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Participation de l'Armée polonaise dans la bataille de France

L'ArmĂ©e polonaise en France dĂ©signe une armĂ©e polonaise reconstituĂ©e sur le sol français aprĂšs l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie et l'Union soviĂ©tique, conformĂ©ment Ă  l’accord franco-polonais datant du et confirmĂ© par celui du . Forte de plus de 80 000 hommes, l'ArmĂ©e polonaise participe Ă  la bataille de France en tant qu'armĂ©e alliĂ©e sous ses propres drapeaux mais sous le commandement de l'Ă©tat major français[1] du 10 mai au 25 juin 1940.

Des fantassins polonais équipés de casques Adrian et armés de MAS 36 en France en 1940.

En juin 1940, son commandant et chef du gouvernement polonais en exil, le gĂ©nĂ©ral WƂadysƂaw Sikorski, refuse d'ĂȘtre inclus dans les clauses de l'armistice que la France dĂ©faite conclut avec l'Allemagne. N'acceptant pas de dĂ©poser les armes, il annule l'alliance militaire avec la France du marĂ©chal PĂ©tain et s'embarque pour l'Angleterre afin d'y continuer la lutte contre l'Allemagne. Le , le gĂ©nĂ©ral Sikorski s'adresse, depuis Londres, aux soldats et au peuple polonais dans un discours radiodiffusĂ© Ă  la BBC. À la suite de son appel, les soldats polonais de l'armĂ©e reconstituĂ©e en France rejoignent alors des ports de l'Atlantique et gagnent Ă©galement la Grande-Bretagne.

Création, cadre légal et statut

Revue de la 1re division d'infanterie (division de grenadiers) le par le PrĂ©sident de la RĂ©publique de Pologne WƂadysƂaw Raczkiewicz et le gĂ©nĂ©ral WƂadysƂaw Sikorski entre Martigny-les-Gerbonvaux et Autreville dans les Vosges.

La France Ă©tait liĂ©e Ă  la Pologne par des accords, dont celui du qui fait obligation Ă  la France d'intervenir, tant sur mer que sur terre, pour assurer la sĂ©curitĂ© de son alliĂ©e en cas d'attaque de la Pologne par l'Allemagne ou l'URSS. Un autre accord militaire fut signĂ© en 1925, en vertu duquel une division d'infanterie de vingt cinq mille ressortissants polonais pourrait, en cas de guerre, ĂȘtre formĂ©e en France.

En mai 1939, le gĂ©nĂ©ral Tadeusz Kasprzycki (en), ministre polonais des affaires militaires, nĂ©gocie une convention avec la France en vue de crĂ©er une division d’infanterie dans l’armĂ©e française avec les Polonais Ă©migrĂ©s sur le sol français. L’invasion allemande de la Pologne prĂ©cipite les nĂ©gociations et le 9 septembre 1939, l’ambassadeur de Pologne Julian Ɓukasiewicz (en) et le ministre des affaires Ă©trangĂšres français George Bonnet, signent une premiĂšre entente. AprĂšs l'agression de la Pologne par l'URSS, un protocole d'exĂ©cution relatif Ă  la formation d'une division polonaise en France est signĂ© le .

Le 12 septembre, le camp de CoĂ«tquidan (Morbihan) est mis Ă  la disposition de l’armĂ©e polonaise par les autoritĂ©s françaises, sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Jerzy Ferek-BƂeszyƄski (pl). Mille volontaires le rejoignent la premiĂšre semaine. Ensuite, jusqu’à six Ă  sept cents recrues arrivent chaque jour.

Le , le Journal Officiel publie le dĂ©cret qui institue la mobilisation obligatoire des ressortissants polonais en France. Des affiches bilingues (en polonais et en français) sont apposĂ©es dans les mairies de communes Ă  forte densitĂ© de Polonais : « Au nom du Gouvernement de la RĂ©publique de Pologne, en exĂ©cution de la dĂ©cision du PrĂ©sident du Conseil des Ministres des Affaires Militaires de Pologne et en vertu de l’Accord signĂ© entre la Pologne et le France le : Il est prescrit Ă  tout citoyen polonais recensĂ© Ă  partir du dans les communes de [
] de comparaĂźtre le [
] devant la Commission de rĂ©vision siĂ©geant Ă  [
], chargĂ©e de dĂ©terminer son aptitude physique au service militaire dans l’ArmĂ©e polonaise en France. [SignĂ© :] l'Ambassadeur de Pologne. Paris, le ».

Le , les deux chefs de gouvernement, Édouard Daladier et le gĂ©nĂ©ral WƂadysƂaw Sikorski signent un accord permettant Ă  la Pologne de reconstituer en France une nouvelle armĂ©e de toutes armes en procĂ©dant Ă  :

  • la conscription des Ă©migrĂ©s ;
  • l'enrĂŽlement de volontaires venant de pays libres ;
  • l'enrĂŽlement de militaires polonais venant de Pologne, de Roumanie, de Hongrie et des Pays baltes.

Des immigrĂ©s polonais, au nombre de 50 000, se font recenser Ă  partir du . Par ailleurs, Ă  l'issue de la campagne de Pologne, environ 32 000 Polonais s’évadent de Pologne par des chemins divers (Hongrie, Roumanie surtout), ou sont libĂ©rĂ©s sur intervention diplomatique française des camps d’internement d’Europe orientale. Ils sont souvent convoyĂ©s de Roumanie, GrĂšce et Yougoslavie par les Britanniques et enrĂŽlĂ©s et Ă©quipĂ©s par la France (essentiellement en France, mais aussi dans les Forces Françaises du Levant).

Le statut de cette armĂ©e polonaise est celui d'une armĂ©e nationale Ă©trangĂšre, placĂ©e, en tant qu'armĂ©e d'un État alliĂ©, sous les ordres du commandement en chef de l'ArmĂ©e française. " L'autoritĂ© polonaise Ă©tait souveraine pour ce qui concernait la gestion du personnel et, moyennant certaines conditions d'uniformisation, l'entraĂźnement des Forces. Au nom du mĂȘme principe de souverainetĂ©, le financement de la mise sur pied des Forces polonaises et de leur entretien Ă©tait Ă  la charge de la Pologne, ce qui, dans l'application, devait se traduire par l'avance de fonds nĂ©cessaires par l’état français et leur inscription Ă  un compte de dĂ©bit de l’état polonais ". Les forces polonaises doivent se composer comme suit : " L'objectif initial pour l'ArmĂ©e de Terre Ă©tait la constitution de sept grandes unitĂ©s : quatre divisions d'infanterie, dont deux en premiĂšre urgence, une brigade de chasseurs de montagne, une brigade blindĂ©e, ainsi qu'une brigade d'infanterie au Levant ; pour l'ArmĂ©e de l'Air, la formation de deux groupes de chasse, ainsi qu'une ou deux escadrilles de coopĂ©ration[2].

DĂšs le printemps 1940, CoĂ«tquidan devient trop petit pour contenir cette nouvelle armĂ©e polonaise qui s'est considĂ©rablement renforcĂ©e par les soldats polonais qui sont parvenus Ă  fuir la Pologne dĂ©faite. Ils sont environ 38 000[3] dont de nombreux cadres Ă  s'ĂȘtre Ă©chappĂ©s par la Hongrie et surtout par la Roumanie, convoyĂ©s le plus souvent par les Britanniques, Ă  venir en France pour se mettre Ă  la disposition du Gouvernement polonais en exil. Ces militaires polonais ont pour la plupart l'expĂ©rience du combat contre les Allemands et un encadrement de qualitĂ©. Ils Ă©taient surtout animĂ©s d'un fort dĂ©sir de revanche aprĂšs la dĂ©faite de 1939.

Une nouvelle convention militaire signĂ©e le par WƂadysƂaw Sikorski, le chef du gouvernement polonais et Edouard Daladier, le chef du gouvernement français, donne Ă  cette armĂ©e polonaise reconstruite le statut d’une armĂ©e nationale Ă©trangĂšre et la place, en tant qu’armĂ©e d’un État alliĂ©, sous les ordres du commandement en chef de l’armĂ©e française. Son commandant en chef polonais est le gĂ©nĂ©ral WƂadysƂaw Sikorski. En , l’ArmĂ©e polonaise en France recense 83 326 soldats parmi lesquels 55 000 sont Ă©quipĂ©s de 770 canons et mortiers, 90 chars et 135 avions, engagĂ©s dans la dĂ©fense de la France ainsi qu’en NorvĂšge[4]. Elle constitue la premiĂšre formation de l'ArmĂ©e polonaise de l'Ouest[N 1].

L'organisation et les effectifs de l'Armée polonaise en France

1re Brigade du Nord (Brigade autonome de chasseurs de Podhale)

En fĂ©vrier 1940, quatre bataillons, regroupĂ©s dans la Brigade autonome de chasseurs de Podhale, sont prĂȘts Ă  participer Ă  un corps expĂ©ditionnaire franco-polonais en Scandinavie. La brigade fut « baptisĂ©e » en Bretagne le 21 avril 1940 devant les autoritĂ©s civiles et militaires françaises, polonaises et britanniques[5]. Le corps expĂ©ditionnaire participe Ă  la bataille de Narvik, puis revient pour combattre en Bretagne dans le cadre du rĂ©duit breton mais le 15 juin 1940, la dĂ©faite des armĂ©es alliĂ©es est dĂ©jĂ  consommĂ©e.

Brigade de chasseurs des Carpates

La 1re Brigade de chasseurs des Carpates, constituĂ©e de 3 270 hommes et commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral StanisƂaw KopaƄski, est formĂ©e en avril 1940 au Levant (Mandat français en Syrie et au Liban) par des soldats polonais Ă©vadĂ©s de Pologne par la Roumanie. CantonnĂ©e Ă  Beyrouth, elle ne participe pas aux opĂ©rations de la Bataille de France.

1re division d'infanterie (Division de Grenadiers polonais)

CommandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral BolesƂaw BronisƂaw Duch et fortes de 16 165 hommes, elle opĂšre au sein de la 4e armĂ©e française. Cette division est dĂ©clarĂ©e opĂ©rationnelle le 18 mai 1940.

2e division d'infanterie (Division de Chasseurs)

CommandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral BronisƂaw Prugar-Ketling, elle est dĂ©clarĂ©e opĂ©rationnelle seulement le 10 juin 1940.

3e DIP

En cours d'instruction Ă  CoĂ«tquidan, elle n'est pas prĂȘte avant la fin de la bataille de France, mais ces jeunes recrues mal armĂ©es et mal habillĂ©es prennent position et combattent aux cĂŽtĂ©s de la 1re Brigade du Nord dans la rĂ©gion de Couesnon.

4e DIP

PlacĂ©e sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Rudolf Eugeniusz Dreszer et toujours en cours d'instruction, elle n'est pas prĂȘte avant la fin de la bataille de France. Ses unitĂ©s combattent sur la Loire.

10e brigade de cavalerie blindée

Chars Renault FT utilisés pour l'entrainement des forces polonaises.
Des chars Renault R35 du 1er bataillon de chars en juin 1940.

ComposĂ©e de 5 305 hommes et commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Maczek, qui combattit avec la 3e division cuirassĂ©e, dont :

  • le 1er bataillon de chars composĂ©s de 45 chars lĂ©gers Renault R35,
  • le 2e bataillon de chars, qui ne combattit pas ; reformĂ© en Écosse en 1942, il constitua ultĂ©rieurement l'ossature de la future 1re division blindĂ©e polonaise
  • un rĂ©giment de cavalerie motorisĂ©e,
  • des Ă©lĂ©ments organiques (une batterie antichar, une batterie anti-aĂ©rienne).

Les principaux camps de l’ArmĂ©e de terre polonaise en France Ă©taient situĂ©s Ă  CoĂ«tquidan, Saint-Loup-sur-Thouet prĂšs de Parthenay[5] et Airvault[6].

Les projets du haut-commandement polonais de constituer deux corps d’armĂ©e n'ont jamais Ă©tĂ© jamais rĂ©alisĂ©s. L’expĂ©rience acquise contre les Allemands en septembre 1939 n'a pas Ă©tĂ© mise en Ɠuvre.

L'aviation polonaise

DĂ©but mai 1940, la force aĂ©rienne polonaise renaissante en France compte 6 863 aviateurs polonais (pilotes et techniciens). Ces effectifs montent Ă  8 684 hommes[7]. et elle est stationnĂ©e Ă  Lyon-Bron oĂč est crĂ©Ă© le CIC (Centre d'Instruction de la Chasse). 138 pilotes polonais qui y sont formĂ©s participent aux opĂ©rations de la Bataille de France. Une partie des « rampants » fait son instruction au camp de Judes. [N 2].

L'organisation de l'aviation polonaise disposant de 135 avions est complexe[N 3] :

  • deux groupes de chasse (GC) purement polonais :
    • Groupe de Chasse Polonaise de Varsovie, GC I/145 (groupe KępiƄski ou GC I/145), composĂ© de deux escadrilles, dotĂ©es de Caudron-Renault C.714 Cyclone. Ces appareils avaient Ă©tĂ© refusĂ©s par l'ArmĂ©e de l'air française, qui avait cherchĂ© Ă  les envoyer Ă  la Finlande lors de la guerre d'hiver, avant la capitulation de cette derniĂšre. "TrĂšs dĂ©licat Ă  piloter, dĂ©collages et atterrissages trop longs, vitesse ascensionnelle insuffisante, manque de souplesse aux ailerons, fonctionnement alĂ©atoire du train, Ă©chauffement anormal du moteur, entretien dĂ©licat, fragilitĂ© chronique des vilebrequins, dĂ©marreurs vite hors d'usage. Tels sont les commentaires rapportĂ©s par les pilotes : seuls auront Ă©tĂ© apprĂ©ciĂ©s un armement bien concentrĂ© et une maniabilitĂ© en virage Ă©tonnante",
    • groupe PamuƂa, thĂ©oriquement composĂ© de deux escadrilles dotĂ©es de MS 406. Ce groupe ne sera jamais pleinement opĂ©rationnel, sur les quatre escadrilles prĂ©vues, Ă  peine une et demi fut opĂ©rationnelle ;
  • six patrouilles polonaises de chasse (de trois pilotes chacune) affectĂ©es aux GC de l'ArmĂ©e de l'air française. Ces groupes polonais volent le plus souvent sur MS 406 ou sur MB.151 et 152.

La bataille de France

1re division d'infanterie (Division de grenadiers polonais)

Batterie hippomobile d'un canon de 75 mm modĂšle 1897 de la 1re Division d'infanterie le .

ComposĂ©e de 16 165 hommes sous le commandement du gĂ©nĂ©ral BolesƂaw BronisƂaw Duch, elle Ă©tait basĂ©e en Lorraine prĂšs de Colombey-les-Belles. Tenant une partie de la ligne Maginot Ă  partir du 9 juin, elle Ă©tait intĂ©grĂ©e dans le dispositif de la 4e armĂ©e française. Les premiers jours, ce furent seulement des activitĂ©s de patrouilles et quelques escarmouches. Elle vint au combat Ă  compter du 14 juin. AprĂšs deux jours de combats, ayant contenu les assauts allemands sur ses positions prĂšs de Lagarde (Moselle), sur le canal de la Marne au Rhin, elle fut contrainte de reculer, couvrant la retraite de la 52e division d'infanterie française en complĂšte dĂ©sintĂ©gration. Ce furent ensuite des combats de retardement, des contre-attaques pour dĂ©gager des unitĂ©s risquant d’ĂȘtre encerclĂ©es. Le 21 juin, constatant l’effondrement des dĂ©fenses françaises dans le secteur, le gĂ©nĂ©ral Duch ordonna la dissolution de son unitĂ© afin de se constituer en petits groupes ; nombre des soldats, y compris le gĂ©nĂ©ral, parvinrent Ă  Ă©vacuer vers la Grande-Bretagne.

Cependant, l’ordre de dissolution n’a pu parvenir Ă  temps Ă  toutes les unitĂ©s : le 2e bataillon du 3e rĂ©giment encore engagĂ© dans la rĂ©gion de Moyenmoutier eut du mal Ă  se dĂ©gager et se replia vers Saint-DiĂ© en livrant les derniers combats. Une partie des Ă©lĂ©ments de la 5e compagnie fut capturĂ©e le 22 juin par les Allemands qui Ă©taient entrĂ©s dans Saint-DiĂ©.

Les morts de la division reposent dans le cimetiĂšre militaire de Dieuze (Moselle).

2e division d'infanterie (Division de chasseurs)

Forte d'environ 15 800 hommes et placĂ©e sous le commandement du gĂ©nĂ©ral BronisƂaw Prugar-Ketling, elle Ă©tait stationnĂ©e de dĂ©cembre 1939 Ă  mai 1940 Ă  Parthenay. Cette division, intĂ©grĂ©e dans le 45e corps d'armĂ©e du gĂ©nĂ©ral Daille, fut chargĂ©e de la dĂ©fense des environs de Belfort. EngagĂ©e dans de durs combats du 17 au 19 juin prĂšs du Doubs et de la SaĂŽne, elle stoppa l’attaque allemande sur les collines du Clos du Doubs, mais du fait de la retraite des forces françaises voisines, elle se vit encerclĂ©e par les forces allemandes ; cependant, elle parvint Ă  percer vers la Suisse les 20 et 21 juin. La division, y compris le gĂ©nĂ©ral Prugar-Ketling, fut internĂ©e.

10e brigade de cavalerie blindée

CommandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral StanisƂaw Maczek, elle combattit en Champagne et en Bourgogne. Elle couvrait le flanc des 4e et 6e armĂ©es françaises prĂšs de Champaubert au nord-ouest de Dijon. Le 16 juin, elle mit les Allemands en dĂ©route prĂšs de Montbard mais se vit alors isolĂ©e, les unitĂ©s françaises sur ses deux flancs Ă©tant en dĂ©route ou en retraite. Le 18 juin, la brigade Ă©tait pratiquement encerclĂ©e et Ă  court d’essence et de munitions. Le gĂ©nĂ©ral Maczek ordonna la destruction du matĂ©riel de l’unitĂ© et la dispersion des hommes. La brigade fut ultĂ©rieurement recrĂ©Ă©e sous son commandement en Grande-Bretagne oĂč elle devint la fameuse 1re division blindĂ©e polonaise ; le gĂ©nĂ©ral Maczek fut considĂ©rĂ© comme l’un des meilleurs commandants polonais, notamment de blindĂ©s, de la Seconde Guerre mondiale.

L’aviation polonaise

Chasseur Caudron C.714 du Groupe de Chasse I/145, avec damier polonais, juin 1940

DĂ©but , l’aviation polonaise en France compte 6 863 hommes. Ces effectifs montent Ă  8 684 aviateurs disposant de 135 avions[9].

Le groupe de chasse polonais GC 1/145 « Varsovie », participa Ă  la bataille de France, ainsi que d’autres Ă©lĂ©ments dĂ©tachĂ©s dans des unitĂ©s françaises. Sur les 175 pilotes polonais formĂ©s en France, environ 130 Ă  135 participĂšrent aux combats, crĂ©ditĂ©s de 50 Ă  55 victoires pour des pertes de 15 Ă  25 pilotesno 183_9-2">[8]. L'essentiel du personnel de l'ArmĂ©e de l'air polonaise parvint Ă  gagner ensuite le Royaume-Uni.

Un patrouille polonaise, commandĂ©e par le porucznik (lieutenant) Henneberg, basĂ©e Ă  ChĂąteauroux, et composĂ©e de deux MB.152 et un MB.151, plus un Caudron Simoun, s'envole le 17 juin 1940 pour Bordeaux. Le 18 juin, l'escadrille redĂ©colle et fait escale Ă  Nantes, oĂč un wing commander de la RAF fournit les indications pour se rendre Ă  la base RAF de Tangmere (Sussex). AprĂšs avoir refait le plein, le groupe polonais dĂ©colle Ă  14 h et atterrit Ă  Tangmere Ă  16 h 30no 15'',_2000_13-0">[10]. Ce fut la seule unitĂ© de l'aviation polonaise Ă  arriver au Royaume-Uni avec ses avions.

AprĂšs l'armistice

DĂšs le 18 juin, le sort des unitĂ©s polonaises devient problĂ©matique. Le Gouvernement polonais en exil refusant toute idĂ©e d’armistice, les diverses unitĂ©s (engagĂ©es et dissoutes, non engagĂ©es mais non dissoutes) n’ont que trĂšs peu de choix :

  • la captivitĂ© ;
  • l’évacuation ;
  • l’internement ;
  • la dĂ©mobilisation ;
  • l’entrĂ©e dans la clandestinitĂ©.

Malgré les instructions données par les commandants, un nombre important de militaires polonais furent pris par les Allemands et emmenés en captivité.

Pour continuer la guerre avec l’alliĂ© britannique, il faut gagner la Grande-Bretagne. Par tous les moyens, avec audace et tĂ©nacitĂ©, les unitĂ©s polonaises se lancent dans une course vers les ports de l’Atlantique pour y rembarquer. Sikorski part pour Londres le 18 juin et obtient de Winston Churchill, l’aide de la Royal Navy, qui Ă©tablit un plan d’évacuation, l'OpĂ©ration Ariel, avec des navires britanniques et polonais (civils et militaires).

Nantes, Saint-Nazaire, La Turballe, Le Croisic, Les Sables d’Olonne, La Rochelle, La Pallice, Royan, le Verdon sur Mer, Saint-Jean-de-Luz voient ainsi arriver des groupes de Polonais tentant d’embarquer sur les navires dĂ©pĂȘchĂ©s pour cette Ă©vacuation.

Le gĂ©nĂ©ral Louis Faury, directeur de l’instruction des troupes polonaises installĂ© au camp de CoĂ«tquidan joue un rĂŽle crucial dans cette opĂ©ration. AprĂšs le dĂ©part de Paris de la Mission militaire franco-polonaise pour se transporter dans la rĂ©gion de Mont-de-Marsan, les liaisons entre cet Ă©tat-major et les forces polonaises stationnĂ©es en Bretagne, sont interrompues. Le gĂ©nĂ©ral Faury prend l’initiative du commandement de ces forces polonaises. Il s’implique sans compter dans l'organisation et la mise en Ɠuvre de cette Ă©vacuation.

Le 19 juin 1940, environ 6 000 soldats polonais, dont le major StanisƂaw Sosabowski de la 4e division d'infanterie polonaise, parviennent au port de La Pallice d'oĂč ils sont Ă©vacuĂ©s vers le Royaume-Uni.

Pratiquement toute la 2e division de chasseurs est internée en Suisse.

2 300 pilotes polonais sont transfĂ©rĂ©s au Royaume-Uni oĂč ils formeront l'ossature des futurs squadrons 302 et 303 qui participeront Ă  la Bataille d'Angleterre.

Quelques milliers de militaires polonais rĂ©ussirent Ă  se faire dĂ©mobiliser, notamment au centre d'Auch qui fonctionna jusqu’en juillet 1942.

D’autres choisirent d’entrer dans la clandestinitĂ© et de rejoindre les rĂ©seaux polonais qui se mirent en place, tels la P.O.W.N. (Polska Organizacja Walki o NiepodlegƂoƛci – rĂ©seau Monika) avant de tenter de rejoindre Londres en passant par l'Andorre, puis l’Espagne et enfin Gibraltar, port britannique oĂč existait une mission navale polonaise.

Quelques données numériques

PrĂšs de 85 000 hommes, dont les 4 000 de la brigade KopaƄski au Levant français, formaient l’ArmĂ©e polonaise en France le 18 juin 1940[N 4] :

  • 37 000 Ă©taient des rescapĂ©s de la campagne de Pologne ;
  • 55 000 hommes Ă©taient dans des unitĂ©s aptes au combat ;
  • 16 000 environ furent faits prisonniers ;
  • 13 000 hommes environ furent internĂ©s en Suisse ;
  • selon les sources[N 5], de 20 000 Ă  35 000 hommes furent Ă©vacuĂ©s vers la Grande-Bretagne ;
  • 1 400 furent tuĂ©s au combat et 4 000 blessĂ©s ;
  • 6 000 hommes se firent dĂ©mobiliser en zone occupĂ©e. À l’avĂšnement de l’armistice, ils furent rĂ©quisitionnĂ©s dans des unitĂ©s de travailleurs (Groupements de Travailleurs Étrangers - GTE). Un certain nombre de ces hommes ont rejoint la RĂ©sistance ;
  • 13 000 hommes se firent dĂ©mobiliser en zone non occupĂ©e. Plusieurs milliers d’entre eux y furent internĂ©s.

Notes et références

Notes

  1. Des affiches bilingues (en polonais et en français) sont apposĂ©es dans les mairies de communes Ă  forte densitĂ© de Polonais : « Au nom du Gouvernement de la RĂ©publique de Pologne, en exĂ©cution de la dĂ©cision du PrĂ©sident du Conseil des Ministres des Affaires Militaires de Pologne et en vertu de l’Accord signĂ© entre la Pologne et le France le 9 septembre 1939 : Il est prescrit Ă  tout citoyen polonais recensĂ© Ă  partir du 29 septembre 1939 dans les communes de [
] de comparaĂźtre le [
] octobre 1939 devant la Commission de rĂ©vision siĂ©geant Ă  [...], chargĂ©e de dĂ©terminer son aptitude physique au service militaire dans l’ArmĂ©e polonaise en France. [SignĂ© :] l'Ambassadeur de Pologne. Paris, le 5 octobre 1939 ».
  2. D'aprĂšs Jerzy Cynkno 183_9-0">[8].
  3. D'aprĂšs Pierre-François RiviĂšreno 183_9-1">[8].
  4. Ils Ă©taient 1 900 en 1939, 31 500 au 10 janvier 1940 et 68 500 au 27 avril 1940.
  5. Jean Medrala cite pour sa part un chiffre de 27 000 Ă©vacuĂ©s[11].

Références

  1. Jean Medrala, Les rĂ©seaux de renseignements franco-polonais : 1940-1944, Éditions L'Harmattan, , 412 p. (ISBN 978-2-7475-8157-8, lire en ligne)
  2. Extrait d'un article d'Alexandra Viatteau in DVD La Résistance polonaise en France, édité par la SHLP, sous la direction de Jean Medrala, 2013, (ISBN 978-2-915742-29-9)
  3. Rewerski.
  4. CzesƂaw Szafran, Jan Szostak, Tomasz KopaƄski, Zbigniew Wojciechowski, Witold Rawski, Grzegorz JasiƄski, l’Association des Anciens Combattants Polonais en France et leurs Familles, Le prix de la libertĂ©. Les Polonais sur les fronts de la IIe Guerre mondiale, MĂ©morial de Coudehard-Montormel, 30 p., PDF (lire en ligne), p. 15.
  5. Polish Troops in Norway, 1943.
  6. Medrala 2013.
  7. CzesƂaw Szafran, Jan Szostak, Tomasz KopaƄski, Zbigniew Wojciechowski, Witold Rawski, Grzegorz JasiƄski, l’Association des Anciens Combattants Polonais en France et leurs Familles, Le prix de la libertĂ©. Les Polonais sur les fronts de la IIe Guerre mondiale, MĂ©morial de Coudehard-Montormel, 30 p., PDF (lire en ligne), p. 18.
  8. no 183-9" class="mw-reference-text">Revue Icare, no 183.
  9. CzesƂaw Szafran, Jan Szostak, Tomasz KopaƄski, Zbigniew Wojciechowski, Witold Rawski, Grzegorz JasiƄski, l’Association des Anciens Combattants Polonais en France et leurs Familles, Le prix de la libertĂ©. Les Polonais sur les fronts de la IIe Guerre mondiale, MĂ©morial de Coudehard-Montormel, 30 p., PDF (lire en ligne), p. 18.
  10. no 15'',_2000-13" class="mw-reference-text">Les combats du ciel no 15, 2000.
  11. Medrala, Gazeta Beskid.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Polish Ministry of Information (Polski Ministerstwo Informacji), Polish Troops in Norway : a photographic record of the campaign at Narvik, Londres, M.I.Kolin Ltd, (ASIN B002B5TX3M).
  • Aleksander Jan Matejko et Tadeusz Wyrwa, La rĂ©sistance polonaise et la politique en Europe, Paris, France-Empire, , 590 p. (ISBN 978-2-704-80307-1, OCLC 11114174)
  • Collectif, Les Combats du ciel : les As polonais de la Seconde Guerre mondiale, vol. 15, Paris, Del Prado, , 62 p. (ASIN B00RTQMVAK).
  • Jerzy Cynk, Pierre-François RiviĂšre et Daniel Koperski, « Les Polonais, 1939-40 », Icare, revue de l'aviation française, SNPL, vol. XVI « La Bataille de France », no 183,‎ s.a. (ISSN 0018-8786).
  • Jean Medrala et Alexandra Kwiatkowska-Viatteau, Association pour des Ă©tudes sur la RĂ©sistance intĂ©rieure (France) (responsable), La RĂ©sistance polonaise en France (Fichier d’ordinateur : Disque 5,25 po : CD pour ordinateur + 1 livret pĂ©dagogique), Paris, Association expositions de RĂ©sistance intĂ©rieure (AERI), coll. « Histoire en mĂ©moire (1939-1945) », , 1re Ă©d., 34 p. (ISBN 978-2-915742-29-9 et 2-915742-29-4).
  • Jean Medrala, « L'ArmĂ©e polonaise durant la Bataille de France », sur http://www.beskid.com, Gazeta Beskid (consultĂ© le ).
  • Jean Michalowski, Les Volontaires polonais en France durant la IIe Guerre mondiale, dans La Charte, avril-mai 1999.
  • Jacek Rewerski, « Angers capitale de la Pologne et Wladyslaw Sikorski » [PDF], sur http://anjou-pologne.net, Angers, Association Anjou-Pologne, s.a..

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