RĂ©gion franco-cantabre
La rĂ©gion franco-cantabrique s'Ă©tend des Asturies Ă la Catalogne, dans le Nord de l'Espagne, et Ă la rĂ©gion historique d'Occitanie, principalement situĂ©e dans le Sud de la France. DiffĂ©rentes espĂšces humaines ont Ă©tĂ© successivement identifiĂ©es dans cette rĂ©gion depuis prĂšs d'un million d'annĂ©es : Homo antecessor, Homo heidelbergensis, l'Homme de NĂ©andertal, et Homo sapiens. Le versant français comme le versant espagnol des PyrĂ©nĂ©es ont livrĂ© de nombreux vestiges lithiques anciens, associĂ©s ou non aux fossiles humains. Durant le PalĂ©olithique supĂ©rieur, la rĂ©gion prĂ©sentait une certaine homogĂ©nĂ©itĂ© culturelle. Elle avait peut-ĂȘtre Ă cette Ă©poque la plus forte densitĂ© de population d'Europe.
Paléolithique inférieur
La plus ancienne trace humaine connue dans le Nord de l'Espagne est la mandibule partielle de la Sima del Elefante, dans la Sierra d'Atapuerca, prÚs de Burgos, datée d'environ 1,2 million d'années. Elle n'est pas attribuée à une espÚce précise.
Des fossiles d'Homo antecessor ont été mis au jour dans la Gran Dolina, également à Atapuerca[1]. Ils sont datés d'environ 860 000 ans. Homo antecessor est la plus ancienne espÚce humaine identifiée en Europe.
L'Homme de Tautavel, découvert depuis 1965 dans la caune de l'Arago, à Tautavel, dans les Pyrénées-Orientales, a livré des fossiles datés de 570 000 à 400 000 ans[2] - [3].
Le Paléolithique inférieur des Pyrénées a livré des industries oldowayennes, puis acheuléennes.
Paléolithique moyen
Durant tout le Paléolithique moyen, la zone des Pyrénées était occupée par l'Homme de Néandertal (grottes de Gargas, du Noisetier ou d'Isturitz).
L'industrie lithique du Paléolithique moyen d'Europe est le Moustérien, à partir d'environ 300 000 ans avant le présent (AP), avec plusieurs faciÚs régionaux.
Paléolithique supérieur
Au Paléolithique supérieur, l'Homme de Néandertal est remplacé par Homo sapiens. La région a connu successivement les cultures du Chùtelperronien, de l'Aurignacien, du Gravettien, du Solutréen, du Magdalénien, et de l'Azilien.
Les grottes de Gargas (période gravettienne) et de Niaux (période magdalénienne) témoignent à travers l'art pariétal de la complexité des sociétés humaines de l'époque.
L'Azilien (commune du Mas-d'Azil, en AriÚge), achÚve le Paléolithique supérieur, de l'Alleröd jusqu'au Dryas récent.
La rĂ©gion pourrait avoir Ă©tĂ© un refuge pour les populations palĂ©olithiques pendant le dernier maximum glaciaire. Elle a pu ensuite jouer un rĂŽle majeur lors du rĂ©chauffement climatique relatif qui suivit, en contribuant au repeuplement de l'Europe de l'Ouest[4]. Le palĂ©odĂ©mographe Jean-Pierre Bocquet-Appel a fait Ă©galement valoir que la zone de refuge franco-cantabrique pourrait avoir Ă©tĂ© la principale source de recolonisation de la France[5]. Ses simulations dĂ©mographiques, basĂ©es sur des donnĂ©es archĂ©ologiques, suggĂšrent que c'Ă©tait la rĂ©gion la plus densĂ©ment peuplĂ©e d'Europe durant tout le PalĂ©olithique supĂ©rieur. Kieran O'Hara a suggĂ©rĂ© que le climat contrĂŽlait les figurations pariĂ©tales franco-cantabriques[6]. L'Espagnol Ălvarez-Iglesias a observĂ© un pic de frĂ©quence pour l'haplogroupe H5a dans la rĂ©gion franco-cantabrique, alors que la frĂ©quence diminue en allant vers lâEst. Il a dĂ©clarĂ© : « Ceci est compatible avec un processus de repeuplement dĂ©mographique de lâEurope aprĂšs le dernier maximum glaciaire centrĂ© sur ce refuge climatique et gĂ©ographique ».
MĂ©solithique
Le radoucissement climatique, vers (début de l'HolocÚne), ouvre la voie au Mésolithique. Les grands troupeaux de rennes remontent vers le nord. La couverture forestiÚre s'étend. Les techniques de chasse évoluent en conséquence.
NĂ©olithique
Au Néolithique, des populations d'agriculteurs arrivent de l'Est en progressant le long des cÎtes méditerranéennes. La région atlantique demeure un temps à l'écart de la néolithisation.
Les Basques et les Gascons sont peut-ĂȘtre les descendants des peuples de la zone atlantique, qui auraient localement adoptĂ© l'agriculture en subissant une moindre influence des populations nĂ©olithiques venues de l'Est.
Références
- J. Cervera, Juan Luis Arsuaga, J. Trueba, Atapuerca : un millón de años de historia, PLOT Ediciones, S.A. Madrid, 1998
- Henry de Lumley, Fournier, A., Park, Y.C., Yokoyama, Y. et Demouy, A., 1984, « Stratigraphie du remplissage plĂ©istocĂšne moyen de la Caune de l'Arago Ă Tautavel - Ătude de huit carottages effectuĂ©s de 1981 Ă 1983 », L'Anthropologie, t.88, no 1, p. 5-18
- Lebel S., 1992, « Mobilité des hominidés et systÚme technique d'exploitation des ressources au Paléolithique ancien : la Caune de l'Arago (France) », Canadian Journal of Archaeology, vol. 16, p. 48-69
- A. Achili et al., La dissection molĂ©culaire de lâhaplogroupe H5 confirme que le refuge glaciaire franco-cantabrique Ă©tait une source majeure pour le pool gĂ©nĂ©tique europĂ©en.
- Jean-Pierre Bocquet-Appel, Démographie du Paléolithique supérieur en Europe à partir de données archéologiques
- Kieran O'Hara, 2014, Art rupestre et changement climatique, Archway Publishing