d'un long tube dans l'eau et placez l'autre extrĂ©mitĂ© Ă  votre oreille, vous entendrez les bateaux se trouvant Ă  une grande distance. »

En 1687 Isaac Newton écrivit Philosophiae naturalis principia mathematica t. I[2] et t. II[3], qui contient le premier traité mathématique sur le son.

En 1826, Daniel Colladon, physicien suisse, et Charles Sturm, mathĂ©maticien français mesurĂšrent sur le lac de GenĂšve la diffĂ©rence de temps d'arrivĂ©e entre un Ă©clair de lumiĂšre et le son d'une cloche de bateau immergĂ©e en utilisant une corne d'Ă©coute sous-marine[4] sur une distance de 17 km. Ils Ă©valuĂšrent la vitesse du son Ă  1 435 m/s, fournissant ainsi la premiĂšre mesure quantitative de la vitesse du son dans l'eau[5]. Le rĂ©sultat obtenu Ă©tait prĂ©cis Ă  environ 2 % de la valeur rĂ©elle.

En 1877 Lord Rayleigh écrivit La Théorie du son et établit la théorie acoustique moderne.

Le naufrage du Titanic en 1912 et le dĂ©but de la PremiĂšre Guerre mondiale dĂ©clenchĂšrent une nouvelle vague de progrĂšs dans l'acoustique sous-marine. Des systĂšmes de dĂ©tection d'icebergs et de sous-marins furent dĂ©veloppĂ©s. De nombreux brevets portant sur les sonars furent dĂ©posĂ©s en Europe et aux États-Unis, jusqu'Ă  l'echo-ranger de Reginald Fessenden en 1914. Durant cette pĂ©riode Paul Langevin en France et A B Wood et associĂ©s en Angleterre rĂ©alisĂšrent le travail de pionnier[6]. Les sonars (SOund Navigation And Ranging) actifs ASDIC et passifs furent dĂ©veloppĂ©s pendant la guerre Ă  partir de 1917, du fait de l'efficacitĂ© des U-Boot pour perturber l'approvisionnement maritime de l'Europe[7]. L'acoustique sous-marine conduisit notamment Ă  dĂ©velopper des mines acoustiques.

En 1919 fut publié le premier article scientifique sur l'acoustique sous-marine[8], donnant un modÚle mathématique de la réfraction des ondes acoustiques par les gradients de température et de salinité dans l'océan. Des mesures de pertes de propagation validÚrent expérimentalement les calculs de cet article.

Les deux décennies suivantes virent le développement de plusieurs applications d'acoustique sous-marine. L'écho-sondeur fut développé commercialement pendant les années 1920. Les premiers transducteurs utilisaient des matériaux naturels, mais dans les années 1930 des transducteurs piézo-électriques réalisés en matériaux synthétiques les remplacÚrent dans les systÚmes d'écoute passive et les systÚmes de sonars actifs, utilisés avec succÚs pendant la Seconde Guerre mondiale sur les sous-marins et les frégates anti sous-marines. Le livre Physics of Sound in the Sea, publié en 1946 rassemble les avancées en acoustique sous-marine de l'époque de la guerre.

AprÚs la Seconde Guerre mondiale, la guerre froide stimula le développement des systÚmes sonars, menant à des avancées dans la compréhension théorique et pratique de l'acoustique sous-marine, aidée des techniques utilisant les ordinateurs.

Théorie

Ondes acoustiques dans l'eau

Une onde acoustique se propageant dans l'eau consiste en l'alternance de compressions et de raréfactions de l'eau. Ces compressions et raréfactions sont détectées par un récepteur, comme l'oreille humaine ou un hydrophone, comme des variations de pression. Ces ondes sont d'origine humaine ou naturellement générées.

Vitesse de son, densité et impédance

La vitesse du son , appelée également célérité du son (i.e. le mouvement longitudinal du front d'ondes) est liée à la fréquence et la longueur d'onde d'une onde par la relation suivante: .

Cette grandeur diffÚre de la vitesse particulaire , correspondant au mouvement des molécules dans le milieu dû au son. Celle-ci s'exprime par la relation entre la pression acoustique de l'onde plane , la densité du fluide et la vitesse du son :

Le produit de la formule prĂ©cĂ©dente est appelĂ© impĂ©dance acoustique. La puissance acoustique par unitĂ© de surface est appelĂ©e intensitĂ© acoustique, et pour une onde plane l'intensitĂ© moyenne est donnĂ©e par: , oĂč est la racine carrĂ©e de la pression acoustique.

À kHz, la longueur d'onde dans l'eau est d'environ 1,5 m.

L'écart important d'impédance entre l'eau et l'air (le ratio est d'environ 3600) et le niveau de rugosité de la surface a pour conséquence que la surface de l'eau se comporte comme un réflecteur parfait du son à des fréquences inférieures à kHz. La vitesse du son dans l'eau est 4,4 fois plus importante que celle dans l'air, et le rapport de densité est d'environ 820.

Absorption du son

L'absorption du son de basse frĂ©quence est faible[9]. (voir Technical Guides – Calculation of absorption of sound in seawater pour un outil de calcul en ligne). La cause principale d'attĂ©nuation du son dans l'eau douce, et Ă  frĂ©quence Ă©levĂ©e dans l'eau de mer (au-delĂ  de 100 kHz), est la viscositĂ©. Les principales contributions additionnelles aux frĂ©quences plus faibles dans l'eau de mer sont la relaxation ionique de l'acide borique (jusqu'Ă  10 kHz)[9] et du sulfate de magnĂ©sium (de 10 kHz Ă  100 kHz) [10].

Le son est Ă©galement attĂ©nuĂ© du fait des pertes aux frontiĂšres du fluide. PrĂšs de la surface de la mer, une couche de bulles ou la glace peut accentuer les pertes, tandis qu'au fond de la mer le son peut pĂ©nĂ©trer les sĂ©diments et ĂȘtre attĂ©nuĂ©.

Surface

La frontiĂšre eau/air peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un rĂ©flecteur quasi parfait. L'Ă©cart d'impĂ©dance est tellement Ă©levĂ© qu'une trĂšs faible part de l'Ă©nergie traverse la frontiĂšre. La rĂ©flexion des ondes de pression acoustique sur la surface de l'eau provoque une inversion de phase. Ceci se reprĂ©sente mathĂ©matiquement par un coefficient de rĂ©flexion Ă©gal Ă  -1[11].

Aux frĂ©quences Ă©levĂ©es (au-delĂ  de 1 kHz) ou lorsque la mer est agitĂ©e, une partie du son incident est diffractĂ©e. La valeur absolue du coefficient de rĂ©flexion est alors infĂ©rieure Ă  1. Par exemple, Ă  proximitĂ© de l'incidence normale, le coefficient de rĂ©flexion vaut , oĂč h est la valeur efficace de la hauteur des vagues[12].

La présence de bulles générées par le vent ou de poissons proches de la surface de l'eau modifient également la réflexion du son[13]. Les bulles peuvent également former un panache qui absorbe et diffracte le son[14].

Fond marin

L'écart d'impédance acoustique entre l'eau et le fond est en général bien inférieur à celui avec la surface de l'eau, et est plus complexe. Il dépend de la nature du fond et de la profondeur des différentes couches. Plusieurs théories ont été développées pour prédire la propagation du son dans le fond marin, notamment celle de Biot [15] et celle de Buckingham[16].

Sur cible

La réflexion du son sur une cible dont les dimensions sont grandes comparées à la longueur d'onde acoustique dépend de sa taille, de sa forme et de son impédance acoustique.

Des formules permettent de calculer l'indice de cible de diffĂ©rentes formes simples, en fonction de l'angle d'incidence du son. L'indice de cible de formes plus complexes peut ĂȘtre approximĂ© en combinant ceux de formes simples[1].

Propagation du son

La propagation acoustique sous-marine dĂ©pend de plusieurs facteurs. La direction de propagation du son est dĂ©terminĂ©e par le gradient de la vitesse du son dans l'eau. En mer les gradients verticaux sont en gĂ©nĂ©ral beaucoup plus Ă©levĂ©s que les horizontaux. Les variations de tempĂ©rature et de salinitĂ© peuvent provoquer des inversions de gradient de cĂ©lĂ©ritĂ© dans la thermocline, crĂ©ant ainsi un guide d'ondes efficace Ă  la profondeur correspondant au minimum de la cĂ©lĂ©ritĂ©. Ce type de profil peut gĂ©nĂ©rer des rĂ©gions Ă  faible intensitĂ© sonores, appelĂ©es « zones d'ombre Â», et des rĂ©gions Ă  intensitĂ© Ă©levĂ©e, appelĂ©es « Caustiques. Â» Ces rĂ©gions peuvent ĂȘtre calculĂ©es par les mĂ©thodes de tracĂ© de rayons.

À l'Ă©quateur et aux latitudes tempĂ©rĂ©es, la tempĂ©rature de surface de l'ocĂ©an est suffisamment Ă©levĂ©e pour inverser l'effet de la pression, de sorte que le minimum de cĂ©lĂ©ritĂ© apparaĂźt Ă  une profondeur de quelques mĂštres. La prĂ©sence de ce minimum crĂ©Ă© un canal spĂ©cial, appelĂ© canal sonore profond (DSC), ou canal SOFAR (pour SOund Fixing and Ranging), permettant la propagation du son sur des milliers de kilomĂštres sans interaction avec la surface de la mer ou le fond marin. Les zones de convergence du son constituent Ă©galement un autre phĂ©nomĂšne. Dans ce cas le son est diffractĂ© vers le bas Ă  partir d'une source proche de la surface, puis renvoyĂ© vers le haut. La distance horizontale de la source Ă  laquelle ce phĂ©nomĂšne apparaĂźt dĂ©pend des gradients de cĂ©lĂ©ritĂ© positifs et nĂ©gatifs. Un conduit de surface peut Ă©galement apparaĂźtre dans les eaux profondes ou modĂ©rĂ©ment peu profondes quand il existe une diffraction vers le haut, par exemple du fait de tempĂ©ratures de surface froides. La propagation se fait par rebonds successifs sur la surface.

En gĂ©nĂ©ral, la propagation du son dans l'eau entraĂźne une diminution de son intensitĂ© sonore lorsque la distance augmente, bien que dans certains cas un gain peut ĂȘtre obtenu du fait d'un focus de l'Ă©nergie. Les "pertes de propagation" (parfois appelĂ©es "pertes de transmission") sont une mesure quantitative de la rĂ©duction de l'intensitĂ© sonore entre deux points, en gĂ©nĂ©ral la source sonore et le rĂ©cepteur distant. Soit l'intensitĂ© en champ lointain de la source, rĂ©fĂ©rencĂ©e Ă  un mĂštre de distance du centre acoustique, et l'intensitĂ© au niveau du rĂ©cepteur, alors les pertes de propagation s'expriment par[1] : . Dans cette Ă©quation n'est pas exactement l'intensitĂ© acoustique au rĂ©cepteur, qui est une quantitĂ© vectorielle, mais un scalaire Ă©gal Ă  l'intensitĂ© de l'onde plane Ă©quivalente du champ sonore. Cette intensitĂ© est dĂ©finie par l'amplitude de l'intensitĂ© d'une onde plane dont la valeur efficace de la pression est Ă©gale Ă  celle du champ acoustique rĂ©el. À faible distance les pertes de propagation sont principalement dues Ă  la divergence tandis que sur de longues distances elles sont principalement dues au pertes par absorption ou dispersion.

Il est possible de dĂ©finir Ă©galement les pertes de propagation en termes de pression et non d'intensitĂ© ainsi[17] : , oĂč est la pression acoustique efficace en champ lointain du projecteur, rĂ©fĂ©rencĂ© Ă  1 m, et est la pression efficace au niveau du rĂ©cepteur.

Ces deux dĂ©finitions ne sont pas rigoureusement Ă©quivalentes car l'impĂ©dance caractĂ©ristique du rĂ©cepteur peut ĂȘtre diffĂ©rente de celle de la source. À cause de cela la dĂ©finition en termes d'intensitĂ© amĂšne Ă  une dĂ©finition de l'Ă©quation du sonar diffĂ©rente de celle basĂ©e sur le rapport des pressions[18]. Si la source et le rĂ©cepteur sont tous deux dans l'eau, la diffĂ©rence est faible.

Modélisation de la propagation

La propagation du son dans l'eau est décrite par l'équation des ondes, avec les conditions aux limites appropriées. Un certain nombre de modÚles ont été développés pour simplifier les calculs de propagation. Ces modÚles incluent la théorie des rayons, les solutions de mode normal, et les simplifications par équation parabolique de l'équation des ondes[19]. Chaque jeu de solutions est en général valide et efficace en termes de puissance de calcul dans une bande de fréquence et une distance données. La théorie des rayons est plus appropriée sur de courtes distances et à fréquence élevée, tandis que les autres solutions fonctionnent mieux sur de longues distances et à basse fréquence[20]. Diverses formules empiriques et analytiques proviennent également de mesures, et constituent des approximations intéressantes[21].

Réverbération

Les sons transitoires gĂ©nĂšrent un fond sonore en dĂ©croissance qui peut ĂȘtre de durĂ©e bien supĂ©rieure au signal transitoire initial. La cause de ce fond sonore, appelĂ© rĂ©verbĂ©ration, est partiellement due Ă  la dispersion gĂ©nĂ©rĂ©e aux frontiĂšres rugueuses, et Ă©galement Ă  celle gĂ©nĂ©rĂ©e par les poissons et autre biote. Pour ĂȘtre dĂ©tectĂ© facilement, un signal acoustique doit dĂ©passer le niveau de rĂ©verbĂ©ration ainsi que le niveau de bruit ambiant.

Effet Doppler

Si un objet sous-marin se dĂ©place relativement Ă  un rĂ©cepteur sous-marin, la frĂ©quence du son reçu diffĂšre de celle du son Ă©mis (ou rĂ©flĂ©chi) par l'objet. Ce dĂ©calage en frĂ©quence est appelĂ© effet Doppler. Ce dĂ©calage peut ĂȘtre facilement observĂ© dans les systĂšmes sonar actifs, en particulier ceux Ă  bande Ă©troite, car la frĂ©quence d'Ă©mission est connue. Le dĂ©placement relatif entre le sonar et l'objet peut alors ĂȘtre calculĂ©. Parfois la frĂ©quence du bruit Ă©mis (une tonalitĂ©) peut ĂȘtre connue; dans ce cas le mĂȘme calcul peut ĂȘtre fait pour un sonar passif. Pour les systĂšmes actifs, le dĂ©calage en frĂ©quence est Ă©gal Ă  , avec F la frĂ©quence Ă©mise, v la vitesse relative du rĂ©flecteur et c la cĂ©lĂ©ritĂ© du son. Pour les systĂšmes passifs, le dĂ©calage est divisĂ© par 2, la propagation ne se faisant que sur un aller. Le dĂ©calage est positif (la frĂ©quence augmente) lorsque la cible s'approche.

Fluctuations d'intensité

Bien que les modélisations de propagation acoustique sont basées en général sur un niveau sonore reçu constant, en pratique il existe des fluctuations à la fois temporelles et spatiales. Elles sont dues à des phénomÚnes environnementaux à la fois locaux et globaux. Les trajets multiples, générés sur le trajet émetteur / récepteur, en sont une cause majeure: de faibles changements de phases dans le pattern d'interférence entre les différents trajets peut générer de grandes fluctuations dans l'intensité sonore.

Non-linéarités

Dans l'eau, notamment en prĂ©sence de bulles d'air, le changement de densitĂ© provoquĂ© par un changement de pression n'est pas exactement proportionnel. Cela gĂ©nĂšre des frĂ©quences harmoniques et sous-harmoniques pour une onde sinusoĂŻdale. Dans le cas oĂč deux ondes sinusoĂŻdales se rencontrent, de nouvelles frĂ©quences rĂ©sultant de la somme et de la soustraction des deux frĂ©quences initiales sont gĂ©nĂ©rĂ©es. Ce phĂ©nomĂšne est d'autant plus important que le niveau de source est Ă©levĂ©. Du fait de la non-linĂ©aritĂ© la vitesse du son varie en fonction de la pression. Ainsi une onde sinusoĂŻdale se transforme en onde en dent de scie avec un front montant raide, et un front descendant progressif. Ce phĂ©nomĂšne est utilisĂ© dans les sonars paramĂ©triques et des thĂ©ories ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es pour le prendre en compte, par exemple celle de Westerfield.

Mesures

Le son dans l'eau est mesuré grùce à un hydrophone, qui est l'équivalent sous-marin d'un microphone. Un hydrophone mesure des variations de pression, qui sont en général converties en niveau de pression acoustique (SPL), représentation logarithmique de la valeur efficace de la pression acoustique.

Les mesures sont en général exprimées dans l'une des trois formes suivantes :

  • Pression acoustique RMS en micropascals (ou dB rĂ©f. 1 ”Pa)
  • Pression acoustique RMS dans une bande passante donnĂ©e, en gĂ©nĂ©ral octaves ou tiers d'octaves (dB rĂ©f. 1 ”Pa)
  • DensitĂ© spectrale (pression RMS par unitĂ© de bande passante), en micropascal carrĂ© par hertz (dB rĂ©f. 1 ”PaÂČ/Hz)

L'Ă©chelle de pression acoustique dans l'eau diffĂšre de celle utilisĂ©e pour le son dans l'air. Dans l'air la pression de rĂ©fĂ©rence est de 20 ”Pa contre 1 ”Pa dans l'eau. Pour une mĂȘme valeur de SPL, l'intensitĂ© de l'onde plane (puissance par unitĂ© de surface, proportionnelle Ă  la pression acoustique efficace divisĂ©e par l'impĂ©dance acoustique) dans l'air est d'environ 202×3 600 = 1 440 000 fois plus Ă©levĂ©e que dans l'eau. De maniĂšre similaire, l'intensitĂ© est environ la mĂȘme si le SPL est 61,6 dB plus Ă©levĂ© dans l'eau.

Vitesse du son

Les valeurs approximatives de la vitesse du son dans l'eau douce et l'eau salĂ©e sont respectivement de 1450 et 1500 m/s Ă  la pression atmosphĂ©rique, tandis que la densitĂ© est respectivement de 1000 et 1 030 kg/m3[22].

La vitesse du son dans l'eau augmente avec la pression, la température et la salinité[23] - [24].

La vitesse maximale dans une eau pure à pression atmosphérique est atteinte à environ 74 °C ; le son se propage moins vite au-delà de cette température; le maximum augmente avec la pression [25].

Des outils de calculs en ligne sont disponibles ici: Technical Guides – Speed of Sound in Sea-Water et Technical Guides – Speed of Sound in Pure Water.

Absorption

De nombreuses campagnes de mesures de l'absorption du son se sont dĂ©roulĂ©es dans les lacs et les ocĂ©ans [9] - [10] (voir Technical Guides – Calculation of absorption of sound in seawater pour un outil de calcul en ligne).

Bruit ambiant

La mesure des signaux acoustiques est possible si leur amplitude dépasse un seuil minimal, déterminé en partie par le traitement du signal utilisé et également par le niveau de bruit de fond. Le bruit ambiant est la partie du bruit reçu qui est indépendante de la source, du récepteur et des caractéristiques de la plateforme. Cela exclut notamment la réverbération et le bruit hydrodynamique par exemple.

Les sources sonores transitoires contribuent également au bruit ambiant. Cela inclut l'activité géologique intermittente, telle que les séismes et les volcans sous-marins[26], la pluie en surface, l'activité biologique. Les sources biologiques incluent les cétacés et notamment la baleine bleue, le rorqual commun et le grand cachalot[27] - [28], certains types de poissons, et les Alpheidae.

La pluie peut générer un niveau de bruit ambiant élevé. Cependant la relation numérique entre l'intensité de la pluie et le niveau de bruit ambiant est difficile à déterminer car la mesure de l'intensité de la pluie est problématique en mer.

Réverbération

De nombreuses mesures de réverbération sur la surface de l'eau, le fond de la mer et de volume ont été réalisées. Certains modÚles empiriques sont dérivés de ces mesures. L'équation de Chapman et Harris est couramment utilisée pour la bande 0,4 à 6,4 kHz[29]. Une forme d'onde sinusoïdale est élargie en fréquence du fait du mouvement de la surface. Pour la réverbération de fond la loi de Lambert s'applique de maniÚre approximative (voir Mackenzie)[30]. La réverbération de volume apparaßt en général dans les couches, qui changent de profondeur au cours de la journée (voir Marshall et Chapman)[31]. Le cÎté sub-surface de la glace peut également induire une forte réverbération quand il est rugueux (voir Milne)[32].

Pertes sur le fond

Des pertes sur le fond marin ont Ă©tĂ© mesurĂ©es en fonction de l'angle rasant pour diffĂ©rentes frĂ©quences Ă  diffĂ©rents endroits (mesures effectuĂ©es par le service gĂ©ophysique de la Marine des États-Unis par exemple)[33]. Les pertes sont fonction de la vitesse du son dans le fond marin (affectĂ©es par les gradients et les couches), et par la rugositĂ©. Des graphes de pertes ont Ă©tĂ© gĂ©nĂ©rĂ©s pour des environnements donnĂ©s. En eau peu profonde les pertes sur le fond marin ont un impact prĂ©pondĂ©rant en propagation longue distance. À faible frĂ©quence le son peut se propager Ă  travers le sĂ©diment puis Ă  nouveau dans l'eau.

Voir aussi

Notes et références

  1. Urick, Robert J. Principles of Underwater Sound, 3e Ă©dition. New York. McGraw-Hill, 1983.
  2. Principes mathématiques de la philosophie naturelle, t. I, sur Gallica, trad. française de la marquise du Chùtelet (1706-1749).
  3. Principes mathématiques de la philosophie naturelle, tome II, sur Gallica, trad. française de la marquise du Chùtelet (1706-1749).
  4. C. S. Clay & H. Medwin, Acoustical Oceanography (Wiley, New York, 1977)
  5. Annales de chimie et de physique 36 [2] 236 (1827)
  6. A. B. Wood, From the Board of Invention and Research to the Royal Naval Scientific Service, Journal of the Royal Naval Scientific Service Vol. 20, No 4, p. 1–100 (185–284).
  7. (en) Everett Mendelsohn, « 11. Science, scientists and the military », dans John Krige & Dominique Pestre, Companion Encyclopedia to science in the twentieth century, (1re éd. 1997) (présentation en ligne)
  8. H. Lichte, « On the influence of horizontal temperature layers in sea water on the range of underwater sound signals », Physik. Z., vol. 17, no 385,‎
  9. R. E. Francois & G. R. Garrison, Sound absorption based on ocean measurements. Part II: Boric acid contribution and equation for total absorption, J. Acoust. Soc. Am. 72, 1879–1890 (1982).
  10. R. E. Francois and G. R. Garrison, Sound absorption based on ocean measurements. Part I: Pure water and magnesium sulfate contributions, J. Acoust. Soc. Am. 72, 896–907 (1982).
  11. Ainslie, M. A. (2010). Principles of Sonar Performance Modeling. Berlin: Springer. p36
  12. H. Medwin & C. S. Clay, Fundamentals of Acoustical Oceanography (Academic, Boston, 1998)
  13. D. E. Weston & P. A. Ching, Wind effects in shallow-water transmission, J. Acoust. Soc. Am. 86, 1530–1545 (1989)
  14. G. V. Norton & J. C. Novarini, On the relative role of sea-surface roughness and bubble plumes in shallow-water propagation in the low-kilohertz region, J. Acoust. Soc. Am. 110, 2946–2955 (2001)
  15. N Chotiros, Biot Model of Sound Propagation in Water Saturated Sand. J. Acoust. Soc. Am. 97, 199 (1995)
  16. M. J. Buckingham, Wave propagation, stress relaxation, and grain-to-grain shearing in saturated, unconsolidated marine sediments, J. Acoust. Soc. Am. 108, 2796–2815 (2000).
  17. C. L. Morfey, Dictionary of Acoustics (Academic Press, San Diego, 2001).
  18. M. A. Ainslie, The sonar equation and the definitions of propagation loss, J. Acoust. Soc. Am. 115, 131–134 (2004).
  19. F. B. Jensen, W. A. Kuperman, M. B. Porter & H. Schmidt, Computational Ocean Acoustics (AIP Press, NY, 1994).
  20. C. H. Harrison, Ocean propagation models, Applied Acoustics 27, 163–201 (1989).
  21. L. M. Brekhovskikh & Yu. P. Lysanov, Fundamentals of Ocean Acoustics, 3e Ă©dition (Springer-Verlag, NY, 2003).
  22. A. D. Pierce, Acoustics: An Introduction to its Physical Principles and Applications (American Institute of Physics, New York, 1989)
  23. Mackenzie, Nine-term equation for sound speed in the oceans, J. Acoust. Soc. Am. 70, 807–812 (1982).
  24. C. C. Leroy, The speed of sound in pure and neptunian water, in Handbook of Elastic Properties of Solids, Liquids and Gases, edited by Levy, Bass & Stern, Volume IV: Elastic Properties of Fluids: Liquids and Gases (Academic Press, 2001)
  25. Wayne D. Wilson, « Speed of Sound in Distilled Water as a Function of Temperature and Pressure », J. Acoust. Soc. Am., vol. 31, no 8,‎ , p. 1067–1072 (DOI 10.1121/1.1907828, Bibcode 1959ASAJ...31.1067W, lire en ligne, consultĂ© le )
  26. R. S. Dietz et M. J. Sheehy, Transpacific detection of myojin volcanic explosions by underwater sound. Bulletin of the Geological Society 2 942–956 (1954)
  27. M. A. McDonald, J. A. Hildebrand & S. M. Wiggins, Increases in deep ocean ambient noise in the Northeast Pacific west of San Nicolas Island, California, J. Acoust. Soc. Am. 120, 711–718 (2006)
  28. Ocean Noise and Marine Mammals, National Research Council of the National Academies (The National Academies Press, Washington, 2003)
  29. R Chapman et J Harris, Surface backscattering Strengths Measured with Explosive Sound Sources. J. Acoust. Soc. Am. 34, 547 (1962)
  30. K Mackenzie, Bottom Reverberation for 530 and 1030 cps Sound in Deep Water. J. Acoust. Soc. Am. 36, 1596 (1964)
  31. J. R. Marshall and R. P. Chapman, Reverberation from a Deep Scattering Layer Measured with Explosive Sound Sources. J. Acoust. Soc. Am. 36, 164 (1964)
  32. A. Milne, Underwater Backscattering Strengths of Arctic Pack Ice. J. Acoust. Soc. Am. 36, 1551 (1964)
  33. MGS Station Data Listing and Report Catalog, Nav Oceanog Office Special Publication 142, 1974

Liens externes

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