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Rif central

Le Rif Central est une région géographique et culturelle du Maroc, bordée au nord par la Méditerranée, à l'Ouest par le Pays Jbala et les Ghomaras puis à l'Est par le Rif oriental.

Rif central
Drapeau de
Drapeau
Administration
Pays Drapeau du Maroc Maroc
Provinces Al-Hoceima, Temsaman, Imzouren, Aknoul, Bni Ammart, Midar et Tafersit.
DĂ©mographie
Population 500 000 hab.

    Le Rif Central est partagé entre 3 régions, la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (Al-Hoceima, Imzouren, Bni Hadifa, Bni Ammart), la région de FÚs-MeknÚs (Aknoul, Tizi Ouasli, Boured) et enfin la région de l'Oriental (Temsamane, Midar, Tafersit)[1].

    GĂ©ographie

    Le Rif Central bĂ©nĂ©ficie d’un climat plutĂŽt tempĂ©rĂ© et arrosĂ© en dehors de l’étĂ©. Soumis Ă  l’influence atlantique cĂŽtĂ© ouest mais plus aride cotĂ© est, il est dotĂ© d’une terre plutĂŽt fertile et productive notamment chez les Asht Ashem et chez les Ait Ouriaghel de la plaine de Nekour, ce qui permet Ă  la rĂ©gion d’atteindre une densitĂ© rurale parmi les plus fortes du pays, et d’ĂȘtre dotĂ©e de chevaux[2].

    Culture

    La langue et la culture du Rif Central est ZĂ©nĂšte cependant mise Ă  part Ait Touzine les toponymes sont souvent Sanhadja. Il y a une absence de grande ZaouĂŻa en dehors de Tafersit, ce qui les distingue du Rif Oriental.

    La seule tribu arabophone de cet ensemble demeurant Marnissa[3] - [4] - [5].

    Histoire

    Bien que les noms des tribus soient trĂšs anciens et parfois mĂȘme dĂ©jĂ  citĂ©s du temps de l'Ă©mirat de Nekor, leur configuration actuelle (faction, leff et sous factions) date des MĂ©rinides/Wattassides dont elle ont constituĂ© le fief jusqu’à la disparation du dernier prince/gouverneur Wattasside dans ces montagnes durant le rĂšgne saadien.

    Les tribus du Rif Central occupĂšrent de tout temps une position stratĂ©gique au sein de la gĂ©ographie marocaine, elles contrĂŽlaient les principaux cols permettant l’accĂšs aux seuls ports mĂ©diterranĂ©en directement reliĂ©s Ă  FĂšs (principalement Badis et dans une moindre mesure Nekour).

    SituĂ©es donc sur les routes de GĂȘnes et Venise, et ayant accĂšs Ă  l’Europe, les tribus du Rif Central ont ainsi pu pour acquĂ©rir une supĂ©rioritĂ© militaire certaines sur le reste du pays.

    L’exemple le plus reprĂ©sentatif demeurant l’adoption prĂ©coce et massive du fusil Ă  rĂ©pĂ©tition, la fabrication de munitions et mĂȘme la maitrise de l’artillerie moderne qui Ă©tonnera les armĂ©es europĂ©ennes aprĂšs la bataille d’Anoual[3] - [4] - [5].

    Jaych Ar-Rifi

    C’est cette supĂ©rioritĂ© militaire trĂšs tĂŽt acquises qui donnera l’idĂ©e Ă  IsmaĂŻl ben ChĂ©rif de crĂ©er un Guich composĂ©s exclusivement de ces tribus servant ainsi de rempart aux invasions europĂ©ennes principalement Ă  Tanger et dont les nombreux toponymes de quartier (Igzenayen, Ait Ouriaghal etc ) tĂ©moignent encore de ce corps militaire dirigĂ© par une dynastie de pachas originaires de Temsamane[6].

    Affrontements contre la France

    L'Ă©mir Abdelkader ibn Muhieddine dont l'ancĂȘtre est originaire de la ZaouĂŻa de Tafersit, et donc de la tribu AĂŻt Touzine, chercha dĂšs le dĂ©part de son Ă©popĂ©e le soutient des tribus du Rif Central. Il le trouva d'abord chez ses parents AĂŻt Touzine[7] qui formĂšrent sa garde rapprochĂ©e, puis ce fut au tour de l'alliance Ait Ammart/Asht Assem (plus grande faction de Igzenayen) de conquĂ©rir en son nom la ville de Taza en 1847[8].

    En 1915 plusieurs factions du Rif Central (il sĂ©journa plusieurs annĂ©es Ă  Boured) rejoignirent Abdelmalek,(le petit fils de l'Ă©mir Abdelkader), ils combattirent la France jusqu'en 1919, il menaça FĂšs Ă  plusieurs reprises et faillit embraser tout le Maroc, notamment les Zayanes et les Bni Ourain, mais il fut hĂ©sitant au moment d'appeler au djiahd car il jouait sur plusieurs tableaux, avec la France, l'Espagne et l'Allemagne, ce qui lui fit perdre de son prestige et fut mis de cĂŽtĂ©. Plus tard il viendra tout de mĂȘme en aide Ă  Abdelkrim Al-Khattabi, mais des dissensions apparaitrons rapidement, il fut tuĂ© Ă  Midar en 1924 par ses propres hommes qui espĂ©raient ainsi rejoindre Abdelkrim Al-Khattabi[3] - [4] - [9].

    On retrouve encore aujourd'hui bon nombre des descendants de ces combattants (Ait Touzine, Ait Ammart, Igzennayen) dans les patronymes et toponymes de la région de Lamtar prÚs de Mascara, ancien fief de l'émir Abdelkader en Algérie.

    Bled Siba et affrontements avec l'Espagne

    À partir de la fin du XIXe siĂšcle, tout le Rif est dans un Ă©tat de guerre permanent avec l’Espagne. Alternant des Ă©pisodes particuliĂšrement intenses (Mohamed AmĂ©ziane, Guerre de Melilla (1860), Guerre de Margallo (1893/1894) etc ), avec des pĂ©riodes de relatives stabilitĂ© externe[10].

    À cela il faut ajouter que depuis quelques dizaines d’annĂ©es le Rif vit alors dans un relatif Ă©tat d’anarchie appelĂ© Siba[3] - [4].

    Si par moments des CaĂŻds et des Cadis sont nommĂ©s comme lors de l’expĂ©dition punitives du Vizir Baghdadi contre Iboqayen, la majoritĂ© du temps les tribus vivent en totale autonomie vis-Ă -vis du pouvoir central, dans le Rif Central profond autrefois bastion des Wattasssides (Ait Ammart, nord de Igzenayen, sud de Ait Ouriaghel) des quasi principautĂ©s tribales voient le jour, et de puissantes familles d’Imagharen (seigneurs tribaux) Ă©mergent (Ababou, Bekkich, Aberchan , Ahmidou
) qui vont jouer un rĂŽle trĂšs importants dans les Ă©vĂšnement de la Guerre du Rif Ă  venir, certains du cĂŽtĂ© colons (Aberchan, Bekkcih, Medbouh, Ahmidou..) d’autres du cĂŽtĂ© rifains (Ababou[9] - [5] - [3]).

    Le Rogui Bouhmara

    Le Rogui Bou Hmara, soutenu en sous main par la France, se fit proclamer sultan Ă  Taza en 1902. S’il put bĂ©nĂ©ficier au dĂ©part d’une certaine passivitĂ© des tribus du Rif Central, voir du soutien de certaines familles en les nommant CaĂŻd comme Medbouh Ă  Jbarna (Sud de Igzenayen), trĂšs vite son alliance avec l’Espagne posa problĂšme et autant que les guerriers du ChĂ©rif Mohamed AmĂ©ziane alors en guerre ouverte avec le colon espagnol dans al rĂ©gion de Melilla, qu’une alliance Ait Ammart/Ait Ouriaghel/Igzenayen , se mirent Ă  le combattre et lui infligĂšrent de sĂ©rieuses dĂ©faites au nom du Sultan, ce qui sauva le trĂŽne, alors mĂȘme que ses armĂ©e officielles conduites par le El Glaoui en personne avaient Ă©tĂ© largement dĂ©faite Ă  Taza en 1907[11] - [3].

    Si les tribus du Rif Central permirent d’écarter du trĂŽne cet imposteur, paradoxalement cela conduisit aussi la France Ă  accĂ©lĂ©rer son entreprise de colonisation notamment en faisant pression pour dissoudre les armĂ©es du Sultan (en dehors des harkas du sud dĂ©jĂ  sous contrĂŽle français), le Glaoui d’ailleurs commença alors, Ă  la suite de sa disgrĂące consĂ©quence de sa dĂ©faite Ă  Taza, Ă  soutenir moulay Abdelhafid contre son frĂšre Sultan, et donc cela prĂ©cipita la signature du protectorat 5 ans plus tard[11] - [3].

    Composition tribale

    Le Rif Central est composé de plusieurs tribus ;

    Ait Ouriaghel

    La tribu est divisée en 5 grandes factions :

    - Ait Youssef ou 'Ali : Littéralement les descendants de Youssef fils de Ali, établis autour de la ville d'Al Hoceima et d'Ajdir. Abdelkrim El Khattabi en est originaire.

    - Ait Bou'ayach : Comprend les villes d'Imzouren, Beni Bouayach. Numériquement la plus peuplée.

    - Ait Hadifa : Aux alentours du village d'Ait Hadifa.

    - Ait Abdellah : Aux alentours du village d'Ait Abdellah.

    - Imrabden : Autour de plusieurs anciennes zaouias (Sidi Aissa, Sidi Boukhiyar etc)[3].

    Igzennayen

    La tribu est divisée en 6 grandes factions :

    - Asht Ashem : Ajdir, Boured, Tamjount, Izeroualen, Aghbal fraction la plus grande (environ 1/3 de la tribu) et entiÚrement montagnarde composée des sous factions suivantes: Izeroualen, Imesdurar, Izkriten, Ikhoualen, Iharrassen, Asht Fendish, Ibkrien, Iherruchen.

    - Asht Máž„end : Boujettou, Aáž„fir.

    - Asht Aru Issa : Dchar Sidi Issa.

    - Asht Yunes : Kassita, Tizi Ouasli.

    - Ichawiyen : Aknoul.

    - Jbarna : Tizroutine, Dar Caid Medbouh[3].

    Ait Ammart

    La tribu est divisée en 4 grandes factions :

    - Ija'Unen : Bni Ammart, Bohout, Tagraout, Douar Khayzete.

    - Ait Abbu : Tazroute, Timlizine, Bouzineb ,Ibouyabghan, Aghil, Ait Msita.

    - Ait Hussein

    - Yin Said Uxlif : Al Maali, Ibajbijen, Sidi Bouchta[3].

    Temsamane

    La tribu est divisée en 5 grandes factions :

    - Ait Taaban

    - Ait Boudinar

    - Ait Trougout

    - AĂŻt Marghnine

    - Ait Amghar [3]

    Iboqayen

    La tribu est divisée en 3 grandes factions :

    - Izmmuren : Al-Hoceima

    - Taghidhith

    - Azghar [3]

    AĂŻt Touzine

    La tribu est divisée en 5 grandes factions :

    - Igharbiyen : installés à Midar et ses environs, jusqu'à Ifanni.

    - Ait Akki : installés dans la vallée de Nekor.

    - Aït BerÀiez : qu'on retrouve vers Ijarmaouas.

    - Aït Tseft : géographiquement répartis entre Ighzar et Nekor.

    - Les Tighza : à l'Est du territoire des Aït Touzine, vers l'Ouelad Ali Ben Issa, une zone pourtant majoritairement contrÎlée par les Igzenayen[3].

    Tafersit

    La tribu est divisée en 2 factions :

    - Ait Imo Muhend

    - Ait Khaled [3]

    La famille de l'Ă©mir Abdelkader ibn Muhieddine est originaire de cette tribu[12].

    Selon August Moulieras au XIXe siÚcle Tafersit faisait partie de la tribu Ait Touzine, bien que gardant une large autonomie, ils décidÚrent de s'en séparer[4].

    Marnissa

    Cette tribu est pas divisée en deux factions et c'est la seule tribu arabophone du Rif Central[3]. L'ancienne tribu faction limitrophe de gzenaya était anciennement nommée Beraber telles que mentionnée par les écrits coloniaux.

    Bibliographie

    Sociologie

    • Khalid Mouna, « Les nouvelles figures du pouvoir dans le Rif central du Maroc », Anthropologie et SociĂ©tĂ©s, vol. 35, nos 1-2,‎ , p. 229–246 (ISSN 0702-8997 et 1703-7921, DOI 10.7202/1006388ar, lire en ligne, consultĂ© le )
    • M. Lazaar, « [The consequences of emigration in the Central Rif (Morocco)] », Revue Europeenne Des Migrations Internationales, vol. 3, nos 1-2,‎ , p. 97–114 (ISSN 0765-0752, PMID 12341518, lire en ligne, consultĂ© le )*Mhamed Boudouah et Najate Mimouni, « Evolution de l’habitat rural et son devenir dans le Rif Central (Senhaja SraĂźr) », Revue "Tidighin" des Recherches Amazighes et DĂ©veloppement, no 5,‎ (ISSN 2028-9782, lire en ligne, consultĂ© le )
    • Maurer G., 1968, « Les paysans du Haut Rif central », Revue de gĂ©ographie du Maroc, 14 : 3-70.

    Géographie, géologie, climatologie

    • Lahsen Ait Brahim et Pierre Chotin, « Genesis and deformation of the central Rif neogene basins (Morocco) during the closing up of European and African plates », Geodinamica Acta, vol. 3, no 4,‎ , p. 295–304 (ISSN 0985-3111, DOI 10.1080/09853111.1989.11105194, lire en ligne, consultĂ© le )
    • Lahcen Asebriy, Patrick de Luca, Jacques Bourgois et Pierre Chotin, « ResĂ©dimentations d'Ăąge sĂ©nonien dans le Rif central (Maroc): consĂ©quences sur les divisions palĂ©ogĂ©ographiques et structurales de la chaĂźne », Journal of African Earth Sciences (1983), vol. 6, no 1,‎ , p. 9–17 (ISSN 0731-7247, DOI 10.1016/0899-5362(87)90103-5, lire en ligne, consultĂ© le )
    • Raynal, R. “Une Montagne MĂ©diterranĂ©enne Humide : Le Rif Central.” Annales de GĂ©ographie, vol. 80, no. 437, 1971, pp. 113–16. JSTOR, http://www.jstor.org/stable/23447604. Accessed 30 Sep. 2022

    Notes et références

    1. Collectif, Le Maroc au présent: D'une époque à l'autre, une société en mutation, Centre Jacques-Berque, (ISBN 979-10-92046-30-4, lire en ligne)
    2. Denis Leblanc, Étude gĂ©ologique du Rif externe oriental au Nord de Taza (Maroc), Éditions du Service gĂ©ologique du Maroc, (lire en ligne)
    3. (en) David Montgomery Hart, The Aith Waryaghar of the Moroccan Rif: An Ethnography and History, UMI Books on demand, (lire en ligne)
    4. Michael Jan de Goeje, Le Maroc inconnu, par Auguste Mouliéras, premiÚre partie; exploration du Rif, 200 pages, 1895, deuxiÚme partie: exploration du Djebala, 813 pages, 1899, avec cartes, (lire en ligne)
    5. (en) David S. Woolman, Rebels in the Rif: Abd El Krim and the Rif Rebellion, Stanford University Press, (ISBN 978-0-19-690376-7, lire en ligne)
    6. James J. Cooke et Germain Ayache, « Les origines de la guerre du Rif », The American Historical Review, vol. 90, no 2,‎ , p. 470 (ISSN 0002-8762, DOI 10.2307/1852784, lire en ligne, consultĂ© le )
    7. Éditions Larousse, « Abd el-Kader en arabe ‘Abd al-Qādir ibn Muáž„yÄ« al-DÄ«n - LAROUSSE », sur www.larousse.fr (consultĂ© le )
    8. Annuaire encyclopédique, Au bureau de l'Encyclopédie du XIXe siÚcle, (lire en ligne)
    9. Courcelle-Labrousse, Vincent auteur., La guerre du Rif : Maroc 1921-1926 (ISBN 979-10-210-4615-3, OCLC 1333479754, lire en ligne)
    10. A. Baudoz, Histoire de la guerre de l'Espagne avec le Maroc publiée sous la direction de MM. A. Baudoz et J. Osiris: (Mit PortrÀten), Lebigre-Duquesne frÚres, (lire en ligne)
    11. Maurice Le Glay, La Mort du Rogui, Berger-Levrault, (lire en ligne)
    12. Éditions Larousse, « Abd el-Kader en arabe ‘Abd al-Qādir ibn Muáž„yÄ« al-DÄ«n - LAROUSSE », sur www.larousse.fr (consultĂ© le )
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